La nuit augmentée

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La nuit augmentée Par Roger Narboni

© Loeïza Cabaret, CONCEPTO


Depuis son plus jeune âge, la nuit est son territoire. Et pourtant, Stella ne connaît pas l’obscurité. Née de parents inconnus et atteinte dès sa naissance d’une grave maladie cérébrale, elle est restée de longues années à l’hôpital et a subi plusieurs greffes de liquide cérébro-spinal génétiquement modifié qui ont progressivement et totalement transformé son système de perception visuelle nocturne. Aujourd’hui âgée de 20 ans, elle a entre autres la capacité de voir très clairement la nuit. Stella est une très jolie jeune fille qui dissimule son corps sous un long et large manteau de laine noire qui l’enveloppe totalement et lui arrive sous le genou. Ses cheveux noirs, coupés en biais, complètent sa silhouette ovale qui la rend presque invisible de nuit. Elle est pleine d’énergie et adore faire de très longues promenades nocturnes. Elle a réussi à s’échapper de l’hôpital au début de son adolescence et elle a emmené avec elle un chat bioluminescent qu’elle a appelé Lucifer. Elle l’avait trouvé un soir, dans le laboratoire d’expérimentations génétiques où il servait de cobaye, après les premiers essais fructueux sur la bioluminescence qui avaient été réalisés sur des souris, et elle l’a sauvé d’une mort certaine. Lucifer luit très doucement dans la nuit. Mais pour elle, il apparaît nimbé d’une aura lumineuse verte très intense qui l’apaise et la rassure. Ils ne se quittent plus. Depuis sa fuite, elle vit dans la rue et se fait héberger au gré des rencontres. Mais la solitude ne la dérange pas et puis elle n’a pas peur la nuit car elle y voit parfaitement clair. La différence de luminosité lorsque la nuit tombe est pour elle pratiquement inexistante et son horloge biologique s’étant progressivement adaptée à cette nouvelle situation, elle ne dort pratiquement pas. En revanche, elle est tout de suite éblouie lorsque les éclairages urbains sont trop intenses. Elle recherche systématiquement les friches industrielles ou ferroviaires, les lieux abandonnés plongés dans l’obscurité qu’elle peut explorer sans risquer de rencontrer des promeneurs ou des noctambules importuns. L’hiver en ville est très doux depuis que les changements climatiques tant redoutés vers le début des années 2020 sont devenus aujourd’hui une réalité. Et les longues nuits hivernales sont maintenant très appréciées des citadins, d’où un développement frénétique de lumières qui ruissellent sur les immeubles et dans les rues pour encourager une commercialisation de la nuit urbaine dorénavant très rentable. Stella fuit ces quartiers étincelants qui l’agressent visuellement. Dès qu’elle le peut, elle se faufile dans un parc et attend la fermeture pour profiter à sa manière du paysage irréel qui s’offre à ses yeux et que nulle autre personne ne peut percevoir. Elle le sait car elle a beaucoup parlé avec ses voisines de chambre à l’hôpital, et elles adoraient décrire et comparer leurs capacités sensorielles respectives. Les mutations génétiques qui en étaient alors au tout début de leurs expérimentations sur ces enfants nés sous X ont donné des résultats surprenants que peu de chirurgiens ou de généticiens avaient su anticiper. Les cellules des yeux de Stella, dédiées normalement aux très faibles niveaux lumineux nocturnes, se sont développées incroyablement et leurs performances se rapprochent dorénavant de celles utilisées dans la vision diurne. Mais le spectre lumineux qu’elle perçoit la nuit, lorsque son système de vision bascule, est totalement transformé par son cerveau. Elle est capable de percevoir des rayonnements infrarouges et ultraviolets ; et les couleurs des objets ou des êtres vivants qu’elle regarde sont complètement différentes de celles visibles de jour. D’où le côté irréel des paysages nocturnes qu’elle découvre et qui ne paraissent pas appartenir à notre planète tant les contrastes et les chocs des couleurs sont inimaginables. Elle se demande souvent si certains animaux nocturnes voient leur environnement comme elle. Et bien sûr, elle aimerait aussi savoir si d’autres personnes ont les mêmes capacités visuelles qu’elle. Elle adorerait pouvoir en discuter et comparer sa vision avec celle des autres. Ayant toujours été comme ça, elle ne peut pas s’imaginer ce que peut être une vision nocturne dite normale.

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De jour, elle se fond totalement dans le décor. Et personne ne peut deviner ses capacités nocturnes. Elle a appris à ne jamais en parler pour ne pas déclencher une avalanche de questions et être regardée comme un animal de cirque. Elle marche discrètement et sans jamais regarder dans les yeux les gens qu’elle croise. Après sa fuite de l’hôpital, elle a beaucoup traîné avec d’autres adolescents qu’elle avait rencontrés dans un quartier proche. Ils aimaient se retrouver dans les coins les plus sombres des banlieues où ils habitaient. Ils pouvaient ainsi refaire le monde et se droguer tranquillement sans risquer de se faire pincer par la police. Du coup, pendant ces longues nuits de délires, où le gaz hilarant était consommé jusqu’à épuisement, ses différences visuelles passaient totalement inaperçues. Et puis, elle a grandi. Les autres adolescents aussi. Ils sont devenus plus sérieux. Ils ont passé leur bac et sont partis à l’université ou ont trouvé du travail dans d’autres villes. Ils se sont alors tous perdus de vue. Stella aussi a changé de ville. Elle a délibérément choisi Paris, une grande métropole, où les sans domicile fixe sont légions, où le système d’aide social fonctionne bien et où son anonymat peut être sauvegardé. Elle vit l’instant présent. Elle n’essaye pas de se projeter dans le futur. Elle ressent confusément que ses capacités visuelles sont en fait un handicap qui l’empêcheront de s’intégrer à la société. Elle a peur des réactions négatives ou du rejet qu’elle pourrait susciter. Elle a une intelligence intuitive qui lui est très utile et qui lui a permis jusqu’à présent de ne pas faire de mauvaises rencontres. Et puis sa vision nocturne exceptionnelle lui donne la nuit un sentiment de sécurité qui la galvanise et la protège. Elle se sent bien dès que la nuit tombe et la présence familière de Lucifer à ses côtés la rend heureuse. La bioluminescence de son chat ne se manifeste que dans une profonde obscurité, ce qui évite les questions mal placées des gens qu’elles pourraient rencontrer. Et, dans un environnement lumineux intense, Lucifer ressemble à tous les autres chats de gouttière qui traînent dans les rues la nuit. Stella se demande souvent ce que voit Lucifer la nuit. Est-ce que les molécules de luciférine qui lui ont été injectées ont modifié aussi sa vision nocturne déjà très performante chez les chats ? Est-ce que la bioluminescence émet des radiations perceptibles par les autres espèces bioluminescentes comme les lucioles ou certains champignons ? Est-ce qu’une vision nocturne profondément transformée crée des affinités sensorielles entre les êtres vivants ? Compte tenu de l’importance de la vision dans le système de perception que lui ont si souvent expliquée les chirurgiens à l’hôpital, elle imagine facilement l’impact que des modifications majeures sur celle-ci peuvent avoir sur le cerveau et sur la représentation du monde qu’il génère. Comme elle dort très peu, Stella préfère vivre de nuit comme la très grande majorité des animaux. Elle arpente la ville nocturne et en connaît presque tous les recoins. Plus les heures sombres avancent, plus les quartiers se désertifient et plus elle se sent chez elle, en phase avec une géographie de la nuit qu’elle maîtrise parfaitement. Elle apprécie particulièrement le milieu de la nuit, et attend avec impatience une heure du matin qui signe l’arrêt des illuminations parisiennes, publiques et privées, et l’extinction de la quasi-totalité des vitrines des commerces. Elle a découvert récemment que des lois et des décrets avaient été pris il y a fort longtemps pour limiter les nuisances lumineuses en ville, mais qu’il avait fallu attendre de très nombreuses années avant qu’ils ne soient appliqués, car ils étaient en contradiction avec la marchandisation de la ville et le développement du tourisme nocturne que beaucoup d’élus défendaient alors. Et à l’époque, des cas comme le sien n’avaient bien sûr jamais été pris en compte. Une nuit, alors qu’elle déambule comme à son habitude dans Paris, son attention est attirée par une façade en verre en forme de prisme qui émet des ondes colorées changeantes et très attrayantes. Elle découvre que ce bâtiment abrite un Institut de la Vision et du Cerveau, un

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centre international de recherche entièrement dédié aux maladies de l’œil et aux traitements innovants qui pourraient guérir les malades oculaires et améliorer la qualité de vie des personnes malvoyantes. Elle n’imaginait pas qu’un tel institut puisse exister et que les anomalies et les problèmes de vision pouvaient faire l’objet de recherches de haut niveau. Stella décide de revenir le lendemain matin pour voir qui se présente dans cet institut et pour quelles raisons. Elle se demande si ses questions lancinantes sur ses capacités visuelles nocturnes hors normes pourraient trouver ici des débuts de réponses. Elle aimerait tant pouvoir partager ses interrogations avec des personnes compréhensives et bienveillantes. Antoine venait deux fois par semaine dans cet Institut de la Vision et du Cerveau. Agé aussi d’une vingtaine d’année, il avait été appareillé au moment de son adolescence avec un implant oculaire révolutionnaire, bionique et photonique, pour lui permettre de voir après une maladie infantile qui lui avait fait perdre totalement la vue. Il avait ensuite fait des études de biogénétique et décidé de dédier une partie de son temps pour faire avancer les recherches en optogénétique. Son implant oculaire lui donne des capacités visuelles nocturnes inégalées. Il peut voir très clairement de nuit et en couleurs, même lorsque les niveaux lumineux sont très bas. En revanche, les éclairages nocturnes intenses le dérangent car il doit alors modifier et adapter constamment les réglages de son implant. Il peut filtrer à loisirs certaines couleurs et transformer son environnement visuel nocturne. Il est capable de zoomer sur certaines scènes lointaines avec un excellent niveau de définition mais aussi de superposer à l’image reçue des informations ou d’autres images programmées à l’avance. La manière dont son cerveau s’est progressivement adapté à ce nouveau système de vision est exceptionnelle et c’est pourquoi il est toujours l’objet de recherches et d’évaluations régulières dans l’Institut. Ses visites hebdomadaires lui ont permis de rencontrer depuis de nombreuses années d’autres personnes de sa génération qui toutes étaient traitées pour des anomalies de la vision ou des maladies oculaires graves. Ils restent en contact sur les réseaux sociaux et se rencontrent régulièrement pour discuter et échanger sur leurs expériences. Il n’est pas le seul à être équipé d’implants oculaires. D’autres patients de l’Institut sont aussi dotés d’une vision cathémérale (identique de jour comme de nuit). Certains jeunes ont subi plus récemment des interventions pour modifier génétiquement leurs rétines. Ils ont tous un rapport à la nuit totalement différent des personnes « normales ». Ils comparent les propriétés de leurs systèmes visuels et partagent leurs expériences sensorielles inédites. Ils s’échangent des informations sur les lieux à aller voir la nuit. Ils organisent aussi souvent des balades nocturnes collectives pour se retrouver et se sentir plus solidaires. Petit à petit, ils ont formé une sorte de communauté qu’ils ont appelé « les transvisuels », et tout récemment, ils ont commencé à évoquer l’idée d’habiter tous ensemble dans un même secteur de la capitale, voire de réclamer des droits appropriés à leur situation si particulière. Il se sentent exclus et rejetés par la société. Et ils ont du mal à créer des liens sociaux avec ceux qu’ils appellent « les hespéranopes » (des personnes à la vision considérée comme normale mais qui sont pour les transvisuels plutôt des gens incapables de voir lorsque la luminosité diminue à la nuit tombée). Les amis d’Antoine rendent la société et les élus responsables de ce trop-plein de lumières urbaines qui est devenu la norme et qui est uniquement destiné à compenser les manques visuels des hespéranopes, mais qui, par contrecoup, leur rendent à eux, les transvisuels, la vie nocturne au quotidien très difficile. Les transvisuels désirent promouvoir des quartiers sans aucune lumière, adaptés à leurs capacités visuelles et dans lesquels ils pourraient vivre la nuit, tranquillement, en accord et en

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harmonie avec leurs systèmes perceptifs. Ils envisagent même, lors de leurs débats enflammés, de pouvoir élire un maire de quartier représentatif de leur communauté, qui pourrait les comprendre et aménager les espaces publics nocturnes en adéquation avec leurs besoins et leurs usages si particuliers. Antoine a une vision très claire des changements politiques que ses pareils souhaitent et il est devenu très vite et tout naturellement leur porte-parole, car il a une capacité à analyser et à exprimer leurs attentes que peu d’autres possèdent. Bien que solitaire, Antoine a une empathie naturelle avec la plupart des gens qu’il rencontre. Il est très beau garçon, et suscite beaucoup d’attirance chez les jeunes femmes qu’il croise. Mais son centre d’intérêt reste l’optogénétique et le combat qu’il souhaite mener avec ses amis transvisuels. Ils organisent régulièrement des réunions et des débats dans des parcs fermés la nuit qu’ils s’approprient et où personne ne vient les embêter. Pour se donner rendez-vous, ils placardent des flyers codés représentant des paysages colorés, irréels aux yeux de tous les autres, mais qu’ils reconnaissent eux parfaitement. Ils communiquent entre eux via les réseaux sociaux pour s’y retrouver la nuit et prennent plaisir à se rencontrer dans ce qui est pour d’autres des lieux obscurs, générateurs d’angoisses ou de sentiments d’insécurité. Heureusement pour les amis d’Antoine, et malgré les nombreux débats qui avaient eu lieu vers la fin des années 2010 pour ouvrir les parcs parisiens la nuit, ils sont tous restés fermés, sous la pression des biologistes et des écologistes qui réclamaient une protection accrue de la biodiversité nocturne en ville. Mais une fois la nuit tombée, les parcs parisiens deviennent féériques aux yeux des transvisuels. Les couleurs des pelouses, des feuillages et des troncs d’arbres sont complètement différentes de celles du jour. Des violets intenses presque ultraviolets, des verts fluorescents, des oranges iridescents, transforment la vision de la nature en tableaux surréalistes. Les floraisons, qui apparaissent régulièrement et à toutes saisons depuis les changements climatiques, paraissent irréelles dans cette symphonie de couleurs et de radiations qui s’étendent en profondeur dans les parcs. Ces paysages surnaturels, qu’ils sont les seuls à percevoir, les réconcilient avec la vie. L’obscurité que beaucoup craignaient et voulaient chasser des villes est en fait pour Antoine et ses amis, porteuse d’images et de visions fantasmagoriques qui les font vibrer. C’est pour toutes ces raisons qu’ils souhaitent une nuit urbaine différente de celle voulue par les hespéranopes et dont ils pourraient enfin profiter pleinement. De retour à l’Institut le lendemain matin, après avoir marché toute la nuit et réfléchi à un avenir dans lequel elle n’arrive pas à se projeter, Stella découvre, sur la façade, un de ces flyers représentant un paysage aux couleurs complètement surréalistes qu’elle reconnaît instantanément et qui annonce la réunion nocturne d’aujourd’hui. C’est comme si cette image s’adressait directement à elle. Elle sait où se trouve ce parc à Paris et le plus incroyable c’est qu’elle le voit la nuit exactement comme ça. Quel choc ! Elle décide de se rendre au rendez-vous annoncé. Elle arrive au parc tard dans la nuit, accompagnée de Lucifer qui se blottit dans ses jambes et se cache à distance pour observer la scène et les participants. Elle a perdu l’habitude de rencontrer des gens et ne se sent pas très à l’aise en présence de plusieurs personnes. Elle écoute les interventions enflammées sur la nécessité de se regrouper dans des zones obscures protégées et comprend intuitivement que toutes ces personnes, chacune à sa manière, sont comme elle. Ils ont tous des anomalies de la vision et ont besoin d’une obscurité apaisante pour vivre. Elle découvre aussi que la plupart des grandes villes se sont dotées de stratégies urbaines nocturnes appelées « trames noires » et que dans les zones qui y sont définies, l’obscurité est obligatoire et doit être impérativement préservée. Les participants de ce groupe, qui discutent avec passion sous la houlette d’un jeune homme qu’ils appellent Antoine, semblent décidés à réclamer aux élus de la ville une extension de ces

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trames noires et une autre nuit urbaine, plus respectueuse de leur communauté transvisuelle. Ils veulent se fédérer et faire reconnaître les droits de leur minorité, pour pouvoir y habiter. Stella est à la fois très surprise et ravie de découvrir que tant d’autres personnes expriment des attentes et des besoins proches des siens. Mais elle a besoin de temps pour les approcher, les rencontrer et partager avec eux ses propres aspirations. Elle trouve aussi cet Antoine très éloquent, et aussi très séduisant et se demande quelles sont ses modifications et ses capacités visuelles. Cette promenade nocturne dans le parc a profondément changé sa perception du monde et de la société. Elle ne se sent plus seule. Elle regarde le décor féérique qu’offre la nature autour d’elle et se dit que d’autres la voient comme elle ou peut-être même de manière encore plus incroyable. Cette explosion de couleurs, cette symphonie de vibrations visuelles lui apparaissent cette nuit, porteuses d’espoir. Elle contemple le lever de soleil au travers des arbres et apprécie de voir le ciel devenir iridescent, apportant encore plus de couleurs au paysage arboré qui semble s’enflammer face à elle. Quelques nuits plus tard, alors que Stella se promène avec son chat sur la terrasse de Meudon, un endroit qu’elle apprécie particulièrement parce qu’il est à la fois plongé dans une profonde obscurité et qu’il permet aussi de découvrir la ville de Paris en contrebas, elle aperçoit au loin Antoine accoudé sur le parapet en pierre qui entoure l’esplanade plantée. Vu de ce belvédère, Paris s’étend jusqu’à l’horizon et emplit totalement l’espace. Aux yeux de Stella, la ville nocturne est parcourue de milliers de traces luminescentes qui dessinent en temps réel la trame urbaine. C’est un tableau féérique et changeant qui s’offre à elle, éclaboussé de couleurs et qui s’irradie et l’aveugle régulièrement lorsque le phare de la Tour Eiffel intercepte son regard. Elle adore cette sensation d’éblouissement qui la trouble. Plongée dans ses pensées, avec un sourire béat sur les lèvres, elle n’a pas vu qu’Antoine s’est approché d’elle, intrigué par son chat phosphorescent qu’il regarde avec amusement. – Qu’est-ce que tu vois là-bas qui te fait sourire si étrangement ? Lui demande-t-il curieux. – Un somptueux décor nocturne, un tableau impressionniste horizontal et indescriptible qui m’emplit de joie, répond-elle avec une pointe de défi dans la voix. Et toi ? – Tout dépend de la façon dont je règle mon implant oculaire, rétorque-t-il pour l’impressionner aussi. – J’ai toute la nuit devant moi pour écouter toutes tes visions, si elles sont captivantes et merveilleuses. Et c’est ainsi que commença leur histoire. Et qu’à deux, devenus plus forts, ils allaient changer en profondeur les nuits des villes.

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