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Aime, cuisine, écris

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UNIPOP Anniviers

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portrait

Pour avancer dans la vie, France Massy a toujours suivi le chemin que lui indiquait son cœur. Son périple n’a pas toujours été simple, mais il l’a renforcée dans l’idée qu’il faut oser et s’accrocher, car tout est possible. C’est ce message qu’elle désire transmettre aux jeunes d’aujourd’hui.

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Les débuts Adolescente passionnée de lecture mais sans vocation particulière, elle a effectué une formation commerciale à Sion. Mariée jeune à un Grimentzard, elle a ensuite travaillé à l’0ffice du tourisme de Grimentz, qui, à cette époque, tenait aussi lieu de guichet pour une banque et une agence immobilière. Elle a beaucoup apprécié la diversité des activités à assumer et la rencontre avec les gens. À cette période, le restaurant de la Claire Fontaine était à remettre ; on lui a proposé d’en prendre la gérance. Ce qu’elle a fait. Appartenant par sa mère à une famille engagée dans la restauration, elle n’allait pas au-devant de l’inconnu. Elle avait souvent travaillé chez sa tante Irma Revaz-Clivaz, qui tenait la Pension de la Gougra, à Mission. La sœur aînée de sa maman était une excellente cuisinière. Elle connaissait tout de ses clients et s’attachait à toujours leur faire plaisir, appliquant naturellement les idées de César Ritz. Elle choisissait les plats en fonction des clients qui s’étaient annoncés et indiquait quelle confiture était pour quel hôte. Sa sauce aux chanterelles fut, au côté de la tarte aux poireaux de Roland Pierroz, l’un des premiers émois gustatifs de France.

Jeune cheffe bien cotée Quelque temps après, France quitta Grimentz et son mari pour suivre le nouvel homme de sa vie. Avec lui, elle tint le restaurant de la Poste à Montana. C’est là qu’en 1988, le weekend de Pâques, elle se mit aux fourneaux, suite à la défection subite de leur cuisinier. Elle fut cheffe pendant plus de dix ans. Le succès fut vite au rendez-vous. Maman d’une petite fille née avant terme, elle était particulièrement sensible à une alimentation saine. Elle suivit donc des cours de nutrition. Dans sa carte, plutôt petite, elle choisit de mettre en avant les produits de saison. À la fin des années 1980, c’était une nouveauté. Le fait que France soit jeune, femme et autodidacte, l’a poussée sur le devant de la scène. Reconnue dans son travail, elle a obtenu 15 points au Gault&Millau. Malheureusement, la situation familiale se dégrada peu à peu, aboutissant à la séparation du couple fin 1996 et à la faillite de l’entreprise. Cette période, particulièrement éprouvante, a constitué une vraie leçon de vie. France travaillait beaucoup, connaissait le succès, sans pouvoir cependant empêcher la déconfiture financière. Elle mit dix ans à racheter sa faillite. Lors d’un repas pris dans son restaurant, un membre du conseil d’administration du Nouvelliste lui conseilla de composer une page cuisine pour le journal. Relevant le défi, France prépara une page intitulée Santé, nature et gourmandise qu’elle envoya au rédacteur en chef de l’époque, François Dayer. C’est ainsi que s’amorça sa reconversion professionnelle.

Bio express France Massy est la troisième fille de jean-Baptiste et Nelly Massy-Clivaz. Elle a grandi à Vissoie et vit aujourd’hui de l’autre côté du Rhône, à Venthône. Cheffe de cuisine, puis journaliste, elle est la maman de Malika Pellicioli, jeune réalisatrice dont le dernier court métrage a été nominé au Festival de Bruxelles.

Le papa et la fille de France Massy

France est régulièrement membre du jury des grands concours internationaux de vins

Journaliste À 40 ans, France accomplit la formation de journaliste RP. Même si elle écrivait déjà pour le Nouvelliste, il était important d’obtenir un titre professionnel, qui lui donnerait davantage de crédit, surtout auprès de ses collègues. Libre dans ses choix, elle travailla longtemps pour les rubriques Politique locale, Société, Économie, du Valais central. Toucher à différentes thématiques lui apporta beaucoup de plaisir. Heureuse de pratiquer cette activité, France en fait la louange: «Ce métier permet de connaître des gens de tous les milieux et donne lieu à de merveilleuses rencontres.

Il nécessite aussi d’être ouvert à tout.

Autrefois, le travail était plus simple, car les réseaux sociaux, trop souvent déversoirs de rage et de haine, n’existaient pas. Maintenant des gens, qui ne lisent souvent que très superficiellement un article, se permettent de critiquer brutalement son auteur. Alors que le journaliste obéit à une déontologie: il doit vérifier ses sources et en avoir plusieurs pour publier une information.» Depuis début 2019, France travaille à mi-temps pour le Nouvelliste et consacre le reste de son temps à des mandats d’écriture et de communication.

Cuisine et écriture Par ses connaissances de la gastronomie, du vin et du journalisme, France était la personne toute désignée pour être la première rédactrice en chef du Magazine consacré à la Semaine du Goût. Elle a occupé cette fonction pendant quatre ans. Elle fait encore partie du comité valaisan s’occupant de cette manifestation. C’est dans ce cadre-là qu’avec Patricia Lafarge, présidente de la section valaisanne, et Martine jaques-Dufour, elle a lancé le concept des « Bons jeunes », permettant aux moins de vingt-cinq ans de découvrir une grande table pour un prix alléchant. L’idée a connu un tel succès que les autres cantons romands l’ont adoptée par la suite. Les valeurs de convivialité et de plaisir véhiculées par cette manifestation méritent d’être soulignées. La plume de France Massy s’est aussi mise au service des grands chefs valaisans que sont Roland Pierroz (2001) et Didier de Courten (2009), dans l’écriture de deux livres de recettes. Croqu’Valais L’envie de présenter les métiers de la terre et les produits locaux valaisans aux enfants a conduit France à concevoir un projet qu’elle a présenté au chef du Département de l’économie et de la formation. Sur les conseils du chef du service de l’enseignement, le concept a été adapté pour pouvoir être utilisé dans le cadre de cours déjà existants. Le livre Croqu’Valais a ainsi vu le jour, l’an dernier. S’adressant premièrement aux élèves du Cycle d’orientation, il présente des recettes concoctées par quatre grands chefs, un pour chaque saison, autour de produits locaux, comme l’abricot, le bœuf d’Hérens, la tomate, etc. Chaque produit phare est présenté au moyen d’un CV. En parallèle un professionnel parle de son métier : agriculteur, maraîcher, boucher, etc. Des conseils diététiques, des idées de gestes durables ainsi qu’un lexique complètent l’aspect éducatif. Des anecdotes, parfois étonnantes, agrémentent le tout. Dans un esprit de durabilité, le livre a été fabriqué entièrement en Valais avec du matériel suisse, sauf pour le papier, recyclé, qui n’a pas pu être trouvé dans notre pays.

Bonheur Côté sentiment, France Massy est épanouie. Elle est heureuse auprès de son compagnon et relève l’importance que revêt à ses yeux l’amitié. La relation avec sa fille la comble de joie. Elle adore apprendre des choses d’elle. Si la mère a initié la fille aux grands vins, cette dernière lui ouvre la porte du monde des vins « nature ». France fait pleinement confiance à la jeunesse pour dessiner la nouvelle société. Elle insiste sur la nécessité pour chacun de provoquer la chance et de saisir les opportunités. Pour progresser, il faut oser, ne jamais rester à ne rien faire, assumer ses choix et rebondir après ses échecs.

joli programme, que France Massy peut promouvoir, puisqu’elle l’a suivi à la lettre.

Janine Barmaz

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