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Danse des notes, ronde des mots, histoire d’amour
Danse des notes
ronde des mots, histoire d’amour
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Voilà dix ans déjà que le Festival du Toûno a pris son envol, dans un esprit de partage, grâce aux notes, grâce aux mots. Claude, baryton-basse professionnel de son état, souhaitait mieux faire connaître ce milieu aux habitants d’ici en organisant des concerts de musique classique. De plus, des lectures d’ouvrages par des comédiens professionnels et en présence des auteurs sont venus enrichir ces moments de plaisir. La danse des notes, la ronde des mots, épicées de beaucoup d’amour pour ce pays pouvaient commencer.
Claude Darbellay est né à Orsières, il séjourne à St-Luc depuis 1978 grâce à sa compagne, Michèle Courvoisier qui passe ses étés là-haut depuis son enfance. C’est dire si les deux âmes du Festival du Toûno ont développé un amour passionné pour notre coin de terre ! D’ailleurs, pour Claude, se détacher un peu de Ferret où il a si souvent séjourné petit, lui a posé un problème de loyauté envers ses racines. Puis il a compris que le repère de son enfance a contribué à la construction de celui d’ici. Les deux se complètent, se valorisent.
La musique, pour Claude, est une nourriture qui peut rassasier chacun. Elle s’apparente à une langue qu’on peut approcher de diverses manières. Au début du festival, Claude souhaitait partager son amour pour la musique avec les Anniviards, leur montrer que ni l’opéra, ni la littérature ne sont élitistes, quand ils sont expliqués. Mais très vite, ce sont en majorité des vacanciers qui ont accouru aux spectacles proposés. voilée au fil des années. Au départ, Claude avait seulement envie de foncer, l’ébullition des idées ne demandait qu’à éclore. Heureusement, son entourage a aidé à tenir le projet debout. Car mettre sur pied un tel événement à St-Luc, c’était un peu fou, non ? Logique plutôt pense Claude, car c’est bien là qu’il vit en été. L’office du tourisme organisait déjà des concerts de musique classique à l’église depuis longtemps, avec une fréquentation souvent restreinte. Et puis, la sérénité et le bien-être dont Claude affirme bénéficier dans cet environnement, l’ont encouragé à partager son art en retour, à combler un manque peut-être.
Quand cette aventure a commencé, Claude ne s’est pas projeté dans le futur. L’ampleur prise par l’organisation du festival n’était pas prévisible. Aujourd’hui, il est prêt à placer le bébé dans d’autres bonnes mains, à faire confiance, si l’occasion se présente. Il ne ressent plus le besoin d’être au cœur de la manifestation pour que l’histoire continue, mais il y contribuera, c’est sûr. Le festival est entré dans l’âge adulte, il a beaucoup grandi. Pour bien fêter cette dixième édition, Claude souhaite que plus de gens d’ici viennent partager ces beaux moments, que les Anniviards s’y sentent bien accueillis, car aucun désir d’élitisme n’a cours au Festival du Toûno.
Les difficultés qui ont tenu Claude en haleine au cours des années sont liées à l’angoisse du financement : il faut que celui-ci soit bouclé à temps.
Quant aux joies, elles sont considérables : l’apport des bénévoles d’ici et d’ailleurs, si précieux, le grand bonheur de s’immerger une semaine durant entre musique et littérature et de prêter l’oreille aux retours des artistes et des spectateurs.
Michèle Courvoisier connaît donc St-Luc depuis son enfance. Petit déjà, son père passait l’été à Zinal, où il se mêlait à la vie paysanne locale. La famille a fait beaucoup de montagne, René Epiney de Pralong est devenu le guide référant. Michèle a
Michèle Courvoisier et Claude Darbellay
aussi parcouru les sommets avec JeanChristophe Genoud, Michel Zufferey. Puis la construction du chalet à St-Luc en 1978 y a ancré la famille. Michèle ressent Anniviers dans ses gènes : en arrivant à Niouc avec ce panorama de fond de vallée qui aspire le regard, son cœur s’emballe à chaque fois. Et les champignons ! Tous ces coins de forêt emplis de promesses de découvertes délicieuses !
Dès la deuxième année du Festival du Toûno, Michèle s’est attelée à la difficile tâche de recherche de sponsors, puis elle s’est prise au jeu. Elle a monté un comité de lecture, reste toujours à l’affût des nouveautés d’auteurs ou de maisons d’édition, suisses si possible. Elle lit énormément, elle aime fouiller, tant dans les forêts d’Anniviers que dans la littérature. Elle participe à de nombreuses rencontres littéraires, guette les sorties et sollicite des idées tout autour d’elle.
Michèle s’occupe aussi de la logistique, de l’hébergement des artistes à leur nourriture. Pendant le festival, aidée de deux jeunes, chaque jour elle cuisine pour trente à cinquante personnes à la salle communale. Trouver des logements, faire les courses et s’inquiéter que le budget prévu ne soit pas dépassé, tout cela demande une énergie et un enthousiasme hors norme. Dans les moments chauds, Michèle se dit « si fatiguée, irrécupérable ». Mais, en même temps, sa flamme rayonne si fort qu’elle est prête à recommencer, toujours, sans faille.
D’ailleurs Michèle souhaite que le festival poursuive son chemin, qu’il ne s’arrête pas de sitôt, qu’il se structure suffisamment pour perdurer. Elle est reconnaissante de pouvoir vivre ces occasions extraordinaires, d’entendre les retours ébahis des artistes qui viennent en Anniviers pour la première fois et découvrent cet environnement exceptionnel. Un vrai choc pour certains !

Le premier opéra auquel a assisté Michèle enfant, a été La Bohême de Puccini, sa passion pour la musique classique est née là. Alors son vœu le plus cher serait que cet été, tous les spectateurs se prennent d’amour, comme elle, pour La Bohême qui sera jouée à l’église de Vissoie !
Claude et Michèle remercient le comité, les travailleurs de l’ombre, les artistes et tous les bénévoles qui oeuvrent sans relâche pour que, pendant une semaine chaque été, la danse des notes et la ronde des mots poursuivent leur histoire d’amour avec Anniviers, ses habitants et ses vacanciers.

Simone Salamin
www.festival-du-touno.ch
