Lumières N°41 – Décembre 2022

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Terrains de sport
Vincent COTTET, paysagiste et urbaniste Richez_Associés PROJET Ligne du tramway T9 Paysagisme et urbanisme : Richez_Associés Conception lumière : Concepto
Lumières N° 41 - DÉCEMBRE 2022 DOSSIER
ENTRETIEN

Lumières

Terrains de sport

Directeur de la publication

Jean Tillinac Édition 3e Médias 17, rue de l’Amiral Hamelin 75016 Paris www.filiere-3e.fr Rédactrice en chef Isabelle Arnaud Tél. : +33 (0)6 82 40 21 80 lumieres@filiere-3e.fr

Publicité Sandrine de Montmorillon Tél. : +33 (0)6 51 30 28 68 sdm@filiere-3e.fr

Ont collaboré à ce numéro : Alexandre Arène, Frédéric Bergossen, Roger Narboni

Abonnements Juliette Aguelon compta.3emedias@gmail.com

Corrections Laurence Chabrun laurencechabrun@gmail.com

Conception graphique et réalisation Planète Graphique Studio 95, boulevard Berthier 75017 Paris

Impression et routage Imprimerie Chirat 42540 Saint-Just-La-Pendue

© 3e Médias, Paris. Reproduction interdite.

Dépôt légal : décembre 2022 ISSN : 2259-3772

Éditorial Isabelle Arnaud rédactrice en chef

Lumières 2023 : entre tempérance et enchantement

Compte tenu de la conjoncture, cette édition ne pouvait échapper au thème de la « sobriété énergétique », d’autant que l’éclairage fait preuve d’une grande frugalité en matière de consommation, et ce, bien avant l’arrivée de la led. Je me souviens, dans les années 1980, d’un slogan d’un président du Centre d’information de l’éclairage (organisme disparu depuis) qui disait à peu près ceci : « Si l’industrie de l’automobile avait fait autant de progrès que celle de l’éclairage en matière de consommation énergétique, on pourrait faire Paris-Nice avec un litre d’essence. » Aujourd’hui, un quart de litre suffirait ! En fait, au-delà de la menace de coupures d’électricité si nous ne faisons pas preuve de modération, il n’est pas nécessaire d’éteindre l’éclairage et de vivre dans le noir (sauf si l’on est nyctalope, bien sûr), il suffit d’utiliser les bons outils. Les spécialistes (et pas seulement les fabricants) le répètent à l’envi : en mettant en place des systèmes de gestion simples associés à la led, comme des détecteurs de mouvement et de lumière du jour, il est possible de baisser de plus de moitié la consommation liée à l’éclairage. Pourquoi le plan de sobriété énergétique donne-t-il l’impression de concerner autant l’éclairage ? Ne nous trompons pas : ce n’est pas parce que ce dernier est énergivore, mais bien l’inverse, parce que les technologies disponibles constituent de vraies réponses à la crise actuelle. C’est ce qu’expliquent, dans l’interview croisée, Bruno Lafitte, expert éclairage, technologie de l’information et de la communication, ADEME, et Lionel Brunet, délégué général du Syndicat de l’éclairage. Tous deux se réjouissent que le plan de sobriété énergétique cite la préface – signée de Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment durable – du guide publié par l’ADEME (avec la participation du Syndicat de l’éclairage et plusieurs organismes de la filière) sur la rénovation de l’éclairage des bâtiments tertiaires : « Dans les bureaux, moderniser l’éclairage, l’associer à des automatismes de détection de présence et d’asservissement à la lumière du jour, c’est réduire immédiatement de 10 % sa facture électrique globale. » De plus, certains racontent qu’on peut améliorer en même temps la qualité de l’éclairage…

En extérieur, les outils existent aussi – ils sont souvent installés… mais pas en fonctionnement –, et c’est l’ensemble de la filière qui se mobilise sur le sujet. Nous avons déjà évoqué les trames noires développées largement par les concepteurs lumière en bon entendement avec les paysagistes. Et il existe même « un plan de sobriété énergétique du sport », comme on le découvre dans le dossier dédié.

Seule dérogation à cette austérité : l’éclairage scénique qui peut encore faire appel, pour des besoins spécifiques de mise en scène et en lumière, à des sources halogènes ou aux iodures métalliques. Celles-ci se font cependant de plus en plus remplacer par des solutions led qui permettent d’autres faux-semblants, pour notre plus grand enchantement.

Bonne année 2023 !
Station Trois Communes à Vitry Maîtrise d’ouvrage : Transamo pour Île-de-France Mobilités Maîtrise d’œuvre : Architecte-paysagiste : Richez_Associés et designer des stations avec Sovann Kim selon le design code de RCP Design Global Conception lumière et MOE : Concepto BET mandataire : groupement iTram/Ingérop BET études : Bérim et Setec © Concepto
N° 41 - DÉCEMBRE 2022
DOSSIER
ENTRETIEN Vincent COTTET,
PROJET Ligne
tramway T9 Paysagisme et urbanisme : Richez_Associés
paysagiste et urbaniste Richez_Associés
du
Conception lumière Concepto
LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022 - 3

INTERVIEW CROISÉE

06 Bruno LAFITTE, expert éclairage, technologie de l’information et de la communication, ADEME

Lionel BR UNET, délégué général du Syndicat de l’éclairage

ACTUALITÉS

10 François MAGOS, un poète de la lumière disparaît

11 Disano France ouvre deux showrooms

Performance iN Lighting rejoint le groupe Gewiss

12 Palmarès des LUCI Cities & Lighting Awards

14 Chronique de Julien Arnal, président du Syndicat de l’éclairage : Rénovation de l’éclairage - libérons le potentiel écologique des entreprises !

15 Les Eco Maires et le Syndicat de l’éclairage publient un guide à destination des collectivités : 8 fausses idées sur l’éclairage

16 Gilles Bures, un nouvel associé au sein de Neko Lighting Sunlux intègre le groupe Lighting Developpement Actiled invite au voyage à Nantes

17 Claire Germouty fonde Maison Papier

ENTRETIEN

18 Vincent COTTET, paysagiste et urbaniste, Richez_Associés : Chorégraphies d’ombre et de lumière

PROJETS

22 Ligne du tramway T9 : une lumière inclusive Conception lumière : Concepto Paysagisme et urbanisme : Richez_Associés

24 Yerres : le parc Budé sort de l’ombre Conception lumière : De Cour à Jardin

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PERSPECTIVES

28 Jean-Michel VERGAIN, directeur général de Roger Pradier Roger Pradier : une entreprise centenaire tournée vers l’avenir

Lumières Sommaire 4 - LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022
© Concepto. Photo Noémie Riou
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© Photographe Clément Leroyer
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© DR © DR © Julien Lanoo Roger Pradier
Lumières Sommaire LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022 - 5 DOSSIER 30 Terrains de sport 32 Plan de sobriété énergétique du sport 33 Sports de tous les niveaux : pour un éclairage raisonné 46 Enquête produits : Le sport prend de la hauteur tant en robustesse qu’en efficacité DESIGNER 51 Luc de Banville Lumières animées MANUFACTURE 52 MELJAC : Appareillage haut de gamme sur mesure CAHIER TECHNIQUE 54 Éclairage scénique, avec la participation de Christophe Forey, Stéphanie Daniel et Jean-Pierre Maquair PRODUITS 60 Equinox, « la nouvelle vision du downlight » par Concord BioDiv, une collaboration Chrysalis et Roger Narboni 63 EAS Solutions présente Panama Trilux lance l’étanche Tugra 64 Nouveautés 66 Index 30 50 54 52 © Comatelec Schréder © DR © Meljac © Christophe Forey

Sobriété énergétique : trois mesures en lumière

Le Syndicat de l’éclairage est la première organisation professionnelle représentant les industriels, et a pour vocation d’affirmer la réalité et le dynamisme du marché français tant en éclairage intérieur qu’extérieur et dans toutes ses composantes : sources, luminaires, systèmes de gestion de l’éclairage. Il défend les intérêts des fabricants à un niveau national et européen auprès de l’administration, des organismes de la filière, des bureaux d’études, des concepteurs et noue des partenariats avec ces mêmes institutions.

Le Syndicat de l’éclairage représente 7 000 emplois en France. Il accompagne ses adhérents (plus de 50) dans leurs démarches de progrès et d’innovation. L’un de ses principaux axes de communication repose sur l’édition de brochures ou de guides, comme celui sur les espaces extérieurs ou encore celui sur les bâtiments tertiaires publiés avec l’ADEME.

L’ADEME (agence de la transition écologique) participe à la construction de politiques nationales et locales de transition écologique. Pour cela, elle s’appuie sur des équipes présentes sur tout le territoire français et sur un budget dédié à ses moyens d’intervention. Ses missions, son organisation et son fonctionnement sont fixés par le Code de l’environnement. L’ADEME a pour vocation d’accélérer le passage vers une société plus sobre et solidaire, créatrice d’emplois, plus humaine et harmonieuse. Son siège social se trouve à Angers et elle comprend 3 sites pour les services centraux, à Angers, Paris et Valbonne ; 17 directions régionales (13 en métropole et 4 en outre-mer) ainsi que 3 représentations dans les territoires d’outre-mer (Polynésie, Nouvelle-Calédonie et Saint-Pierre-et-Miquelon).

6 - LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022 Lumières Interview croisée

© DR

Bruno LAFITTE

Expert éclairage, Technologie de l’information et de la communication, ADEME

Quels points du plan sobriété énergétique concernent l’éclairage ?

Lionel Brunet – Nous sommes tous très attentifs à ce plan, car le mot sobriété, dans son usage récent, revêt une dimension nationale et incitative. Nous pouvons nous réjouir de trouver dans ce plan de sobriété énergétique une référence à l’éclairage dans une page sur trois. Il présente deux ambitions : d’une part, une baisse de la consommation énergétique de 10 % dans les deux ans à venir – avec des mesures qui concernent la manière d’utiliser l’énergie – qui relève plus du comportemental qu’un recours à des investissements ; et d’autre part, on note la volonté d’écrêter, à court terme, les pics de consommation journaliers – dans la semaine et en hiver – qui sont, pour l’électricité, de 8 h à midi et de 18 h à 20 h. Dans la déclinaison de ce plan de sobriété, nous avons retenu trois mesures qui s’appliquent à l’éclairage. La mesure 8 s’adresse aux collectivités territoriales à qui il est demandé de réduire la consommation d’électricité liée à l’éclairage public (soit 30 % de la consommation totale électrique). La deuxième mesure (no 11) est relative aux entreprises, et plus particulièrement à la diminution de l’éclairage intérieur, notamment s’il n’y a personne, avec rappels du cadre réglementaire qui existait déjà. La troisième mesure (no 12) vise les installations sportives, notamment les temps et durées d’éclairage, avant ou après

© DR

Lionel BRUNET

Délégué général du Syndicat de l’éclairage

les compétitions, qu’elles soient ou non télévisées avec un appel aux acteurs dans ce domaine. Ce plan de sobriété énergétique nous permet de gagner en visibilité lors de cette recherche d’efforts collectifs de toutes les parties prenantes. Encourageant : la Première ministre a même repris une des phrases du guide ADEME sur la rénovation de l’éclairage des bâtiments tertiaires : « Dans les bureaux, moderniser l’éclairage, l’associer à des automatismes de détection de présence et d’asservissement à la lumière du jour, c’est réduire immédiatement de 10 % la facture électrique globale. »

Bruno Lafitte – Du côté de l’ADEME, nous sommes également ravis que ce plan de sobriété soit porté – cela fait dix ans qu’on en parle ! –, mais attention, il faut que cette sobriété s’inscrive dans la durabilité. Ces bons gestes appris, ces bons comportements doivent perdurer au-delà de cet hiver, et de la crise énergétique. Les engagements vont assez loin, par exemple, le contrôle de l’éclairage arrive au premier plan (en intérieur comme en extérieur) et vise tous les secteurs : les bureaux ne sont pas les seuls concernés, puisque dans les commerces, le pilotage de l’éclairage en fonction de la fréquentation permettrait de réduire les consommations de 30 %. Dans l’industrie, il est préconisé de « généraliser l’usage des leds, parfois avec détection de présence et

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Interview croisée

réduire, voire éteindre la nuit, l’éclairage des enseignes lumineuses et, sous réserve des contraintes de sécurité, celui des bâtiments ». Mentionnons aussi « l’État exemplaire », avec le déploiement de travaux à gains rapides sur les bâtiments de l’État et de ses opérateurs. Par exemple, le Louvre s’est engagé à éteindre la Pyramide à 23 h au lieu de 1 h du matin, et la façade du château de Versailles sera plongée dans la pénombre dès 22 h au lieu de 23 h. Par ailleurs, depuis le 7 octobre 2022, les publicités lumineuses sont interdites entre 1 h et 6 h du matin en France, à l’exception de celles du mobilier urbain affecté aux services de transport public, soit aéroports, gares, stations de métro ou de bus. L’obligation d’extinction de l’ensemble des publicités lumineuses supportées par le mobilier urbain entrera en vigueur le 1er juin 2023. Enfin, je voudrais citer l’exemple de la Fédération nationale des cinémas français qui a annoncé un vaste plan de sobriété avec, entre autres, la diminution de l’éclairage en éteignant des enseignes des cinémas lorsqu’ils ne sont pas ouverts, et des salles d’un complexe lorsqu’elles ne sont pas occupées par des spectateurs, l’utilisation raisonnée de l’affichage dynamique.

Ces mesures bénéficient-elles de plans de financement ? Bruno Lafitte – Oui, l’État accompagne les collectivités en prolongeant notamment le programme Actee2 qui sera doté de 220 M€ afin de les aider à bâtir des projets sur l’éclairage public (Lum’acte). La création d’un fonds vert dédié à la transition écologique dans les territoires propose un soutien financier à hauteur de 3,2 Md€ pour les projets portés par les collectivités, dont 160 M€ pour la rénovation énergétique. Ce qui devrait faciliter le passage à l’éclairage led. Le plan de sobriété énergétique rappelle par ailleurs les aides déjà mises en place, dont le prêt vert économie d’énergie de l’ADEME et Bpifrance qui a pour objectif de cofinancer des programmes d’investissement de TPE, PME et d’entreprises de taille intermédiaire visant à maîtriser et diminuer leur impact environnemental.

Lionel Brunet – Malheureusement, la situation d’urgence a fait disparaître le contenu du plan de sobriété énergétique aux yeux du public. Ce dispositif très important a entraîné la mobilisation des acteurs concernés et permis de mettre en avant tous les aspects réglementaires existants, en les vulgarisant. C’est un rappel à l’ordre sur les priorités : notons qu’à peine 20 % du parc installé tant intérieur qu’extérieur mettent en œuvre des leds. Même si on se précipite sur des mesures du type extinction, il ne faut pas oublier le problème

de fond : à savoir la rénovation de toutes les infrastructures de l’éclairage qui permet des gains immédiats, au moins 25 TWh. Pour sensibiliser les communes et les aider à trouver des réponses rationnelles, le Syndicat de l’éclairage, en partenariat avec l’association Les Eco Maires, a d’ailleurs publié un guide : 8 fausses idées sur l’éclairage. L’ouvrage fait la chasse aux idées reçues, dénonce les clichés et fait des propositions en matière de rénovation de l’éclairage public et privé conformes à l’objectif du gouvernement de réduire nos consommations d’énergie de 40 % d’ici à 2050.

N’est-ce pas là le lien avec la disparition annoncée des sources fluorescentes ? Lionel Brunet – La fin de la fluorescence prévue en 2023 (février 2023 pour les fluocompactes, et août 2023 pour les T5 et T8) va toucher surtout les secteurs de l’éducation et de la santé. Je rappelle qu’il s’agit d’une interdiction de première mise sur le marché (et non d’usage) de ces produits car ils contiennent du mercure. Cela dit, l’impact d’une rénovation en led avec gestion de l’éclairage peut être significatif, car on diviserait par trois la puissance installée, les consommations, mais aussi la facture d’électricité, avec un éclairage très qualitatif. Autant le plan de sobriété vise le quantitatif, autant cette mesure revêt un enjeu de santé publique, de confort, de bien-être, de conditions de travail également, qui ne doit pas être oublié dans la recherche d’efficacité énergétique. L’éclairage s’adresse à des êtres humains qui ont des besoins différents, une sensibilité plus ou moins grande à la lumière, il faut donc garder à l’esprit cette diversité dans toute installation d’éclairage. La variété des offres des industriels permet de couvrir le spectre de la demande. De plus, le plan France Relance, qui permet d’accélérer les transformations écologique, industrielle et sociale du pays, propose des mesures concrètes à destination notamment des établissements de santé et d’enseignement (écoles, collèges et lycées). Le mouvement, déjà commencé, va sans doute connaître une accélération. Il faut faire comprendre à tous les décideurs que c’est une règle de bonne gestion que de choisir ces investissements.

Bruno Lafitte – Lionel Brunet a raison : le temps de retour sur investissement est très court dans les hôpitaux, sans commune mesure avec les bureaux car les durées d’allumage atteignent au moins 8 000 heures par an. Le gain énergétique sera d’autant plus sensible que le temps de retour sur investissement sera rapide. Un tel constat peut inciter les hôpitaux à rénover plus rapidement, encore faut-il qu’ils sachent quelles solutions mettre en œuvre et qu’ils aient

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“Le pilotage de la led par le luminaire lui-même, c’est déjà une notion de sobriété automatique !” Lionel Brunet

confiance dans les produits afin d’offrir une qualité d’éclairage à la hauteur de leurs exigences. En ce qui concerne les établissements scolaires et les universités, plusieurs mesures ont été prises, notamment par la Caisse des dépôts et l’ADEME qui encourage, par exemple, l’intracting, dispositif de financement mis en place par un gestionnaire de patrimoine immobilier destiné à financer des actions d’efficacité énergétique, permettant ainsi de réduire les consommations de fluides. Tous ces indicateurs peuvent laisser penser que la rénovation en led ira plus vite que dans les bureaux ou qu’en éclairage extérieur.

Dans ce contexte, que répondez-vous aux collectivités qui, au nom de la sobriété énergétique, éteignent l’éclairage public ?

Lionel Brunet – Je réponds « pilotage » ! Quand nous avons présenté nos activités à RTE et CRE sur la capacité de pilotage des installations d’éclairage public, nous étions fort démunis pour donner des exemples, car seulement 1 ou 2 % d’entre elles sont pilotées à distance. Pourtant, la gestion constitue une garantie d’un comportement vertueux, en particulier si elle est réalisée à partir d’informations locales. Aujourd’hui, l’extinction des sources d’ancienne technologie (très énergivores) impacte leur durée de vie et finit par coûter plus cher à long terme que d’investir dans du matériel led, gradable et pilotable.

Peut-on dire que les trames noires s’inscrivent dans une démarche de sobriété énergétique ?

Bruno Lafitte – Je préfère parler de leur impact sur la pollution lumineuse, la faune, la flore et l’être humain. Il faut en effet essayer d’adopter un usage plus sobre de l’éclairage public pour répondre aux enjeux de préservation de la biodiversité. Les trames noires traduisent vraiment une démarche de sobriété lumineuse en s’interrogeant sur les usages de l’éclairage public.

Lionel Brunet – Le point de départ est effectivement un angle écologique : des corridors caractérisés par une obscurité, même si l’éclairage n’est qu’une des composantes des perturbations anthropiques. La réflexion des usages doit être faite localement, et les concepteurs lumière l’ont bien mise en œuvre dans leurs études, en se posant la question de la nécessité et du comment. Aujourd’hui, on a la capacité technologique de répondre avec les solutions led pertinentes et adaptées à chaque usage. On a pu, concomitamment avec

une demande sociétale, se poser les bonnes questions : comment produire mieux de la lumière pour s’en servir mieux, en passant par une analyse fine des usages. Il faut que les donneurs d’ordre nous demandent ces solutions : les industriels y sont favorables.

Bruno Lafitte – Le fournisseur de matériel doit être force de prescription et travailler avec les concepteurs lumière afin de proposer des trames noires, qui traduisent un usage raisonné et sobre de la lumière en extérieur.

Lionel Brunet – À ce propos, je voudrais apporter une précision : l’éclairage extérieur ne se limite pas, bien entendu, à l’éclairage public ; il ne faut pas oublier l’éclairage des entreprises ou des particuliers qui appartient au domaine privé. Ces derniers doivent également prendre conscience d’une réflexion d’un bon usage.

Cette réflexion sur les usages est donc un passage obligé pour moderniser l’éclairage ?

Lionel Brunet – Absolument, c’est sur la base du volontarisme que nous pourrons faire évoluer les pratiques, il n’est pas toujours nécessaire de légiférer pour avancer. Nous travaillons avec plusieurs organismes, comme l’ADEME, l’OFB (Organisme français de la biodiversité), l’AFE, etc., qui participent à ces réflexions. Et quand on se trouve dans un écosystème où l’on échange, il est plus facile de modifier les comportements, d’atteindre de nouveaux objectifs, de prendre en considération des problématiques d’autres parties prenantes. Et notre rôle à nous, industriels, c’est d’apporter des solutions.

Bruno Lafitte – Il est certain que tout ce travail de concertation que nous avons réussi à mettre en place avec autant d’associations professionnelles qui participent aux guides que nous publions depuis de nombreuses années, toute cette communication permet à la filière d’avancer vers des objectifs communs : lancer des opérations d’envergure, influer sur les textes réglementaires, mettre en avant la possibilité de faire des économies d’énergie avec une meilleure qualité d’éclairage tout en respectant l’environnement. Nous devons poursuivre cette coopération pour aller vers la mise en œuvre concrète et effective de la rénovation de l’éclairage.

Lionel Brunet – Les utilisateurs, du secteur public ou privé, doivent y trouver leur compte sous les angles à la fois écologique, économique et financier.

Propos recueillis par Isabelle Arnaud

LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022 - 9 Lumières Interview croisée
“Dans les nuisances lumineuses, la pollution n’est pas durable, elle est réversible” Bruno Lafitte

François Magos, un poète de la lumière disparaît

Avant même de lire l’hommage de Roger Narboni (ci-contre), j’ai immédiatement pensé à la poésie qui émanait des réalisations de François Magos et de l’être tout entier. Il fut l’un des tout premiers concepteurs lumière que j’ai interviewés. Il s’agissait d’un éclairage éphémère qu’il avait réalisé dans le cadre de son diplôme de fin d’études de l’École nationale supérieure de paysage, sur le potager du Roi à Versailles.

Deux principes avaient été mis en œuvre : un balisage des allées qui délimitaient les seize parcelles, et un théâtre de lumière qui mettait en scène plantes, légumes et fruits à travers huit séquences lumineuses de trois minutes chacune, guidant le visiteur dans les allées du potager au fur et à mesure de sa progression. Cette mise en lumière, pourtant éphémère, a laissé son empreinte dans l’histoire du célèbre potager.

Modeste et aimant rester dans l’ombre, François Magos a poursuivi sa carrière de concepteur lumière avec, à travers ses autres réalisations, toujours ces mises en lumière subtiles et discrètes qui ont marqué ses œuvres pour le plus grand enchantement de tous, professionnels ou spectateurs de la lumière. n

Fançois Magos était paysagiste, mais c’était aussi, et surtout, pour moi, un artiste et un poète de la lumière. J’ai eu la chance de le croiser et de découvrir trois de ses réalisations : Un jardin pour la nuit au potager du Roi à Versailles en 1992 que j’ai publié avec plaisir dans mon livre La lumière et le paysage, Jardins suspendus au château d’Angers, où je l’avais invité lors d’une carte blanche durant l’été 1993, et en 2003 où je l’avais programmé pour la Fête des Lumières de Lyon avec une œuvre lumineuse en bois magistrale, posée avec élégance et mystère sur le Rhône et ses berges (et installée finalement et après moult péripéties en décembre 2004).

À chaque fois, ce fut pour moi un émerveillement. Car François réalisait et installait lui-même ses œuvres de lumière. Et cette gestation faisait partie intégrante de son processus de création. Le résultat final était alors à chaque fois surprenant et éblouissant, car il maîtrisait parfaitement l’espace et la grande échelle d’intervention, pour susciter le rêve et la poésie. Il était dans la profession de concepteur lumière quelqu’un de très particulier et d’une grande sensibilité, qui livrait des paysages lumineux extraordinaires et tout de suite reconnaissables et qui va manquer au monde de la lumière. n

Lumières Actualités
Roger
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Disano France ouvre deux showrooms

Le siège de Disano France vient de créer deux espaces dédiés à l’éclairage, au siège de l’entreprise, à Allonzier-la-Caille. «  Les visiteurs pourront y découvrir nos toutes dernières nouveautés tant pour l’éclairage extérieur qu’intérieur », déclare Frédéric Biancardini, directeur général de Disano France.

La partie intérieure est davantage consacrée à l’éclairage architectural et présente entre autres, la nouvelle gamme Liset 2.0 by Fosnova. Liset 2.0 est un luminaire linéaire et modulaire qui simplifie la composition de l’éclairage et peut adopter plusieurs configurations, quelle qu’en soit l’application : commerce de détail, contextes architecturaux et culturels, espaces d’accueil et/ou structures d’hébergement, décoration d’intérieur. La partie extérieure présente les gammes résidentielles, urbaines, d’éclairage public et d’équipements sportifs. Une multitude de produits pilotables par différents systèmes de gestion, afin d’apporter à chaque projet une solution dédiée. Minigiovi, Ischia, Forum, Cromo, Radon y sont notamment exposés. n

Disano, 1443, route de l’Arny, 74350 Allonzier-la-Caille

Performance iN Lighting rejoint le groupe Gewiss

Gewiss et Performance iN Lighting sont heureux d’annoncer l’entrée officielle dans le groupe Gewiss de l’entreprise historique, acteur majeur international dans le secteur de l’éclairage.

« Aujourd’hui, nous concrétisons le développement de notre entreprise, explique Fabio Bosatelli, président de Gewiss et actionnaire majoritaire de la holding Polifine. Pour Gewiss, il s’agit d’un levier de croissance dans le secteur de l’éclairage, renforçant sa position d’acteur majeur à travers toutes les offres que nous commercialisons. Ce lancement marque l’engagement de Gewiss dans le développement de solutions intelligentes pour la maison, l’e-mobilité, l’éclairage et les systèmes de protection et de distribution d’énergie, répondant aux besoins de sécurité, de confort et avec une forte attention à la durabilité. »

Giorgio Lodi, président de Performance iN Lighting, a déclaré : « C’est avec une grande fierté que je peux dire que notre entrée dans un important groupe italien nous permet de renforcer considérablement notre potentiel de croissance. Nous sommes tous les deux des groupes italiens avec une forte vocation à l’internationalisation et cette union pose les bases d’un nouveau présent et d’un avenir partagé. » n

LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022 - 11
De gauche à droite : Giorgio Lodi, président de Performance iN Lighting, Paolo Cervini, directeur général de Gewiss, Fabio Bosatelli, président de Gewiss

Palmarès des LUCI Cities & Lighting Awards

Les lauréats des LUCI Cities & Lighting Awards ont été révélés au cours de la cérémonie qui s’est tenue le 21 octobre 2022 à Busan, en Corée du Sud, et qui célébrait également le 20e anniversaire de l’association LUCI. Destinés aux villes et aux autorités locales, les LUCI Cities & Lighting Awards récompensent, tous les deux ans, les projets qui reflètent la nature pluridisciplinaire de l’éclairage urbain et qui ont un impact positif sur le développement économique, social et culturel des villes. Ils célèbrent ainsi les villes qui ont mené des projets dans le but d’améliorer la durabilité et la qualité de vie.

«A u cœur de la crise énergétique, les LUCI Cities & Lighting Awards tombent à point nommé, a déclaré Vincent Laganier, président du jury. Ce nouveau concours met en avant la qualité de vie et la dimension environnementale à travers l’éclairage urbain. Les lauréats représentent cette ambivalence de la lumière : comment faire vivre la ville la nuit tout en tenant compte de tous les usages, des citoyens et des visiteurs ? Félicitons l’association internationale des villes de lumière, LUCI, pour cette excellente initiative. »

Premier prix : Ville d’Izmir, Turquie

Projet : Plan directeur de l’éclairage de Konak-Kemeralti Conception lumière : Arup

Démarré en 2016, le schéma directeur lumière en deux phases intègre les aspects sociaux, écologiques et économiques de la planification dans le processus de création d’un avenir durable pour la ville.

La conversion aux leds a pour objectif de réduire de 50 % la consommation d’énergie et de 50 % les émissions de CO2 L’utilisation d’un système de gestion centralisé de l’éclairage permettra de réduire les coûts de maintenance. Cependant, l’objectif le plus important du projet est de créer un dialogue avec la lumière : la zone accueille différents groupes culturels, et le langage commun devient le « jeu ».

L’éclairage est étroitement lié au sentiment d’appartenance ainsi qu’au sentiment de sécurité et de sûreté. Visant à améliorer la résilience et l’inclusion sociales, les besoins des groupes sousreprésentés à travers une perspective « femmes et enfants d’abord » sont prioritaires dans le processus de développement du projet.

Le jury a jugé l’approche « ambitieuse qui combine une vision globale des espaces urbains et une prise en compte sensible des espaces de vie quotidienne. Ce projet montre comment un éclairage réfléchi constitue un élément important du ciment social qui nous fait voir, rencontrer, vivre et interagir ».

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© Ville d’Izmir

Deuxième prix : Ville de Tampere, Finlande

Projet : Rapides de Tammerkoski –Patrimoine industriel réimaginé Conception lumière : WhiteNight Lighting et A-Insinöörit

Le rôle des rapides de Tammerkoski a changé au fil des ans. Au départ, il était la source d’énergie et la raison pour laquelle l’industrialisation a commencé là où se trouve actuellement Tampere. Aujourd’hui, les usines se sont presque entièrement éloignées des berges et le terrain a été libéré pour un usage récréatif. Le paysage lumineux quotidien est calme et élégant.

L’objectif principal de l’éclairage est de rendre visible l’histoire du site de manière équilibrée pendant la nuit. Grâce à son ambiance calme et apaisante, l’espace fonctionne comme un salon extérieur proposé à tous les résidents de la ville.

La Finlande connaît beaucoup d’heures sombres, il était donc important de bénéficier d’un paysage culturel que les gens puissent utiliser la nuit.

Le magnifique paysage de rapides, associé à un éclairage soigneusement étudié, offre d’agréables itinéraires de promenade et des possibilités de loisirs, même de nuit. Un environnement sûr et accueillant incite les gens à explorer les rapides. Le développement de Tammerkoski a créé une série équilibrée de paysages nocturnes qui constituent une attraction pour les touristes.

Le jury a reconnu la manière dont l’éclairage met en évidence l’histoire de la ville pendant la nuit. Un projet qui valorise les bâtiments industriels le long des rapides et les repères historiques en créant un fascinant jeu d’ombre et de lumière.

Le projet met en œuvre un éclairage révélant l’architecture de la ville et doté de systèmes de contrôle complets qui permettent d’ajuster les niveaux de lumière au fil des saisons et de la nuit.

Troisième prix : Gouvernement métropolitain de Séoul, Corée du Sud

Projet : Nouvel éclairage de la place Gwanghwamun Conception lumière : CA Design Co

La place Gwanghwamun est le centre de la culture qui incarne les 600 ans d’histoire de Séoul en tant que capitale de la Corée. La place était le lieu le plus important où les gens se rassemblaient pour obtenir des informations et échanger des opinions. Elle est devenue le symbole de la démocratie et de l’unité de la Corée. Un paysage nocturne coréen a été créé, où les visiteurs, la ville, la nature et l’histoire de Séoul peuvent se connecter en harmonie, comme une peinture coréenne qui utilise le volume, la hauteur et la densité de la lumière.

Le projet incarne le passé et le présent, relie la nature et les personnes, en tant que lieu de loisirs et de culture. L’objectif était de s’approprier la place Gwanghwamun, historiquement dynamique, et de recréer un paysage coréen à travers un espace ouvert et harmonieux.

Le jury a apprécié la transformation de la place historique New Gwanghwamun, à forte densité de trafic, en un paysage nocturne calme à l’usage et au plaisir des citoyens.

La transformation de cette place a été exécutée en tenant compte de l’histoire et de la culture du lieu. L’attention est attirée vers une série d’expériences et de lieux de rencontre à plusieurs niveaux. L’éclairage combine quiétude et élégance au sein d’une ambiance nocturne à échelle humaine qui répond aux attentes des citoyens et des visiteurs.

Mention spéciale : City of London Corporation

Projet : Lumière et obscurité dans la ville Conception lumière : Speirs Major

Le jury a souhaité accorder une mention spéciale à la vision développée par la ville de Londres pour son engagement à intégrer une approche où lumière et obscurité s’équilibrent pour répondre aux besoins fonctionnels et esthétiques des usagers.

Mark Burton-Page, directeur général de LUCI, a déclaré :

« Tous ces projets fantastiques seront mis en avant au sein des canaux de communication et des événements de LUCI dans les prochaines années. Ils enrichissent le processus de partage des connaissances collectives à long terme dans lequel les villes se sont engagées avec succès au niveau mondial, au sein de LUCI, au cours des 20 dernières années. Nous nous réjouissons déjà de lancer la deuxième édition des Cities & Lighting Awards, prévue pour 2024 ! »

Lumières Actualités LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022 - 13
© Ville de Tampere © Gouvernement métropolitain de Séoul

Le Syndicat de l’éclairage regroupe une cinquantaine d’industriels, des groupes internationaux aux PME, représentant plus de 60 % du marché et 7 000 emplois en France.

Il défend les intérêts des fabricants à un niveau national et européen auprès de l’administration, des organismes de la filière, des bureaux d’études, des concepteurs et noue des partenariats avec ces mêmes institutions.

Rénovation de l’éclairage : libérons le potentiel écologique des entreprises !

Les chefs d’entreprises sont tous conscients de la nécessité d’améliorer leur empreinte écologique et de réduire leurs consommations électriques. Mais il manque souvent le coup de pouce décisif que les pouvoirs publics peuvent apporter avec des dispositifs fiscaux bien ciblés.

Comme la modernisation des installations d’éclairage est appelée par la Commission de régulation de l’énergie, par RTE, et que son intérêt est rappelé dans un tiers des pages du plan de sobriété du gouvernement, on s’attendrait à ce que ces travaux bénéficient de dispositifs d’incitation fiscale pour que les entreprises engagent sans tarder ces travaux, dont les gains et le temps de retour rapides sont admis par tous.

Or, des faits récents viennent contrarier cet espoir. Dans le cadre de l’examen du Projet de loi de finances pour 2023, trois députés ont proposé un mécanisme fiscal de suramortissement visant à inciter les entreprises à rénover leur éclairage en accélérant le basculement vers la led. Rejetée en séance, cette mesure est pourtant un levier simple et pratique pour aider les entreprises. Si, comme le proclame le plan de sobriété présenté par la Première ministre, « dans les bur eaux, moderniser l’éclairage, l’associer à des automatismes de détection de présence et d’asservissement à la lumière du jour, c’est réduire immédiatement de 10 % sa facture électrique globale », pourquoi rejeter sans débat cette mesure fiscale ?

Le dispositif de crédit d’impôt pour les TPE et PME en faveur de la rénovation énergétique des bâtiments à usage tertiaire devrait être prorogé. Pourquoi la rénovation des installations d’éclairage n’est-elle pas éligible ?

Exclure l’éclairage de ces dispositifs d’aide ou d’incitation, c’est ignorer que plus des trois quarts des éclairages existants dans le tertiaire, les commerces ou l’industrie ne sont pas encore en led. Il existe donc un énorme potentiel d’économies en remplaçant ces luminaires d’anciennes technologies par des luminaires led, associés à des automatismes de détection de présence et d’asservissement à la lumière du jour. Sans coup de pouce de Bercy fléché vers la rénovation de l’éclairage, les faibles montants investis par les entreprises pour rénover le parc d’éclairage ne permettront pas le passage à l’échelle, et donc une rénovation réellement efficace.

La crise énergétique et l’urgence climatique nous obligent à voir au-delà des enjeux de cet hiver pour appréhender de front la réduction de l’empreinte carbone, le bienêtre des Français, la préservation de la biodiversité et la résilience face aux chocs climatiques inévitables de la prochaine décennie. Tout ceci plaide en faveur d’un plan de rénovation plus global et de mesures, non plus d’urgence, mais structurelles et ambitieuses en termes de rénovation du parc d’éclairage tant intérieur qu’extérieur.

Lumières Chronique
© DR 14 - LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022

Les Eco Maires et le Syndicat de l’éclairage publient un guide à destination des collectivités

L e plan de sobriété énergétique du gouvernement invite chacun à se montrer exemplaire. C’est pour sensibiliser les communes et les aider à trouver des réponses rationnelles vers cet objectif que Les Eco Maires et le Syndicat de l’éclairage ont conçu ce guide sur l’éclairage. Le guide 8 fausses idées sur l’éclairage fait la chasse aux idées reçues, dénonce les clichés et fait des propositions en matière de rénovation de l’éclairage public et privé conformes à l’objectif du gouvernement de réduire nos consommations d’énergie de 40 % d’ici 2050.

« Élaboré à partir des retours du terrain, explique Jean-Pierre Bouquet, président de l’association Les Eco Maires et maire de Vitry-le-François (51), ce guide résulte d’une demande des élus et s’efforce de répondre de façon pragmatique aux questions que se posent immanquablement les maires lorsqu’ils s’engagent dans une démarche de sobriété, dans un contexte où la consommation d’électricité liée à l’éclairage public représente en moyenne 30 % des dépenses d’électricité d’une collectivité. »

« Je forme le vœu que, grâce à ce guide, les communes tendent vers une meilleure gestion de l’éclairage et une transition vers la led pilotable, permettant d’obtenir, simplement et immédiatement, un éclairage plus sobre et efficace tout en réalisant des économies d’énergie massives. Et pour aller plus loin, il faut soutenir les collectivités qui veulent investir dans la rénovation de leur parc », a déclaré Julien Arnal, président du Syndicat de l’éclairage.

Vrai ou faux ?

À vous de jouer

1. Rénover le parc de luminaires n’est pas une priorité !

2. Rénover l’éclairage plombe le budget municipal !

3. Inutile de remplacer des lampes qui fonctionnent !

4. Éteindre les lumières la nuit suffit.

5. Un éclairage « intelligent » consomme plus qu’un éclairage classique.

6. La rénovation de l’éclairage public ne concerne que l’éclairage extérieur.

7. Réduire l’éclairage affecte la sécurité des habitants !

8. Réduire l’éclairage intérieur est sans conséquence sur la santé des usagers.

(Pour vérifier vos réponses, téléchargez le guide à partir du site du Syndicat de l’éclairage – www.syndicat-eclairage.com – ou de l’association Les Eco Maires – https://ecomaires.com/) n

Lumières Actualités
LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022 - 15

Gilles Bures, un nouvel associé de Neko Lighting Actiled invite au voyage à Nantes

Bures, jeune diplômé d’une école de commerce, commence sa carrière dans l’éclairage en 2004, chez Osram au service marketing. Responsable merchandising puis responsable luminaires led, il passera près de 9 ans dans l’entreprise à Molsheim, avant d’arriver rue d’Uzès, au sein du groupe Zumtobel à Paris où il occupe le poste de responsable marketing pendant un an et demi. En mars 2015, il part chez Regent où il reste jusqu’en novembre 2021, date à laquelle il rejoint Bruno Touzery, directeur associé de Neko Lighting France, et Martin Ariza, responsable commercial, désormais associé également au sein de Neko Lighting.

Gilles

«  Non seulement je retrouvais des personnes avec lesquelles j’avais eu beaucoup de plaisir à travailler, confie Gilles Bures, mais je rejoignais aussi une belle marque avec des produits de qualité, bien définis et plus accessibles en termes de prix. Je suis arrivé comme responsable commercial, et c’est en toute logique que j’ai accepté d’investir et de m’investir au sein de Neko Lighting, une marque à laquelle je crois, et aux côtés de personnes en qui j’ai une totale confiance. C’est une manière de construire une belle histoire, de ne pas rester passif. » Neko Lighting compte aujourd’hui une douzaine de personnes, dont une équipe parisienne de 6 collaborateurs et deux stagiaires, et 5 agents commerciaux en région. Neko Lighting couvre de nombreux domaines en intérieur : boutiques, hôtellerie de luxe, restauration, bureaux, parties communes d’habitat collectif et fabrique ses propres gammes. n Neko Lighting, 8, rue du Sentier, 75002 Paris

Sunlux intègre le groupe Lighting Developpement (69)

Depuis 35 ans, Sunlux développe et commercialise des solutions d’éclairage en France et en Afrique du Nord. L’expérience et les succès de Sunlux ont bâti une marque reconnue, synonyme de fiabilité et de constance.

Avec l’intégration de Sunlux, le groupe Lighting Developpement (qui réunit les marques Lébénoïd et Integratech) poursuit sa stratégie d’expansion au service de ses clients et de la transition énergétique. Avec un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros, le groupe démontre sa volonté d’être un acteur de référence sur le long terme. L’ensemble ainsi constitué offre des solutions professionnelles d’éclairages fonctionnels et décoratifs, sur les marchés de l’industrie, du résidentiel individuel et collectif, du tertiaire, de l’agropharmacie, du commerce et des équipements extérieurs. Il dispose de plusieurs sites opérationnels et plateformes logistiques situés en France, en Belgique, en Tunisie et au Maroc.

Le groupe Lighting Developpement continuera à servir ses objectifs de développements communs au travers des marques réunies Lébénoïd, Integratech et Sunlux. n

Le Voyage à Nantes est un parcours estival à travers la ville matérialisé par une ligne verte tracée au sol, conduisant d’une œuvre d’art contemporain à un élément remarquable du patrimoine, d’une ruelle historique à une architecture contemporaine… Pour la première fois, le Voyage à Nantes propose Le Voyage en hiver du 24 novembre 2022 au 1er janvier 2023. La ville est réinterprétée de façon singulière et sensible par le regard d’artistes qui s’emparent de cette ambiance des fêtes de fin d’année pour créer de nouveaux songes d’une nuit d’hiver. La programmation s’inscrit avec des propositions autour de trois axes principaux : musique, gastronomie nantaise et création d’œuvres plastiques inédites à la découverte de la ville. L’artiste Vincent Olinet a conçu une œuvre baptisée La nuit je vois. S’inspirant de lanternes japonaises traditionnelles, il a imaginé des sculptures lumineuses qui invitent à un parcours artistique dans l’histoire et l’architecture des différents quartiers de l’hypercentre nantais.

Actiled a relevé le défi d’une conception atypique, au carrefour de la création artistique, du métier d’éclairagiste et de la fabrication industrielle. L’entreprise a dû répondre à de nombreuses contraintes. Les œuvres, de grande taille, devaient être faciles à installer, réutilisables sur plusieurs années, consommer peu d’énergie et surtout valoriser au mieux une création graphique en relief. L’enjeu n’était pas de réaliser seulement quelques luminaires dans une approche artisanale, mais aussi de produire des kilomètres d’éclairage. Le choix des matériaux et des techniques de fabrication a dû intégrer ces difficultés pour une production industrielle. 8 personnes équivalent temps plein, mobilisées pendant 4 mois, ont permis à Actiled de produire : 629 moulures led de 1,50 m sur 3 m pour un total de 1,2 km, déployées dans les rues de Nantes et 95 consoles led de 0,90 m par 2,40 m de hauteur. Pour ce projet, plus de 90 % de la valeur a été produite en France, et localement. L’assemblage a été réalisé intégralement dans les ateliers de la société à Sainte-Luce-sur-Loire. «  Il fallait rester le plus fidèles possible à l’idée de l’artiste, précise Philippe Faure, responsable de la communication et marketing, c’était un véritable défi, compte tenu de la complexité et de la diversité des motifs et des formes. Il a fallu aussi trouver les matériaux, comme les tissus transparents qui rendent bien les couleurs et puissent se manipuler facilement. » Actiled, qui compte une vingtaine de personnes, basée dans l’agglomération nantaise, est activement engagée sur les marchés de l’éclairage led depuis 9 ans. Elle est dirigée par trois associés : Etienne Beneteau, président, Stéphane Guillot, directeur commercial et pilote du projet, François Fosse, directeur technique. n

Lumières Actualités 16 - LUMIÈRES N° 40 - OCTOBRE 2022

Claire Germouty fonde Maison Papier

Diplômée d’HEC, juriste, journaliste, éditrice, Claire Germouty est une entrepreneuse déterminée et passionnée. La création de Maison Papier est une histoire de rencontres, d’écoute et de confiance. La lampe Circea et son clone 3D ont été conçus par le designer Luc de Banville (voir l’interview page 50). Aux confins des mondes physique et digital, le design phygital associe un objet à son NFT, cette pièce numérique authentifiée par un certificat. Le NFT de Circea (cette lampe aux huit métamorphoses), peut être inséré dans un métavers ou un jeu vidéo. Le certificat NFT de Circea est une carte en papier avec trois QR codes imprimés. Après l’achat, il suffit de flasher ces codes pour s’authentifier sur le site du partenaire de Maison Papier, MINTING.fr, et de télécharger le fichier de son NFT. Cette création de Luc de Banville a le don d’interagir avec ses utilisateurs et son environnement. Hommage à Circé, la magicienne fille du Soleil, Circea change de forme à l’envi. Ses huit métamorphoses s’ajustent du bout des doigts et racontent un monde d’épure et de poésie. Claire Germouty est immédiatement séduite par la beauté et le rayonnement de Circea et accepte de l’éditer, et c’est ainsi que naît Maison Papier. Fabriquée à Vanves par Procédés Chénel en Drop Honeycomb, un

papier nid d’abeille français, Circea est légère et frugale, pour un impact environnemental limité. Protégée dans son packaging en carton recyclé, elle bénéficie d’un circuit court de production et de distribution. «  Jusqu’à présent, les NFT étaient vendus à travers des circuits internet fastidieux, raconte Claire Germouty. Pour la première fois dans l’histoire du design, 500 exemplaires numérotés de Circea+NFT sont vendus en boutique et sur Internet à 490 euros TTC. Le luminaire exclusif est proposé avec son pied, sa lampe et son certificat NFT. Déjà, le BHV Marais a ajouté Circea à la liste des lampes de créateurs qu'il distribue. 7 lampes ont été vendues en deux jours début décembre et 40 commandes doivent partir pour New York ! »

Maison Papier édite également Sandra Biaggi (paravent Allegria) ; Grégoire Borach (assises Vanves en chutes de papier compressées) ; Marie-Aurore Stiker-Métral (collection Totem, des luminaires grand format modulables, fabriqués à partir de chutes de papier compressées) ; Rodolfo Agrella (luminaires ARA qui associent un globe de verre soufflé à 400 feuilles de papier légères et colorées) ; Élise Fouin (Cocarde, suspension de papier). n https://maisonpapier.design/

LUMIÈRES N° 40 - OCTOBRE 2022 - 17 Lumières Actualités

Parcours

Chorégraphies d’ombre et de lumière

Vincent Cottet redessine les espaces avec cette approche qui associe l’histoire des sites à leurs nouveaux usages dans une scénographie toujours en mouvement. Attentif à la perception des espaces le jour, il accompagne leur transition vers la nuit, dialoguant avec les concepteurs lumière afin de réinventer ensemble un paysage nocturne.

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Paysagiste DPLG, diplômé de l’École nationale supérieure de paysage de Versailles et de l’École Du Breuil à Paris, Vincent Cottet débute à la conception des tramway du Mans, de Brest puis de Tours. C’est avec l’expérience de ces grands projets de mutation urbaine qu’il prolonge sa réflexion à différentes échelles de site. Il s’attache à révéler les qualités des lieux et aborde le paysage comme une réponse pertinente au programme.

Associé de l’agence Richez_Associés, il mène des études d’urbanisme et des opérations de maîtrise d’œuvre à toutes les échelles, du jardin au grand paysage. Ses sujets de prédilection portent sur la transformation des paysages en alliant les dimensions de mobilité et d’environnement.

Comment est née cette réflexion omniprésente sur le rôle de la lumière dans le paysage urbain ?

J’ai eu la chance d’être formé au dessin de paysage par Lucienne Tailhade-Collin, et à l’importance de l’articulation de l’espace entre l’ombre et la lumière. Ce qui fait que dans mon trait de crayon, je réfléchis inconsciemment à la façon dont les deux se rejoignent. C’est fascinant de voir comment, dans le projet de paysage, le monde végétal fournit ce mélange de lumière et d’ombre dans une intelligence de l’espace où combinées, elles forment ce graphisme singulier. La modulation diurne de la lumière se trouve inversée dans l’approche nocturne et transforme complètement la perception du paysage. Une fois que j’ai conçu ces espaces par tout un travail de verticalités et qui assoit les horizontales, la nuit, je m’autorise un deuxième essai qui donne naissance à un autre espace. Souvent, je transmets aux

concepteurs lumière ces premiers traits de crayon et ébauches afin qu’ils s’approprient le paysage pour amplifier ou au contraire gommer cette vision de jour. Je privilégie toujours les collaborations avec les concepteurs lumière car leur travail enrichit le dialogue entre le jour et la nuit ; nous partageons la construction du récit qui va amener l’usager dans l’espace. C’est en ce sens que le parcours nocturne va être très différent du parcours diurne. Il faut donc réfléchir à la façon dont la lumière va opérer la transition, comment nous pouvons l’accompagner et dessiner un autre projet. Le stade du Havre en est une parfaite illustration avec Philippe Almon.

Comment avez-vous travaillé ensemble ? Philippe Almon est intervenu sur la mise en lumière de l’enveloppe du bâtiment avec l’agence SCAU et Richez_Associés a créé la scénographie des abords. Nous avons traité

18 - LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022
Lumières Entretien
© Julien Lanoo

les espaces extérieurs comme des grandes perspectives qui annoncent le stade : une approche qui permet de comprendre le lieu et comment on y accède ; puis des abords immédiats qui forcent la contemplation, avec des espaces d’attente et de déambulation, jusqu’à ce que le visiteur entre dans le stade. L’éclairage offre une sensation de bien-être et de sécurité et prépare le spectateur aux moments festifs. Nous avons réfléchi à tout un jeu de rubans qui viennent se glisser tout autour du stade jusqu’au seuil, et qui s’appuient sur un travail de nivellement de la topographie. De nuit, le dispositif de lumière suit ce système, avec des orientations très marquées, notamment sur les diagonales, et les lumières semblent vraiment en suspension. Nous avons travaillé avec Philippe Almon pour mettre en scène une nuit étoilée, composée de points lumineux sur câbles tendus, dans une ambiance ludique intermédiaire qui forme la jonction avec l’arène proprement dite, éclairée de bleu. Dans ce paysage épuré, les soirs sans événements, on perçoit des lumières qui, tels des photophores, brillent dans l’intensité de la nuit. Cela me fait penser à une autre collaboration avec Philippe Almon où la lumière avait joué un rôle important dans la transition jour/nuit.

Vous voulez parler de la requalification de la Dalle de Choisy-le-Roi ? En effet. À l’époque où la dalle a été construite (vers 1960), cohabitaient un square minuscule et les grandes tours de logements. Nous souhaitions conserver, de nuit, ce grand ciel et recréer le contact avec les piétons. Pour la terrasse, j’avais imaginé ces portiques équipés de projecteurs qui deviennent, le soir, des petits événements lumineux, créant une ambiance douce et homogène, et dont la teinte chaude accompagne le sol couleur crème. Au pied des grandes tours, un asphalte clair recouvre la totalité de la surface, offrant une sensation de bien-être malgré les dimensions monumentales du lieu. Devant la gare, nous avons perforé le front du grand mur et construit un large escalier doté d’un double palier qui permet aux piétons

de bénéficier, depuis le bas, de la lecture des seuils des rez-de-chaussée. L’ascenseur panoramique, disposé en surplomb, ajoute une note colorée à l’ensemble. En effet, nous avons inséré, dans le vide du double vitrage, des panneaux de vitrail (Atelier Vitrail Lavina Felzine) éclairés en blanc chaud, et dont les couleurs – bleu, vert, jaune –évoquent les faïenceries Boulenger (carreaux du métro) fabriquées sur ce site au XIXe siècle. Enfin, clin d’œil à la géométrie des tours, nous avons inséré des petits pavés de verre dans la pose du gabion qui font écho aux fenêtres des tours qui clignotent dans la nuit. Côté esplanade, nous avons conservé l’étude d’éclairage qui avait été réalisée en 2004 et qui met en œuvre des candélabres de faible hauteur avec une lumière indirecte.

Vous avez souhaité évoquer ce que vous appelez « cette belle aventure » avec Pierre Bideau… Oui, c’était en 2012, il s’agit de la mise en lumière de la ligne de tramway de Tours sur laquelle nous avons travaillé ensemble. Le concept lumineux de Pierre Bideau est empreint d’élégance sobre, mettant en scène de manière réfléchie les émergences, colonnes de Daniel Buren, qui ponctuent et structurent la ligne du tramway de ce fil blanc de lumière. Il avait conçu des dispositifs très dessinés, qui laissent au maximum les espaces libres, comme place de la Tranchée, où il avait transformé les œuvres bicolores du plasticien en totems lumineux. C’est cette combinaison de justesse et de pertinence, cette danse de l’ombre avec la lumière qui nous offrent une autre vision des paysages. n

Propos recueillis par Isabelle Arnaud

1 - Le stade Océane, Le Havre.

Architectes : agence SCAU

Paysagistes et urbanistes : Richez_Associés Conception lumière : Philippe Almon

2 - Place de la Tranche, à Tours. Totems de Daniel Buren.

Paysagistes et urbanistes : Richez_Associés Conception lumière : Pierre Bideau

3 et 4 - Dalle de Choisy-le-Roi.

Paysagistes et urbanistes : Richez_Associés Conception lumière : Vincent Cottet, Richez_ Associés, et Philippe Almon, Ph.a Associés Concept.lumiere et Design Vitraux de l’ascenseur panoramique : Atelier Vitrail Lavina Felzine

LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022 - 19
Lumières Entretien
© Richez_Associés. Photo Vincent Vidal
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© Richez_Associés. Photo Cyrille Dubreuil
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© Richez_Associés. Photo Vincent Vidal © Richez_Associés. Photo Vincent Vidal

Lumières Projets

Maîtrise d’ouvrage : Transamo pour Île-de-France Mobilités Maîtrise d’œuvre : Architecte-paysagiste : Richez_Associés et designer des stations avec Sovann Kim selon le design code de RCP Design Global

BET mandataire : groupement iTram/Ingérop

BET études : Bérim et Setec Conception lumière et MOE : Concepto Installateur : Citeos Île-de-France

Solutions éclairage : Concep Light, Comatelec Schréder, Eclatec, Led Puck, Lumenscia, Selux

LIGNE DU TRAMWAY T9 : UNE LUMIÈRE INCLUSIVE

Île-de-France Mobilités s’est vu décerner, en 2021, le Grand prix « Aménagement urbain » des Grands Prix de la région Capitale pour la ligne de tramway T9, dont la maîtrise d’œuvre a été confiée à Richez_Associés, architectes et paysagistes du projet. Le concept lumière des espaces publics sur le parcours du tramway, signé par Concepto, développe une écriture nocturne affirmée pour mieux accompagner les usages dans le respect du paysage urbain à la nuit tombée.

La ligne du tramway T9, avec ses 19 stations, se veut exemplaire en matière de mobilité et d’intermodalité, et s’insère sur un axe métropolitain qui traverse 6 communes au sud de Paris : Paris, Ivry-sur-Seine, Vitry-sur-Seine, Thiais, Choisy-le-Roi et Orly. Le projet est à la fois serviciel et qualitatif en matière de mobilité, avec des espaces publics fédérateurs sur le « parcours des arts » ponctué d’œuvres d’art publiques. Pour Vincent Cottet, paysagiste et urbaniste, Richez_Associés, « le tracé du T9 est un voyage Paris-banlieue aux étapes douces, comme une transition simple, heureuse et modeste, une sorte de réconciliation urbaine qui s’organise de façon continue. Il est exceptionnel dans sa dimension XXL, clos dans sa dimension territoriale, ce qui lui confère une intimité, une domesticité, parfois une intimité, qui

répond d’abord à un axe de vie et qui n’est plus seulement un axe de passage ».

Le ruban du tramway se déroule sur les 10,3 km avec une grande cohérence dans les choix de matériaux, mobiliers, design des stations et lumières, tous pensés pour former une unité graphique qui marque le paysage de jour comme de nuit.

« L’objectif était de développer des ambiances socialisantes, déclare Sara Castagné, conceptrice lumière, Concepto, qui participent à la redécouverte nocturne des espaces afin d’accompagner les mobilités ; des ambiances qui favorisent le jeu, les interactions et la joie. J’aime bien qualifier ce projet de “lumière inclusive”, c’est-à-dire d’une lumière qui accompagne l’insertion de la ligne de tramway sur un boulevard avec une redisposition des trottoirs, de la chaussée et de la plateforme

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© Concepto. Photo Noémie Riou © Concepto Photo Vincent Enot Place Gaston Viens à Orly. Station Trois Communes à Vitry.

tramway en favorisant les liens sociaux, et apporter de la convivialité dans l’espace public pour agrémenter le parcours. L’idée est de réconcilier les usagers avec les déplacements en mode doux la nuit, quel que soit l’âge ou le sexe. » Ainsi, tout le monde peut investir ces espaces singuliers qui bordent le tramway T9 : des plages colorées invitent à ralentir et se poser sur un banc, des motifs floraux projetés au sol guident les cyclistes le long du cimetière d’Ivry, des œuvres d’art sont délicatement mises en lumière pour une nouvelle perception dans le paysage nocturne.

La place Gaston Viens à Orly accueille des mots entremêlés d’Elsa Triolet et de Louis Aragon, bribes de phrases projetées sur le sol du parvis du centre culturel Aragon-Triolet. Un jeu de piste pour découvrir qui a écrit quoi s’offre aux visi-

teurs du soir. « Nous avons souhaité donner une puissance graphique à tous ces espaces, explique Sara Castagné, pour que la lumière s’intègre complètement dans les aménagements urbains. En même temps, nous avions à cœur d’offrir un grand confort aux usagers afin qu’ils puissent s’approprier les espaces, et de les ponctuer de douceurs tout le long du trajet du tramway. »

Station Trois Communes : la clé de voûte du parcours

Les différents espaces traversés par le tramway offraient néanmoins des configurations ou objets majeurs qu’il aurait été dommage de ne pas intégrer aux ambiances lumière. L’infrastructure de l’autoroute A86, à l’intersection de Thiais, Vitry et Choisy-le-Roi, fait partie de ces espaces à enjeux,

À gauche : place de Port-au-Prince à Paris 13e

À droite : parvis du centre culturel Aragon-Triolet à Orly.

Sara Castagné, conceptrice lumière, Concepto, a misé sur la convivialité et l’intégration de la lumière qui ponctue et habille les espaces publics. Les stations du tramway T9 sont signées par Richez_ Associés et le designer Sovann Kim.

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Lumières Projets
© Concepto. Photo Vincent Enot © Concepto. Photo Vincent Enot © Concepto. Photo Vincent Enot

d’autant plus qu’il accueille une station abritée sous l’ouvrage. Comment valoriser un tel espace qui souffrait d’un fort déficit au départ ? La question se posait de comment faire de cette étape une expérience positive, sachant qu’avant l’intervention de Vincent Cottet, paysagiste et urbaniste, Richez_Associés, le passage présentait, même de jour, un aspect lugubre et peu engageant, que seuls les véhicules empruntaient. Vincent Cottet a proposé de revêtir les surfaces d’un voile doré. « C’est pour cette raison que l’on aperçoit des reflets, très intéressants mais aussi troublants, commente Sara Castagné. Cette poudre d’or diffracte complètement la lumière et lorsque le tram pénètre dans ce tunnel, sa lumière très blanche donne quelque chose de dynamique ! »

« L’ouvrage d’art a été conçu (dans les années 1980) totalement hors d’échelle par rapport à la ville qu’il traverse, explique Vincent Cottet, mais il possède une intelligence, car il a su s’installer avec justesse dans la pente. L’ouvrage est “en équilibre”, avec seulement un point d’appui et un système de double terrasse. Dès le début, nous avons pensé à privatiser une des travées au profit du piéton et du tramway, et surtout à inven-

ter un espace qui allait rendre ce vide habitable, appropriable. C’est parce que c’était un non-lieu qu’il fallait intervenir. »

Vincent Cottet a donc voulu faire de ce passage un palais qui gomme son aspect sinistre et qui porte en lui l’idée du monumental. Il poursuit : « L’architecture de l’ouvrage est très belle, elle n’a pas été pensée comme un dessous, mais comme un volume intérieur… L’architecte avait conçu à l’époque des grands rubans comme des porteurs et des marqueurs de la route au-dessus. Nous avons transformé ces rubans pour en faire les poutres de cette intériorité à vivre, animées par les effets de scintillement et les reflets dorés perceptibles au passage du tram et des voitures. L’idée de peindre avec une lasure dorée anticipait sur les effets lumineux. Le dispositif de lumière devient un jeu de réflexion de l’éclairage indirect qui vient s’imprimer dans le sol. Nous avons choisi de ne pas occuper ce vide, le libérant des quatre abris de la station initialement prévus, laissant la lumière structurer l’espace par le jeu des reflets. » Pour Sara Castagné, « la hausse du prix de l’électricité va indéniablement conduire les communes à faire des arbitrages : baisser l’intensité de toutes

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© Concepto Photo Vincent Enot © Concepto Photo Vincent Enot © Concepto Photo Vincent Enot Ouvrage de l’A86 à Vitry.

les lumières ou choisir de privilégier le déplacement des piétons plutôt que le déplacement des véhicules qui disposent de leurs phares. Le projet du tramway T9 propose un espace sensoriel basé sur ces effets miroitants de la peau de l’ouvrage en béton avec un éclairage coloré statique, mais qui procure une impression cinétique ». 88 appareils d’éclairage, disposés au sol, avec un mix de leds rouges, ambre et vertes ont permis via un protocole DMX de caler les nuances chromatiques. La puissance estimée est de 75 % de la puissance nominale, soit 2,9 kW. Lorsque le tramway est présent, son propre éclairage estompe la couleur de la lumière initiale plus saturée. Des projecteurs à optique routière fixés sous les poutres permettent d’éclairer la voirie.

Des ponctuations de lumière

Le long du cimetière d’Ivry, la piste cyclable est accompagnée d’une projection au sol réalisée par des gobos à motif végétal.

À Vitry-sur-Seine, une sculpture de 14 m de haut, imaginée par Dubuffet, intitulée Chaufferie avec cheminée, réalisée en résine époxy armée de fibre de verre et peinture polyuréthane, se dresse au

milieu du rond-point traversé par le tram, devant le MAC VAL (musée d’Art contemporain du Valde-Marne). Raoul-Jean Moulin, écrivain et critique d’art, la décrit en ces termes : « Flamme de résistance et de liberté, elle s’élance familièrement au-devant de nous, en laissant affleurer, dans la contorsion de ses formes et de ses couleurs, la mémoire d’une espérance dont il nous faut anticiper les signes. » Il était très difficile d’éclairer l’œuvre d’art compte tenu de sa position. « Nous avons disposé tout autour de l’œuvre, précise Sara Castagné, des projecteurs à gobos qui viennent découper la sculpture avec des faisceaux dirigés très justement sur chaque face de l’œuvre, sans éblouir les passagers du tram ni les automobilistes, et qui ne gênent pas les habitations à proximité. Ce dispositif nous a permis de donner une autre interprétation de la lumière la nuit. »

Au terminus d’Orly, sur le parvis bordé de commerces, la conceptrice lumière a doté les mâts standards de lampes de différentes couleurs, projetant au sol des ombres colorées qui offrent aux enfants un véritable terrain de jeu.

1. Parvis Gaston Viens à Orly.

2. Place de la Libération à Vitry-sur-Seine.

3. Piste cyclable à Ivry.

4. Station Gaston Viens à Orly.

Pistes

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Isabelle © Concepto Photo Vincent Enot © Concepto Photo Noémie Riou cyclables, parvis, œuvres d’art : des projections de lumière ludiques jalonnent le trajet de la ligne du tramway de Choisy-le-Roi à Orly. 3 © Concepto
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Photo Sara Castagné
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© Concepto Photo Sara Castagné

Maîtrise d’ouvrage : Ville de Yerres

Architecte : Cabinet Vermeulin

Paysagistes : Élise et Martin Hennebicque

Conception lumière-scénographie : De Cour à Jardin

Solutions éclairage : Griven, Luce & Light, Lumteam, Targetti

Économiste : Cabinet Grandfils

BET structure : Mabrite conseils

Installateur : Satelec

YERRES : LE PARC BUDÉ SORT DE L’OMBRE

Lors des Journées du patrimoine 2022, l’inauguration du parc Budé de Yerres, dans l’Essonne, a finalisé un projet de mise en valeur du patrimoine architectural et paysager. Le nouvel espace de promenade boisé classé « espace naturel sensible » a été restauré dans l’esprit de ce qu’il était au début du XIXe siècle, avec une rénovation complète des remparts, de la tour de guet ainsi que de la grotte monumentale. L’agence De Cour à Jardin s’est vu confier l’étude de conception lumière et le suivi des travaux.

La Ville de Yerres s’est portée acquéreur du parc Budé lorsque le propriétaire a mis en vente en même temps le parc et le château. N’étant pas en mesure de racheter ce dernier, mais ne souhaitant pas perdre ce patrimoine, la municipalité a cherché un acquéreur privé qui s’est engagé à financer des travaux de restauration. Le groupement, composé de spécialistes des sites classés, avec notamment le cabinet d’architecte Claude Vermeulin, les concepteurs lumière Valérie Lenain et JeanPierre Maquair, de l’agence De Cour à Jardin, et les paysagistes Élise et Martin Hennebicque, a restauré le parc dans l’esprit du début du XIXe siècle.

« Au-delà de l’espace paysager pour partie en zone inondable, explique Jean-Pierre Maquair, les

nouveaux aménagements concernent la rénovation complète des remparts et de sa tour de guet, l’embellissement du mur d’enceinte et la sécurisation de la grotte monumentale. Cette dernière est la surprise de tout visiteur, qu’il soit professionnel ou touriste. À l’origine, la végétation et les éboulis dissimulaient la superposition de ses blocs de calcaires et de son large volume. À l’avenir, son intérieur pourra être visité en de rares occasions. Les innovations reposent sur la création d’un belvédère en surplomb du parc pour l’observation, et l’ouverture d’un chemin d’accès traversant vers l’artère commerciale de la ville. L’univers végétal du parc situé en cœur de ville, les remparts, la tour de guet, les enrochements, la grotte, l’eau, la

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passerelle, le petit pont, etc., tout respire calme et tranquillité. Ce qui a valeur le jour l’a plus encore la nuit venue. »

Un parc économe en énergie Valérie Lenain et Jean-Pierre Maquair, concepteurs lumière et associés, connaissent bien la commune de Yerres pour avoir défini, il y a quelques années, le plan lumière de la ville dont l’éclairage public a été presque complètement rénové en led. « Le parc de 12 000 m², situé en cœur de ville, devait être doté de son propre éclairage, déclare Valérie Lenain. Il joue un rôle fédérateur où l’élégance naturelle tant de la partie urbaine que de la zone protégée révèle la beauté et les mystères des lieux. Nos objectifs étaient de sécuriser les cheminements piétons, révéler le patrimoine bâti, tout en préservant la faune et la flore. Nous devions également conserver l’aspect pratique des circulations pour les Yerrois. »

Pour ce faire, les architectes et paysagistes ont créé un cheminement traversant qui conduit de la rue Charles de Gaulle au marché. Toute la subtilité

Le belvédère qui longe le parc côté rue de l’Abbé Moreau a été créé comme un second trottoir, une passerelle qui vient en surplomb de l’espace boisé, éclairée par un linéaire lumineux intégré au garde-corps.

de la scénographie de la lumière consistait à éviter que la lumière de la ville ne vienne perturber celle du parc. Pour cette raison, les concepteurs lumière ont mené en parallèle une étude de l’éclairage public afin de procéder au remplacement des sources d’ancienne technologie en led de façon à apaiser l’éclairage urbain et gagner en performance énergétique.

« En attendant, nous avons occulté les faces arrière des lanternes de la rue de l’Abbé Moreau en périphérie, afin de limiter l’entrée du flux dans le parc. D’ailleurs, notre réflexion s’est faite en deux étapes : une qui a porté sur la partie urbaine et l’autre sur la partie naturelle », précise Valérie Lenain.

Le belvédère qui longe le parc côté rue de l’Abbé Moreau a été créé comme un second trottoir, une passerelle qui vient en surplomb de l’espace boisé. Il assure une vue panoramique sur la zone protégée et offre un confort visuel homogène par l’intégration de l’éclairage au garde-corps sur un linéaire de 132 m. L’installation éclaire le trottoir en platelage bois et facilite l’accès au stationnement longitudinal de cette voie en bord de rivière. L’éclairage du garde-corps reste allumé toute la nuit.

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Compte tenu du plan actuel de sobriété énergétique, la municipalité de Yerres a décidé d’adapter les horaires de mise en service. Le parc s’éteindra une heure après sa fermeture soit :

- du 1er avril au 1er juin : extinction du parc à 21 h

- du 1er juin au 30 septembre : extinction du parc à 22 h

- du 1er octobre au 31 mars : extinction du parc à 19 h

Les remparts et la tour de guet À l’extrémité ouest du parc, du côté de la rue Marc Sangnier, les remparts, de pierres blanches, forment un demi-cercle qui marque l’enceinte du château Budé. Le flux d’une trentaine de projecteurs et barres led encastrées, aux optiques extensives, nappe le mur d’enceinte et éclaire la tour de guet d’un blanc chaud. Cette mise en lumière, qui décline huit séquences à changements de couleur, scénographiée par Jean-Pierre Maquair, a été définie pour différencier les ambiances de l’axe urbain de la zone naturelle sensible, déclinant une palette de blancs. Elle permet également de programmer des éclairages dynamiques lors d’événements particuliers : fête du 14 juillet, Octobre rose, illuminations de Noël, etc. Afin de préserver des zones de pénombre tout en sécurisant les déplacements, l’éclairage des circulations piétonnes n’a concerné que les grandes allées ; les cheminements secon-

daires, à la demande de la Mairie, n’ont pas été éclairés. Les allées principales, qui sillonnent tout le parc, forment le fil conducteur et l’unité du parc. Elles sont éclairées par une centaine de projecteurs led encastrés de sol à effets rasants, ouverts à 180°, limitant l’éblouissement. Leur implantation, tous les 7 mètres en quinconce, a nécessité plus de deux kilomètres de câblage.

Protection du site naturel

Le parc était totalement en friche et la végétation recouvrait une grotte qui a été mise à jour lors des travaux d’aménagement. « Elle est très bien conservée, raconte Valérie Lenain, mais, inscrite au titre des Monuments historiques, elle ne peut être laissée ouverte en permanence. Bien que consolidée, les visiteurs ne peuvent pas y pénétrer pour des raisons de sécurité et de préservation : seul un aménagement spécifique permet de tour-

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ner autour. C’est pourquoi la municipalité a tout de même souhaité la mettre en lumière. » Plusieurs essais in situ ont été nécessaires pour procéder au choix des produits et à leur implantation. Les appareils sont complètement dissimulés dans la végétation, et à l’abri des regards des visiteurs afin d’éviter qu’ils ne s’en approchent.

L’installateur, en accord avec l’architecte, a même pris soin de sceller quelques appareils à certains endroits.

« Des projecteurs asservis par DMX sculptent les éléments les plus significatifs dans un ballet de couleurs douces, poursuit Jean-Pierre Maquair.

Les divers enrochements se détachent de leur univers végétal, offrant ainsi au regard la cohérence dans l’offre mystérieuse des lieux, dans une variation de teintes blanches, plus ou moins chaudes. »

La sobriété des installations d’éclairage s’est imposée pour répondre à l’identité naturelle du lieu et à sa protection comme zone sensible.

La gestion des installations

La sélection des matériels économes en énergie, leur gestion, le choix des températures de couleurs et la temporisation des installations respectent la réglementation liée aux nuisances lumineuses et à la préservation de la biodiversité, applicable depuis le 1er janvier 2020.

L’éclairage dynamique permet de réduire les troubles sur la faune, la flore et les écosystèmes. Les nuances de blancs de l’éclairage patrimonial et les températures chaudes choisies pour le balisage du belvédère et des cheminements répondent aux contraintes de colorimétrie et de zéro émission lumineuse au-dessus de l’horizontale. En respect de l’arrêté du 27 décembre 2018 relatif à la réduction des nuisances lumineuses, les conditions de temporalité sont gérées à l’armoire de commande, avec une extinction au plus tard une heure après la fermeture du parc. n

Isabelle Arnaud

Les projecteurs de la grotte sont implantés en extérieur de la cavité afin d’assurer la tranquillité nécessaire à ses occupants : chauve-souris et renards y ont notamment leurs habitudes.

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ROGER PRADIER : une entreprise centenaire tournée vers l’avenir

En 1910, Jean Pradier, ferblantier-zingueur, s’installe à Paris dans un atelier du 20e arrondissement, à Belleville. En 1970, l’usine de Jean Pradier & ses Fils déménage à Saint-Maur, près de Châteauroux dans l’Indre. En 1996, l’entreprise devient Éclairage Roger Pradier. Aujourd’hui, la marque Roger Pradier est spécialisée dans les luminaires d’extérieur et appartient au groupe Rivalen présidé par Tristan De Witte. À Châteauroux, le siège et l’usine rassemblent 57 collaborateurs tandis qu’un showroom et un bureau ont ouvert en 2018 rue Lamartine, dans le 9e arrondissement à Paris.

Jean-Michel Vergain

Directeur général de Roger Pradier

Vous êtes arrivé à la direction générale de Roger Pradier en 2021, soit il y a un an environ. Dans quel contexte avez-vous pris vos fonctions ? J’ai une expérience professionnelle de 22 années, avec une première partie de carrière passée dans des grands groupes internationaux spécialisés dans le domaine d’accessoires de mode, Louis Vuitton, Lacoste, Ralph Lauren, en tant que directeur marketing ou directeur commercial. J’ai passé ces dix dernières années dans des structures plus petites, des PME, à des postes de direction générale ou de direction de centre profit. En 2021, j’ai suivi une formation pour la reprise d’entreprise dans l’objectif de rejoindre un groupe à dimension familiale et c’est dans ce cadre que j’ai rencontré Tristan De Witte, président du groupe Rivalen, qui cherchait un directeur général pour Roger Pradier. J’ai été séduit à la fois par la vision et les valeurs de Tristan De Witte et par le projet de Roger Pradier. C’est une marque centenaire, avec un véritable savoir-faire artisanal et industriel d’excellence, dotée du label EPV (Entreprise du patrimoine vivant). Son outil de production possède toute la chaîne de valeur, depuis la direction artistique jusqu’à la commercialisation, en passant par la maîtrise de toute la chaîne de fabrication et de multiples perspectives de développement. C’est ce qui a motivé mon souhait de rejoindre Roger Pradier, à la fois pour le projet de la marque et pour le contexte Rivalen, un groupe investisseur-architecte qui ne cesse de grandir avec l’acquisition de nouvelles sociétés et des synergies tant industrielles que commerciales et marketing. Je trouve formidable de pouvoir inscrire le projet de Roger Pradier dans un tel contexte, avec une vision et des moyens qui permettent de se développer de la manière la plus qualitative possible.

Comment la marque évolue-t-elle aujourd’hui ?

En 2021, Roger Pradier a atteint 10,5 millions d’euros de chiffre d’affaires. Nous expédions environ 60 000 produits par an, et notre catalogue comprend 7 000 références et 55 collections. Nous offrons également la possibilité de fabriquer des produits sur mesure ou de faire ce que nous appelons du demi-mesure, c’est-à-dire avec des modifications mineures sur un modèle existant. La reprise de Roger Pradier

© Roger Pradier
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un nouvel élan

par le groupe Rivalen a donné une autre vision et de nouveaux moyens à la marque et a permis de lui insuffler un nouvel élan : qu’est-ce qui la définit, qu’est-ce qui la caractérise ? Quel est l’imaginaire de la marque ? Toute une réflexion a porté sur l’organisation de l’entreprise à tous les niveaux : renforcement des équipes commerciales et administratives et également des compétences afin de mieux déployer la marque. Avec Stéphane Joyeux, directeur artistique de la marque depuis plus de 20 ans, nous avons aussi développé des collaborations avec des designers extérieurs. En arrivant chez Roger Pradier, j’ai échangé avec les collaborateurs pour partager leur vision de l’entreprise, apprendre à se connaître, afin de capitaliser sur le facteur humain. Avec l’ambition et la dynamique de Roger Pradier, la marque se développe année après année, elle connaît une belle croissance et, grâce à l’optimisation de son organisation, peut répondre aux enjeux de la société avec de nouveaux projets.

Pouvez-vous nous présenter ces projets ? Nous avons entrepris l’extension de l’usine qui va passer de 3 500 m² à 6 000 m² : elle sera livrée en février 2023, et dès août 2023, tout sera fonctionnel avec également une nouvelle chaîne de traitement de surface zéro déchet. Cet investissement a pour objectif de subvenir aux besoins de Roger Pradier au vu de sa croissance en France et à l’international. Cela a pour but aussi, dans le cadre du déploiement du groupe Rivalen et des synergies créées entre les différentes sociétés, de potentiellement pouvoir collaborer au niveau industriel et fournir les autres entreprises du groupe en fonction de leurs besoins, et pourquoi pas aussi devenir sous-traitant pour d’autres marques, que ce soit dans le luminaire ou dans d’autres catégories de produits, à partir du moment où il s’agit du travail du métal. Notre savoir-faire et notre expertise nous permettent de proposer une garantie anticorrosion de 25 ans pour tous les produits en aluminium, sachant que 95 % de notre offre est en aluminium et que l’aluminium est recyclable ad vitam æternam. Les équipes ont également fourni un énorme travail pour obtenir la certification ISO 9001 qui définit les critères applicables à un système de management de la qualité. Nous venons

d’obtenir un avis favorable. Par ailleurs, nous sommes en train de convertir bon nombre de collections à la norme UL – label international qui garantit la conformité d’un produit aux exigences qualité et sécurité de la norme UL applicables aux États-Unis et au Canada ; les normes UL traitent généralement des risques incendies et électriques. Cette certification nous aidera beaucoup dans notre développement aux États-Unis où nous venons d’ouvrir une filiale.

En parallèle, nous restons très attachés au marché français et avons même créé une plateforme « e-commerce » pour nous rapprocher de nos partenaires. Nous avons lancé ce projet en septembre dernier. Si nous connaissons aujourd’hui un si bel essor, c’est grandement grâce à nos magasins partenaires qui représentent la marque. Tout en tenant compte de cet écosystème, nous avons mis en place un dispositif « click and collect ». Le consommateur final commande sur le site e-commerce le produit Roger Pradier mais n’est pas livré : il doit se rendre dans un magasin partenaire Roger Pradier pour retirer son produit. C’est une façon d’apporter notre aide à nos partenaires et d’augmenter leur taux de fréquentation.

Le groupe Rivalen est récemment passé « entreprise à mission ». Concrètement, comment cela se traduit-il pour les différentes sociétés qui le composent ? Roger Pradier, Sécurlite, Brossier Saderne et Luzeva doivent se fixer des objectifs à dimension sociétale et environnementale ; par exemple, nous allons installer des panneaux photovoltaïques sur le toit de l’usine. Nous réfléchissons à un modèle d’écoconception : notre designer est prêt à changer les proportions des produits afin de limiter les déchets en ce qui concerne les matières utilisées. Roger Pradier a 112 ans d’existence et se projette dans l’avenir : tous les investissements et les projets actuels visent à assurer le développement et l’essor de la marque aussi bien au niveau national qu’international. Nous souhaitons ainsi répondre aux enjeux d’aujourd’hui et de demain tout en gardant notre savoir-faire centenaire et en favorisant la montée en compétence de nos équipes. n

Propos recueillis par Isabelle Arnaud

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En lui donnant une autre vision et de nouveaux moyens, le groupe Rivalen a permis d’insuffler
à la marque Roger Pradier”
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Terrains de sport

Maîtrise d'ouvrage :
Solution éclairage :
©
ville de Golfech (82)
Comatelec Schréder
Comatelec Schréder
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Plan de sobriété énergétique du sport

En octobre dernier, le ministère des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques dévoilait 40 mesures pour un plan de sobriété énergétique du sport. Pour l’ANDES (Association nationale des élus en charge du sport), ces annonces renvoient à ses propres propositions publiées en septembre dans son document « Agir face au choc climatique ». « Parmi les mesures très concrètes et opérationnelles qui vont être déployées, je pense notamment […] à la réduction et l’optimisation de l’éclairage dans les équipements sportifs », déclarait Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques. Et de rappeler que l’éclairage représente 18 % de la consommation énergétique dans le sport. 3 des 40 mesures concernent l’éclairage. Dans le cadre d’un plan de sobriété énergétique, flécher les mesures liées à l’éclairage, soit 18 % de la consommation d’énergie du sport, s’avère une des opérations les plus efficaces, à très court terme, dont l’impact positif a vocation à perdurer avec des solutions simples et éprouvées, et venir ainsi contribuer à l’atteinte des objectifs fixés.

Mesure n° 5 : réduire de près de 50 % l’éclairage des avant-matchs et des après-matchs pour les rencontres de rugby et de football professionnels en journée et de plus de 30 % en nocturne En pratique, les cahiers des charges des championnats professionnels de la Ligue de football professionnel (LFP) et de la Ligue nationale de rugby (LNR) prévoient des indications, dispositions ou obligations sur le temps et la puissance de l’éclairage avant, pendant et après un match, que cela soit en pleine journée ou en soirée. Ces dispositions s’expliquent par des contraintes de qualité de diffusion (réglages caméra, luminosité…), le bon déroulement de la compétition (réglages goalline technology pour le football) ou encore pour la sécurité des spectateurs.

Dans le cadre du groupe de travail dédié au sport professionnel, la LFP, la LNR, les clubs professionnels et les diffuseurs TV se sont accordés pour réduire de près de 50 % le temps d’éclairage des avant-matchs et des après-matchs pour les rencontres se déroulant en journée. Pour les matchs en soirée, cette réduction sera de 30 %.

Pour un match en journée, l’éclairage, aujourd’hui allumé à 100 % trois heures avant le match, sera désormais allumé à 100 %, au plus tôt, une heure et demie avant le match pour le football, et une heure avant le match pour le rugby. Certains clubs pourraient démarrer plus tardivement grâce à leur éclairage led ou même sans éclairage tout simplement pour les matchs en journée – comme cela a d’ailleurs déjà été expérimenté avec succès par des clubs de rugby de première division. Pour les matchs en soirée, l’éclairage, qui est aujourd’hui allumé à 100 % trois heures avant le match, sera désormais allumé, à 100 % au plus tôt deux heures avant le match pour le football, une heure avant le début de la rencontre pour le rugby. En après match, la lumière sera éteinte dès que possible en accord avec la production et dans le respect des conditions de sécurité.

Cette mesure a également vocation à être appliquée pour les matchs européens sur le territoire français. À titre d’illustration, l’European Professional Club Rugby (EPCR), organe directeur et organisateur des deux coupes d’Europe de rugby, les mettra en application sur les matchs de Champions Cup et de Challenge Cup à domicile en France.

Mesure n° 6 : favoriser le passage en led des éclairages des équipements sportifs

Les systèmes d’éclairage des équipements sportifs, souvent anciens, représentent un poste de consommation énergétique important. Des solutions nouvelles rendent possibles des économies de consommation substantielles. Ainsi, les lampes à led constituent la solution d’éclairage la plus efficace en termes de consommation d’énergie. À titre d’illustration, la Fédération française de tennis (FFT) souhaite intégrer dans l’aide au développement des clubs et de la pratique (enveloppe fédérale accordée aux clubs pour cofinancer leurs projets de développement) une incitation « relampage des courts en led » afin de favoriser le remplacement des éclairages (lampes fluorescentes tubulaires, lampes à iodures métalliques et lampes à sodium haute pression). Si le coût d’investissement d’un éclairage led est plus important qu’une solution traditionnelle (entre 30 et 50 % plus cher) la réduction de la consommation et une

maintenance moindre font de cette technique une solution globale très intéressante, avec un retour sur investissement visible en moyenne dans les deux à trois années qui suivent. En lien avec la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), de nouveaux appels à projet, dans le cadre des certificats d’économies d’énergie (CEE) du programme « Action des collectivités territoriales pour l’efficacité énergétique » (Actee), sont prévus en février 2023 pour l’éclairage des gymnases.

Mesure n° 7 : optimiser les périodes et la puissance d’éclairage des équipements sportifs en fonction du niveau de pratique et des heures de la journée

L’optimisation de l’éclairage dans les équipements sportifs passe d’abord par la prise en compte de l’éclairage naturel en fonction des moments de la journée. L’installation de sondes photométriques de mesure permet de moduler la puissance de l’éclairage en fonction du niveau de luminosité naturelle, et garantit ainsi le bon niveau d’éclairage, avec un niveau de consommation optimisé tout au long de la journée. Par ailleurs, la puissance de l’éclairage peut également être proportionnée aux différents niveaux de pratique : scolaire, loisir et compétition.

Un éclairage correspondant à 50 % de celui requis pour le niveau compétition est en général suffisant pour les niveaux scolaire ou loisir. Avec des adaptations tenant compte des spécificités, ces pistes valent néanmoins tout autant pour les gymnases que pour les terrains en extérieur (football, rugby, etc.) : optimisation de la consommation énergétique liée à l’éclairage en tenant compte de la luminosité extérieure, du niveau de pratique ; abaissement de puissance quelques minutes avant la fin de l’entraînement, etc.

Enfin, pour les gymnases et équipements sportifs en intérieur, ces pistes peuvent aussi être complétées par l’installation de systèmes d’extinction automatique de l’éclairage. Ainsi, l’installation de détecteurs de présence ou de minuteurs permettraient, selon l’ANDES, d’accentuer de manière significative les économies de consommation. n

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Le stade Aimé-Giral à Perpigan, a bénéficié d’une rénovation pour répondre aux normes de la Ligue nationale de rugby (LNR). L’installation d’éclairage se compose des luminaires OMNIblast 3 et OMNIblast 2 de Comatelec Schréder. Dans les salles polyvalentes, la solution Light Case, de RZB, à plusieurs modules pivotant à 180°, permet d’obtenir les niveaux d’éclairement requis par les fédérations. © Comatelec Schréder © RZB

Sports de tous niveaux : pour un éclairage raisonné

Entre les recommandations du plan de sobriété énergétique, les propositions de l’ANDES, les exigences des fédérations sportives et les mises en lumière « spectacles » en cours depuis quelques années dans certaines disciplines, difficile, il faut en convenir de trouver un juste compromis pour l’éclairage des installations sportives. Pourtant, les exemples se multiplient : ici, la led a permis d’éclairer un deuxième terrain pour l’entraînement nocturne de jeunes adolescents, là on a divisé par plus de 2 les consommations en remplaçant les anciens appareils par des luminaires led, ailleurs, il a été possible d’installer un système de pilotage de l’éclairage pour contrôler les durées d’allumage. En parallèle, les fédérations sportives, de plus en plus attentives aux économies d’énergie que l’éclairage peut générer, recommandent des technologies efficaces et des outils de gestion qui permettent de faire varier les intensités. Un ensemble de mesures qui tendent vers un nouveau modèle d’éclairage, ou, peut-être, un éclairage modèle…

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L’

éclairage n’a pas attendu la proclamation de plan d’économies d’énergie pour devenir sobre, notamment dans les applications où il est à la fois indispensable pour le confort des usagers mais aussi un moyen efficace de réduire les consommations à condition de faire appel aux bonnes solutions.

Une rénovation à petit budget pour de grandes économies Prenons l’exemple d’Ittenheim, un village de 2 200 habitants, situé à 12 km de Strasbourg, où le club phare, l’union sportive d’Ittenheim (club de foot), dispose de deux terrains de foot.

À l’origine, un seul des deux terrains, le synthétique, était équipé d’éclairage. Le maire, Alain Grosskost, décide d’éclairer le terrain engazonné de façon à accueillir l’ensemble des pratiquants. « Le grand souci de la commune, explique le maire, était de savoir si l’alimentation électrique pouvait supporter l’éclairage des deux terrains. La solution s’est trouvée en passant tout en led. »

Un autre argument s’est imposé : pour un entraînement des équipes de jeunes, il n’est pas nécessaire d’utiliser la pleine puissance des projecteurs ni d’éclairer la totalité du terrain.

Ainsi, en raisonnant en coût global et en tenant compte de façon rationnelle de l’utilisation des terrains de foot, Signify a trouvé la solution.

« La ville d’Ittenheim nous a demandé d’intervenir sur différents aspects, précise Audrey Waltz, ingénieure d’affaires, Signify. Dans un premier temps, nous avons remplacé les anciens appareils par des projecteurs led, qui ont permis de disposer d’un éclairage performant et également de générer des économies d’énergie. Puis, nous avons défini un projet pour éclairer le second terrain sans modifier la puissance existante sur l’installation globale. » La commande s’effectue directement via une armoire sur laquelle ont été mis à disposition des boutons-poussoirs. Ce système permet de piloter les projecteurs et de réguler la puissance de l’installation globale en fonction du niveau d’utilisation. Un dispositif de type calendaire permet de pré-programmer les heures et les niveaux d’allumage, en fonction du planning d’entraînement défini par l’administrateur et le club. L’économie réalisée porte sur les consommations, mais également sur la partie fonctionnement de l’installation, sans avoir besoin d’intervenir de façon régulière pour la maintenance des projecteurs.

« Aujourd’hui la solution Interact peut s’installer sur le réseau propre au club, ajoute Audrey Waltz, ce qui lui permettra de faire évoluer facilement l’éclairage à l’avenir. »

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Stade d’Ittenheim, en Alsace, éclairé en led et équipé d’un système de commande à distance.
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Mur d’escalade, gymnase Berthollet, Annecy, par Disano

Le gymnase du Lycée Berthollet (conçu en 2005, Atelier d’architecture Pascal Legrand), comprend un mur d’escalade, monté avec le nouveau système constructif bois trois dimensions, qui offre ainsi une rare variété de lignes d’escalade. La structure artificielle d’escalade (SAE) mesure 40 m de largeur sur 14 m de haut et propose plus de 150 couloirs (ou pistes, postes). Avec plus de 500 m² de surface de grimpe et des volumes immenses, il est maintenant la référence dans la région. La salle dispose de 6 vestiaires avec douches et d’une tribune de 225 places. Cet équipement est à usage scolaire, des clubs, de compétitions sportives, de formations sportives et de loisir.

« Nous avons tout d’abord été consultés pour l’éclairage de la salle multisports, explique Xavier Pasternak, responsable commercial région Sud-Rhône-Alpes, Disano, et à cela s’est ajouté l’éclairage du mur d’escalade. » L’installation existante était composée de luminaires aux iodures métalliques,

énergivores, qui n’apportaient plus ni le confort ni les niveaux d’éclairement souhaités. « Nous avons remplacé les anciens appareils par des solutions led, précise Xavier Pasternak, qui permettent d’obtenir un niveau d’éclairement vertical de 500 lux et une uniformité de 0,7. Afin de supprimer tout risque d’éblouissement pour les grimpeurs, nous avons positionné les projecteurs sur la passerelle située à 9 m de recul du mur d’escalade et 10,20 m de hauteur. »

34 projecteurs Rodio ont été choisis pour cette rénovation, dont 19 équipés d’optiques asymétriques en 25 500 lm et 15 symétriques extensifs en 16 000 lm, soit une efficacité lumineuse de 135 lm/W, et avec une température de couleur de 4 000 K.

« La puissance installée est passée de 10 kW à 6,5 kW, ajoute Xavier Pasternak, c’est-àdire 40 % d’économie d’énergie, et nous avons amélioré la qualité de l’éclairage (30 % de flux en plus). »

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Maîtrise d’ouvrage : Ville d’Annecy Étude d’éclairage : Disano Installateur : Equans (Annecy) © Disano © Disano © Disano

Complexe sportif Eindhoven à Bayeux (14)

Architectes : Atelier Ferret Architectures

Solution d’éclairage : RIDI

Le complexe réunit les arts martiaux dans un dojo de 500 m², le tennis de table dans une salle de 200 m², comprend trois salles de danse et une salle de musculation.

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© Atelier Ferret Architectures. Photo Sébastien Sindeu
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Rénovation de l’éclairage de la salle de handball à Riihimäki, en Finlande, avec des luminaires Excis de Fagerhult, spécialement conçus pour les salles de sport de balle.

« Nous pouvons piloter l’éclairage à distance et éteindre dès que l’entraînement est fini. Sur les huit premiers mois, on a déjà réalisé des économies énergétiques de 20 % à 25 % par rapport aux consommations du seul terrain qui était éclairé auparavant », constate Daniel Koenig, président du club de foot.

Allier niveaux d’éclairement élevés et consommations modérées Entre les exigences des fédérations sportives en matière de niveaux d’éclairement, les contraintes liées aux économies d’énergie, les besoins d’améliorer la qualité de l’éclairage, les

maîtres d’ouvrage se trouvent dans des situations parfois compliquées. En Finlande, la salle où jouait le club de handball multi-champion Riihimäki Cocks ne répondait plus aux exigences de la fédération sportive. La salle a été refaite pour permettre d’accueillir 2 500 spectateurs et l’éclairage a été rénové. L’Association européenne de handball demande un niveau d’éclairement de 1 500 lux sur le terrain. Le fabricant de matériel d’éclairage Fagerhult a proposé le luminaire Excis, doté d’une efficacité lumineuse qui peut atteindre 164 lm/W, un luminaire spécialement développé pour les salles de sport et testé pour l’impact des balles (conforme à la norme VDE 0710-13).

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Le luminaire Light Case de RZB est équipé d’un diffuseur en matière synthétique (polycarbonate, résistant aux chocs) avec un système de lentilles à quatre rangées intégré. Il est doté d’une commande CLO pour une puissance lumineuse constante tout au long de la durée de vie.

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© Ridi © RZB

Gymnase Eindhoven, Bayeux, par Ridi

Conçu par l’architecte Pierre Ferret, le gymnase Eindhoven de Bayeux a été inauguré en 2021. Il comprend un dojo avec un mur d’escalade, une salle de tennis de table et trois salles de danse et une salle de musculation. Le dojo va accueillir, lors des JO 2024, des judokas pour l’entraînement.

« L’architecte souhaitait un éclairage différencié qui souligne chacun des trois tatamis, explique Raynald Vilaine, responsable prescription, Ridi. Nous avons donc créé trois carrés lumineux (gradables individuellement) auxquels nous avons associé quatre lignes parallèles (entre chaque carré) afin de renforcer l’éclairement et d’obtenir une bonne uniformité au sol. Le défi consistait à faire dialoguer les différents intervenants, l’architecte et les fédérations sportives afin de respecter les souhaits et les exigences de tous. C’est le luminaire ABR L, maintenable et réparable, qui a été choisi : IK10, il offre un flux de 9 350 lm et a permis de fournir un niveau d’éclairement de 800 lux avec une uniformité supérieure à 0,7. » Le même luminaire a été utilisé pour l’éclairage des gradins.

Le mur d’escalade bénéficie d’un éclairage réalisé à l’aide de projecteurs Nadir, IK 10, à micro-lentilles qui fournissent un flux unitaire de 22 200 lm, et disposés sur les poutres en face du mur.

Dans les salles de tennis de table et de danse, des profils aluminium linéaires (Venice) intégrés au plafond de bois : ils procurent respectivement 782 lux moyens (pour 750 lux exigés) et 450 lux.

« Pour chaque pratique, ajoute Raynald Vilaine, nous nous sommes efforcés de tenir compte à la fois de l’architecture et des exigences des

fédérations sportives pour obtenir un éclairage qui combine contraintes techniques et aspect esthétique des lieux. Nous avons également essayé de conserver une certaine harmonie dans le choix des luminaires : ainsi, ce sont également des luminaires Venice qui éclairent la salle de musculation. »

LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022 - 39 Lumières Dossier
© Ridi © Ridi © Ridi

Piscine de Vaise à Lyon. Le projet de relamping a été réalisé afin de remplacer des projecteurs sodium haute pression et iodures métalliques par des projecteurs led Clareo en 5 000 K, ce qui a permis de diviser par 2,5 les consommations.

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Dans les piscines, la modernisation de l’éclairage devient cruciale, là encore pour des raisons de dépenses énergétiques, tout particulièrement si elles sont destinées aux loisirs et groupes scolaires. La ville de Golfech par exemple, située dans le département du Tarn-et-Garonne, propose de nombreux équipements sportifs à ses habitants. Pour promouvoir un mode de vie sain et actif, les autorités locales encouragent les résidents à la pratique d’une activité sportive. La commune dispose d’une piscine équi-

pée de plusieurs bains et de nombreuses activités pour tous les âges.

Le bâtiment comporte de larges baies vitrées au niveau de la toiture et de la façade qui laissent passer la lumière naturelle, il a été nécessaire de bien penser l’éclairage afin de ne pas créer de gênes pour les usagers et le personnel selon la saison et la lumière extérieure. Dans ce contexte, les responsables du projet ont sélectionné le projecteur Omnistar de Comatelec Schréder qui possède un indice de protection IP66 et une efficacité de 160 lm/W.

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Piscine municipale de Golfech. Les nouveaux projecteurs Omnistar de Comatelec Schréder ont des drivers déportés qui facilitent la maintenance, surtout dans les zones difficiles d’accès comme les piscines.

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© Clareo © Comatelec Schréder
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Complexe sportif Vitalia, Noyal-sur-Vilaine par Gewiss

Le bâtiment, conçu par l’architecte David Cras (Nantes), abrite une salle de dimension régionale qui accueille différentes structures pour une pratique sportive quotidienne ou événementielle. Le plateau sportif de 1 244 m² permet d’intégrer 9 terrains de badminton simultanément. On peut également y pratiquer du basket, du handball, du volley, du foot en salle (futsal).

Des gradins de 499 places permettent d’organiser des événements et d’accueillir des compétitions de niveau départemental et régional. 12 places sont réservées aux personnes à mobilité réduite. Derrière les gradins, se trouvent six vestiaires conçus aux normes handisport (quatre pour les

joueurs et deux pour les arbitres) et des locaux de rangement de matériels. L’équipement est doté d’une structure d’escalade d’une hauteur de 11 mètres, répartie en trois espaces : la difficulté avec 4 niveaux et 85 voies ; la vitesse, avec deux parcours symétriques et prises identiques et enfin le bloc pour la pratique sans corde.

« L’étude d’éclairage était assez complexe, admet Alain Minet, directeur marketing & PM Lighting, Gewiss France, compte tenu de la diversité des sports pratiqués. Il fallait vérifier, pour chaque discipline, que les niveaux d’éclairement obtenus soient conformes aux points de mesure des

maillages des différentes fédérations sportives. »

Les luminaires Smart 4 asymétriques en 4 000 K, avec un IRC supérieur à 80 ont été choisis en versions 2 modules (8 appareils) et 4 modules (62 appareils). La gestion en DALI permet de faire du « zonage », c’est-à-dire éclairer une partie de la salle, et de réguler les intensités en fonction des sports et du niveau de pratique (entraînement, compétition, loisirs). « L’avantage de travailler avec des luminaires asymétriques, poursuit Alain Minet, c’est que l’on peut laisser les luminaires quasiment à l’horizontale, ce qui réduit la surface apparente des luminances et supprime toute forme d’éblouissement dans l’axe des joueurs. »

LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022 - 41
Lumières Dossier
© Gewiss. Photo Xavier Boymond © Gewiss. Photo Xavier Boymond © Gewiss. Photo Xavier Boymond

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La norme NF EN 12193

La norme NF EN 12193 (2019, disponible à l’Afnor) spécifie l’éclairage des manifestations sportives intérieures ou extérieures et donne des valeurs minimales pour le projet et le contrôle de l’éclairage des installations sportives en ce qui concerne les niveaux d’éclairement, d’uniformité, la limitation de l’éblouissement ou le contrôle des luminances, le rendu de couleur. Elle donne également des méthodes de mesure de ces valeurs. La norme précise, pour des applications particulières, comment positionner les luminaires de manière à limiter l’éblouissement.

Les exigences spécifiques aux types de sport dépendent de la classe d’éclairage (I, II ou III) et du niveau de compétition (international et national, régional, local, entraînement, loisirs/ sports scolaires) ainsi que la distance d’observation pour les spectateurs. Trois aires sont définies : - l’aire principale (PA), c’est-à-dire l’aire de jeu réelle délimitée par le marquage extérieur du terrain. Pour certains sports, l’aire principale comprend une zone supplémentaire autour de la zone marquée (tennis de table, volley-ball, par exemple) ;

- l’aire totale (TA) : c’est l’aire principale plus une aire de sécurité ;

- l’aire de référence : l’aire sur laquelle les exigences d’éclairage s’appliquent.

Le maillage détermine la disposition des points de calcul en fonction de l’aire de référence.

Tous les niveaux d’éclairement mentionnés dans la norme se rapportent à l’aire principale (PA).

Les niveaux d’éclairement indiqués pour une

aire totale (TA), doivent atteindre au moins 75 % des niveaux exigés dans l’aire principale. Les niveaux d’éclairement sont en général définis pour des aires horizontales mais il est aussi nécessaire de fournir des niveaux verticaux d’au moins 30 % du niveau d’éclairement horizontal.

Il est recommandé, en plus, de se référer au Règlement de chaque fédération sportive.

Exemple du Règlement de la Fédération française de football (FFF)

Dans le Règlement de la FFF de 2021, l’avantpropos précise : « Il appartient aux différentes instances fédérales (fédération, ligues, districts) de reprendre dans leurs règlements des compétitions les niveaux de classement éclairage nécessaires aux compétitions concernées. Le propriétaire d’une installation d’éclairage est invité à déterminer, avec le club, dans un cadre programmatique, le niveau de classement projeté ou rénové. La Commission fédérale des terrains et installations sportives (CFTIS) avec ses délégations dans les différents territoires (CRTIS) et le Service terrains et installations sportives de la FFF restent à disposition pour conseiller, étudier les cas particuliers et donner les avis préalables nécessaires. Les clubs, les propriétaires et gestionnaires d’installations d’éclairage sont invités à prendre contact avec ces différentes instances pour tout projet de création, transformation, rénovation de tout ou partie d’une installation d’éclairage d’un terrain. »

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Le Comité social économique (CSE) d’une entreprise du Vaucluse (84) a souhaité pallier au manque d’éclairage autour de son city stade, situé dans la commune de Sorgues. La solution solaire UP4 de Sunna Design garantit un éclairage performant avec une hauteur de feu de 6 m, une température de couleur neutre, et une optique extensive qui limite le taux d’éblouissement.

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Le projecteur Brightmaster 3 de 1 350 W de Lébénoïd/Integratech a été développé pour éclairer efficacement les terrains de sport. Il offre une efficacité de 150 lm/W en 4 000 K. © Integratech © Sunna Design

Stade Aimé-Giral, Perpignan parComatelecSchréder

Le stade Aimé-Giral est le bastion de l’USAP, l’équipe de rugby qui met à l’honneur la ville de Perpignan grâce à ses nombreux titres remportés.

Le stade a bénéficié de nombreux travaux pour répondre aux normes de la Ligue nationale de rugby (LNR). En plus de la rénovation de l’aire de jeu avec un nouveau système d’arrosage de pelouse, l’éclairage a été complètement repensé. La rénovation de l’éclairage avait pour objectifs : - de répondre aux exigences de la Ligue nationale de rugby, - d’atteindre les niveaux requis pour les retransmissions télévisées, - de créer une expérience inoubliable pour les supporters.

À la suite de l’étude photométrique personnalisée, Comatelec Schréder a proposé aux responsables du projet une solution sur mesure avec un mix d’optiques qui permet de résoudre le problème d’ombre portée.

L’installation se compose des luminaires OMNIblast 3 et OMNIblast 2, retenus pour leur éclairage uniforme. Ces projecteurs se caractérisent par une faible consommation d’énergie, une meilleure visibilité, un recours à la maintenance limité, une durée de vie plus longue et une activation/ désactivation instantanée, pour améliorer l’environnement sportif et minimiser la pollution lumineuse pour la population environnante.Tous les projecteurs sont pilotés par le système DMX qui offre la possibilité de créer

différents scénarios dynamiques et favorise la création d’ambiances.

Ce protocole facilite également le pilotage individuel des luminaires et permet de gérer l’éclairage des différentes zones du stade et de l’adapter aux besoins.

Pour ce nouvel aménagement, les niveaux d’éclairement sont de 1 800 lux, 2 200 lux et 2 400 lux, offrant un meilleur confort visuel aux joueurs et aux spectateurs.

Au total, 184 OMNIblast ont été installés dont notamment 164 en blanc froid (CW757) et 20 en RGB.

Leur puissance varie entre 504 W et 1 748 W.

Le stade Aimé-Giral est désormais « Label Stade LNR ».

LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022 - 43 Lumières Dossier
© Comatelec Schréder © Comatelec Schréder © Comatelec Schréder

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La FFF classe les installations d’éclairage en 7 niveaux : E1, E2, E3, E4, E5, E6, E7 pour la pratique du football grand jeu.

Le terme de « classement » désigne la procédure qui conduit au terme d’une vérification de la conformité des équipements aux règles édictées par la FFF à la validation par les instances fédérales de cette conformité.

Les niveaux de classement sont déterminés à partir d’objectifs de niveaux d’éclairements horizontaux pour tous les terrains ; d’objectifs d’éclairements verticaux pour les retransmissions télévisées ; de dispositions de mise en œuvre pour éviter les perturbations liées aux risques d’éblouissement.

La FF précise que « les compétitions organisées par les différentes instances du football en nocturne ne peuvent être pratiquées que dans des installations d’éclairage classées ».

Luminothérapie des pelouses

Après les matchs, il est devenu courant que les techniciens en charge de l’entretien des stades aient recours à ces rampes roulantes, généralement équipées de lampes au sodium qui tentent de régénérer la matière végétale par la lumière. Dans son document « Agir face au choc climatique », l’ANDES proposait d’étudier la possibilité de réduire son recours. Cette proposition n’a pas été retenue dans le plan de sobriété énergétique, pourtant l’ANDES estimait que cette technique était « une source de consommation d’énergies non négligeable. Un équilibre est à trouver afin de ne pas provoquer le renouvellement de la pelouse trop rapidement ».

On peut penser que si cette mesure n’a pas été retenue, c’est parce que le plan de sobriété préconise de passer « tout l’éclairage en led » ce qui, de fait, devrait rendre ces consommations insignifiantes… n

Niveaux de classement E1 à E7 (extrait du Réglement de la FFF)

EhMoy : éclairement moyen horizontal

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Tous les points verticaux mesurés (Ev1 à Ev4) sont orientés parallèlement aux quatre lignes de l’aire
jeu et perpendiculairement à
• Ev1
; • Ev2
; • Ev3
E1 E2 E3 E4 E5 E6 E7
EhMoy mise en service (lux) 2 300 1 250 750 400 250 150EhMoy à maintenir (lux) 1 840 1 000 600 320 200 120 75 U1h rapport : EhMin/EhMax ≥ 0,6 ≥ 0,5 ≥ 0,4U2h uniformité EhMin/EhMoy ≥ 0,7 ≥ 0,6 ≥ 0,4 Glare Rating (GR) 50Indice de rendu des couleurs (Ra) 70 60 Éclairement
Ev1 Ev2 Ev3 Ev4 Ev1 Ev2 Ev3 Ev4 Ev1 Ev2 EvMoy à maintenir (lux) 1 400 1 000 1 000 600 600Ratio EhMoy/EvMoy entre 0,5 et 2U1v rapport EvMin/EvMax ≥ 0,4 U2v uniformité EvMin/EvMoy ≥ 0,6 44 - LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022
de
la surface de l’aire de jeu.
face aux caméras principales
opposé aux caméras principales
et Ev4 face aux buts.
Éclairement horizontal
vertical

Centre sportif Bocconi, Italie par iGuzzini

Le campus de l’université Bocconi dispose depuis peu d’un pôle sportif : un complexe de pointe, ouvert à la communauté, qui vient compléter le nouveau Campus urbain. Le complexe comprend un pensionnat de 300 places inauguré en 2018, le siège de SDA Bocconi School of Management avec des salles et des bureaux, inauguré l’année suivante, et enfin le centre sportif : autour d’un espace vert, six volumes curvilignes ont été construits pour des fonctions différentes. L’ensemble du complexe est caractérisé par de grandes surfaces vitrées, une légèreté et transparence, des éléments retrouvés aussi dans les caractéristiques de l’éclairage artificiel. Le Bocconi Sport Center s’étend sur trois niveaux. Le rez-de-chaussée, où se trouve la réception, est éclairé à l’aide de projecteurs Palco installés sur rail en suspension, parallèles les uns aux autres. Au même niveau, dans la partie restauration et bar

donnant d’un côté sur les espaces verts, de l’autre sur les piscines, les projecteurs Palco, installés sur un rail incurvé, complètent l’éclairage général apporté par des encastrés Reflex sur faux plafond.

Le sous-sol accueille la zone des piscines avec un bassin olympique de 50 m et un autre de 25 m. Dans cette zone, le jour, l’éclairage est diffus, homogène, offrant une atmosphère lumineuse éclatante. Au niveau des bassins, les appliques Lander instaurent un rythme, avec des petits îlots de lumière, soulignant la grande longueur des murs.

Au premier étage, l’espace fitness est mis en lumière par des appareils iN60 de plafond, disposés en lignes parallèles dans la partie centrale du local. Les autres salles, comme celle de la boxe, sont éclairées par des encastrés carrés Laser Blade L et XL à une cellule, et à optique flood qui ont également été installés dans les parties communes avec des projecteurs

Palco. Les sanitaires, douches et vestiaires, où règne aussi une atmosphère plus intime avec des espaces caractérisés par des tons plus sombres ont fait l’objet du même traitement. Des encastrés Laser à optique spot et des lignes de lumière autour des miroirs complètent l’éclairage.

Le deuxième niveau accueille la Bocconi Sport Arena, l’espace de jeu, sur laquelle donne une tribune rétractile électrique de 400 places : multifonction, elle peut accueillir des matchs de basket, volley et futsal. Au troisième et dernier étage, la piste de course, un anneau suspendu d’environ 220 m, est éclairée par des encastrés Reflex des intervenants.

L’installation a été conçue – selon les spécifications du « Design for All » (conception universelle) –pour être totalement utilisable par des personnes atteintes de handicaps, qu’il s’agisse d’athlètes, étudiants ou invités des manifestations qui se tiendront au centre sportif.

Maître(s) d’ouvrage : SDA Bocconi School of Management

Architecte : SANAA, Sejima and Nishizawa and Associates

Projet exécutif : Progetto CMR

Architecture Club Virgin Active : Mauro Schiavon

Coordination : Service Technique Bocconi, icolò Di Blasi

Conception installations : Advance Engineering, Alberto Cariboni

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© iGuzzini © iGuzzini
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Enquête produits

Le sport prend de la hauteur tant en robustesse qu’en efficacité

Puissants par leurs flux, sobres par leur consommation, les projecteurs dédiés aux équipements sportifs offrent des indices de protection élevés et une forte résistance aux chocs. Il se dotent désormais de systèmes de gestion qui permettent la variation d’intensité afin d’adapter l’éclairement aux niveaux de compétition.

Smart [4] de GEWISS

Cette série de luminaires se décline en trois tailles : 1M, 2M et 4M. Elle est équipée d’un système optique double comprenant un réflecteur métallique avec optique et d’un réflecteur métallique avec lentilles UV stabilisées PMMA, haute efficacité, permettant un large choix de diffusion de la lumière 30°, 60°, 90°, asymétrique et elliptique. La version câblage traversant dispose de composants de connexion mécaniques et électriques pré-câblés. Proposé en trois températures de couleur : 3 000 K, 4 000 K et 5 700 K, et une efficacité de 160 lm/W. www.gewiss.com/fr/fr

Ecoblast de COMATELEC SCHRÉDER

Composé de matériaux très résistants aux chocs et à la corrosion (IK09, IP66), ce système combine des moteurs photométriques BlastFlex4 et LensoFlex4, et offre sécurité et confort, avec une efficacité allant jusqu’à 140 lm/W. Sa large gamme de distributions et de puissances (de 3 à 6 modules) garantit un éblouissement réduit et un contrôle du faisceau, permettant de répondre aux prescriptions des fédérations sportives. Ecoblast est conçu pour la télégestion sans fil (avec les protocoles DALI-2 ou DMX) et compatible avec le système de contrôle Iterra. fr.schreder.com/fr

Low Bay Flex Ball Proof de LEDVANCE

Pour les installations sportives intérieures, les luminaires doivent présenter une forte résistance aux chocs, c’est le cas de cette gamme qui offre un indice IK08. Elle affiche une efficacité lumineuse de 160 lm/W en 4 000 K, pour une durée de vie de 100 000 heures (/L80). Disponible en DALI, ce qui permet d’obtenir différents niveaux d’éclairement selon le type d’événement sportif (entraînement, compétition). www.ledvance.fr

Altis de THORN

La dernière version de ce projecteur délivre jusqu’à 217 000 lm. Il est puissant, flexible et simple à installer. Il existe en 3 000 K, 4 000 K et 5 700 K ainsi qu’en RGBW et Balanced White pour le changement de couleur, et avec des IRC de 70 à 90+ ainsi qu’un indice TLCI jusqu’à 90+ (Television Lighting Consistency Index), un critère utilisé pour évaluer les performances d’éclairage pour la télévision en haute définition. La gamme est proposée avec des solutions de gestion d’éclairage complètes pour des applications sportives de haut niveau et de loisirs. www.thornlighting.fr

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Light Case de RZB

Ce projecteur IP65 comprend 6 modules led pivotant sur ± 30° pour un éclairage optimal. Sur demande, il peut être équipé de détecteur de présence et capteur de luminosité intégré pour la régulation en fonction de la lumière du jour. Il offre une protection contre les lancers de ballon selon la norme DIN 18032-03 (sauf pour la version suspendue avec câble en acier). Il propose un flux de 53 000 lm en 4 000 K. www.rzb.de/fr/

Agora d’IGUZZINI

Fabriqué en aluminium et présentant des lignes symétriques, ce projecteur au design minimaliste est disponible en 3 tailles. Il est équipé d’une protection en verre trempé IK08 ou en polycarbonate traité anti-UV IK10 et est totalement étanche (IP66). Doté de photométries optimisées en 3 000 K et 4 000 K, il possède un flux allant de 2 200 lm à 13 100 lm. Il est équipé d’un driver intelligent intégré : commande, abaissement automatique, CLO, gradation par variation de tension, DALI ou Zhaga D4i. www.ragni.com

Dessiné par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, ce projecteur s’intègre à tout type d’architecture en raison de son épaisseur extrêmement réduite (72 à 201 mm) et de son groupe optique orientable horizontalement (-50°/+90°). Il est disponible en deux versions : Slim et Compact, et 6 distributions lumineuses, de super spot à very wide flood, avec une large offre d’accessoires. Il existe en 5 dimensions et différentes températures de couleur : 2 200 K, 2 700 K, 3 000 K, 4 000 K, RGBW, Tunable White, avec flux lumineux de 3 500 lm à 50 000 lm.

www.iguzzini.com/fr/

Brightmaster de LÉBÉNOÏD (INTEGRATECH)

Ce projecteur propose un flux de 210 700 lumens, soit une efficacité lumineuse qui peut atteindre 150 lm/W en 4 000 K avec un faisceau large symétrique de 110°. IP66, il offre une résistance aux chocs élevée (IK10). Il affiche une durée de vie de 155 000 heures (L70B50). www.lebenoid.fr

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Bento Area de RAGNI

SHL de RIDI

Ce luminaire peut se monter en saillie ou en encastré ; il est doté d’une vitre de fermeture pour limiter (IK08) les risques de chocs de balle (conforme DIN 18032) et l’empoussièrement. Il est équipé de grilles de défilement en aluminium satiné mat pour réduire l’éblouissement. Il propose un flux allant de 6 200 à 33 600 lumens. www.ridi.de/fr

Excis de FAGERHULT

Spécialement conçu pour les salles de sport, ce luminaire répond aux exigences de la norme VDE 0710-13 relatives aux jets de balle. Son flux peut atteindre 20 863 lm en 4 000 K, soit une efficacité de 130 lm/W. Il propose trois distributions de lumière différentes : large, moyenne et asymétrique. www.fagerhult.com/fr

Up4 de SUNNA DESIGN

Fiable, puissant et robuste, ce luminaire composé de panneaux voltaïques propose une installation très simple et rapide et des services connectés tels que la Sunnap’. Flux lumineux : 6 400 lumens pour une efficacité d’éclairage jusqu’à 164 lm/W. Options de température couleur : 4 000 K (3 000 K et 5 700 K disponibles sur demande). Durée de vie : 50 000 heures, certifié par IESNA LM-80 TM-21. www.sunna-design.com

Craft II plus de ZUMTOBEL

En apparent – suspension (par chaîne, par câble, en 1 point) –, en encastré – compatible rail Tecton – et également disponible en chemin lumineux, ce luminaire s’adapte à de nombreuses configurations. Il offre un flux allant de 10 000 lm à 50 000 lm, soit une efficacité jusqu’à 170 lm/W, et quatre températures de couleurs : 3 000 K, 4 000 K, 5 000 K et 6 500 K. Il se décline en plusieurs versions de faisceaux : Very Wide, Asymetric, Wide, Narrow. IK08, IP66. www.zumtobel.com/fr-fr/

ProSite de DIALIGHT, par EAS Solutions

Compacts, étanches et ultrapuissants, ces projecteurs sont disponibles en plusieurs flux : 12 000 lm, 18 000 lm, 30 000 lm et 65 000 lm (soit une efficacité lumineuse allant jusqu’à 163 lm/W) et températures de couleur : ambre, 2 700 K, 4 000 K et 5 000 K. Le projecteur propose différents angles de faisceau : moyen 55°, extensif 125°, très large 131°x108°, asymétrique avec une distribution directe. Robustes (IK10, IK08), étanches (IP66/67), et résistants à la corrosion, ces projecteurs sont gradables et compatibles DALI. www.eas-solutions.fr

Lumena

Fit de TRILUX

Le projecteur est décliné en flux lumineux allant de 18 000 à plus de 100 000 lumens et remplace efficacement les luminaires conventionnels (250 W, 400 W, 600 W, 1 000 W et 2 000 W). Il se distingue par son efficacité élevée ≥ 120 lm/W et par sa longue durée de vie de 100 000 heures (L80 B50). Il existe en 4 000 K (5 000 K en option). Disponible en option avec le système de gestion d’éclairage LiveLink. www.trilux.com/fr

Lumières Dossier
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Luc de Banville a démarré sa carrière dans le cinéma d’animation, où il a fait ses armes dans le motion design et l’art numérique. Il a par la suite enseigné sa discipline aux Ateliers beaux-arts de Paris, et a obtenu un diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP) à l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy. Son travail artistique prend la forme d’installations mêlant sculpture et images projetées. Ce travail, en lien avec la lumière, l’a conduit à mener des travaux sur le pliage du papier, toujours combiné à des installations vidéo. Il collabore aujourd’hui avec l’éditeur Maison Papier, pour lequel il a créé la lampe CIRCEA et son NFT Design.

Lumières animées

D’où vous vient votre sensibilité à la lumière ? Dans mon enfance, j’ai réalisé de nombreuses expériences avec un projecteur et une caméra super 8. J’ai également pratiqué le développement d’image, qui mêle chimie et projection. J’ai par la suite découvert le travail sur pellicule, le cinéma et le mapping vidéo. J’ai également fait partie d’un groupe de marionnettistes avec lequel nous proposions des représentations mêlant spectacle vivant et vidéo. Les images sont une propriété de la lumière, notamment lorsqu’elles sont projetées. En fermant les yeux, nous projetons également des images. Dans le cinéma d’animation, le dessin d’un décor n’est pas un paysage : il est réalisé en noir et blanc et un coloriste le met en couleur. Ce décor en noir et blanc a un fort pouvoir narratif et la couleur apporte la sensibilité et l’émotion. La lumière a ce rôle très fort d’éveiller des émotions chez celui qui l’observe.

Quel est votre cheminement créatif ? J’ai besoin de créer des objets et des formes pour avoir une matière sur laquelle je peux réfléchir. Au départ, il s’agit d’un simple geste, qui se transforme peu à peu en dessin et qui me permet de préciser mon idée. Il faut ensuite un dialogue, avec l’éditeur par exemple, pour éliminer ce qui est inutile et proposer un objet minimaliste. Mon objectif est toujours de faire plus avec moins.

Pouvez-vous nous présenter votre luminaire CIRCEA ? CIRCEA est le fruit d’un travail avec une découpeuse numérique. J’ai effectué une résidence d’un mois au sein de Procédés

Chénel International, spécialiste des architectures de papiers. J’ai donc pu travailler sur des découpeuses grand format avec une de leurs gammes de produits papier. En utilisant le collage du papier Honeycomb en matelas, cela créait du mouvement, changeait la lumière et se métamorphosait.

L’intérêt était de travailler sur une forme qui en contient plusieurs. Ce qui m’intéresse dans ce travail, c’est l’extrusion du papier, qui produit une démultiplication des formes. Je qualifierais CIRCEA de luminaire à métamorphoses, basé sur une forme très minimale.

La lumière modifie l’objet en profondeur selon la forme choisie, et les ombres redessinent l’ensemble. Après avoir créé cette première forme, nous avons effectué de nombreux essais avec l’éditrice, sur différents supports, différents types de papier et différentes sources. L’ampoule à calotte de Girard Sudron a su magnifier cette forme. CIRCEA est un objet responsable en papier anti-feu, antipoussière, durable, et fabriqué en France en circuit court.

Vous avez innové en proposant un NFT associé à cette lampe. Pouvez-vous nous expliquer cette étape supplémentaire ? La lampe a été modélisée en 3D pour intégrer l’objet sur SketchUp, le logiciel ouvert à tous les utilisateurs du Metaverse. En achetant une lampe physique, on achète également une lampe numérique. L’idée était de combiner mes deux univers, plastique et numérique. Mon travail autour des NFT Design est l’occasion de partager mon processus de création avec un large public.

Rubrique réalisée par Alexandre Arène

Lumières Designer
Luc de Banville
50 - LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022
© DR

MELJAC : APPAREILLAGE

haut de gamme sur mesure

Meljac est un fabricant d’interrupteurs et d’appareillages électriques haut de gamme, fondé en 1995 par André Bousquet. Les produits s’inspirent du style des années 1930, et sont pour la plupart fabriqués en laiton massif, avec plus de trente finitions possibles. La marque compte deux sites de production, dont le principal est situé à Villeneuve-le-Roi dans le Val-de-Marne. Construit en 2010 pour répondre aux nouveaux besoins de Meljac, le site offre une superficie de 2 300 m² et intègre toutes les étapes de production, ainsi qu’un bureau d’études. Le toit de l’usine a été couvert de panneaux photovoltaïques dès 2010 et le site est arboré et bordé de 265 pieds de vigne. Meljac est labellisé Entreprise du Patrimoine Vivant et ses produits sont Origine France garantie. Jean-Michel Lagarde, directeur de Meljac, présente les particularités du site de Villeneuve-le-Roi.

Bureau d’études

« 35 % de nos produits sont réalisés sur mesure au sein de notre bureau d’études. »

Le bureau d’études de Meljac assure deux fonctions principales. La première est l’avantvente, avec des études de faisabilité permettant de mettre au point l’habillage des nouveaux mécanismes. À l’aide d’images 3D, les clients peuvent constater le rendu grâce à un assemblage virtuel. La seconde fonction concerne la fabrication d’éléments. Une fois la commande passée, l’équipe « méthode » se charge de la mise en plan selon les règles définies avec le client.

Usinage

« L’usinage est la première étape du processus de fabrication : de grandes plaques de laiton sont découpées pour obtenir la forme souhaitée. »

L’usinage comprend trois étapes principales. La première est le cubage, au cours de laquelle les plaques sont découpées à la taille définie. Les modèles sans vis apparentes sont composés de deux plaques : la contre-plaque en aluminium et la plaque en laiton qui permet de cacher les vis. La deuxième étape est l’usinage des fonctions intégrées à la plaque. Enfin, les inserts de fixation sont posés à l’aide de presses manuelles. Il est possible d’effectuer un chanfreinage à la main, plaque par plaque et bord par bord.

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Gravure

« Les interrupteurs et l’appareillage peuvent être gravés selon les souhaits des clients. » Il s’agit ici soit de gravure mécanique, qui est réalisée juste après l’usinage, soit de sérigraphie ou de gravure laser, réalisées après l’étape de traitement de surface. 15 à 20 % des plaques sont gravées, principalement les interrupteurs ou les prises. Les clients peuvent faire graver des mots, motifs ou pictogrammes, notamment pour décrire les fonctions des appareils.

Traitement de surface

« Lors de l’étape de traitement de surface, l’objectif est d’apporter la finition voulue aux plaques. » Meljac propose plusieurs traitements de surface. Le polissage consiste à passer la plaque sur une bande abrasive pour supprimer les défauts et la rendre parfaite. Pour un rendu brossé, le travail s’effectue sur un axe vertical ou horizontal. Enfin, la mise au bain permet soit d’ajouter du nickel ou du chrome grâce à un procédé d’électrolyse, soit de donner de la couleur à la plaque en effectuant plusieurs bains pour obtenir la patine voulue. Les plaques sont ensuite vernies pour mettre fin à l’oxydation, mais aussi pour les rendre plus résistantes aux rayures et les protéger contre les traces de doigts lors de leur usage futur.

Montage

« Les plaques sont assemblées et font l’objet d’un dernier contrôle avant l’emballage et l’expédition. »

Aujourd’hui, Meljac doit s’adapter aux nouvelles technologies intégrées aux appareillages, qu’il s’agisse des leds, des cartes électroniques ou des sondes thermiques. Chez Meljac, le client est libre de sa technologie et peut faire ses propres choix. Lors de la phase de montage, les appareillages choisis sont déshabillés de leur matière plastique standard et rhabillés par les plaques haut de gamme en laiton, passées par les étapes précédentes.

Meljac, site de Villeneuve-le-Roi 180, rue des Carrières Morillon Zac des Vœux Saint-Georges 94290 - Villeneuve-le-Roi Mail : france@meljac.com

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LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022 - 53
Rubrique réalisée par Alexande Arène

Éclairage scénique

Dossier réalisé par Isabelle Arnaud Avec la participation de : Stéphanie Daniel, conceptrice lumière, Molière du créateur lumière en 2007 pour Cyrano de Bergerac Christophe Forey, créateur lumière Jean-Pierre Maquair, metteur en scène, scénographe lumière

Lumières Cahier technique 54 - LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022
Vivian : Clicks and Pics Conception, musique, dramaturgie et direction artistique : Benjamin Dupé, d’après la pièce Tout entière de Guillaume Poix Scénographie : Olivier Thomas Lumière : Christophe Forey Avec Léa Trommenschlager (soprano), Caroline Cren (piano), Agnès Mellon (photographe) © Christophe Forey

L’éclairage scénique possède sa propre conception de la lumière artificielle, qui obéit à d’autres codes que ceux de l’éclairage fonctionnel. Pour nous en parler, trois créateurs lumière, qui donnent à la lumière le premier rôle, qu’il s’agisse de théâtre, d’opéra ou de fresque historique. Christophe Forey, créateur lumière (théâtre, opéra, danse) depuis 1985, Stéphanie Daniel, spécialisée dans l’éclairage muséographique et l’éclairage de spectacles vivants, Molière 2007 du créateur de lumière pour Cyrano de Bergerac (metteur en scène Denis Podalydès) à la Comédie française, et Jean-Pierre Maquair, metteur en scène, scénographe lumière (De Cour à Jardin) de spectacles vivants au cœur de grands espaces, ont accepté de nous parler de leur art où se mêlent techniques et créativité. Lever de rideau.

La France a cela de particulier qu’elle a du mal à reconnaître certains métiers. Par exemple celui de créateur lumière n’existe pas pour l’administration, mais le Molière du créateur de lumière existe bel et bien… Dans les milieux du théâtre, de l’opéra ou de la danse, les experts, comme Christophe Forey, se dénomment officiellement « concepteur lumière », profession dont on sait qu’elle n’est pas non plus vraiment reconnue, faute de formation et de diplôme dédiés…

La led : l’arrivée d’une autre lumière Pour Christophe Forey, membre de l’Union des créateurs lumière (U.C.L.), « l’arrivée des leds a révolutionné notre métier, et nous avons assisté à la cohabitation de plusieurs technologies qui n’offraient pas les mêmes effets. La première fois que j’ai utilisé des projecteurs led, c’était sur une production du Barbier de Séville de Rossini, au Royal Opera House Covent Garden à Londres en 2005, mise en scène par Moshe Leiser et Patrice Caurier (photo 1). J’ai essayé de reprendre le vocabulaire scénique du XIXe siècle, à savoir les quinquets* ». Ces quinquets, utilisant le principe de la rampe traditionnelle, mélangeaient des couleurs

1. Le Barbier de Séville de Rossini, au Royal Opera House Covent Garden à Londres, 2005. Mise en scène : Moshe Leiser et Patrice Caurier.

2. Le Barbier de Séville de Giovanni Paisiello, au Théâtre de Vienne, en 2015. Mise en scène : Moshe Leiser et Patrice Caurier

3. Giovanna d'Arco de Giuseppe Verdi, à la Scala de Milan, 2015. Mise en scène : Moshe Leiser et Patrice Caurier. Créations lumière : Christophe Forey

(RGB) avec, à l’époque, une forte dominante dans les bleus et des ombres projetées un peu floues (photo 1) alors que l’ombre sur le côté, issue du projecteur halogène, est nette. Pour Christophe Forey, les leds ont suivi deux directions de développement pour le spectacle : le remplacement des projecteurs traditionnels et la création de nouvelles sources comme les rubans led intégrés dans les décors (photo 2) ; ce qui changeait la scénographie dès le début et ouvrait le champ des possibles aux metteurs en scène. « Il a fallu s’adapter, confie Christophe Forey, car, par exemple, quand on gradait les lampes halogènes, que l’on baissait l’intensité, la lumière devenait de plus en plus dorée, ce que ne fait pas une source led. Autre différence, les lampes incandescentes dégageaient une forme d’inertie : quand on les éteignait, en particulier avec les gros projecteurs, le noir pouvait prendre quelques secondes alors qu’avec les leds, l’extinction est immédiate et on perd de la douceur, ce qui est déroutant, mais parfait pour réaliser des flashs ou des éclairs. »

Dans l’opéra Giovanna d’Arco de Giuseppe Verdi (photo 3), produit à la Scala de Milan en 2015, les metteurs en scène Moshe Leiser et Patrice Caurier

* Lampe à double courant d’air, avec réservoir d’huile à un niveau supérieur à celui de la mèche.

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3 © Christophe Forey © Christophe Forey © Christophe Forey

ont replacé la pièce non pas dans l’époque de Jeanne d’Arc, mais dans celle de Verdi au XIXe siècle. « J’ai utilisé différentes sources de lumière, traditionnelles et led, poursuit Christophe Forey, pour ce qu’elles sont et dans ce qu'elles peuvent raconter, c’est-à-dire pour leurs qualités et leurs défauts. J’ai fait appel à des rubans led (photo 3) pour faire apparaître les fantômes (les chœurs) derrière le décor en tulle, tandis qu’une vidéo (visions de Jeanne d’Arc) était projetée en fond. Aujourd’hui, on a appris à optimiser les qualités de la led et elle procure un effet de dramatisation que nous n’aurions sans doute pas autrement (photo 4). » La réglementation européenne a accordé une dérogation aux spectacles vivants concernant l’utilisation des sources traditionnelles jusqu’en 2025, ensuite, il leur faudra passer à la led. Lors des tournées, il est rare que le matériel suive, ce qui fait qu’une mise scène créée avec un mix de sources peut devenir entièrement led, et inversement, remettant en question la conception d’origine.

La led n’a pas été la seule rupture technologique dans la création lumière, on est passé des chandelles aux lampes à huile, aux lampes à gaz, à filament, à arc, « et le spectacle ne s’est pas arrêté, remarque Christophe Forey, le travail sur la lumière évolue en fonction des technologies. Avec la led, les paramètres se complexifient, il faut savoir composer la lumière depuis une console mais d’un autre côté, la programmation nous permet de reproduire les mêmes effets d’un théâtre à l’autre ».

La lumière qui raconte Stéphanie Daniel (agence Stéphanie Daniel) découvre la lumière au théâtre de La Criée à Marseille lors d’une représentation des Trois mousquetaires, mise en scène par Marcel Maréchal. Elle comprend que cet univers est fait pour elle,

avec cette approche très technique et un travail en équipe exceptionnel. Elle s’inscrit donc à l’École supérieure d’art dramatique du Théâtre national de Strasbourg qui prépare à tous les métiers techniques du théâtre. Elle commence par être assistante de créateurs lumière, dont Christophe Forey, et « éclaire » son premier spectacle La Dispute de Marivaux, mis en scène par Stanislas Nordey. « Je me suis aperçue du rôle, au sens propre du terme, de la lumière. C’est tout le talent et le travail d’équipe qui fait vivre la pièce et la lumière qui les accompagne. Qu’est-ce que la lumière va apporter en plus à la compréhension, à la sensibilité ? L’éclairage n’est pas un paquet cadeau qui arrive à la fin. J’apporte la lumière au fur et à mesure des répétitions et elle fait partie du jeu, comme un acteur du spectacle », explique-t-elle. Dans le spectacle Incendies (photos 5 et 6) de Wajdi Mouawad, mis en scène par Stanislas Nordey également, Stéphanie Daniel doit faire face à une contrainte inhabituelle. La salle est aménagée comme un théâtre mais n’a pas été conçue comme tel à l’origine et elle est équipée d’un énorme gril technique positionné assez bas, qui gêne la vision des spectateurs. Elle décide de le faire enlever mais ne dispose plus alors de support pour les projecteurs. « Je me suis servie des piliers qui occupaient le fond et les côtés de la scène. Incendies est l’histoire de trois destins qui cherchent leur origine dans un Liban dévasté par la guerre. Il n’y avait pas de décor, seule la lumière créait des repères espacestemps. J’ai installé les projecteurs sur les piliers et j’ai procédé aux réglages au fil des répétitions. Le spectacle est parti en tournée avec les mêmes comédiens ; à la première répétition à Rennes, les techniciens replacent à l’identique les projecteurs. Lors de la répétition, une des comédiennes s’interrompt tout à coup et déclare ne pas pouvoir jouer car l’inclinaison des projecteurs n’est pas la même et la lumière est donc différente ! Nous avons vérifié et effectivement, il y avait une différence ! »

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4. Salomé de Richard Strauss, au Spoleto Festival USA à Charleston, SC en 2019, d’après la pièce d’Oscar Wilde. Mise en scène : Moshe Leiser et Patrice Caurier Création lumière : Christophe Forey
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5 et 6. Incendies de Wajdi Mouawad, mis en scène par Stanislas Nordey Création lumière : Stéphanie Daniel © Stéphanie Daniel © Christophe Forey © Stéphanie Daniel

Cette anecdote montre combien la lumière tient une place essentielle dans la mise en scène d’un spectacle et comment elle peut influencer directement le jeu des acteurs.

Dans Le mental de l’équipe, une pièce d’Emanuel Bourdieu et Frédéric Bélier-Garcia mise en scène au théâtre du Rond-Point à Paris par Denis Podalydès et Frédéric Bélier-Garcia, la lumière fait complètement partie de la scénographie. « Les projecteurs visibles sur la scène s’intègrent à l’histoire de la pièce et ceux qui éclairent vraiment les acteurs sont dissimulés. Je réinvente le concept lumière à chaque spectacle, je n’ai pas de recette, c’est bien pour cette raison que j’aime bien qu’on m’appelle conceptrice lumière. » De même, dans la pièce Ce qu’il faut dire (photo 7), Stéphanie Daniel a fait appel à ce procédé qui donne toute la place à la lumière qui contribue à raconter une histoire.

La lumière spectacle

Les débuts de Jean-Pierre Maquair (agence De Cour à Jardin) en tant que metteur en scène, scénographe lumière indépendant, sont marqués par un travail sur les grands espaces, mêlant techniques de l’éclairage, projection d’images, pyrotechnique, etc., au sein de nombreux spectacles vivants où des moyens supplémentaires, décors, accessoires, costumes sont mis au service des comédiennes et comédiens, qu’ils soient bénévoles ou non. Le metteur en scène considère « que la lumière n’est rien d’autre qu’une comédienne à qui on attribue des rôles. Je travaille beaucoup en extérieur avec des moyens techniques au service du vivant, des personnes. C’est la création des effets spéciaux qui nous fait choisir le matériel et non le contraire. Aujourd’hui, on constate à quel point la technique a fait bouger les choses. Prenons l’exemple du mapping (photo 8), cette technologie multimédia qui permet de projeter de la lumière ou des vidéos sur des volumes, de recréer des images de grande taille sur des monuments. La technique a bouleversé les métiers et parfois elle prend le pas sur la mise en scène ». Pour Jean-Pierre Maquair, le technicien de la lumière doit être formé aux nouvelles techniques mais il doit savoir également utiliser toutes les capacités de la lumière : connaître son effet sur un visage pour le vieillir ou le rajeunir, son rendu sur un costume, une couleur, comment elle peut faire ressortir les brillants (photo 9), etc.

Les costumes sont omniprésents dans ces grands spectacles dont l’histoire se déroule toujours à des époques lointaines qu’il nous faut restituer par les décors, certes, mais aussi avec les costumes. La lumière n’est pas réfléchie de la même façon selon les étoffes, leurs couleurs, mais aussi selon le mouvement des acteurs.

« Nous avons réalisé il y a quelques années un spectacle sur la Commune de Paris, qui s’appelait

8.

9.

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7. Ce qu’il faut dire de Léonora Miano. Mise en scène Stanislas Nordey. Création lumière : Stéphanie Daniel Mapping réalisé par Valérie Lenain, conceptrice lumière, De Cour à Jardin.
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Les Chemins d’Adrien, grande fresque rurale, Cerneux. Mise en scène et création lumière : Jean-Pierre Maquair
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© Jean-Louis Fernandez © De Cour à Jardin

10. Spectacle Jules Le Laïc. Son et lumière sur la Commune de Paris. Mise en scène et création lumière : Jean-Pierre Maquair

GÉNÉRIQUE

Photo 1

Le Barbier de Séville de Rossini, au Royal Opera House Covent Garden à Londres en 2005

Mise en scène : Moshe Leiser et Patrice Caurier Décor : Christian Fenouillat Costumes : Agostino Cavalca Lumière : Christophe Forey Avec Joyce DiDonato, Alessandro Corbelli, Ferruccio Furlanetto

Photo 2

Le Barbier de Séville de Giovanni Paisiello, au Théâtre de Vienne en 2015 Mise en scène : Moshe Leiser et Patrice Caurier Décor : Christian Fenouillat Costumes : Agostino Cavalca Lumière : Christophe Forey Avec Mari Eriksmoen, Pietro Spagnoli, Andrè Schuen, Topi Lehtipuu, Fulvio Bettini, Erik Ârman, Christophe Seidl

Photo 3

Giovanna d’Arco de Giuseppe Verdi, à la Scala de Milan en 2015

Mise en scène : Moshe Leiser et Patrice Caurier Décor : Christian Fenouillat Costumes : Agostino Cavalca Vidéo : Étienne Guiol Lumière : Christophe Forey Avec Anna Netrebko, Francesco Meli, Carlos Alvarez

Photo 4

Salomé de Richard Strauss, au Spoleto Festival USA à Charleston, SC en 2019, d’après la pièce de Oscar Wilde Mise en scène : Moshe Leiser et Patrice Caurier Décor : Christian Fenouillat Costumes : Agostino Cavalca Lumière : Christophe Forey Avec Melanie Henley Heyn, Paul Groves, Edna Prochnik

Photos 5 et 6 Incendies de Wajdi Mouawad Mise en scène : Stanislas Nordey  Collaboration artistique : Claire Ingrid Cottenceau  Scénographie : Emmanuel Clolus Lumière : Stéphanie Daniel  Costumes : Myriam Rault  Son : Antoine Guilloux

Assistant mise en scène : Mohand Azzoug  Peinture : Yann Chollet  Avec Claire Ingrid Cottanceau, Raoul Fernandez, Damien Gabriac, Charline Grand, Frédéric Leidgens, Julie Moreau, Véronique Nordey, Lamya Regragui, Laurent Sauvage, Serge Tranvouez

Photo 7

Ce qu’il faut dire, Création au TNS Texte de Léonora Miano Mise en scène : Stanislas Nordey Avec Gaël Baron, Océane Caïraty, Ysanis Padonou, Mélody Pini et la percussionniste Lucie Delmas

Jules Le Laïc, avec une scène intitulée Les Drapeaux rouges. Je souhaitais montrer comment les communards s’étaient battus, avec quelle conviction. Or, nous n’avions pas beaucoup de recul car le spectacle avait lieu sur la butte Montmartre avec le public qui avait le dos au Sacré-Cœur. J’avais alors demandé à l’éclairagiste de trouver un moyen pour que la lumière fasse voler les drapeaux. Nous avons choisi une lumière rouge et en plus nous avons donné un mouvement à la lumière qui donne une force supplémentaire à l’ensemble de la scène » (photo 10).

Qu’ils soient créateur de lumière, conceptrice lumière ou scénographe lumière, à la fois techniciens et artistes, ils nous enchantent tous comme des magiciens. n

Collaboratrice artistique : Claire Ingrid Cottanceau

Scénographie : Emmanuel Clolus Costumes : Raoul Fernandez Musique : Olivier Mellano Lumière : Stéphanie Daniel Vidéo : Jérémie Bernaert Stagiaire à la mise en scène : Yéshé Henneguelle

Le décor est réalisé par les ateliers du Grand-T Nantes et du TNS

Les costumes sont réalisés par les ateliers du TNS

Photo 8

Mapping réalisé par Valérie Lenain, conceptrice lumière, De Cour à Jardin.

Photo 9

Les Chemins d’Adrien, grande fresque rurale, Cerneux.

Mise en scène et création lumière : Jean-Pierre Maquair

Photo 10

Spectacle Jules Le Laïc. Son et lumière sur la Commune de Paris.

Mise en scène et création lumière : Jean-Pierre Maquair

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© De Cour à Jardin

Equinox,« la nouvelle vision du downlight » par Concord

Un équinoxe est un moment dans l’année où le Soleil traverse le plan équatorial terrestre, changeant ainsi d’hémisphère céleste. C’est aussi le moment où la durée du jour est égale à celle de la nuit. Le terme « équinoxe » provient du latin aequinoctium, de aequus qui veut dire « égal » et nox, noctis, qui signifie « nuit ».

Concord Equinox a mobilisé pendant des mois différentes équipes de Sylvania au sein des départements design, R&D, marketing, production… Pour Sophie Marcelle, directrice marketing, Sylvania, « le résultat est un luminaire disruptif, qui rompt avec les codes traditionnels du downlight qui n’avait pas connu de grandes évolutions depuis sa création. Equinox est un downlight destiné à créer des éclairages architecturaux et modulaires. Innovant dans sa conception, sa technologie lui confère un rendu unique qui signe le renouveau de la marque Concord ». « Le choix d’un visuel fort et impactant s’est donc imposé pour la campagne de communication : c’est parce que le luminaire crée ce halo que nous avons choisi cette représentation en forme d’œil, explique Benjamin Chapuis, chef de produits, Sylvania. L’image fait en effet écho au rendu du produit qui a une double émission, directe et indirecte, et dont le flux dirigé vers le haut dessine ce cercle lumineux au plafond. » Le diamètre de ce cercle de lumière varie en fonction de la position de l’optique, sur laquelle il est possible d’agir.

Au-delà de l’éclairage fonctionnel et architectural auquel il est dédié, Concord Equinox a été conçu pour créer de l’émotion à la fois par la lumière qu’il diffuse et à travers le luminaire lui-même. « Tout ce qui fait la singularité de ce downlight, c’est son optique, précise Benjamin Chapuis, développée par QuarkStar, un fabricant américain qui l’avait destinée à l’origine à un format linéaire. Les techniciens du département R&D Sylvania ont eu l’idée de l’adapter à un luminaire circulaire. »

Une optique conçue en partenariat avec QuarkStar

Pour réaliser cette performance et accéder à une technologie de pointe, Sylvania et QuarkStar ont créé un partenariat d’exclusivité. L’optique coulissante d’Equinox offre une autre dimension à la fonction d’éclairage : le plafond n’est plus une surface plane et effacée, mais il gagne en relief et devient un espace de créativité. Cette singularité de l’optique propose, selon l’ambiance désirée, deux possibilités de réglage qui contribuent à ce rendu particulier. En position rétractée, l’optique se fait discrète et dessine au plafond un halo au plus proche du luminaire, l’enveloppant ainsi et créant des points de repère pour animer l’espace.

Déployée, la partie visible et éclairée du luminaire donne l’impression d’être suspendue à quelques centimètres du plafond. Le halo projeté au plafond s’éloigne du luminaire comme une ombre qui renforce cette idée de lévitation.

La mise au point s’effectue aisément : il suffit de retirer le cache central qui donne

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accès au support de réglage et aux trois vis, permettant de faire monter ou descendre manuellement l’optique sans avoir à démonter le produit.

Associé au système de gestion SylSmart Standalone

Equinox est fabriqué en Europe, dans l’usine de Newhaven. Il est disponible en version DALI et est compatible avec les systèmes de gestion SylSmart Standalone. Cette solution permet un réglage personnalisé, un contrôle automatisé, une flexibilité totale 100 % programmable grâce à l’application mobile dédiée. Il suffit de raccorder les luminaires et les capteurs (optionnels) au réseau électrique. De plus, chaque luminaire fonctionnant indépendamment, l’intégrité du réseau est préservée. La solution autonome SylSmart Standalone permet de contrôler les luminaires et de créer des scénarios grâce à un smartphone. L’intensité est réglable pour créer l’ambiance adéquate, quel que soit le moment de la journée. Résultat : un réglage précis et flexible des scènes par simple pression d’un bouton. Sans fil, plug and play, le système permet un contrôle maximal avec une installation minimale.

Performances élevées et sobriété énergétique

Equinox propose un flux allant jusqu’à 2 500 lumens, soit une efficacité lumineuse qui peut atteindre 125 lm/W avec un UGR (taux d’éblouissement) inférieur à 19.

Il se décline en deux températures de couleur, 3 000 K et 4 000 K, avec un indice de rendu des couleurs de 90.

Il affiche une durée de vie de plus de 110 000 heures (L80B20) et offre une garantie de 5 ans. Equinox existe en blanc ou noir et en version « trimless » (bords affleurants).

« Equinox a déjà été adopté en France, ajoute Benjamin Chapuis, dans le cadre d’un projet tertiaire. »

www.sylvania-lighting.com/fr-fr

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BioDiv, une collaboration Chrysalis et Roger Narboni

Héritières du savoir-faire et des actifs de 3e International, les équipes de Chrysalis se concentrent sur les problématiques liées à l'éclairage public afin de créer en ville des atmosphères variées, faisant de la lumière un matériau comme les autres. Chrysalis a fait le choix de produire français, à Custines (54). En 2021, Marie-Christine Campan, directrice commerciale, Chrysalis Éclairage, demande à Roger Narboni, concepteur lumière, Concepto, de les conseiller sur des développements produits. C’est ainsi que ce dernier les accompagne depuis avril 2022. Le concepteur, attaché aux trames noires et à la biodiversité, saisit l’occasion pour imaginer BioDiv, une solution souple, adaptable et qui offre la possibilité de choisir des leds en fonction des espèces animales et des typologies d’éclairage à mettre en œuvre. «  Je souhaitais développer un produit qui assure des éclairages modulables et préserve la biodiversité, avec des couleurs adaptées à la faune et qui permette de réduire l’impact de l’éclairage artificiel grâce à un système de pilotage. BioDiv permet au prescripteur de choisir des tonalités de lumière, des couleurs de led bien spécifiques et de pouvoir les assembler en fonction des besoins, en faisant du sur-mesure. »

Analyse des spectres

«  Nous avons donc analysé et inventorié les spectres des sources led les moins nocives pour les diverses espèces animales afin de pouvoir les intégrer de différentes manières dans notre système constructif et les employer dans nos solutions d’éclairage », explique Marie-Christine Campan.

Il est ainsi possible d’équiper à la demande les appareils d’éclairage de blocs led avec :

- une seule tonalité de lumière blanche (1 800 K, 2 200 K, 2 700 K, 3 000 K),

- deux tonalités de lumière qui seront allumées conjointement ou de manière différenciée selon les usages et les horaires souhaités (par exemple, avec une tonalité de 3 000 K en début de nuit et de 2 200 K en milieu de nuit),

- un mélange de leds blanches et leds de couleurs (verte, jaune, ambre, orange ou rouge),

- une couleur unique avec un spectre adapté aux différentes espèces animales nocturnes (amphibiens, oiseaux, mammifères, insectes, chiroptères), qui sera activée à certaines périodes de la nuit ou de l’année.

Exemple de scénario de piste cyclable : - sur détection : 2 200 K

- en veille sur plage de 17h à 1h en hiver : rouge - extinction de 1h à 5h

Répartition des optiques

La manière dont les optiques sont réparties dans l’appareil, dans un sens ou dans l’autre, permet aussi de canaliser le flux lumineux différemment en fonction des tonalités de lumière souhaitées.

L’espace extérieur se décompose en sous-ensembles de géométries et de natures différentes.

Avec la led, le luminaire doit cadrer précisément son flux lumineux sur les surfaces à éclairer. Le flux résiduel doit donc être minimisé ou ôté pour éviter de perturber les espèces animales et végétales situées aux abords.

Le choix des optiques couplé éventuellement à des systèmes de coupe-flux est donc primordial.

La composition des PCB dans un même appareil permet de mixer ces optiques pour différencier les zones et les traiter spécifiquement et de mixer les tonalités et/ou températures de couleur.

Les possibilités ainsi proposées offrirent la meilleure adaptation possible à la répartition des flux lumineux sur les différentes typologies d’espace (place, chaussée, trottoir, piste cyclable, contre-allée).

Adapter la lumière

Il est donc possible :

- de grader indépendamment chaque couleur ou température de couleur en fonction de différentes temporalités nocturnes. Par exemple, basculer d’une lumière blanche 3 000 K en début de nuit, plus agréable pour les humains, à une lumière beaucoup plus chaude (2 200 K par exemple) ou colorée, en seconde partie de la nuit. Cette bascule peut se faire à l’aide d’une simple programmation ou avec une commande à distance (selon un protocole DALI) ;

- de modifier les plages horaires en fonction d’une saisonnalité. La modification des plages de fonctionnements se fait obligatoirement avec une commande à distance ; - d’allumer ou éteindre sur détection de présence d’un usager : par exemple, éclairer en rouge pour minimiser l’impact sur les chauves-souris et passer en 2 200 K sur détection d’un usager avec train de lumière pour l’accompagner dans sa déambulation ;

- de proposer des allumages interactifs temporisés via des boutons-poussoirs, ou, dans un avenir proche, via des applications de téléphone mobile ;

- de proposer un allumage forcé par les services techniques, une commande locale ou à distance (selon un protocole DALI).

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Eas Solutions présente Panama, un linéaire led Intelligent

EAS Solutions lance la gamme de luminaires linéaires led Panama dotés de la technologie Smart Facility en réponse à la double problématique à laquelle les entreprises sont confrontées, à savoir : la hausse du prix de l’électricité, multiplié par 10 pour certains, et la fin programmée des tubes fluorescents en 2023. À cela, s’ajoute une pénurie de composants qui entraîne des difficultés d’approvisionnement en leds prévues pour durer jusqu’à la fin de l’année prochaine. En s’équipant dès à présent avec des solutions led intelligentes performantes, les professionnels évitent de se retrouver en rupture de tubes, sans éclairage, et remplacent avantageusement leur installation obsolète et énergivore par un éclairage qualitatif, sobre, qui, instantanément, diminue considérablement leur facture énergétique. Avec un flux lumineux allant jusqu’à 6 686 lumens, Panama est disponible en plusieurs dimensions (650 mm, 1 220 mm, 1 560 mm) et puissances (20 W, 34 W, 45 W, 65 W). Il possède une température de couleur de 4 000 K, une température de fonctionnement allant de -20° à +35° et un driver intégré. Étanche avec un indice de protection IP66, il est conçu en polycarbonate et adapté à l’éclairage intérieur et extérieur des bâtiments industriels, logistiques et tertiaires, comme les espaces de circulation et d’infrastructures des gares, les plateformes, les passerelles, les parkings... Équipés de la technologie Smart Facility d’EAS Solutions, les linéaires Panama sont pourvus d’un contrôleur avec détecteur de présence à trois niveaux de puissance, variables selon les détections, qui optimise la gestion des luminaires et leur consommation d’énergie. Positionnés en hauteur, les linéaires connectés apportent un éclai-

Trilux lance Tugra, étanche, doté de 8 photométries

Grâce à la technologie Varizon, le luminaire étanche Tugra est disponible dans huit photométries différentes. Basé sur des optiques primaires, des prismes dans le profilé du luminaire et des films prismatiques, Tugra peut être configuré avec précision en fonction des besoins pour garantir une qualité d’éclairage maximale selon l’application. Ce luminaire répond également à certains critères de qualité, comme l’antiéblouissement selon UGR19 pour les postes de travail informatisés. Des leds haut de gamme, avec un IRC 80 ou IRC 90, garantissent une qualité d’éclairage optimale. Disponible en option, l’intégration d’une composante indirecte assure un éclairage supplémentaire du plafond.

Avec sa longueur flexible, Tugra s’adapte à tous les espaces, en version luminaire individuel ou ligne continue, quelle que soit la taille de l’espace. Sept longueurs sont disponibles, par pas de 300 mm et peuvent être combinées de 300 mm à 2 100 mm. Toutes les tailles de modules existent sous forme de luminaire ou de module sans lumière, ce qui est pratique pour configurer des lignes continues sur mesure. Le luminaire est équipé d’une rainure de montage sur toute la longueur pour les étriers de fixation, ce qui permet d’utiliser les points de montage existants. Quelles que soient les contraintes, le luminaire Tugra reste étanche. Grâce à la combinaison de plastique conventionnel et de matériau thermoplastique pour les embouts, il dispose, même dans sa version standard, d’un IP66. L’embout est doté de cinq options de raccordement, sur la face avant et latéralement, ce qui assure l’étanchéité même sans presse-étoupe.

Tugra est disponible, en tant qu’accessoire, avec un embout frontal intelligent équipé d’un détecteur de présence. Les capteurs permettent de piloter un luminaire individuel, ou des groupes de luminaires raccordés individuellement. De nouvelles fonc-

rage efficace qui se module automatiquement. En communiquant par le maillage radio des luminaires, le système Smart Facility constitue un réseau indépendant et parallèle qui ne perturbe pas les réseaux en place. Les données qu’il collecte sont analysées en temps réel afin d’économiser jusqu’à 90 % d’énergie tout en améliorant la sécurité, l’efficacité et la productivité du site équipé.

Équipement du site industriel Thermolaquage 21 Thermolaquage 21, spécialiste de la finition de pièces métalliques pour le secteur médical, l’industrie, l’automobile et le bâtiment, a équipé cette année son site de production d’un nouvel éclairage led intelligent composé de 27 linéaires Panama, 8 luminaires Reliant et 2 luminaires Lumaz à haut rendement, tous connectés avec la technologie Smart Facility. Ce relamping du site permet d’éclairer uniquement les zones d’activité et de régler l’intensité lumineuse en fonction de la luminosité naturelle. Il diminue très fortement les consommations en énergie et apporte un confort visuel accru qui contribue à améliorer et à sécuriser les conditions de travail des collaborateurs.

www.eas-solutions.fr

tionnalités peuvent être intégrées rapidement et facilement via les embouts.

Le luminaire étanche Tugra dispose d’un canal accessible pour le passage de câbles supplémentaires (Les câbles POF sont dédiés à la fibre optique, utilisés pour le transfert des données). Le canal intégré permet également de passer très rapidement d’un bout à l’autre du luminaire pour une utilisation de la filerie traversante.

La présence de caméras ou de scanners 3D dans les parkings et les zones logistiques contribue à améliorer le sentiment de sécurité. Des modèles de caméras personnalisés peuvent également être intégrés dans les modules, sur demande.

Un module avec répéteur Wi-Fi permet d’installer un réseau Wi-Fi performant, même lorsque la structure architecturale du bâtiment est complexe, comme dans un parking ou un supermarché. La version standard de l’embout du luminaire Tugra est disponible en quatre couleurs : blanc, gris clair, gris foncé et noir. Des fabrications sur mesure peuvent également être réalisées dans toutes les teintes RAL pour adapter les embouts aux couleurs d’une marque, par exemple.

Lumières Produits
LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022 - 63
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„ COMATELEC SCHRÉDER

VALINTA

Signé du designer Michel Tortel, ce luminaireprojecteur propose différentes distributions lumineuses. Il permet de créer des accents de lumière et des effets lèche-mur, que ce soit en lumière blanche ou RGB. Il se décline en 3 finitions et 3 tailles, et s’adresse aussi bien à l’éclairage urbain (jusqu’à 155 lm/W) qu’architectural (jusqu’à 135 lm/W). Certifié Zhaga-D4i, il est contrôlable via les protocoles DMX ou DALI et présente un IK09 et IP66. Réglages sur site du pivotement, de l’inclinaison et de la photométrie.

https://fr.schreder.com/fr

„ DELTA LIGHT CUPPA

Cette collection de suspensions sur profilé offre de nombreuses combinaisons. Fixé à un profilé magnétique, le support se compose d’un module led noir ou blanc, à la bordure dorée, sur lequel s’ajoutent jusqu’à quatre modèles d’abat-jour à la finition noire, blanche ou dorée. Les abat-jour se déclinent en « Cuppa Shades » en forme de dôme et « Cuppa Disk », en forme de disque plat. Les modèles peuvent être utilisés séparément ou combinés. La taille du profilé, le nombre d’abat-jour, la quantité et la hauteur des suspensions sont personnalisables.

www.deltalight.com/fr

„ DISANO IBIS

Travailler et étudier sous la bonne lumière exerce une influence positive sur l’humeur et la productivité. Ce plafonnier offre un maximum de bien-être visuel en émettant une lumière douce et homogène. Il comporte un corps en tôle d’acier estampé, avec montage par le dessus sur fers et une optique basse luminance à ventelles simples avec lentille PMMA. UGR<16. Il présente un flux de 3 265 lm en 4 000 K, et de 3 036 lm en 3 000 K avec, dans tous les cas, un IRC de 90. Maintien du flux lumineux à 90 % : 50 000 heures (L90/B10).

www.disano.it/it/

„ NEKO LIGHTING M4

Ce module vient de rejoindre la série Club et peut s’associer avec les diverses collerettes de la gamme. Il offre une découpe de plafond de ø75 mm ou 75 x 75 mm. Il propose une version avec un angle étroit de 10° et un flux lumineux de 650 lm. Pour les angles de 18°, 30°, 36° et 50°, il présente une solution supplémentaire, avec un flux lumineux allant jusqu’à 1700 lm et la possibilité de changer facilement la lentille et l’angle. L’indice de rendu des couleurs est supérieur à 97 (R9-95) avec des leds MacAdam 2.

https://nekolighting.com/fr/

„ SPECTRAL (marque de Ridi) OCARA

Cette lampe de table a été conçue pour le home office : à la fois lampe de travail ergonomique, lumière d’ambiance, lampe de lecture et lumière mélanopique biologiquement efficace. La lumière se régule automatiquement : la luminosité et la couleur de la lumière s’adaptent à l’heure de la journée et à l’environnement. Il est également possible de contrôler les composants d’éclairage manuellement pour créer sa propre ambiance lumineuse. Répartition lumineuse sans éblouissement via des prismes 75 % indirect et 25 % direct, 2 700 K pour la lecture, bouton-poussoir rotatif.

www.spectral.de/en.html

„ TRIDONIC DRIVER LED GEN4

Avec une puissance de 220 W, ce driver a été conçu pour les environnements difficiles, et plus particulièrement pour les applications industrielles. Il offre un éclairage fiable même à des températures très élevées ou très basses, allant de -40 à +75 °C. Il est gradable à courant constant avec alimentation de bus DALI intégrée pour luminaires D4i. Par ailleurs, tous les nouveaux drivers GEN4 fournissent des données standardisées relatives à l’énergie, au diagnostic et aux luminaires via l’interface DALI-2, conformément aux spécifications de la DiiA.

www.tridonic.fr/fr/

Lumières Produits 64 - LUMIÈRES N° 41 - DÉCEMBRE 2022

Lumières

La revue des lumières intérieures, extérieures et architecturales. Dans chaque numéro :

- des projets inédits ; - un dossier thématique avec enquête produits ; - l’interview d’un designer ; - une double page showroom ; - le cahier technique. Et aussi des articles en bilingue français/anglais.

LUMIÈRE INCLUSIVE

L ligne du tramway T9, avec ses 19 stations, se veut exemplaire en matière de mobilité et d’intermodalité, et s’insère sur un axe métropolitain qui traverse communes au sud de Paris Paris, Ivry-sur-Seine, Vitry-sur-Seine, Thiais, Choisy-le-Roi et Orly. Le projet est la fois serviciel et qualitatif en matière de mobilité, avec des espaces publics fédérateurs sur le « parcours des arts ponctué d’œuvres d’art publiques. Pour Vincent Cottet, paysagiste et urbaniste, Richez_Associés, le tracé du T9 est un voyage Paris-banlieue aux étapes douces, comme une transition simple, heureuse et modeste, une sorte de réconciliation urbaine qui s’organise de façon continue. est exceptionnel dans sa dimension XXL, clos dans sa dimension territoriale, ce qui lui confère une intimité, une domesticité, parfois une intimité, qui

L ligne du tramway T9, avec ses 19 stations, se veut exemplaire en matière de mobilité etpolitain qui traverse 6 communes au sud de Paris Paris, Ivry-sur-Seine, Vitry-sur-Seine, Thiais, Choisy-le-Roi et Orly. Le projet est la fois serviciel et qualitatif en matière de mobilité, avec des espaces publics fédérateurs sur parcours des arts ponctué d’œuvres d’art publiques. Pour Vincent Cottet, paysagiste et urbaniste, Richez_Associés, le tracé du T9 est un voyage Paris-banlieue aux étapes douces, comme une transition simple, heureuse et modeste, une sorte de réconciliation urbaine qui s’organise de façon continue. Il est exceptionnel dans sa dimension XXL, clos dans sa dimension territoriale, ce qui lui confère une intimité, une domesticité, parfois une intimité, qui

PRINT & NUMÉRIQUE

Edition papier 4 numéros par an + newsletter n Abonnement 1 an : 68 e TTC n Plus de 10 abonnements par société : 54 e TTC l’abonnement n Abonnement 2 ans : 110 e TTC n Plus de 10 abonnements par société : 88 e TTC l’abonnement

répond d’abord à un axe de vie et qui n’est plus seulement un axe de passage Le ruban du tramway se déroule sur les 10,3 km avec une grande cohérence dans les choix de matériaux, mobiliers, design des stations et lumières, tous pensés pour former une unité graphique qui marque le paysage de jour comme de nuit. L’objectif était de développer des ambiances socialisantes, déclare Sara Castagné, conceptrice lumière, Concepto, qui participent la redécouverte nocturne des espaces afin d’accompagner les mobilités des ambiances qui favorisent le jeu, les interactions et la joie. J’aime bien qualifier ce projet de “lumière inclusive”, c’est-à-dire d’une lumière qui accompagne l’insertion de la ligne de tramway sur un boulevard avec une redisposition des trottoirs, de la chaussée et de la plateforme

répond d’abord un axe de vie et qui n’est plus seulement un axe de passage Le ruban du tramway se déroule sur les 10,3 avec une grande cohérence dans les choix de matériaux, mobiliers, design des stations et lumières, tous pensés pour former une unité graphique qui marque le paysage de jour comme de nuit. L’objectif était de développer des ambiances socialisantes, déclare Sara Castagné, conceptrice lumière, Concepto, qui participent à la redécouverte nocturne des espaces afin d’accompagner les mobilités des ambiances qui favorisent le jeu, les interactions et la joie. J’aime bien qualifier ce projet de “lumière inclusive”, c’est-à-dire d’une lumière qui accompagne l’insertion de la ligne de tramway sur un boulevard avec une redisposition des trottoirs, de la chaussée et de la plateforme

en favorisant les liens sociaux, et apporter de la convivialité dans l’espace public pour agrémenter le parcours. L’idée est de réconcilier les usagers avec les déplacements en mode la nuit, quel que soit l’âge ou le sexe. Ainsi, tout le monde peut investir ces espaces singuliers qui bordent le tramway T9 plages colorées invitent ralentir et se poser sur un banc, des motifs floraux projetés au sol guident les cyclistes le long du cimetière d’Ivry, des œuvres d’art sont délicatement mises en lumière pour une nouvelle perception dans le paysage nocturne. La place Gaston Viens Orly accueille des mots entremêlés d’Elsa Triolet et de Louis Aragon, bribes de phrases projetées sur le sol du parvis du centre culturel Aragon-Triolet. Un jeu de piste pour découvrir qui a écrit s’offre aux visi-

tramway en favorisant les liens sociaux, et apporter de la convivialité dans l’espace public pour agrémenter parcours. L’idée est de réconcilier les usagers avec les déplacements en mode doux la nuit, quel que soit l’âge ou sexe. Ainsi, tout monde peut investir ces espaces singuliers qui bordent le tramway T9 des plages colorées invitent ralentir et se poser sur un banc, des motifs floraux projetés au sol guident les cyclistes le long du cimetière d’Ivry, des œuvres d’art sont délicatement mises en lumière pour une nouvelle perception dans le paysage nocturne.

La place Gaston Viens Orly accueille des mots entremêlés d’Elsa Triolet et de Louis Aragon, bribes de phrases projetées sur le sol du parvis du centre culturel Aragon-Triolet. Un jeu de piste pour découvrir qui écrit quoi s’offre aux visi-

100 % NUMÉRIQUE

teurs du soir. « Nous avons souhaité donner une puissance graphique à tous ces espaces, explique pour que la lumière s’intègre complètement dans les aménagements urbains. En même temps, nous avions cœur d’offrir un grand confort aux usagers afin qu’ils puissent s’approprier les espaces, et de les ponctuer de douceurs tout le long du trajet du tramway.

teurs du soir. Nous avons souhaité donner une puissance graphique tous ces espaces, explique Sara Castagné, pour que la lumière s’intègre complètement dans les aménagements urbains. En même temps, nous avions cœur d’offrir un grand confort aux usagers afin qu’ils puissent s’approprier les espaces, et de les ponctuer de douceurs tout le long du trajet du tramway.

la clé de voûte du parcours Les différents espaces traversés par le tramway offraient néanmoins des configurations ou objets majeurs qu’il aurait été dommage de ne pas intégrer aux ambiances lumière. L’infrastructure de A86, l’intersection de Thiais, Vitry et Choisy-le-Roi, fait partie de ces espaces à enjeux,

la clé de voûte du parcours Les différents espaces traversés par le tramway offraient néanmoins des configurations ou objets majeurs qu’il aurait été dommage de ne pas intégrer aux ambiances lumière. L’infrastructure de l’autoroute A86, l’intersection de Thiais, Vitry et Choisy-le-Roi, fait partie de ces espaces enjeux,

Edition numérique (PDF) + newsletter n Abonnement 1 an : 48 e TTC n Plus de 10 abonnements par société : 38 e TTC l’abonnement n Abonnement 2 ans : 75 e TTC n Plus de 10 abonnements par société : 60 e TTC l’abonnement

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20 LUMIÈRES N° 41 DÉCEMBRE 2022 LUMIÈRES N° 41 DÉCEMBRE 2022 21 Lumières Projets LIGNE DU TRAMWAY T9 : UNE LUMIÈRE INCLUSIVE Île-de-France Mobilités s’est vu décerner, en 2021, le Grand prix « Aménagement urbain » des Grands Prix de la région Capitale pour la ligne de tramway T9, dont la maîtrise d’œuvre été confiée à Richez_Associés, architectes et paysagistes du projet. Le concept lumière des espaces publics sur le parcours du tramway, signé par Concepto, développe une écriture nocturne affirmée pour mieux accompagner les usages dans le respect du paysage urbain à la nuit tombée.
pour Île-de-France Mobilités Maîtrise d’œuvre : Architecte-paysagiste : Richez_Associés BET mandataire groupement iTram/Ingérop Installateur : Citeos Île-de-France Solutions éclairage : Concep Light, Comatelec Schréder, Eclatec, Led Puck, Lumenscia, Selux Concepto. Photo Noémie Riou Lumières Projets © Concepto Photo Vincent Enot © Concepto. Photo Vincent Enot Place Gaston Viens Orly. Station Trois Communes Vitry. gauche : place de Port-au-Prince droite : parvis du centre culturel Sara Castagné, conceptrice lumière, Concepto, misé sur la convivialité l’intégration de lumière qui ponctue et habille les espaces publics. Les stations du tramway T9 sont signées par Richez_ 20 LUMIÈRES N° 41 DÉCEMBRE 2022 LUMIÈRES N° 41 DÉCEMBRE 2022 21 Lumières Projets
tramway
Lumières Projets LIGNE DU TRAMWAY T9 : UNE Île-de-France Mobilités s’est vu décerner, en 2021, le Grand prix « Aménagement urbain » des Grands Prix de la région Capitale pour la ligne de tramway T9, dont la maîtrise d’œuvre a été confiée à Richez_Associés, architectes et paysagistes du projet. Le concept lumière des espaces publics sur le parcours du tramway, signé par Concepto, développe une écriture nocturne affirmée pour mieux accompagner les usages dans le respect du paysage urbain à la nuit tombée.
Architecte-paysagiste : Richez_Associés et designer des stations avec Sovann Kim selon le design code de RCP Design Global groupement iTram/Ingérop Installateur : Citeos Île-de-France Solutions éclairage : Concep Light, Comatelec Schréder, Eclatec, Led Puck, Lumenscia, Selux Projets Concepto Photo Vincent Enot Place Gaston Viens Station Trois Communes Vitry. gauche : place de Port-au-Prince droite : parvis du centre Aragon-Triolet Orly. Sara Castagné, conceptrice lumière, Concepto, misé sur la convivialité et l’intégration de la lumière qui ponctue habille les espaces publics. Les stations du tramway T9 sont signées par Richez_ Associés designer Sovann Kim. Je m’abonne à Lumières Adresse Code postal Ville Tél. Fax Email Bulletin d’abonnement à retourner à l’adresse suivante : Lumières - 3e Médias - service abonnement - 17, rue de l'Amiral Hamelin, 75016 Paris CHÈQUE À L’ORDRE DE 3E MÉDIAS OU PAIEMENT EN LIGNE SUR :
Pour tout renseignement, contactez Juliette Aguelon -
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Maîtrise d’ouvrage pour Île-de-France Mobilités Maîtrise d’œuvre :
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LumièresN° 41 - DÉCEMBRE 2022 DOSSIER Terrains
ENTRETIEN Vincent COTTET, paysagiste et urbaniste Richez_Associés PROJET Ligne du PaysagismetramwayT9 et urbanisme :Richez_Associés Conception lumière :Concepto
de sport

ENTREPRISES ET ORGANISMES CITÉS

Actiled http://actiled.com/ 16

ADEME www.ademe.fr/ 6, 7, 8, 9

Agence

Stéphanie Daniel https://agencestephaniedaniel.com/ 55, 57, 58

ANDES https://www.andes.fr/ 32, 44

ARUP www.arup.com/ 12

A-insinöörit www.ains.fi/en/ 13

CA Design www.cadesign.ie 13

Chrysalis www.chrysaliseclairage.com 62

Clareo Lighting www.clareolighting.com 40

Comatelec Schréder https://fr.schreder.com/fr 30, 31, 40, 43, 46, 64

Concepto www.concepto.fr 20, 21, 22, 23

De cour à Jardin https://decourajardin.fr/ 24, 25, 26, 27, 55, 57, 58

Delta Light www.deltalight.com/fr 64

Disano www.disano.it/it/home 11, 35, 64

EAS Solutions www.eas-solutions.fr 48, 63

Eco Maires https://ecomaires.com 15

Fagerhult www.fagerhult.com/fr/ 38, 48

Gewiss www.gewiss.com/fr/fr 11, 41, 46

iGuzzini www.iguzzini.com/fr 45, 47

Lébénoïd/Integratech www.lebenoid.fr 42, 47

Ledvance www.ledvance.fr 46

LUCI www.luciassociation.org/ 12, 13

Maison Papier https://maisonpapier.design/ 17, 50

Meljac www.meljac.com 52, 53

Neko Lighting https://nekolighting.com/fr/ 16, 64 Performance

iN Lighting www.performanceinlighting.com/fr/fr/ 11 Ragni www.ragni.com 47

Richez_Associés www.richezassocies.com/fr 18, 19, 20, 21, 22, 23

Ridi www.ridi.de/fr.html 36, 37, 38, 39, 48

Roger Pradier www.roger-pradier.com 28, 29

RZB www.rzb.de.fr 38, 47

Signify www.signify.com/fr-fr 33, 34

Spectral www.spectral.de/en.html 64

Speirs Major www.smlightarchitecture.com 13

Sunlux www.sunlux-group.com 16

Sunna Design www.sunna-design.com 48

Sylvania www.sylvania-lighting.com/fr-fr 60, 61

Syndicat de l'éclairage www.syndicat-eclairage.com 6, 7, 8, 9, 14, 15

Thorn www.thornlighting.fr/fr-fr 46

Tridonic www.tridonic.fr/fr/ 64

Trilux www.trilux.com/fr/ 48, 63 U.C.L. www.uniondescreateurslumiere.com/ 55

WhiteNight Lighting www.whitenight.fi/ 13 Zumtobel .....................www.zumtobel.com/fr-fr/ ..........................................48

ANNONCEURS

SYLVANIA.....................www.sylvania-lighting.com/fr-fr ........................4e couv.

DELTA LIGHT................www.deltalight.com/fr.......................................2e couv. B.E.G. ..........................www.begfrance.fr .............................................3e couv. CITEL ...........................https://citel.fr/fr .........................................................15

COMATELEC

SCHREDER ..................https://fr.schreder.com/fr...........................................49 DISANO/FOSNOVA .......www.disano.it/it/home ..............................................17

LEDVANCE ...................www.ledvance.fr .......................................................51 LUCIBEL ......................www.lucibel.io ..........................................................59 RZB www.rzb.de.fr 11

MAISON & OBJET

Parc des exposition Paris Nord Villepinte 19-23 janvier 2023

Stimulateur de business et d’échanges entre les acteurs de la décoration, du design et de l’art de vivre. www.maison-objet.com/paris/

SITEM

Carrousel du Louvre, Paris 28-30 mars 2023

Ce salon s’adresse à l’ensemble des fournisseurs et prestataires de service de tous les types de musées. Il intègre « l’Exercice de Style » pour la scénographie, le « Label de l’Innovation Muséographique » pour les avancées techniques des exposants, sélectionnées par un jury international.

ARCHITECT @ WORK

Bordeaux, Parc des Expositions 30 et 31 mars 2023

Ce salon, qui présente conférences et produits, est exclusivement réservé aux architectes. www.architectatwork.fr

WORKSPACE EXPO

Paris Expo Portes de Versailles 4-6 avril 2023

Avec 299 marques présentes en 2022 et 83 nouvelles marques, Workspace Expo confirme son statut de 1er salon BtoB européen pour le mobilier et l’aménagement des espaces de travail en termes d’offre et de visitorat. www.workspace-expo.com

SANTEXPO

23-25 mai 2023

Santexpo est l’événement leader français de la Fédération hospitalière de France qui rassemble chaque année tous les décideurs et professionnels de santé impliqués dans le management, la gestion, le numérique, le parcours de soin, l’expérience patient, l’équipement, les matériels, la construction et la transformation des établissements de santé. www.santexpo.com

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„ SALONS

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