
8 minute read
Diana d’Anniviers
La faune en héritage
La chasse est une activité de l’homme aussi ancienne que lui, qui a contribué à sa survie. Elle fait dès lors partie de notre culture, de notre identité, de notre patrimoine et de notre histoire. Elle est la base alimentaire de première nécessité jusqu’au moment où l’agriculture et l’élevage ont pris le relais. Puis au Moyen Âge, elle sert surtout de divertissement à la noblesse qui aménage de grandes réserves destinées à assouvir sa passion. Enfin la Révolution française démocratise la chasse dont la dérive par le braconnage conduit à une diminution drastique des effectifs.
Advertisement
Un retour à l’authentique
En découvrant la chasse, l’homme retrouve ses racines et s’immerge dans le passé. Il réapprend à lire dans la nature la flore et la faune. Il expérimente dans la simplicité et l’humilité un autre mode de vie à l’écoute du gibier et communie avec le vrai. Quel plaisir de quitter l’espace de quelques jours les tracas d’une vie trépidante et le confort, pour plonger dans la solitude, la liberté et le plein air. Quel privilège de pouvoir partager des moments inoubliables de convivialité et d’abolition des classes sociales si tant est qu’elles existent en montagne, pour vivre en intimité avec un gibier qu’on aime et qu’on veut voir perdurer. Par ailleurs, accuse-t-on un éleveur de ne pas aimer ses bêtes alors qu’il fait pourtant boucherie le moment venu ?
La passion ne réside pas tant dans celle de tuer du gibier que dans celle: - de parcourir un paysage sans cesse renouvelé - de ressentir le frisson à l’approche d’un chamois aux aguets - de retenir son souffle au bruit causé par les sabots d’un cerf martelant le sol - de vibrer à l’émotion que génèrent la détection d’une bête aux jumelles, la découverte d’une empreinte ou la fuite et la ruse d’un animal.
La chasse n’est en réalité pas faite pour développer des instincts sanguinaires ou pour assouvir des pulsions originelles de brutes. Elle ne se résume pas au plaisir de prélever des animaux sauvages. Elle implique non seulement le devoir de surveiller et de réguler le gibier, d’assurer la santé, l’équilibre et la diversité des espèces mais encore de préserver le cadre de vie et de se comporter en protecteur de la nature.
Pour connaître la chasse et donc pour la juger, il faut l’expérimenter sur le terrain, en apprendre les enjeux. Comme le rappelle Joseph Kessel dans Le lion : « Pour bien tuer les bêtes, il faut les bien connaître. » C’est dans la nature que le nemrod puise ses classiques, pas dans les écrits, les médias ou les expositions.
La chasse est belle par le contexte qui l’entoure; le naturel qu’elle ressuscite, l’amitié qu’elle entretient, l’effort qu’elle comporte, les connaissances qu’elle implique ainsi que la justification qu’elle peut mettre en avant.
Un maillon de la chaîne
Le chasseur est un maillon essentiel de la gestion rationnelle d’un capital mis à sa disposition pour qu’il en fasse un usage modéré et respectueux. Contrairement aux grands prédateurs, le chasseur a conscience de ce qu’il fait, de ce qui est bon ou pas pour la nature, laquelle répond à des règles de fonctionnement que les prédateurs ignorent et ne sauraient dès lors respecter. Il ne se résout à tuer que parce qu’il sait pourquoi il le fait, quel équilibre il assure.
Finalement, il associe la mort à la reprise d’une autre vie, à celle d’un animal plus jeune, plus sain, d’un autre sexe ou d’un autre troupeau. Il sait que sans son intervention dans la nature : - certaines espèces proliféreraient au détriment d’autres espèces - un déséquilibre généralisé serait programmé - des maladies infectieuses décimeraient certaines espèces - la consanguinité finirait par réduire voire anéantir certains effectifs - la forêt verrait ses jeunes pousses être broutées par des hardes de cerfs, de chevreuils ou de sangliers en pleine expansion - les friches progresseraient à un rythme encore plus soutenu qu’actuellement à cause de la déprise agricole menaçant la biodiversité dans l’Arc alpin où l’agriculture est déjà à l’agonie à cause de l’aridité des sols, de la topographie des lieux, du morcellement des terres, des coûts d’exploitation, du peu de rendement ou des manques d’accès - les rares prés fauchables disparaîtraient faute d’entretien par les agriculteurs découragés par les attaques incessantes des prédateurs.
D’autre part, le chasseur a non seulement maintenu une faune sauvage attractive et équilibrée, mais encore réintroduit des espèces qui avaient quasiment disparu en Valais : le cerf réintroduit en 1926 au Val Ferret de provenance de Ulm en
Allemagne, le chevreuil en 1902 à la Fouly de provenance d’Autriche et vers 1920 en Anniviers ou le bouquetin au début du siècle, avec des lâchers sur le canton dès 1961-1962. La nature est un tout. En assurant un équilibre des espèces, le chasseur permet aux fins gourmets de satisfaire leur palais grâce à un gibier sain, à l’agriculteur de préserver une vie pastorale supportable et au randonneur de contempler et de s’émerveiller d’une faune variée et paisible. Des fonctionnaires devraient être engagés pour accomplir la même activité que le chasseur, mais aux frais du contribuable.
Au service de la nature
Après une période de prospérité, de gaspillage et d’urbanisation, la nature a besoin de tout le monde et en particulier des chasseurs pour restaurer certains habitats et pérenniser certaines espèces.
En Anniviers, la Diana a réhabilité des biotopes, créé des champs pour le lièvre et les oiseaux, construit quatre observatoires de la nature et aménagé un musée.
Au service de l’agriculture et de la sylviculture
Chasseurs et agriculteurs ont appris à collaborer dans leurs intérêts réciproques afin de maintenir le gibier dans des proportions acceptables pour tous. Mais le constat reste inquiétant : des espaces boisés et des pâturages sont remplacés par des friches et des ronces. Des remembrements parcellaires ont supprimé des couverts. Des produits phytosanitaires empoisonnent le sol. Des insectes, à la base de ressources alimentaires pour les oiseaux et le petit gibier, disparaissent.
L’extension de la forêt due à l’abandon de pâtures par les animaux domestiques ainsi qu’à l’absence de fauchage, constitue le plus grand danger pour certaines espèces. Dans l’Arc alpin, les pâturages et les prés abritent, en effet, une biodiversité beaucoup plus riche que les forêts et surtout les friches.
La méconnaissance des enjeux
Trop de nos contemporains urbains ont tendance à voir toute la question animale à travers le prisme de leurs animaux de compagnie. La société rurale a perdu pied en ville, perdant progressivement ses racines paysannes. Une nouvelle génération tend à sacraliser la nature qu’elle a souvent abimée chez elle, à humaniser l’animal à l’instar de Disney, à idéaliser la bête qui ne lui a jamais manqué quand elle était absente de son univers
L’incompréhension vient souvent de la méconnaissance de l’autre et des règles de fonctionnement de la nature.
La chasse ôte certes la vie à un animal, mais que dire des comportements violents du prédateur qui saigne sa proie, crève ses yeux avant de la dévorer, plante ses serres, l’étouffe par strangulation, lui arrache des lambeaux de chair, la dépèce à coups de bec, abandonne en cours de partie un nouveau-né à l’agonie pour s’en prendre à un autre. Le prédateur ne saurait être jugé capable de se substituer au chasseur et être jugé digne d’être super protégé par la loi.
Ce n’est assurément pas être un défenseur de l’animal que de vouloir privilégier une fin aussi violente marquée notamment par la souffrance, l’agonie, la maladie, le poison ou le piège qui scelleront le sort du gibier. Qu’on le veuille ou non, la fin la moins cruelle qu’un gibier puisse connaître reste celle de succomber sous un coup de fusil dans le cadre de règles strictes que tout chasseur digne de ce nom doit respecter après une solide formation.
L’adversaire est ailleurs
Trop longtemps chasseurs et protecteurs de la nature se sont regardés en chiens de faïence, victimes de leurs préjugés. Or l’adversaire est ailleurs. Il détruit la nature sans coups de fusil, par petites touches, par son indiscipline et ses excès.
Pour que chacun trouve finalement son compte, qu’on soit disciple de SaintHubert ou écologiste, il faut trouver le meilleur dénominateur commun et favoriser l’alchimie entre des intérêts apparemment contradictoires.
La victoire des uns ne se bâtit pas sur la défaite des autres. Puissent l’exposition du 100e anniversaire de la Diana d’Anniviers et le livret qui est consacré à ce jubilé y contribuer pour l’amélioration d’un cadre de vie que nous voulons toutes et tous préserver.
Programme du 100ème anniversaire
02
EXPOSITION
LA FAUNE EN HÉRITAGE La mise sur pied d’une nouvelle exposition revisitée puisque le thème tourne autour de la faune et de la flore. Cette exposition sera visible à la salle communale à Vissoie du 15 juillet au 30 octobre 2022, soit durant près de quatre mois.
04
FIRONG
GRIMENTZ Le choeur des chasseurs se produira notamment le 29 juillet à Grimentz lors du Firong
06
CONCERT & SOIRÉES SPECTACLES
26 NOVEMBRE & 3 DÉCEMBRE 2022 À 19H Commémoration du 100ème de la Diana et du 50ème du choeur Mixte «La Caecilia» à Vissoie/Anniviers.
08
MUSÉE DE LA FAUNE
CHANDOLIN L’amélioration du musée de la faune situé à Chandolin.
PARUTION D’UN LIVRE
ÉVOLUTION DE LA CHASSE La rédaction d’une brochure d’une centaine de pages permettant aux lecteurs de comprendre l’évolution de la chasse dans notre région. Nous pouvons compter sur l’appui de la majorité des membres de la Diana d’Anniviers.
03
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
ÉVOLUTION DE LA CHASSE L’organisation à Zinal de l’Assemblée générale annuelle de la Fédération valaisanne des sociétés de chasse composée des délégués des 20 Diana et des invités, à savoir plus 200 personnes qui seront accueillies pour un moment de partage et de convivialité qui s’annonce mémorable.
05
MESSE ST-HUBERT
INVITÉ D’HONNEUR L’invitation, comme invité d’honneur, à la messe de Saint-Hubert qui se déroule le 3 novembre 2022 au cœur de Finges.
07
POSTES D’OBSERVATION
REMISE EN ÉTAT La remise en état et la sécurisation des quatre postes d’observation situés en Anniviers.
Simon Epiney