Abigail Erenati - Mémoire de Master

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ERENATI ABIGAIL

ACTION COLLECTIVE ET ARCHITECTURE ÉPHÉMÈRE, UN OUTIL PÉDAGOGIQUE DE LA DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE ?

MÉMOIRE EN ARCHITECTURE - SÉMINAIRE AEDD ENSA PARIS-LA VILLETTE - 2015





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AVANT PROPOS Pour moi le choix de ce sujet de mémoire était primordial. Pour autant, il m’a fallu pas mal de temps pour choisir cette thématique de recherche. Elle n’est pas partie de larges connaissances personnelles. Elle s’est imposée progressivement à moi à travers mon univers familial et les actions du quotidien. En effet, mes parents ont toujours travaillé pour des collectivités locales, ce qui m’a fait baigner depuis ma tendre enfance dans un univers politique et engagé, culturel et solidaire. Ce travail de Mémoire en Architecture est pour moi l’occasion d’émettre un positionnement quant à ma vision sur ma future pratique de cette discipline. J’ai toujours porté un vif intérêt aux projets de groupe. Je les ai toujours considérés comme un moyen de se situer dans son environnement, de le faire vivre et de partager. Le premier exemple pour illustrer cet engagement existe tout simplement au sein de l’ENSAPLV. Mon investissement personnel à la cafétéria autogérée par les étudiants depuis sa (re)création en 2010, est une implication nécessaire et à l’origine de mon épanouissement social dans les études supérieures. C’est un volet de l’Association des Étudiants à but non lucratif. Il s’agit du travail bénévole d’une trentaine d’étudiants en faveur de la vie étudiante. Dès l’obtention des autorisations préfectorales et de l’administration de l’école, nous mettons le projet en œuvre. L’objectif reste de subvenir aux besoins de nos camarades à des tarifs avantageux. Depuis l’ouverture, j’ai été successivement bénévole, présidente-trésorière puis trésorière. L’apprentissage de la gestion du fonctionnement d’un groupe n’est pas une tâche facile, il faut en comprendre la dynamique et savoir l’orienter dans une direction commune qui sera appréciée comme étant la bonne. C’est une expérience gratifiante occasionnant le tissage de liens forts. C’est une véritable famille, unie par des valeurs communes. Le deuxième exemple relève d’une autre association à but non lucratif, plus large, regroupant des étudiants en architecture de la France et du monde entier sur la thématique du réemploi. Dès la première année de licence, je suis interpellée par le festival Bellastock, qui depuis a largement contribué à mon cursus, tant sur l’expérimentation de l’architecture que sur la prise de position critique face à la pédagogie de la discipline.


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AVANT-PROPOS

Que savons nous des enjeux politiques et économiques de la ville après cinq années d’études ? Notre contexte économique et financier influe sur nos sociétés et sur la mutation des villes. Il était important pour moi de comprendre de quelle manière se positionnent tous les acteurs de l’aménagement face à ce qui semble être pour notre génération, une crise de la cohésion sociale sans précédent. Le but avec cette thématique est de montrer que l’organisation citoyenne collective autour d’un projet urbain pour le propre bénéfice des habitants (mode de vie, voisinage, etc.) est possible à l’échelle d’un quartier et peut être un jour à l’échelle d’une ville. Cette prise de conscience de l’importance vitale du facteur social dans l’aménagement architectural et urbain en France a poussé une réflexion vers la prise en main alternative de l’espace public. Ce travail m’a permis de faire un point sur les théories d’urbanisation depuis la période de la reconstruction, de comprendre dans les grandes lignes l’évolution des gouvernances face aux enjeux mondiaux et surtout, d’avoir un aperçu sur la manière dont chaque acteur se situe dans cet environnement et vis-à-vis des pratiques participatives alternatives. « L’Architecture est selon moi un moyen plus fort que tous les autres d’être en contact avec nos contemporains, dans le sens où l’Architecture intervient directement sur le cadre de vie de chacun, en réponse à des questions sociales. Ce métier est une intervention artistique, technique, éthique, philosophique,… qui s’appuie sur la culture existante, l’emploi et le réemploi des matériaux et des techniques les plus modernes pour répondre à de nouveaux besoin et de nouveaux enjeux sociaux » Extrait de ma propre lettre de motivation d’entrée à l’ENSAPLV.


AVANT-PROPOS

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ACTION COLLECTIVE ET ARCHITECTURE ÉPHÉMÈRE, UN OUTIL PÉDAGOGIQUE DE LA DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE ?



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INTRODUCTION Notre société se complexifie. Auparavant perçue comme binaire - à l’image de la lutte des classes - elle se stratifie de plus en plus, rendant son appréhension plus complexe. Depuis la ville industrielle, l’évolution des marchés, des communications, des gouvernances et de la distribution spatiale a favorisé un développement des inégalités plus difficile à résorber. Depuis 2008, on ajoute à tous ces facteurs une crise polycéphale à échelles imbriquées qui amplifie les difficultés sociales. La tension de ces inégalités est aujourd’hui perceptible dans l’aménagement des villes et ce serait sans doute un manquement professionnel, de la part des architectes, de ne pas se saisir de la question. Si l’ensemble des intervenants s’accordent sur le fait de devoir inclure plus d’acteurs afin d’encourager l’accession à la citoyenneté aux populations les plus touchées par les injustices, la complexité du système actuel ne favorise pas cette ambition. Cette dernière se heurte à une disparité entre les savoirs, les « sachants » d’un côté et de l’autre les « profanes », qui ne détiennent pas l’information nécessaire pour participer activement à l’élaboration de la ville. Ces populations, sous la pression de la pensée dominante, on recours à l’action collective pour faire valoir leur existence auprès des élites représentatives.

La réflexion autour de ce mémoire s’est construite par une entrée de terrain à travers l’association Bellastock et le projet Pimp my Descartes. Il s’agit d’un chantier expérimental effectué durant l’été 2014 avec cette association d’architecture expérimentale. Ce projet, basé sur la co-construction et l’action collective, à pour principal outil : l’intervention architecturale dans l’espace public.


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INTRODUCTION

Qu’est-ce que l’Action Collective? Définition « Action », du latin « agere » (agir, faire) et « collectif » du latin « collectivus » (ramassé), la notion d’action collective peut s’exprimer de plusieurs manières : manifestation, grève, mouvements sociaux, révolution. En général, elle concerne « toute action concertée de un ou plusieurs groupes cherchant à faire triompher des fins partagées »1 dans un environnement donné. « Elle associe […] implicitement des termes perçus comme antinomiques : l’individuel et le collectif, la vie privée et la vie publique, les contraintes (assujettissement) et la liberté d’être soi »2. Propre à la sociologie des minorités, des mouvements sociaux et des organisations, elle concerne toutes les formes d’actions organisées et entreprises par un ensemble d’individus en vue d’atteindre des objectifs communs et d’en partager les profits. C’est autour de la question des motivations, des conditions de la coopération, des difficultés relatives à la coordination des membres ainsi que de la problématique de la mobilisation des ressources que se sont historiquement orientés les travaux sur cette notion. La compréhension de cette notion est indissociable de son contexte, la ville. 1/ FILLIEULE Olivier et PECHU Cécile, Lutter Ensemble, les Théories de l’Action Collective. L’Harmattan, Logiques Politiques. 1993. p.9 2/ GIRAUX Claude, Concepts d’une sociologie de l’Action, Introduction raisonnée. L’Harmattan, Logiques Sociales, Série théories sociologiques. 1994. p.22


INTRODUCTION

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Concernant notre sujet, cette action n’est pas forcément politisée, c’est surtout une nouvelle politique de gestion. Les usagers parviennent à exprimer leurs aspirations et à les porter à travers des initiatives locales.

Mouvements sociaux, autour de quoi se regroupe l’action aujourd’hui ? On constate que depuis la Commune de Paris (1871) jusqu’au milieu des années soixante, les « mouvements de masse » et les « mouvements sociaux » sont considérés comme des « phénomènes irrationnels répondant à des frustrations » ou même comme émanant de « foules destructrices »3. Cette perception change à partir des années soixante-dix avec les premières crises mondiales et les grands conflits. Ces « crises » économiques ont globalement poussé l’État à plus de transparence, déclenchant à cette occasion une prise de conscience de la part des citoyens des inégalités sociales. On voit de nouveaux grands thèmes mobilisateurs apparaître ainsi de que des modes d’action nouveaux. L’accès du plus grand nombre aux moyens de communication « entrainent une capacité accrue de la population à s’engager sur le plan politique »4. C’est effectivement autour de valeurs communes et universelles que l’on se retrouve et que l’on défend un point de vue. On espère faire véhiculer des idées à travers les nouveaux modes de communication, afin de toucher des publics plus larges et légitimer les actions. Plusieurs auteurs s’accordent sur le fait que la société n’est plus une société de classe mais une société à stratifications complexes. Les nouveaux mouvements sociaux (NMS) se battent le plus souvent pour des valeurs universelles, quelques fois pour des groupes particuliers. Et donc, les nouvelles mobilisations ne sont plus des conflits et des revendications de classe mais des revendications universelles qui touchent toutes les classes5 - ne signifiant pas pour autant que la lutte des classes n’existe plus, comme certains l’affirment. « Dans la vie politique comme dans la vie de travail, les populations des sociétés industrielles avancées exigent un plus grand degré de participation aux décisions. Ces pays ont atteint un niveau de sécurité économique et 3/ FILLIEULE Olivier et PECHU Cécile, Lutter Ensemble, les Théories de l’Action Collective. L’Harmattan, Logiques Politiques. 1993. 4/ Schweisguth Étienne, Le post-matérialisme revisité : R. Inglehart persiste et signe – In: Revue française de science politique, 47e année, n°5, 1997 – pp. 653-659. 5/ FILLIEULE Olivier et PECHU Cécile, Lutter Ensemble, les Théories de l’Action Collective. L’Harmattan, Logiques Politiques. 1993.


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INTRODUCTION

physique sans précédent. Tandis que les générations passées choisissaient assez volontiers de sacrifier l’autonomie individuelle à la sécurité économique et physique, les membres des sociétés industrielles avancées considèrent ce genre de sécurité comme allant de soi et tendent à mettre au premier plan de leur préoccupation la possibilité d’affirmer librement leur personnalité »6. C’est la « disparition de la classe ouvrière en tant qu’acteur central du mouvement social »7, constat qui cherche sa vérification dans les théories « post-matérialistes » développées par Ronald Inglehart.

Comment ça survit ? « L’absence d’une base sociale solide et bien définie implique que la participation aux nouveaux mouvements sociaux tend à être très fluide, les participants s’engagent et se désengagent en fonction des évolutions du contexte politique et des circonstances. En découlent des contraintes auxquelles les NMS répondent par une structure organisationnelle originale, marquée par le rejet des partis et des syndicats au profit d’organisations décentralisées, à petite échelle, antihiérarchiques et permettant la démocratie directe (Melucci, 1983) »8. Selon Alberto Melucci, pour comprendre la forme de l’action collective, il faut partir de l’origine du conflit pour identifier à quel type de mobilisation nous avons affaire, la nature du mouvement. Effectivement, auparavant la lutte des classes rassemblait autour des différents partis politiques pour faire valoir les revendications à échelle micro et macro nationales. Mais « la plupart des auteurs invoquent les évolutions du capitalisme pour rendre compte de la radicale nouveauté des NSM ». Selon les auteurs, et toujours basé sur les théories de R. Inglehart « l’évolution de nos sociétés développées en serait justement à ce stade du passage des valeurs matérialistes aux valeurs post-matérialistes ». C’est-à-dire que nos valeurs ne se basent plus uniquement sur une nécessité de confort et d’une sécurité financière et matérielle, mais sur des valeurs plus larges concernant la société. Contrairement aux sociétés de classe, les personnes se retrouvent désormais autour d’organisations apolitiques pour faire véhiculer leurs idées. 6/ Schweisguth Étienne, Le post-matérialisme revisité : R. Inglehart persiste et signe – In: Revue française de science politique, 47e année, n°5, 1997 – p. 654. 7/ FILLIEULE Olivier et PECHU Cécile, Lutter Ensemble, les Théories de l’Action Collective. L’Harmattan, Logiques Politiques. 1993. p.121 8/ FILLIEULE Olivier et PECHU Cécile, Lutter Ensemble, les Théories de l’Action Collective. L’Harmattan, Logiques Politiques. 1993. p.133


INTRODUCTION

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« Dès lors, l’action directe, de rue, devient un mode privilégié d’expression et de revendication puisque la cible est moins un État avec lequel on refuse de collaborer qu’une opinion à convaincre ». C’est donc effectivement la forte utilisation des médias et aujourd’hui des réseaux sociaux qui viabilise le déploiement de ces idées pour une reconnaissance de l’opinion. Bien que les NMS se soient désolidarisés des partis politiques, il n’en reste pas moins que le message qu’ils portent est politisé pour être identifié par l’opinion comme porteur de valeurs. C’est pourquoi ces mouvements ne fonctionnement pas totalement en marge des actions politiques, ils en sont encore extrêmement dépendants pour leur survie La capacité des mouvements sociaux à subsister dépend de leur analyse de l’environnement et principalement de cet environnement politique afin de bénéficier des opportunités qu’il offre9. Ils ont besoin d’un portage politique. Il est important pour ces groupes d’action d’interagir avec les autres mouvements contestataires similaires afin d’entretenir un réseau en latence plus large, qui peut être activé si besoin, face à des stratégies plus vastes.

Au regard de cette définition, nous formulons la problématique suivante : en quoi les interventions architecturales dans l’espace public peuvent-elles être un outil pédagogique populaire favorisant l’élargissement du cercle d’acteurs de la démocratie participative ?

Plan du mémoire Dans un premier chapitre, nous nous attacherons dans un premier volet à donner un bref aperçu du contexte de l’action collective depuis la reconstruction d’après guerre et les prémices de la régionalisation, jusqu’à aujourd’hui. Cette période concentre des changements de gouvernance ayant des impacts cruciaux sur la place des villes françaises (et européennes) à l’échelle mondiale. Cette nouvelle position va voir apparaître de nombreux nouveaux acteurs de la sphère marchande dans les sphères décisionnelles, et nous verrons en quoi il s’agit d’un facteur d’exclusion majeur au sein des villes. Puis, dans un deuxième volet, nous verrons quels moyens sont mis en oeuvre pour pallier les inégalités apparues avec les nouvelles gouvernances et l’essor 9/ FILLIEULE Olivier et PECHU Cécile, Lutter Ensemble, les Théories de l’Action Collective. L’Harmattan, Logiques Politiques. 1993. p.171


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INTRODUCTION

du capitalisme. Ces moyens passent par la mise en place de processus-projets ouverts à des cercles plus larges d’acteurs citoyens, pour une mise en place de méthodes de participation et un renouveau de la citoyenneté. Dans un deuxième chapitre, nous nous pencherons alors sur l’étude de cas basée sur l’élaboration du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes et sur sa mise en œuvre. L’objectif de cette étude de terrain étant d’observer et d’analyser les relations entre les acteurs du projet, et l’articulation de l’action collective avec les institutions représentatives. Deux méthodes d’approche ont été employées pour cette étude : - L’observation participante : Dans un premier temps, l’immersion dans le projet c’est faite par une observation participante, lors du chantier d’été organisé par l’association Bellastock sur le campus de la Cité Descartes : «Summer Bellastock – Pimp my Descartes». - L’observation neutre : Dans un second temps, l’analyse du jeu d’acteurs passe par la réalisation d’entretiens semi directifs, réalisés en face à face et retranscrits intégralement afin de rapporter à la fois la formulation des points de vue et le fil de pensée de chacun. Enfin, la production d’organigrammes par les acteurs même du projet lors de chaque entretien a permis de comprendre la position de chacun et l’importance donnée à tous les collaborateurs et autres acteurs du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes. L’étude se déroule ainsi en trois étapes. Dans la première, nous retraçons brièvement l’historique de l’urbanisation du territoire du projet (développement, économie et sociologie), ses principaux enjeux et stratégies de développement actuels pour comprendre, dans un deuxième temps les objectifs du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes, et dans un troisième temps l’analyse des jeux d’acteurs. Dans un troisième chapitre, il s’agit de réouvrir le sujet en procédant à une synthèse des lectures et de faire un bref bilan sur les processus de participation, de constater leur limites et de faire des hypothèses sur la dimension pédagogique que peuvent apporter les nouvelles pratiques de l’architecture aux processus participatifs.


INTRODUCTION

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Hypothèses Nous allons alors formuler plusieurs hypothèses. D’une part l’idée que les collectifs d’architectes sont des formes d’actions collectives impliqués dans la lutte urbaine ; D’autre part que l’intervention architecturale éphémère est un dispositif qui peut encourager les pratiques participatives démocratiques et donc, que l’architecture éphémère est un outils politique d’aménagement des villes ; En enfin que l’architecte des collectifs peut être le point de convergence des dynamiques de bottom up et de top down dans les démocraties participatives et les processus-projets.


Table des matières Avant-propos 5 Introduction 11

Qu’est-ce que l’Action Collective? 12 Définition Mouvements sociaux, autour de quoi se regroupe l’action aujourd’hui ? Comment ça survit ? Plan du mémoire Hypothèses

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Chapitre I – L’action collective dans la crise – les mutations de société 23 A – L’évolution de l’aménagement du territoire dans une société en « crise » 25 1 - De la reconstruction planifiée et égalitaire à la compétition internationale des métropoles 25 a - Un changement d’échelles de gouvernance 26 b - Le côté « pile » du projet urbain 28 2 - Les déséquilibres du projet, l’ouverture de la brèche 30 a - Capitalisme et gentrification - l’accentuation d’un clivage social 31 b - Crise sociale – un impact sur les manières de façonner la ville 33

B – Penser une élaboration collective de la ville

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Le modèle de « l’empowerment » Le modèle de la « démocratie participative »

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1 - Les dispositifs de mise en place de l’Action Collective 35 a - Les origines de la participation 35 b - Les méthodes de mise en œuvre 39 2 - Les retours sur la méthode 41 a - Objectifs et constats, les réticences face à la « démocratie de la démocratie » 41 b - Les méthodes participatives de mise en avant des laissé pour compte 44

Conclusion 47


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Chapitre II – «Pimp my Descartes», un projet de microurbanisme en Ville Nouvelle A – Les Villes Nouvelles confrontées à l’évolution de l’aménagement

1 - Le rendez-vous manqué des villes nouvelles : quels retours sur les « laboratoires d’urbanisme et architecture » ? a – Développement et constats b – L’enjeu de l’associatif et de l’animation urbaine en ville nouvelle c – Marne-la-Vallée Une idée prometteuse mais des débuts difficiles La relance d’«un bel espoir qui tourne à la faillite»

2 - Les pôles de compétitivité, un deuxième souffle pour les stratégies économiques des territoires : la Cité Descartes, le cœur du Cluster Ville Durable a – Marne-la-Vallée et la Cité Descartes, quel bilan ? b – Les nouveaux objectifs du territoire : le Grand Paris, catalyseur d’énergies

51 54 54 55 59 61 63 64

67 67 73

B – Des ajustements nécessaires : le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes 79 1 - Les origines du projet – Qui ? Pourquoi maintenant? Comment ? a - L’étude du DSA b - Les acteurs du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes

79 79 83

A l’origine Les nouveaux acteurs

83 85

2 - Développement et concrétisation : définition du projet, de ses étapes. a - Un projet issu d’une démarche incrémentaliste

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Un projet qui évolue et qui s’adapte Description du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes

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b - Gouvernance du projet

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C – La mise en œuvre du Plan d’Action, l’articulation de l’action collective 95 1 - Rapports entre acteurs, stratégies divergentes Organigrammes

2 - L’impact sur le processus projet a - Les acteurs, rapports et position b - Bilan

Conclusion

95 95

101 101 110

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TABLE DES MATIÈRES

Chapitre III – L’action collective, une méthode à considérer et à consolider A – L’action collective, génératrice de dispositifs urbains

Collectifs d’architecture, « collectif » pour « action collective » ? Qu’est-ce que l’architecture éphémère ? 1 - L’engagement des collectifs d’architectes face à la profession et face aux acteurs de l’aménagement 2 - Une démocratisation culturelle de la profession 3 - Pourquoi l’espace public ? a - Une scène d’intervention historique b - Quel avenir pour l’espace public de la société contemporaine ?

B – Participation, repenser un nouvel ordre de la chaîne de décision ?

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1 - Une parenthèse historique ? 128 a - Face aux collectivités locales 129 b - Face à la conjoncture économique 129 c - Face à un enjeu sociétal 130 d - Face à des enjeux mondiaux 130 2 - L’articulation de l’action collective avec les politiques publiques 131 a - La participation, quel bilan ? 131 b - Vers de nouvelle forme de participation. Quelle méthode envisageable ? 134

CONCLUSION - OUVERTURE

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BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES

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TABLE DES MATIÈRES

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Chapitre I L’action collective dans la crise – les mutations de société


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CHAPITRE 1


L’ACTION COLLECTIVE DANS LA CRISE - LES MUTATIONS DE SOCIÉTÉ

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Dans ce premier chapitre, qui constitue le cadre théorique de cette étude, nous allons mettre en lumière les notions et phénomènes qui mobilisent des acteurs autour de l’action collective aujourd’hui. Quelles sont les problématiques sociales, politiques et économiques qui nécessitent leur prise de position ? Cette partie s’articule en deux volets. Le premier retrace les bouleversements économiques et financiers à l’échelle mondiale, les changements que cela a généré à l’échelle nationale pour finalement impacter de plein fouet l’échelle locale. Le deuxième volet montre alors les formes de mobilisation locales qui ne tentent plus de contrer les stratégies globales et les tendances néolibérales dominantes, mais qui tentent de réengager des processus d’accession à la citoyenneté à travers la participation. Nous verrons alors les difficultés rencontrées par ces groupes, principalement face aux institution représentatives.

A – L’évolution de l’aménagement du territoire dans une société en « crise » Ce volet amorce l’étude générale d’un contexte économique mondial de crise, qui aidera à comprendre dans quel environnement s’imbriquent les stratégies du cas d’étude.

1 - De la reconstruction planifiée et égalitaire à la compétition internationale des métropoles Nous allons donc développer de manière succincte l’évolution des problématiques nées de la première mutation du capitalisme : la


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CHAPITRE 1

décentralisation, le changement des échelles de gouvernance et l’effacement de l’État-providence face à la montée en puissance des villes.

a - Un changement d’échelles de gouvernance Les dégâts causés par la deuxième Guerre Mondiale et les problématiques qui ont suivi – crise du logement et exode rural – ont occasionné la mise en place de « politiques systématiques d’aménagement de l’espace urbain »1 en France. La période de reconstruction d’après-guerre fut menée par l’État, principalement de manière à répondre au déficit criant de logements dans les grandes villes françaises, et marque également la prise de conscience du déséquilibre entre les régions dans un contexte de relance économique. C’est majoritairement l’Etat-providnce qui prend en main les « politiques économiques et urbanistiques des villes »2. Lorsque l’État central planifie l’aménagement national en fonction de ses secteurs de production, la mise en place d’infrastructures sur l’ensemble du territoire a pour visée la connexion de ces zones afin d’assurer une redistribution des ressources dans une vision égalitaire de traitement des citoyens. L’urbanisme de plan orchestré par l’État après la guerre, les aménagements gigantesques, presque sans échelle, l’organisation de l’espace urbain orchestré de manière plus globale, donnant naissance au « zoning », ont progressivement vidé l’espace public et la vie sociale qui l’anime. Bien que l’intention de départ vise l’utopie urbaine et l’égalité, le résultat est traumatique pour la société française. Une fois cette mission accomplie, le rôle de l’État dans les planifications nationales devient moins pertinent. La gestion keynésienne dominante jusqu’ici, pallie le risque d’être débordée en choisissant de procéder au changement d’échelle des stratégies face aux besoins multipliés des projets locaux. Les prémisses de la décentralisation voient le jour, le relais de l’aménagement stratégique est passé aux régions. Dès mars 1964, les pouvoirs décisionnels sont délégués aux préfets de régions par décret, afin de déconcentrer les fonctions administratives de l’État (régionalisation). Cela donne aux régions et aux départements une nouvelle autonomie financière qui permet, au regard d’autres pays européens, de dynamiser individuellement leur croissance. Ce processus de développement 1/ BIDOU-ZACHARIASEN Catherine, Les rigidités de la ville fordiste, réflexion sur la genèse des disfonctionnements dans les banlieues françaises. Espace et Sociétés n°82-83. 1995 2/ PINSON Gilles, Gouverner la Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes, SciencePo Les Presses. 2009


L’ACTION COLLECTIVE DANS LA CRISE - LES MUTATIONS DE SOCIÉTÉ

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du territoire reste contrôlé par l’État dans sa stratégie globale car les objectifs restent tout de même nationaux : la compétitivité face à l’Europe et à l’International et l’attractivité des territoires pour les marchés économiques. Le changement d’échelle de la planification urbaine favorise naturellement une approche plus locale de l’urbanisme et de l’aménagement. Il s’agit désormais pour chaque ville de mettre en avant son attractivité, de fabriquer et pérenniser son développement et son économie. C’est une compétition d’attractivité nationale puis internationale qui s’engage. Les enjeux de l’aménagement s’articulent autour de deux temporalités, l’une durable des villes qui consiste à mettre en place un dynamisme économique et une attractivité pour les « classes sociales les plus valorisées dans le capitalisme globalisé »3, l’autre supposée à plus court terme qui a pour but d’attirer les entreprises, les investisseurs du territoire – des partenaires financiers de développement. Gilles Pinson explique que cette compétitivité territoriale pousse les villes à se mettre « en concurrence entre elles », et qu’elles ont été « amenées à élaborer des projets à des fins de communication externe et de mobilisation interne »4. C’est une manière de mettre les potentiels du territoire en lumière et de mobiliser les acteurs à toute échelle. La ville devient une entité collective propre où chaque acteur est appelé à collaborer dans la direction d’une stratégie commune au bénéfice de tous. P. Le Galès et G. Pinson apparentent ces démarches à un « marketing » de régions et de villes accompagnant la globalisation et la mutation du capitalisme qui résulte de celle-ci. Ces évolutions de gouvernance amorcent dans leurs sillages de nouveaux processus d’aménagement du territoire. Gilles Pinson explique dans son ouvrage Gouverner la Ville par le Projet, le changement de terminologie entre le « plan d’aménagement » et le « projet ». D’un côté, le plan est comme la mise en œuvre d’une prévision du territoire à vocation égalitaire ; de l’autre, le projet comme porteur d’identité et produit de l’action collective, implique de nouveaux modes de transmission de valeurs sociétales. Le projet se veut plus flexible dans sa démarche : on en fixe les objectifs de manière collaborative entre acteurs, et chaque étape du processus permet un bilan et une réévaluation de la démarche vers le but commun, intégrant ainsi la notion d’incrémentalisme à sa mise en œuvre. La globalisation et la décentralisation ont placé les grandes villes dans un mode de gestion plus proche de la « polis » grecque, leur conférant une plus grande autonomie. Les préoccupations étatiques de l’intérêt général se recentrent sur un intérêt 3/ PINSON Gilles, Gouverner la SciencePo Les Presses. 2009. 4/ PINSON Gilles, Gouverner la SciencePo Les Presses. 2009.

Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes, p.404 Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes, p.19


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CHAPITRE 1

général local. C’est à cette échelle que peuvent se manifester un certain nombre de nouveaux acteurs, dont la mobilisation plus large dynamise les projets et les pérennise. Dans cette nouvelle approche de l’aménagement des villes, on peut déjà constater à ce stade que la vision égalitaire de la planification de l’État s’efface face au besoin des villes d’assurer leur survie économique. Dès lors, elles s’orientent vers les marchés pour y parvenir. Quels sont les problèmes occasionnés à l’échelle locale par cette recherche de prospérité ?

b - Le côté « pile » du projet urbain « Si les projets font des villes des acteurs collectifs de plus en plus capables d’agir de manière cohésive et de se positionner vis-à-vis de leur environnement, ils en font aussi des espaces politiques de plus en plus polarisés entre ‘‘impliqués’’ et ‘‘exclus’’ de la mobilisation territoriale. »5 . Pour entretenir leur compétitivité, leur image de marque et pour attirer les investisseurs, les villes redeviennent des lieux de pouvoir, assurant la gestion de leur économie. On constate que les délégations de l’État et les nouveaux niveaux de gouvernance donnent de plus en plus de responsabilités à l’échelle des villes. Ces dernières traitent un panel d’interventions de plus en plus large. Ce qui conduit également à avouer leur incapacité face aux besoins intimes des populations, aux échelles locales et micro-locales. Les villes ont un rôle de coordination entre les systèmes d’acteurs afin d’entretenir à la fois une compétitivité territoriale et une dynamique locale, ce avec de moins en moins de financements publics. Elles cherchent alors à attirer des populations dynamiques, des classes moyennes et supérieures, en rivalité nationale. Dans cette optique de marketing, elles rénovent leur centre ville et favorisent l’accès à de nouveaux services urbains. « Comme l’indique Le Galès, l’importance de coordination de ces ensembles complexes semble redonner un rôle primordial aux élites urbaines. Les gouvernements urbains sont de plus en plus occupés à rechercher des formes de gouvernance nouvelles permettant d’institutionnaliser l’action collective, 5/ PINSON Gilles, Gouverner la Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes, SciencePo Les Presses. 2009. p.34


L’ACTION COLLECTIVE DANS LA CRISE - LES MUTATIONS DE SOCIÉTÉ

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à élaborer des stratégies permettant la mobilisation des groupes sociaux porteurs de ressources »6. Les crises financière et économique qui ont commencées en 2008, semblent focaliser les gouvernements urbains sur des préoccupations principalement financières et moins sociales. L’action collective est pour eux, basée sur un modèle « managérial », orientée vers les acteurs économiques du territoire, et donc, l’élite urbaine de la sphère marchande qui ont les moyens financiers d’investir sur les territoires. Dans ses ouvrages, Patrick Le Galès soutient que les politiques publiques permettent de renouveler les transformations de la démocratie, en fonction notamment de l’évolution des méthodes, de l’activation de nouveaux acteurs qui eux mêmes mettent en lumière de nouvelles situations – problèmes – à traiter et du nouvel ensemble des personnes concernées. Mais de quels acteurs parle-t-on clairement ? Cette question fait écho aux nouveaux procédés de gouvernance et de gestion de la société. Le changement de l’échelle démocratique induit un changement d’appellation des stratégies locales : on passe de la notion de « politiques publiques » à « action publique ». C’est un changement de terme dû à la démultiplication du nombre d’acteurs et de leur provenance – publics ou privés – mais également de l’organisation de la collaboration entre eux : l’articulation du réseau d’acteurs.7 Gilles Pinson définit l’action publique comme « l’ensemble des dispositifs permettant –selon des modalités qui peuvent varier dans le temps et dans l’espace – de mobiliser des acteurs et des ressources, de coordonner et de mettre en cohérence des interventions diverses afin d’atteindre des buts collectivement définis »8. L’action publique c’est aussi de comprendre à quels problèmes on veut répondre, c’est à dire hiérarchiser et coordonner les projets qui serviront le « mieux » l’intérêt général. Par conséquent, il y a également un certain nombre de projets laissés pour compte. Patrick Le Galès soutient que l’apparition de certains acteurs (sphère marchande, acteurs privés, publics ou la société civile) est la source de nouveaux problèmes démocratiques et de marginalisation de 6/ PINSON Gilles, Gouverner la Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes, SciencePo Les Presses. 2009. p.404 7/ LASCOUMES P. et LE GALÈS P., Sociologie de l’Action Publique, 2è édition, sous la direction de François le Singly. Éditions Armand Colin, Série Domaines et Approches des Sciences Sociales. Paris 2012 pour cette 2è édition. 8/ PINSON Gilles, Gouverner la Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes, SciencePo Les Presses. 2009. p.30-31


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groupes sociaux. Idée que l’on constate effectivement à travers le contexte économique et les processus mis en place par les grandes villes pour attirer le capital, excluant les populations des couches populaires des cercles de décision, constatation que confirme Gilles Pinson : « On assiste aujourd’hui à une nouvelle clôture des agendas urbains autour des enjeux de développement économique, d’attractivité, de compétitivité et de qualité du cadre de vie. Cette clôture empêche aujourd’hui à de nouveaux groupes d’intégrer le cercle de ceux qui pèsent sur les politiques urbaines. Ce cercle tend à se refermer autour des acteurs précités : grands élus, hauts fonctionnaires, encadrement des agences et des structures techniques, représentants des groupes sociaux et professionnels porteurs de ressources »9. « Quelle est la structure du pouvoir local ? […] Comment peut-on qualifier la structure du pouvoir dans les villes européennes : élitiste, oligarchique, pluraliste ? »10. Quels sont les phénomènes qui apparaissent dès le relai de gouvernance entre l’État et les villes ? La tendance néolibérale de planification des villes voit de nombreux déséquilibres se profiler à l’horizon. Certains sont signalés par de nombreux sociologues, géographes, architectes et urbaniste. Nous proposons d’en donner un bref aperçu.

2 - Les déséquilibres du projet, l’ouverture de la brèche Le changement de niveau de gouvernances, leur multiplicité, l’augmentation du « nombre d’acteurs, de groupes et d’organisation capables de faire valoir leurs intérêts et leurs ressources dans la fabrique des politiques urbaines, […] n’a pas donné lieu à une ouverture des processus de décision au plus grand nombre »11. La démocratie locale ne s’est pas vue améliorée. Le terme de « métropolisation », de plus en plus utilisé dénote bien cette position infléchie des villes face à la tendance néolibéraliste dominante. Quelles sont les conséquences de ces changements progressifs de gouvernance additionnés aux changements du capitalisme ? Quels sont leurs impacts sur les villes, sur leur aménagement et sur les différent groupes sociaux ? 9/ PINSON Gilles, Gouverner la Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes, SciencePo Les Presses. 2009. p.406 10/ PINSON Gilles, Gouverner la Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes, SciencePo Les Presses. 2009. p.405 11/ PINSON Gilles, Gouverner la Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes, SciencePo Les Presses. 2009. p.405


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a - Capitalisme et gentrification - l’accentuation d’un clivage social Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le passage d’une gestion keynésienne de l’aménagement du territoire métropolitain à des gouvernances plus locales n’a pas ouvert la voie à une démocratisation de la participation. Cette logique de compétitivité territoriale va au contraire, accentuer les clivages. Les formes d’action collective et de luttes urbaines sont une incarnation d’une lutte des classes qui s’exprime à travers le projet urbain, entre « groupes sociospatiaux »12. Le marketing urbain a laissé place à la gentrification des grandes villes. Selon le travail de Catherine Bidou-Zachariasen et Jean-Yves Authier, la notion de gentrification est évoquée pour la première fois au début des années 1960 par la géographie anglaise Ruth Glass. Ce terme désigne « le processus à travers lequel les ménages appartenant aux couches moyennes et supérieures s’installent dans des vieux quartiers populaires situés en centreville, réhabilitent l’habitat vétuste et dégradé et remplacent progressivement les anciens habitants ». Ce terme a d’autres notions pour synonymes, tels que la « revitalisation » des centres urbains, ou « l’élitisation » des villes. C’est une forme « d’embourgeoisement » de ces quartiers populaires, qui passe par la transformation matérielle de l’espace et du bâti13. Même si plusieurs auteurs sont en désaccord concernant l’ensemble des aspects que cette notion peut regrouper14, l’utilisation de cette notion et de ses extensions permet de « saisir les différentes facettes de l’élitisation des villes »15. Dans le travail de Anne Clerval, l’espace détient une place primordiale dans les rapports de classe. La transformation de ces espaces est donc orchestrée par différents acteurs, ayant chacun des visées différentes. À nouveau, la notion de « métropolisation », qui s’organise donc autour des grandes villes nationales – qui sont au nombre de treize en France à l’horizon 2016 – indique la concentration stratégique des activités tertiaires, basées sur la finance, la recherche et la science autour des grandes villes. On voit alors dans ces villes, l’arrivée de populations hautement qualifiées, visées par ces emplois tertiaires. La spéculation immobilière et l’augmentation des loyers qui 12/ KESTELOOT Christian, « Urban Socio-spatial Configurations ans the Future of European Cities », dans Yuri Kazepov (ed.), Cities of Europe, op. cit., p.123-148. IN : PINSON Gilles, Gouverner la Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes, SciencePo Les Presses. 2009. p.406 13/ CLERVAL Anne, La « gentrification » : une lutte de classes dans l’espace urbain ? Conférence, Séminaire « Marx au XXIe siècle. 12 novembre 2011 14/ Référence à Alain Bourdin et son ouvrage « Gentrification : un «concept» à déconstruire » 15/ BIDOU-ZACHARIASEN Catherine, AUTHIER Jean-Yves, « Éditorial » La question de la gentrification urbaine. Espaces et sociétés n°132-133. 2008/01 pp.13-21


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survient depuis un peu plus d’une quinzaine d’années dénote également une sélection résidentielle des populations en centre ville. La métropolisation est un phénomène qui répond d’une part, à ses origines, des stratégies politiques de décentralisation industrielle, et d’autre part, aux besoins du capitalisme et des grandes entreprises multinationales. Elle incarne la forme néolibérale de l’économie qui favorise la libre circulation des capitaux. Anne Cleval souligne, à travers les théories de David Harvey, que le capitalisme utilise l’espace et l’investissement immobilier pour « l’immobilisation du capital en circulation ». C’est à dire la possibilité d’investir à l’endroit où le rendement est meilleur, n’importe où dans le monde, à travers : l’achat immobilier, les investissements immobiliers, les opérations avec des établissements financiers, et des investissements directs à l’étranger16. C’est pourquoi les finances internationales investissent de plus en plus dans les villes, qui sont « un lieu fixe de rentabilisation de capital »17. Ces processus de restructuration des villes sont donc encouragés par le marketing urbain lié à l’attraction des élites dans les centres. Ces élites sont désignées comme une nouvelle « petite bourgeoise intellectuelle », appelée « petite bourgeoisie nouvelle » par Pierre Bourdieu18, et sont donc le produit du capitalisme néolibéral. Les couches populaires présentes jusqu’alors dans ces quartiers se retrouvent repoussées au-delà des limites de la ville, en périphérie, de plus en plus éloignées des services et de l’offre d’emplois.

« D’un point de vue bureaucratique et utilitariste, l’expansion urbaine s’accommode très bien, à court terme, de la ghettoïsation des bidonvilles expulsés des centres. En revanche, une réflexion participative permet de voir que cette option se traduira in fine par le financement public coûteux d’infrastructures en périphéries et, pour ceux qui perdront leurs réseaux professionnels et sociaux, par une lutte quotidienne contre les distances… »19. 16/ Précision récoltée sur le site de la Commission Européenne, banque et finance - http://ec.europa.eu/ finance/capital/overview_fr.htm#what - consulté le 14/02/15 17/ CLERVAL Anne, La « gentrification » : une lutte de classes dans l’espace urbain ? Conférence, Séminaire « Marx au XXIe siècle ». 12 novembre 2011 18/ La première expression empruntée à Jean-Pierre Garnier et Anne Clerval, In : Conférence De la lutte en milieu urbain. Quelles stratégies pour la conquête du «Droit à la ville » ? 16 Novembre 2013, CNT-F. La deuxième expression est, elle, empruntée à Pierre Bourdieu dans la Distinction. Critique sociale du jugement 19/ ALLEGRETTI Giovanni, Les défis de la démocratie participative, Une refondation politique et culturelle. Supplément au Monde Diplomatique. Octobre 2011. Chercheur au Centre d’études sociales (CES) de l’université de Coimbra (Portugal), professeur à l’Université de Florence depuis 2001.


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Ces couches populaires viennent s’ajouter à celles qui sont d’ores et déjà en périphérie d’agglomération, et qui rencontrent déjà les problèmes dûs à l’éloignement et la concentration de groupes en difficulté.

b - Crise sociale – un impact sur les manières de façonner la ville Les métropoles de demain sont les nouveaux moteurs économiques nationaux. Elles semblent pourtant oublier qu’elles sont confrontées à un double enjeu. Si leurs gouvernances semblent happées dans la spirale économique, la question sociale n’a jamais été aussi centrale aujourd’hui. Les groupes sociaux populaires repoussés en périphérie depuis les prémices de la métropolisation, sont en difficulté économique à la fin des Trente Glorieuses, et laissés sur le banc de touche. La politique de la Ville et du développement social urbain est développée par l’Etat – à travers la création d’un ministère de la Ville dès 1990 – et est mise en œuvre par les collectivités territoriales pour pallier les complications sociales qui émergent à la suite de ces difficultés économiques. Elle a pour objectifs plus de diversité de l’habitat et plus de mixité sociale pour la lutte contre les phénomènes d’exclusion dans l’espace urbain . Elle doit également favoriser l’insertion professionnelle, sociale et culturelle des populations habitant dans des grands ensembles ou des quartiers d’habitat dégradé. Les schémas de rénovation mis en place, conçus par des spécialistes tentent d’humaniser, d’urbaniser l’habitat et le territoire en y associant de plus en plus les populations en place. Après quarante années de mobilisation et des milliards investis sur le bâti et l’organisation urbaine, les inégalités persistent. Ajoutée aux mutations du capitalisme, la tendance prévoit même une accentuation de ces inégalités. « De plus en plus, les choix effectués dans les politiques urbaines le sont dans des cénacles élitaires bipartisans et dans le cadre de transactions qui échappent au regard du grand public. Ces choix consistent le plus souvent, […] à privilégier des stratégies de croissance et d’intensification des dynamiques de valorisation foncières et immobilières qui ne sont pas sans incidences sur le sort des groupes sociaux les plus fragiles »20. Comme l’affirment Didier Lapeyronnie et Michel Kokoreff, dans un de leur dernier ouvrage Refaire la Cité, les tensions qui apparaissent dans les couches sociales populaires sont dues à un échec politique à plusieurs niveau. 20/ PINSON Gilles, Gouverner la Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes, SciencePo Les Presses. 2009. p.406


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C’est principalement l’échec politique économique qui frappe les groupes populaires, placés au second plan de la métropolisation les mettant face à des difficultés d’accès à l’emploi. Ensuite, on peut constater un échec des politiques sociales de l’État, et de gestion du parc immobilier social, qui concentre des populations en difficulté aux mêmes endroits géographiques. L’échec scolaire et le taux de chômage (deux fois plus que la moyenne) y sont plus importants et compliquent leur insertion sociale. L’impuissance de ces populations face à la démocratie représentative placent les émeutes comme moyen d’expression - par ailleurs spécifique à la France. Ces phénomènes urbains, qui surviennent par cycles, sont portés par des individus qui ont l’impression de ne pas avoir accès aux systèmes de représentation, qui sont finalement exclus du contrat social. Au lieu d’être considérés comme des acteurs, ils sont considérés comme des problèmes, ce qui accroit le phénomène de stigmatisation. La ville et ses acteurs procèdent à une « éviction des acteurs dérogeant au consensus élitaire, ceux que Guy Hermet qualifie «d’acteurs dysfonctionnels non cooptés» »21. Le projet urbain mène-t-il à la gentrification ? Comment mobiliser les populations qui se sentent exclues de toute prise de décisions, et ce autrement que par le soulèvement urbain ? Comment faire pour que les groupes les plus fragiles ne soient pas évincés de la ville par le projet ? Et si, comme nous l’avons mentionné plus haut, les villes sont tournées vers l’extérieur et l’économique, qu’en est-il du contrat social ? Les populations locales trouvent justement de nouveaux moyens de mobilisation pour exprimer et défendre leur intérêt. Ainsi, notre époque est très largement marquée par un regain de vigueur de l’action collective. Selon Gilles Pinson, l’action collective est le reflet d’un besoin de reconnaissance des besoins d’un groupe. Et ce sont ces besoins qui deviennent un mode d’action. L’action collective est selon lui utilisée comme outil des gouvernances dans le sens où l’on reconnaît la multiplication des identités des acteurs dans le projet et on utilise ces pluralités pour enrichir le projet en vue de sa durabilité. Cette ville en compétition, au risque de se voir déchirée par les clivages sociaux, se doit de redéfinir les acteurs de l’action collective. Parmi les nouvelles formes de gouvernance, la notion de participation citoyenne est de plus en plus mise en avant dans les processus décisionnels et dans l’optique 21/ PINSON Gilles, Gouverner la Ville par le Projet, Urbanisme et gouvernance des villes européennes, SciencePo Les Presses. 2009. p.405 Référence à Guy Hermet, Un régime à pluralisme limité ? À propos de la gouvernance démocratique, Revue française de science politique, 54 (1), 2004, p.178


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de laisser la parole aux populations laissées pour compte. En pratique, est-ce réellement le cas ? Entre capital et social, où se cache l’intérêt général ?

B – Penser une élaboration collective de la ville Aujourd’hui, le monde s’emballe dans une mondialisation, basée sur les marchés et la science. Cette tendance « promeut un État réduit à ses fonctions régaliennes et dépouillé de ses fonctions sociales ». Elle accentue les inégalités entre les groupes sociaux, au profit de la sphère marchande spéculative. L’action collective et les formes de luttes urbaines tentent de contre-balancer les déséquilibres que les démocraties représentatives n’arrivent pas à stabiliser. Comment vont se mobiliser les citoyens et les administrations face à ces inégalités ? Comment s’organise l’action collective depuis l’origine des changements de gouvernance ?

1 - Les dispositifs de mise en place de l’Action Collective L’aménagement urbain est un acte politique de mise en œuvre d’une conception de l’ordre social et de production de formes de socialisation des individus. C’est-à-dire que les décisions de l’aménagement urbain prises par les collectivités sont directement rattachées à des stratégies de morphologies urbaines et architecturales liées à des catégories sociales. Il s’agit de la production d’un « bien commun » d’intérêt général. « La perspective d’inscrire l’aménagement urbain dans une logique de développement économique local remet fondamentalement en cause les logiques actuelles. Elle oblige notamment à poser la question des nouveaux rôles des différents acteurs de l’Etat, des collectivités locales, de la société civile et de leurs responsabilités réciproques. C’est ainsi que l’on s’est rendu compte que sans concertation, ou de démarches participatives, le projet n’avait pas de portée durable »22.

a - Les origines de la participation Les revendications démocratiques face à une gestion keynésienne de l’aménagement commencent dès les années 1960 en réaction à une conception fordiste de l’aménagement des villes et à son modèle productiviste du logement, dans une vision globale, hors d’échelle pour la vie locale. À l’époque, 22/ BEAUFILS Marie-Laure, JANVIER Yves, LANDRIEUX Josée, Aménager la ville demain : une action collective. La Tour d’Aigues : Ed. De l’Aube. 1999


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« le rapide processus d’industrialisation […] produit des effets profonds sur la démographie, la composition sociale, et les mentalités »23. Dès les années 1960, on voit par exemple naitre les groupes d’action municipale (GAM) dont le premier est mis en place à Grenoble, entre 1963 et 1965, par Hubert Dubedout. Sous la forme d’associations, les GAM vont militer en marge des partis politiques afin de regrouper les citoyens autour des questions d’urbanisme de plan en instaurant une participation citoyenne démocratique. À cette période, « la consultation d’associations ou d’autre organismes compétents est perçue comme une condition minimale du bon fonctionnement du système politique local et plus largement comme le moyen d’adapter le fonctionnement de la démocratie aux transformations économiques et sociales »24. Le lien est déjà établi entre participation et démocratie locale. La mobilisation se manifeste par le regroupement des individus autour de mouvements associatifs. Ils remettent en question les modes de gestion et d’administration de l’État-providence éculés qui, comme nous venons de le voir, délègue par la suite sa gestion devenue trop éloignée des enjeux locaux en transférant certaines de ces compétences, ce qui a pour effet une démultiplication des gouvernances et de leurs acteurs. Aujourd’hui, face à la montée de la ségrégation urbaine, que le premier ministre Manuel Valls désigne en janvier 2015 comme un « apartheid territorial, social et ethnique », on entend dans la bouche de tous les politiques, « nous sommes obligés de faire de la participation » concernant les politiques publiques et principalement les politiques urbaines. Ainsi, au regard de la pauvreté urbaine qui s’entérine progressivement, beaucoup de villes et de métropoles s’engagent avec plus de vigueur qu’il y a cinquante ans dans des expérimentations locales de participation citoyenne (et aussi par contrainte législative). Nous assistons à « un repositionnement de l’État, le développement de partenariats multiformes et l’initiative de la société civile »25. Dans l’ouvrage Gestion de proximité et démocratie participative, de Marie-Hélène Bacqué, Henri Rey et Yves Sintomer, l’analyse de l’utilisation 23/ LECOMTE Patrick, BERNARD Jean-Pierre, BLANCHERIE Jean-Marc. Les groupes d’action municipale dans le système politique local : Grenoble, Valence, Chambéry. In: Revue française de science politique, 22e année, n°2, 1972. pp. 296-318. 24/ HARTZFIELD Hélène, « La participation, une histoire ancienne ». In : Participation ou empowerment ? Urbanisme n°392. Printemps 2014. pp.31-53 25/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.11


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de la participation est majoritairement ancrée dans les « quartiers populaires touchés de plein fouet par la crise sociale économique, dans lesquels la puissance publique rencontre le plus de difficultés et met en place des dispositifs de gestion visant à juguler la pauvreté urbaine et à développer la participation habitante »26. Mais cette notion de participation est aujourd’hui très ambiguë, car elle désigne divers processus qui ne donnent pas le même degré d’implication aux citoyens. Allant de simples procédures d’information à l’autogestion, ces échelles d’action vont du micro-local à l’enjeu stratégique territorial, requestionnant le rapport gouvernant/gouverné. On peut se questionner sur les objectifs de la participation : « s’agit-il de remettre en cause la démocratie représentative ou de l’accompagner ? Recherche t-on la justice sociale, la paix sociale ou l’intégration au marché ? »27. Les multiples processus de participation mis en place n’ont effectivement pas tous le même impact. Nous pouvons ainsi citer de manière non exhaustive : les assemblées citoyennes, le débat public, les référendums, les conseils de quartiers (imposés par la loi Vaillant en 2002 en France pour les communes de plus de 80 000 habitants), les budgets participatifs, le développement communautaire, les jurys citoyens, les commissions consultatives, la concertation, les plans de stratégie participatifs, les dispositifs de représentation des citoyens usagers dans les services publics, l’information, etc. Ces dispositifs sont également complétés par l’émergence de mouvements sociaux et de mouvements associatifs autour des luttes urbaines, regroupant des individus s’identifiant aux objectifs portés. Ces procédés sont des moyens de sensibiliser les citoyens aux stratégies d’aménagement, aux stratégies du projet urbain et à les informer. « L’information consiste à donner des éléments à la population concernée sur les projets à venir ou en cours. L’information doit être complète, claire et compréhensible par tous. Elle doit être sincère et objective vis à vis du public informé. Donner une information, c’est donner du pouvoir, ainsi informer quelqu’un c’est lui donner la possibilité d’agir »28. 26/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.14 27/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative La Découverte - Recherches - 2005 - p.12 28/ http://www.vie-publique.fr/forums/rub1308/formes-participation.html - consulté le 08/01/15


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Mais cela ne dit pas quelle est cette capacité d’agir, ce « pouvoir d’agir »29, ni avec quels outils les citoyens peuvent contester ou enrichir les projets. En résumé, ils n’ont toujours pas conscience de leur poids sur les décisions. Le gouvernement français, ayant conscience de « l’insuffisance » et de « l’inégale » mise en œuvre de la participation sur le territoire national, lance des appels à projet pour la participation citoyenne, afin d’encourager les initiatives locales « concrètes »30. En 2013, trente ans après le rapport Dubebout31, François Lamy, ministre délégué à la Ville missionne Marie-Hélène Bacqué et Mohammed Mechmache en vue de proposer des procédés de participation citoyenne dans le renouveau que connaissent les politiques de la ville. En participant au débat dans l’élaboration des villes, les nouveaux acteurs issus de l’action collective ont la volonté de permettre un enrichissement du débat politique. Les élus issus de la démocratie légitime n’engageant le dialogue qu’avec ceux qui vont dans le sens de « l’ordre constitutionnel » et ne travaillent qu’avec ceux qui vont participer vertueusement à l’organisation de l’espace public, « cette méthodologie consiste pour l’État à déléguer une partie de ses prérogatives à des associations pour réaliser des tâches qui se révèlent de son domaine de compétence ou à favoriser l’action d’association effectuant un travail considéré comme d’utilité publique »32. Dans Gestion de proximité et démocratie participative, les auteurs notent que la participation est supposée améliorer trois aspects des politiques publiques. D’une part, les méthodes de gestion, qui se retrouvent enrichies du « savoir d’usage » des habitants. D’autre part, d’un point de vue sociétal, cela permet de moderniser les besoins de la demande sociale, conduisant à mettre en œuvre de meilleurs moyens pour y répondre. Et enfin, un aspect politique, dans une perspective de « relégitimation du système politique dans le développement 29/ RICOEUR Paul, Devenir capable, être reconnu, Esprit n°7, juillet 2005. « Par «pouvoir d’agir», j’entends la capacité de produire des évènements dans la société et la nature. Cette intervention transforme la notion d’évènement, qui ne sont pas seulement ce qui arrive. Elle introduit la contingence humaine, l’incertitude et l’imprévisibilité dans le cours des choses ». 30/ Ministère de la Ville de la Jeunesse et des Sports - Appel à projet pour la participation citoyenne http://www.ville.gouv.fr/?appel-a-projets-pour-la - Consulté le 14/02/15 31/ Rapport qui propose de nouvelles possibilités de participation des habitants et des associations dans l’élaboration du projet urbain. « Dans son rapport préalable à la constitution de la Commission, Hubert Dubedout fait d’ailleurs explicitement référence à l’initiative du mouvement social et participatif de l’Alma-gare de Roubaix, en insistant sur les vertus d’une dynamique associative formelle ou informelle, pour la réussite de la requalification urbaine et sociale des quartiers difficiles (Hubert Dubedout, 1983) » http://www.institut-gouvernance.org/fr/analyse/ - consulté le 08/01/15 Le rapport Dubedout fait écho au premier groupe d’action municipale de Grenoble. 32/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.19


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d’une démocratie participative s’appuyant sur la création d’espaces publics locaux »33. Depuis leurs origines, les mouvements d’action collective on tenté de mettre en oeuvre par eux mêmes des méthodes plus démocratiques de participation à la vie citoyenne à travers les luttes urbaines. Par la suite, les objectifs politisés de ces mouvements, soulignant les limites de la démocratie représentative, ont été partiellement intégrés dans des démarches de concertation politiques, pour soulager les administrations de cette pression sociale. Même si le mot participation est dans toutes les bouches, sa mise en oeuvre favorable dépend de plusieurs facteurs de contexte qui échappent parfois aux différentes parties.

b - Les méthodes de mise en œuvre Il faut différencier les dispositifs de participation et les méthodes de mise en œuvre, les grands « modèles » qui sont déterminés par plusieurs facteurs de contexte. Le travail de Marie-Hélène Bacqué, Henri Rey et Yves Sintomer révèle trois indicateurs séparant les modèles de participation. Le premier relève de la volonté politique avec effectivement comme objectif la paix sociale, dans une recherche de légitimité de la part de chaque acteur et qui prend souvent une forme de confrontation, ou à l’inverse dans une transformation administrative des partages de pouvoir. Le deuxième dépend du contexte sociopolitique, c’est-à-dire du contexte économique et aux stratégies locales, favorisant une politique publique dynamique, ou à l’inverse la mise en place de partenariat public/privé et de l’intervention de la sphère marchande. Et un dernier indicateur de l’ordre procédural qui consiste au choix d’une méthode budgétaire et de l’échelle de mise en place de l’action participative. Ces trois informations séparent les processus de participation en cinq modèles. Le modèle « managérial », que nous avons mentionné plus tôt, dans lequel la gouvernance est dominée par le système économique, le fond politique est inexistant et l’avis des habitants n’est pas demandé. Il s’agit de choix stratégiques d’économie de marché et d’investissement de capitaux. Le modèle de la « modernisation participative », dans lequel la gouvernance s’oriente vers les systèmes économiques et d’amélioration des politiques de 33/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.25


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gestion interne, visant à une « meilleure transparence du fonctionnement administratif ». Il s’agit d’un mouvement top down auquel les populations ne sont pas conviées. Le modèle de la « démocratie de proximité », version qui intègre le savoir d’usage des habitants, mais où les modes de gestion ne sont pas remis en question, indiquant la mise en place d’actions favorisant principalement l’administration (détournement). La participation est mise en place pour maintenir une paix sociale (ralentir la ségrégation) à travers des formes de communication, mais il n’y pas de changement de forme profond, si ce n’est au niveau micro local. Ces dispositifs ne sont pas directement top down mais les habitants manquent d’autonomie face aux pouvoirs publics. Le modèle de « l’empowerment », qui montre deux parties distinctes : les structures participatives d’un côté et les institutions de l’autre. Il remet l’État en question là où il est politiquement faible, et les structures participatives sont autonomes, réactives et dynamiques. Ces deux parties sont en tension, les citoyens remettant en cause les responsables politiques par leur action collective. Dans ce modèle, le mouvement participatif est fort, et bien que l’on vise la justice sociale et l’intérêt général, le risque de voir des formes de domination sociale s’organiser du côté des revendicateurs est présent. Le modèle de la « démocratie participative », que l’on va favoriser dans cette étude, encourage la rencontre entre top down et bottow up. Les auteurs mettent en avant la dimension politique et la « dynamique participative largement politisée » portée par ce modèle. La co-décision et la délibération sont des conditions de base à la mise en oeuvre de la participation. Parmi les méthodes que nous venons de voir, celles qui semblent le plus valoriser les individus sont d’une part, la méthode de « l’empowerment » favorisant l’émancipation citoyenne, et d’autre part le modèle de la « démocratie participative », qui constitue un équilibre politique entre les deux parties, sur des questionnements communs et une adaptabilité mutuelle face aux objectifs. Mais les contextes ne sont pas toujours favorables à sa concrétisation, et la démocratie participative n’est pas un modèle dont on peut forcer la mise en place. Face à cette demande de rénovation des systèmes représentatifs, comment s’articule l’action collective et la démocratie représentative ? Comment réagissent les administrations face à cette secousse ? Quel est l’écart entre l’idéal et la réalité ? De quoi dépend la participation ? Quel est son bon support de développement ?


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2 - Les retours sur la méthode Dans l’ensemble, on constate que les deux parties de l’action collectives (citoyenne et administrative) sont porteuses d’une responsabilité. Les associations tentent de mettre en place des modes de gestion et de participation constituant une démocratie locale parallèle aux administrations publiques, par méfiance envers les stratégies politiques et économiques. Depuis son apparition, les chercheurs ont tenté de structurer les différents dispositifs de mise en oeuvre de la participation, en observant les facteurs économiques, politiques et sociaux de plusieurs cas d’étude. Si on parle de participation depuis une soixantaine d’années, sa mise en place n’est pas toujours évidente. Au regard de quoi, on observe un résultat contrasté des démarches participatives, et l’ensemble des acteurs en tirent un bilan mitigé qui marque l’écart entre l’idéal et la réalité. Quels sont les aspects remis en question ? Ceux dont le fonctionnement n’est pas optimal ?

a - Objectifs et constats, les réticences face à la « démocratie de la démocratie » « Dans une première interprétation, basée en particulier sur l’analyse des expériences françaises, l’institutionnalisation de la participation aboutirait à compléter ou à corriger la démocratie représentative en renforçant la communication entre représentants et représentés »34. Comme nous venons de le voir, les méthodes de mise en œuvre des modèles participatifs diffèrent selon leur contexte politique, social et économique. Leur expérimentation n’en est plus à ses balbutiements et les premiers constats s’imposent. Dans un premier temps, le constat de l’insuffisance dans la gestion urbaine est reconnue par les acteurs publics. Les processus de participation citoyenne sont une solution à cette impasse institutionnelle à répondre à des enjeux programmatiques locaux. L’État se tourne alors vers les associations pour combler ce qui fait défaut à la puissance publique, en leur déléguant un certain nombre de missions. Cependant, cette sous-traitance de missions envers des associations est, au même titre que pour les communes, un surplus de responsabilités avec peu de moyens pour y répondre. 34/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.34


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Dans un deuxième temps, on observe que les dispositifs de participation, qui apparaissent dès les années soixante, on donc déjà un long parcours derrière eux et une forme de reconnaissance. Pourtant, dans l’article « Les professionnels face aux exigences participatives » de la revue Urbanisme, les auteurs soulèvent la question que se posent encore les acteurs traditionnels de l’aménagement vis-à-vis des habitants : « peut-on les créditer de savoir-faire spécifiques ? ». La confrontation entre les «sachants» et les «non-sachants» n’est pas encore résolue. Celle qui a les notions suffisantes pour se mobiliser, la « petite bourgeoisie intellectuelle », se mobilise en action collective, mais une fois les objectifs atteints, l’action se dissout. Alors que, comme on le sait, les droits acquis ne sont jamais assurés, la lutte urbaine doit connaitre une continuité, en ne s’arrêtant pas à l’intérêt d’un petit groupe mais en visant un intérêt général plus global. « Il est clair que si la relation envisagée reconnaît la possibilité d’apports réciproques, les différences de statuts et de rôles restent nettement affirmées : «Le dernier mot doit rester au politique, élu du peuple, responsable devant la nation», déclare Pierre Mauroy en octobre 1976 à la réunion des associations nationales du cadre de vie. La concertation politique ne remet pas ici en question la légitimité entière de décision que confère la démocratie représentative »35. Par conséquent, on peut observer dans un troisième temps, que le manque de reconnaissance de savoir-faire aux habitants dénote une rigidité administrative face à la remise en question de ses modes de gestion. Les processus participatifs et d’action collective sont perçus comme un moyen de faire rendre des comptes au services publics sur les prises de décision concernant l’aménagement du territoire. Cette remise en question de la gestion administrative est très peu entendue par les autorités institutionnelles. Les municipalités mettent principalement en avant leur crainte d’une perte de maîtrise sur « ces procédures et processus et d’en subir les conséquences, identifiées en termes de dérapage des coûts et des délais de réalisation »36. La participation fait face à une frilosité politique. De par leur formation et leur engagement dans des stratégies politiques, le basculement progressif des démarches d’aménagement vers des procédés participatifs est pour l’instant difficile à assimiler. ce que nous pourrons observer dans le cas d’étude. 35/ HARTZFIELD Hélène, « La participation, une histoire ancienne ». In : Participation ou empowerment ? Urbanisme n°392. Printemps 2014. pp.31-53 36/ MACAIRE Élise, FENKER Mickael, BIAU Véronique, « Les professionnels face aux exigences participatives ». In : Participation ou empowerment ? Urbanisme n°392. Printemps 2014. pp.31-53


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Enfin, on constate le manque d’impact actuel des processus participatifs. La frilosité politique des édiles municipaux raréfie les actions invitant les habitants à participer aux projets en amont, lors de leur élaboration. Cherchant à éviter les conflits, les collectivités invitent tout de même les habitants à se positionner… sur des projets en cours. Dans cette optique, la participation reste un outil instrumentalisé qui est employé pour son image de marque et non pour ses vertus de cohésion sociale. La notion même de participation est perçue comme inefficace par les habitants qui s’en désintéressent. On ne peut pas envisager à un moment que l’absence de vif intérêt aux démarches participatives soit uniquement portée par le caractère « profane » des habitants concernant les problématiques d’aménagement. Elle est effectivement portée par le sentiment d’impuissance face aux représentations démocratiques qui ont toujours ce «dernier mot». « La plupart des tenants admettent que la prise de décision politique ellemême reste le monopole des élus »37. On peut penser que les administrations font face à des problèmes de cohésion sociale cycliques car elles ne peuvent pas apporter de réponse à long terme. Parallèlement, les collectivités locales ne parviennent pas à se mobiliser, ainsi que leurs populations, autour de ces grands projets participatifs concrets, présumément par manque de ressources, mais aussi par crainte d’une remise en question de leur légitimité. L’idée n’est pas de rester dans des rapports de force qui mettent à mal les collectivités par la remise en question de leur légitimité d’un côté, et de laisser croire aux habitants qu’ils auront un jour mot dire sur la fabrication de leur ville. Il s’agit d’avancer dans un militantisme commun pour les bienfaits de l’intérêt général. Il s’agit de dépasser « l’alternative binaire de l’utopie démocratique ou du néolibéralisme conquérant »38. En effet, la visée informative de la participation est un de ces aspects le plus répandu, mais il ne constitue qu’un premier pas vers une démocratisation de la fabrique de la ville. Côté habitants, si la participation permet de donner son point de vue, en espérant qu’il soit pris en compte, elle semble atteindre 37/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.36 38/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.293


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ses limites et ne semble pas être une constituante suffisante d’un « pouvoir d’agir », mais renforce le sentiment de « participation-bidon »39. Comment les groupes sociaux encore exclus des démarches participatives peuvent-ils alors s’exprimer ? Les « bénéfices supposés » de la participation semblent-ils jusqu’ici suffisants aux collectivités ? Et l’intégration citoyenne et politique ?

b - Les méthodes participatives de mise en avant des laissé pour compte Dans l’ouvrage Gestion de proximité et démocratie participative, les auteurs reprennent selon les théories de Loïc Blondiaux, s’inspirant de Habermas, l’idée que l’espace public est un espace puissant de délibération et « fait de cet espace public le cœur de la société politique ». En transférant ainsi l’aspect délibératif des représentants vers l’opinion publique, mettant en valeur la discussion en petits groupes et la place des jurys citoyens. Cette opération favoriserait l’apparition d’une opinion publique avec un pouvoir décisionnel qui ne serait plus quasi exclusivement réservé aux représentants, mais aussi à l’ensemble des citoyens. Cette forme de démocratie que les auteurs qualifient de « radicale » trouve ces sources dans la démocratie athénienne. Ce transfert n’est pas total car il ne s’exempt pas des procédures juridiques et de l’organisation démocratique en place. Il ne s’agit pas d’être une alternative au gouvernement représentatif préexistant mais de favoriser la « délibération ouverte », permettant une prise de position parallèle, complétant le système en place40. « Ces formes politico-institutionnelles de participation sortent ainsi du champ du gouvernement représentatif. Elles instituent une démocratie participative au sens précis que nous voudrions donner à cette notion : l’articulation des formes classiques du gouvernement représentatif avec des procédures de démocratie directe ou semi-directe »41. Les auteurs soulignent ainsi que les formes inégales de participation en font perdre à la fois le sens, l’impact et la confiance en l’efficacité de la notion, questionnant ainsi l’ambiguité de son institutionnalisation. La démocratie délibérative ferait alors figure d’un « quatrième pouvoir », s’articulant et complétant les « trois pouvoirs classiques 39/ HARTZFIELD Hélène, « La participation, une histoire ancienne ». In : Participation ou empowerment ? Urbanisme n°392. Printemps 2014. p.35 40/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. 41/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.37


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(le législatif, l’exécutif et le judiciaire) ». Notion que l’on peut nuancer, car ce « quatrième pouvoir » reste institutionnalisé et que la participation, pour qu’elle soit fondamentalement citoyenne, doit s’enraciner en dehors des cercles représentatifs. Aujourd’hui, nous assistons à un bousculement, un doute vis-à-vis de la notion de participation, qui comme beaucoup d’autres notions est utilisée abusivement par les administrations, embrouillant les usagers sur les réelles signification du terme et sur ses impacts concrets. L’instrumentalisation des dispositifs participatifs à des fins politiques a pour conséquence une large perte de confiance à l’égard du système administratif. Face à quoi les mobilisations citoyennes revendiquent une réelle rénovation de la gestion administrative dans les méthodes de mise en place des processus participatifs, quitte à conduire ces démarches d’elles-mêmes. Au regard de quoi on peut mettre en avant deux des méthodes que nous avons explicitées plus haut : le modèle de « l’empowerment » et le modèle de la « démocratie participative ».

Le modèle de « l’empowerment » « Chacun sait que le pouvoir ne se donne pas mais se conquiert. Aussi, l’empowerment et les politiques publiques ne font pas bon ménage »42. Cette notion, importée depuis les États-Unis, désigne, « un processus d’affirmation de soi, individuelle et collective, permettant aux pauvres, […] aux minorités […] de s’auto-organiser pour faire valoir leur droits »43. Elle signifie la récupération de pouvoir face à une domination et vise à l’autoorganisation citoyenne, luttant principalement contre la pauvreté et autres injustices sociales. L’empowerment « implique d’agencer trois niveaux d’action de façon cohérente : au niveau micro, l’individu et ses marges de libertés ; au niveau méso, les communautés et les petits groupes ; au niveau macro, l’action politique pour changer la société globale »44. Néanmoins, cette forme de participation exclut les responsables politiques. Ses répercussions sont alors très indirectes 42/ KIRSZBAUM Thomas, « Pouvoir d’agir et politiques de la ville : un couple antagonique ? ». In : Participation ou empowerment ? Urbanisme n°392. Printemps 2014. pp.31-53 43/ BLANC Maurice, La rénovation des banlieues française à l’épreuve de l’empowerment et du « communautarisme civique ». Espace et Sociétés n°155. Avril 2013. pp.163 à 177 44/ BACQUÉ Marie-Hélène, BIEWENER Carole, « L’empowerment, une pratique émancipatrice ». In : La rénovation des banlieues françaises à l’épreuve de l’empowerment et du « communautarisme civique », BLANC Maurice. Espaces et sociétés n°155. pp.163-177


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sur son environnement politique, car la culture politique française valorise énormément sa démocratie représentative45. Cette méthode pourrait permettre aux groupes sociaux les plus défavorisés de retrouver une insertion politique. Aujourd’hui ces groupes sont reconnus. La cohésion sociale se délite et la gentrification est alimentée par le capitalisme et la spéculation sur les centres-villes. « Sans doute la reconnaissance de formes d’expression et de regroupement des «minorités» - ou plus exactement des groupes dominés est-elle déterminante pour favoriser leur participation politique »46.

Le modèle de la « démocratie participative » « On aurait alors une inflexion d’un modèle classique de «gouvernement» vers des modèles diversifiés de «gouvernance», la démocratie participative n’étant qu’une variante de celle-ci »47. Cette forme de participation est à la confluence des dynamiques bottom up et top down, encourageant à la fois la participation active des citoyens et l’intégration de leur savoir d’usage. Pour l’administration, c’est un moyen de « recomposition de la puissance publique par l’appel au tiers secteur et à la démocratisation »48. Les deux entités peuvent conserver leur autonomie dans un partage de pouvoir tout en réformant le système politique. En responsabilisant les deux parties, la démocratie participative est pensée comme une accession à la citoyenneté basée sur la codécision. « Elle combat l’indifférence, éveille aux enjeux politiques et forme aux responsabilités. Elle ne se substitue pas à la démocratie représentative, mais en restitue les fondements, la complète »49. Si certains emploient l’idée de la mise en place d’une nouvelle forme démocratique, la majorité des auteurs (Bacqué, Hartzfield, Biau, Macaire, Fenker) s’accordent sur le fait qu’il s’agit davantage d’une rénovation des modes de gestion et du système représentatif. 45/ KIRSZBAUM Thomas, « Pouvoir d’agir et politiques de la ville : un couple antagonique ? ». In : Participation ou empowerment ? Urbanisme n°392. Printemps 2014. pp.31-53 46/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.40 47/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.37 48/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.299 49/ HARTZFIELD Hélène, « La participation, une histoire ancienne ». In : Participation ou empowerment ? Urbanisme n°392. Printemps 2014. p.35


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La démocratie participative ne doit pas forcément être automatiquement institutionnalisée car cela « fait courir le risque d’une routinisation du processus et de la cooptation des éléments les plus actifs de la société civile dans la politique professionnelle »50, mais l’idée de son institutionnalisation est une pression suffisante pour que l’administration modernise ses méthodes de gestion. « En effet, l’émergence de formes institutionnalisées de participation n’est pas seulement un phénomène de surface qui n’aurait rien à voir avec le pouvoir social réel. Elle implique une mutation profonde de la légitimité politique et des «épreuves de justification» qui lui sont liées »51.

Conclusion Face à la métropolisation des grandes villes, où est concentrée la majorité de la population du territoire français, la cohésion sociale est ballottée par les nouvelles formes néolibérales qui transforment les modes de gouvernance nationales. Pour la ville et sa population cela marque une accentuation des clivages sociaux sur un fond de crise économique et financière. La gentrification est accentuée depuis l’apparition de la notion de « projet » et l’action collective se mobilise pour en freiner le développement. Cette action collective prend bien des formes, et nous assistons depuis une dizaine d’années à la généralisation notable des processus de participation en France. Les modèles qui ont été explicités s’implantent à l’échelle micro locale des villes et des quartiers . Ils s’insèrent parallèlement dans des stratégies de développement de territoire plus globales, infléchies par les tendances économiques mondiales. Ces tendances complexifient les rapports démocratiques et l’interprétation du sens de l’intérêt général. Pour les démocraties représentatives, il s’agit d’assurer une économie dynamique au territoire orientée vers les financements exogènes. Pour les habitants, les difficultés du contexte économique les amènent à se recentrer sur des dynamiques sociales et solidaires locales, parfois en marge ou contre l’élite représentative. 50/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.297 51/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.38


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L’étude préliminaire a démarqué la méthode de la « démocratie participative » comme étant la plus positive et équilibrée pour les deux parties, mais les conditions d’application de cette méthode ne sont pas toujours réunies. Le contexte politique, économique et social influe en grande partie, mais l’obstacle le plus important est la confrontation des deux parties et les conflits, pas toujours vertueux, qui en découlent. Dans le cas d’étude qui va suivre, nous allons voir comment un projet micro-local va voir le jour dans un cadre d’une politique de développement économique du secteur de Marne-la-Vallée, à l’Est-parisien. Avec une volonté de mobiliser de nouveaux acteurs autour du projet, l’aménageur (EPAMarne) invite de manière accidentelle un acteur singulier de la profession architecturale : un collectif d’architecture expérimentale et éphémère. Nous allons voir quels enjeux se dégagent, quelles problématiques et objectifs sont articulés par les différentes parties, et enfin, la rencontre entre ces acteurs et leur positionnement stratégiques respectifs dans le projet.


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Cette seconde partie s’appuie sur l’étude de terrain du projet du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes et sur sa mise en œuvre. Cette approche a permis de mettre en regard le processus de développement de la Cité, avec l’approche d’un réseau d’acteurs dans une stratégie de développement de territoire, celui de la Cité Descartes à Marne-la-Vallée. Cas spécial car il ne s’agit pas de territoires aménagés « naturellement », c’est à dire où la croissance de la ville est due à sa centralité et à sa pérennité au fil de l’Histoire. La réflexion s’est construite par une entrée de terrain à travers l’association Bellastock et le projet Pimp my Descartes. C’est à partir de ce chantier, durant l’été 2014 que la première problématique s’est formulée pour se poursuivre par cette étude. Ce projet est l’un des volets du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité au cœur du développement du futur Cluster Ville Durable.

Deux méthodes d’approche ont été employées pour cette étude :

- L’observation participante : Dans un premier temps, l’immersion dans le projet c’est faite par une observation participante, lors du chantier d’été organisé par l’association Bellastock sur le campus de la Cité Descartes : «Summer Bellastock – Pimp my Descartes». - L’observation neutre : Dans un second temps, l’analyse du jeu d’acteurs passe par la réalisation d’entretiens semi directifs, réalisés en face à face et retranscrits intégralement afin de rapporter à la fois la formulation des points de vue et le fil de pensée de chacun. Enfin, la production d’organigrammes par les acteurs même du projet lors de chaque entretien a permis de comprendre la position de chacun


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et l’importance donnée à tous les collaborateurs et autres acteurs du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes. Ces observations se font sur un projet en cours, et tiennent compte du fait que chaque acteur mesure diplomatiquement ses propos concernant le jeu d’acteur lors des entretiens. L’étude se déroule ainsi en trois étapes. Dans un premier temps, nous retraçons brièvement l’historique de l’urbanisation du territoire du projet (développement, économie et sociologie), ses principaux enjeux et stratégies de développement actuels pour comprendre, dans un deuxième temps les objectifs du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes. Nous verrons les acteurs à l’origine du projet et la manière dont il est mis en place, les démarches innovantes qu’il encourage. Ce qui nous permettra dans un troisième temps d’analyser les jeux d’acteurs et les positions de chacun vis-àvis de l’action collective.

A – Les Villes Nouvelles confrontées à l’évolution de l’aménagement Pour comprendre les enjeux du site et du projet, il faut retracer brièvement l’historique de l’aménagement de la Ville Nouvelle de Marne-laVallée. En France dès les années 60, c’est le caractère urbain innovant des Villes Nouvelles qui va poursuivre le requestionnement des formes d’urbanisme. L’étude du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes permet donc dans cette continuité, de se questionner sur l’évolution actuelle des pratiques de l’urbanisme, d’en saisir les rouages et les manques afin d’imaginer ce que pourrait être l’impact des interventions d’architectes de l’éphémère.

1 - Le rendez-vous manqué des villes nouvelles : quels retours sur les « laboratoires d’urbanisme et architecture » ? Planifiées par l’État dans les années soixante, les Villes Nouvelles sont un exemple des premières délégations du pouvoir central dans les régions en France. À l’époque, elles viennent bousculer les gouvernances locales. Elles sont aussi « les territoires d’émancipation, d’expérimentation et d’émulation pour toute une génération d’architectes et d’urbanistes »52. Un vaste champ de littérature existe les concernant, elles qui font l’objet de nombreuses analyses 52/ LENGEREAU Eric– Programme interministériel d’histoire et d’évaluation des Villes Nouvelles Françaises. Avril 2007. Avant-propos


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dès leur mise en place, et ce travers de multiples disciplines liées aux sciences de la Ville.

a – Développement et constats Dès 1965, Paul Delouvrier met en marche le nouveau Schéma d’Aménagement et d’urbanisme de la Région Parisienne (SDAURP), avec pour objectif de créer de nouveaux dynamismes économiques en région. En Île-de-France, cinq villes sont créées dans un rayon de 50km autour de Paris : Cergy-Pontoise, Évry, Marne-la-Vallée, Melun-Sénart et Saint-Quentinen-Yvelines. Elles ont pour but de rééquilibrer le développement du territoire et de le structurer en créant d’autres centralités urbaines autour de Paris, à échelle régionale, et d’éviter ainsi la surconcentration de la population et des emplois dans la capitale. Il ne s’agit pas pour autant de fabriquer des cités dortoirs, la création d’emplois locaux est primordiale à ces aménagements. Dès lors s’en suivent d’importantes acquisitions foncières dans le but d’en amorcer le développement, ce sont les terrains OIN : opération d’intérêt national. En 1968, les Établissements Publics d’Aménagement (EPA) sont créés, et la réalisation des villes nouvelles leur est confiée. Ce sont eux qui réalisent les opérations foncières et pilotent l’aménagement du territoire concerné au nom de l’État. Ils déterminent l’utilisation des terrains classés OIN aux dépens des communes où sont situées ces parcelles.

Les villes nouvelles englobent des communes déjà existantes, proches de vastes terrains agricoles ou de forêts53. Elles sont développées dans une visée restructurante de l’économie, de la démographie prévue. Par conséquent un engagement éthique et urbanistique est soulevé car « ce n’est qu’au delà d’une certaine taille qu’il est possible de bâtir une vraie ville, qui soit à la fois complémentaire et autonome vis-à-vis de Paris, en matière d’équipements, de services et d’emplois »54. L’enjeu de leur création est délicat car pour la première fois, on se retrouve à créer une urbanité complète de toutes pièces face à une prévision de développement dans un contexte de croissance économique. L’aménagement des villes nouvelles trouve son inspiration dans les origines utopiques de l’urbanisme et du courant des cité-jardin de Ebenezer Howard, marquant principalement le secteur de Marne-la-Vallée. Le terrain relativement « vide » a permis l’expérimentation de nouvelles formes 53/ Villes Nouvelles, organisation et activités du groupe central des villes nouvelles. Recherche et Architecture n°39, septembre 1979 54/ Torrès Félix, Marne-la-Vallée, une vision optimiste de l’avenir. Éditions du Moniteur, Poitiers, mars 1991. p.57


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QU’EST-CE QU’UN EPA ? Il s’agit de la mutation des Missions d’études et d’aménagement créées préalablement, puis transformées en Établissement Public d’Aménagement (EPA). Celle de Marne-la-Vallée fut créée en 1969 puis convertie en EPA en 1972 suite à la création de la Ville Nouvelle. Ce sont des entreprises publiques à caractère industriel et commercial. Le dessein de leur fondation est d’assister les communes pour l’aménagement du territoire, sous le contrôle décentralisé de l’État, dans le cadre d’opérations foncières et/ou d’aménagement. « Les EPA sont des personnes morales de droit public disposant d’une autonomie administrative et financière leur conférant la capacité et la souplesse d’action d’opérateurs privés pour mener des missions d’intérêt général. En tant qu’établissements publics, ils sont soumis aux trois principes d’autonomie, de rattachement à un niveau de l’administration et de spécialité. À ce titre, ils sont soumis à des règles strictes (tutelle de l’État, règles de compatibilité publique) mais aussi à certains avantages (prérogatives de puissance publique, insaisissabilité des biens, privilèges fiscaux). »1 Cette appellation est utilisée pour la première fois en 1958 (l’EPA la Défense) puis pérennisée avec la création des villes nouvelles. Dans le dictionnaire de l’Urbanisme et de l’Aménagement, leurs missions principales sont définies comme étant : « - la planification (préparation des SDAU, des POS et des PAZ) qui sont proposés à l’État et aux collectivités locales ; - l’acquisition de réserves foncières ; - l’aménagement des sites (voiries primaires, assainissement) ; - la conception et exécution des équipements; -l’aménagement des terrains à construire en utilisant les procédures de ZAI, de ZAC, etc.; - la coordination entre les administrations, les collectivités locales et les acteurs privés, sur le plan du financement, de l’échéancier de réalisation des équipements publics, des logements et de la création des emplois, sur le plan technique. »2 Les objectifs des EPA en Ville Nouvelle sont donc de planifier l’aménagement, de viabiliser les terrains par la mise en place d’infrastructures de transport, de voirie, d’assainissement, puis de construire ou de revendre à des investisseurs. A l’époque, la création ou la mise en place d’un EPA, bras armé de l’Etat pour ses opérations d’aménagement, est assez mal accueilli par les communes qui, d’une part perdent le contrôle et le droit décisionnel sur les terrains réquisitionnés (classés Opération d’Intérêt

1/ http://www.outil2amenagement.certu.developpement-durable.gouv.fr/etablissement-public-damenagement-a832.html - consulté le 02/10/14 2/ Merlin Pierre et Choay Françoise, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement. Presses Universitaires de France. 3è édition mise à jour : octobre 2010


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National, ou OIN*) et d’autre part voient leur population croître énormément sur des temps relativement courts. En revanche, depuis les années 2000, on constate une augmentation du nombre de création d’EPA en France, car aujourd’hui ils permettent également aux Métropoles régionales d’organiser leur développement et de soutenir ainsi leur compétitivité nationale et mondiale.

QU’EST-CE QU’UN OIN ? Les Opérations d’Intérêt National sont un dispositif créé par l’État, lui permettant d’exercer des stratégies d’urbanisme sur les terrains classés, en marge des plans d’urbanisme locaux. « Le Code de l’urbanisme, posant le principe suivant lequel «le territoire français est le patrimoine commun de la nation», permet au législateur d’imposer aux collectivités publiques d’harmoniser leurs prévisions et leurs décisions d’utilisation de l’espace. » « L’État se distingue par la spécificité de son rôle et par la nature de ses compétences d’attribution à cet égard. Il est rendu compétent, par le législateur, pour déterminer, au nom des arbitrages, des équilibres et de l’intérêt général, un cadre juridique et institutionnel s’imposant aux autres personnes publiques. »


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urbaines, en espérant qu’elles favorisent la vie sociale. C’est-à-dire la tentative de recréer une vie sociale (la société), sans s’appuyer sur le fondement historique et physique qui s’élabore au fil du temps, qui agrandit la cité et pérennise son développement. Un problème de taille pour les aménageurs qui, face à une planification massive, imaginent les usages et l’urbanité de la Ville Nouvelle. Lorsque l’État planifie l’aménagement de la Région parisienne, le SDAURP élaboré en 1965 prévoit officiellement 14 millions d’habitants en région parisienne en 2000. En 1999, il n’y a que 11 millions55. Les Villes Nouvelles ne parviennent pas à cet objectif. C’est la province qui se développe au détriment du district de la région de Paris, car la capitale est d’ores et déjà saturée et la décentralisation favorise la croissance des villes de région. La prévision urbaine imaginée pour l’Île-de-France s’est exprimée en province. Plusieurs facteurs ont été identifiés dans le corpus bibliographique pour avoir joué un rôle déterminant dans le manque de succès des villes nouvelles, dont le développement fut ponctué de deux crises qui vont lester le lancement de ces grands projets, l’une sociale en 1968, l’autre économique en 1973. L’accessibilité a été le premier facteur crucial de l’aménagement des Villes Nouvelles parisiennes. En effet, l’éloignement de la capitale a généré le besoin d’utiliser massivement l’automobile comme moyen de déplacement pour rejoindre ces lieux isolés56. Cette politique d’aménagement a marqué l’Îlede-France par de nouvelles infrastructures (réseaux ferroviaire et de voirie), certaines inachevées, sont de véritables fractures urbaines. Les territoires sont reliés entre eux de manière globale, mais localement ces infrastructures provoquent des coupures urbaines difficiles à franchir. Un deuxième facteur qui s’est révélé pénalisant, le zonage des terrains aménageables et la séparation des fonctions. La volonté de contrôler, maîtriser totalement l’aménagement par le découpage rationnel des fonctions a simplement empêché certaines centralités de se former. Alors que la ville européenne s’est fondée autour d’une mixité fonctionnelle, l’organisation fordiste de la ville – le zonage – a finalement alimenté un éclatement tant urbain que social et soutenu l’utilisation massive de la voiture. 55/OSTROWETSKY Sylvia, Les Villes Nouvelles, 30 ans après – Les villes nouvelles françaises : paris et apories. Esquisse d’une problématique. Espaces et Sociétés n°119. Janvier/Mars 2005. p.27 56/ Bien plus tard en 1982, la législation oblige la mise en place des Plans de Déplacements Urbains pour les communes de plus de 100 000 habitants. PDU qui doivent aujourd’hui être compatibles avec les SCOT.


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Et un troisième facteur, la structure urbaine, la densité, la typologie des logements et l’Architecture monumentale des équipements des villes nouvelles vont en être le dernier échec. Ainsi, la volonté de mixité sociale au centre des villes comme gage démocratique va, à l’inverse, créer un rejet social. Dans son travail, Sylvia Ostrowetsky, énonce que l’espace public tolère le « mélange social par ce que le sociologue E. Park nomme « l’indifférence polie « » dans l’idée, toujours, que l’espace public en tant que scène donne au passant le loisir d’observer les autres échantillons sociaux. En revanche, ce n’est pas le cas du logement, qui au contraire est un signe physique de démarcation sociale. Les populations moyennes et aisées ont donc quitté les centres57. La combinaison de ces facteurs – l’éloignement, l’isolement, et le regroupement de groupes sociaux en difficulté – favorise ce qui deviendra les « crises urbaines » - mais qui pour autant ne s’étend pas seulement sur les territoires des Villes nouvelles. Ces dernières ont pourtant connu de grandes mobilisations collectives à leurs origines en écho aux manques à la vie sociale qui s’instaurent dans ces nouvelles zones urbaines.

b – L’enjeu de l’associatif et de l’animation urbaine en ville nouvelle La mise en place des villes nouvelles renvoie également au projet sociourbain de ces aménagements. Effectivement ces derniers ont été pensés comme un idéal de vie sociale, notamment à travers les villes de Marnela-Vallée et Cergy-Pontoise. Dans une étude à l’occasion d’un programme interministériel d’histoire et d’évaluation des Villes Nouvelles Françaises, Stéphanie Vermeersch accorde une attention plus particulière aux habitants pionniers de ces deux villes. Ces habitants tant attendus qui vont, par leur installation sur ces sites, affirmer ou infirmer les hypothèses de la ville nouvelle que les architectes et urbanistes avaient élaborées en amont. S.Vermeersch précise que la notion d’habitant « pionnier » ne concerne « qu’une centaine d’habitants et couvre une période allant des 1972 à 1977, puisque les habitants arrivés sur place en 1977 récusent ce terme pour eux-mêmes »58, ce fut donc une période relativement brève. 57/ OSTROWETSKY Sylvia, Les Villes Nouvelles, 30 ans après – Les villes nouvelles françaises : paris et apories. Esquisse d’une problématique. Espaces et Sociétés n°119. Janvier/Mars 2005. p.30 58/ VERMEERSCH Stéphanie, Le projet socio-urbain des villes nouvelles. Programme interministériel d’histoire et d’évaluation des Villes Nouvelles Françaises. Avril 2007. p.23


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Les premiers habitants de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée – n’oublions pas que le territoire était déjà peuplé de petits bourgs – s’installent sur ce territoire principalement pour être plus proches de la capitale, en concordance avec leurs moyens financiers. Deux critères attirent les habitants, dans un premier temps l’offre immobilière, qui est plus abordable et les espaces plus spacieux. Les habitants ne sont pas spécialement attirés par l’extravagance des formes architecturales de la ville nouvelle, s’orientant plutôt vers ce qui va leur rappeler des « modes de vie classiques »59. Puis en second lieu, la promotion des espaces verts est orientée vers les nouveaux ménages afin d’offrir un cadre boisé particulier pour profiter des espaces de plein air sans avoir à quitter la région parisienne pour les fins de semaine. C’est après leur installation que les pionniers prennent conscience de la dimension de la ville nouvelle. Entre 1972 et 1977, celle-ci est encore en construction et les équipements publics et les services lui font encore cruellement défaut. Cette situation amène les pionniers à entretenir des relations de voisinage soutenues. « Les collectifs sociaux se sont ainsi créés pour pallier les insuffisances des formes spatiales, les lieux se faisant ainsi support des liens »60. On voit alors émerger un grand nombre de mouvements associatifs qui permettent ainsi l’animation des quartiers à Marne-la-Vallée notamment. Ces associations contribuaient alors à entretenir des liens sociaux sur place. « Les caractéristiques spatiales et sociales des villes nouvelles se rejoignent ici pour expliquer cette nécessiter de compenser par le support associatif l’absence d’animation sociale préexistante à l’arrivée des premiers habitants »61. Au delà de la création de liens sociaux, ces associations permettent aux habitants de négocier avec les décideurs locaux « Les associations ont vocation à y jouer un rôle essentiel, comme instrument de développement de sociabilités non étayées par des liens préalablement construits, d’élaboration d’une mémoire et d’une histoire communes. Elles permettent la création d’un attachement aux lieux et ainsi qu’aux autres personnes, ce qui ne va pas de soi au sein d’un espace peuplé par des «déracinés». L’inexistence de commerces de proximité et la répartition fonctionnelle des activités qui entrainent parfois l’absence d’animation 59/ VERMEERSCH Stéphanie, Le projet socio-urbain des villes nouvelles. Programme interministériel d’histoire et d’évaluation des Villes Nouvelles Françaises. Avril 2007. p.24 60/ VERMEERSCH Stéphanie, Le projet socio-urbain des villes nouvelles. Programme interministériel d’histoire et d’évaluation des Villes Nouvelles Françaises. Avril 2007. p.24 61/ VERMEERSCH Stéphanie, Le projet socio-urbain des villes nouvelles. Programme interministériel d’histoire et d’évaluation des Villes Nouvelles Françaises. Avril 2007. p.26


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de certains quartiers, ainsi que l’absence d’histoire de la ville, la mutuelle «étrangeté» des habitants, sont tout à la fois porteurs d’« insécurité », voire d’« angoisse », mais également l’occasion de tous les possibles et finalement justifient des formes diverses, variées, et parfois innovantes, de participation associative »62. Stéphanie Vermeersch souligne tout de même que l’associatif est « essentiellement tourné vers la gestion et l’animation davantage que vers la revendication et la participation »63. Ce qui plus tard, une fois les pionniers enracinés, donnera lieu à un déclin de l’action collective sur le territoire des deux villes nouvelles. Aujourd’hui les équipements sont là, mais la vie de quartier a disparu. L’idéal de vie imaginé par les architectes, les urbanistes et les décideurs n’a eu lieu que pendant un bref instant, le temps que les habitants constituent leur réseau. Une fois cette étape là franchie, la ville nouvelle a récupéré un statut de ville classique, sans particularité urbaine ou sociale spécifique, ce que plusieurs chercheurs vont qualifier « d’obsolescence », plutôt que « d’échec »64. Nous avons pu recenser certains facteurs de manque de succès, qu’ils soient géographiques, urbanistiques, architecturaux ou sociaux. Quels sont les impacts à long terme sur les sites concernés?

c – Marne-la-Vallée La ville nouvelle de Marne-la-Vallée n’échappe pas aux problématiques que nous venons de voir. Elle en rencontre même plus que les villes nouvelles implantées dans l’Ouest parisien. Issue d’une volonté de rééquilibrer l’Est face à l’Ouest, et partant d’un territoire sans urbanité, elle va subir durement les aléas économiques lors sa fondation. Nous proposons dans cette partie d’en retracer un bref aperçu. 62/ VERMEERSCH Stéphanie, Le projet socio-urbain des villes nouvelles. Programme interministériel d’histoire et d’évaluation des Villes Nouvelles Françaises. Avril 2007. p.26 63/ VERMEERSCH Stéphanie, Le projet socio-urbain des villes nouvelles. Programme interministériel d’histoire et d’évaluation des Villes Nouvelles Françaises. Avril 2007. p.28 64/ VERMEERSCH Stéphanie, Le projet socio-urbain des villes nouvelles. Programme interministériel d’histoire et d’évaluation des Villes Nouvelles Françaises. Avril 2007. p.28


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CHAPITRE 2

MARNE LA VALLÉE 26 Communes 4 Communtés d’agglomérations

Cergy-Pontoise

Marne-la-Vallée Saint-Quentin en Yveline

Plateau de Saclay

Évry

Melun-Sénart

Coupvrai Lagnysur-Marne

Montévrain

Chessy

St-Thibault des Vignes

Magnyle-Hongre

Conches -sur- ChanteloupGouvernes Gondoire en-Brie

Champs -sur-Marne Bry-sur -Marne

Torcy Noisiel

Guermantes Bussy St Martin

Noisy-le-Grand

Serris

BaillyRomainvilliers

Bussy-St-Georges Lognes

Collégien

Villiers -sur-Marne

Jossigny Ferrièresen-Brie

Emerainville

Croissy-Beaubourg Villeneuve-le-Comte

Porte de Paris

Val Maubuée

Val de Bussy

Val d’Europe


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Une idée prometteuse mais des débuts difficiles À l’Est de Paris, la Mission d’Étude mise en place par l’État en 1969 se transforme en Établissement Public d’Aménagement (EPA-Marne) lors de la création de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée en 1972. Le développement de ce territoire a maintenant commencé il y a une quarantaine d’années. Sans trop extrapoler sur le rôle privilégié de carrefour commercial au MoyenÂge, Le Plateau Briard, lieu de grandes exploitations agricoles, a longtemps alimenté la capitale. « Cette phrase du livre de Jean-François Gravier paru en 1947, Paris et le désert français, résume la situation économique de cette partie de l’agglomération parisienne et du site de Marne-la-Vallée à la veille des grandes décisions d’aménagement des années soixante. Marginalisé pendant un siècle et demi, le plateau de la Marne et la forêt d’Armainvilliers connaît en fait une succession de rendez-vous manqués avec les bouleversements affectant le reste de la banlieue parisienne »65. Au début des années 1960, ce secteur longtemps à la traine, représente alors une réserve foncière idéale pour le projet des villes nouvelles. L’activité agricole primaire marque le territoire par son absence d’infrastructures. Dès les années 1970, le territoire se dote alors progressivement de voies de communications modernes dans une perspective de rééquilibrage de la région de l’Est parisien. Rapidement, le territoire est pourvu en infrastructures avec la construction de l’autoroute A4 qui dès 1975, reliera le territoire de la Vallée de la Marne à Paris ; puis plus tard, la ligne A du RER, dont les différentes gares ouvrent entre 1977 et 1980. Vient s’ajouter ensuite la ligne E du RER en 1999. Le site de la ville nouvelle couvre près de 15000 hectares, faisant 3 à 5km de large sur un peu plus de 20km de long. Il regroupe 26 communes (27 depuis 2011) implantées sur trois départements. Le territoire est singulièrement divisé en quatre secteurs : Porte de Paris, Val-Maubuée, Val de Bussy et Val d’Europe, « unités indépendantes reliées entre elles par des infrastructures routières et ferrées »66. Comme nous l’avons mentionné plus haut, les débuts difficiles des villes nouvelles, marquées par les deux crises, sont visibles à Marne-la-Vallée, chiffrant ainsi sa population à près de cent mille habitants à la toute fin des années 1970, pour les cinq cent mille prévus à l’origine. 65/ TORRÈS Félix, Marne-la-Vallée, une vision optimiste de l’avenir. Éditions du Moniteur, Poitiers, mars 1991. p.53 66/ TORRÈS Félix, Marne-la-Vallée, une vision optimiste de l’avenir. Éditions du Moniteur, Poitiers, mars 1991. p.61


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CHAPITRE 2

Dix ans après la crise de 1973, la ville connait un grand succès, elle « change de rythme », affichant « une image dynamique et conquérante »67. Elle constitue ainsi de larges surfaces de bureaux orientés principalement vers une économie tertiaire, mais également industrielle et technologique, confortée à l’échelle régionale par la mise en place du réseau express régional (RER). Cette position se renforce également à l’échelle européenne avec l’implantation du site Disney dans les années 1980 et de sa gare TGV, qui y est mise en service au début des années 1990. L’ajout des deux quartiers d’affaire du Mont d’Est (Noisy-le-Grand) et la Cité Descartes (Champs-sur-Marne) et des nombreux parcs d’activités assurent à cet Est parisien une desserte en transports efficace.

La relance d’« un bel espoir qui tourne à la faillite » « La population actuelle (110 000 habitants) sera tôt ou tard confrontée au problème de l’urbanisation nouvelle. Ce qui signifie disparition du cadre traditionnel, arrivée d’emplois, équipements, amélioration des transports. »68 « Le problème qui se pose aujourd’hui est celui de la transformation d’une décision administrative, devenue une réalité de bâtisseurs, en un organisme vivant. - Organisme vivant implique la participation des citoyens (que sont les habitants mais aussi les travailleurs de la ville nouvelle), et en premier lieu l’existence de relations et d’échanges entre les individus, entre l’individu et le groupe, entre le groupe et la collectivité. - L’espace public, ouvert ou « couvert » est le terrain privilégié de ces échanges. - L’animation urbaine devient « animation culturelle » lorsque les relations sont facteur de créativité qui s’exprime au départ dans l’appropriation d’un lieu par ses usagers. Il convient donc de laisser un maximum de liberté dans la définition de la structure d’équipements d’un quartier, de laisser ainsi la possibilité d’expression aux individus qui conditionnent réellement la réussite du quartier, à savoir le fait qu’il soit agréable à vivre. 67/ TORRÈS Félix, Marne-la-Vallée, une vision optimiste de l’avenir. Éditions du Moniteur, Poitiers, mars 1991. p.13 68/ Carle P., Lecœur G., Macary M., Villes Nouvelles – Vallée de la Marne. L’architecture d’Aujourd’hui n°152. 1970. p.39


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- La réussite de chaque quartier prend toute son importance lorsque l’on considère qu’elle est indissociable, surtout au démarrage, de celle de l’ensemble de la ville nouvelle. »69 Les répercussions du choc pétrolier de 1973, marquent toute de même plusieurs années de ralentissement économique sur le secteur Est. L’EPAMarne se trouve en difficulté face à commercialisation du foncier qu’elle détient et les opérations de logements qui stagnent à 60% de leur réalisation entre 1971 et 1975 n’encouragent pas les investisseurs à s’implanter à Marne-la-Vallée. Le manque d’équipements prévus sur le territoire met les habitants à rude épreuve, les amenant comme nous l’avons vu, à se mobiliser fortement autour de mouvements associatifs, principalement dans ces premières années de la ville nouvelle, pour connaitre, d’après l’étude de Stéphanie Vermeersch, un déclin notable dès 1985. L’EPAMarne de son côté, décide de poursuivre les politiques d’aménagement en ayant recourt à l’emprunt pour y parvenir. L’établissement public fait alors face à une opposition des collectivités locales qui ont vu leur environnement subir des mutations importante pour un résultat qu’il jugent décevant. « En cinq années, cinq mille emplois seulement ont été créés, alors que plus de quinze mille nouveaux habitants se sont installés »70. Les trois quarts de ces habitants continuent se déplacer pour travailler à Paris. La ville en chantier est alors dans une situation préoccupante. Félix Torrès dans son ouvrage Marne-la-Vallée, une vision optimiste de l’avenir expose alors le réaffirmement des politiques de l’État à rééquilibrer l’Est Parisien. C’est le Comité interministériel pour l’aménagement du territoire qui va annoncer en 1982 la priorité mise sur la suite du développement de Marne-la-Vallée. Passant par une large promotion commerciale du territoire, la mise en avant du site, qui dispose de parcelle de toute dimensions, permet l’implantation d’entreprises de toutes tailles, donnant naissance à son pôle tertiaire. Ce regain d’activité se fortifie par l’implantation d’un pôle universitaire dans les années 1990 sur le nouveau secteur économique de la Cité Descartes. Avec son rôle initial de « contrepoids » face à l’ouest parisien, face à la Défense et les Hauts-de-Seine, Marne-la-Vallée continue sur sa lancée. Si elle n’a pas raté son rendez-vous économique, cette ville nouvelle rate pourtant un rendez-vous socio-spatial face à l’urbanisation intensive et les 69/ Hipsh B., Pencpeac’h G., Villes Nouvelles – Cergy-Pontoise. L’architecture d’Aujourd’hui n°152. 1970. p.38 70/ Torrès Félix, Marne-la-Vallée, une vision optimiste de l’avenir. Éditions du Moniteur, Poitiers, mars 1991 p.74


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CHAPITRE 2

Les clusters parisiens

ER

RC

Roissy-CDG

R

RE

D

Logistique

Aviation

Cinéma et Arts numériques

B RER

RER E

La Défense

Clichy Montfermeil

Banque Finance

RER A

Cité Descartes

Automobile Nucléaire

Versailles

Ville durable

Villejuif

Saclay Orly

CLUSTERS LIGNES EXISTANTES LIGNES À L’ÉTUDE 0

5km

Pharmacie Biotechnologies

Pôle touristique Cité d’affaires internationale

Chessy


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formes nouvelles d’urbanisation issues de l’après guerre. Ce n’est pas faute d’avoir anticipé le problème, les aménageurs ayant conscience d’avoir amené sur le site une large population déracinée, ils ont tenté de prévenir ces problématiques par la mise en place d’un espace public et d’équipements performants, ainsi qu’une animation urbaine basée sur la participation des habitants permettant de rassembler anciennes et nouvelles populations. Le déclin de la mobilisation habitante soulève de nouvelles problématiques de cohésion sociale sur le territoire. Déjà déclarée comment étant à un « carrefour international » en 199171, la porte de la région parisienne va voir sa position à nouveau renforcée dans les années à venir par la mise en place de la boucle du Grand Paris Express , reliant les pôles de compétitivité et les aéroports de la région parisienne. Comment cette ville nouvelle va-t-elle articuler l’expansion économique, la compétitivité et la cohésion sociale sur le territoire, cette dernière étant déjà mise à mal ?

2 - Les pôles de compétitivité, un deuxième souffle pour les stratégies économiques des territoires : la Cité Descartes, le cœur du Cluster Ville Durable Nous allons ici nous pencher plus particulièrement sur le site de la Cité Descartes, qui depuis 2012 est devenu le territoire du Cluster Ville Durable de la métropole parisienne. Les enjeux qui pèsent sur ce territoire accélèrent les démarches dans son développement économique et également, par conséquent, celles de son développement urbanistique. C’est l’occasion pour les élites locales de mettre en place la future Ville Durable innovante, liée au Cluster.

a – Marne-la-Vallée et la Cité Descartes, quel bilan ? À Champs-sur-Marne, entre autres, mais aussi spécifiquement car il s’agit du terrain d’étude, la ville nouvelle ne s’est pas terminée. Dès le début de son aménagement, l’aspiration à attirer les entreprises sur le territoire est passée par la mise en place d’un pôle universitaire, la Cité Descartes. Aujourd’hui, le potentiel universitaire est là, plus performant que jamais, mais le site reste désert en dehors de cette activité. Comme nous l’avons vu plus haut, le dynamisme économique auquel aspiraient les aménageurs 71/ Torrès Félix, Marne-la-Vallée, une vision optimiste de l’avenir. Éditions du Moniteur, Poitiers, mars 1991. p.14


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CHAPITRE 2

PLAN DE LA CITÉ DESCARTES Noisy-Champs RER A

8 a 4 3

2

1

ZONE INVESTIE PARCELLE EN FRICHE

7

c b

5

ÉTABLISSMENTS ÉQUIPEMENT DE CAMPUS 1 UPEM - ESIPE 2 ENPC - ENSG 3 ENSAVT

6

4 ESIEE 5 IFU 6 ESO 7 IUT 8 IFSTTAR a CROUS - Restau U b BIBLIOTHÈQUE ET MAISON ÉTUDIANTE c GYMNASE 0

100m

Noisy-le-Grand Champs-sur-Marne (93) (77)


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n’est pas survenu, ça n’a pas pris. La ville nouvelle n’est pas achevée selon Michel Fanni, ancien directeur de l’Urbanisme et de l’Architecture à l’EPA Marne (actuel directeur de la Prospective et de l’Innovation)72. Ainsi, en fin de journée à la fermeture de la Cité Universitaire, personne n’anime le faubourg par sa présence car il n’y a ni commerce ni service, aucun pôle de vie hors des établissement de l’université. « Les représentations traditionnelles du quartier l’associent à une unité de vie collective et postulent une sociabilité spontanée. Cette approche suppose une autonomie minimale sur le plan des services quotidiens et les manifestations d’une vie sociale qui serait la réplique urbaine des formes traditionnelles de sociabilités du village ou du bourg rural. »73. Il ne s’agit pas d’un quartier à proprement parler. En soi, la Cité Descartes se soumet à certains critères énoncés parmi les définitions de « quartier » notamment en répondant à des critères de délimitation. Elle est un quartier dédié à l’Enseignement Supérieur et à la Recherche. La typologie et le tissu urbain des établissements caractérisent également ce « quartier ». Mais il ne correspond pas à la représentation première, traditionnelle, que l’on se fait du quartier de ville. « Chaque école a sa clôture, ses équipements sportifs, son restaurant, son parking (la plupart du temps trop petit), et fonctionne en vase clos, du moins en ce qui concerne la convivialité. »74 Il n’y a pas de lieu d’échange où pourraient se retrouver les étudiants, les chercheurs, les salariés et les entreprises ; bref, tous les acteurs du territoire depuis la création de la Cité Descartes. Il faut noter tout de même l’ouverture d’une maison des étudiants en novembre 2014.

On peut dire que la force de la Cité Descartes fait sa faiblesse : elle est vouée à être le moteur économique de la ville, mais elle en est isolée par le zonage fonctionnel dont elle est issue. C’est un quartier récent – aucun des bâtiments n’est antérieur à 1976 – composé de manière presque exclusive par des équipements publics ou 72/ Fernandez Agnès, Marne-la-Vallée : la Cité Descartes fera-t-elle ville ? Traits Urbains n°38. Avril/Mai 2010. p.53-55 73/ Merlin Pierre et Choay Françoise, Dictionnaire de l’urbanisme et de l’aménagement. Presses Universitaires de France. 3è édition mise à jour : octobre 2010 74/ Fernandez Agnès, Marne-la-Vallée : la Cité Descartes fera-t-elle ville ? Traits Urbains n°38. Avril/Mai 2010. p.53-55


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CHAPITRE 2

ENCART

LA CITÉ DESCARTES La Cité Descartes est basée à 85% sur la commune de Champs-sur-Marne (25 000 habitants), créée en 1983, elle recouvre 123 hectares et constitue la ZAC de la Haute Maison. Elle est désignée comme un parc d’activités et est le premier pôle d’enseignement supérieur de l’Est parisien. Elle est dynamisée par la présence de 18 Établissements d’Enseignement Supérieur et de Recherche dont : - l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée(UPEM) - l’École Nationale des Ponts et Chaussées (ENPC) - l’École Supérieure d’Ingénieurs en Électronique et Électrotechnique (ESIEE) - l’Institut Français des Sciences et Technologies des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux (IFSTTAR) - l’École Supérieure d’Ingénieurs Paris-Est (ESIPE) - l‘École Nationale Supérieure d’Architecture de la Ville et des Territoires (ENSAVT) - l’École Nationale des Sciences Géographiques (ENSG) - l’Institut Universitaire de Technologie (IUT) - l’Institut Français d’Urbanisme (IFU) - l’École Supérieure d’Ostéopathie (ESO).

LE CLUSTER VILLE DURABLE Mis en place en 2012 par l’État, le cluster Ville Durable dont l’épicentre est la Cité Descartes s’étend sur les communes de Champs-sur-Marne et de Noisy-le-Grand. S’alignant sur les objectifs de compétitivité nationaux, le Cluster Descartes vise le titre de Pôle pluridisciplinaire d’excellence d’enseignement supérieur et de recherche de rang mondial. Il s’agit de créer l’articulation entre les Universités et les entreprises souhaitant s’implanter sur le site. La réserve foncière du site constitue un potentiel de développement économique pour toutes les communes limitrophes mais aussi plus globalement pour tout le secteur Estparisien de Marne-la-Vallée. En 2010, suite à un concours international, la mission d’aménagement du cluster est confiée aux Ateliers Yves Lion. « Le projet des Ateliers Lion s’articule autour des questions d’infrastructures, de transports et de mobilité, tout en s’appuyant sur les espaces naturels qui constituent l’un des atouts forts de ce site. […] En se fixant comme objectif de produire des quartiers « zéro carbone », il préconise ainsi plusieurs actions pour diversifier les sources d’énergies et réduire les


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ENCART

besoins énergétiques comme la constitution d’un réseau de chaleur basé sur la filière bois locale, l’utilisation de la géothermie, la réutilisation des déchets de biomasse, l’installation de panneaux photovoltaïques, etc. »1. Dans cette optique, le cluster accueille Efficacity, le premier institut de recherche et développement spécialisé dans le domaine de l’efficacité énergétique de la ville en France. Le Cluster en chiffres (2013) - 3 000 enseignants, 600 doctorants, 500 ingénieurs et techniciens, - Près de 20 000 étudiants répartis dans 18 établissements, - 340 entreprises et 5 000 salariés - 85 000 m2 de bureaux, 500 000 m2 prévus à court terme, - Des centres d’affaires et une pépinière d’entreprises, - 137 000 m2 de services et commerces. - 36 Ha d’espaces verts2. - Avec un objectif de 900 logements par an dans l’intercommunalité Noisy-Champs (600 000 m2 /an). Répartition des établissements par secteur d’activité 3 : - Services : 64% - Commerce : 24% - Construction : 5% - Public : 4% - Industrie : 3%

1/ http://projets.epa-marnelavallee.fr/Le-Cluster-Descartes/Le-projet-urbain-du-coeur-du-cluster - consulté le 20/12/15 2/ Cluster Descartes – Maison de la Cité Descartes / Cité Internationale du Développement Durable. Etude de programmation architecturale. Base du cahier des charges consultation programmiste – EPA-Marne, Décembre 2009 3/ http://www.valmaubuee.fr/economie-developpement/zones-dactivites/parc-dactivites-de-la-cite descartes/ - consulté le 17/02/15


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CHAPITRE 2

privés : établissements d’enseignement supérieurs et de recherche avec des infrastructures sportives qui leur sont liées. La densité peu élevée de la Cité Descartes est due à l’emprise du pôle universitaire très vaste, et à une implantation très aérée de son bâti. Cette diffusion du bâti est entretenue par une volonté de préserver les espaces verts de la commune, qui recouvrent environ 50% du territoire de la Cité Descartes, et qui sont supposés offrir de vastes lieux de plein air à l’ensemble des habitants. Idée que l’on trouve dans un article de 1980, à propos des espaces « libres » qui recouvrent un tiers du territoire à l’époque, et qui apportent un genre pittoresque à la périphérie parisienne en développement et assurent une « transition harmonieuse et variée entre les quartiers denses »75. Or, à la Cité Descartes, on peut souligner l’absence presque totale de logements et d’habitants dans le quartier, ce qui, cumulé avec les difficultés de franchissement des infrastructures, n’invite pas les Campésiens à s’y rendre et renforce une mono activité ne favorisant pas le développement local de services et de commerces. Encore aujourd’hui dans le CDT, très peu de logements sont prévus sur le site, victime du développement accru des activités de la Cité Descartes, « cœur du cluster » Ville Durable, mais désert urbain. Le quartier est par conséquence très déséquilibré, ne profitant pas d’une diversité d’activités ni de mixité programmatique. Quelques projets récents d’ensembles résidentiels étudiants au sein de la ZAC de la Haute Maison tendent probablement à pallier ce problème, sans vraiment le résoudre. De plus, ce n’est pas la population de Champs-sur-Marne qui est visée par l’activité proposée par la Cité Descartes, seulement 22% des actifs travaillent dans leur commune de résidence entre Noisy-le-Grand et Champs-sur-Marne (pas spécifiquement sur le campus), les 78% restant venant principalement de Paris et des communes alentour76. Pôle d’excellence, le Cluster Descartes attire un public de spécialistes et d’étudiants important mais se tourne vers la capitale pour l’offre d’urbanité et l’attraction culturelle. Ce qui fait que la Cité Descartes, en dehors de son expertise, porte principalement son attention sur la mobilité, la desserte et l’accessibilité du site. Or, pour les collectivités locales le cluster Descartes doit connaître de nouveaux développements, en lien avec le reste de la ville – notamment des formations professionnelles pour les habitants suivant les demandes du cluster. 75/ Villes Nouvelles, Reportage, Marne-la-Vallée. Recherche et Architecture n°41. 1980 76/ L’APUR et la SGP, Observatoire des quartiers de gare du Grand Paris, Monographie du quartier de gare Noisy-Champs. Juillet 2014


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Le développement des villes nouvelles est fait de manière «rapportée» et bouleverse un contexte préexistant. La Cité Descartes est un point fort du territoire mais isolé dans sa ville d’ancrage, avec des populations qui fréquentent le site mais qui ne sont pas résidentes et où les activités proposées ne sont actuellement pas destinées aux Campésiens. L’activité de ce quartier est pendulaire, presque en vase clos. C’est un « ensemble de bâtiments autonomes et clos, conséquence de la pratique d’un urbanisme «à la parcelle», les rez-de-chaussée des établissements n’ont aucune relation à la rue »77. La Cité Descartes, dans son aménagement et son fonctionnement, ne fait justement pas «cité». Rien n’est mutualisé pour favoriser et soutenir des services performants et constants permettant une vie et des échanges hors des bâtiments. Cette problématique locale a l’opportunité de se résorber grâce au projet des Ateliers Lion et à la création de Paris Métropole, opportunité que les collectivités veulent saisir.

b – Les nouveaux objectifs du territoire : le Grand Paris, catalyseur d’énergies Aujourd’hui, la volonté politique de faire de Paris une métropole à rayonnement mondial s’appuie sur le développement de pôles de compétitivité s’appuyant sur les pôles universitaires situés en banlieue, ainsi que sur l’amélioration des réseaux de transport qui relieront ces différents territoires. La Société du Grand Paris (SGP) a été créée dans l’optique de gérer l’implantation de ces nouvelles infrastructures. À l’est, l’EPAMarne ainsi que les différentes communes de Marne-la-Vallée se saisissent de cette opportunité pour dynamiser le territoire et ses secteurs économiques. En 2012, la mise en place et le développement du Cluster Descartes à pour ambition la création d’un pôle technologique baptisé la « Cité internationale du Développement Durable ». Avec le projet Paris Métropole, c’est un des territoires dotés d’un énorme potentiel à rayonnement mondial et un des futurs méga-pôle scientifiques de la métropole parisienne. A terme, la gare de Noisy-Champs sera desservie par les lignes du Grand Paris Express (ligne 15 : Pont de Saint-Cloud – Noisy-Champs ; et de la ligne 16 : Saint-Denis Pleyel – Noisy-Champs), ainsi que par le prolongement de la ligne 11. Cette gare sera à termes un pôle d’échange majeur du réseau du GPE et pour ce territoire. 77/ BAUVE-PYZ Camille, CLERC Alexandre, LAPLANCHE Irène, SALEH Nathalie, Animons la Cité Descartes !, Cahier du DSA d’Architecte-Urbaniste 2012-2013. ENSAVT. p.60


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LES PRES Les PRES, Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieurs Ils ont été créés en 2006 par la loi d’orientation de programme et de recherche. Un PRES est un regroupement de grandes écoles et d’organismes de recherche. Ce groupement permet de « mettre en cohérence leurs différents dispositifs, de mutualiser leurs activités et leurs moyens ». « Les PRES sont des structures fédératives permettant une lisibilité et une qualité de recherche au meilleur standard international. Cette proposition s’oppose à la notion de pôles thématiques restreints (pôles d’excellence ou de compétitivité) concentrant tous les moyens; elle ne s’oppose pas à la mise en œuvre de partenariats étroits sur des thématiques spécialisées. Il convient de rappeler que ces partenariats ne peuvent s’opérer que dans un réseau d’échanges et de savoirs déjà existant qui sera renforcé par les PRES»1. La Loi LRU En 2007 la loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités ou «loi sur l’autonomie des universités» vise à un transfert de la gestion budgétaire aux universités; ce qui était jusqu’à lors géré par l’État échoit désormais aux établissements, réformant ainsi leur gouvernance. Cette démarche est, dans l’idée, un moyen de donner plus d’autonomie aux universités concernant leur stratégie d’ouverture sur le monde économique et de recherche de subsides. Si ce basculement a pu favoriser cette ouverture pour certaines universités, d’autres en revanche sont désormais face à des difficultés financières lourdes. Un rapport émis en avril 2013 constate que les objectifs de la loi n’ont pas été atteints, et insiste sur le « retour d’un « État stratège» ayant les moyens de définir des priorités nationales pour la recherche d’ici 2020 »2.

1/ Référence au rapport « Les pôles de recherche et d’enseignement supérieur (PRES) : un second souffle nécessaire », Rapport public annuel de la Cour des comptes, 2011 - Encyclopédie en ligne Wikipédia, libre de droit. 2/ Direction de l’information légale et administrative - http://www.vie-publique.fr/actualite/alaune/ autonomie-universites-objectifs-ne-sont-pas-atteints-20130412.html - consulté le 13/02/15


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LES PÔLES DE COMPÉTITIVITÉ Les pôles de compétitivité s’ancrent sur un territoire donné avec une thématique précise et regroupe PRES et entreprises de toute taille. En s’appuyant sur les ressources existantes, ils combinent entreprises, centres de formation et unités de recherche et d’enseignement publiques. Ces pôles cherchent à réunir experts scientifiques et jeunes diplômés autour de grandes thématiques de recherche et d’innovation. « Un pôle de compétitivité a vocation à soutenir l’innovation. Il favorise le développement de projets collaboratifs de recherche et développement (R&D) particulièrement innovants. Il accompagne également le développement et la croissance de ses entreprises membres grâce notamment à la mise sur le marché de nouveaux produits, services ou procédés issus des résultats de recherche. En permettant aux entreprises impliquées de prendre une position de premier plan sur leurs marchés en France et à l’international, les pôles de compétitivité sont des moteurs de croissance et d’emplois »3. La mise en place de ces « pôles d’excellence » a pour but d’attirer des marchés internationaux et de valoriser un savoir local en luttant contre la délocalisation. Les Clusters Les Clusters sont des « groupes d’entreprises et d’institutions partageant un même domaine de compétences, proches géographiquement, reliées entre elles et complémentaires » (Porter, 1999)4. Se regroupant autour d’un même secteur d’activité, les clusters sont aujourd’hui rattachés aux pôles de compétitivité.

3/ Pôles de compétitivité - http://competitivite.gouv.fr/politique-des-poles-471.html - consulté le 13/02/15 4/ Définition du site de l’Université de Nantes - http://www.univ-nantes.fr/82467798/0/fiche___ pagelibre/&RH=VALO&RF=1327082384526 - consulté le 13/02/15


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CHAMPS-SUR-MARNE ET SES FRACTURES URBAINES

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D’ores et déjà 59% des déplacements se font en transports en commun, et desservent principalement les activités de la Cité Descartes.

En Mai 2010, ce sont les Ateliers Yves Lion qui remportent le concours international d’urbanisme pour l’aménagement du Cluster lancé par l’EPAMarne. Ce projet porte sur un programme de 1,5 millions de m2. L’EPA Marne planifie le développement de cette énorme croissance – économique, démographique, mobilités – et son impact sur le territoire. Cela passe par un diagnostic de l’état actuel des sites. En effet, la Cité Descartes n’est pas épargnée par l’échec des théories d’urbanisme de l’après guerre. Lorsque l’on arrive sur place, le manque de vie est frappant. Le vide des grandes avenues et des espaces non encore urbanisés l’est tout autant. Le bâti est désolidarisé, c’est cette déconnexion qui freine l’interaction entre les différents établissements présents sur le site, mais aussi à plus grande échelle entre le campus et la ville de Champs-sur-Marne elle même. Cette fracture entre les deux parties de la ville est renforcée par la tranchée béante formée par la voie du RER A. On constate donc un isolement et une activité spécifique de la Cité Descartes qui donnent l’impression d’un site « sous cloche ». Pour l’aménageur du territoire, il ne s’agit pas seulement d’attirer de grands développeurs avec la croissance du Cluster. Ce seul objectif aurait pour résultat d’aggraver la césure déjà présente entre les deux fragments de la ville. Avant même de penser aux futures entreprises qui seront sur place, et dans cette mutation urbaine, il faut reconnecter ces deux parties et rendre la Cité Descartes attractive pour les habitants et les personnes qui la fréquentent. À travers le projet du Grand Paris, la ville de Champs-sur-Marne et l’EPAMarne œuvrent à ce jour à l’attractivité de la Cité Descartes et à son rayonnement mondial. Concernant cette zone urbaine, à travers le concours international, cela veut dire également qu’il faut revoir le tissu urbain, unifier les territoires morcelées, articuler les quartiers entre eux pour « faire ville » et continuité. Cette ambition s’est traduite par l’approbation et la mise en place en septembre 2013 du Contrat de Développement Territorial (CDT) Grand Paris Est NoisyChamps. Il s’agit de l’un des 4 CDT constituant le cluster de la Ville Durable, projet stratégique d’aménagement entre les deux communes de Noisy-leGrand et Champs-sur-Marne. Dans le CDT, les objectifs sont articulés autour de trente neuf projets, dont dix-sept directement liés à la Cité Descartes.


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Fortement impliquée dans le cadre de plusieurs thèmes, la Cité monopolise quasiment la moitié des opérations du CDT sur les deux communes de NoisyChamps : de la croissance du pôle économique et du pôle scientifique ; du projet urbain sur le site et de l’animation pour le secteur économique ; la création d’une zone d’activité supplémentaire ; du développement de l’offre de formation pour que la population locale aie les qualifications que le Cluster requiert ; de la mise en place de smart-grid, réseaux de chaleur, géothermie et divers multiservices de mobilité, etc. « Pour l’équipe des Ateliers Lion, le concours pose les principes d’intervention à partir desquels les projets s’élaborent à l’écoute du débat démocratique. Il s’agit, pour Yves Lion, de créer une séduction territoriale pour attirer les entreprises et de nouveaux habitants par la qualité de l’environnement, la densité programmatique et la mixité »78. Le projet d’aménagement du Cluster Ville Durable est amorcé. Malheureusement le temps de mise en œuvre d’un tel projet urbain est long et les diagnostics font apparaître des besoins de liens urgents sur le site. La planification du territoire orchestrée jusqu’ici par l’aménageur reste encore très globale, impersonnelle et également mal perçue par les collectivités locales. L’EPAMarne cherche à pallier ce problème avec la mise en place progressive d’un Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes. Si jusqu’ici nous avons décrit le mode de développement des Villes Nouvelles depuis leur naissance et la situation spécifique de la Cité Descartes, à ce stade de l’exposé nous pouvons constater une redondance dans l’expression de la volonté d’aménagement qui est formulée en des termes similaires : un besoin de développement économique, le développement de nouvelles infrastructures, un concours international pour des villes emblématiques et des futurs équipements pour les symboliser, ici les gares du Grand Paris Express. L’analyse des erreurs passées se traduit par une volonté de « plus de mixité programmatique » et « plus de cohésion territoriale » et cela, tout le monde a pu l’entendre. Mais cela suffit-il à faire l’urbain, à habiter réellement la ville ? Comment faire ville autour du projet, et avec qui ? 78/ http://www.epa-marnelavallee.fr/ - consulté le 10/02/2015


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B – Des ajustements nécessaires : le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes Nous proposons de voir ici la stratégie de développement de l’aménageur du secteur de Marne-la-Vallée, dont l’idée est de proposer aux acteurs du cluster de participer à la production de la ville autour d’un projet urbain plus large avec l’idée de retrouver l’action collective qui a disparu depuis quelques années. Le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes est un outil développé au sein de l’EPA Marne afin de répondre aux besoins les plus urgents du site. Sollicitant l’intervention de collectifs d’architectes dont il s’inspire, ce programme de micro-urbanisme a traversé plusieurs étapes. De son contenu initial et de ses idées solidaires jusqu’à sa mise en œuvre, quel est le parcours de ce projet ? Quelles en sont les modifications ? Comment est-il mis en place ? Quelles sont les stratégies de chacun, et comment sontelles exprimées, communiquées ?

1 - Les origines du projet – Qui ? Pourquoi maintenant? Comment ? Nous nous proposons de présenter ici les acteurs à l’origine du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes et de retracer l’élaboration progressive de ce projet.

a - L’étude du DSA Au regard du projet de développement de ce pôle du Grand Paris, une étude portant sur les questions d’animation de la Cité Descartes est commandée au Diplôme de Spécialisation en Architecture (DSA) de l’ENSAVT par la Mairie de Champs-sur-Marne et l’École d’Architecture de la Ville et des Territoires de Marne-la-Vallée, le tout guidé par l’EPA Marne. Un groupe de quatre étudiants du DSA : Camille Bauve-Pyz, Alexandre Clerc, Irène Laplanche et Nathalie Saleh, ont choisi de travailler sur ce sujet avec une position privilégiée, à la fois « architectes-urbaniste » et « usagers-habitans »79 du campus. Ce point de vue leur a permis de perfectionner l’analyse du territoire et d’exprimer un projet dynamique, cohérent et ancré. Ils remettent 79/ BAUVE-PYZ Camille, CLERC Alexandre, LAPLANCHE Irène, SALEH Nathalie, Animons la Cité Descartes !, Cahier du DSA d’Architecte-Urbaniste 2012-2013. ENSAVT. p.9


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les habitants de la ville au cœur des préoccupations d’aménagement ; mais également les 20 000 étudiants et chercheurs qui l’habitent quotidiennement. C’est en se basant sur le projet d’aménagement des Ateliers Yves Lion que le groupe du DSA développe des propositions pour rallier la ville au campus et utiliser le dynamisme local pour y parvenir. Le groupe d’étudiants mise sur un projet porté par les habitants du campus, où les programmes émergeraient d’ateliers participatifs interdisciplinaires autour de thématiques. Pour cela, ils ont analysé les espaces extérieurs et intérieurs des écoles, comme les halls, pour exploiter le potentiel dedans/dehors de chaque bâtiment pour constater que « les espaces fréquentés du campus ne sont pas les espaces publics, mais les halls des institutions, dont l’accès est restreint »80. L’espace public est désert les halls individualisés, sont dotés de petits services particuliers qui confinent les usagers à leur établissement. Ils étudient alors les flux de circulation qui mènent à ces établissements afin de dégager des « proximités », permettant à des populations limitrophes de se rencontrer dans des espaces communs mutualisés. En observant les usagers, leurs pratiques de l’espace et leur parcours sur le site, ils parviennent à identifier ces espaces stratégiques. À ces endroits, ils imaginent des évènements et des programmes éphémères dans un projet qui « par sa vertu expérimentale et son échelle réduite (dans le temps et l’espace) en fait un objet dont on peut se saisir facilement »81. En juin 2013, les étudiants restituent l’étude intitulée « Animons la Cité Descartes ! » et son projet « Pimp my Descartes », un ensemble de petits aménagements qui prendront place sur le site du campus, dans ses limites géographiques. Présentées aux collectivités locales, ces installations éphémères sont un moyen de mettre en œuvre une future urbanité, notamment en travaillant dès à présent à la création d’une nouvelle centralité et à la mutualisation des espaces délaissés situés entre les écoles. Le but de ces projets est de dynamiser la vie du campus à court terme en attendant le début des travaux d’aménagement prévus pour 2025. C’est en utilisant les ressources locales, étudiants, chercheurs et entreprises d’une part, et les terrains en attente d’urbanisation d’autre part que ces projets prennent vie. 80/ BAUVE-PYZ Camille, CLERC Alexandre, LAPLANCHE Irène, SALEH Nathalie, Animons la Cité Descartes !, Cahier du DSA d’Architecte-Urbaniste 2012-2013. ENSAVT. p.9 81/ BAUVE-PYZ Camille, CLERC Alexandre, LAPLANCHE Irène, SALEH Nathalie, Animons la Cité Descartes !, Cahier du DSA d’Architecte-Urbaniste 2012-2013. ENSAVT. p.9


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Les choix de programmes du site relèvent d’une étude académique : identification des flux, des services présents sur le site, des usages et pratiques des habitants de la Cité Descartes. On note que les propositions du DSA répondent aux constats, et que la réponse aux urgences du site n’a pas été recoupée avec une consultation des usagers.

L’intérêt porté par les collectifs – principalement Bellastock – sur l’espace public a donc attiré l’attention des étudiants du DSA dans le cadre de leur sujet, relatif à l’animation urbaine. Ces derniers mentionneront plusieurs exemples issus de collectifs dans leur rendu, dont le projet « Made in Vitrolles » de l’association Bellastock. Le but de ce projet est bien de créer une nouvelle centralité en amont du projet d’urbanisation définitif. La participation des habitants et des étudiants est déterminante dans ce processus. Ils sont un véritable levier d’activation des espaces urbains. « Nous nous appuyons sur les ressources humaines, intellectuelles et matérielles déjà présentes sur le site pour tirer parti des nombreux espaces vides du campus. Nous avons imaginé des actions d’envergure et de durée différentes qui valorisent la forte présence associative, le potentiel des camions-restaurants et celui des savoirs propres à chaque institution »82. Par la suite, les étudiants « ont éprouvé la faisabilité » de leur projet pendant trois semaines, prenant ainsi la mesure des formalités administratives autour des évènements et de la communication nécessaire pour le dynamiser. « Cette expérimentation nous a fait prendre conscience de la fragilité de ce type d’événement, qui rend indispensable la fédération de chacun autour d’un projet commun. Seules la motivation des étudiants, l’ambition des administrations et le soutien des universités rendront possible le projet. Des décisions seules ne permettront pas d’animer ce territoire, l’implication humaine est indispensable »83. Ces semaines de test, de recherche-action, ont amené les collectivités locales à constater le succès de la démarche et à décider la poursuite du projet. « Suite à cette présentation, les trois organismes se sont mis d’accord sur le besoin urgent d’améliorer la vie quotidienne des multiples usagers de la 82/ BAUVE-PYZ Camille, CLERC Alexandre, LAPLANCHE Irène, SALEH Nathalie, Animons la Cité Descartes !, Cahier du DSA d’Architecte-Urbaniste 2012-2013. ENSAVT. p.9 83/ BAUVE-PYZ Camille, CLERC Alexandre, LAPLANCHE Irène, SALEH Nathalie, Animons la Cité Descartes !, Cahier du DSA d’Architecte-Urbaniste 2012-2013. ENSAVT. p.11


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Cité Descartes, à savoir : étudiants, chercheurs, professeurs, entrepreneurs, salariés et habitants. EPAMarne, souhaitant poursuivre cette réflexion sur l’animation urbaine, a proposé un stage de 6 mois à une jeune diplômée, membre de l’équipe d’origine du DSA. Ce stage a permis de définir le plan d’actions […], en concertation avec les différents acteurs de la Cité Descartes. Les actions doivent incarner l’esprit ville durable, en développant des démarches d’économie, de transformation, de réadaptation et de flexibilité; par ailleurs ces actions ont une durée de vie limitée mais non prédéterminée. En tant qu’éléments précaires et transitoires, elles ont une valeur expérimentale, permettant d’éprouver leurs qualités et leurs biens fondés avant de pérenniser, éventuellement, leurs usages. Les actions proposées sont flexibles, mutables, déplaçables et peuvent également disparaître sans laisser de trace, ce qui fait de ce plan d’actions le premier projet de micro-urbanisme éphémère à l’échelle d’un quartier. Le plan d’action cherche à faciliter le développement du campus, du quartier des affaires et du Cluster, à préfigurer la future Cité Descartes et surtout à la rendre plus attractive »84. Camille Bauve-Pyz, étudiante du groupe, se voit alors proposer une période « d’incubation » ou stage de six mois à l’EPAMarne, entre septembre 2013 et mars 2014 pour développer le projet. Pendant cette période, l’EPAMarne met en place un budget pour l’Animation de la Cité Descartes. L’étude du DSA se concrétise et devient le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes. Dans sa concrétisation, le projet du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes porté par l’EPAMarne se doit de s’appuyer sur les acteurs locaux, publics ou privés pour la phase de réalisation. En effet, le rôle de l’aménageur n’est pas d’animer mais de promouvoir le territoire. L’animation et la vie de quartier reviennent aux collectivités locales et aux habitants. Cette nouvelle étape dans l’élaboration du projet commence à mobiliser les différentes parties autours d’objectifs collectifs puis individuels. Quels sont les acteurs impliqués dans la nouvelle phase du projet ? Comment sont-ils mobilisés ? 84/ BAUVE-PYZ Camille , Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes. Université Paris-Est. juin 2014. p.2 Le mot « concertation » a été mis en gras dans le cadre de l’analyse.


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b - Les acteurs du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes Pour la concrétisation du Plan d’Action, les organismes porteurs se doivent de mobiliser plus de ressources institutionnelles pour en élargir l’impact. C’est pourquoi ils invitent l’ensemble des collectivités territoriales à prendre part au projet et des acteurs privés. Un acteur, Bellastock, est également recrutée en tant qu’acteur opérant physiquement sur le terrain, et qui fera également évoluer la réflexion. Le développement ci-dessous présente les acteurs rencontrés et les acteurs mentionnés au cours des entretiens, pour leur présence et leur soutien de près ou de loin au projet.

A l’origine

L’EPAMarne, l’aménageur

Anne-Claire Schmitt, chargée de l’Innovation à l’EPAMarne ; Vincent Tanguy, chef de projet au Plan d’Action. À l’origine du projet. La présence de l’EPAMarne constitue une force combattante (due aux difficultés qu’elle a traversé par le passé) et majeure pour le territoire de Marnela-Vallée et ses collectivités locales. Son rôle est, sans surprise, d’aménager, mais aussi de planifier et de dynamiser le développement économique de l’Est-Parisien en portant une attention particulière à la cohérence du territoire. C’est un leitmotiv qui constitue sa stratégie de portage du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes. La dynamique apportée par le Cluster l’amène à élaborer des processus pour renforcer l’attractivité de ce secteur.

Ville de Champs-sur-Marne

Audrey Pigois, chargée d’Urbanisme ; Gilles Danede, service salubrité (contrôle de sécurité des établissements recevant du public et des manifestations spéciales). Permissive face au projet du Plan d’Action, la Mairie intègre son existence à ses objectifs pour la ville : le développement économique et la création d’emplois locaux pour la population de la commune, l’entretien d’une croissance démographique et économique (dans le contexte actuel, les taxes foncières jouent énormément pour les communes), et enfin l’homogénéisation du territoire en réduisant les factures urbaines présentes sur le territoire.


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IDEX ET I-SITE L’ANR est créée en 2005 pour mettre en œuvre des financements sur projets. Elle est désignée en 2010 comme principal opérateur du Commissariat Général à l’Investissement pour les actions du premier Programme des Investissements d’Avenir (PIA) dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche et de sont financement IDEX1. En juillet 2014, le PIA2 est lancé, ainsi qu’un nouveau financement I-SITE. - Les Initiatives d’excellence (IDEX), sont de nouveaux « pôles pluridisciplinaires d’enseignement supérieur et de recherche de rang mondial, disposant d’une puissance et d’un impact scientifiques de tout premier plan dans de larges champs de connaissances ». - Les Initiatives Science-Innovation-Territoires-Économie (I-SITE) visent quant à elles à développer, dans la palette thématique de leurs porteurs, des coopérations fortes et particulièrement efficaces avec le monde économique, et à mettre en œuvre des actions innovantes de recherche partenariale, de développement de l’entrepreneuriat et de formation professionnelle, initiale et continue2. Cette démarche de financement est dénoncée comme étant inégalitaire vis-à-vis des différents acteurs de la recherche, car les plus aptes à répondre aux critères de subvention sont les pôles d’ores et déjà en avance dans leur développement, orientant alors les fonds dans une seule direction. Ce deuxième programme peut donc être remporté par un pôle bénéficiant déjà de financements, entrainant « la création d’une seconde division universitaire ». La nouveauté est dans la création des financements I-SITE dans le PIA2, qui consiste à réserver une somme aux perdants (un milliard à se partager entre les sites non retenus). Selon les contestataires : « un constat simple s’impose : les sites non retenus ni dans un cas ni dans l’autre ou devant se partager les miettes d’un festin pour lequel ils ne sont pas conviés poursuivront leur lente agonie financière »3.

1/ Agence Nationale de la Recherche - http://www.agence-nationale-recherche.fr/investissements-d-avenir/ - consulté le 15/02/15 2/ Institut de Recherche pour le développement - http://censvrws0010.ird.fr/toute-l-actualite/appels-apropositions-appels-a-projets/appels-a-propositions-d-autres-structures/investissements-d-avenirappel-a-projets-idex-i-site - consulté le 15/02/15 3/ http://www.snptes.fr/IDEX-iSITE-la-course-aux.html - consulté le 15/02/15


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L’Université Paris-Est, le Pôle de Recherche et d’Enseignement Supérieur

Bernard Dizambourg, président de l’UPEM ; Camille Bauve-Pyz, chargée de mission à l’Animation de la Cité Descartes. Camille est au cœur du projet, de son origine à sa mise en œuvre, elle a donc un regard stratégique de manière a faire avancer le projet. Elle tente depuis la phase d’incubation à « satisfaire » le commanditaire du projet : l’EPAMarne. Elle est ensuite accueillie par l’Université Paris-Est, avec le grand soutien du Président de l’Université, qui voit dans la réalisation du Plan d’Action un atout de plus pour la dynamisation de la vie du campus et pour capter les financements I-SITE. Pour l’occasion, l’UPEM va créer un poste spécial pour les questions d’Animation de la Cité Descartes, financé par un budget participatif entre les différents établissements présents sur le campus (principalement par l’ENSAVT, l’ESIEE, l’UPEM et l’IFSTTAR). Pour la pérennisation, Camille entre en contact avec l’ensemble des acteurs prenant part dans l’aménagement du territoire de la ville nouvelle de Marnela-Vallée, et plus localement du secteur du Val-Maubuée et de la commune de Champs-sur-Marne.

Les nouveaux acteurs

La Communauté d’Agglomération

Paul Miguel, président ; Gérard Eude, vice-président, chargé du développement économique, de l’emploi, de l’insertion et de l’enseignement supérieur, viceprésident chargé du développement économique et des grands projets d’aménagement au Conseil Général du 77 et Président de l’agence Descartes Développement. L’appui de la Communauté d’Agglomération est fortement sollicitée part l’EPAMarne et l’Université Paris-Est. En effet, sans ce soutien, le projet ne peut pas profiter de financements publics du Conseil Général de la Seineet-Marne et plus particulièrement de l’agence économique Seine-et-Marne Développement.

L’AVED, Association pour la Vie Etudiante à Descartes

Mathilde Gattegno, présidente et du BDE de l’ENSAVT. Cette association regroupe tous les président(e)s des BDE des Universités du campus, faisant de ces membres une sorte de collège de grands élus. Le rôle de l’AVED consiste à communiquer sur tous les évènements du campus, et à organiser des évènements interdisciplinaires à l’échelle du campus -


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notamment le Trophée Descartes, évènement sportif qui a nécessité la (re) fondation de l’association. Son statut lui permet de rentrer en contact plus aisément avec les différentes administrations du campus et de relayer de l’information auprès de l’ensemble des étudiants.

Bellastock, le prestataire

Paul Chantereau, responsable du pôle Stratégie Urbaine ; Hugo Alzingre, Arthur Poiret, membres de l’association. Bellastock est contactée directement par Camille Bauve-Pyz et l’EPAMarne afin de prendre part au projet dans son volet « espaces partagés ». Invitée initialement à réaliser son grand festival annuel, l’association propose un chantier d’été, plus en rapport avec ce que l’Université et l’EPAMarne tentent de mettre en place. Ils disposent alors de neuf mois pour la mise en place de leur projet - qu’ils baptisent « Pimp my Descartes » en référence au DSA et son ambition collaborative envers les habitants du campus. Plus de la moitié du temps a été consacré à la rencontre avec les différents acteurs.

Les entreprises privées

Plusieurs acteurs privés ont été sollicités pour participer à l’élaboration du Plan d’Action, afin notamment de dynamiser leur territoire d’implantation et de créer un cadre de travail optimal pour les salariés. La seule qui a été citée fut MopEasy, société de gestion d’une plateforme de véhicules d’écomobilité, basé sur le covoiturage et l’« écopartage ». C’est une opportunité pour l’entreprise d’élargir son marché. En dehors de cette entreprise, aucune autre n’a été citée. La présence de ces entreprises a avant tout pour but de créer de « nouveaux services urbains », l’accès aux services étant un enjeu crucial de l’aménagement des villes. L’EPAMarne espère ici créer un laboratoire de services innovants pour le cluster Ville Durable. Ces acteurs peuvent être classés en cinq ensembles : les collectivités locales, les institutions publiques, les collectifs et usagers, la chargée de mission du Plan d’Action et les autres partenaires. Dans l’élaboration du projet, les considérations de chaque acteur sont prises en compte, mais quelles sont celles qui sont mises en avant, celles qui sont oubliées ? Le projet a l’ambition de faire changer les choses sur le fonctionnement du site, mais est-ce que tout le monde y trouvera son compte ? Selon l’EPA les acteurs doivent y trouver leur compte, alors que toutes les


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parties prenantes ne sont pas totalement intégrées dans la gouvernance. Ce qui fait que la dynamique du projet n’aura pas eu la vigueur qu’elle pouvait avoir parce qu’il a manqué certaines énergies. L’étude de ce mémoire est basée sur cette mutation du projet, qui à l’origine est une initiative locale, une réponse à un questionnement de la sphère publique qui débouche sur une pratique alternative de l’aménagement de l’espace public, et se met en place dans un cadre institutionnalisé et devient un instrument politique permettant d’infléchir le projet. Nous allons voir dans la partie suivante comment s’opère le basculement entre l’étape « académique » et la phase opérationnelle.

2 - Développement et concrétisation : définition du projet, de ses étapes. D’emblée, l’EPA stipule que ce projet est limité dans le temps, qu’il s’agit d’une amorce de fonctionnement du futur Cluster en attendant la réalisation du projet des Ateliers Lion. Pour cela, l’EPAMarne compte sur la mobilisation des acteurs des différentes institutions et entreprises du territoire pour dynamiser le projet du Plan d’Action. Il semble que les objectifs du CDT concernant le développement local aient été pris en compte pendant la phase d’incubation du projet à l’EPAMarne entre septembre 2013 et mars 2014, permettant ainsi au Plan d’Action de s’inscrire dans les dynamiques de développement territoriales et de toucher plus d’acteurs et partenaires potentiels. À la suite de ce stage, Camille Bauve-Pyz est engagée par Université ParisEst afin de réaliser le projet sur le campus à partir de mars 2014 et pour une durée de un an.

a - Un projet issu d’une démarche incrémentaliste La durée d’un an va voir deux versions du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes. L’une de juin 2014, toute juste issue du stage de Camille, revue par l’EPAMarne, et l’autre d’octobre 2014, faisant état des premières étapes accomplies et qui, face à des difficultés de financement, va réorienter sa stratégie pour mieux capter l’intérêt des acteurs. Quels sont les différences que l’on peut noter entre le projet académique et le Plan d’Action ? Puis les différences que l’on constate entre les deux versions ?


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Un projet qui évolue et qui s’adapte La première version, de juin 2014, est issue directement des concepts du diplôme du DSA « Animons la Cité Descartes ! ». On y recense douze projets articulés autour de cinq thématiques Parmi ces dernières, deux traitent des usagers du campus, de leur implication dans la dynamisation du territoire en lien avec le reste de la commune de Champs-sur-Marne ; une autre traite des étudiants et de leur potentiel en tant que ressource intellectuelle du site. La deuxième version, d’octobre 2014, est une version déjà plus mature suite à la mise en place de deux projets du Plan d’Action et à l’articulation des acteurs, leur investissement ou leur réticence. On y recense huit projets autour de quatre thématiques, dont une seule traite des usagers du campus en les invitant à se positionner en tant qu’acteurs, et une deuxième sur le renforcement de l’image du Cluster par l’interdisciplinarité entre les Établissements d’Enseignement Supérieur. Cette dernière version, forte d’un premier semestre d’expérimentation, porte plus sur une stratégie de financement pour un nouveau projet phare du Plan d’Action. Elle est donc tournée vers les financeurs potentiels du territoire du cluster, et finalement pour soutenir un projet du Plan d’Action qui ne s’inspire en rien du DSA d’architecte-urbaniste. En effet, dès la version de juin 2014, on voit émerger ce nouveau projet, qui s’inspire plus probablement du Contrat de Développement Territorial entre les villes de Champs-sur-Marne et Noisyle-Grand. Il s’agit de la Halle multi-usages. Dans les deux versions, la fiche de description reste inchangée, c’est un projet qui est principalement orienté vers les entreprises présentes et futures du territoire, proposant un Showroom « Ville Durable » éphémère en attendant la mise en place du projet définitif des Ateliers Lion. Rappelons en effet que trois mois après l’achèvement du DSA, le 9 septembre 2013, le Contrat de Développement Territorial entre la ville de Noisy-le-Grand et Champs-sur-Marne est validé par le Préfet de la Région Ile-de-France (Préfet de Paris), Jean Daubigny ; par la Maire de Champs-sur-Marne, Maud Tallet ; le Maire de Noisy-le-Grand, Michel Pajon ; et par le Président de la Communauté d’Agglomération du Val Maubuée, Paul Miguel. Le CDT exprime les besoins d’« animation et de promotion économique » sur le territoire du Cluster pour mettre en valeur le pôle d’enseignement et de recherche comme « moteur d’innovation dans la construction de la ville durable »85. 85/ CDT Grand Paris Est, Noisy-Champs, Territoire de la transition énergétique – p.112 et 124


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On peut noter que le projet de la Halle articule huit points du CDT concernant la Cité Descartes, principalement la mise en place d’une vitrine Ville Durable, puis d’autres points comme l’accélération du développement du pôle économique et du pôle scientifique, l’animation de la Cité Descartes, et l’étude pour la mise en place des réseaux énergétiques sur le site (géothermie, smart-grid, réseau de chaleur, mobilité douce), etc. Néanmoins, la Halle, est devenue le projet phare du Plan d’Action, mais dans des stratégies tournées vers l’extérieur, vers un marketing urbain qui vise à attirer des entreprises sur le territoire. À hauteur de son ambition, elle est le projet le plus couteux du Plan d’Action, et qui nécessite une mobilisation de plus d’acteurs publics et privés, ainsi qu’une stratégie de financement plus conséquente que les autres volets d’intervention. La volonté exprimée par le Plan d’Action de prendre en compte la vie de campus est plus restreinte qu’auparavant, il s’appuie sur la Halle pour drainer notamment des subsides en prenant en compte les financements d’État : IDEX et I-SITE. La mise en œuvre du Plan d’Action est prévue sur le lot Y, une parcelle triangulaire située entre l’École des Ponts et Chaussée, l’Université Copernic et l’EISEE. « Proximité » révélée lors de l’étude du DSA, le potentiel géographique de ce site est alors mis en avant, il devient le terrain de jeu du projet.

Description du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes Le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes se développe donc en quatre thèmes :

« Accompagner le développement de la Cité Descartes »

Ce premier volet est orienté principalement vers les entreprises innovantes, qu’elles soient d’ores et déjà implantées sur le territoire ou qu’elles en aient l’intention. Il assure la promotion du cluster Ville Durable par la mise en place d’un Showroom, incarné par le projet de la Halle. Porté à terme par l’UPEM, l’EPAMarne et la CA du Val-Maubuée, la Halle a pour objectif d’insuffler une dynamique de commercialisation au territoire à travers l’expérimentation de différents programmes : laboratoires, découverte du territoire, services innovants, réception (accueil), évènements, et restauration. L’opportunité d’implantation de la Halle permet à ce volet d’encourager l’installation de nouveaux commerces et services. Ainsi, la seconde action


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de ce volet, le projet « Food Court », est un évènement festif autour de la restauration fournie par des camions-restaurants et porté par la Ville de Champs-sur-Marne. Sur une durée de deux semaines et accompagnée d’une animation culturelle, cette « fête » est l’occasion d’attirer la population campésienne sur le site de la Cité Descartes.

« Promouvoir l’innovation sur le territoire »

Cette deuxième thématique encourage le rapprochement entre les universités et les professionnels du site, afin de mettre en valeur l’innovation dans le cadre du Cluster et de créer une « identité propre à la Cité Descartes ». Un premier projet, le défit mobilité « Zéro CO2 » est une course de trajectoire libre utilisant divers moyens de déplacement, avec pour objectif d’avoir le bilan carbone le plus bas. Formant des équipes pluri-institutionnelles (académiques et économiques), cette course de soixante kilomètres fait parcourir la ville nouvelle pour (re)découvrir le territoire. L’Aquaponie est un projet « d’agriculture urbaine innovant liant aquaculture (élevage de poissons) et hydroponie (culture de plantes dans l’eau)», créant ainsi un écosystème équilibré. Cette expérience est implantable dans la Halle en tant que démonstrateur d’innovation du cluster Ville Durable. Ces deux projets sont portés par l’Université, les entreprises privées et potentiellement l’EPAMarne, dans le cadre du développement identitaire du cluster.

« Expérimenter une nouvelle approche du projet urbain »

Il s’agit du volet participatif du Plan d’Action, il consiste en l’aménagement de micro espaces publics sur le Lot Y. C’est le volet qui attire le plus notre attention dans cette étude, il est aussi celui qui souhaite mobiliser les usagers du campus. Anciennement destiné à attirer les habitants de Champs-surMarne sur le site, c’est un thème qui maintenant intègre les notions de « préfiguration » d’« expérimentation » du futur projet urbain des Ateliers Lion. Cette partie regroupe les actions de Bellastock et du « Campus cultivé ». Le premier projet « Pimp my Descartes », chantier d’été de l’association Bellastock consiste à la mise en place de mobilier urbain pour les moments de pause en plein air et l’organisation d’évènements festifs. Il est porté par l’EPAMarne et l’ENSAVT. Le second projet, « Campus Cultivé », réalisé par l’agence de paysagisme Wagon Landscaping, met en place diverses infrastructures plantées.


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Le travail sur l’espace public permet de fournir les usagers du campus en micro équipements dans l’espace public. Ces objets éphémères sont disposés sur le lot Y et d’autres terrains en attente d’urbanisation appartenant à l’EPAMarne. Ils favorisent la rencontre et l’échange, revalorisent l’espace extérieur morne du campus en préfigurant l’espace public du plan guide des Ateliers Lion. Résultats d’une co-construction entre les habitants et les associations et agences professionnelles, ces espaces encouragent l’appropriation.

« Développer l’interdisciplinarité »

Ce volet exploite le potentiel des étudiants dans la contribution à la valorisation du site et l’image du Cluster à travers l’organisation de concours. Arts&Cité est un concours organisé par l’Institut National des Métiers d’Arts. Il est proposé aux étudiants de répondre au concours en concevant des aménagements pour les usagers des camions-restaurants à la Cité Descartes. Les équipes sont interdisciplinaires, chaque membre doit venir d’une école différente pour encourager les échanges entre les universités. Le projet « maquettes » consiste en la réalisation de cinq maquettes des quartiers de la Cité Descartes dont le développement est prévu dans le CDT Noisy-Champs. Placées dans la Halle, elles permettent dans le cadre du Showroom Ville Durable de promouvoir le territoire et de simuler les installations technologiques innovantes : promenades paysagères, implantation de réseau de chaleur, smart-grids, etc. Le rôle de Camille entre les diverses étapes d’élaboration du Plan est de revenir à chaque étape sur les projets du Plan qui ont été exécutés et de présenter aux partenaires un bilan d’exercice afin de mieux préparer les étapes et les stratégies de financements suivantes. Ces aller-retours entre les différentes phases et une avancée progressive au gré de la volonté des acteurs en fait un projet incrémentaliste. L’objectif du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes est de mettre en place des évènements qui à terme seront portés par les acteurs locaux de la Cité Descartes : la commune, l’université, les entreprises, et peut-être même les étudiants. Ces objectifs de portage induisent une gestion spécifique des ressources et donc l’instauration d’une gouvernance du projet.


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b - Gouvernance du projet Très vite, l’EPAMarne et l’UPEM, porteurs du Plan d’Action réalisent que l’ensemble du projet ne peut pas être porté uniquement par des fonds publics, surtout le projet de la Halle. Ce dernier étant le projet clé, le « showroom Ville Durable » tous les acteurs souhaitent en faire partie… mais peu ont les moyens d’en financer la construction. Les porteurs du Plan, préoccupés par la question du financement mettent en place une organisation pour la gestion du projet. Ils constituent un Comité de Pilotage et se demandent qui va y siéger ? Les acteurs qui souhaitent participer au projet sont nombreux, mais participer de quelle façon ? L’EPAMarne et l’Université décident que seuls siégeront au Comité de Pilotage, le « Copil », ceux qui participent à la mise en œuvre du projet par le financement du poste de Camille d’une part et par le financement des constructions en cours de concrétisation d’autre part. Cette décision permet à l’EPA d’inciter les acteurs à subventionner le projet pour y être représentés en contrepartie. La ville de Champs-sur-Marne y est présente, principalement pour le soutien politique qu’elle apporte au projet. En revanche, la communauté d’agglomération reste sur le banc de touche, car jusqu’ici, malgré ses engagements tacites, elle n’a pas alloué de fonds au projet. Nous pouvons constater ici que le choix de la participation au comité de pilotage par le financement, écarte de fait tous les acteurs qui n’ont pas les ressources financières suffisantes. Cela exclut l’idée que ce « Copil » puisse être représentatif des publics ciblés par le Plan d’actions, les usagers du site. On est dans une logique où les maîtres d’ouvrage, principaux financeurs vont imposer la tonalité et le rythme du projet. Les autorités désignées ou élues mettant en place le processus pensent, dans la logique de leur formation, que l’intérêt du projet et leur présence devraient suffire à son succès. On peut noter l’absence de Bellastock, alors que, de par leur démarche, alliant proximité et mise en relation, ils auraient pu être consultants et aider à l’élaboration et à la mise en œuvre des autres étapes du projet qui reste un projet top down, contrairement à ce que l’association d’architectes a essayé de mettre en place. Le plan d’actions mobilise les collectivités locales et des entreprises privées souhaitant s’implanter à Marne-la-Vallée, et la dimension de participation citoyenne a disparu.


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Pimp my Descartes s’adresse à l’ensemble des acteurs du territoire avec l’objectif de dynamiser le développement de la Cité et de fédérer les énergies. Sa mise en œuvre constitue un enjeu. Comment vont se révéler les positions et les stratégies de chaque acteur ?

C – La mise en œuvre du Plan d’Action, l’articulation de l’action collective A travers le projet Pimp my Descartes, chaque acteur tient ses positions selon sa vision stratégique. Les objectifs de l’EPA Marne restent de promouvoir un territoire attractif et innovant, aux espaces publics animés et habités, ce qui peut passer par les projets du Plan d’Animation. Ils sont donc tournés vers l’extérieur et vers les investisseurs du territoire, en essayant à la fois d’attirer de nouveaux habitants et d’intégrer une mixité programmatique – sur la ZAC de la Haute Maison, sans intégrer de logement présentement. Mais qu’en est-il de la perception du projet du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes de la part des autres acteurs ? Quel est le positionnement qui en découle ?

1 - Rapports entre acteurs, stratégies divergentes Cette partie concentre l’étude des documents produits avec les acteurs et le résultat des analyses d’entretien.

Organigrammes Initialement le travail de l’organigramme était un moyen de comprendre quels étaient les acteurs du projet et leur rôle. Camille Bauve-Pyz, acteur clé du projet, s’est vu proposer cet exercice. Il est ensuite apparu judicieux de le répéter avec les autres acteurs afin de comprendre la manière dont chacun percevait le projet, son positionnement et l’intervention des autres acteurs, leur organisation et leur articulation tout au long de la démarche. Bref, d’obtenir de chacun une présentation synoptique des intervenants du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes afin de les comparer. De fait, la perception des organisations de la gouvernance du projet est la deuxième information donnée par la représentation graphique de chaque


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organigramme. C’est un outil qui met en évidence l’image du système projet pour chacun des acteurs. Ainsi, il en résulte qu’aucun organigramme n’a la même forme, la même hiérarchie ou les mêmes acteurs. Graphiquement, ils ont été reproduits à l’identique ci-contre ; avec néanmoins l’ajout d’un classement chromatique représentant des ensembles d’acteurs, afin de faire ressortir la présence ou non des différentes catégories. La troisième information qui s’est révélée à travers cet exercice est que l’organigramme représente la connaissance que chaque acteur a du projet, de l’intervention des autres acteurs, et révèle ainsi sa position réelle et son propre rôle dans le projet. Donc, chaque acteur fournit une donnée à analyser en procédant à l’exercice de l’organigramme, ne recensant que son champ de perception et d’action.

Le corpus d’organigramme permet de distinguer trois types d’organisation : Une organisation hiérarchique des acteurs en fonction de leurs pouvoirs décisionnels et du mode fonctionnement. Une organisation stratégique de gouvernance, qui regroupe les acteurs qui financent le projet et qui sont amenés à en porter la conduite. Une organisation fonctionnelle et opérationnelle de l’organisation des tâches, qui fait quoi, dans quels délais. Le premier organigramme produit par Camille recense une majorité d’acteurs de toutes catégories : collectivités territoriales (Mairie, Conseil Général, Région), institutions publiques (Pôle d’Enseignement et de Recherche, EPA Marne) mais également les acteurs phare de l’étude au DSA, ceux présents sur le site, moteurs et inspirateurs du Plan d’Action depuis l’origine : les étudiants, les chercheurs, les salariés et les entrepreneurs intervenants. Ce premier schéma présente l’organisation des acteurs du projet de manière rationnelle. Dans sa représentation, Camille donne probablement la version la plus juste des intervenants dans le projet, en utilisant un ordre hiérarchique. C’est la place que Camille se donne dans l’organigramme, au même rang que les étudiants et collectifs, qui est intéressante. Bien qu’elle soit effectivement issue du collège étudiant, elle n’en fait plus partie, et elle se place dans une position qui tente de rapprocher l’EPA Marne des utilisateurs et bénéficiaires du Plan d’Action, alors que la démarche de projet s’en éloigne progressivement.


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Le graphique est donc équilibré entre tous les intervenants, ce que l’on perçoit également dans le document conçu par Bellastock. Bellastock est le premier acteur opérationnel à intervenir physiquement sur le site. L’association d’architecture donne plus de place aux participants et aux habitants du lieu, qui sont selon eux un levier essentiel pour activer le terrain. Dans leur schéma, l’absence de hiérarchie indique l’importance de chaque acteur en fonction de sa contribution au projet, qu’il en soit le destinataire, le financeur et/ou le commanditaire ou simplement un soutien dans la mise en œuvre. Leur démarche militante étant tout de même fondamentalement tournée vers les usagers et plus particulièrement vers les étudiants. Les étudiants, représentés par l’AVED, semblent finalement très peu sollicités dans le projet, si ce n’est par Bellastock pour faire émerger les éléments de programme du micro espace public du chantier d’été. On peut noter la symbolisation du projet du Plan d’Action sur le graphique de l’AVED comme un projet qui vient d’un point hiérarchique plus haut, représentation qui donne l’impression qu’il leur a été imposé. Cette perception peut expliquer pourquoi les étudiants se sentent finalement très peu concernés par le projet, car il dénote la place anecdotique qui est accordée aux habitants du site – principalement les étudiants – dans le Plan d’Action. Leur organigramme est très déséquilibré, s’arrêtant à l’Université Paris-Est. Ils ont conscience de la présence de l’aménageur et des collectivités locales, mais pas dans la dimension du projet. Est-ce du fait de la place qui leur est donnée dans le projet ou d’une insuffisance de concertation et de communication au sein de l’Université Paris-Est ? La Mairie a conscience de l’existence d’une forme de partenariat entre l’EPA Marne et l’Université Paris-Est et ne fait pas obstruction à la démarche liée à l’aménagement du territoire que le duo a entreprise. Sur son schéma, elle s’est elle-même représentée comme satellitaire au projet, bien qu’au même niveau décisionnel. Avec très peu de connaissance sur les acteurs et leur organisation. Son rôle principal a été d’apporter un soutien administratif aux acteurs intervenant sur le terrain. Dans le fond, la Mairie est intéressée par le projet d’animation destiné aux acteurs de la Cité Descartes, car il peut rapprocher ce secteur du reste de la commune, mais ces acteurs n’habitent pas la ville. Le projet d’animation est une expérience qui, si elle est positive, ne pourra qu’être renforcée par l’apport de logements dans les secteurs proches (ZAC du Ru de Nesles), et d’habitants qui pourraient faire vivre de nouveaux services et apporter une nouvelle animation.


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L’EPA Marne quant à elle, produit un organigramme ne mettant en valeur que le comité de pilotage du Plan d’Animation de la Cité Descartes, c’est à dire les financeurs institutionnels du projet et les investisseurs privés du territoire. On remarque que la catégorie «habitants et collectifs» est absente. Cette représentation, plus administrative ne représente pas le « système social » que le projet est censé servir. En revanche, elle dénote encore une fois la volonté de l’aménageur de mettre en place un marketing territorial cohérent en partenariat avec les collectivités locales, ce qui est logique compte tenu du potentiel et des enjeux du territoire. La nouvelle participation, remaniée par l’EPA mobilise l’action publique locale et des entreprises privées souhaitant s’implanter à Marne-la-Vallée. La dimension de participation citoyenne, d’usages, a disparu. Cet organigramme révèle la difficulté pour l’EPA à mobiliser des partenaires financiers autour du projet de Halle qu’il a ajouté au Plan d’Action et la tendance donc à refermer le cercle décisionnel autour du projet et autour de valeurs financières.

2 - L’impact sur le processus projet a - Les acteurs, rapports et position

L’EPAMarne, l’aménageur

Les collectivités ont eu des rapports assez durs avec l’aménageur lors de son arrivée sur le territoire. La question des pouvoirs a longtemps suscité des tensions dans la création de la Ville Nouvelle de Marne-la-Vallée principalement sur le fait que les EPA ne sont pas issus de processus démocratiques locaux. Lorsque l’EPAMarne propose la mise en œuvre du Plan d’Action, il utilise son statut pour insuffler des dynamiques sur le territoire du Cluster Ville Durable en se saisissant du projet « Pymp my Descartes », issu de démarches urbanistiques alternatives. Il est clair pour l’EPA que le Plan d’Animation est un outil qui a vocation à valoriser le foncier de la ZAC de la Haute Maison, et que le projet de la Halle est plus important que les autres volets d’animation du Plan. L’institutionnalisation de « Pimp my Descartes » n’a pas permis la mise en place d’un processus de démocratie participative, le timing ne le permettait pas alors que c’était à la fois dans la démarche du DSA et de Bellastock.


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Il est étonnant de constater que les objectifs généraux des différents acteurs sont sensiblement les mêmes : préfigurer des usages, expérimenter des programmes. Dans les premières communications du Plan d’Action aux prestataires – à Bellastock entre autres – le message véhiculé (partant de la collaboration) et la volonté d’animation a mobilisé le collectif militant. Le désaccord entre les acteurs intervient dans les modalités d’atteinte de ces objectifs, la nature des projets et la démarche qui amène à leur réalisation. Cela relève finalement de la stratégie de chaque acteur. Les différentes parties ont dû s’accorder sur ce qui semble commun en laissant de côté la stratégie propre à chacun. Le problème survient donc plus tard dans la mise en œuvre du projet lorsque les processus s’avèrent divergents, que les stratégies individuelles ressurgissent et que les tensions apparaissent. Comme dans la majorité des cas c’est le détenteur du foncier et le(s) financeur(s) qui l’emporte(nt). Ici c’est l’aménageur, dont la mission initiale n’est pas d’animer le territoire, qui constate les manques sur le site et qui met sur pied le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes pour valoriser son foncier et bénéficier du retour sur investissement. En sollicitant les acteurs pour essayer de trouver des solutions et en mettant en avant la Halle comme projet innovant et complémentaire au projet urbain global, cette opération de micro-urbanisme permet d’ores et déjà à l’EPAMarne, malgré les difficultés à mobiliser des partenaires financiers autour du projet, de mettre en valeur les terrains en attente d’urbanisation depuis une trentaine d’années avant même le début des travaux ou de toute commercialisation.

La Mairie de Champs-sur-Marne

Il ressort de l’entretien que la ville de Champs-sur-Marne a eu finalement très peu d’implication dans le projet en dehors de son grand soutien technique. Le rôle principal de la Mairie a été de délivrer toutes les autorisations et arrêtés permettant la mise en œuvre du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes, ce qui en soit dénote une position favorable à celui-ci. La Mairie a une attitude un peu distante vis-à-vis du projet. Il a semblé compliqué durant l’entretien d’obtenir des informations, non pas parce que la personne était sur la défensive mais au contraire, selon moi, car elle ne détenait pas les informations qui répondaient aux questions. Leur but est d’être conciliants vis-à-vis de l’EPAMarne – notamment dans le choix d’Yves Lion pour le projet du CDT qui permet de traiter plus localement des problématiques qui se profilent à l’échelle du territoire de Marne-la-


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BELLASTOCK Issue de l’Ecole Nationale d’Architecture de Paris Belleville, Bellastock est une association d’architecture créée en 2006, « œuvrant pour la valorisation des territoires et de leurs ressources en proposant des alternatives à l’acte de construire »1 et se présentant ainsi : « Pour répondre à cet objectif, tous nos projets se construisent autour de principes fondamentaux : – Concevoir et construire à l’échelle 1 : 1 afin de tester et de mettre en place des solutions constructives adaptées au terrain d’intervention. – Travailler sur les cycles de la matière et du projet, de la construction à la déconstruction. – Donner un rôle de médiateur à l’architecte en réunissant autour des projets des acteurs variés qui se rencontrent rarement. – Développer une démarche collaborative et reproductible pouvant être réappropriée et diffusée. – Favoriser une démarche pédagogique par l’expérimentation et la transmission des connaissances accumulées (professionnels, étudiants, grands publics). Grâce à l’expérience accumulée au fil des années, nous sommes aujourd’hui capables de proposer des expertises axées sur : – Le réemploi : nous avons développé un laboratoire sur le réemploi dans la construction et une connaissance des filières de matériaux présents sur les territoires où nous intervenons. – La recherche et le développement : nous mettons en place une méthode axée sur la recherche-action permettant de développer de nouveaux procédés et de nouvelles solutions techniques en les mettant en pratique à l’échelle réelle. – Les stratégies urbaines : nous expérimentons des méthodes de fabrication de la ville et de l’aménagement du territoire originales et écologiques. Nous menons un travail de prospective lié au potentiel d’un lieu. – La formation et la sensibilisation : afin d’assurer le renouvellement du processus de ressources, nous mettons en place des actions de formation et de sensibilisation auprès des professionnels du secteur, des étudiants ainsi que des écoliers. – L’accompagnement de projet : en proposant un lieu d’expérimentation, nos compétences et nos outils, nous agissons comme accompagnateur des porteurs de projets en recherche d’une aide pour donner vie à leurs idées. – La Coopération Internationale : nous développons un réseau international d’acteurs et de projets œuvrant en faveur d’une nouvelle façon de construire la ville, créant ainsi une plateforme internationale de recherche expérimentale autour de la matière, de l’environnement et du développement durable ». 2 1/ http://www.bellastock .com/ consulté en septembre 2014 2/ Id.


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L’association défend ainsi trois notions selon elle essentielles à l’architecte : Dans un premier temps, connaître au mieux les cycles et les ressources et être à même de gérer une architecture qui peut être moins dépensière en terme d’énergie afin d’être plus respectueuse de l’environnement. Dans un deuxième temps, la mise en avant de l’importance de la présence de l’architecte sur le terrain, de son implication personnelle dans l’acte de construire, tout en articulant le geste local à des stratégies de planification plus larges à l’échelle d’un territoire. Et enfin, grâce à la présence sur place, à encourager les rencontres et l’enrichissement entre acteurs qui n’étaient peut-être pas supposés se rencontrer et d’arriver à une collaboration.

LE FESTIVAL EPHÉMÈRE L’association organise chaque année en France un festival d’architecture éphémère de recherche architecturale. Le principe du festival est de réunir des équipes de personnes afin de leur faire construire un abri dans lequel elles vont devoir vivre pendant quatre jours. Le principe même de la ville éphémère implique une logique de démontabilité primordiale dès la conception initiale. On détourne un matériau hors de son cycle de vie le temps de l’évènement, puis on le réinjecte dans ce cycle une fois le festival terminé en laissant ainsi intact le site d’intervention. Pour chaque festival il y a un scénario issu de plusieurs mois de préparation. Le scénario donne lieu à un protocole. Tous les ans, il définit un cadre et donne une orientation commune aux festivaliers pour le projet. La finalisation étant donc l’apparition d’une ville éphémère. La durée restreinte de l’évènement permet de créer un environnement hors normes et d’offrir les « conditions d’une expérimentation à plusieurs niveaux : - organisation humaine et spatiale; - logistique de chantier; - réseaux et énergie; - gestion des déchets (mise en place d’une dizaine de chaînes de tri); - principes et procédés constructifs. »3. C’est un moyen pour les étudiants et jeunes architectes d’expérimenter sur le terrain et de faire face à des problématiques différentes chaque année en fonction des matériaux. Pour les adeptes, le festival fait désormais partie intégrante du cursus en école d’architecture. Un dossier est demandé en amont, afin d´anticiper les premières questions sur la manière de réemployer le(s) matériau(x), ainsi que sur ses assemblages. 3/ http://www.bellastock .com/ consulté en avril 2013


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ACTLAB ET L’ÉVOLUTION DE LA DÉMARCHE En 2012, lors du festival Le Grand Détournement, les entrepôts du Printemps sur le point d’être démolis furent mis à disposition de l’association. L’équipe a pu aller y glaner des matériaux, notamment les grandes ressources de tubes sprinkler à incendie et de dômes en polycarbonate installés en toiture. Ces récupérations ont permis la mise en œuvre des luminaires du festival, nommés les « glaneuses ». Ce fut un premier moyen de montrer aux acteurs locaux, aux élus, la possibilité d’intégrer l’association Bellastock dans les stratégies de déconstruction du hangar (65000m2), et plus tard de lui permettre de créer ActLab. ActLab, le laboratoire manifeste du réemploi. C’est un lieu qui a donc été créé à l’issue du festival de 2012 avec deux objectifs. Le premier consiste à instituer un chantier ouvert, cherchant avec les acteurs locaux un moyen de donner un usage à la ville en mutation, à un terrain en attente d’urbanisation qui est sinon laissé pour compte. Le temps du chantier étant très long, c’est donc un moment propice à l’expérimentation de l’emploi de nouveaux matériaux et de nouveaux usages de manière collaborative. Pour cela, Bellastock a convié les associations locales à travailler sur le terrain, puis organise régulièrement des événement festifs sur le chantier afin d’attirer les riverains. Le deuxième but du laboratoire consiste à travailler sur les cycles de la matière. Pour l’association, l’intervention en amont de la démolition permet de procéder à l’élaboration de filières de déconstruction sélective de la matière en récupérant, dans leur cas, les éléments métalliques et du béton – matières principales issues du site. L’équipe procède ensuite à la préparation des matériaux en vue de leur futur réemploi et enfin à leur mise en œuvre à travers des prototypes de systèmes constructifs ou de mobilier urbain pour le futur écoquartier, livré en 2024. Ce sont les habitants de l’Île-Saint-Denis qui évaluent la qualité du mobilier et qui décident si ce sont des procédés à utiliser pour l’élaboration du parc à venir. Pour Bellastock, il s’agit d’établir un lien entre le passé et le futur, remémorer la friche industrielle et créer un sentiment d’appartenance avec le processus de travail sur le long terme. Pour ouvrir le chantier et le rendre «expérimentable» aux habitants de l’Île, l’association a mis en place un dispositif, FACT, qui leur permet de toucher le public au delà des limites du chantier. Cette méthode consiste à intervenir sur d’autres espaces publics à travers la ville sur la thématique du réemploi et en collaboration avec les Ilo-Dionysiens.


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LES CHANTIERS D’ÉTÉ A plus petite échelle, les chantiers d’été Bellastock se proposent de travailler sur des problématiques locales. En utilisant des matériaux légers et/ou de réemploi, l’intervention consiste à mettre en place des usages qui sont déterminés à l’aide des acteurs locaux et d’établir une mini programmation d’espace public en consolidant les usages préexistants ou en créant les supports des fonctionnalités manquantes.

Made in Vitrolles 150 participants Dans le cadre du projet de ville « Vitrolles-Echangeur » plusieurs collectifs d’architecture interviennent sur la commune de Vitrioles (40 000 habitants). Bellastock intervient plus particulièrement sur le quartier des Pins, faisant l’objet d’une opération ANRU. Les matériaux mis à disposition sont : des treillis soudés, du marbre calcaire du plateau de Vitrolles pour créer des gabions, du bois pour les mobiliers, et des baignoires, récupérées d’une barre du quartier en voie de démolition, pour la création de jardinières.

Pimp my Descartes… 40 participants L’association Bellastock est invitée dans le cadre de la mise en oeuvre du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes à réaliser un espace public dont la programmation a été élaborée en amont avec les représentants des associations d’étudiants du campus. La parcelle, traversée par un chemin de terre, dégage deux hémisphères, l’un à l’Est, le plus grand, qui accueille les programmes collectifs (scène, gradins, bar), et l’autre à l’Ouest, plus étroit, où prennent place des installations plus individuelles (espace de travail extérieur, transats, et banc). Les matériaux fournis pour la mise en oeuvre sont : des planches de séchage de parpaing (entreprise de parpaing de Montargis), des chevrons et tasseaux (du festival Waterworld)


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Vallée, lui aussi projeté par les Ateliers Lion – et de l’intégration du Cluster Ville Durable. La Mairie confirme que la Cité Descartes n’est pas un campus et qu’elle doit être une partie intégrante de la ville. Pour palier la situation actuelle, il est prévu de s’extraire légèrement du zoning initial et d’intégrer du logement, des services et des commerces de proximité. L’implantation de logements étudiants ne risque cependant pas de brasser beaucoup plus les activités sur place, d’où l’importance, à l’heure actuelle, pour les aménageurs de maintenir les activités d’Animation. Les food-trucks sont le seul volet des activités du Plan d’Action que la Mairie a évoqué d’elle-même, notamment parce que cela nécessite en son sein une réorganisation de la sélection des prestataires, et d’en doubler les effectifs du fait d’un manque d’offre de restauration sur l’ensemble de la commune. Dans le Plan d’Action, le projet « Food-Court» est un événement culinaire de deux semaines élaboré par Camille. Il consiste sur cette durée, à avoir un nombre beaucoup plus conséquent de camions-restaurants sur le site de la Cité Descartes. Ce projet est accompagné d’autres activités festives – musique, spectacles – afin d’amener la population campésienne dans le quartier et d’organiser une centralité par l’évènementiel. Selon la logique de « passation » que le Plan d’Action essaie de mettre en place, la Mairie assure le portage annuel de cet évènement. La chargée d’urbanisme n’a pas connaissance de la candidature aux financements d’État I-SITE, dessein qui est donc probablement visé par le duo EPAMarne et Université Paris-Est. Concernant la Halle, la Mairie n’a pas encore de vues sur le projet. La Maire, Maud Tallet, souhaite examiner le dossier de plus près, surement pour pouvoir se positionner et trouver des financements plutôt que d’intervenir elle-même par un apport pécuniaire. On peut noter que les étudiants n’ont pas été mentionnés par la Mairie dans les objectifs du projet phare du Plan d’Action.

Bellastock, le prestataire

Les collectifs se déclarent d’emblée comme associations à but non lucratif. Dès lors qu’ils se trouvent dans des opérations comme le cas de la Cité Descartes, le but premier pour les collectifs est de valoriser les potentiels présents sur place – étudiants, chercheurs. Objectif qui rempli seulement une petite partie de l’ambition de l’EPAMarne qui est plus dans la logique d’attirer les entreprises et les promoteurs.


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Bellastock est contactée en tant qu’entrepreneur, avec pour prestation de mettre en place sur le site les processus innovants qui leur sont connus. Elle bénéficie d’une grande autonomie pour l’organisation du chantier. Les membres du collectif vont alors prendre contact avec les acteurs locaux – représentés ici par les différentes associations étudiantes des Établissement d’Enseignement de la Cité Descartes – et ils vont élaborer avec eux les usages de ce futur espace public. « L’espace public » étant simplement l’énoncé de la commande, Bellastock se saisit de cette marge de manœuvre pour entamer la mise en place d’un processus de projet basé sur les convictions de l’association d’architecture. Son but est de créer un outil basé sur la construction collective avec et pour les occupants du territoire – étudiants, chercheurs, salariés, etc. – pour vivre sur leur campus et l’animer. Pour le collectif, l’activation de cet espace touche les étudiants et les quelques habitants présents sur place. Ce micro espace public est situé au cœur d’une parcelle (Lot Y) dont le périmètre est entièrement planté d’arbustes, l’isolant ainsi visuellement des bâtiments qui l’entourent et lui conférant une ambiance champêtre. Les tentatives de faire participer une majorité d’étudiants du campus Descartes au chantier n’ont pas les résultats escomptés : seulement 20% des participants en sont issus, tous venant de l’ENSAVT – à une exception près, un étudiant venant de l’ESIEE – les autres écoles ne se sentant pas forcément concernées par la discipline. Les délais de préparation courts, la réalisation rapide et la suppression d’une partie des fonds alloués au projet ont empêché Bellastock de réaliser le travail qu’ils ont l’habitude d’effectuer en amont du chantier, c’est-à-dire signaler l’événement par leur présence sur le terrain et solliciter une collaboration plus importante de la part des étudiants. De plus, le collectif s’est heurté au manque de disponibilité des associations étudiantes sur place. L’information la plus importante qui émane de l’entretien conduit avec Bellastock reste les incompréhensions qu’il y a pu avoir avec l’EPAMarne concernant les définitions de vocabulaire, les lexiques employés lors des rencontres. Les deux parties employaient les mêmes mots, alors qu’à l’échelle des aménageurs et à l’échelle du micro-espace public que Bellastock souhaitait mettre en place, l’utilisation des mêmes termes et notions signifiaient des choses radicalement différentes. L’association a du œuvrer pour adapter le discours destiné aux aménageurs afin de se faire comprendre et de faire avancer le projet. L’association d’architecture déplore que sa démarche d’étude et son processus de projet n’aient pu se concrétiser. L’établissement d’une relation de confiance


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entre les deux parties a été compromise dès le départ. Les objectifs de l’aménageur ne correspondaient pas à la démarche de Bellastock, et il a été très difficile de faire valoir leur processus de mise en œuvre du projet. Ils n’y parviendront pas complètement et c’est par le biais de nombreux compromis que la préparation du chantier et de ses objectifs va avancer.

Les étudiants, représentés par l’AVED

Côté association, l’AVED pense qu’il aurait fallu attendre encore un an pour que la mise en œuvre du plan d’action puisse être efficace, en lui laissant le temps de mûrir au sein du collège étudiant de la Cité Descartes afin que chaque école puisse se saisir de la portée du projet. De plus, pour les associations, son identification comme un projet de microurbanisme les a amenés à penser que la problématique s’adressait aux étudiants architectes, et non pas aux autres disciplines. L’intérêt d’intervenir pour agir sur le fonctionnement de la Cité insuffisamment perçu, ne les a pas mobilisés. C’est un travail préparatoire que Bellastock s’était proposé de faire. L’AVED se pose en association médiatrice des activités du campus, mais semble avoir peu de temps pour s’investir dans l’organisation des projets en dehors du trophée Descartes. Finalement, le projet livré par Bellastock présente plus de désavantages que d’avantages à leurs yeux. En effet, les installations du chantier d’été « Pimp my Descartes » situées dans l’espace public nécessitent plusieurs arrêtés dans le cadre de l’organisation d’événementiel associatif sur le site. Démarches trop compliquées selon la Présidente de l’AVED, qui mentionne la toute nouvelle maison des étudiants sur le campus (novembre 2014), pouvant potentiellement accueillir ces manifestations festives. Les infrastructures mises en place lors de l’été 2014 ont finalement plus d’utilité aux Établissement d’Enseignement de première proximité (ENPC, ENSG, UPEM, ESIPE). Bien que l’Université Paris-Est soit à l’origine de la pérennisation du poste de Camille Bauve-Pyz sur le Plan d’Action de la Cité Descartes, les associations expliquent qu’il est trop compliqué de demander des subventions au PRES pour financer l’inauguration des projets. Le manque de moyens financiers et diverses autres « difficultés » ont fait que l’inauguration n’a toujours pas eu lieu début 2015.

Camille Bauve-Pyz, l’Unversité Paris-Est

Camille en tant qu’étudiante puis chargée de mission, est celle qui développe le projet selon les exigences des différents acteurs, mais aussi celle qui le


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CHAPITRE 2

protège de ceux-ci. En effet, la majorité des opérations du Plan d’Action ne s’inscrivaient pas dans les objectifs de l’EPAMarne, elles auraient pu être écartées si Camille ne les avait pas défendues. Durant la phase « d’incubation », l’EPAMarne ne souhaitait initialement que la mise en place du projet de la Halle, dont il est à l’origine. À la croisée des chemins, Camille a un rôle de médiateur entre les différents acteurs. Malgré les difficultés et en articulant les stratégies de chacun, elle a permis à ce projet de voir le jour et de se pérenniser grâce à un système de portage réparti des différentes opérations selon les acteurs du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes. Elle constate que ceux qui se sentent le plus concernés et qui agissent vraiment pour la vie de campus, sont les établissement d’enseignement. Les étudiants sont cantonnés dans leurs bâtiments respectifs et ne sont pas sensibilisés sur leur pouvoir d’agir à l’échelle du campus. Les administrations universitaires sont alors les seules à reconnaitre l’importance des questions d’animation, surtout lorsqu’elles sont liées à l’interdisciplinarité.

b - Bilan À la mi-février, le bilan sur la mise en œuvre du Plan d’Action est mitigé. Les opérations d’intervention sur l’espace public, présentes initialement dans l’étude du DSA, ont été réalisées. Quant au projet de la Halle, il s’épuise de plus en plus dans la recherche de fonds : d’un côté, seule la moitié des financements ont été récoltés pour l’investissement ; et de l’autre, les financements pour le fonctionnement n’ont pas été trouvés – la création de deux postes est nécessaire à l’animation de l’espace et sa sécurité. L’appellation « éphémère » ne rassure pas les collectivités locales, et dessert la Halle face à d’autres projets. Ce manque de fonds a occasionné plusieurs changements au cours de l’année : une réduction des surfaces, des programmes et des temps d’ouverture. C’est pourquoi à terme, l’idée d’une Halle issue d’une construction éphémère est abandonnée, à la place de quoi il est proposé que le projet prenne place dans un des anciens bâtiments inutilisés du campus. Dans cette option là, la position géographique centrale que devait avoir la Halle compromise, mais elle lance une nouvelle approche sur le campus en utilisant la réhabilitation, ce qui peut l’inscrire également dans des démarches de développement durable. Ce plan de secours permet de conserver l’expérimentation de programmes sur le site en attendant que l’Université trouve des fonds pour la réhabilitation de ces bâtiments.


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L’inauguration des structures construites en juillet 2014 est sans cesse reportée. D’abord prévue pour septembre 2014, elle est ensuite envisagée pour février 2015 - on peut noter que cela tombe au même moment que le dépôt des candidatures I-site et Idex. Ce qui pose le problème d’un chantier qui perd de son dynamisme et de sa fraicheur initiale en ne se voyant pas promu par les instances publiques. Les dernières informations recueillies indiquent que l’inauguration de l’espace public aura finalement lieu en avril 2015, repoussée par le droit de réserve des élections cantonales de la fin du mois de mars. Comme une des idées du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes est d’unifier les deux parties de ville, l’inauguration ne peut se faire sans les collectivités territoriales. L’EPA considère l’inauguration des opérations réalisées sur le site comme une stratégie de marketing basée sur ses besoins immédiats. Et la position de Camille, ancrée sur l’animation du campus à long terme arrive encore une fois à rééquilibrer les objectifs de chacun. Elle arrive à développer l’idée que les étudiants organisent les visites des installations pendant l’inauguration, conservant une démarche d’Animation du site par ses usagers. La représentante de l’EPA, unique personne de la mission innovation, a été chargée de ces questions. Face aux commerciaux qui vendent le foncier et qui font vivre l’EPA, et qui finalement ont le pouvoir, la portée de son travail n’a pas forcément l’impact qu’on pourrait lui souhaiter. L’intérêt d’investir dans les potentiels présents sur place n’est pas reconnu par l’aménageur, le « savoir d’usage » n’est pas accordé aux habitants du site. La logique technocratique ne priorise pas cet aspect dans le projet urbain de Marne-la-Vallée et reste dans la lancée financière qu’elle juge légitime. Un texte critique visant l’EPAMarne et les politiques d’aménagement de ce territoire est d’ailleurs placardé sur le campus, tout à la fin de ce travail d’étude, révélant ainsi la manière dont est perçu le Cluster Ville Durable.


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CHAPITRE 2

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pimp my descartes

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Cha

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C’EST QUOI?

PRAIRIES

C’EST QUAND? Dés maintenant vous pouvez apporter vos idées et vos envies au projet. Du 13 au17 octobre travail des haies, nivellement, construction terrasses. Du 20 au 24 octobre construction de mobiliers, travail du sol des jardins. Du 27 au 31 novembre plantations, paillage, plombage, finitions.

durant 4 jours, 150 constructeurs aménagent un espace public au coeur du campus descartes. les installations créées resteront plusieurs années pour préfigu-

VERGER POTAGERS PARVIS

C’EST POUR QUI? Les étudiants, les chercheurs, les personnels, les enseignants, les salariés, les habitants... Bref tous les usagers souhaitant être acteurs de leur environnement.

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JARDINS TERRASSES

Pour participer ou pour plus d’information contactez : camille.bauve-pyz@univ-paris-est.fr Pour plus d’informations connectez-vous sur www.univ-paris-est.fr, rubrique « Actualités»

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organisé par :

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Jardiner collectivement à la Cité Descartes pour la transformer.

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durant 4 jours, plus de 150 constructeurs aménagent un espace public au coeur de la cité descartes. les installations créées resteront plusieurs années pour préfigurer l’urbanisation future du terrain.

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Conclusion Le développement du Plan d’Action fait apparaître quatre étapes dans l’évolution du contenu, associées à stratégie de l’aménageur qui s’affirme. Dans premier temps, le constat partagé des collectivités et habitants/ utilisateurs du site conduit l’aménageur à faire établir un diagnostic pour mettre en œuvre des actions correctives. La mission est confiée à des étudiants/ habitants du terrain. Cette idée de faire intervenir de jeunes étudiants permet une approche de l’urbanisme qui sollicite la participation d’usagers dans la conception du projet, poursuivie lors de sa réalisation. Le projet reçoit l’adhésion des institutionnels qui souhaitent le prolonger. Dans un deuxième temps, la mise en œuvre du projet est prise en charge par l’aménageur qui recrute et missionne un chef de projet issu de l’équipe du DSA. La démarche est institutionnalisée. L’animation du campus vise moins les étudiants et habitants, elle s’oriente plus pour servir le projet de développement de la Cité, vers les entreprises, les bailleurs et autres partenaires financiers. La mise en place du calendrier et du processus projet ne permettent pas d’impliquer réellement les acteurs vivant sur le campus dans la mise en œuvre du Plan d’Action. Les collectivités locales, convaincues de l’importance de la vocation première de l’animation et de l’aménagement de l’espace public environnant le projet de Halle, ont permis de conserver ce points forts de l’étude du DSA, jugeant qu’il aurait eu moins d’impact sur l’animation extérieure du site. L’EPAMarne, de son côté, a accepté de continuer à inclure ces opérations du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes, car bien que représentant un budget supplémentaire, elles mettent en valeur le territoire et favorisent son développement économique. C’est un petit compromis qui aura un grand retour sur investissement. Dans un troisième temps, l’institutionnalisation du projet a donné un rôle de plus aux acteurs territoriaux déjà investis sur le site et renforce leur influence, contrairement au souhait initial que les étudiants et les autres habitants de la Cité Descartes soient les acteurs de leur territoire, En dehors de l’attraction de nouveaux acteurs privés, le panel d’acteurs locaux n’est donc pas beaucoup plus élargi. L’AVED, polarisée sur d’autres enjeux, est peu impliquée. Le nouvel entrant, Bellastock peut répondre à une partie des objectifs du plan. Dans un quatrième temps, l’arrivée de Bellastock, acteur amené par les étudiants du DSA et ayant une démarche méconnue ou inconnue des acteurs institutionnels crée une tension qui fragilise le projet d’animation. Les concepts et les objectifs en animation n’ont pas le même sens pour l’EPA, l’Université, les collectivités locales, les étudiants et Bellastock et l’infléchissement des objectifs


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CHAPITRE 2

rendent difficiles les rapports entre l’EPA et Bellastock lors du passage à l’action collective associative. En effet, la démarche se déploie sur une temporalité et une échelle de perception locale mobilisant tous les utilisateurs du site alors que l’institution est sur une échelle plus globale portant des problématiques et des enjeux qui s’expriment de manière plus conceptuelle, dans un jargon qui renforce l’entre-soi jugé plus efficace. Dès lors, « chacune des parties ne met pas le même sens sous les mêmes mots », le clivage lexical tend à exclure les initiatives locales (les usagers du site) des processus car d’une part, le temps d’intégration et d’assimilation est trop long, d’autre part, les intérêts et objectifs risquent de mettre en risque le projet. On remarque d’ailleurs que l’organigramme de l’EPA Marne est représentatif de son fonctionnement et de la conception de son rôle dans le développement de son territoire. Le militantisme porté par le collectif vise à un bénéfice partagé pour les utilisateurs alors que les stratégies institutionnelles visent des objectifs de bien commun dits stratégiques qui s’imposent et du fait de financement limité, finissent par détourner le sens originel du projet, plus ou moins volontairement. Finalement, la démarche proposée par le collectif Bellastock ne correspond pas à la stratégie ni aux objectifs de l’EPA. On peut constater que le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes, petit projet « précaire » et « transitoire », n’avait pas pour vocation initiale de porter la charge et les enjeux qui lui ont été donnés. La démarche initiale d’animation, mal assurée mais prise en compte par l’EPA, est percutée par des opportunités ou des valeurs jugées plus importantes mais qui ne font pas l’objet de concertation en ce qui concerne ses modifications d’autant qu’une logique chasse l’autre alors qu’elles sont complémentaires et peuvent enrichir le projet. La position de l’EPA Marne, représentant l’État, ne permet pas une autre vision organisationnelle et opérationnelle du projet que celle imaginée, conventionnelle. C’est la politique du « celui qui finance décide », il ne faut pas sortir du « cadre prédéterminé […] et ne surtout pas le questionner ». Cette posture « managériale » va mettre l’EPA Marne dans une position défensive face à Bellastock, ce que révèle l’analyse de la forme organisationnelle donnée aux organigrammes par les partenaires du projet. Mais alors, que peut apporter l’action collective ? Quelle position doitelle adopter face aux collectivités locales ? Doit-elle rester hors de toute forme d’institutionnelle pour éviter d’être instrumentalisée ? Les collectivités peuvent-elles donner un mandat ouvert à ces collectifs ? Dans ce cas, quelle est la nature du risque encouru ?


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Chapitre III L’action collective, une méthode à considérer et à consolider


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CHAPITRE 3


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Le développement des politiques publiques rencontre une complexité croissante car il s’inscrit sur des territoires qui connaissent de profondes mutations urbaines et sociales dans un contexte ou les ressources de raréfient. Ce qui produit de nombreuses tensions ainsi que des déplacements de populations sans précédent à l’échelle planétaire. Malgré la mise en place d’outils d’accompagnement des évolutions de la société, de démarches d’information et de formation qui devraient permettre l’instauration d’une démocratie participative et de la concertation, l’Etat et les décideurs locaux ont-ils une réelle volonté de mettre en œuvre des processus de participation ? Ou est-ce une manière de faire passer la pilule ? Le développement des villes doit-il être réservé à une élite et soumis à la rationalité économique ? Dans son ouvrage Aménager la ville de demain, une action collective, Josée Landrieu considère que s’agissant de la réflexion sur le nouvel « ordre social »86, la réponse est clairement négative et que « le choix doit être citoyen ». L’action collective mise en œuvre par les collectifs d’architectes est une démarche engagée, qui se positionne aux cotés des habitants/usagers. Elle se présente comme vecteur de la démocratie par les actions qu’elle mène et l’écoute attentive qu’elle propose. Elle apporte un regard de professionnels pour mettre en place des projets éphémères répondant autant que possible aux d’enjeux des différentes échelles du territoire. Elle situe son action dans l’espace public, scène historique de la représentation politique, sociale et économique, en prenant en compte les inégalités produites par l’évolution des modalités d’échange et de communication et en cherchant à faire de l’ensemble des habitants les acteurs de leur environnement, une démarche « bottom up ». 86/ LANDRIEU Josée, Aménager la ville de demain : une action collective – l’Aube – 1999


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CHAPITRE 3

Ainsi, l’action des collectifs d’architecte tente-t-elle de développer une méthode de participation citoyenne plus pertinente que les modalités de concertation et de participation actuelles dont le bilan est insuffisant. La forme d’intervention des collectifs d’architectes peut-elle représenter une méthode d’élaboration et d’accompagnement des projets qui améliore leur qualité et leur acceptabilité ? Pourront-ils poursuivre leurs démarches en toute indépendance dans une société en crise ou l’on recherche plus des méthodes que du sens ?

A – L’action collective, génératrice de dispositifs urbains « Les collectifs […] font partie des acteurs méconnus de la production architecturale du fait notamment d’une marginalité construite à partir d’une posture critique (vis-à-vis de la profession) et militante (en référence à l’action politique) »87. Dans sa thèse, Élise Macaire constate l’évolution du métier de l’architecte face à de nouvelles contraintes sociétales et de nouveaux rapports à la ville et à ses habitants. Alors que l’architecture est déclarée d’intérêt public depuis 1977, que remettent en question ces collectifs dans la profession ? Que veulent-ils mettre en place? Depuis le début des années 90, les collectifs d’artistes et d’architectes se développent. Requestionnant la position des habitants sur l’espace public, ces collectifs cherchent à faire émerger les souhaits des usagers de la ville qui ont une connaissance « intime » de leur quartier ou de leur commune, pour mettre en place des dispositifs spécifiques à un espace de quartier et aux aspirations de ses usagers.

Collectifs d’architecture, « collectif » pour « action collective » ? Les « collectifs » d’architectes ont ce qu’on pourrait résumer par une vision plus « humaniste » du développement durable. Ils revendiquent la pluridisciplinarité et la « pratique collective » du projet, visant à la pratique active de l’expérimentation à l’échelle 1 et de la participation des usagers.88 Ils ont intégré l’idée que l’usager, l’habitant est « une personne qui a également 87/ MACAIRE Élise, L’architecture à l’épreuve de nouvelles pratiques, recompositions professionnelles et démocratisation culturelle, Thèse de doctorat en architecture, ENSAPLV. Décembre 2012. p.11 88/ DARRIEUS Margaux, Collectifs d’architectes. Le Moniteur Architecture n°232. Avril 2014


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une maîtrise, et donc une forme d’exercice et un statut légitime dans le projet, au côté du maître d’œuvre et du maître d’ouvrage »89. On souligne ici le double sens de « expérience », à la fois dans l’expérimentation d’un processus pour les collectifs et dans l’expérience de vie pour les habitants. Comme le note Margaux Darrieux, « «collectif d’architecte» ne renvoie pas seulement à la forme de ces groupes mais à leur philosophie d’action ».90 C’est une pratique militante de la fabrique de l’urbain, un acte de foi envers la société. Les architectes qui s’engagent dans les collectifs ont des engagements personnels qui s’incarnent dans leur pratique architecturale. « En déroulant le processus qui mène de l’inscription dans une école d’architecture à l’insertion professionnelle, nous avons pu observer […] que la formation déborde largement le strict apprentissage scolaire. Les expériences de chacun montrent que, dès le choix de l’école d’architecture, se met en place une stratégie d’apprentissage croisant des savoirs scolaires et des connaissances acquises lors d’activités notamment associatives et politiques. Ces architectes entrent dans le champ de l’architecture en y construisant dès le départ une relation critique »91. Pour ces collectifs, la présence et l’installation sur le terrain d’intervention sont des caractéristiques primordiales. Il s’agit pour eux d’établir une sorte de permanence et d’avoir une relation de confiance avec les habitants, ils sont « ceux que l’on peut croiser sur le terrain, aménageant un espace public avec les usagers, ou attablés à une fête de quartier »92. Ils sont perçus, et ont conscience de leur position de levier entre les habitants et le terrain des possibles. Pour eux, c’est également un moyen d’observer les transformations sociales qui s’opèrent au fil du changement de la ville et d’élaborer ainsi une grande production théorique sur leur travail. Ils réinterrogent la notion de participation, utilisée parfois à tout va dans l’aménagement des villes, ainsi que sa mise en œuvre opérationnelle. Ils rejettent alors toutes les formes de participation qui n’impliquent pas une délibération citoyenne sur les projets, démarche qu’ils mettent souvent en place eux-mêmes. 89/ MACAIRE Élise, L’architecture à l’épreuve de nouvelles pratiques, recompositions professionnelles et démocratisation culturelle, Thèse de doctorat en architecture, ENSAPLV. Décembre 2012. p.14 90/ Ibid. 91/MACAIRE Élise, L’architecture à l’épreuve de nouvelles pratiques, recompositions professionnelles et démocratisation culturelle, Thèse de doctorat en architecture, ENSAPLV. Décembre 2012. p.143 92/ Ibid.


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CHAPITRE 3

Outre leurs projets à long terme, leurs actions spontanées ont pour but d’interpeller ludiquement les habitants, d’aller à leur rencontre et de requestionner des espaces délaissés. La connaissance intime du terrain est alors un atout primordial pour capter les enjeux et avoir une capacité de réadaption-modification tout au long du projet. L’ancrage sur le site est ainsi revendiqué par tous.

Qu’est-ce que l’architecture éphémère ? Il existe plusieurs typologies et échelles d’architecture dite « éphémère ». Dans le cadre de cette étude, il s’agit plus particulièrement de l’architecture éphémère pratiquée par les jeunes collectifs d’architecture et d’artistes. On lui donne aussi les noms « installation ludique », « accompagnement de la population », « expérimentation urbaine », etc. Mais en résumé, c’est la notion d’expérience qui regroupe toutes ces appellations. Qu’elle soit mise en place à court ou long terme, cette pratique permet l’approche ludique d’un lieu. C’est le changement temporaire d’un espace, place publique, parcelle en friche, espace vert, ou tout autre espace délaissé, dégradé ou inadapté, permettant ainsi la remise en question de son ou de ses usages. L’organisation spatiale de la ville met en place des infrastructures rationnelles, figées et massives, conçues par des techniciens et réalisées avec des matériaux bruts et solides. Le tout est stérilisé par les règlements de la mégaplanification urbaine. Les habitants ne participent pas de façon démocratique à la construction de leur cadre de vie. A l’inverse, l’intervention éphémère d’architecture suscite l’intérêt des passants et des utilisateurs de l’espace public. Ainsi, « l’architecture éphémère permet de répondre à une demande pour un moindre coût en comparaison avec une construction pérenne. Cela permet de mettre en œuvre plus rapidement les besoins de particuliers ou de communes »93. « De plus, son caractère éphémère induit la question du démontage. Cette idée de construction libre permet de revoir, de modifier, de remodeler. Les éléments ne sont pas figés et conduisent alors vers l’expérimentation d’autres spatialisations des usages avec une grande liberté »94. L’utilisation de matériaux plus légers, assemblés et démontables offre la possibilité de les retirer de l’espace public. Il n’y a pas d’engagement définitif 93/ BOUCHAIN Patrick, Propos sur l’Architecture Ephémère, dans AMC n°123, mars 2002. 94/ BOUCHAIN Patrick, Propos sur l’Architecture Ephémère, dans AMC n°123, mars 2002.


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mais une possibilité de laisser la construction en place tant qu’elle est adaptée aux usages.

1 - L’engagement des collectifs d’architectes face à la profession et face aux acteurs de l’aménagement Dans sa thèse, L’architecture à l’épreuve de nouvelles pratiques, recompositions professionnelles et démocratisation culturelle, Élise Macaire fait état d’une « crise » de la profession d’architecte en s’appuyant sur les écrits de plusieurs auteurs95. Selon eux, la position de l’architecte en agence aujourd’hui nécessite une légitimation constante « due à la «modification des rapports de pouvoir» et à la «nouvelle organisation du travail» »96. En revanche, les architectes pratiquant hors agence laissent « paraître des situations socioéconomiques contrastées ». Les trajectoires professionnelles se diversifient et les architectes intègrent les valeurs et les savoir-faire issus de plusieurs champs disciplinaires. C’est ce dont s’inspirent les collectifs d’architectes pour leur démarche. L’innovation des collectifs repose sur leur passage à l’action et aux modes de réflexion et d’expérimentation mis en place dans ces processus. Ce passage à l’acte est également la synthèse des savoir-faire. Élise Macaire constate que la « polyactivité » et la « pluriactivité » dans les pratiques de ces collectifs les questionnent sur leur force autant que sur leur faiblesse : « les frontières entre les champs semblent être, pour eux, particulièrement instables et ils font un travail important de mise en cohérence de leur activité »97. C’est un processus de recherche identitaire continu. Ils sont pluridisciplinaires, et regroupent architectes, urbanistes, paysagistes, graphistes et parfois designer et professionnels de la construction. Les collectifs se consacrent à trois voire quatre volets : la survie, l’activité et la communication. On peut y ajouter de manière ponctuelle, le développement de l’activité. Pour cela les collectifs sont amenés à créer des sous-activités n’ayant pas le même statut « afin de «séparer le statut économique du travail, du statut symbolique». Il s’agit de trouver un meilleur «équilibre interne», et de faire de la structure un outil de travail coopératif »98. 95/ Dont Dominique Raynaud « La «crise invisible» des architectes dans les Trente Glorieuses » (2009), Olivier Chadoin « La mesure des activités d’architecture : problèmes, enjeux et perspectives » (2008), Nicolas Nogue « Les jeunes diplômés et l’Ordre » (2010). 96/ MACAIRE Élise, L’architecture à l’épreuve de nouvelles pratiques, recompositions professionnelles et démocratisation culturelle, Thèse de doctorat en architecture, ENSAPLV. Décembre 2012. p.59 97/ MACAIRE Élise, L’architecture à l’épreuve de nouvelles pratiques, recompositions professionnelles et démocratisation culturelle, Thèse de doctorat en architecture, ENSAPLV. Décembre 2012. p.155 98/ MACAIRE Élise, L’architecture à l’épreuve de nouvelles pratiques, recompositions professionnelles et démocratisation culturelle, Thèse de doctorat en architecture, ENSAPLV. Décembre 2012. p.160


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Leur identification implique une évolution, dès lors qu’ils se positionnent autrement et exercent un métier qui ne va pas de soi dans le monde de l’architecture. Le déplacement d’activité suppose alors pour le professionnel un double positionnement : par rapport aux autres architectes et par rapport à l’architecture, sa formation de base. Le positionnement se définit par le sens qu’il donne à son activité, il s’agit d’une idéologie professionnelle (ensemble de convictions) à partir de laquelle il définit une éthique professionnelle (art de diriger sa conduite) et une conscience professionnelle (faculté de juger ses actes). Une attention toute particulière est donc portée aux valeurs, aux «prises de positions» et aux «positions» relatives à l’espace social et aux champs de référence des professionnels (architecture, art, participation, éducation,…). L’approche plus politisée de leur pratique les amène à revendiquer un statut d’association qui les distingue de la forme libérale de l’exercice de la profession, l’agence rejoignant la notion d’éthique professionnelle.

2 - Une démocratisation culturelle de la profession Des ateliers publics ou populaires d’architecture sont mis en place dès les années 70 et 80 pour encourager les habitants à participer aux projets urbains, « dans ce contexte, l’architecture était envisagée plus comme un acte politique que comme création »99. « Si mai 68 a contribué à mettre en crise l’autorité de l’architecte, les années 80 ont contribué à la rétablir et en particulier les politiques de « diffusion de la culture architecturale »100. Les principales activités des collectifs peuvent être regroupées en trois catégories : les activités pédagogiques et éducatives, les activités de médiation et de participation, et les activités artistiques et évènementielles. Tous les collectifs n’interviennent pas dans chacune de ces catégories d’activités. On notera que Bellastock ne développe pas la catégorie d’activité « médiation et participation ». Comme l’a constaté Élise Macaire, la culture et le métier d’architecte se démocratisent depuis maintenant une trentaine d’années. Cette démocratisation doit se poursuivre pour mobiliser un panel d’acteurs plus large autour des projets afin de ne plus entendre de la part des administrations que 99/ MACAIRE Élise, L’architecture à l’épreuve de nouvelles pratiques, recompositions professionnelles et démocratisation culturelle, Thèse de doctorat en architecture, ENSAPLV. Décembre 2012. p.82 100/ MACAIRE Élise, L’architecture à l’épreuve de nouvelles pratiques, recompositions professionnelles et démocratisation culturelle, Thèse de doctorat en architecture, ENSAPLV. Décembre 2012. p.83


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le public est totalement « profane ». Aujourd’hui, une forme de démocratie populaire s’incarne via les collectifs d’architecture, et l’installation éphémère et artistique en est un outil ludique et pédagogique. Cette pratique encourage la mise en oeuvre la plus totale de la participation : l’autogestion, voire l’empowerment. « À la fois proches des artistes activistes ou de pratiques d’éducation populaire, ces architectes proposent des méthodes alliant pédagogie de la création et participation démocratique. Le militantisme et la coproduction avec le public semblent ainsi dessiner les contours de modèles d’actions qui, bien que marginaux, participent au changement des valeurs traditionnelles du champ de l’architecture. Une nouvelles sociabilisation de l’activité des architectes semble alors être à l’œuvre à travers ces formes d’engagement professionnels »101. La présence sur le territoire d’association éducatives, culturelles, sociales, humanitaires, familiales, sportives, patrimoniales, etc., permet, avec la contribution des collectifs d’architecture, la mise en place physique d’initiatives locales, pour une prise en main de l’usage de l’espace public par ses usagers dans une démarche s’inscrivant dans le long terme et dans une logique de reconnaissance de l’histoire et de la culture diversifiée d’un quartier.

3 - Pourquoi l’espace public ? a - Une scène d’intervention historique L’espace public est défini comme l’ensemble des espaces de passage et de rassemblement qui est à l’usage de tous, qui relève du domaine public ou, exceptionnellement, du domaine privé. C’est le bien commun, il appartient à tous, il est destiné à permettre l’accès au domaine privé, c’est l’espace permettant la mise en relation et les échanges. La notion d’espace public renvoie à des concepts spécifiques de scène publique, de scène politique, de situations sociales et de développement de la ville et de ses fonctions. Pour en comprendre la complexité, il faut revenir à l’essence de cette notion afin de mieux cerner ses enjeux. Plusieurs auteurs (Joseph, Paquot) rapportent que l’essence de l’espace public est son rôle d’espace de la communication, à l’image de la polis 101/ MACAIRE Élise, L’architecture à l’épreuve de nouvelles pratiques, recompositions professionnelles et démocratisation culturelle, Thèse de doctorat en architecture, ENSAPLV. Décembre 2012. p.5


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grecque, où la communication et l’exercice de la démocratie s’incarnent dans le lieu où circule l’information. Ils s’accordent sur deux aspects, l’un communautaire et communicationnel, basé sur l’interaction de groupes sociaux différents, reflétant l’image globale d’une société et véhiculant des valeurs sociales. L’autre est public, consistant en la mise en scène de soi et à l’apparence que l’on donne à son statut, il représente également les espaces de trajectoires, de déplacements, relevant alors du lieu de la rencontre et de l’échange, visible et lisible, appréciable et contestable, appropriable ou non. Ce lieu accessible à tous, « autorise les poids relatifs des statuts sociaux » pour le premier, et permet la mise en scène et l’observation des personnages importants « éponymes d’un théâtre de la communauté ». Ce double aspect sépare l’espace public, symbole d’une communauté toujours « inachevée » de l’espace privé qui symbolise la propriété individuelle102. L’espace permet autant le rapprochement des individus que leur mise à distance, dans un sentiment paradoxal mais révélateur de « solitude dans la foule »103. L’espace public est un espace de « représentation d’un monde possible », de « transformation de l’être social ». Il est alors l’endroit idéal pour mettre en place des formes d’expérimentation et d’en observer les impacts, car sa densité est telle que les réactions sont observables à très court terme.

b - Quel avenir pour l’espace public de la société contemporaine ? Le développement du capitalisme et la révolution industrielle ont eu un impact notable sur les sociétés, migration des campagnes vers les villes, densification urbaine, transformation des rapports sociaux. L’espace public est le reflet d’une société et accompagne son évolution, quelles transformations et métamorphoses de l’espace public peut-on remarquer ? Dès le XVIIIe siècle, on assiste à la séparation de la vie mondaine et de la vie professionnelle rejetée hors du logement ainsi qu’à une augmentation des lieux de vie privée. On observe aujourd’hui une « réintrusion de l’espace public à l’intérieur du logement », notamment par le poste de télévision. À l’inverse, l’automobile est l’extériorisation d’un espace privé qui se dédouble. « On assisterait ainsi à une lente résorption de l’espace public, de son volume 102/ PELLEGRINO Pierre, LAMBERT Cédric et JACOT Frédéric, « Espace public et figures du lien social », C.R.A.A.L., Université de Genève. Espace et société n°62-63, 1991. pp.11-27. 103/ PELLEGRINO Pierre, LAMBERT Cédric et JACOT Frédéric, « Espace public et figures du lien social », C.R.A.A.L., Université de Genève. Espace et société n°62-63, 1991. pp.11-27. p.20Km


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dans nos agglomérations, ceci au profit du jaillissement de nouveaux espaces privés »104. Aujourd’hui, avec l’évolution envahissante des moyens de communication, l’apparition d’internet et des réseaux sociaux, l’information courante est directement relayée dans les foyers, il n’y a plus besoin de sortir pour communiquer et être en contact les uns avec les autres. L’acteur est devenu spectateur du monde, il est submergé, l’information est omniprésente et pourtant déréalisée. Les espaces de la communication ont opéré ce que Thierry Paquot appelle un « changement de fond et de forme ». Le monde et sa complexité sont entrés dans le cercle familial, mais en le transformant en public105. Dès lors qu’il n’est que spectateur, que ce n’est pas à lui de faire, le public n’a simplement pas la légitimité d’entreprendre. Peut être est-ce ainsi que nait le sentiment d’impuissance qui fait croire que toute action n’aura pas d’impact. On peut alors se questionner sur le devenir de l’espace public et sa vocation dans les villes en mutation. Les populations se concentrent, les villes sont de plus en plus denses et doivent prendre en compte de nouvelles problématiques de gestion : relationnelles entre les individus, et géographiques entre centre et périphérie. Pour les architectes, celà nécessite un important travail et des interventions tant sur le centre que sur la périphérie mais elles sont de nature différentes. Le centre n’a pas besoin d’expérimentation, la densité, les services et la desserte procurent les moyens d’agir alors que les périphéries éloignées et moins denses ont plus de besoins urgents. Les périphéries concentrent plus d’espaces en transition, délaissés, dégradés ou inadaptés. La volonté des collectifs est d’apporter une réponse à ces besoins immédiats d’inclusion politique que revendiquaient Lapeyronnie et Kokoreff. Peut-être est-ce ça le rôle de l’espace public, un levier d’accès à la citoyenneté dans la vie politique de la ville par la participation directe à la construction de cet espace. L’échelle micro-locale et la notion d’éphémère étant plus rassurantes pour les collectivités locales. En citant Isaac Joseph, T. Paquot distingue deux espaces publics : l’espace public communicationnel et l’espace public circulationnel. Dans son aspect circulationnel, l’espace public subit la densification urbaine que nous connaissons depuis l’après-guerre, qui est génératrice d’un accroissement des mobilités, saturant les infrastructures. Après une invasion massive de 104/ PELLEGRINO Pierre, LAMBERT Cédric et JACOT Frédéric, « Espace public et figures du lien social », C.R.A.A.L., Université de Genève. Espace et société n°62-63, 1991. pp.11-27. p.23 105/ Paquot Thierry, L’Espace Public. La Découverte, Repères. 2009


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l’automobile, l’espace public d’aujourd’hui doit répondre à de nouveaux enjeux de société. Le rééquilibrage des fonctions de l’espace public répondant à ces nouveaux usages est en cours. On observe un rétrécissement de l’espace public communautaire, écrasé par la nécessité de faciliter l’écoulement de différents flux, de permettre les déplacements de tous les publics selon tous les modes. Les espaces publics ne peuvent se limiter à cette seule fonction. En effet, il est nécessaire de permettre l’arrêt, la respiration et le repos mais aussi l’observation, la discussion et la possibilité de se faire voir, de se distraire et de profiter d’un cadre de vie accueillant, sécurisant et bien aménagé.

Les quartiers en marge sont parfois des quartiers concentrant des difficultés sociales de tous ordres (pouvoir d’achat, formation, emploi, chômage, qualité du bâti, des espaces publics, , etc.) nécessitant souvent des interventions plus fines.

B – Participation, repenser un nouvel ordre de la chaîne de décision ? La démocratie représentative tire sa légitimité de l’élection et du programme d’actions que l’administration est chargée de mettre en place. Les représentants désignés mettent en place les politiques d’aménagement selon des processus réglementaires. Leur culture et leurs pratiques posent des difficultés d’adaptation face à des mouvements qui contestent leurs projets. Les mouvements d’action collective sont dans une position revendicatrice et de remise en question de l’administration. Ils ne sont souvent pas reconnus pour leur « savoirs et leur savoir-faire », pour ce qu’on peut appeler une « maîtrise d’usage ». Cela conduit à des confrontations et des prises de positions radicales qui pèsent sur les débats et peuvent compromettre les discussions.

1 - Une parenthèse historique ? On peut se demander si l’apparition des collectifs est du à la conjoncture actuelle et si, au même titre que d’autres mouvements d’action collective ils finiront pas disparaître une fois leur desseins accomplis. Les collectifs, dans


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l’élaboration et la mise en œuvre de leurs projets semblent s’installer dans le temps. Mais quels sont les indicateurs pour ? Contre ?

a - Face aux collectivités locales La situation paradoxale des villes européennes et les nombreux enjeux du développement urbain actuels, la métropolisation en cours se traduiront par des transformations significatives de la structure urbaine et de sa densité. Les collectivités dans leurs nouvelles formes communautaires seront amenées à intervenir sur des territoires plus larges et à organiser des dispositifs de consultation des habitants. L’information et la formation des populations deviennent essentielles pour comprendre et accepter, voir d’infléchir des projets de plus en plus complexes et mobilisant de nombreux experts ce qui nécessite un travail d’explication plus important. . Les collectifs d’artistes et d’architectes effectuent un travail de terrain sur lequel les collectivités territoriales pourraient s’appuyer dans le respect de leur indépendance. La présence des collectifs permet d’ouvrir le « cercle de ceux qui pèsent sur les politiques urbaines » évoqué par Gilles Pinson. Toute instrumentalisation politique risque de ruiner les démarches de chacun. Lorsque cela a été le cas, elle a permis l’ouverture d’une brèche dont ces nouvelles structures de professionnels se sont saisies. Elles mettent les élites politiques face à la mobilisation militante d’une autre élite professionnelle, de l’aménagement.

b - Face à la conjoncture économique Les collectifs interviennent sous le statut d’association qui est caractérisé par son but non lucratif, lié à une pratique militante. Ils sont fragiles car la forme associative ne jouit pas de la reconnaissance des agences et des bureaux d’études. Ils sont « positionnés dans le champ de la participation, ils se trouvent en concurrence avec des agences de communication spécialisée dans le domaine. Dans ce cadre, ils affirment une posture associative désintéressée du bénéfice financier face au monde de l’entreprise »106. Certains collectifs parviennent à salarier les membres fondateurs, mais la majorité des membres est contrainte d’avoir un travail « alimentaire » pour poursuivre leur démarche et faire valoir la qualité de ce travail non reconnu. 106/ MACAIRE Élise, L’architecture à l’épreuve de nouvelles pratiques, recompositions professionnelles et démocratisation culturelle, Thèse de doctorat en architecture, ENSAPLV. Décembre 2012. p.159


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c - Face à un enjeu sociétal Les collectifs se détachent d’un « stéréotype professionnel » hérité de l’histoire du métier d’architecte. Ils revendiquent l’intérêt général en choisissant la forme associative en rappel à la loi de 1977 déclarant l’architecture d’intérêt public. Face à ce qu’ils considèrent comme une « obsolescence du modèle académique », ils mettent en avant des termes comme agir démocratique, agir pédagogique, agir artistique, éthique de la relation, citoyen, microaménagement, création collective, projet, parole. Leur démarche se développe au contact des publics, à la recherche d’une prise en compte de l’ensemble des besoins.

d - Face à des enjeux mondiaux La raréfaction des ressources naturelles telles que les minerais et les matériaux de construction mais aussi l’énergie conventionnelle demandent des réponses urgentes pour préserver l’avenir de la planète et de la civilisation comme par exemple l’utilisation de matériaux renouvelables, recyclables et faiblement consommateurs d’énergie grise. Les collectifs, à l’exemple de Bellastock, interviennent sur l’existant et proposent sa transformation par l’utilisation de matériaux anciens, recyclés et adaptés pour de nouvelles fonctions. Les matériaux détournés retrouvent une nouvelle vie et permettent une économie. Ils n’épuisent pas le stock, on les trouve à proximité et ils sont moins chers et ne nécessitent que peu d’énergie pour les produire. Les collectifs sont des professionnels de terrain qui, dans une visée expérimentale, requestionnent sur le rôle de l’architecte face à la crise polycéphale. La brèche ouverte par la phase d’épuisement du capitalisme permet l’émergence de ces nouvelles formes d’architecture « à l’écart des circuits économiques », et innovantes dans les politiques de renouvellement urbain. Ces architectes s’investissent dans la transmission des savoirs aux populations (souvent défavorisées) afin de générer de la participation et encourager l’autoconstruction. « Ces transitions – écologiques, démographiques, économiques, énergétiques, urbaines… – s’effectuent en ce moment, sous nos yeux. Du premier ébranlement de 1974 à la crise systémique de 2008, ce ne sont pas de simples secousses qui ont freiné le cours des choses mais une rupture d’ampleur qui s’est produite. Elle séparer un siècle qui fonda sa vision du progrès sur


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l’exploitation de ressources pensées inépuisables, d’une XXIè siècle qui doit d’abord se demander de quel « progrès » nous avons besoin, pour rechercher des alternatives »107.

2 - L’articulation de l’action collective avec les politiques publiques Si certain affirment donc que dans le contexte actuel, la prise en compte d’un temps de consultation et de participation des citoyens est consommatrice de trop de temps et donc trop coûteuse, les collectifs d’architecture leur apportent la démonstration du contraire. En se basant sur des logiques de réemploi de matériaux et d’autoconstruction, ces professionnels apportent un nouveau regard sur l’autogestion et la mise en place d’une autonomie locale.

a - La participation, quel bilan ? « Au nombre de ces bénéfices supposés, les partisans de la participation citent souvent l’innovation dans les méthodes de résolution des problèmes, une action publique plus efficace et plus subtile, une série d’avantages informationnels, une plus forte légitimité, une plus grande équité, la promotion de la délibération publique et de l’éducation civique ». On constate en général que le bilan de la participation n’est positif qu’à l’échelle micro-locale. Au-delà, « les effets sont limités lorsque la participation ne s’articule pas avec un processus de modernisation interne de l’administration » notamment pour les stratégies plus larges108. Alors que selon Marie-Hélène Bacqué, le néolibéralisme fragilise la cohésion sociale, marginalise des groupes entiers, les processus participatifs ont pour but d’« inclure » les « exclus ». La participation permettrait de transformer les relations sociales, notamment dans les quartiers populaires touchés par la « crise urbaine », mais aussi pour des groupes sociaux, de ne pas se replier sur eux-mêmes dans ce même contexte. « À travers la participation, les citoyens comprendraient davantage la logique et les enjeux de la gestion publique, ils élargiraient parallèlement leurs vues 107/ CONTAL Marie-Hélène (dir.), Ré-enchanter le monde - L’architecture et la ville face aux grandes transitions. Alternatives Manifestô, Mai 2014 108/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.28


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au-delà de leurs intérêts immédiats ou particuliers, ils intégreraient une culture de proposition au lieu d’en rester à des postures purement revendicatives »109. Dans les travaux de Marie-Hélène Bacqué, Henri Rey et Yves Sintomer, on note que les rapports portant sur des expériences de participation sont contrastés « selon les dispositifs et les contextes politiques »110. Les constats sont effectivement nombreux à ce sujet. D’un côté, de la part des scientifiques, qui dans un premier temps constatent que souvent, les processus de participation n’élargissent pas forcément le cercle décisionnel. Localement, elle ne touche pas plus de 1% de la population pour certaines formes, et leur taux de mobilisation est en baisse face à d’autres systèmes comme le référendum. Dans un deuxième temps, ils observent que la représentativité sociologique n’est pas équilibrée dans la mise en place de la participation. En effet, pour avoir un impact optimal et viser l’intérêt général, l’ensemble des groupes sociaux doivent être représentés, ce qui n’est pas encore le cas. Jusqu’ici, les entités sociales visées et représentées dans les processus participatifs sont issues d’une « petite bourgeoisie intellectuelle », ceux que nous avons désignés comme gentrificateurs en première partie. Ce sont les stakeholders ou les habitants organisés (représentants associatifs), mais qui ne peuvent pas à eux seuls détenir les clés de l’aide à l’aménagement des villes à travers les processus participatifs, n’étant pas représentatifs de l’ensemble de la population. Les groupes les plus défavorisés n’ont souvent pas les outils politiques et culturels pour accéder aux démarches participatives. D’un autre côté, de la part des politiques, on observe une réticence face à un requestionnement des modes de gestion, constituant l’un des principaux malaises face à la mise en place de formes de participation. La prise en compte des inégalités est alors relayée aux second plan, heurtée à une vision technocratique de la gestion, alors que l’objectif premier des démocraties participatives vise l’intérêt général. On observe une seconde réticence à la participation des citoyens ordinaires à l’élaboration de la ville, basée sur une reconnaissance et un jugement des compétences de chacun. En effet, pour l’élite, la compétence est acquise par un cursus scolaire et professionnel, et « l’amateurisme » des citoyens ordinaire n’est donc pas bien accueilli dans les sphère professionnelles, jugé comme 109/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.32 110/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. p.39


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étant un frein à l’efficacité politique, surtout lorsqu’il remet en question les modalités de gestion 111. C’est pourquoi malgré la connaissance intime qu’ont les habitants de leur territoire, on ne leur reconnait pas spécialement cette qualité comme étant une « maîtrise d’usage ». Pour les administrations représentatives, cette maîtrise d’usage locale « particulière » ne donne pas de légitimité à ces citoyens « d’intervenir sur des questions générales ou complexes ». C’est l’inconvénient de l’échelle micro locale, qui n’a pas les moyens de peser sur une vision d’ensemble stratégique des politiques. L’échelle d’intervention est alors un des points le plus faible des processus participatifs à l’échelle locale, isolant les actions les unes des autres sans uniformité apparente. L’institutionnalisation de la participation ancre les actions dans la durée et pourrait être un débouché vertueux des mouvements de contestation associatifs, l’idée principale étant tout de même d’étendre la démocratie citoyenne. Or, on constate finalement que l’institutionnalisation des processus de participation peut conduire à une perte d’autonomie face au pouvoir en place, au risque de voir les objectifs initiaux et les dynamiques engagées se faire détourner. La participation est un défi commun entre mouvements collectifs et l’administration représentative. Les deux parties se heurtent à ses problématiques de mise en place et d’articulation avec le système administratif et représentatif existant. L’institutionnalisation est censée assurer la survie des démarches et des revendications, elle représente le portage politique de l’action collective. Mais ce changement de statut peut être l’occasion pour les représentants démocratiques de détourner les processus et établir ainsi une nouvelle forme de domination en imposant tout de même son point de vue quant à la décision finale. Dans une « lecture utilitariste de la participation, les citoyens ne sont que des informateurs clé pour les stratégies en communication ou en marketing des administrations publiques, et non pas des codécideurs, porteurs de savoirs »112. La participation se trouve face à un désintérêt non pas porté sur la notion en elle-même, mais portée sur un sentiment d’impuissance à faire changer les modes de gestion des pouvoirs publics et à faire-valoir sa place politique individuelle. Bien que « l’incapacité, dans laquelle se trouvent souvent les institutions, de connaître intimement l’ensemble de leurs territoires, et d’en percevoir les nécessités non exprimées », le prétexte de accélération de l’urbanisation et de cette période de «crise» économique pourrait voir les processus participatifs relayés au second plan. Pour les deux parties, la participation est un moyen de survie mutuel plus qu’une nouvelle vision de la 111/ BACQUÉ Marie-Hélène, REY Henri, SINTOMER Yves, Gestion de proximité et démocratie participative. La Découverte, Recherches. 2005. 112/ ALLEGRETTI Giovanni, Les défis de la démocratie participative, Une refondation politique et culturelle. Supplément au Monde Diplomatique. Octobre 2011.


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société et de la transformation de la démocratie. Si, comme nous l’avons vu plus haut, la société et les professionnels de la ville (architectes, urbanistes sociologues, etc.) sont prêts à accueillir les nouveaux enjeux de la ville et de la société, il faut encore attendre que les politiques publiques se décristallisent

Que faire face à cette dualité de méfiance ? Comment rétablir la confiance vis-à-vis des processus de participation entre action collective et pouvoirs publics ? Les deux doivent-ils forcément se confronter ?

b - Vers de nouvelle forme de participation. Quelle méthode envisageable ? Selon Giovanni Allegretti113, la participation peut se développer si les objectifs individuels sont définis. Elle permet la valorisation de l’individu dans un partage collectif des espaces et des pouvoirs. Pour cela, il annonce les cinq enjeux qu’il ne faut pas rater dans la mise en place des processus participatifs dans son article « Les défis de la démocratie participative, Une refondation politique et culturelle ». Le premier enjeu, apprendre à s’écouter mutuellement. Pour cela, il s’agit d’avoir une approche pédagogique multiple destinée aux habitants, relevant de l’auto-apprentissage. On peut imaginer qu’une pédagogie provenant uniquement des sphères politiques n’aurait pas vraiment beaucoup plus d’impact sur la démarche et favoriserait un « endoctrinement ». Le deuxième enjeu, communiquer aux médias des informations en évitant les raccourcis, et faire en sorte d’avoir un suivi de l’action dans sa durée. La médiatisation de l’action élargit son champ d’influence sur l’opinion, comme nous l’avons vu, c’est un support indispensable pour la légitimité de l’action collective, et dans ce cas là, exposer au grand public une action la sauvegarde d’un détournement potentiel. Le troisième enjeu est justement de « réformer les outils mêmes de la participation afin de limiter les possibilités de récupération », qu’ils soient du côté politique ou du côté citoyen, il s’agit de mettre en place une codécision entre amateurs et experts. Côté amateur, il consiste à acquérir un « savoir politique » et de l’autre à requestionner les « certitudes professionnelles ». Le 113/ Giovanni Allegretti est architecte, urbaniste et chercheur au Centre d’études sociales (CES) de l’université de Coimbra (Portugal). Il est spécialisé sur les formes démocratiques du XXIe siècle.


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quatrième enjeu est la reconnaissance de la « maîtrise d’usage » aux habitants, devenant ainsi de vrais interlocuteurs pour les collectivités locales. Pour ces dernières, cela signifie sortir de leur cristallisation et accepter l’introduction d’acteurs exogènes à l’administration représentative, seule manière de parvenir à un développement social durable. Le cinquième enjeu est la mise en avant de valeurs culturelles fondatrices de cette nouvelle société, protégée par des statuts juridiques ne portant plus seulement sur les techniques de mise en place, mais sur ces valeurs qui en feront la base. C’est un combat de fond plutôt que de forme. Dans tous les cas, la question de confiance dans le projet est primordiale. Elle oriente les débats et permet d’avancer dans le sens du bien commun. C’est l’absence de confiance qui gèle les potentiels des processus de participation. Chaque acteur devrait pouvoir s’asseoir et parler de ses objectifs individuels et trouver une solution commune. Ne pas mentionner l’essence de ses objectifs revient à ne pas révéler sa stratégie, et donc à terme de faire éclater des conflits. Il s’agit également pour les collectivités territoriales, puisque comme nous l’avons vu c’est envers elles que se tourne la méfiance, de ne pas se cacher derrière la démocratie légitime pour orchestrer les passages en force. En résumé la barrière entre échelles de pouvoirs et acteurs de terrain a du mal à tomber, bien que les problématiques soient communes. L’opposition du social à l’économie, retardant perpétuellement les revendications citoyennes dans le calendrier des villes, elles-mêmes victimes de la compétitivité, ne peut pas être le frein éternel du « droit à la ville », ce dernier sans cesse repoussé par les nouveaux besoins du capitalisme. C’est ce que l’apparition des collectifs d’architectes tente de réduire. Leur présence spontanée sur le terrain pousse les collectivités publiques à s’engager dès aujourd’hui dans la pratique active de la participation citoyenne. Mais quel rôle réel peuvent-ils endosser entre politiques publiques, habitants et action collective ?


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CONCLUSION - OUVERTURE Les collectifs portent une forme d’action fédératrice pouvant allier la force « profane » et la force administrative. Bien qu’ils se soient constitués sous une forme associative, les collectifs n’en restent pas moins le regroupement de professionnels experts. Cette double position peut leur permettre de se placer comme médiateurs entre ces deux «camps» d’acteurs et d’aider à progresser dans le sens de nouveaux rapports gouvernant/gouverné, vers des échelles imbriquées d’intérêt général. Sans imaginer pour autant qu’ils seront à eux seuls les sauveurs de la participation, on peut noter leur positionnement important dans le jeu d’acteur, au croisement des dynamiques bottom up et top down. D’un côté, leur position de professionnels permet aux collectivités locales de s’adresser à un interlocuteur averti, qui saisit les enjeux du territoire, qui est en capacité de les analyser et de réagir face à certaines stratégies et de les articuler avec les demandes locales et les initiatives citoyennes. D’un autre côté, le statut associatif des collectifs et leur engagement militant dans les nouvelles approches de fabrique de la ville, leur permet de rester proches des aspirations populaires et les positionne comme nouveau garant possible d’une échelle micro-locale de l’intérêt général. Leur présence sur le terrain permet d’élaborer des diagnostics habitants/usagers à long terme et de saisir plus finement les enjeux locaux. leur présence signalée dans l’espace public est un facteur qui permet de toucher une population plus large de manière plus égalitaire, d’interpeller et de sensibiliser les habitants sur leur rôle d’acteur. Leur rôle pédagogique envers les deux groupes d’acteurs leur permet de mettre en place une action collective articulée avec les stratégies du territoire. L’architecte de terrain, l’architecte de rue, se retrouve donc à la croisée des chemins parmi tous les acteurs, dans un rôle de médiateur qui, au même titre que Camille dans notre cas d’étude, arriverait à synthétiser les aspirations de chacun et à faire avancer un projet commun.

Les collectifs peuvent se constituer en tant qu’Assistance à la Maîtrise d’Ouvrage, qui les reconnaitrait comme architectes, urbanistes, programmistes et entrepreneurs porteurs d’un processus de projet à l’échelle micro, s’articulant avec plus d’aisance au macro. Leur travail sur le long terme peut mener à l’élaboration d’un « diagnostic habitant », révélant les dynamiques locales en


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leur cherchant des moyens de mise en œuvre. Même si leur forme associative peut les mettre en position de faiblesse face aux bureaux d’étude et des agences d’architecture, c’est leur processus-projet qui est à souligner. Leurs méthodes de travail soulèvent des points cruciaux quant à l’application directe d’une figure de démocratie locale. Aller dans le sens d’une généralisation de leur démarche d’intervention en amont du projet urbain semble approprié dans le cadre d’études préliminaires. De plus leurs méthodes basées sur l’emploi de matériaux assurent une mise en œuvre plus rapide et moins coûteuse. Impliquant les habitants dans la cofabrication de leur espace et dans une expérience citoyenne des politiques de la ville, la pratique de l’installation d’architecture éphémère est mobilisée comme outil politique d’aménagement des villes, notamment lorsqu’il s’agit de réparer la ville. La qualité expérimentale de leur travail ne leur permet pas de prévoir des résultats en amont, et leur confère une marge de manœuvre face aux demandes des collectivités pour mieux répondre aux besoins sur les sites. A terme, leur recherche-action donne lieu à l’émergence d’une programmation micro-locale et de sa mise en place par le médium qui leur semble nécessaire (éphémère ou pérenne) et en coproduction avec les usagers. Leur travail de terrain permet d’affirmer ou d’infirmer rapidement les objectifs identifiés par les collectivités d’une part, et de construire une stratégie de démocratie participative (ou, selon le contexte, d’empowerment) cohérente avec les habitants d’autre part. En assurant une pédagogie démocratique et populaire face aux politiques d’aménagement des villes, la présence des collectifs est un outil primordial pour les populations pour ne pas se faire évincer des prises de décision. L’action collective construite peut conduire à mener les habitants vers une lutte pacifiée pour la reconnaissance de leur droit à la ville. La reconnaissance de ce processus projet, de la méthode de travail, est pourtant difficile pour l’instant. Si elle suscite de l’intérêt auprès des collectivités locales, elle est perçue, comme les autres formes d’action collective et de participation, elle fait face aux mêmes défis. Actuellement, la mise en place de leur processus est perçue comme une remise en question de la légitimité des administrations, ce que nous avons pu constater dans le cas d’étude. Ensuite, comme tout mouvement, l’action in-situ des collectifs est instrumentalisable. Dans leur cas, leur présence sur l’espace public apporte un moyen pour les spéculateurs de valoriser le foncier.


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Le tout pour ces professionnels est d’avoir conscience des risques et d’œuvrer en finesse pour déceler les stratégies politiques et éviter les chausse-trappes. Il est alors important pour ces collectifs de ne pas s’institutionnaliser et de rester vigilants afin de ne pas perdre leur regard critique vis-à-vis des professions de l’aménagement, et de ne pas être happés dans une stratégie politique. Leur action ne peut vraiment s’ancrer que dans un contexte favorable à la mise en place d’une participation sous le modèle de la démocratie participative. Les collectifs d’architecture constituent une nouvelle forme de compétence liée à la participation qui apparait dans les années 1990, ils détiennent aujourd’hui une capacité à mettre en œuvre une forme de démocratie participative dans l’espace public délibératif.. Ils participent au processus d’intégration citoyenne et politique au sein des villes.


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Avec le recul, c’est une partie idéalisée de ce que serait la place possible des collectifs d’architectes dans les processus de mise en place de la participation. On sait que les collectivités locales (les villes) sont les mieux placées, plus proches des habitants, et ressentent le besoin, l’urgence, de mettre en place ces démarches, et ce sont les villes qui ont le plus de finesse dans les interventions, mais elles n’ont pas forcément la capacité d’intervenir. Mais dès que l’on s’éloigne de cette échelle, l’échelle même de l’intérêt général se perd dans les stratégies plus globale - stratégies tournées vers les manières de résorber ou d’absorber la crise que nous traversons. La question de la sincérité dans le projet est donc primordiale. D’après plusieurs auteurs, et on peut mentionner ici Josée Landrieux, un nouvel ordre social est possible mais il doit être citoyen et non administratif. Par qui est encouragée la participation active aujourd’hui ? par des associations locales, et maintenant des associations de professionnels de la ville, qui ne sont pas rémunérés. Avec les limites atteintes par les collectivités locales et les acteurs publics, les collectifs d’architectes et les associations locales peuvent se saisir d’une place stratégique dans les processus d’aménagement des villes. Ils ont en effet l’occasion de mettre en place un processus de participation concret, touchant des cercles de population plus larges (dépassant largement la simple visée informative de la participation par exemple), avec un autre avantage: la confiance dans le projet, qui n’est pour l’instant pas accordée aux politiques. Les collectifs d’architectes, ont un savoir faire professionnel, une vue d’ensemble sur l’intérêt général à plusieurs échelles, et une capacité de synthèse qui pourrait faire progresser les actions dans le bon sens. Ils n’ont pas les mêmes difficultés que les groupes constitués sur une opposition politique face à l’administration. Ils peuvent donc être à la convergence entre les dynamiques bottom up et top down. La visée pédagogie des collectifs est un moyen possible d’inclure plus de monde, oui, mais à condition que cette démarche soit partagée et sincère.


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BIBLIOGRAPHIE

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ANNEXES



ENTRETIENS Camille Bauve-Pyz

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Chargée de mission à l’animation de la Cité Descartes Paul Chantereau

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Responsable pôle stratégie urbaine de l’association Bellastock Mathilde Gattegno

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Présidente de l’association pour la vie étudiante à descartes (AVED) et présidente du bde de l’ensavt Audrey Pigois

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Chargée d’urbanisme à la ville de Champs-sur-Marne Anne Claire Schmitt Chargée d’innovation à l’EpaMarne

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Entretien avec Camille Bauve-Pyz CHARGÉE DE MISSION À L’ANIMATION DE LA CITÉ DESCARTES Cafétéria de l’ENPC/SG – Champs sur Marne 17/10/14 à 14h – Durée 1h15 Dans le hall au milieu de l’Université des Ponts et l’École des Sciences Géographiques, se trouve la cafétéria utilisée par le personnel et les étudiants. C’est là que me reçoit Camille, autour d’un thé à la menthe et d’un café crème, parmi d’autres étudiants qui terminent leur pause déjeuner. Le fond sonore est assez bruyant au début, puis diminue au fur et à mesure que les gens s’en vont. Cet entretien est retranscrit tel quel. Certaines phrases ont été reformulées pour une meilleure compréhension.


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ANNEXES

A.E : Je voulais commencer avec ce que tu fais aujourd’hui : quel est ton poste en fait, et qui t’as employée ? C.BP : Alors l’histoire, l’histoire un peu complexe, moi-même je n’arrive pas à avoir le recul. Personne ne sait exactement quel est mon titre, à quoi je sers exactement. Donc je détermine au fur et à mesure, j’essaye de compléter ce qui manque. Donc tout à commencé au DSA architecte-urbaniste de ENSAVT . Je voulais avoir un complément de formation après avoir fait ma HMO, qui s’était bien passée mais je n’avais pas envie de partir en agence tout de suite, je voulais continuer de faire un petit peu d’études et continuer de rêver un peu. Je me suis donc inscrite au DSA. Yves Lion était mon professeur, donc ça aire (aère) beaucoup. C’est lui qui est chargé du projet urbain de la Cité Descartes. Ce qui était bien dans ce DSA c’est que l’on travaille pour des projets concrets, qui sont de vraies commandes de collectivités, rémunérées – pour l’établissement, pas pour les étudiants – et donc on travaille avec eux en essayant de comprendre quelles sont leurs ambitions, leurs besoins. Il y a donc un côté très tangible qui est agréable. En l’occurrence, c’est la Mairie de Champs-sur-Marne qui passait la commande en partenariat avec l’EPA-Marne. L’Établissement Public d’Aménagement de la ville nouvelle regroupe environ 130 personnes, il travaille sur l’aménagement du territoire: acquérir le foncier – bon, maintenant il n’y a plus grand chose à acquérir... – mais surtout le viabiliser, faire les réseaux et ensuite le revendre à des investisseurs et des promoteurs. Ça c’est le cœur de leur travail. Il y a donc un côté très, comment dire… économique, politique foncière. A.E : Ils sont là en soutien aux villes en fait ? Afin de coordonner un peu ? C.BP : Oui, officiellement. Mais cela a été très mal vu à leur arrivée dans les années 70 par les collectivités. En fait ils sont arrivés en prenant une source de revenus des mairies, des collectivités donc, puisque d’un coup on leur a donné tout le foncier, enfin qu’ils ont acquis pour vraiment presque rien. Et donc cela a pris beaucoup de temps pour que EPA-Marne soit reconnue légitime dans son travail etc… Et aujourd’hui encore ça pose certaines difficultés de limites de prestation. Ils ont la réputation d’avoir beaucoup d’argent ce qui fait qu’à chaque fois qu’il y a des projets on va sonner à la porte de 1

1 / Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de la Ville et des Territoires, Marne-la-Vallée.


ENTRETIENS

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l’EPA pour avoir des fonds, ce qui énerve l’EPA… enfin là, on entre dans des questions politiques assez « amusantes ». Mais voilà, ils ont passé la commande suivante : comment animer la Cité Descartes ? A.E : Pourquoi cette question ? C.BP : D’après mes recherches par la suite, justement c’est lié à la perception de l’EPA qui avait cette image d’acheter du foncier, de faire du fric, de revendre, puis de repartir à la conquête d’autres territoires. Assez mal vu par les acteurs politiques et les usagers –donc là en l’occurrence pour nous, les Établissements d’Enseignement Supérieur et de Recherche – qui trouvaient que EPA-Marne n’était pas assez impliqué dans la vie de quartier, dans la vie qu’il avait créé finalement, et qu’il se désintéressait des questions quotidiennes. Donc eux ils ont voulu essayer de se rattraper un peu, peut être qu’on entre dans une nouvelle ère d’aménagement où les Établissements publics sont plus concernés, peut être. C’est ça qui a ouvert la voie. A.E : Et donc pour le résultat du DSA, qui était dans le jury ? C.BP : Alors concernant notre équipe, nous étions cinq : une paysagiste et quatre architectes. Le croisement des connaissances était très enrichissant pour nous. Dans le jury il y avait beaucoup de monde c’était assez impressionnant. Il y avait au moins cinq personnes de l’EPA, à l’époque – bon je ne le connaissais pas – il y avait le directeur général adjoint qui était là, Monsieur Michel Salem-Sermanet. Il y avait l’UPEM avec le président de l’Université. La mairie de Champs-sur-Marne, avec la maire. Le directeur de l’école d’Architecture qui se sentait très concerné par le projet et qui a fait d’ailleurs beaucoup pour mobiliser les acteurs autour de cette question et ensuite pour me trouver du travail en face d’eux. A.E : C’est lui qui a fait le levier ? C.BP : Oui, c’est fou les circonstances de la chose ! Assez improbable. Il se trouve que nous n’étions pas assez encadrés au DSA, nous étions sensés avoir trouvé un travail etc… au moi de juin, personne de la promotion n’avait trouvé. Nous étions tous très inquiets, nous sommes allées voir le directeur de l’ENSAVT avec une amie. Pour l’avoir rencontré sur les questions d’animation, cela a aidé un peu. Nous sommes allées lui dire que si personne ne trouvait de travail c’est qu’il y avait un problème de connexion quelque part… Par la suite il s’est retrouvé à manger avec Yves Lion et le directeur général de l’EPA. Ils ont parlé de la suite du projet et m’ont finalement proposé un stage afin que je continue à travailler sur le sujet de l’animation de la Cité Descartes. Pour confronter la suite du projet au réel car nos propositions restaient tout de même des propositions d’étudiants. Nous étions dans la provocation, à essayer de faire bouger les lignes. Nos propositions ont d’ailleurs été mal perçues par l’EPA. A la base, nous avions proposé de mettre de l’agriculture semi-professionnelle sur tous les terrains en attente d’urbanisation. Tu imagines donc la tête de l’EPA-Marne… C’est donc comme ça que la phase deux a commencé. Une phase que nous avons donc appelé « Développement ». J’ai donc passé six mois à l’EPA, où j’étais encadrée dans le département « Aménagement du territoire de l’Ouest », donc vraiment avec les architectes, urbanistes et ingénieurs de l’EPA. Dans un milieu très rationnel, ce qui m’a rassuré. Je me suis dit que j’étais là pour que les choses avancent et se réalisent. C’est aussi pour ça que j’avais accepté à l’époque. Très vite c’est un sujet qui finalement était assez transversal et qui a intéressé beaucoup de monde. Je me suis retrouvée à travailler à la fois avec la communication, le service innovation, le service développement durable et le service aménagement.


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ANNEXES

A.E : Oui, comme une espèce de synthèse C.BP : Voilà. Et il a fallu satisfaire tout le monde au sein de l’EPA, jusqu’au directeur général que je voyais régulièrement alors que je n’étais que stagiaire. C’était des questions qui étaient jugées comme intéressantes a priori, ou importantes. Il y a eu une synergie autour du projet et à la fin de mon stage ça a donné lieu à la phase 3. J’avais développé le plan d’action, la proposition, des projets étaient déjà en cours, je travaillais déjà avec Bellastock. A ce moment là il était déjà acté qu’ils interviendraient au mois de juin. Mais j’avais également d’autres projets sur papier, sans savoir quoi en faire. J’allais partir donc en laissant ça à l’EPA, sans trop savoir ce qu’ils allaient en faire. Puis le directeur général adjoint de l’EPA, Michel Salem-Sermanet a voulu que le travail continue et il a donc commencé secrètement à aller frapper à toutes les portes pour voir qui pouvait accueillir la suite du projet dans sa phase « Concrétisation », puisque l’EPA n’a pas pour vocation d’animer lui-même le territoire, c’est écrit dans ses statuts, il est là pour aider les collectivités à mettre en place une stratégie globale à l’échelle du territoire, mais jamais à se substituer aux représentants de la population. C’est donc Université Paris-Est, la communauté d’Établissements d’Enseignements Supérieurs et de recherche de l’Est-Parisien qui s’est sentie concernée. A.E : Pourquoi ? C.BP : Alors pourquoi, je l’ai appris après. Parce qu’il y a eu un appel à candidature national qui s’appelle I-SITE. Cela représente des milliards, qui sont là pour doter une communauté d’universités de fonds pour aider à développer différents points : la recherche, l’innovation, ce genre de trucs et… pour répondre à cette candidature il y a un volet « animation », vie de campus. Jusqu’ici, la vie de campus à Marne, il n’y avait pas grand chose. A.E : Mais ils proposent de financer un projet en amont ou à la fin ? C.BP : Et bien c’est ça le point. On a toujours pas rendu notre texte de candidature, la date limite est le 21 janvier 2015, mais il faut avoir des propositions de projet, montrer également qu’il y a déjà des choses en cours mais le but c’est effectivement d’obtenir de l’argent pour réaliser ces projets. Il s’agit de très gros investissements et qui viennent au fur et à mesure. Ils ne nous donnent pas un chèque de millions d’euros. L’État met une somme d’argent, qui reste conséquente, sur un compte et ce sont les intérêts de cette somme que l’on récupère chaque année. A.E : D’accord ! C’est du cumul C.BP : Voilà, donc c’est intéressant sur le long terme ! A.E : Tous les autres acteurs que tu as pu me citer, sont tes principaux interlocuteurs aujourd’hui ? C.BP : Alors, Université Paris-Est n’avait pas assez d’argent pour me financer. Non pas que je coûte particulièrement cher mais les charges sociales sont ce qu’elles sont (rires). En fait le président, Monsieur Bernard Dizambourg, est convaincu que l’on a besoin de faire bouger les choses sur la Cité Descartes. Il est donc allé voir différents membres d’Université Paris-Est dont l’Ecole d’Architecture de Marne-la-Vallée, l’ESIEE , l’UPEM et l’IFSTTAR pour que chacun mette quelque chose dans une grande tirelire avec mon nom dessus. En gros (rire). Mais EPA-Marne en a également financé une grande partie. Ces gens là ce sont mes chefs. A.E : C’est à eux que tu rends des comptes donc. De quelle manière et à quelle fréquence ? 2

3

2 / ESSIE Paris - L’École de l’Innovation Technologique 3 / L’Institut français des sciences et technologiques des transports, de l’aménagement et des réseaux.


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ENTRETIENS

C.BP : Par des comités de pilotage dont le premier a eu lieu lundi. A.E : Seulement ? C.BP : Oui ! A.E : Ça c’est passé comment ? De quoi avez vous parlé ? C.BP : Nous avons fait le point sur les projets qui ont déjà été menés. Donc les camions restaurants et Bellastock pour faire un premier bilan, vérifier si tout s’était bien passé, voir comment tout le monde réagit par rapport à ça et surtout pour parler de la suite. Par exemple, comment va-t-on pérenniser la présence des camions restaurants. Nous travaillons avec la mairie sur la phase deux qui est de revoir toute la politique de leur présence sur le campus. Il va y avoir une vraie politique quant à leur emplacement, la qualité de leur produit frais, etc. Concernant Bellastock, il s’agit de les intégrer à la pédagogie de l’IFU – qui est à l’UPEM – et de l’ENSAVT pour que tous les ans Bellastock revienne coloniser un autre espace de la Cité Descartes ou réaménager son propre espace, ça on ne sait pas encore. En travaillant sur cette pédagogie commune on peut avoir des financements de l’Université Paris-Est qui a une cellule spéciale IDEA pour innover dans la pédagogie. C’est comme ça qu’on pourrait arriver à pérenniser cette action là. Ensuite nous avons fait le point sur les actions en cours et les actions reportées – c’est comme ça que je les appelle – c’est-à-dire celles qui n’ont pas trouvé de porteurs ou qui coutent trop cher ou qui n‘intéressent personne. A.E : Comme la Halle? C.BP : La Halle c’est encore un autre problème… plus compliqué. Il y a beaucoup de gens intéressés et c’est justement le problème. La bataille est sur qui va mettre son nom sur la Halle. Sur qui va être le maître d’ouvrage ? Mais dans les projets reportés en ce moment nous avons l’installation sonore, nous voulions mettre en place un parcours sonore. Ensuite il y a l’élaboration de nouveaux projets que je propose au comité de pilotage pour voir s’ils sont potentiellement intéressés ou pas. C’est comme ça qu’on avance. A.E : À quelle fréquence devez vous vous retrouver ? C.BP : Tous les trimestres… C’est un peu compliqué. En fait nous sommes sur un territoire qui a beaucoup trop de superposition de couches d’acteurs. Où chacun marche sur les pieds de l’autre. Les limites de compétences ne sont pas nettes, même pour eux. J’étais à la mairie vendredi dernier pour avoir les arrêtés municipaux pour que les paysagistes puissent garer leur tracteur sur la voie. La chargée de l’urbanisme à la mairie ne savait pas si elle avait le droit de le faire ou si c’était la communauté d’agglomération qui devait délivrer les arrêtés… Elle a dû aller demander à quelqu’un d’autre, vérifier avec la communauté d’agglomération pour pouvoir les dresser. Et au final, c’était bien à elle de le faire… A.E : Personne ne sait exactement qui doit faire quoi. C.BP : Et ça ne va pas s’arranger avec la Société du Grand Paris qui va arriver dans tout ça… A.E : Pour revenir rapidement sur le DSA, vous étiez une vingtaine, c’est ça ? C.BP : Oui ! A.E : Et vous travailliez tous sur le même sujet ? C.BP : Non, chaque groupe avait son sujet. A.E : C’était donc spécifique à vous cinq ? 4

4 / L’Institut Français d’Urbanisme


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ANNEXES

C.BP : On pouvait choisir le sujet sur lequel on travaillait. Personnellement, je n’avais pas choisi celui là ! (rires) A.E : Finalement ça s’arrange bien ! C.BP : Parce que j’avais déjà fait mon PFE d’Architecture sur la Cité Descartes – des logements étudiants et un équipement public – et selon moi j’en avais fait le tour. Mais en fait pas du tout ! Mais alors pas du tout ! A.E : Il y a encore du potentiel ! Comment ça s’est passé entre vous cinq pour l’élaboration du projet ? Qu’est-ce qui vous a amené à cette réponse ? C.BP : Ce qui est assez intéressant c’est que l’animation est un sujet assez en marge. Nous étions en DSA pour apprendre a faire du plan d’urbanisme quoi ! Du projet urbain ! Où est-ce qu’on fait passer les réseaux ? Comment on fait un espace public ? Nous on voulait se confronter au concret d’échelles un peu maîtrisables pour des étudiants. Là, les questions d’animation nous ont beaucoup déroutés au départ. On faisait souvent la blague du « on nous prend pour Patrick Sébastien », bref on ne voyait pas le rapport. Et au fur et à mesure on a dû se convaincre nous mêmes que ce que l’on faisait, c’était de l’urbanisme. Mais un urbanisme un peu différent, qui engendre très peu de frais, qui prend moins de temps, qui est plus efficace et qui n’a pas les même retombées mais qui finalement est de l’urbanisme quand même. A.E : C’est comme ça que vous êtes tombés sur Bellastock ? C.BP : Bellastock… En fait nous commencions à avoir différentes idées, on ne savait pas si on voulait avoir un maillage d’animation, c’est-à-dire qu’on pensait à une trame où à chaque point il se passait quelque chose. Le but de cette hypothèse là était de travailler sur toute l’échelle de la Cité Descartes. L’autre idée était de faire émerger une centralité. Nous avons gardé nos deux hypothèses jusqu’au bout car on ne voulait pas trop trancher. Bellastock c’est venu lorsqu’on s’est mis à regarder ce qui existait comme aménagement éphémère. Ce fut une de nos premières références. Il y en a plutôt beaucoup mais ceux de Bellastock restent les plus connus et il se trouve qu’il y avait un membre de l’association qui faisait ses études à l’ENSAVT. C’est lui qu’on a commencé à rencontrer pour qu’il nous raconte un peu comment lui il voyait l’aménagement éphémère et ses enjeux. A partir de ce moment là nous avions Bellastock en tête avec l’idée que c’était des architectes, une manière aussi de nous rassurer nous-mêmes en confirmant que ce que l’on faisait était bien de l’urbanisme. C’est comme ça qu’on a eu cette idée, et à l’association Bellastock, ils ont été très réceptifs. Ils se sont déplacés, on a fait un tour sur le site. Nous avions d’autres hypothèses au départ, à l’Université on voulait accueillir le grand festival Bellastock du mois de mai et à cette époque là, l’association voulait faire un festival sur l’eau, ils le savaient déjà, ils n’avaient pas encore leur terrain. On leur a fait visiter les étangs qu’on a dans le Bois de Grâce. Au début c’était donc ça, mois de mai avec 150 personnes sur les étangs. Mais ce n’était pas vraiment à l’échelle du festival . Ils ont donc trouvé un autre site. Finalement ça arrangeait tout le monde. De notre côté le projet était en réalité trop excentré du campus, dans le bois ça n’était pas visible et ça n’allait pas changer grand chose. Ils auraient fait leur « délire » - on va dire – pendant une semaine et après il n’en reste plus rien. 5

5 / Le festival Bellastock accueille habituellement entre 600 et 800 participants.


ENTRETIENS

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En revanche, leur « Summer Bellastock », comme celui de Vitrolles, il en reste vraiment quelque chose pour deux ou trois ans et ça sert vraiment au quotidien pour les usagers du campus. A.E : D’ailleurs, comment le projet est utilisé par les usagers ? C.BP : Ca marche vachement bien ! Il y a beaucoup de monde dessus surtout à la pause déjeuner. C’est plein. Après bien sur cela dépend du temps. Mais il y a même des salariés qui sortent leur plateau de cantine et qui vont manger là bas. Par contre, il y a certains points faibles. Dans un premier temps, le site s’est fait vandalisé deux fois. Nous n’avons pas été capables d’anticiper ce genre de problème… C’est vrai qu’à la Cité Descartes, je ne m’attendais pas trop à ça… A.E : On ne sait pas qui est à l’origine ? C.BP : Non, pas du tout. Dans un deuxième temps, nous n’avons pas réinstallé de poubelle tout de suite, bien que la demande avait été faite. Il me semble que Bellastock n’avait pas eu le temps de la remettre – en même temps vous aviez eu des conditions de travail assez difficiles - et ils doivent revenir la semaine prochaine pour réparer un peu les dégâts et pour reposer la poubelle. Sans celle-ci le site est un peu sale, et les gens en voyant les papiers par terre jettent sans se poser de question. Ca donne un peu une image mi-figue mi-raisin du projet pour l’instant. A.E : D’accord, donc l’amélioration est en cours ! C.BP : Oui, ce qui est bien avec Bellastock c’est qu’ils sont vraiment investis dans ce qu’ils font. Ils ne nous lâchent pas dans la nature. Il y a un suivi, ils prennent du temps, même s’ils ne sont pas payés pour revenir. Pour le chantier Wagon – l’espace public partagé – ils viennent donner un coup de main parce que ça les intéresse ! Tout simplement. C’est leur façon de penser. A.E : Alors Wagon, c’est qui ? C.BP : Wagon c’est le nom de l’agence de paysage qui va travailler sur le « Campus cultivé ». Attends, je vais te montrer. A.E : J’ai souri quand j’ai vu la référence dans ton livret. Le dôme en carton du festival 2012, c’est notre équipe qui l’a fait. C.BP : Il est vachement beau cet abri ! Comme quoi je ne me suis pas trompée dans les références ! Alors grosso modo on va transformer le reste du terrain jusqu’à la pointe. Donc ça fait environ 8 000 m2 de véritable jardin. Et là aussi nous sommes sur une implantation du type « jardin éphémère ». On travaille principalement en gestion différenciée, c’est-àdire qu’on essaye de limiter l’implantation de nouvelles espèces, etc. car c’est un peu jeter de l’argent par les fenêtres, même si ce n’est pas si simple que ça, le fait de mettre en place des usages, ce n’est jamais perdu. Mais ici, on va creuser l’existant, notamment les haies… en fait on est sur un terrain qui a déjà été aménagé il y a quinze ans avec pour mode d’ordre « anti-nomade » point barre. A.E : Ils ont clos et isolé la parcelle. C.BP : Un travail d’ingénieur, j’ai envie de dire, même si ce n’est pas l’endroit (rires). On essaye d’amener une touche de paysage pour qu’il devienne agréable avec beaucoup de mobilier urbain en bois. A.E : Toujours avec l’idée de la centralité en fait. C.BP : C’est ça. J’ai essayé de garder les deux propositions, même à l’EPA. Dans le sens où on met le paquet sur ce triangle et en même temps on avait des petites actions autour. A.E : Comme des satellites.


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C.BP : Voilà, des capteurs même, pour être au plus proche des universités ou des entreprises pour ensuite créer un réseau vers le centre. A.E : Et la place des habitants ? C.BP : Les habitants sont très peu nombreux, il y en a une centaine. Sur le territoire du campus il n’y en a pas. C’est une volonté politique de la mairie qui refusait jusqu’à présent d’y implanter du logement. Donc la connexion qu’on veut faire avec les habitants c’est par l’usage. On veut mettre en place – et c’est comme ça qu’on l’a vendu à la mairie avec Bellastock – une inauguration festive du chantier en Novembre normalement. On doit communiquer ensemble avec la mairie pour attirer les habitants et les prendre par la main pour les faire venir jusqu’ici. Quant à ceux qui habitent ici il y en a tellement peu qu’ils n’ont pas été consultés. A.E : Et personne n’est venu se renseigner ? C.BP : Et bien, je travaille beaucoup avec la mairie et eux perçoivent les choses de manière totalement séparées. Pour eux la ligne de RER est une tranchée. Donc quand je leur dis qu’il faut communiquer auprès des habitants pour les attirer, ils ne le font pas. Je leur envoie l’affiche, les information du campus, la Newsletter et rien ne se passe de leur côté. A.E : Pourtant dans la promotion du développement du Cluster Descartes, on annonce beaucoup de logements prévus, notamment de ce côté là du RER. C.BP : C’est encore en gestation toutes ces propositions. Yves Lion s’entend très bien avec Maud Tallet, la maire. Il a réussi à la faire progresser un peu sur ces questions là, sur la mixité programmatique. Je pense qu’on est en train d’y arriver, on va surement finir par avoir du logement ici. A.E : C’est sûr que le campus ne peut pas rester une zone uniquement diurne… C.BP : C’est ça, là nous sommes un quartier pendulaire avec tous les défauts que cela engendre. Et on ne peut pas avoir de commerces tant qu’il n’y a pas d’habitants et c’est les commerçants qui ne veulent pas venir ! Il n’y pas d’activité passé 20h ! Et puis les étudiants ne font pas partie des plus riches… Tout cela fait partie d’un cercle vicieux qui fait que c’est mort ici. Voilà. A.E : Même nous, les visiteurs, on est assez surpris quand on entend l’annonce vocale à 19h45 qui répète que le campus est bientôt fermé, que les Écoles ferment à 20h. C’est sûr que cela manque d’accueil. C.BP : On essaye de progresser ! A.E : Une petite question : quels sont tes objectifs au sein l’université ? C.BP : Alors il y a deux échelles… A.E : Justement ! C.BP : Il y a mes objectifs personnels à moi… A.E : Et les objectifs du projet ! C.BP : Voilà. Pour le projet, le but du jeu, idéalement, c’est d’arriver à sortir un maximum de choses. La Halle, principalement et ça, ça va être compliqué mais faisable. Ça fait cinq ans qu’il y a des projets similaires qui à chaque fois se font refouler. A.E : Pourquoi ? C.BP : Pour des questions politiques, toujours. S’il est porté par un tel, l’autre s’y opposera, etc. A.E : Donc là l’idée c’est que comme cette fois il est porté par les universités, ça peut marcher ?


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C.BP : Là oui, l’étiquette « Université Paris-Est » peut nous aider. Personne n’a de problème avec nous finalement (rires). A.E : En même temps vous en serez les premiers usagers. C.BP : Ensuite idéalement, il faudrait arriver à mettre en place une synergie qui peut fonctionner sans que quelqu’un soit là pour l’animer à plein temps. Que les connexions se fassent et que les questions d’animation soient reconnues comme étant importantes pour les acteurs. Par exemple au comité de pilotage qu’on a eu lundi, on s’est dit que c’était aussi l’occasion pour que chaque établissement présente son projet concernant la vie de campus. Sinon ils n’en parlent pas entre eux. On s’est rendu compte que l’Université avait mis en place une distribution de paniers de fruits et légumes avec un producteur local, qui a lieu tous les mardis soir et il se trouve que l’École d’Architecture a fait la même chose et cela commence en même temps. Et ça, si nous n’avions pas eu le comité, ils ne s’en seraient pas rendu compte. Il y a un manque de communication entre les Universités sur les questions d’animation. Chacun dans son coin, à l’échelle de son établissement, ce qui en soi est plus facile à gérer, plus rapide, ça se comprend. Mais si on rassemble les efforts, on peut avoir une synergie dont l’impact sera plus important, probablement mieux réparti et accessible à plus de monde ! Ça, ça serait l’idéal. Avoir les associations comme ce qu’a fait Mathilde d’arriver à créer l’AVED . C’est formidable. Maintenant il faudrait que cela survive. On en a parlé avec l’EPA pour qu’eux ils puissent s’engager à financer cette association. J’ai aussi fait le job avec l’Université Paris Est pour voir si nous remportons I-SITE et avons donc des revenus, et bien qu’on puisse également donner de l’argent à cette association pour les questions d’animation. Ça se sont les deux premières choses. Ensuite du point de vue personnel, c’est de changer d’avis sur ces questions là. Au début j’étais vraiment réticente, je n’y croyait que moyennement.. A.E : Et maintenant ? C.BP : Et maintenant, je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à faire mais quand je vois que le résultat du chantier Bellastock fonctionne, que l’AVED a été créée, et que les collectivités locales s’intéressent à ces questions, je me dis que les choses sont en train de changer, et que je change avec elles (les collectivités). C’est assez intéressant. Et puis bien sûr cela me permet de créer des contacts auprès de l’EPA et de l’Université pour la suite. A.E : Pour revenir sur les associations, comment ont-elles été impliquées dans le projet, comment se sont-elles ralliées à la chose ? C.BP : Alors ça, c’est plutôt Bellastock qui a fait le travail. En montant les réunions, tous les deux mois je crois. Nous avons commencé par aller demander à Mathilde qui à ce moment là était au BDE de l’École d’Architecture de faire une réunion pour débuter. Elle a dit qu’il serait bien aussi de d’inviter les présidents de tous les BDE du campus. Afin d’éviter d’aller faire le porte à porte comme nous l’avions prévu au départ. Et suite à la première réunion, ils se sont dit entre eux que ça serait bien pour faciliter le travail pour Bellastock et pour le trophée Descartes , d’avoir une association un peu pyramidale. Celle-ci regroupe déjà un membre de chaque association par établissement. Ça je l’ai suivi de loin et je pense que c’est mieux d’ailleurs. Maintenant que je ne suis plus 6

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6 / Association pour la Vie Etudiante à Descartes 7 / Evènement sportif étudiant annuel organisé au sein des Établissement de la Cité Descartes.


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étudiante, j’ai une étiquette « personne extérieure » qui peut être interprétée comme « vouloir faire du profit » ou « voulant se servir d’un travail d’usager ». Ca peut être mal perçu, et moi-même je pense que c’est aux usagers eux-mêmes de venir prendre en main leur destin, j’ai envie de dire. A.E : Donc ce projet a vu naître une association. Bellastock organise donc les réunions. A chaque fois il y avait les membres des associations qui ont pu du coup mettre en avant leurs envies. C.BP : Voilà, et d’échanger entre eux des envies sur le projet puis de les partager avec Bellastock. De savoir ce qu’ils voulaient organiser comme soirées, de coordonner les choses. A.E : De prévoir donc les usages de cet espace. C.BP : Oui, c’est ensemble qu’ils ont fait la planification en demandant : une scène, un espace gradin, un bar pour les apéros et puis à côté de quoi bouquiner ou manger de temps en temps au soleil. A.E : Y a-t-il des comptes-rendus de ces réunions ? C’est peut être à Arthur et Hugo qu’il faut le demander. C.BP : Oui, mais honnêtement je ne les vois pas faire de comptes-rendus (rires). Ça ne me paraît pas être leur genre. A.E : Donc finalement Bellastock a eu une marge de manœuvre assez grande ? Comment s’est fait le lien avec toi ? C.BP : Oui et non. C’est souvent selon la position que prennent mes équipes « maîtrise d’œuvre » et leur manière de prendre en charge le travail. C’est eux qui me disent quelle place ils me laissent. Je sentais qu’ils étaient très moteur, ils sont très actifs, et ils connaissent bien leur job. Et à leur place, je n’aurais pas aimé qu’on me freine… A.E : Okay, donc toi tu es juste arrivée avec un projet. C.BP : Donc moi je leur ai donné l’occasion de pouvoir venir. J’ai travaillé avec les collectivités pour avoir de l’argent et essayer que tout le monde accepte le projet. De régler les problèmes logistiques, comment on a de l’eau, du courant, où est-ce qu’on dort, tout ça. Et tout le côté chouette du travail je leur ai laissé. Parce que c’est leur boulot. A.E : C’est donc eux qui se sont organisés pour la récolte de matériaux et la promotion de l’événement ? C.BP : Voilà. C’est eux qui ont fait des affiches. Et moi je faisais le relais entre eux et les acteurs du territoire. Et j’essayais parfois de calmer les tensions, car il y a eu un peu de problèmes avec l’EPA car ils sont beaucoup plus maitre d’ouvrage « classique ». Donc ils étaient très attentifs à ce que Bellastock allait proposer. Tout le monde trouvait que de toute façon ça allait faire « ambiance rom » au milieu de la Cité Descartes. A.E : Il y a donc eu des réticences au projet. C.BP : Oui, parce que sur l’image du Cluster de la Ville Durable, grosso modo les personnes – importantes – de l’EPA c’est du métal, du béton, du verre. Ils veulent le bâtiment des Ponts. Pour eux c’est ça la ville durable. Bon. Donc ça a été assez long d’arriver à convaincre que le recyclage de matériaux, que le bois, que le «faire travailler des usagers sur leur territoire» c’est une notion ville durable. Eux c’est des ingénieurs qui ont été formés aux Ponts. Donc ils ont une vision (geste des œillères) d’ingénieur. A.E : Ca a fait partie des difficultés rencontrées en fait. C.BP : Tout le travail en amont où j’étais à l’EPA et ou il a fallu rassurer, convaincre, écouter ce qu’ils disaient pour le prendre en compte,, c’est certain. Mais aussi adapter au fur et à mesure de la rencontre avec les différents acteurs, prendre des notes, montrer que je


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m’intéresse à ce qu’ils me demandent et voir si au bout je peux contenter tout le monde. Ensuite j’en fais un petit paquet simplifié en quelques phrases et je dis Bellastock « vous ferez attention à ça, à ça et à ça ». A.E : Mais cela n’a jamais mis le projet en péril en soi ? C.BP : Euh, si si. Au début quand je suis arrivée à l’EPA, quand je continuais à parler de Bellastock on me disait « Non, ça tu laisses tomber, c’est pas la peine. Travaille sur la Halle plutôt et laisse tomber le reste ». Oui mais non, c’est deux choses qui vont ensemble. La Halle, l’espace public qu’on met autour, le mobilier fait par Bellastock, c’est la même chose. C’est juste qu’on construit les choses à l’envers. On commence par le mobilier urbain, ensuite l’espace public et enfin l’équipement public. Aussi parce que Bellastock a été la chose la plus rapide à mettre en place par rapport à la Halle. Et comme il y a une urgence, on commence par ce qu’on arrive à faire tout de suite. Ce n’est pas un hasard si le premier projet qui est sorti c’est le Food-Court, les camions restaurants, parce que j’ai demandé de l’argent à personne. Il n’y a pas eu de freins. Il a juste fallu l’autorisation de la mairie et c’est bon. Je n’avais besoin de personne. En revanche la Halle où on a besoin de plus d’argent, de plus d’acteurs, de pouvoir savoir comment on va gérer les frais de fonctionnement, qui va être propriétaire, les assurances et tout le reste, ça fait que le projet ne peut pas sortir tout de suite. Mais une fois que tout est réglé, on monte la serre en quatre jours ! Maintenant je comprends mieux. Pendant notre DSA on se disait « mais c’est tellement facile de faire ça, pourquoi est-ce qu’ils ne le font pas ?! ». Mais il y a une lourdeur administrative, politique locale. A.E : Qu’est-ce que ça représente au quotidien ? Quelles sont en fait les principales difficultés rencontrées ? Surtout avec les autres acteurs. C.BP : Si on parle de Bellastock, ils ont un peu l’habitude de faire ce que je fais. Ils ont pris un peu les choses en main, j’ai eu confiance en eux et ça s’est bien passé. Et ils arrivent à être assez convaincants. Ça ne passait pas du tout avec l’EPA, ils se sont rencontrés plusieurs fois, et lors de réunions. Et c’est là que j’ai été très utile pour faire le lien. Bellastock avait réussi à être hyper séduisante aux yeux des Établissements d’Enseignements Supérieurs et de Recherche. Avec la mairie aussi, puis qu’on parle usage donc ça intéresse les habitants et les étudiants, donc ça, ça a été facile. Mais pour la Communauté d’Agglomération et l’EPA ça ne passait pas du tout. Donc il fallait un traducteur. Sinon pour la difficulté pour le reste des projets… En fait constamment, tu as l’impression de faire un pas, et là il y a un truc, un problème que tu penses avoir réglé qui se désagrège… Je ne sais pas jusqu’où j’ai le droit de te dire les choses en fait. (rires) A.E : De tout façon les annexes seront séparées du mémoire, et dans le cas contraire, je supprimerai cette partie de l’entretien. C.BP : Bon je vais te donner un exemple sur la Halle, parce que c’est là que nous avons le plus de problèmes, comme tu as compris. Je te montre l’axonométrie. Il s’agit donc de 800m2 d’équipement public éphémère à implantation réversible. A.E : Adaptabilité… C.BP : … polyvalence, flexibilité, tous les mots comme ça. Au début c’était vraiment un espace dédié aux étudiants, avec un bar, des restaurants, des espaces de détente, des espaces de travail. Donc là le problème par exemple c’est que l’EPA est à fond.


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Ils ont besoin rapidement d’avoir un espace démonstrateur ville durable, une espèce de show-room pour les entreprises. Pourquoi pas. Mais tout le monde a des besoins différents. Donc une fois de plus j’ai tout mis dans la Halle et j’ai essayé de faire rentrer cette combinaison de programmes afin de contenter tout le monde, avec des blocs de programme différents, on adapte la surface et tout le monde est d’accord. Cette partie là a avancé très vite. Ensuite la question a commencé à se poser de qui finance ? Et quelle place on donne aux acteurs en fonction de leur investissement. Pour l’instant c’est l’EPA qui est porteur du projet et qui veut finaliser le plus vite possible. Mais ils ne sont pas en capacité de pouvoir tout financer seuls. Donc il y a eu une sorte de putsch de l’EPA contre moi, en juillet. Devant tout le monde lors d’une présentation publique, ils m’ont coupée alors que je faisais la présentation de la Halle pour dire que de toute façon maintenant la Halle ne ferait que 100m2 dans lesquels il n’y aurait qu’un salon d’accueil pour les investisseurs où l’EPA vient faire signer ses contrats auprès des promoteurs ; un show-room pour montrer qu’on a des entreprise locales qui ont du potentiel et une maquette de la Cité Descartes une fois de plus pour communiquer auprès des investisseurs. Voilà. Les suites ont été un peu compliquées. Et s’ils ont fait ça, c’est parce que en fait, ils sentaient que le Département était intéressé lui aussi par le projet et voulait en faire autre chose, un FabLab . L’EPA a donc senti qu’ils perdaient un peu le contrôle sur le projet et ils ont fermé les portes d’un coup pour garder le pouvoir. Mais, en même temps, moi je n’arrêtais pas de leur dire qu’ils étaient obligés d’ouvrir les portes puis qu’ils n’avaient pas assez d’argent pour financer le projet. C’est pour ça qu’ils avaient affirmé « on ne fait plus que 100m2, on est capable de financer ça tout seuls ». Et tout le projet collaboratif qu’on essayait de monter était d’un seul coup pulvérisé. Ensuite, Mr. Dizambourg est monté au créneau avec d’autres personnes qui sont favorables au projet et à son aspect transversal. Donc on a réussi à faire bouger un peu les lignes. Maintenant, on a donc le Département, l’EPA et l’Université Paris-Est qui sont en train de se partager le gâteau. Le Département annonce qu’il peut mettre 150000€ dans le projet, à condition qu’il y ait un FabLab. Ce qui veut dire refaire le projet car en plus c’est beaucoup de matériel : il faut acheter des imprimantes 3D, etc., il y a des questions de sécurité, de ventilation, de poussière, de bruit, d’hygiène, de coût d’investissement du matériel, etc. Et en même temps, le Département était allé voir la mairie – avec qui je travaille depuis longtemps maintenant – en leur disant « Bon, la Halle, vous connaissez le projet, mais maintenant c’est le Département qui le reprend. » Alors que pas du tout ! « Vous direz bien à madame le Maire que l’équipement sortira en mars, dedans il y aura un FabLab, merci, au revoir. » Donc tout le travail collaboratif que j’avais fait avec la mairie s’est réduit à néant. Ca, ça s’est passé il y a deux semaines. Ensuite, mon contact à la mairie m’a expliqué ce qu’il s’était passé et que maintenant la mairie ne veut plus soutenir le projet. A.E : Bah oui, puisque ça n’a plus aucun sens pour eux 8

8 / Un FabLab (contraction de l’anglais fabrication laboratory, « laboratoire de fabrication ») est un lieu ouvert au public où il est mis à sa disposition toutes sortes d’outils, notamment des machinesoutils pilotées par ordinateur, pour la conception et la réalisation d’objet. (Source – wikipédia)


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C.BP : Eh oui, et aussi parce que la personne du Département avait présenté le projet en disant « c’est comme ça et c’est tout. » Alors que nous étions dans une démarche collaborative où on fait attention à ce que chacun dit, comme ça on contente tout le monde et où on a une chance de faire aboutir le projet. Et là, le passage en force pour que ça aille plus vite a affecté les relations. Donc bon j’ai peut être gagné un financement du département mais si je perds la mairie je perds l’autorisation préalable de travaux. A.E : Et la mairie n’a pas de pouvoir d’action ? C.BP : Non, car ils n’ont pas d’argent. Eux, leur seule marge de manœuvre c’est de ne pas autoriser les travaux. C’est ce qu’il y a de pire en fait. Donc maintenant il faut recommencer le travail auprès de la mairie, ça veut dire qu’ils vont peut-être avoir de nouvelles demandes qu’il va falloir réintégrer dans le projet, etc. etc. C’est ce genre de problème là. A.E : La question de créer une centralité pour les étudiants passe un peu à la trappe alors ? C.BP : Non, on garde. A.E : En même temps j’imagine que tu te bats pour. C.BP : Moi j’essaye de satisfaire tout le monde. Comme un peu la gardienne du bien commun. Et c’est vrai qu’on a besoin d’attirer les investisseurs, parce qu’il faut qu’on construise, qu’on ait du logement, des commerces et tout ce qu’on a dit tout à l’heure. Il ne faut pas qu’on fasse une halle à l’encontre du développement économique du quartier. Donc dans la programmation on a : l’espace pour les étudiants, l’espace pour les entreprises, l’espace de restauration/bar, et l’espace service pour les salariés. Voilà. Ensuite, on va phaser le projet pour pouvoir sortir une première surface de 200m2 tout de suite. A.E : Pour satisfaire l’EPA donc ? C.BP : Aussi oui. Mais il n’empêche qu’on a besoin d’un autre financeur pour la première phase. On construit directement la structure, puis il restera à payer les clos couverts, c’est presque rien. Ce qui est intéressant aussi c’est que, dans le sens architecture, c’est un mode de construction pertinent car on va pouvoir expérimenter tout ces petits programmes et tout simplement voir ce qui marche. Si les entreprises ne veulent pas venir dans le show-room parce que ça ne les intéresse pas, on va pouvoir les convertir en espace de restauration si c’est un point du programme qui fonctionne très bien. Et ça, en une journée c’est réglé. Pour moi ça ne va pas à l’encontre du projet. C’est juste encore plus flexible. Ensuite le risque aussi – c’est sûrement ce que tu as en tête – c’est que peut être qu’ils ne réaliseront jamais la deuxième phase. C’est aussi l’idée quand on ne construit que la structure, de pouvoir bâcher et ça n’empêche pas les usages de se mettre en place : les camions-restaurants pourront s’installer autour et les gens pourront manger ou boire un verre à l’abri. A.E : Il ne faut pas lâcher, j’imagine que ça doit être quand même un sacré bras de fer. C.BP : Ce qui est amusant, c’est d’apprendre comment ça marche, comme ce que je viens de te raconter, voir que c’est quand même de l’évolution lente… c’est d’une tristesse. A.E : C’est sûr que par rapport à l’idéal que tu devais t’en faire au début du projet… C.BP : Oui, c’est pour ça, j’apprends beaucoup de choses qui ne sont pas forcément liées à notre métier. Pendant ce temps là je ne travaille pas sur Autocad, je n’apprends pas comment faire un DCE, ou ce genre de trucs.


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A.E : Oui mais c’est bien de voir les stratégies politiques ! C.BP : C’est important aussi, ce que je n’avais pas anticipé ! A.E : Qu’est-ce que tu as réussi le mieux ? (rires) C.BP : C’est mignon comme question ! Je pense que c’est le fait d’avoir réussi à convaincre tout le monde et de n’avoir personne contre moi. Que l’EPA soit d’accord, que la mairie soit d’accord – enfin, elle l’était, mais ce n’est pas de mon fait – que la Communauté d’Agglomération et les Établissements Supérieurs le soient aussi. Le fait qu’ils aient créé un poste pour s’occuper des questions d’animation ça veut dire que d’un côté j’ai bien communiqué auprès d’eux. J’ai réussit à les convaincre. C’est juste que maintenant ils se tirent la bourre pour savoir qui va avoir son nom sur le projet. Mais c’est que nous avons réussi à rendre le projet important, à lui faire une place dans le développement du territoire. Et que l’EPA se préoccupe de cet aspect du développement du territoire. A.E : Il te reste combien de temps pour cette mission ? Deux ans ? C.BP : Mon contrat se termine en Mars A.E : Mars ? Mais même la Halle ne sera pas achevée. C.BP : Non. C’est peut être de la naïveté mais comme je te disais, le but c’est que je fasse le plus gros du travail en amont et qu’ensuite il n’y ait plus qu’à passer le relais aux associations. Parce que sinon je pourrais faire ça toute ma vie. Je continue d’entreprendre des projets dont l’achèvement ou même les financements seraient pour 2015. Et entre temps, qu’est-ce que je fais, je me tourne les pouces ? A.E : J’ai déjà observé des projets où quand la personne chargée de l’animation ou du lien social, quand il s’agit d’un projet de logement, quand cette personne là part, le projet retombe un peu. C.BP : Oui, et c’est ça qui me fait peur. Par exemple, Mathilde commence un double cursus avec les Ponts et l’École d’Architecture, donc elle va être blindée niveau boulot et je sais que si elle n’est pas là pour porter l’AVED, ça risque de disparaître… C’est un peu pareil. Mais à Université Paris-Est, on commence à murmurer dans les couloirs qu’il faudrait une pérennisation de poste sur les questions d’animation pour plus de transversalité entre les établissements. Rien que ça déjà c’est bien. Je ne dis pas que ça va être moi parce que je ne suis pas sûre que ça m’intéresse. Il n’empêche que le passage de relais va se faire et que quand il y aura des questions, quelqu’un sera là pour y répondre. A.E : Est-ce que d’autres villes se sont intéressées à la démarche que tu as entreprise? C.BP : D’autres villes, non. Je pense qu’ils contacteraient plus Bellastock, ou l’EPA. Moi je suis le maillon entre les deux. Je ne suis pas très visible, personne ne me pose de questions. A.E : Bon et bien voilà… Est-ce que tu penses à autre chose ? C.BP : En fait tu me fais faire une sorte de bilan à mi-parcours du projet, c’est sûr qu’il y a plein de choses qui viennent en tête. (rires) Je ne sais pas comment conclure. De toute façon, à partir du moment où, si par exemple là ce qu’on arrive à sortir en ce moment, le « Campus cultivé » où la réalisation est effectuée plus par des professionnels que pour Bellastock, on peut espérer qu’on soit sur un niveau de finition plus élevé. Il y aura une petite vingtaine d’étudiants, encadrés par dix professionnels. Si ça marche bien et que les gens trouvent que ça fonctionne, que c’est intéressant, que c’est une démarche qui marche vraiment en changeant la vie quotidienne du campus on arrivera à continuer ce type de projet.


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Il suffit qu’il y en ait une seule qui foire, que quelque chose ne fonctionne pas, toute monde dise « c’est n’importe quoi, pourquoi ils ont fait ça ? C’est gâcher l’argent public, » ou alors « c’est moche, c’est sale » comme on peut l’avoir entendu sur Bellastock, mais si tout le monde pense ça, ça enterre progressivement le projet. Il peut suffire d’une fois pour que ça soit fini. A.E : Est-ce que les gens s’attendent un peu à ce que tu te prennes les pieds dans le tapis ? C.BP : Non je ne pense pas. Mais tu sais j’ai l’impression que dans ce monde là… les gens écoutent ce que dit l’autre afin de capter son opinion. Mais dans le monde politique, ils ne prennent pas de position tant que quelqu’un ne leur a pas dit d’en prendre une certaine. A.E : Est-ce que je peux te demander le contact de Mathilde ? C.BP : Oui bien sûr. Elle va m’en vouloir, à chaque fois je lui envoie tout le monde ! (rires) A.E : On s’était déjà croisées sur le festival. Si on fait un organigramme des acteurs, où estce que tu te situes ? C.BP : Tout en bas ! Au dernier échelon, c’est moi qui pose les barrières, qui colle les affiches, etc. Au même niveau que les entrepreneurs finalement. Parfois j’ai l’impression d’être assistante à maîtrise d’ouvrage et parfois assistante à maître d’œuvre. C’est à dire que je leur trouve de l’eau, des places de stationnement. Parfois je me retrouve à faire de la communication. A.E : Tu as plusieurs casquettes. Est-ce que Yves Lion est encore présent dans le projet ? C.BP : Pas directement, mais je travaille également avec son agence. Ils me demandent des nouvelles sur l’avancement du projet. On se tient informés, on s’est vu deux fois, et bientôt une troisième. Les Ateliers Lion sont intéressés par ce qu’on fait mais j’ai l’impression que… je ne sais pas s’ils vont vraiment prendre en compte ce que l’on fait dans leur travail. Si ce n’est pas déjà trop tard. A.E : Pourtant ils ont prévu une place publique à cet endroit. C.BP : Et c’est pour ça qu’on s’est mis là, par rapport à ce qu’ils avaient prévu. Mais comment vont-ils réinterpréter la chose, je n’en ai aucune idée. A.E : Et ils n’envisagent pas de laisser la place comme ça ? C.BP : L’EPA ne sera jamais d’accord… Le côté éphémère, jetable, rassure tout le monde. A.E : C’est sûr que c’est moins risqué politiquement de faire de l’éphémère. Lors des comités de pilotage, chaque partie est représentée ? C.BP : Non, la stratégie pour le comité de pilotage, c’est uniquement les personnes qui financent le projet, ou celles qui ont donné un coup de main logistique. Pour l’instant, la Communauté d’Agglomération n’a rien donné, donc ils n’ont pas de siège. A chaque fois ils nous promettent des financements qu’ils décident de ne pas nous verser au dernier moment. Ils nous ont fait le coup pour Bellastock et pour Wagon. A.E : Donc pour l’instant il n’y a que l’EPA, la mairie et les Universités.

C.BP : C’est l’arme qu’a trouvé l’EPA pour garder la main sur le projet. J’ai beaucoup de mal, car ça veut dire qu’il faut faire des rétentions d’informations car l’EPA veut garder son avance dans le projet. Bref, ils ne sont pas encore prêts à travailler avec les autres. En tout cas, selon moi, les étudiants sont au même échelon hiérarchique que moi, c’est eux qui me donnent également des instructions et finalement, ils vont être les principaux usagers de notre travail. A.E : C’est très démocratique comme vision. C.BP : C’est peut être une vision idéaliste.


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A.E : En même temps c’est comme ça que tu le vois et que tu l’appliques. C.BP : Oui. Je ne suis que le carrefour entre tout le monde. A.E : Comme une interface-barrière. Ton interlocuteur à la mairie, c’est la Chargée d’Urbanisme ? Est-ce que la prochaine fois que tu la rencontres, il est possible de t’accompagner. C.BP : Je la rencontre dans environ deux mois. Ça sera peut être trop tard… C’est la seule à s’occuper de la ville de Champs, elle est débordée. A.E : Et le contact de l’EPA ? C.BP : Elle s’appelle Anne-Claire Schmitt, c’est ma plus grande alliée. A.E : Elle facilite un peu les choses au sein de l’EPA ? C.BP : Oui, sauf la fois où elle m’a fait le coup pendant la présentation publique. Mais elle m’a expliqué après, on s’est appelées pendant des heures au téléphone. Où elle m’expliquait qu’il y avait un changement de DG à ce moment là, que Nicolas Ferrand lui avait imposé sa stratégie et qu’il lui avait dit qu’il ne fallait en parler à personne. Et c’est pour ça qu’elle ne m’avait rien dit avant et qu’elle s’était retrouvée à faire l’intervention pendant la réunion publique. A.E : Hormis ce problème, elle est plus convaincue du projet dans l’ensemble? C.BP : Oh oui, elle est plus moderne que d’autres à l’EPA. Elle a fait une thèse sur l’agriculture urbaine. Alors que ça, à l’EPA… Donc elle est assez accessible, mais dure à voir en même temps. A.E : Le Plan d’action que tu as là est différent de celui que tu m’as envoyé cet été. C.BP : Oui je continue à le mettre à jour, c’est la dernière version. Avec la nouvelle idée de projet : faire de l’aquaponie ! Ca se fait partout dans le monde sauf en Europe. On voudrait mettre une centaine de mètres carrés à l’essai dans la Halle, lors de la phase 2 ou 3. A.E : Ca tombe pile dans les préoccupations de la ville durable. Mais tes propositions dépassent largement l’animation. Il s’agit presque d’un projet pilote pour le coup. C.BP : En fait, à partir du moment où il y a une dynamique qui se met en place où tout le monde est plus ou moins d’accord, il y a plein de gens qui s’engouffrent dans la brèche. Des projets qui n’arrivaient pas à sortir comme celui là qui finissent par aboutir grâce à la Halle. A.E : Donc tous les projets de la Halle seraient en partenariat avec les étudiants en recherche. C.BP : Oui, de manière pluridisciplinaire en plus. Ce qui fait que tout le monde va se retrouver dans la Halle, tout le monde y aura mis du sien. A.E : C’est l’émulation qui fait le travail ! Merci en tout cas pour ce temps que tu m’as accordé. C.BP : De rien


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Entretien avec PAUL CHANTEREAU RESPONSABLE PÔLE STRATÉGIE URBAINE DE L’ASSOCIATION BELLASTOCK Jardin de l’ENSA-Parie Belleville – Paris 75019 27/10/14 à 18h – Durée 1h30

Assis dans une alcôve confectionnée par les étudiants, dans jardin de l’ENSA Belleville, on se retrouve avec Paul autour d’une bière. Puis nous sommes rejoints par Hugo et Lucille, bénévoles de l’association.

Cet entretien est retranscrit tel quel. Certaines phrases ont été reformulées pour une meilleure compréhension.


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A.E : Bon, au fur et à mesure, la problématique a un peu changé. Elle est devenue « En quoi l’architecture éphémère peut-elle devenir un outil politique d’aménagement des villes ? » P.C : C’est une bonne question, on a tendance à essayer de militer pour. A.E : L’idée pour l’instant c’est encore de débroussailler ce qui se passe à l’EPA Marne autour du projet Pimp. Cela peut permettre de comprendre dans quel sens va la tendance et, d’un autre côté, dans quel sens la développer. P.C : Tu as d’autres cas d’étude ? A.E : J’avais pensé à un moment à un autre cas : ce que le collectif ETC a mis en œuvre sur la place du Géant à Saint-Etienne, mais ça ne c’est pas tout à fait manifesté de la même manière, ce sont les collectivités qui ont fait un appel à projet. P.C : Il y a eu un autre projet à Nancy dans le même genre, une médiathèque qui va être construite et où ils ont fait un projet de préfiguration. Mais je ne sais pas combien de temps leur projet est supposé rester sur place. A.E : Concernant Pimp, qui est entré en contact avec vous ? Comment est-ce qu’on vous a présenté le projet ? P.C : De ce que j’en sais, ce sont les compagnons de projet de DSA de Camille qui sont entrés en contact avec Arthur et Hugo. Ils ont expliqué que dans le cadre de leur projet d’Animation, qui comprenait plusieurs projets, ils intégraient une intervention potentielle de Bellastock. Et à l’époque cela restait un projet académique, qui n’était pas voué à se réaliser. Ou en tout cas ce n’a pas été mentionné pour nous. Je ne sais pas exactement à quel moment le contact s’est fait formellement, où on nous a précisé que le projet allait bien se faire et demandé si nous voulions participer. Evidemment nous on est toujours partants. A.E : Comment avez-vous pris le projet en main, quelle a été votre marge de manœuvre ? P.C : On a eu pas mal de marge de manœuvre, le projet était défini dans ses grandes lignes. Après, pour ce qui était de l’opérationnel ou pour savoir qui faisait quoi, c’était un peu léger. À la base, l’Université Paris-Est souhaitait que « l’étape Bellastock » soit en fait l’accueil du festival éphémère annuel. On leur a tout de suite dit que ça ne serait pas le cas. On leur a proposé les autres formes de festival que nous utilisons. À ce moment là, nous venions tout juste de finir le chantier de Vitrolles. C’était finalement le premier


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« Summer Bellastock », un format de projet qui collait mieux à ce qu’ils essayent de mettre en place. Nous avons poussé pour que les décisions aillent dans ce sens là, justement aussi parce qu’il restait pas mal de marge de manœuvre sur ce qu’on nous demandait. Il n’y avait ni programme précis, ni enveloppe budgétaire allouée au projet donc nous sommes arrivés à un stade où nous avions encore une force de proposition. En revanche, il a quand même fallu défendre notre projet surtout auprès de l’EPA Marne. Ce n’est pas spécialement de leur faute, car notre position a peut être été mal présentée par les étudiants du DSA. Pour eux Bellastock était vue comme un moyen d’animer et pas comme un outil pour réfléchir sur le projet urbain ou sur le prototypage d’usages, etc. C’était plus du type : chantier participatif animation, intégrer des étudiants dans une sorte de micro-chantier. Même s’il n’y a pas de résultat derrière et qu’il n’apporte rien en terme de réflexion sur l’usage ou ce genre de choses, à partir du moment où on arrive à drainer pas mal de monde à un endroit et à un instant T pour faire quelque chose tous ensemble. Nous, on était vus comme ça, donc on a dû casser un peu cette image en expliquant qu’on ne faisait jamais ça. Et que nous n’avions pas envie de le faire. Par contre, on a proposé de prototyper un lieu et d’organiser un chantier collectif qui pouvait accueillir des étudiants du campus, mais pas uniquement. Voilà, c’était leur proposer une démarche un peu plus complète avec une vraie volonté de s’intégrer dans un processus de projet urbain. C’était ça qui nous intéressait. A.E : Comment s’est passée cette transition d’idée, de notion ? Ça a bataillé ? P.C : Ça n’a pas vraiment bataillé mais il a fallu quand même bien défendre l’idée… A.E : Et du coup le rôle de Camille dans tout ça, ça a été de… ? P.C : D’aller aussi dans notre sens. Elle comprenait très bien ce que l’on voulait dire, en étant même partisane de notre point de vue. C’est plus lors des discussions avec l’EPA Marne, qui lui n’est pas du tout habitué à ce genre de processus de projets – qui vont même à l’encontre de ce qu’ils font – qui ne leur parle pas non plus. L’échelle de ce projet-ci est tellement ridicule pour eux, qui ont l’habitude de gérer des projets qui coûtent des milliards d’euros sur des centaines d’hectares… Nous, on est là sur un micro-espace public avec quelques milliers d’euros sur une échelle de temps de 3 à 5 ans. Tout leur paraissait tellement petit que pour eux, nous ne parlions pas d’aménagement. Donc, en fait, la première bataille a été sémantique. Nous disions « nous ne faisons pas de l’animation, nous faisons de l’aménagement » ce à quoi on nous répondait « bah non, ce n’est pas possible puisque les aménageurs c’est nous ». [rires] Tu vois, nous avons eu un grand débat de mots où nous avons finalement dit « on fait de la préfiguration d’aménagement ». Chacun avait son lexique et il y a eu confrontation. Nous utilisions les mêmes mots pour dire des choses différentes. Pour eux, l’aménagement, c’est directement : nombre de mètres carrés, nombre de SHON, millions d’euros, programme, etc. Pour nous, l’aménagement c’est un processus d’activation, de mise en relation d’acteurs, de test et d’expérimentation sur la matière, sur le lieu et ses usages. Pour nous, notre démarche semblait coller parfaitement aux problématiques de ce site spécifique et à ce que le projet Pimp my Descartes cherchait à mettre en place. Du coup, de notre côté nous étions convaincus de notre position sur le projet ; en face, l’EPA Marne était également convaincue de la sienne. Et finalement, personne n’a raison et personne n’a tort, c’est juste que l’on exprimait pas les choses de la même manière. Il a donc fallu réadapter un peu les choses, ajuster nos lexiques respectifs. Enfin, en l’occurrence, c’était plutôt à nous d’adapter notre vocabulaire et de faire attention à


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la sémantique des mots que l’on employait. On a fini par nuancer en disant que oui, effectivement, nous allions créer des prototypes, alors qu’eux parlaient directement de mobilier. A.E : Ce qui fait qu’à la fin, vous avez eu une stratégie un peu plus séductrice envers eux pour faire avancer le projet. P.C : Oui, pour nous dans un sens ça a été assez dur, car au final, tu passes beaucoup de temps à trouver la bonne manière d’expliquer ce que tu veux faire à ces gens là qui sont des professionnels de l’aménagement du territoire mais qui n’ont absolument jamais entendu parlé, ni eu vent, des manières et méthodes alternatives de s’intégrer dans le projet urbain, avec des méthodes différentes. Et dans le fond, ces méthodes ne visent pas la suppression des modes de mise en œuvre réguliers des projets sur le territoire, mais au contraire en sont complémentaires. L’interstice temporel entre le temps de l’étude des Ateliers Lion – dont cette parcelle n’est qu’une micro partie – et de la mise en œuvre du projet, il y a énormément de potentiels. On a le temps de faire plein de trucs en parallèle de leur travail, de rester en lien avec eux et de faire un diagnostic au bout de trois ou quatre ans, en disant que voilà, on a eu le temps de tester différentes choses, on sait ce qui marche, ce qui ne marche pas. Finalement, c’est revenir vers eux avec une vraie expertise d’usages sur un lieu. Certes, à toute petite échelle, mais admettons que nous soyons encore dans une démarche expérimentale et que là le terrain d’expérimentation pour le coup est assez optimal. A.E : Cela implique un suivi.. P.C : Cela implique un suivi qui est encore plus dur à mettre en place que ce premier projet, que cette première expérimentation. A.E : Et donc là, pour l’instant ? P.C : Là pour l’instant ça commence à puer l’impasse. On arrive pas à avoir des gens prêts à porter la suite. A.E : Au sein de BllS ou sur le site ? P.C : Ah nous, on est hyper motivés. Mais on a besoin de… A.E : Des associations étudiantes sur place ? P.C : Pas des associations. Notre idée c’était de le faire avec les écoles, de manière pédagogique afin de formaliser la démarche. De faire un enseignement pluridisciplinaire au sein des Écoles, et c’est assez dur de mettre ça en place car ce sont des administrations très lourdes. De notre côté, on agit avec une souplesse énorme par rapport à ce que peut être celle d’une école ou même de l’EPA Marne, nous sommes une petite structure, assez réactive par rapport à eux. Donc on est capable de se dire que dans six mois on peut envisager telle mise en œuvre à tel endroit. Pour une école, c’est beaucoup plus long de trouver la bonne personne avec qui Bellastock doit parler, etc. Et encore une fois, d’arriver avec des schémas qui ne sont pas préétablis et qui ne sont une routine pour personne. A.E : Du coup, vous rencontrez encore l’EPA Marne ? P.C : Non, on ne les a pas revus depuis le chantier, parce qu’on a pas été hyper présents non plus sur place. On y a été vendredi dernier par exemple et on ne les a pas prévenus. Nous n’y allions pas pour les rencontrer. On va tout de même faire un temps de bilan avec eux. A.E : Et avant le chantier, combien de fois les avez-vous vus un ? P.C : Avant, oui, on les a rencontré pas mal de fois. Peut être pas tous les mois mais tous les deux mois.


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A.E : Aussi souvent que les associations ? P.C : Oui A.E : Est-ce que c’était en même temps ? P.C : Non, jamais en même temps. Ce sont un peu des démarches parallèles. Nous ne les avons peut-être pas assez rencontrés. A.E : La mise en place du dialogue est toujours longue. P.C : C’est long et quand tu pars du mauvais pied, tu as aussi l’impression qu’il faut remonter la pente. Il y a des choses dans la communication qui ne sont pas évidentes, qui ne sont reprochables à personne, je pense, ou peut être à nous par manque d’habitude. Tu réalises par exemple que quand on parle de projet, nous n’avons pas du tout la même échelle que les autres. Du coup, on essaye aussi de rassurer en rappelant que nos projets sont tout petits. L’ajustement de l’échelle est difficile, soit c’est trop petit, soit c’est trop gros, on n’a jamais la bonne. A.E : Comment s’est positionnée l’EPA Marne ? Pour eux le projet est anecdotique alors ? P.C : Oui, pour eux c’est relativement anecdotique. Même eux sont probablement restés sur leur idée « c’est bien pour animer ». Mais s’ils ne considéreraient pas ça comme anecdotique, ils pousseraient avec nous pour qu’il y ait des suites. Parce que là c’est con de laisser ça comme ça. A.E : Ils n’ont pas saisi l’enjeu ou l’opportunité que vous leur proposiez. P.C : Peut-être qu’on a mal expliqué, peut-être qu’ils sont déconnectés du terrain. Clairement, ce ne sont pas des gens de terrain. Ça se voit aux chaussures. [rires] Ils ne sont pas là pour marcher, sillonner les territoires qui sont les leurs et dont ils ont la gestion. Je pense que le travail d’un aménageur comme l’EPA Marne reste de compter les mètres carrés et d’en avoir une gestion rentable. Ce n’est pas forcément leur travail non plus de mettre des chaussures de randonnée ou de chantier pour aller sur place. Mais quand nous, on leur propose de faire ça avec eux, on créée un écart qui est monumental dans la manière de comprendre et de concevoir la ville. Nous on est là en mode chaussures de chantier et gants de travail, et eux sont dans leurs bureaux à trente bornes du terrain. A.E : Sans savoir qu’il est là et qu’il a du potentiel ? P.C : Si, ils savent qu’il est là, c’est une grande réserve foncière. A.E : Une fois sur place, c’est donc vous qui avez contacté les associations, etc. P.C : Oui, c’est nous. Nous avons contacté le BDE de l’École d’Architecture. Nous avions déjà des contacts là-bas via le festival d’Architecture éphémère. Quand on a commencé à en parler avec eux et Camille, ils ont mis Mathilde Gattegno en avant, qu’on a fini par rencontrer. Elle nous a expliqué que pour l’instant la seule chose qui créée un lien entre les associations du campus, c’est l’organisation du Trophée Descartes – un événement sportif – pendant un week-end par an. On leur a donc proposé de faire en sorte que le projet Pimp my Descartes devienne une motivation à tisser des liens entre les Écoles. Elle a été très enthousiaste car cela faisait plusieurs années qu’elle avait en tête de recréer l’association inter-écoles internes au campus, qui n’existait plus. Cette motivation a permis de remonter cette association – l’AVED – et de penser à pouvoir pratiquer des activités autres que celle du Trophée. De là est partie l’idée de réunir les membres de l’AVED – qui dans le fond sont tous des représentants associatifs de leurs écoles respectives, notion très importante concernant les réseaux qui sont derrière – afin de pouvoir les consulter sur les éléments de programme du projet, ce qui fut leur rôle principal dans la démarche. On leur a donc posé la question « qu’est-ce qu’on pourrait faire à cet endroit là ? »


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A.E : Donc ce sont uniquement les représentants d’associations qui ont établi ces programmes ? L’ensemble des étudiants et les habitants ont-ils été pris en compte ? P.C : Pas les habitants, mais des discussions que nous avons eues avec l’AVED, ils ont sondé principalement leur cercle d’amis pour avoir ne serait-ce qu’un petit peu de recul. Mais nous n’avons pas fait de démarche à grande échelle pour consulter tous les étudiants, ce n’est pas possible. Trop long et pas assez de « rendement ». Un lieu peut s’activer tout seul, mais ça fonctionne toujours mieux quand il y a des gens qui travaillent à cette activation. La question était de savoir qui ? Pour nous la réponse était dans les associations. On leur a donc demandé à eux, en tant que responsables associatifs, ce qu’ils aimeraient faire sur ce lieu. Parce qu’il y a des usages basiques de l’espace public : s’asseoir, se réunir, manger, ce genre de choses ; mais qu’est-ce qui peut donner une spécificité à cet espace public-ci sur un campus universitaire ? C’est de rassembler les étudiants autour d’évènements, ce qui a fait déboucher sur des éléments de programme tels que : une scène, des gradins, un bar, etc. Des endroits où eux, en tant qu’associations locales se voyaient organiser des petits évènements. A.E : Ils vous ont donc fourni les éléments de programme et c’est vous, après, qui avez travaillé à leur répartition sur le site ? P.C : On a choisi avec eux l’endroit où on s’installait, c’est à dire au centre du triangle vert, du lot Y, le long du chemin. Ensuite, c’est nous qui avons choisi la répartition d’un côté où de l’autre de ce chemin, du choix des matériaux, du scénario du chantier, etc. A.E : La recherche des matériaux et la promotion de l’événement vous sont également revenues ? P.C : La recherche des matériaux, c’était nous. La promotion de l’événement, on a essayé de le faire avec eux, ça n’a pas super bien fonctionné. Ce n’était pas forcément les bonnes périodes pour certaines Écoles. Nous avons donné les affiches et les flyers aux associations pour distribution. Deux semaines après quand nous sommes revenus sur place, rien n’avait été affiché ou distribué. Nous avons procédé nous-mêmes à l’accrochage. A.E : Concernant les participants… P.C : Les participants au final il y en avait peut être 20% qui venaient du campus. Et le reste, c’était des gens comme toi, qu’on avait été capables de mobiliser par le réseau existant de Bellastock. A.E : C’était dommage, ce manque de mobilisation des étudiants locaux ? P.C : C’était dommage et en même temps… ça m’a étonné de la part des étudiants en École d’Architecture… de la part des autres écoles ce n’est pas étonnant. Tu vois, moi, on me proposerait un workshop d’informatique ça ne m’intéresserait pas forcément. Mais ça m’étonne un peu des étudiants en Architecture parce que, pour le coup, c’est quasiment devant leur école, c’est l’occasion de faire un vrai chantier – ceux qui étaient là d’ailleurs l’avaient souligné. Après on a eu plein de contre-arguments type « moi, ce campus me fait chier, j’ai pas envie d’y revenir l’été ». Oui, d’accord… mais c’est justement l’occasion de voir les choses différemment et de contribuer à ce qu’il soit moins chiant. Tout le monde n’est pas prêt à profiter de ce genre de chose. Et c’est pour ça que le participatif, il ne faut pas rêver. Au début on leur a dit « oui, bien sûr, on fera de la communication sur le campus, pour faire en sorte qu’il y ait un maximum d’étudiants du campus, mais on mobilisera aussi notre propre réseau parce que sinon ça ne fonctionnera pas ». Et heureusement qu’on l’a fait d’ailleurs. A.E : Il y a des comptes-rendus de toutes les réunions que vous avez faites avec les associations et autres acteurs ?


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P.C : Oui. A.E : Est-ce que je peux les avoir ? P.C : Oui carrément ! A.E : Merci ! Concernant les financements, qui proposait de participer ? P.C : Au final, c’est l’EPA Marne qui a quasiment tout financé et un peu l’ENSAVT. À la base ce n’est pas du tout comme ça que ça devait se passer. Il y avait notamment une sorte d’entente tacite entre l’EPA Marne et la CA Val-Maubuée, d’allonger une somme d’argent égale sur tous les projets du projet Pimp. A.E : Afin qu’ils restent tous sur un pied d’égalité ? P.C : Oui, ça, se sont les informations que l’on nous a transmis. En soi, nous n’avons jamais rencontré de représentant de la CA, mais la première fois que nous les avons vus, nous avons compris que ça allait être chaud. Puis trois semaines après, on apprenait qu’ils n’allaient pas respecter l’accord… en ne finançant pas du tout. L’EPA Marne s’est retrouvé seul à financer, et notre budget divisé par 3, presque 4 par rapport aux premières estimations faites sur le projet. A.E : Quels en ont été les impacts ? P.C : Ce fut notamment sur le nombre de participants. Finalement on a aussi fini par réduire notre communication, car on avait plus de quoi accueillir 150 participants et leur fournir du matériel. Derrière ça, la taille de l’intervention, le temps que nous pouvions passer sur place également. Nous avions prévu de passer deux semaines sur place avant le chantier collectif pour commencer à faire des prototypes et donc de commencer à promouvoir l’événement sur le campus par notre présence… ce qui n’a pas été possible finalement. Ce n’est que deux jours avant que nous sommes arrivés sur place pour la mise en place du chantier, l’événement s’est déroulé et « hop », on est repartis le lendemain ou le surlendemain. A.E : Vous étiez combien pour organiser ça ? P.C : Tout au long de l’année on était quatre en continu, c’est-à-dire à aller aux réunions et faire évoluer le projet. Après au sein de Bellastock, on était dix ou quinze à réfléchir sur ce sujet. Le temps du chantier nous étions dix ou quinze à tout encadrer, sur les différentes tâches y compris la bouffe, etc. A.E : Au niveau du festival en lui-même, avez-vous dû gérer les infrastructures d’accueil ? Ou juste du chantier ? P.C : Non, nous avons négocié le prêt du gymnase, on a pas mal été aidé par la ville. En fait, le gymnase appartient à l’Université Paris-Est, Arrivée de Lucille Monnoyeur et de Hugo Alzingre P.C : Tu arrives à point nommé, on commençait tout juste à parler du gymnase ! C’est Hugo qui a géré toute cette partie pratique. A.E : À parler de qui a géré cet aspect là du chantier, l’organisation des participants, les endroits où dormir, etc. P.C : Où dormir, où manger,… H.A : Alors oui, j’étais plus sur la partie gymnase. Alors, que je resitue depuis le début… On avait fait la demande auprès de la mairie pour savoir où on pouvait loger les étudiants du chantier. P.C : Et hyper tôt ! H.A : La mairie nous avait donné des pistes pas forcément convaincantes, sans trop s’engager non plus. De son côté, l’EPA Marne n’était pas dans son rôle en assumant la recherche d’un logement des étudiants. P.C : Et ils ne possèdent pas de bâti.


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H.A : Au final on a convenu avec l’Université Paris-Est de pouvoir occuper le gymnase qui fait partie du campus. On a donc signé une convention avec l’Université tout en ayant également un permis d’occupation validé par les pompiers, ou en tout cas les services de sécurité de la communauté de communes. Pour cela, il a fallu remettre un plan de fonctionnement de l’occupation du stade, avec le nombre de jour d’occupation, le nombre de sorties de secours, les unités de passage, etc. De voir si tout était aux normes. P.C : De voir si tout était aux normes. C’est comme quand tu livres un bâtiment, tu as toujours un contrôle des normes de sécurité d’un bâtiment. Lorsque tu veux détourner un bâtiment de son usage initial – que ce soit pour faire une fête ou pour faire dormir 150 hippies dans un gymnase – c’est le même principe. Il faut le faire valider par les pompiers sinon tu n’auras pas l’accord. Ce document était assez dur à remplir et c’est quelqu’un chargé de la Sécurité et de l’Hygiène à la mairie qui nous a aidé à le remplir – Gilles Danede. Il a passé une heure et demi à remplir le dossier avec nous. C’était super instructif, le gars était hyper calé, nous ça nous aurait pris trois jours, lui ça lui a pris 30 minutes. L.M : Oui, c’était du genre « combien de centimètres pour passer entre chaque matelas, l’éloignement du matelas d’un mur, d’une porte » il y avait tout un petit plan à faire. H.A : Et cette personne en fait nous a accompagné lors de l’élaboration de ce document : « Demande d’occupation exceptionnelle du gymnase de la Haute-Maison ». Le document est passé en commission de sécurité auprès des pompiers, la personne de la mairie connaissait des gens là-bas – notamment pour les autres types de permis de construire déposés par la mairie. Il fut accepté, nous avons alors eu l’accord de la mairie. Gilles a fait passer l’accord signé à l’Université, avec qui nous avons pu signer une convention d’occupation. A.E : Finalement les plus conciliants dans l’histoire c’était la mairie ? P.C : En tout cas Gilles, oui. Grosso modo, la mairie n’a rien fait d’autre que de nous délivrer des autorisations de faire. Ils ne se sont opposés à rien, au contraire, ils ont signé le paquet d’autorisations. Ils nous ont prêté les barrières pour préparer le chantier, réserver des places de parking, réserver le gymnase, délivré les permis pour le débit de boisson (pour la bière en soirée), nous autoriser à faire la fête sur ce terrain le samedi soir jusqu’à 2h du matin. Mais tout ça en fait, ça fait partie des autorisations standards que tu dois obtenir pour n’importe quel événement ; sauf que là nous n’avons pas eu besoin de passer en préfecture pour le nombre de participants. En revanche ils n’ont rien financé. A.E : Ils étaient là aux réunions avec l’EPA Marne ? P.C : Non, jamais. C’était toujours des acteurs qu’on voyait différemment. A.E : D’accord, tous séparément. Y a t-il eu des réunions groupées ? H.A : Le truc avec la Mairie, c’est que ce n’était pas leur terrain. P.C : Et c’est à peu près tout le temps comme ça, tu vois les acteurs un par un pour faire évoluer le projet. Après, la Cité Descartes, ça reste très particulier car le mode de gestion est assez complexe, entre qui gère l’espace public, qui gère le traitement des déchets, à qui appartient le foncier… c’est un micmac assez incroyable. Mais dans l’ensemble, où que tu sois, les services sont cloisonnés. C’est assez rare que des services d’échelles différentes travaillent ensemble. H.A : Sur le lot Y où nous avons fait le projet. Toute la parcelle appartient à l’EPA Marne. Ensuite, les abords de voiries sont découpées entre l’Université, la Commune et certains établissements universitaires. Du coup la gestion est morcelée.


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P.C : Et l’éclairage public et les déchets sont gérés par la communauté d’agglomération. Ça nous a pris six mois pour comprendre qui pouvait brancher le chantier sur le réseau électrique. Au début, il était inclus dans le projet que l’on ait un système d’éclairage sur les structures et de brancher un réseau permanent. Après avoir fait la demande, il a fallu attendre six mois pour avoir comme réponse que ça allait être compliqué et finalement impossible. Tout le monde se renvoyait la balle, personne ne savait à qui revenait la responsabilité de cette décision. Quand on a enfin su qui s’en occupait, on nous a dit que personne ne voudrait payer pour ça. A.E : Personne ne voulait payer ? P.C : Non ! Ca demandait de la paperasse… H.A : et beaucoup de travail que personne ne voulait faire. C’est une décision à prendre. P.C : Pour un projet qui est anecdotique pour à peu près tout le monde, sauf pour nous. Pour chacun de ces acteurs, un micro espace public, c’est rien. A.E : Et pourtant, j’y étais il y a deux semaines et ça fonctionne assez bien. P.C : Bah oui ça fonctionne pas mal ! A.E : Et Wagon qui commençait à faire des aménagements de son côté. P.C : À coup de bulldozer [rires] A.E : Oui, ils ont l’air d’avoir plus de budget P.C : C’est encore un autre sujet ça… L.M : Ils ont eu plus de budget par rapport à nous ? P.C : Déjà ils ont eu plus d’autorisations, ça c’est sûr. A.E : Mais pourquoi ? Qu’est-ce qui a changé la donne pour eux ? Leur statut de paysagers ? P.C : Je pense que c’est plus un problème de confiance. Nous, on ne nous a pas fait confiance, en rien, c’est clair et net. Encore une fois, ils nous ont fait venir pour faire de l’animation. A.E : Comme s’ils ne s’attendaient pas du tout à ce qu’il y ait un aménagement. P.C : On leur a expliqué des milliers de fois mais pour eux, on ne fait pas ça. Du coup, il n’y avait pas confiance quand nous leur disions « mais nous on est capables de gérer l’aménagement temporaire de ce terrain ». On leur a proposé une hypothèse de projet qui nous semblait vraiment cohérente. Un travail de modelage de la topographie du terrain que nous avons présenté devant 500 personnes et des membres de l’EPA Marne étaient dans la salle et ne sont pas venus nous voir. Ils ont fait circuler le mot indirectement de leur désaccord avec notre hypothèse. On a donc pris rendez-vous avec eux rapidement pour les voir. Deux semaines après lors d’une réunion, on a mentionné leur présence à la présentation afin d’obtenir leurs réactions et surtout de savoir ce qui ne leur plaisait pas dans l’idée. « Non alors, il faut que tout soit réversible, vous comprenez travailler la terre c’est très compliqué ». Le gars avait fait venir un paysagiste de l’EPA Marne pour nous expliquer comment on travaille la terre. De notre côté, on a quand même des paysagistes à l’association à qui on avait posé la question pour ne pas faire de conneries. Et donc ils nous disent « il faut que tout soit réversible, nous souhaitons construire sur le terrain et il est hors de question de faire venir un bulldozer, de ramener de la terre en plus ou de retourner la terre du sol ». Nous avions des arguments pour chacune de leurs objections et finalement à la fin ils ont fait « na na na na na [rires], ne faites pas ça, nous on veut du mobilier, faites des transats et des tables ». Je pense qu’ils ne nous faisaient pas plus confiance que ça. Si tu veux, face à tous les arguments qu’ils nous ont sortis – et ce qui nous déconcerte énormément – aujourd’hui Wagon se retrouve à faire exactement ce qu’on avait proposé. Et c’est très bien ce


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qu’ils font, on a rien contre eux mais on trouve ça dommage que eux puissent passer le bobcat, retourner la terre et remplir les noues, bref retourner tout le terrain quoi. A.E : C’est peut être votre position de pionniers dans l’intervention sur le terrain… P.C : Ils ont pété des talus, etc. Nous c’est ce qu’on voulait faire mais on nous interdisait tout. C’est pour ça qu’on s’est résolus à tout faire sur pilotis. On essayait de contourner les règles à la con… Ça ne nous plaisait pas plus que ça. A.E : Ça leur a peut être ouvert l’esprit de voir votre projet. L.M : Je pense que le projet de Wagon a été validé avant qu’on arrive. P.C : Avant qu’on acte, oui, je pense aussi. H.A : Il était validé mais il y avait une autre dimension de confiance entre l’EPA Marne et Wagon – qui représente une agence de paysagisme. Pour niveler les terrains, ils ont de l’expérience. P.C : Le point dont on a pâti – et je n’avais jamais compris à quel point cela pouvait être un tort– c’est que nous sommes une association. Et dans la tête de l’EPA Marne t’es une association et donc tu n’as pas à être payée. Nous avons présenté des budgets où on facturait des prestations intellectuelle, mais de leur côté ça les dépassait, on est une association et « depuis quand on doit leur payer des prestations ? ». Une association ça a un statut juridique avec un but non lucratif, ça ne veut pas dire que les gens qui y travaillent font tout bénévolement. En plus des désaccords sur le budget des prestations, notre statut d’association ne nous donnait aucun crédit à leurs yeux. Comme si ce qu’on leur racontait n’avait aucune valeur. Au début, comme je te le disais, il y avait un fossé culturel énorme entre eux – leur manière de faire – et nous – notre manière de faire et de voir les choses. Et nous n’avons jamais réussi à créer un pont, une passerelle entre nos deux cultures. A.E : Ils n’ont jamais considéré votre statut d’architecte et votre expertise ? P.C : Non, pour eux on est des rigolos, on récupère des cagettes, etc. Mais ça fait des années qu’on bataille contre ça. Avec le temps ça ira de mieux en mieux, plus on aura de référence à montrer mieux ça ira. Mais là c’était manifestement encore trop tôt pour réussir à paraître crédible face à eux. On avait beau dire tout ce que l’on voulait, ça n’avait absolument aucune crédibilité à leurs yeux. Pourtant nous avons orienté les réunions pour qu’elles soient les plus ludiques possible sur notre mode d’intervention sur le terrain avec la prise en compte des inconvénients, on nous parlait comme si nous étions inconscients de ce qu’on faisait. Ça n’a jamais pris. En plus, on les a prévenus sur un point : la solution qu’on proposait était impossible à vandaliser. Ils nous ont empêché de la faire, résultat des courses: on a trouvé une solution qui contournait toutes les contraintes qu’ils nous ont données mais qui a été vandalisée au bout de deux semaines. En plus qui dit réduction de budget dit matériel moins performant. Au lieu d’utiliser des vis on s’est retrouvés à utiliser des clous uniquement. Pour l’EPA ça ne faisait aucune différence, « oui, vous allez bien vous en sortir avec des clous pour faire des transats et des tables, de toute façon ça ne va pas rester longtemps ». Mais non, ça va rester cinq ans ! Les discussions de sourds qu’on a pu avoir… Moi, ça m’est resté en travers de la gorge. Quand on y est allé l’autre jour pour réparer les parties vandalisées du site et qu’on voit Wagon à côté qui s’amuse à faire des trucs cool… je suis content de ce qu’on a fait mais je me dit quand même que c’était une solution de rattrapage qui n’était pas trop mauvaise. A.E : Et les deux projets ont été validés en même temps ?


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P.C : Non… L.M : Il y avait une différence aussi car les paysagistes pouvaient proposer un projet vraiment clair, alors que nous on proposait un concept, une démarche. Finalement c’est la créativité des participants pendant le chantier qui donne forme au projet, on ne peut pas anticiper le résultat. P.C : C’est vrai qu’il y a ça aussi qui est spécifique à ce que l’on fait, c’est qu’on ne peut pas faire de belle 3D de rendu. L.M : Je me souviens d’une réunion particulièrement compliquée. Ils voulaient absolument un dessin pour voir ce qui allait se passer sur le site, mais ce n’est pas la démarche. A.E : C’est pour ça que vous avez fait des visuels schématiques ? P.C : Ça, on le fait de toute manière pour les participants. Mais c’est vrai que notre processus est très particulier et pas du tout comparable avec d’autres collectifs. Tu vois, ETC sont capables de fournir une 3D, mais même pour eux-mêmes, ils arrivent sur le chantier avec une 3D. Alors que nous sommes plutôt des micros urbanistes qui coordonnent quarante architectes qui travaillent ensemble. Mais ça, ça ne parle pas du tout aux maîtrises d’ouvrage. À Vitrolles ça avait vraiment bien marché, très ouvert à ce genre de démarche. A.E : Mais qui était l’interlocuteur à Vitrolles ? P.C : Oui la ville. Mais ça faisait partie de l’essence du projet là-bas de faire ça comme ça. A.E : C’est que vous étiez dans le contexte de « Vitrolles échangeur » avec l’intervention de plusieurs collectifs. P.C : Oui mais les autres avaient montré des 3D et des notes de calcul. De notre côté on avait expliqué que notre processus ne permettait pas de le faire. Par contre on a demandé à parler au bureau de contrôle pour expliquer les techniques de mise en œuvre qu’on allait expliquer aux participants. En revanche, en ce qui concerne le résultat on est incapables de vous le donner. Et ça leur plaisait aussi beaucoup. Et avec le bureau de contrôle on a réussi à faire du mobilier urbain conforme. Sur les quarante structures réalisées, il y a en trois qui n’ont pas été validées. On a remporté notre challenge. À Marne, nous n’avons même pas réussi à rencontrer le bureau de contrôle et ça n’est même pas passé par la tête de l’EPA Marne. A.E : Donc en fait, l’EPA Marne, en considérant votre projet comme anecdotique n’a pas une meilleure considération du projet d’ensemble qu’est le Plan d’Action ? P.C : Et bien, ça a probablement beaucoup réduit l’ampleur. Même avec la meilleure volonté du monde, nous n’avons pas pu réaliser le projet à hauteur de son ambition, avec toutes les exigences que nous aurions aimé lui donner. Donc on est très contents de ce qui s’est fait en solution de rattrapage, mais cela reste une solution rattrapage pour tout le monde. Et je pense que – sans vouloir trop les stigmatiser – c’est de la faute de l’EPA Marne. Surtout que l’EPA avait misé sur la participation de la Communauté d’Agglomération, ce qui est assez mal connaître les institutions publiques, concernant la gestion de leur budget notamment. Le projet leur ayant été proposé en début d’année, nous n’étions pas dans le prévisionnel, ça paraissait étrange que l’EPA s’engage en leur nom. A.E : Aujourd’hui, avez-vous prévu de rouvrir le dialogue avec l’EPA concernant l’entretien, les suites ou même la diffusion du projet ? P.C : On va le faire, j’imagine, même si finalement nous ne sommes qu’une pièce du puzzle du Plan d’Action de la Cité Descartes, et qu’ils ont des projet beaucoup plus lourds que le nôtre à gérer par la suite. La halle par exemple, ça a l’air d’être des compromis tendus.


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H.A : En plus d’être une toute petite pièce du puzzle du projet, pour moi le projet en luimême ne représente rien pour eux, les aménageurs. Les projets pour eux se déroulent sur des dizaines, vingtaines d’années. A.E : C’est étonnant qu’ils ne prennent pas ça, comme tu disais, pour un complément de leur propre projet. P.C : Mais en même temps, ce n’est pas leur travail. Pour le coup, je vais les défendre là dessus. A.E : Ça serait à qui ? P.C : Ça serait à Yves Lion peut-être de tirer profit de cette expérience là. Mais les personnes de l’Atelier Yves Lion sont assez d’accord avec nous. Après, de là à monter au créneau et dire à l’EPA que c’est une démarche indispensable au projet, non. C’est un peu le travail de personne, sinon le nôtre, de réussir à sensibiliser tous ces gens là sur l’intérêt de notre démarche. On part toujours avec un énorme temps de retard qui est que dans la tête des gens, tant que ça n’a pas été démontré, ça n’a pas d’existence. Et nous, dans la situation délicate où on ne nous laisse pas l’occasion de le démontrer car pour eux ça n’a pas d’existence. T’es obligé d’enfoncer des portes et de faire au mieux avec ce qu’on veut bien te donner. Finalement, dans le cas présent, c’est un projet au rabais à plusieurs niveaux, mais surtout sur la sensibilisation que nous aurions aimé transmettre qui n’est pas à la hauteur. A.E : C’est étonnant encore une fois car au niveau de Camille et des étudiants, le projet est quand même bien accueilli et fonctionne plutôt bien. P.C : Oui A.E : À voir peut être justement avec les prochaines réunions de débriefing avec l’EPA, quel est l’impact de votre projet. Vous n’avez pas prévu de réunion pour l’instant ? P.C : Il va falloir. On est en train de finir le bilan. A.E : Le bilan sur le projet ? P.C : Oui. [silence] Ça fait partie de notre travail finalement de sensibiliser même les maîtrises d’ouvrage, les aménageurs et tous les professionnels à la démarche que nous proposons car elle n’est pas évidente pour tout le monde. Et tout le monde y voit des choses assez fausses derrière, qui ne vont pas nous intéresser nous : quand ils nous prennent pour des animateurs ou une association socioculturelle pour faire de la médiation sociale. On nous colle des étiquettes qui ne sont pas les nôtres, et n’aident pas à définir nos objectifs. Nous sommes des architectes et des urbanistes principalement qui travaillent en collaboration avec les habitants du territoire d’intervention. Ce n’est pas clair pour tous. A.E : C’est ce que Camille m’a mentionné, que quand on leur avait proposé l’étude au DSA, pour elle l’animation urbaine c’était faire des spectacles, la fête des voisins, des choses comme ça ; et que finalement voir le travail des collectifs l’avait un peu rassurée sur la visée urbanistique de l’animation urbaine. P.C : Oui, mais voilà, en terme de sémantique, « animation » est un mot mal choisi. A.E : Ça serait l’intitulé qui ne colle pas ? P.C : Le problème c’est que ça résonne dans la tête des gens d’une manière assez fausse face à ce que nous – par exemple – voulons proposer. On n’a jamais dit qu’on faisait de l’animation comme on n’a jamais dit qu’on faisait du participatif. Il y a plein de mots dont on s’écarte comme ça. Lorsque l’on parle avec les mairies c’est ce qu’on leur dit,


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que l’on ne fait pas de participatif, pourtant ils ont l’impression que c’est ça que l’on va apporter. A.E : Vous faites quoi alors si vous ne faites pas de participatif ? Comment le qualifiez vous ? P.C : Des chantiers collectifs, des processus collaboratifs. Le terme « participatif » a été énormément repris par les politiques jusqu’à ce qu’il devienne faux. Comme si on allait prendre les gens par la main pour leur faire faire des trucs. De notre côté, on ne va jamais forcer quelqu’un, on va plus tenter de l’amener à s’intéresser à son environnement et à sa transformation – s’il y a besoin de le transformer. Mais bon, si ça ne les intéresse pas, ça ne les intéresse pas. On a plutôt intérêt à aller quelque part, construire, et là tu parles avec les gens. À Vitrolles, avec d’autre gens sur place on a pu faire un atelier participatif dans les quartiers. Et à un moment on nous nous interpelle, « ah, là il y a des architectes qui vont intervenir sur votre quartier c’est le moment de leur dire ce que vous voulez ». Non, non, ne nous dites rien, ça ne sert à rien. Les gens sont déconnectés du truc. On ne vient pas tout changer, on vient intervenir. C’est fake et foutage de gueule. On vient jouer le rôle de la pommade ou du verre d’eau pour faire avaler la pilule. Mais c’est en train de changer. La question du prototypage d’usages et de test dans l’espace public commence à être pris en compte par les maîtrises d’ouvrage publiques. Il y a des appels d’offres qui sont écrits pour ça maintenant. A.E : À Saint-Etienne par exemple. P.C : Oui tout à fait. A.E : Et les conclusions du collectif ETC sur le projet de la place du géant à Saint-Etienne ont été que, finalement, si ça ne marche pas, c’est que que peut-être ne faut-il pas une place publique à cet endroit là mais plutôt des logements. Finalement,c’est également la question pour le Lot Y. P.C : Manifestement oui, puis que ça marche. A.E : Oui, et puis la localisation stratégique de la parcelle joue énormément. P.C : Le problème que je vois venir est celui du suivi. Si personne n’assure le suivi – que ce soit nous ou d’autres gens, ce n’est pas le problème – le projet va se dégrader de lui-même, il va avoir une sale gueule, il va devenir dangereux et plus personne n’aura envie d’y aller. Et peut-être qu’on va absolument abolir l’idée qu’il peut y avoir une place publique à cet endroit là. A.E : Peut-être que vous serez réinvités à venir entretenir le projet tous les ans… P.C : Il faudrait peut-être qu’ils se réveillent alors. L.M : Ça prend du temps et de l’argent. P.C : Tout ça d’un coup. Ce n’est pas hyper bien parti pour. Pourtant on a proposé des choses, il faut qu’il y ait des gens qui s’en emparent. Mais si personne ne capte l’importance du processus alors que nous n’avons aidé à faire que le premier pas, derrière il faut faire le reste de la marche. À Vitrolles, on a le même problème, on est en train de se faire avoir. Nous n’aurons pas l’occasion d’y retourner ou presque pas, et ils vont se retrouver avec des daubes dans leur espace public, qui même politiquement vont leur jouer un énorme tort. C’est dommage pour eux ? A.E : Pour l’instant le bilan des chantiers d’été, c’est pas ça… P.C : Le bilan des chantiers d’été c’est… [silence] Si, à chaque fois, les deux ont bien fonctionné, le problème qui se manifeste à chaque fois c’est vraiment le suivi. C’est un processus itératif, tu reviens, tu refais, tu recommences, tu re-testes, et ainsi de suite


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jusqu’à livrer quelque chose. Partir du principe que l’on est dans une maquette et qu’on doit faire pour défaire et refaire plusieurs fois de suite. Là, on a à faire à une maquette laissée dans l’espace public –peut-être que ça vient de nous et qu’on l’explique mal. A.E : Et Vitrolles vous les contactez souvent ? P.C : On y est retournés plusieurs fois cette année. On devrait y retourner une fois avant la fin de l’année, mais quand on voit la mission que c’est, sans suivi etc. On bataille, nous, pour aller entretenir nos structures. Il n’y a plus de budget. Le maire est motivé, il a bien compris le processus, mais plus d’argent. Ce type de projet n’est pas au rang des priorités. Face à un projet de rénovation urbaine qui coûte des millions d’euros, c’est vite réglé. On essaye de récupérer les subventions pour association. Mais même cellesci sont limitées et on ne peut pas sucrer les subventions de l’association socioculturelle du quartier – par exemple. A.E : Et passer le relais à ces associations, c’est difficile ? Pas possible ? P.C : Ils ne sont pas constructeurs, ils n’ont pas les compétences pour, il font un autre travail et on est assez complémentaires encore une fois. C’est un gros travail mine de rien. Organiser les chantiers, trouver la matière, avoir le savoir-faire. On peut mobiliser des compétences locales pour une partie du travail, mais pas forcément pour l’ensemble du projet. Du coup la question est de savoir comment t’arrives à basculer sur d’autres lignes de financement. Là, on est dans des aspects juridiques où pour l’instant personne ne sait vraiment trop gérer ça : nous ne sommes pas des maîtres d’œuvre et quand bien même on le serait, il faudrait passer des appels d’offres de marchés publics. La deuxième question, c’est comment contourner le code des marchés publics pour réussir à faire ce genre de projets. Le Maire de Vitrolles était pour lancer cette réflexion au sein de ses services, mais j’imagine qu’ils ont déjà beaucoup à faire pour avoir le temps de vraiment se pencher là dessus. A.E : Si je te repose la question de ma problématique: finalement, l’architecture éphémère n’est pas encore un outil politique d’aménagement des villes ? P.C : Ça commence à le devenir, parce qu’on commence à voir plusieurs appels d’offres qui sont vraiment orientés là dessus, avec des enveloppes pour un processus de travail de deux ou trois ans. Là on vient de répondre à un appel d’offres dans la Drôme, pour un parc. Il y a d’un côté un appel d’offres pour une maîtrise d’œuvre paysage, et de l’autre un appel d’offres pour un travail de deux ans tels que les collectifs le proposent : en passant par de l’architecture éphémère, du prototypage, de l’expérimentation. A.E : De l’étude longue durée. P.C : Oui. H.A : C’est comme, dès que tu livres un bâtiment public, il y a ce qu’on appelle le 1% artistique. Notre activité pourrait représenter une tranche du budget d’un chantier ou de n’importe quel marché public. A.E : Concernant le parc, quelle est la visée du travail ? P.C : De contribuer à l’aménagement que vont faire les paysagistes. À terme de déboucher sur des aménagements pérennes. Plus que de l’aménagement, c’est une activation du lieu et une volonté de créer une dynamique. Quand tu fais ce genre de projet, tu créées un réseau d’acteurs autour de toi et le but étant de lancer une dynamique entre eux assez forte pour que le moment venu tu puisses t’extraire de ce réseau et que l’action continue. A.E : C’est l’enjeu le plus difficile aujourd’hui. P.C : Oui, parce que nous, on arrive avec des compétences qui sont assez dures à transmettre. Où alors c’est qu’on ne s’est pas encore assez penchés sur la question.


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Mais il y a plein de politiques qui ont compris cet aspect là, après ce n’est pas bien utilisé. Souvent c’est trop tard. J’ai participé à deux colloques sur ce genre de questions. Un qui était à Marseille à la suite des « Quartiers créatifs » dans le cadre Marseille-Provence 2013, où on avait été invités avec tous les autres. Autant la démarche était bonne, autant elle était assez nuancée, il y avait cette idée qu’on venait pour faire passer une pilule. A.E : C’est comme ça que vous l’avez ressenti ? P.C : Nous pas trop, c’est nous qui avons décidé d’aller là bas, on ne nous a jamais demandé d’aller dans ce quartier. On n’a jamais remis en question le projet prévu à cet endroit, nous n’étions pas là pour ça. Le deuxième colloque était à Plaine Commune, qui valorise énormément les interventions artistiques dans les projets de rénovation urbaine, dont nous faisons manifestement partie. Et là encore une fois on ne sait pas trop comment le prendre, ce n’est pas ancré, ni inscrit dans les budgets de l’ANRU. Du coup les villes se démènent pour trouver des financements pour mettre en place ce genre de démarches, et elles galèrent. Ça finit par être des subventions pour association mais cela devrait être de la prestation intégrée dans le projet de rénovation urbaine si vraiment on veut que ce soit un outil de projet. A.E : C’est pour ça que vous gardez votre statut d’association ? P.C : Non non, c’est parce qu’on y croit au statut associatif. On est payé en prestation sur les projets. A.E : Et démarcher l’ANRU, les EPA, pour sensibiliser sur ces questions là ? P.C : L’ANRU, je ne sais pas du tout comment on les démarche, c’est une institution beaucoup trop grosse et les temps de décisions sont extrêmement longs. En plus, ils sont en train de faire passer l’ANRU 2, et ce n’est toujours pas compris dedans. Mais ça va le devenir un jour, c’est sûr, ça va finir par devenir une étape normale du projet urbain. A.E : C’est aussi ça quand tu es un pionnier, c’est que tu galères plus que les suivants P.C : Oui clairement, mais c’est aussi plus stimulant de défricher. Tu découvres de nouveau territoires et de nouveau types de projets. A.E : Oui, et en même temps, vos convictions vous font faire beaucoup de bras de fer. P.C : Il y a aussi le fait que nous n’ayons pas de concurrence. Enfin presque, l’appel d’offres de la Drome, on était quand même tous dessus – les collectifs français et d’Europe. Mais après chacun est reconnu pour ce processus. A.E : Bon eh bien voilà. Ah, j’ai juste une dernière chose, on va faire un petit exercice. Peuxtu me dessiner l’organigramme des acteurs ? P.C : Ah ! Euuh…

[rires] A.E : Voilà, un peu où vous vous situez par rapport aux autres acteurs, tout ça. P.C : Alors Camille a un rôle un peu « bâtard » entre le PRES et l’EPA. H.A : Parce qu’en fait Camille était encore stagiaire à l’EPA Marne pendant qu’on élaborait le projet Pimp my Descartes avec eux. Entre temps, elle a basculé à l’Université, chargée de l’Animation de la Cité Descartes au sein de l’Université, mais toujours avec un pied officieusement à l’EPA. A.E : C’est ce qui fait aussi qu’elle a réussi à concilier tout le monde autour du projet. P.C : Heureusement. A.E : Et là elle bataille pour la Halle, son contrat se termine en mars 2015 au moment où la Halle commence peut-être à être construite. Elle disait un peu tendu pour elle


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de partir en mars pour la suite du projet. Du coup, le PRES est en train de parler d’une pérennisation de poste pour l’Animation de la Cité Descartes. En tout cas, ça c’est la démarche de l’Université, après on ne sait pas ce que l’EPA en pense. H.A : Mais d’un poste qui lui sera dédié ? A.E : À elle ou à quelqu’un d’autre. Elle ne sait pas encore si elle est intéressée. Elle ne sait pas si elle reste là parce vu comme ça, c’est un boulot sur dix ou vingt ans. Elle imagine des projets pour fin 2017, ça peut être le métier d’une vie, c’est pour ça qu’elle y réfléchit beaucoup. P.C : Alors concernant l’organigramme, je ne suis capable d’en faire un que de notre point de vue, donc on est au centre. A.E : C’est parfait, c’est la manière dont vous avez interagît avec les gens. Camille, elle, a eu une vision plus hiérarchisée car elle connaît l’importance et la place décisionnelle de chaque acteur. H.A : Oui, ça change à chaque fois. Nous, on accordait beaucoup d’importance aux étudiants qui étaient sur place alors que du point de l’EPA Marne… P.C : Surtout du point de vue de l’EPA Marne, Camille s’en soucie. H.A : Oui mais c’est un souci qui devient de plus en plus lointain. A.E : Pour l’EPA oui. Et lorsqu’on s’est vues, concernant le projet de la Halle, on parlait de ce que ça devait être. Un coin galerie, restauration, de travail, bref un coin de rencontre entre toutes les écoles. Là ça devient un showroom pour l’EPA Marne. Donc elle a l’impression de tirer les ficelles de tous les côtés pour que ça marche. L.M : Mais on lui barre la route, littéralement. A.E : Oui, et je ne sais pas si elle vous a parlé de ce qu’elle appelé son « putsch » en juillet, où lors d’une présentation publique l’EPA était intervenu dans la présentation pour dire que finalement la Halle ça serait tant de mètre carré pour faire un showroom et puis c’est tout. Après il y a une question de budget, personne n’en a, à part l’EPA, donc ils font un peu main basse sur la programmation. Ensuite le Département veut en faire un FabLab, encore plus contraignant. Et au final, les étudiants passent à la trappe. L.M : Je me souviens d’une réunion où l’EPA Marne avait dans l’idée de faire un événement qui fasse parler de lui, alors qu’il n’y avait pas de budget. Ils voulaient 150 étudiants du Pimp mais il n’y avait même pas les moyens de le faire. Quand on leur a dit que ce n’était pas possible niveau matériel. A.E : Elle vous a parlé du projet I-SITE ? P.C : On en a entendu parlé mais pas à Marne. A.E : Mais en fait, ça a l’air que c’est pour ça que le Plan d’Animation s’est mis en route car ils veulent y répondre. Donc je ne sais pas si c’est une alliance entre le PRES et l’EPA Marne afin d’obtenir ces fonds. L.M : C’est vraiment étrange les réunions avec l’EPA Marne, tu sens la différence dans l’intéressement qui est plus financier qu’autre chose. La motivation première de Bellastock c’était le projet, faire du projet. Alors que finalement pour eux c’est l’argent qu’il y a derrière qui les intéresse. C’est ce qui fait aussi qu’ils ne vont pas comprendre la démarche, sans vouloir la comprendre peut être. A.E : Oui et en ce moment toutes les échelles bougent, comme disait Paul. Donc ils ont peut être voulu profiter du mouvement sans être ouverts à la démarche. C’est pour ça que c’est intéressant de prendre un exemple comme Pimp, où je vais tranquillement arriver à l’observation que, pour certaines collectivités, il reste du chemin.


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P.C : Il reste du chemin mais on est quand même en très très bonne voie. En voyant la chose de manière globale, de ce qu’on entend et de ce qu’on observe nousmêmes, ça avance. L’EPA Marne est un cas vraiment à part, ce que l’on voit à Plaine Commune par exemple où c’est la démarche opposée, ils sont même demandeurs, ils financent ActLab, encouragent le 6B et toute initiative. Maintenant qu’ils sont Cluster Culture et Création, ils mettent leurs atouts en avant – squats d’artistes et compagnie. Ils ont monté un gros projet pour identifier toutes les actions culturelles qui accompagnent ou pas des transformations urbaines. Le but est de les valoriser comme vrais acteurs de la culture de ce territoire. C’est la démarche inverse. Finalement aujourd’hui, il y a deux outils pour refaire la ville, soit tu fais une ZAC soit tu fais un projet ANRU et que ce soit dans l’un ou dans l’autre, il y a de plus en plus tendance à intégrer des démarche d’accompagnement des processus de transformation. Ou en tout cas de considérer le projet comme un processus, ce qui est à l’inverse de ce qu’on nous apprend dans les écoles, de ce qui est la réalité de notre métier depuis trente, quarante ans. Faire du projet un processus, c’est de plus en plus intégré dans les démarches. Des acteurs comme Plaine Commune, dont le territoire entier est en train de muter ou appelé à muter dans les vingt prochaines années, ont plus conscience de ça que l’EPA Marne. Ce n’est pas la même problématique, ils ont beaucoup de terrains vierges à Marne. Pour eux, c’est l’activité économique qui va créer de la vie. C’est un schéma dans lequel on a absolument rien à faire. À l’image de la Halle, c’est l’activité économique qui va créer de la vie, c’est le seul schéma qu’ils connaissent. Pour l’instant c’est la seule réalité qui a pu leur être démontrée, elle n’est pas fausse. Mais des territoires comme Plaine Commune où le foncier est saturé, le seul foncier qui existe est issu des entreprises qui se délocalisent ou qui coulent. Ils se retrouvent avec d’énormes poches foncières, soit du jour au lendemain comme PSA à Aulnay, soit des sites présents depuis vingt ans comme les entrepôts du Printemps. Il y a une pression foncière qui arrive assez vite, où il faut détruire pour reconstruire. La question est, comment fait-on vivre cette transformation aux habitants sans créer des stigmates aux populations qui sont déjà défavorisées. A.E : C’est le but d’ActLab. P.C : Oui, ça y a contribué. Maintenant l’autre question est aussi : comment transformer ça en activité économique ? Comment vivre la ville s’il n’y a pas d’activité économique ? Personne ne reste. Comment le réemploi peut déboucher sur une économie sociale et solidaire ? Par exemple. Ça, c’est un enjeu qui parlera aux politiques. On commence à comprendre que c’est le nouveau levier de développement durable. On a eu notre phase, « c’est culturel d’accompagner un chantier », on arrive à la phase « en plus on peut générer une économie locale ». Là, si on arrive à faire tout ça, le cycle est lancé. Ça parle à des territoires comme Plaine Commune qui vivent cette problématique. Mais ça ne parle pas à des aménageurs comme l’EPA Marne qui déjà ne sont pas des responsables politiques, leurs objectifs à eux, c’est de ne pas perdre de thunes, voire d’en gagner encore plus. A.E : Ouais, en tout cas merci pour votre temps tous les trois. P.C : Voilà l’organigramme. A.E : Merci, et je te relancerai pour les comptes-rendus de réunion et le bilan sur Pimp. Merci encore. P.C : Mais ça fait plaisir !



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Entretien avec MAthilde gattegno PRÉSIDENTE DE L’ASSOCIATION POUR LA VIE ÉTUDIANTE À DESCARTES (AVED), ET PRÉSIDENTE DU BDE DE L’ENSAVT Cafétéria de l’ENSAVT – Champs sur Marne 31/10/14 à 14h – Durée 1h00

Dans le hall d’entrée, assises aux tables de la petite cafétéria de l’ENSAVT, pendant la pause déjeuner de Mathilde..

Cet entretien est retranscrit tel quel. Certaines phrases ont été reformulées pour une meilleure compréhension. Les parties entre crochets sont des passages enlevés car sans intérêts pour l’étude


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A.E : En quelle année es-tu ? Quelle est ta formation ? M.G : Je suis donc en quatrième année à l’ENSAVT, je suis issue d’un Bac S et après avoir fait un an de prépa en Art. Ensuite je suis arrivée à Marne en licence, puis j’ai fait un an de stage long en agence. J’ai fait le stage long car les trois ans de licence à Marne sont très durs et que j’avais besoin de prendre l’air. Avec l’associatif en plus c’était infernal. A.E : À quel moment t’es-tu investie dans l’associatif ? M.G : Dès la première année, deux semaines après mon entrée à l’école, j’ai commencé en tant que bénévole, « membre actif ». Deuxième année j’étais Vice-Présidente et maintenant depuis deux ans, je suis responsable aux relations extérieures, puisque je m’occupe également d’associations à l’échelle du campus. J’ai refondé l’AVED. A.E : C’est quoi l’AVED ? M.G : À l’origine, il y a deux ans, nous avons fait un premier trophée de sport qui regroupait toutes les écoles du campus. Un peu mal ficelé pour sa première version, l’objectif était de ne rien dépenser, et de n’utiliser que les ressources du campus. On a emprunté les gymnases et finalement ça a fonctionné, nous n’avons pratiquement rien dépensé sur l’événement. L’année d’après lorsque nous avons voulu recommencer on était d’accord sur le fait qu’il n’était pas pratique de faire un événement sans caisse commune, une trésorerie commune. À l’origine l’AVED a été créée pour ça, c’était un outil pour les BDE afin de communiquer et d’avoir de l’argent en commun. Initialement, nous ne sommes pas orientés vers les étudiants, c’est vraiment une association d’associations. Ce qui nous permettait par la même occasion d’avoir un moyen de communication avec le PRES et les différentes administrations. A.E : D’avoir de la cohésion. M.G : C’est ça. D’avoir un outil de communication entre les acteurs du territoire – la mairie, les associations comme Bellastock, etc. Ensuite les informations sont redistribuées à l’échelle du campus dans les écoles respectives des associations membres de l’AVED. C’est aussi un relais d’information. Le deuxième trophée Descartes a beaucoup mieux fonctionné. Et cette année, il promet d’être encore plus gros. Nous avons créé un personnage Facebook pour relayer l’information qui s’appelle René Descartes. Au final, de plus en plus nous sommes poussés à communiquer directement aux étudiants. Ça arrange également les BDE et ça a mis en place une plateforme qui


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communique aux étudiants comme étant le campus. La mission principale de cette année c’est la communication. A.E : Qu’est ce que vous communiquez en dehors des évènements sportifs? M.G : Tout, on développe sur ce qu’il se passe dans les écoles A.E : Pour que les gens se déplacent ? Afin qu’il y ait une découverte de chacun ? M.G : Oui exactement. Afin de savoir ce qu’il se passe chez les autres, de voir si les Clubs Photo ou les Clubs Vidéo peuvent fusionner, etc. Que tout ce qui peut être mis en commun soit mis en commun. Il y a des conférences dans chaque école ou des expositions dont on n’entend jamais parler. C’est pour donner une vision globale aux étudiants. Même s’ils n’y vont pas, leur montrer qu’il se passe des choses sur le campus. Ce n’est pas un campus mort, même s’il ne se passe rien sur les trottoirs : à l’intérieur des bâtiments, il se passe quelque chose. A.E : Justement, l’objectif de Pimp était qu’il se passe quelque chose à l’extérieur. Comment êtes-vous entrés dans le projet, vous les associations ? M.G : C’est Camille Bauve qui nous a contactés. À l’époque où je l’ai rencontrée, elle était à l’ENSAVT, ensuite elle a travaillé pour l’EPA Marne; déjà à cette époque là nous travaillions ensemble. Puis elle est passée au PRES et c’est elle qui est revenue vers moi en m’introduisant dans le projet et en cherchant à savoir si ça nous intéressait. L’École d’Architecture donne beaucoup sur le trophée Descartes, ça leur coûte de l’argent, donc en contrepartie quand on me propose un projet, j’en fais la promotion. Au final on a eu beaucoup de mal à motiver les autres écoles, puisque personne ne savait qui était Bellastock en dehors les étudiants en Architecture. On partait vraiment de loin donc il aurait fallu beaucoup plus de temps pour mettre le projet en place et avoir une vraie communication sur l’événement. Ça a été compliqué. A.E : Comment avez-vous fait alors ? Avec qui avez-vous fait des réunions ? Bellastock est arrivé à quel moment ? M.G : Ils sont entrés en contact avec nous avant le trophée Descartes, dans la dernière ligne droite d’organisation. Donc on leur a dit de repasser nous voir après. Ce qu’ils ont fait et à ce moment là, ils ont commencé à avoir du mal avec leurs financements… on ne savait pas trop si le festival était annoncé de manière officielle à cause de tout ça. Le moment où tout s’est confirmé, il était déjà assez tard. Idéalement on aurait lancé l’affichage au moment du Trophée Descartes pour qu’il y ait un impact maximum, c’était tout gagné. Ensuite, il était dur de réunir tous les autres étudiants du campus autour d’un projet d’architecture, ils partaient du principe que ça revenait d’office à l’école d’Architecture de traiter de cette question là. Il y a une répartition des savoir-faire sur le campus. A.E : Qui est bien cloisonnée donc. Mais ce n’est pas justement le travail de l’AVED de croiser les choses ? M.G : C’était trop court. Et en plus, c’est compliqué d’expliquer à un étudiant qu’il va payer 60€ pour construire des choses. En école d’Architecture ça paraît logique, mais pour quelqu’un en fac de lettre qu’il doit donner de l’argent pour manipuler un marteau pendant tout un weekend, ça fonctionne moins bien. A.E : C’est principalement des étudiants de l’ENSAVT qui ont participé au festival. M.G : Oui, il y a eu un élève de l’ESIEE. Il devait y avoir une équipe, qui s’est désistée. Au final, il a plus aidé à la cuisine. Quand il a compris que les filles sciaient mieux du bois que lui et qu’on enfonçait mieux les poteaux que lui qu’il s’est retranché en cuisine. A.E : C’est aussi utile. M.G : Oui, c’est sûr. On l’a senti un peu déstabilisé sur le moment. A.E : Vous avez eu le temps de faire combien de réunions avec Bellastock ?


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M.G : On en a fait pas mal. Une par mois environ. L’AVED se réunit une fois par semaine et une fois par mois avec Bellastock. A.E : De quoi avez vous parlé ? M.G : De ce dont on avait besoin sur le campus, ce qu’on pouvait y organiser, comment ça pouvait se dérouler, comment faire la communication, etc. A.E : C’est là que vous avez dégagé des éléments de programme ? M.G : Oui. Je n’ai pas participé à cette réunion-là. J’ai lancé les autres membres de l’AVED en me disant justement que s’il n’y avait pas trop d’étudiants architectes à cette réunion, les autres se sentiraient plus libres de parler. Sinon ils comptaient un peu trop sur moi. On avait évoqué plusieurs choses en tout cas, comme un barbecue. Mais majoritairement les gens ne sont pas venus à cause du montant de la participation je pense. A.E : Maintenant que le projet Bellastock est terminé, comment vois-tu la promotion de cet outil ? l’inauguration ? M.G : Je ne sais pas. J’ai dit à Bellastock que je n’avais pas le temps de m’en occuper. Nous avons communiqué sur la suite, sur les jardins et « Cultive ton campus ! ». Mais comme nous sommes déjà en train de relancer l’AVED et les futurs évènements sportifs du campus, c’est un peu en stand-by. A.E : Et faire seulement une soirée apéro ou vernissage avec des photos du chantier ? M.G : Le problème, c’est qu’il faut le lancer à l’échelle du campus. Quelle école peut accueillir un apéro à cette échelle et qui en a les moyens? A.E : Mais l’AVED n’a pas une trésorerie commune comme tu disais ? M.G : Si, mais le problème c’est les Écoles. Vis-à-vis des administrations, quand on fait des apéros internes à l’école, il n’y a pas de soucis. Quand on commence à inviter les autres, c’est plus compliqué niveau sécurité. A.E : Et sur la structure elle-même, en extérieur ? M.G : Oui mais là, le problème c’est qu’il faut demander une autorisation de débit de boisson à la Mairie, une autorisation pour faire la soirée et puis bon, il faut qu’il fasse beau. Bref, on ne peut pas vraiment l’improviser. On va essayer de lancer des évènements de sport pour voir. Mais on ne sait pas quand ni où. Puis bon, à l’AVED, on est aussi tous en Master donc on n’a pas beaucoup de temps pour organiser ça. On va déjà gérer l’interne et après on verra. En plus nous n’avons pas d’argent, nous ne sommes pas un BDE donc nous n’avons pas de subvention annuelle, et les BDE ne vont pas nous subventionner non plus. A.E : Et Université Paris-Est ? M.G : Alors eux, c’est encore plus compliqué, il faut faire des demandes événement par événement à l’administration. Il faut avoir une bonne raison de demander de l’argent. Et faire des soirées n’est pas une bonne raison, où alors il faut la camoufler en événement culturel. A.E : Ce qui n’est pas impossible pour l’inauguration. M.G : C’est très compliqué, ce sont des gros dossiers. Ça demande beaucoup de temps et d’investissement. Là on va se lancer sur les nuits du sport, la nuit du volley, la nuit du foot. On va lancer l’AVED sur un projet comme ça. Il y aura des courses humanitaires en France où nous allons aller courir pour représenter notre campus, représenter la Cité Descartes. 1

1 / Les présidents d’association des autres écoles de la Cité Descartes, donc.


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A.E : J’ai entendu dire que plusieurs AMAP s’était mises en marche à peu près en même temps dans des écoles différentes. Vous n’avez pas pu coordonner tout ça ? M.G : L’AMAP c’est également compliqué; l’ENPC n’est pas trop d’accord car selon l’administration ça renvoie une mauvaise image de l’école. Ils ont un jardin potager à l’arrière et c’est un bras de fer constant pour le faire survivre. L’année dernière l’administration de l’ENPC a déménagé les bureaux des associations en sous-sol à l’occasion de la visite d’un ambassadeur, pour que le hall ait l’air plus « propre ». La difficulté avec les subventions, c’est que les écoles ne veulent pas faire de pot commun car on ne veut pas financer les mêmes choses. Ou alors chacun veut financer des choses mais qui concernent plus sa propre école. Et nous ne voulons pas de sponsors extérieurs. On ne dit pas non à une subvention mais il faut voir les termes du contrat. Il y a plein de gens motivés cette année, c’est bien ! Moi qui pensais baisser un peu la cadence et trouver un remplaçant et en fait… A.E : … en fait tu ne sors jamais vraiment de l’associatif une fois que tu y es entré! M.G : Oui, et aussi on est face à une nouvelle émulation entre les différentes écoles, des échanges de services qui commencent à s’opérer et de plus en plus rapidement. Même si les philosophies des écoles restent très différentes. Il y a encore des chocs de culture entre chaque discipline, entre les ingénieurs et la fac il y a un écart énorme. […] A.E : Et quand Bellastock est arrivée dans les réunions de l’AVED ça s’est passé comment ? M.G : La grosse crise du choc des cultures était passée mais il y a quand même eu quelques réunions musclées. On en a eu une particulièrement qui a été compliquée A.E : C’est dans ces réunions là que Bellastock est arrivée ? M.G : Oui, ils n’ont pas assisté à la pire. A.E : C’était à propos du projet ? M.G : Non, sur le trophée Descartes. […] A.E : Et du coup pour l’organisation de Pimp, ça s’est passé comment entre vous ? M.G : Les écoles avec lesquelles on s’était fâché ont disparu. Elles ne se sont pas investies dans le projet. Il ne restait que les grosses écoles : l’ESIEE, l’ENSAVT, un peu de la fac et l’école d’ostéopathie. Mi-mai, la fac termine, donc il n’y a plus un chat. […] A.E : Et les écoles avec qui vous vous êtes fâchés sont revenues ? M.G : Oui, c’est bon, tout le monde est revenu. A.E : Qu’est-ce qui vous a réunis, la venue du prochain trophée ? M.G : Non. […] Il y a eu du tri interne à chaque association, le trophée a fonctionné donc il y a eu des excuses mutuelles et voilà. Tout le monde réalise l’importance de cet événement, du coup il faut que tout le monde y mette du sien. […] A.E : Aller dans le sens du projet. M.G : Voilà, on reprend à zéro, c’est une nouvelle année. […] C’est très compliqué parce qu’on part de rien sur le campus. A.E : Vous, vous n’avez jamais rencontré l’EPA ou la Mairie de Champs-sur-Marne ? M.G : L’EPA, je les ai rencontré une fois dans le cadre du trophée, où ils étaient sponsor. C’est Camille qui me les a présentés. […] Je n’ai rencontré personne à la Mairie, mais ça arrivera peut être un jour. Par contre j’ai rencontré tous les directeurs des écoles sauf le président de l’ESIEE. […] Tout ça pour présenter le projet de l’AVED et du trophée Descartes. On s’est présentés comme une interface pour eux, pour relayer l’information. A.E : Et ça marche, ils communiquent avec vous ?


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M.G : Non pas vraiment, on n’a jamais eu de retour. Ça reste des processus très longs, de réussir à s’infiltrer et de rester dans leur esprit. Après, c’est vrai que les mandats d’élèves sont tellement courts, les BDE changent tous les ans. A.E : Ils en profitent énormément aussi. M.G : C’est sûr que les administrations sont tranquilles, la résistance ne dure pas longtemps. Il suffit qu’ils attendent un an. Il y a très peu d’études longues sur le campus, sinon la nôtre. […] A.E : Ça se sent dans l’ambiance du campus. M.G : Oui, personne ne se sent concerné car personne ne reste. Dans un sens, j’ai de la chance, ça fait quatre ans que je fais partie de l’association, que je suis là à faire des choses. Avec le bi-cursus, il me reste cinq ans sur le campus. En presque dix ans il y a la possibilité de faire beaucoup de choses. Mais quand je vais m’arrêter, va savoir ce qu’il va se passer. Pour l’instant je n’ai pas de successeur. Personne n’est intéressé donc non seulement je n’ai pas d’opposition mais en plus je n’ai pas de successeur. Ça reste très fragile. Il faudrait un organisme presque indépendant sur le campus qui s’occupe de ça à plein temps, qui travaille sur le long terme. Le problème pour l’instant c’est que personne n’a l’argent pour le faire. C’est un peu le travail de Camile Bauve, mais elle n’a pas le contact avec les étudiants : elle est issue de l’école d’Architecture, elle a été mise là, mais elle est dans « le monde des adultes ». A.E : Il y a une méfiance maintenant envers elle ? M.G : C’est certain. […] A.E : Avec le projet de la Halle qui commence, ça représente quoi pour vous côté étudiant ? M.G : On y pense. C’est-à-dire que nous attendons depuis quelque temps de pouvoir faire une soirée du campus et nous n’avons plus de lieu pour la faire. Après, il faut voir ce qui va sortir comme Halle. S’il n’y a la place que pour 200 personnes ça va être triste. Mais si on en rentre 2000 c’est déjà beaucoup plus intéressant. Il y a quand même du monde sur le campus. A.E : Ça serait le seul endroit commun couvert du campus ? M.G : C’est ça. Après, reste à savoir comment il va être en gestion. On est intéressés, c’est clair. A.E : Comment est-ce que vous vous signalez face à ce projet, est-ce que vous revendiquez votre place ? M.G : Auprès de qui ? A.E : Auprès de Camille, en tant qu’AVED. M.G : Il nous faudrait un bureau, pour l’instant l’AVED est complètement dématérialisée. A.E : Oui et comme vous êtes la réunion des présidents d’association, vous avez à la fois été élus par tout le monde et personne. Mais au moins vous pouvez essayer de véhiculer les projets – autres que le trophée – avec votre position. M.G : C’est un peu la difficulté de l’AVED : on a été élus par personne. Donc aux yeux des administrations, on est personne. Peut-être qu’on peut considérer qu’on a été élu par des grands électeurs. A.E : Pour l’administration ça reste anecdotique. M.G : Le problème ce n’est pas tant l’administration mais ce que l’on dit. Ce que les administrations interprètent comme « le campus dit… ». Sauf que les étudiants ne nous connaissent pas, c’est plutôt vers eux qu’il faut aller. Il faut qu’on fasse attention à ce que l’on dit et ce que l’on fait. A.E : Et il n’y a personne qui vient vers vous avec des projets ?


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M.G : Non, il faut fouiller. Je passe mon temps à laisser trainer une oreille pour détecter des projets possibles. A.E : Je ne sais pas si tu as parlé à Camille récemment, pour la Halle notamment. M.G : Je l’ai vue il y a un mois et elle m’a dit qu’ils n’avaient pas le budget. A.E : Déjà, et ensuite vont investir dans la Halle ceux qui ont un programme précis à y développer. M.G : Oui, c’est normal et compréhensible. Ce qu’il y aurait de mieux à faire c’est un financement participatif des étudiants. Il faut qu’ils ouvrent un financement où ils demandent à chaque étudiant de verser 1€, 2€ ou 5€ et on voit là où on aboutit. C’est déjà un point de départ. Et symboliquement, c’est la légitimité des étudiants sur le bâtiment. A.E : C’est une idée à mettre en place. M.G : J’en ai parlé avec elle déjà. A.E : Et tu en as parlé à l’AVED ?

M.G : Non. Mais l’AVED se penche sur un projet avec la Design School de Paris. C’est un groupement d’écoles qui fait de la recherche dans l’innovation et le design. On va développer un projet de terrasse couverte avec eux, environ 30m2 de plancher et 20m2 de toiture, dans un système constructif assez proche de celui de Bellastock. L’idée c’est que ça se répande sur le campus. Et là aussi ça va peut être se financer de manière participative par les étudiants.[…] Personne n’a entendu parler de la Design School à part ceux qui y ont travaillé, donc l’AVED va communiquer pour eux. En plus, il y a plusieurs écoles dedans : l’ESIEE, l’IFSTTAR, l’ENPC, l’ENSAVT, une école de design, etc. Personne n’en entend parler et le but est pourtant de faire des projets innovants. Ce n’est pas abstrait, ce sont des entreprises qui viennent avec une demande. Par exemple, Leroy Merlin est venu demander le design d’une salle de bain pour personne âgée. […] Concrètement, il se passe quelque chose. Ce ne sont pas des projets d’architectes de prospection dans le vide. Ils ont un atelier et une halle de prototypage, il y a quand même des moyens à cet endroit là. Le problème c’est que personne n’en entend parler, que leur communication et leur impact sur le campus est beaucoup trop léger. Là, on va leur proposer de communiquer pour eux. […] Il y a une faille dans la communication. On va essayer de faire une Newsletter à l’échelle du campus avec les projets en cours et même les rendus d’atelier. Il y a beaucoup de projets prospectifs sur le campus, type « comment habiter son campus », avec des rendus de résidences étudiantes, etc. Ça peut intéresser les autres écoles. On peut lancer des études, pour savoir si ça vaut le coup d’installer des vélibs sur le campus par exemple. Il y a des projets qui débarquent et on ne sait même pas d’où ça vient parfois, comme le projet d’auto partagées, pour faire du covoiturage à l’échelle du campus. Il y a plein de petites choses où il manque simplement la communication. A.E : Pimp my Descartes aussi manque de communication. Pourtant il est central, il a une place physique. M.G : Oui. A.E : Pour vous ce n’est pas une priorité ? M.G : Là, la priorité de l’AVED c’est la communication et le recrutement. […] Faire la troisième édition du trophée Descartes. […]


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A.E : Dans le fond, est-ce que vous vous sentez concernés par le projet Pimp my Descartes ? M.G : Pimp, il faut qu’on trouve un moyen de l’utiliser. Il est utilisé par les gens qui ont une proximité directe avec, les gens de la fac et de l’ENPC. Mais on n’a pas le temps d’organiser un projet dessus. A.E : Et pour tous les projets du Plan d’Action, pas seulement le chantier Bellastock ? M.G : Ça c’est un peu compliqué encore, mais ça va venir. C’est du temps, il faut amorcer les projets, moi je travaille en permanence. Le temps que j’y pense, que je me dise que je le fais le lendemain et que finalement c’est trois semaines après, etc. […] Le plus dur, c’est de trouver des gens sur le campus qui peuvent aider. On est 22 000 étudiants sur le campus, on est 10 à l’AVED et je n’arrive pas à me trouver de remplaçant. […] L’AVED a un aspect politique aussi, où il faut plaire à tout le monde. C’est de la représentation. A.E : Mais du coup vous êtes là uniquement pour faire de la communication et faire bonne figure ? M.G : Non, mais le président oui. A.E : Qui est-ce qui revendique les projets que vous avez ? M.G : On transmet grâce aux BDE. A.E : Non, mais vers le haut ? M.G : On essaye de rester une plateforme de communication. On a aussi une caisse commune pour financer des évènements, ce qui permet à EPA Marne par exemple de verser une subvention directement à l’AVED plutôt qu’à un BDE en particulier. L’AVED a une position neutre, un pouvoir de médiation entre les écoles. […] On crée de la connexion entre les projets. […] On pourrait également avoir une mission de conseil sur des évènements, pour aider à organiser les choses pour les bureaux d’association un peu débutants. […] Comme on est un peu isolés à Marne, il y a quand même une cohésion entre les écoles. […] A.E : Quel a été le défaut dans l’organisation de Pimp my Descartes ? M.G : Le problème c’est que personne n’est remonté vers Bellastock. Personne ne s’est posé la question et n’a pris d’initiative. Et au moment du festival il n’y avait personne sur le campus. A.E : C’était juste une histoire de timing tu penses ? M.G : Rétrospectivement, on se dit que pour être parfait, le projet aurait dû être reculé d’un an. On aurait pu sensibiliser plus largement le campus et préparer le festival à plus long terme. Alors que là, le temps que les gens comprennent qu’il allait se passer quelque chose, le festival était déjà fini. Trop short. Et là pour l’inauguration, c’est Bellastock qui est supposée s’en occuper, ils ne sont pas passés par l’AVED pour l’organiser. Ils vont essayer de passer directement par le campus. Mais il n’y aura personne, pas d’étudiants. A.E : Et vous n’allez pas faire de communication de votre côté ? M.G : Si, on peut en faire, mais même si on en fait, je ne pense pas que les gens se déplaceront pour quelque chose à laquelle ils n’ont pas participé. Il n’y a pas de fierté d’école. Il y aura peut être une curiosité, mais pas de fierté d’école. […] Il faut qu’ils attirent les personnes qui ont de l’impact. A.E : Okay, et bien merci de m’avoir accordé de ton temps.


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Entretien avec audrey pigois CHARGÉE D’URBANISME À LA VILLE DE CHAMPS-SUR-MARNE Mairie de Champs-sur-Marne 09/12/14 à 14h – Durée 35 minutes

Dans le bureau d’Audrey Pigois, sur la petite table de réunion face aux cartes et photographies aériennes. Le cadre est très formel.

Cet entretien est retranscrit tel quel. Certaines phrases ont été reformulées pour une meilleure compréhension.


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A.E : Bonjour. Je vous ai surtout demandé un entretien car mon mémoire a pour objet d’étude le Plan d’Action de la Cité Descartes. Dans ce cadre j’essaie de comprendre l’interaction entre tous les acteurs. Le but est de comprendre les stratégies de chacun dans ce contexte de développement du territoire. Pour commencer, quel est votre poste ? Et depuis combien de temps ? A.P : Je suis responsable du service urbanisme au développement économique depuis huit ans. A.E : Est-ce que quelqu’un d’autre que vous a travaillé sur le Plan d’Animation ? A.P : Non. Le cabinet du maire a suivi un peu le projet, mais principalement moi. A.E : Pour parler plus largement du territoire, quel est le projet de Champs-sur-Marne dans le cadre du développement du Cluster ? A.P : Alors on a élaboré le Contrat de Développement Territorial avec la ville de Noisyle-Grand et la Préfecture de Région. Il a été validé en septembre 2013 et nous nous apprêtons à le lancer en enquête publique début 2015. L’arrêté est en signature chez Madame le Maire. Les délais ont été un peu retardés car le projet de la gare de NoisyChamps a évolué, l’implantation des réseaux a évolué. On a attendu avant de publier l’enquête publique car nous n’étions pas certains, avec tous ces changements, de pouvoir tenir les délais annoncés. La date buttoir est de prendre un arrêté avant la fin de l’année pour lancer l’enquête publique. Le projet a encore évolué depuis l’élaboration du document. Il y a des projets d’urbanisation importants sur les délaissés de l’ex A-103. Ce sont des terrains qui étaient initialement réservés à la construction d’une autoroute. Le projet a été depuis longtemps abandonné et là on est en train de revoir l’urbanisation de ces sites. Il y a un projet sur la RD199 et la réurbanisation de ses franges. Nous souhaitons conserver toutes les parties boisées du territoire. Sur les délaissés de l’A-103, l’idée test que plus on s’éloignera de la gare plus il y aura du logement, avec pour optique de mettre en place des rez-de-chaussée actifs, services, commerces, etc. Le but est justement d’avoir une animation de la rue. A.E : Justement, le CDT répond à des problématiques actuelles. Quels sont les principaux problèmes sur le territoire que l’on souhaite améliorer ? 1

1 / Autoroute reliant Noisy-le-Grand à Torcy ? Elle est déclassée en 2006 et est désormais un boulevard urbain.


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A.P : Il y a plusieurs axes. Dans un premier temps, le développement économique qui est très important pour les élus. La volonté de créer des emplois qui répondent aux formations des habitants – de la commune et au-delà – mais aussi de créer des formations spécifiques sur le territoire pour les habitants. Dans un deuxième temps, la création de logements car l’État nous impose 900 nouveaux logements sur les deux communes – Noisy-le-Grand et Champs-sur-Marne. L’objectif du CDT est d’atténuer toutes les coupures urbaines qui existent, que ce soit la RD199, le RER A et le boulevard du Rû de Nesle qui est aussi une coupure entre les deux communes, toujours Noisyle-Grand et Champs-sur-Marne. Donc l’idée est de créer un boulevard urbain qui fera couture. A.E : Qu’est-ce que cela implique aujourd’hui dans l’urbain ? A.P : Il y a d’énormes problèmes de franchissement. La Cité Descartes est un quartier en dehors de la ville pour l’instant, c’est pour cela qu’il y a un pont – bientôt terminé - qui va relier le boulevard du Bois de Grâce et la Cité Descartes. Par la suite il y aura un projet de recouvrement de la ligne du RER. A.E : Par le projet d’Yves Lion. A.P : Exactement, pour créer des liens. Il faut vraiment que la Cité Descartes soit un quartier de la commune, que les habitants de Champs aillent dans ce quartier et vice-versa. C’est vrai que les étudiants qui sont à la Cité Descartes ne connaissent pas obligatoirement l’autre partie de la ville. On a pourtant le Château et son parc, les bords de Marne, une diversité assez singulière. A.E : Et pour la Cité Descartes, cette diversité passe par quels moyens, du logement ? A.P : Pour la Cité Descartes il s’agit surtout d’une densification visant au développement économique. Oui, en plus, pour la Cité Descartes le processus est très long, elle n’est pas terminée, il reste des terrains à urbaniser. Après, c’est la conjoncture économique qui est compliquée, pas seulement le secteur. Ça a quand même pas mal bougé ces dernières années, pas mal de projets qui sortent. Le logement n’est pas du tout une priorité pour le moment. Il y a quelques projets de construction de résidences étudiantes dans le projet d’Yves Lion. On veut que chaque résidence soit liée à une École, sinon les problèmes de gestion sont trop complexes, et qui ne sont plus étudiantes après. Et aussi créer de l’animation, on va dire, en ayant des commerces, de la restauration, beaucoup plus de services sur le site. Une des contraintes imposées par les élus est d’intégrer un rez-dechaussée actif en bas de chaque résidence étudiante. Il faut aussi créer de la vie dans ce quartier là. A.E : Finalement cela ne tend-il pas vers le campus ? A.P : Non, toujours pas. Non. Un campus, justement, c’est un quartier qui est totalement à part, qui est réservé, complètement autonome. Là, l’objectif est de créer des liens avec les autres quartiers de la ville, de créer peut-être des lieux où les habitants viendront, s’il y a un restaurant agréable par exemple. Les habitants iront dans ce quartier là. Justement, on ne veut pas d’un campus, sinon on ferme et le fonctionnement est en vase clos. Là ce n’est pas l’objectif. Même pour Camille Bauve, le projet a une vision inverse. A.E : Oui, il consiste à créer de nouvelles centralités. Alors, justement, qui est venu avec l’idée de l’étude au DSA initialement? A.P : Je crois que c’est EPAMarne qui a demandé cette étude à l’École d’Architecture, qui a mandaté les étudiants de l’École. Parce que, pour nous, il y a beaucoup d’acteurs sur


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le territoire. Il y a EPAMarne, la Communauté d’Agglomération, la Commune, la ville de Noisy-le-Grand –qui est donc un autre département – la Préfecture de Région, etc. A.E : Et pourquoi l’EPA a demandé à ce moment là ? A.P : Parce qu’ils sont les aménageurs de la ZAC. A.E : Ce n’est pas forcément à eux d’être chargés pas de l’animation… A.P : Oui mais c’est un problème sur ce site là. Il y a eu une demande des élus d’avoir un quartier beaucoup plus vivant. Là pour l’instant il y a des projets éphémères, provisoires, mais on souhaite que cela se concrétise après et il y aura une urbanisation plus importante sur ces secteurs là. Ce fut également une demande des personnes qui sont sur le site. Il y a un manque au niveau restauration par exemple. A.E : Quel impact y aura t-il sur le développement économique de la ZAC ? A.P : Je pense que ça peut être des éléments importants, justement pour l’implantation d’entreprises, de voir qu’il y a des services sur le site. Le fait qu’il y ait la gare RER et la future gare du GPE, c’est un point très important aussi. Mais ils regardent aussi ce que les employés peuvent faire sur place, s’il y a des activités, etc. donc c’est vraiment important. A.E : Donc c’est vraiment le pôle économique de la ville. A.P : Oui. A.E : Ce que je constate un peu c’est que EPAMarne est tournée vers l’extérieur en voulant justement attirer les entreprises et apporter un nouveau dynamisme. Vos objectifs à vous tendent vers ceux de l’EPAMarne, ou en avez vous en plus. A.P : Attirer des entreprises reste le premier objectif sur ce site là. Sur le secteur de la Cité Descartes c’est la priorité : attirer des entreprises et des emplois pour les habitants. A.E : L’étude au DSA n’était pas vouée à être poursuivie. La Mairie de Champs sur Marne était présente à la restitution. Puis finalement le projet s’est concrétisé à l’EPAMarne en devenant le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes. Dans le fonctionnement de la mise en œuvre du projet, quel a été votre rôle ? A.P : Nous avons accompagné la réflexion du projet en rencontrant plusieurs fois Camille Bauve afin de voir si l’on validait les actions du projet. Techniquement, par la suite, des personnes du Centre Technique Municipal (CTM) ont aidé à la mise en place de certaines actions. C’est une aide plus matérielle et en personnel. En fait, nous avons une réflexion plus poussée sur les camions ambulants sur la Cité Descartes. C’est passé en commission d’urbanisme vendredi soir dernier pour revoir complètement la nouvelle organisation des camions ambulants. Il y a cinq ans nous n’avions presque pas de demandes et aujourd’hui c’est l’inverse, on croule sous les demandes. On ne peut plus organiser de la même manière. On ne peut plus dire oui à l’un, non à l’autre. Il faut maintenant vraiment cadrer les choses, permettre d’avoir un peu plus de commerçants ambulants sur place et cadrer les choses. C’est à dire avoir un cahier des charges pour pouvoir sélectionner les prestataires, et le renouvellement sera annuel. Les dossiers des personnes qui postulent passeront en commission pour une évaluation des critères. Ça sera beaucoup plus cadré. A.E : Aujourd’hui, ça fonctionne comment ? A.P : Actuellement il y en a quatre à plein temps. Cela fait très longtemps qu’ils ont l’accord, on renouvelle l’arrêté tous les ans. Mais maintenant que nous avons beaucoup de demandes, il faut revoir cette organisation. A.E : A terme, il y aurait combien de camions ? A.P : L’idée – qui reste à valider par la commission – c’est qu’il y en ait huit maximum. Peut être en les mettant deux par deux pour qu’il y ait une certaine diversité.


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A.E : Et l’événement de la Cité Descartes ? A.P : C’est un événement spécifique qui dure deux semaines. Ce n’est pas du tout la même chose. Pour les ambulants à qui nous avons donné un arrêté à l’heure actuelle, les prestations sont à l’année. Pour la Cité Descartes, il y a en plus un événement spécifique qui a eu lieu cette année au mois de septembre – il devait avoir lieu en mai mais ça n’a pas pu être fait. Là par contre, on donne des autorisations spécifiques sur deux semaines et il y a de l’événementiel à côté : de la musique, etc. Les autorisations annuelles sont destinées à offrir un peu plus de restauration car il y a un manque sur le site. A.E : Les autres projets urbains du Plan d’Action montrent eux aussi les manques sur le site. Comment c’est passée l’étape d’intervention des collectifs d’architecture et de paysagisme ? A.P : On a aidé techniquement en fait. À installer l’électricité, pour les plantations, mes collègues y sont allés avec un camion-citerne. Voilà, c’était une aide surtout technique. Ce sont des projets qui avaient été validés par les élus. A.E : Et comment c’est passée cette validation ? A.P : Alors en fait, on passe en général l’ensemble des projets en commission d’urbanisme – urbanisme développement économique – donc ce sont les élus qui sont présents, la majorité et l’opposition. Après, ça passe au bureau municipal. S’il y a besoin de délibération, mais là ça n’était pas le cas, il y a le conseil municipal. Il y a plusieurs étapes de validation du projet. A.E : Comment vous voyez l’avenir de ce projet ? Est-ce que vous attendez quelque chose du Plan d’Action en général ? A.P : Créer de la vie et du lien avec les habitants, que les habitants aillent dans ce quartier là et qu’ils le considèrent comme Champs-sur-Marne. Il y a peut-être certains habitants qui ne le connaissent absolument pas et qui ne considèrent pas ce quartier comme faisant partie de la ville. A.E : Jusqu’ici vous avez constaté des changements ? A.P : Pour l’instant non pas encore, c’est trop tôt. Alors, après il est vrai qu’à chaque fois l’organisation était un peu précipitée, il n’y avait pas beaucoup de délais pour pouvoir bien communiquer sur les projets. Ça s’est fait un peu dans « l’urgence ». Il y a eu un manque de communication encore. Et après les projets débutent donc ça va prendre du temps. A.E : Concernant la Halle, qui est le projet clé du Plan d’Action, quelle est votre position ? A.P : Je sais que Camille Bauve a rencontré le Maire par rapport à ça. Je n’étais pas présente donc je ne connais pas la teneur de l’échange mais a priori elle va regarder le dossier de près. Mais Camille pourra vous en dire plus que moi. A.E : Oui, sachant que c’est un projet qui attire l’attention de beaucoup d’acteurs, la Mairie souhaite t-elle contribuer au projet ? A.P : Financièrement, elle ne participera pas. Ça sera plus le rôle de l’agence Descartes Développement, EPAMarne, voilà. Après a priori oui, madame le Maire est intéressée, elle va regarder ça de près et solliciter justement les différents acteurs pour avoir un financement pour ce projet là. Après Madame le maire peut avoir un rôle auprès de la Communauté d’Agglomération, peut-être du Département pour montrer le projet et solliciter des financements. A.E : Justement, quel est le rôle de la Communauté d’Agglomération ? A.P : Je ne peux pas vous dire, je ne sais pas. Non non. A.E : Quels sont les autres acteurs intéressés ?


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A.P : EPA-Marne; au Département, c’est Seine et Marne Développement qui aimerait avoir certaines fonctions dans cette Halle. Pour l’instant ce sont ceux qui sont fortement intéressés par le projet. L’agence Descartes Développement pourrait être intéressée aussi. A.E : Okay. Est-ce que vous avez rencontré des acteurs, participé à des réunions, avec Bellastock entre autre. A.P : Oui, avec Bellastock on a eu de nombreuses réunions pour organiser le festival, car il y avait plein de choses à régler, des arrêtés de voirie à prendre, besoin d’outils, au niveau sécurité il fallait établir un dossier de sécurité pour l’occupation du gymnase, etc. Donc plein de problèmes règlementaires à régler. On les a donc rencontrés plusieurs fois. A.E : Y avait-il d’autres acteurs présents à ces réunions ? A.P : Nous avons eu des réunions avec Camille Bauve et Bellastock mais après non, que Bellastock. A.E : Quel est le rôle de l’Université dans le Plan ? A.P : Ce sont eux qui financent le poste de Camille, alors qu’au départ elle était à EPAMarne. Donc il y a une volonté de l’Université de mettre en œuvre ce projet. Le poste n’aurait pas été financé, le Plan d’Action n’existait plus. A.E : Pour vous reparler un peu de mon travail de mémoire, il articule action collective et architecture éphémère. Sachant que cette petite place publique du Lot Y va être réaménagée dans le projet d’Yves Lion, la question porte ici sur la préfiguration d’usages à travers une concertation. Est-ce que ce type d’action est considéré comme du développement durable selon vous ? A.P : Au niveau du Lot Y, l’objectif est bien de l’urbaniser un jour. Si on avait un projet demain on le ferait. A.E : Est-ce que la préfiguration de ces usages sera intégrée, y a-t-il des éléments de programme qui peuvent être récupérés ? A.P : Oui, il y a des choses de Bellastock qui peuvent être récupérées, du mobilier qui peut être disséminé sur le site. C’est ce qui était prévu au départ : que ça soit disséminé pour le festival puis ramené sur le Lot Y. Mais oui, il y a des choses qui peuvent être reprises. A.E : En lisant un article de Traits Urbains de 2010, Maud Tallet avait mentionné les « terrains classés OIN (Opération d’intérêt National), sur lesquels l’État a encore la haute main ». A.P : Ah oui, c’est quasiment l’ensemble de la ville qui est en OIN, on a des ZAC spécifiques. A.E : Et qu’est ce que cela génère comme problématique pour vous ? A.P : Ça a un impact très important. On a EPAMarne qui est l’aménageur, le Maire signe les permis de construire au nom de l’État, et non pas au nom de la commune. La commune donne un avis, mais nous ne sommes pas maîtres du développement du territoire. A.E : Quelle marge de manœuvre cela vous laisse ou retire t-il ? A.P : Alors, on participe à tous les projet. Pour le CDT, nous avions mandaté un bureau d’étude. Pour l’aménagement de l’ensemble des quartiers, c’est pareil, on participe financièrement aux études avec Yves Lion. Donc il y a EPAMarne, la Communauté d’Agglomération, la Commune, on est quand même plusieurs acteurs autour de la table. Au lieu d’être commune et inter-co, il y a aussi l’aménageur qui est présent. Et nous travaillons spécifiquement sur Champs-sur-Marne. EPA-Marne n’est pas l’aménageur de l’ensemble de la ville, seulement sur les ZAC – toute la partie Ville Nouvelle. Après il y a la future intercommunalité qui va être revue au niveau du périmètre donc là ça va être un peu plus dense, jusqu’au Val d’Europe. Les élus s’y opposent, on va voir ce que le Préfet décide.


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Ce sont des collaborations qui peuvent être plus délicates que d’autres, ça dépend des périodes. Le fait d’avoir pris les Ateliers Lion pour travailler sur le CDT en sachant qu’EPAMarne avait également pris cette agence, signifie qu’on essaie d’aller dans le même sens et d’avoir une cohérence entre les projets. Tout le monde a son projet et il s’agit d’avoir un projet coordonné avec EPAMarne, avec Noisy-le-Grand. Le travail avec Noisy-le-Grand est incontournable aujourd’hui, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. C’est un Département différent, qui n’est pas dans l’intercommunalité. C’est le projet de la Gare qui a créé cette collaboration pour travailler à la reconnexion. En plus, toutes les communes sont différentes. Marne-la-Vallée, oui c’est la Ville Nouvelle, mais tous les fonctionnements sont différents. A.E : Du coup EPAMarne procède à des opération d’acuponcteur : ça vous aide dans votre développement avec une pensée globale ? A.P : Oui, mais par exemple ils ne vont pas regarder le développement du centre ville. Là c’est vraiment la commune. Donc nous avons une vision plus globale sur l’ensemble de la ville par contre sur des secteurs spécifiques on va travailler avec EPAMarne. Tous les quartiers qui vont être développés prochainement se feront avec EPAMarne. A.E : La livraison de la gare est prévue pour quand ? A.P : À l’horizon 2020 pour la ligne 15 Sud, 2023 pour la ligne 16 et 2025 pour l’extension de la ligne 11. A.E : Comment préparez-vous l’arrivée de ce nouveau nœud intermodal ? A.P : Il va y avoir une énorme phase de travaux. Avec l’arrivée successive de ces trois lignes le chantier va durer très longtemps. Et on a une tranchée ouverte sur un kilomètre de long, en plus. Elle sera recouverte au fur et à mesure, c’est pour l’arrivée de la Gare. Ça va avoir un impact très important sur la commune. A.E : Est-ce que vous pensez, justement, que le développement économique de la commune, le projet urbain et le développement du réseau ferroviaire peuvent survenir tous en même temps. A.P : On va voir ! C’est un petit peu compliqué, même par rapport à notre projet urbain. Le fait d’avoir une tranchée ouverte obligatoirement ça va bloquer l’urbanisation de cette partie là. Il va falloir que cette phase de travaux là soit terminée. On va donc probablement commencer par s’attaquer au nord de la ville. Et là encore, la ligne 16 et l’extension de la ligne 11 vont passer par là. C’est tout un phasage à organiser par rapport à ça. A.E : Le projet d’Yves Lion en est où dans le développement ? A.P : Là on travaille surtout sur le « quartier Gare », c’est sur ça qu’on se focalise pour l’instant. Dès l’année prochaine, le dévoiement des réseaux va commencer, le permis de construire de la Gare est à sortir au courant de l’année prochaine aussi. Voilà, il faut déjà finir cette étape là : l’implantation de la gare, le parvis, le nivellement, le stationnement, etc. A.E : C’est en partenariat avec la Société du Grand Paris. A.P : La SGP et la ville de Noisy-le-Grand, oui. La SGP a fait une enquête publique pour la déclaration d’utilité publique de la ligne 15. Il y a eu l’enquête publique parcellaire aussi pour la même ligne, et l’enquête publique pour la ligne 16 qui s’est achevée il y a environ quinze jours. À Champs-sur-Marne en parallèle, nous faisons des colloques citoyens : deux à l’École d’Architecture d’ailleurs, une fois à l’Université. On informe beaucoup les habitants et notre journal municipal et notre site internet relaient également toutes les informations.


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A.E : Pour revenir rapidement sur la notion de campus, vous savez quelle est la position de l’Université ? A.P : J’imagine que l’Université aimerait que ça soit un peu plus un campus. Mais ce n’est pas la position de la ville. Et là le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes justement ouvre le quartier sur la ville. Ce qui est à l’opposé du campus qui vit en vase clos. A.E : Mais c’est une volonté de l’Université de constituer un campus ? A.P : Je pense qu’ils y ont pensé à un moment donné mais ils ont probablement changé d’avis. Il y a toujours eu un débat sur ce mot là. A.E : Pour terminer, est-ce qu’on peut travailler ensemble sur un organigramme des acteurs du Plan d’Action ? A.P : Il y a beaucoup de concertation dans ce projet donc beaucoup d’acteurs vont être côte à côte. Camille a constitué un comité de pilotage pour le Plan d’Action afin de rallier tous les acteurs autour du projet et de canaliser les énergies. A.E : Créer une cohésion.

A.P : Voilà. A.E : Et les étudiants et les participants à la réalisation ? A.P : Ceux là sont juste sollicités ponctuellement pour la mis en œuvre. A.E : La Halle avait pour vocation de créer un espace commun pour les étudiants, estce que ça ne risque pas de diminuer au regard de l’intérêt que porte chaque acteur à ce projet ? A.P : après la question est : qui finance quoi ? Et surtout, qui gère cette structure ? A.E : Est-ce que ça ne va pas être l’Université ? C’est pourtant eux qui portent le projet. A.P : Oui, mais de là à aller jusqu’à la gestion, je ne suis pas sûre, ils ne se sont pas positionnés en tout cas. Il va falloir du personnel dans cette Halle, pour la sécurité. Il y a énormément de problématiques. A.E : Vous avez entendu parlé du projet I-DEX ou I-SITE ? A.P : Non pas du tout. A.E : Ça marche. Et bien merci de m’avoir accordé de votre temps. A.P : Mais de rien.


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Entretien avec anne-claire schmitt CHARGÉE D’INNOVATION À L’EPAMARNE Café le Dalou, Place de la Nation – Paris 75012 16/12/14 à 18h – Durée 2h45

Dans un café assez bruyant à Nation, nous nous retrouvons avec Anne-Claire Schmitt pour une discussion autour d’un thé noir. La discussion est enrichissante mais les propos de mon interlocutrice sont très mesurés.

Cet entretien est retranscrit tel quel. Certaines phrases ont été reformulées pour une meilleure compréhension.


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A.E : Bonjour. Pour resituer un peu, je fais donc un mémoire en architecture sur le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes. Je suis arrivée dans le projet en participant au chantier Bellastock au mois de juillet. En prenant connaissance de ce projet, j’ai commencé à me poser des questions sur la manière dont il s’était mis en place, dans quel but, quel développement territorial, quel contexte stratégique et avec quels acteurs. Après avoir rencontré Camille Bauve, qui est celle qui m’a donné votre contact, il m’a semblé important de rencontrer les acteurs des différentes parties participantes au Plan d’Action pour comprendre de quelle manière s’étaient articulées les choses. Le but aussi était de comprendre les stratégies de chacun pour comprendre également de quelle manière on aménage un territoire. Le Plan d’Action est un cas à part, mais la démarche est notable. A-C.S : Alors à ce stade là je vous interromps pour vous faire deux remarques. La première est une question : dans le cadre de votre année de master, quel est l’intérêt de travailler sur un projet qui est en cours ? C’est un point d’étonnement de ma part. En second, dans un projet qui est en train de se faire, les jeux d’acteurs ne sont pas faciles. Dire que l’on veut rencontrer tous les acteurs, c’est ambitieux et compliqué. Et donc de faire du journalisme sur un projet qui est en cours, qui n’est pas facile, je crains qu’il y ait presque un risque d’intrusion dans l’objet que vous voulez observer. A.E : Pour tenter de répondre à la première question, il y a en amont tout un cadre théorique qui est établi pour ce mémoire sur d’autres projets et l’évolution des gouvernances, l’urbanisme aujourd’hui, la démultiplication des acteurs dans l’aménagement et justement la manière dont fonctionnent les projets avec plus d’acteurs. Comment ceux-ci prennent part à l’aménagement. C’est en fait la manière dont on arrive à des stratégies plus locales et comment s’articulent ces stratégies et la réponse à une demande plus pointue. L’observation se fait plus dans cette optique là. Tout ça dans le contexte économique actuel. Donc il est vrai qu’il y a encore quelques question en suspens concernant le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes mais il intervient aussi dans une stratégie de développement du territoire, et l’observation porte donc aussi sur l’outil en lui même et la place qu’il a dans un aménagement. A-C.S : D’accord, ça c’est la réponse à la première question.


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A.E : Après, c’est effectivement l’observation d’un projet qui n’est malheureusement pas terminé. Et loin de moi l’idée de perturber le réseau d’acteurs, il s’agit de comprendre comment les choses se mettent en place. A-C.S : Toujours par rapport à cette deuxième interrogation, le travail que vous faites est publié, confidentiel. A.E : Il est publié au sein de l’École d’Architecture si souhaité. Et les annexes et le point de vue de chaque acteur ne le sont pas forcément. Et le travail consiste à avoir un retour analytique. C’est vraiment qui fait quoi, dans quelle visée, à quel moment. C’est un déroulement analytique. Sans entrer dans une narration journalistique j’espère. A-C.S : Oui, ce que j’entendais par là, c’est que vous entrez dans un terrain en mouvement et qu’en extraire une analyse c’est un peu ça le travail de journalisme. A.E : Oui, c’est un cas d’étude qui constitue une des trois parties du mémoire, il illustre le propos. A-C.S : Okay. Donc vous avez participé au festival sous la pluie cet été ? A.E : Oui, tout à fait, face aux difficultés imprévisibles de l’été parisien. A-C.S : Okay, et vous avez déjà soumis Camille à la question. A.E : Oui, Camille ; Audrey Pigois, chargée d’urbanisme à la Mairie de Champs-sur-Marne ; Bellastock ; la Présidente de l’AVED pour les étudiants. A-C.S : Ça date de quand l’entretien avec Audrey ? A.E : La semaine dernière. A-C.S : Et qui avez vous encore sur votre liste d’acteurs ? A.E : Vous êtes la dernière. Idéalement j’aurais rencontré aussi le Président de Université Paris-Est, mais ça commençait à faire beaucoup d’acteurs. A-C.S : Très bien, alors allons-y. A.E : Alors, quel est votre poste au sein de l’EPA Marne ? A-C.S : Je m’occupe de l’innovation au sein de l’EPA. Voilà. L’EPA Marne est un aménageur assez bien loti, il y a environ 120 personnes. Deux grosses directions d’aménagement opérationnelles qui s’occupent des projets urbains dans leur ZAC respectives, de la cohérence d’ensemble sur leur partie de territoire et puis de la commercialisation de tout ce qui est logements. Il y a une direction qui elle travaille à la commercialisation et au développement économique. Et puis il y a la direction du développement urbain durable, et moi juste à côté. Ces deux structures, si vous voulez, veillent à l’identification d’un certain nombre d’acteurs et de projets qui peuvent faire l’objet d’innovation sur le territoire de Marne-la-Vallée. Alors que ce soit une surcouche d’innovation sur un projet qui a sa logique propre mais dont on se dit qu’il se prête particulièrement bien à l’innovation sur quelque thématique que ce soit – le traitement de l’eau, par exemple. Du coup ça peut être des projets innovants en eux-mêmes ou atypiques car les gouvernances que l’on met en place sont également atypiques. Mon travail est de faire les liens entre un certain nombre de possibilités, de sollicitations, d’injonctions extérieures en matière d’innovation de développement durable, et des possibilités de concrétisation sur le territoire. Et puis si possible, avec la Direction de Développement Urbain Durable, c’est d’essayer de réfléchir à ces questions d’innovation non pas en faisant une check-list mathématique « j’ai ma thématique éco-contruction, éco-matériaux ou animation », mais afin de contribuer à produire des innovations qui sont un peu systémiques – je ne sais pas comment les qualifier – qui soient intégrées et qui fassent sens par rapport au territoire, tout en étant innovantes et permettant de valoriser le territoire - au titre de l’innovation.


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Innovantes, mais pas trop. Sur le territoire de Marne-la-Vallée –mais de toute façon vous l’avez déjà entendu – il y a quand même l’histoire de la Ville Nouvelle. Il y a une vraie sensibilité des résidents, des habitants, des élus qui sont là souvent depuis de début de cette Ville Nouvelle. Des élus qui se sont fait parfois réélire sur des thèmes de campagne liés à la trop grande présence de l’Établissement Public d’Aménagement sur leur territoire. On ne peut jamais, mais particulièrement à Marne-la-Vallée, traiter le territoire comme un bac à sable expérimental. Les projets innovants doivent apporter des bénéfices aux usagers, résidents, salariés, collectivités ou autres du territoire. Voilà, mon travail et d’essayer de trouver cet équilibre, ces fenêtres de tir. Et moi je ne fais jamais d’innovation, je suis plus un marieur, un « broker » d’innovations. Je veille à ce qu’il y ait des choses qui se transforment, d’une idée à un projet qui va intégrer des innovations physiques, organisationnelles, juridiques, économiques, sociales, etc. C’est ma mission. Les aménageurs ne sont pas très nombreux à avoir cette mission, parce que souvent cette veille sur ce qui peut se faire de mieux ou de nouveau, est portée en interne par des équipes opérationnelle et vient souvent de l’extérieur, de l’AMO développement durable ou de l’un ou l’autre des bureaux spécialisés qu’on prend pour aider à monter la programmation du projet. Mais il se trouve que c’est un choix de l’EPA d’avoir cette équipe Développement Durable et d’avoir quelque chose qui est « taggué » innovation. A l’époque où ce choix a été fait, c’est parce que les dirigeants considéraient qu’il y avait une telle demande de construction neuve sur Marne-la-Vallée – environ 2000 logements neufs par an, je n’ai pas les chiffres – mais tout ça était tout de même bien cadencé. Il y a des rythmes de production, donc il y a une contrainte de rapidité. D’un certain point de vue, ce n’est pas toujours propice à l’innovation que la petite intercommunalité de 60 000 habitants qui se lance dans une démarche innovante de toutes leurs forces à un seul endroit. A Marne-la-Vallée ce n’est clairement pas comme ça, mais en même temps ce volume de productions neuves qui est assez exceptionnel en Île de France ouvre un terrain de jeu pour pouvoir, sur certaines opérations précises, se dire « celle là on en fait un démonstrateur ». Le but est de pouvoir essayer, et ça c’est un but nouveau du nouveau Directeur Général qui vient d’arriver, d’avoir un sujet d’émerveillement par opération. Justement le volume dont on dispose doit permettre de trouver de la place pour des opérations de ce type là, malgré la contrainte économique, la contrainte temporelle qui est cadencée. On a tous du mal à imaginer la vitesse à laquelle s’est développé le territoire de Marnela-Vallée, d’Ouest en Est. La population a augmenté de manière significative. L’OIN permettait au départ de se passer complètement de l’accord des maires sur les permis de construire. Les débuts des Villes Nouvelles étaient très « top-down » et non « bottomup ». C’était une autre époque et un autre contexte. Les élus ont donc défendu leur territoire et leurs habitants. Un aménageur ancien comme l’EPA Marne a des relations qui sont fortes mais particulières avec les élus du territoire. Les choses ont évoluées, bien sur. A.E : Est-ce que vous avez travaillé seule sur le Plan d’Animation, dans sa coordination ? A-C.S : Aucun projet d’innovation ne se travaille seul, sur ce projet là en particulier, je pense que Camille vous en a fait un historique, mais je peux vous le faire avec mes mots. Il y a eu trois phases à ce projet. Un première phase où le Plan d’Action pour l’Animation était un projet d’étudiants un peu particulier car dans le cadre de leur dernière année de diplôme en urbanisme, ils ont souhaité faire ce que j’appelle de la « conception-action », c’est-à-dire qu’ils


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ont à la fois fait une analyse du besoin en animation (Analyse qui était d’ailleurs très bien mise en scène), ils ont fait un certain nombre de propositions qu’ils ont essayé de rendre concrètes et aussi opérationnelles que possible. Puis ils en ont mis en œuvre deux, en travaillant à du mobilier urbain destiné aux pauses déjeuner, café, etc. Donc ils ont produit un élément qui a été disposé dans un espace public sur le campus. Ils ont ensuite organisé de petits évènements autour de ce mobilier et créé de l’animation, pour ajouter une touche d’événementiel et ne pas seulement avoir une structure seule. Ça a plutôt bien fonctionné, et ça les a confortés dans l’idée qu’il fallait essayer d’imaginer des actions qui ne soient pas des concepts riches mais des choses concrètes qui puissent être mises en œuvre avec peu de moyens dans des délais courts. Ils étaient persuadés que c’est en faisant des évènements qu’on arrivait à créer une dynamique autour de laquelle d’autres micro-projets viendraient s’agréger. Donc ça, c’est ce qu’ils ont vendu lors de la soutenance de leur diplôme. Il y avait Maud Tallet, la Maire de Champs-sur-Marne, des représentants de l’EPA Marne, et d’autres. J’ai le souvenir que tout le monde avait apprécié la qualité et l’originalité de leur travail avec un reproche fait notamment par la Maire, c’est d’avoir pensé ce Plan d’Action uniquement à l’échelle du campus pour une population d’étudiants et d’enseignants-chercheurs. Finalement, il n’y avait pas de lien avec la ville tout autour. Voilà pour cette première phase, qui avait eu donc des passages à l’action, qui ne s’était pas seulement contentée de théorie. À la suite de ça, l’EPA a considéré qu’il y avait là une matière intéressante, qu’on peut appeler de l’aménagement éphémère, du micro-urbanisme éphémère. Chacun l’appelle avec ses mots selon son métier d’origine. On s’est dit qu’il y avait là un gisement possible en matière d’innovation. La proposition a été faite d’incuber le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes à l’EPA pendant une période de six mois, donc la possibilité pour un des étudiants de faire un stage. C’est donc Camille, leader du groupe, qui s’est vu proposer ce stage. Durant cette période de six mois, il s’est passé deux choses. D’une part, dans le cadre du bilan de la ZAC de la Haute Maison, il y a eu allocation d’une somme dédiée à l’animation de la Cité Descartes. Pourquoi ? Parce que l’aménageur escompte de la mise en place d’une animation pour une valorisation de sa charge foncière. Donc une plus grande facilité à commercialiser ce qui va être commercialisé dans le cadre du projet urbain des Ateliers Lion qui va permettre de densifier ce territoire d’ici à 2030 avec un coup d’accélération juste en amont de 2020, date de l’arrivée de la Gare du Grand Paris Express, ligne 15. Identification d’un budget sur le budget de la ZAC pour pouvoir financer ce Plan d’Action. D’autre part, Camille avec Vincent Danguy, qui était le chef du projet de la Cité Descartes avec moi, est allée voir tout un ensemble d’acteurs parties prenantes de la Cité Descartes, en présentant le Plan d’ Action et notamment le projet de Halle. Dans la liste des actions qu’elle vous a peut-être présentée, c’est sûr que le projet de la Halle tient une place à part. Déjà, c’est un projet plus cher, mais c’est aussi le lieu qui est ouvert à tous, qui permet de créer de nouveaux usages, qui doit permettre aux usagers de la Cité Descartes et aux riverains de se rencontrer. C’est une centralité ouverte. Et le choix de la forme de la serre est destiné à donner à voir de ces usages et de l’animation. On aurait pu opter pour du bois, c’est très développement durable, ou autre chose. La somme d’argent que l’aménageur met sur la table, c’est parce qu’il en escompte un enrichissement, une amélioration du projet urbain, une plus grande facilité à construire le projet urbain et à le commercialiser. Et puis le travail de Camille qui est vraiment très ouvert, pour transformer le Plan d’Action, travail d’étudiant, en quelque chose qui commençait à se rapprocher de quelque chose d’opérationnel. Et le parti pris que l’aménageur avait


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acheté dans le travail des étudiants et la proposition de l’ENSAVT était bien que tout ça devait être ouvert et partenarial. Ça veut dire que l’EPA n’avait en aucun cas vocation à financer seul, à être seul maître d’ouvrage, d’aucunes de ces actions. A.E : Et puis ce n’est pas votre rôle en tant qu’aménageur. A-C.S : Voilà. La phase d’incubation terminée, nous passons à la troisième étape. Aucune action n’a pu être réalisée, mais on sent à la lecture du bilan qu’il y a trois ou quatre actions qui pourraient être mises en place dans les six mois qui viennent. Il y a alors eu une discussion avec Camille elle-même pour voir si elle était intéressée pour continuer dans sa lancée jusqu’à une concrétisation. Ce qui la motivait, elle, c’était de réussir à transformer l’essai sur plusieurs de ces actions dont la Halle. Et ensuite la discussion sur les moyens pour continuer la mise en place du projet. L’EPA ne pouvait pas créer un poste, surtout pas pour ces questions là. Donc ce qui a émergé avec UPE, le groupement des Universités, c’est que finalement l’Animation de la Cité Descartes était également un objectif primordial pour UPE en tant qu’animateur de cette communauté d’une douzaine d’établissements. Ils étaient prêts à contribuer de façon plus concrète. Ce qui a été monté, c’est un poste de Chef de Projet pour l’Animation de la Cité Descartes avec un cofinancement entre quatre membres d’UPE que le Président a réussi à convaincre de l’intérêt du projet afin qu’ils contribuent au financement avec l’EPA. Nous avons dû participer à 40% des financements. Ça a donc lancé une troisième période de projet durant laquelle l’UPE est devenue le porteur du projet avec un appui fort de l’EPA. Travail qui a pu se poursuivre avec les mêmes collaborateurs que pour la deuxième phase d’incubation, sauf qu’elle n’était plus dans nos locaux, mais à la Cité Descartes. Durant cette dernière étape, qui se termine en mars 2015, l’objectif était de concrétiser le projet et de s’assurer qu’il va se pérenniser. Camille n’a probablement pas envie de continuer à assurer ce rôle là, ce que je comprends tout à fait, elle a envie de se recentrer vers son métier de base. Le défi de la quatrième phase sera de continuer à concrétiser des projets, de les faire porter par un plus grand nombre d’acteurs, et de mettre en place un dispositif sur la gestion de projet « Animation de la Cité Descartes » qui garantisse sa pérennité. A.E : Je vais rebondir sur ce que vous disiez, quand vous parlez de « tester des usages dans la Halle » est-ce que vous pensez que ce sont des éléments qui peuvent être repris dans le projet d’Yves Lion ? Qui le complètent et le modifient ? Il regarde peut-être ce que Camille fait, est-ce que cela peut avoir un impact sur le projet urbain définitif ? A-C.S : Bien sûr, c’est l’objectif. [Silence] Il y a eu plusieurs échanges avec la Mairie de Champs-sur-Marne au sujet de ce projet. On a entendu dire différentes choses sur ce projet, qu’ils étaient pour, qu’ils étaient contre. Au final, je crois que Maud Tallet a posé une vraie bonne question, elle a dit « une Halle avec de l’expérimentation d’usages, etc. mais ce qui nous intéresse, ce sont des usages pérennes ». Donc l’objectif est très clairement que les usages qui vont être mis en place sur la Halle puissent ensuite être testés, entre ceux qui fonctionnent et ceux qui ne fonctionnent pas, et puissent être ensuite réimplantés en rez-de-chaussée des bâtiments à construire ou dans l’aile d’un bâtiment qui serait dédié à ce type d’usages, aux tiers-lieux, etc. en tout cas, dans les dernières discussions qu’UPE a eues avec Maud Tallet, ce qui lui a été vendu c’est que la Halle permettait de « dé-risquer » des opérations d’installation d’activités diverses en rez-de-chaussée car elles auraient déjà été expérimentées. Le futur gérant, bailleur, opérateur de ces activités, peu importe leur nature, auraient déjà pu avoir une étude de marché en dimension et situation réelle. Je pense qu’il y a dès le départ un écho entre le projet d’Yves Lion et ce Plan d’Action Animation de la Cité Descartes. Ensuite, il y a eu


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des points de rendez-vous entre Camille et des collaborateurs d’Yves Lion pour s’assurer que les cheminements étaient cohérents. Oui, expérimenter de nouveaux usages pour les améliorer et pour les réimplanter dans des bâtiments en dur. L’aménageur ne souhaite pas que la Halle reste à cet endroit là qui est un emplacement « prime » à la Cité Descartes. Cette parcelle a vocation à être commercialisée et construite. Mais on accepte de prendre le risque d’y implanter quelque chose d’éphémère car on compte en tirer des bénéfices. Si vous voulez, ça c’est le raisonnement à l’échelle de la parcelle ou du cœur de la Cité Descartes. Ensuite, je pense que Camille vous a expliqué la programmation prévue pour le projet de Halle. A.E : Oui, les programmes sont présents si ceux qui les portent les financent. A-C.S : Comment est-ce que je pourrais présenter ça… [Silence] Je pense que ce que je peux dire c’est que l’EPA a deux objectifs de natures et d’échelles différentes. Premier objectif, contribuer à l’animation de ce lieu qui est mort, triste, désert, etc. ce qui ne favorise pas le projet urbain ni la commercialisation. Nous sommes un des acteurs du Cluster Ville Durable localisé à la Cité Descartes et qui comporte de nombreux acteurs. Toute la communauté académique est fédérée par l’UPE, mais il y a également AdvanceCity, EfficaCity, etc. et les acteurs qui portent le développement économique de la Cité Descartes, ça va du Département – avec Seine et Marne Développement – à l’EPA en passant par la Communauté d’Agglomération et enfin Descartes Développement. Au delà du monde académique présent sur le campus, il y a un tout petit peu de logement familial, pour les jeunes chercheurs, puis les salariés d’entreprises privées – entreprises qui ne sont pas forcément en lien avec la thématique du lieu qui est le Cluster Ville Durable. Ville Durable, c’est un terme très très vaste, nous sommes un peu un Cluster généraliste. Ce qui ne nous facilite pas les choses et en même temps qui est un outil très intéressant. Qui dit généraliste dit possibilité de parler à beaucoup d’entreprises. Le projet Animation de la Cité Descartes, et la Halle aujourd’hui, est le lieu où s’exprime une tension entre les acteurs qui souhaitent attirer des entreprises sur la thématique de la Ville Durable pour le campus de la Cité Descartes et d’en faire la Silicon Valley à la française – sans la hausse de l’immobilier. Ces acteurs là sont en face d’acteurs qui voient plus le Cluster et la Halle comme étant un lieu permettant des usages publics. Dès le départ la programmation de la Halle telle qu’elle avait été prévue, en quatre espaces, était destinée à pouvoir intégrer ces deux logiques. Pas uniquement à faire se rencontrer des étudiants, des chercheurs, des salariés, des habitants, etc. L’idée était aussi qu’il y a une programmation de nature plus commerciale et qui rapporte des revenus – pour le budget d’exploitation de la Halle – et puis une programmation probablement plus de l’ordre du service public avec des acteurs publics et de faire vivre tout ça sous le même toit. La prochaine étape à franchir pour le projet de la Halle, pour qu’il puisse être financé dans sa partie budget d’investissement et dans sa partie budget d’exploitation, il faut s’assurer que cette tension qui est plutôt féconde de mon point de vue, parce qu’elle oblige les uns et les autres à se poser de vraies questions, le demeure. Quand cette tension sera résolue, toutes les bonnes fées se seront penchées sur le berceau du projet. Aujourd’hui, on est un peu dans l’expression de cette tension là, avec la nécessité de proposer un projet qui intègre tous les acteurs. Les acteurs académiques à la Cité Descartes sont nombreux, et pèsent énormément. Ce sont eux qui animent ou n’animent pas le site. Là dedans, les étudiants qui constituent la majorité jouent un rôle particulier. Ils ont le poids pour eux. Enfin non, pas le poids. Et en même temps, le Cluster fonctionnera s’il y a aussi les gens qui ne sont pas là pour l’instant sur


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le campus, que l’on veut faire venir et qui trouvent le lieu attractif et qui ont envie de s’y installer. Le projet de Halle tel qu’il est aujourd’hui doit être attractif aussi pour la population académique et pour des patrons d’entreprises de toutes tailles. On n’imagine tout de même pas que des grosses entreprises du Cac 40 vont venir se délocaliser à la Cité Descartes, mais plutôt des grosses PME et des Start Up. Il y a un autre public qui est pour nous majeur : celui des promoteurs, bailleurs et des investisseurs qui vont signer la promesse de vente pour des immeubles de bureaux ou pour les commerces. C’est la quadrature du cercle. Le second objectif de l’EPA c’est ça, il faut que le projet de Halle puisse permettre à tout ce monde là de se retrouver. Donc, au départ, la programmation c’était dans une première partie de la restauration conviviale. Une deuxième partie maquette, pour présenter le territoire de la Cité Descartes tel qu’il est aujourd’hui et le projet urbain, c’est un showroom pour l’aménageur, c’est essentiel pour nous qu’il soit sur le site même. Troisième élément, c’est ce qu’on avait appelé au départ le showroom Ville Durable, que Camille a rebaptisé en « laboratoire » / showroom Ville Durable. C’est le lieu où les étudiants et académiques vont pouvoir exposer des projets concrets et innovants en matière de Ville Durable. Quand je dis concrets, c’est ce qu’on essaye de mettre dans le cahier des charges, c’est qu’il y a un élément visuel. Qu’il n’y ait pas seulement un résultat, il faut que l’objet parle. C’est un espace à disposition des académiques au sens large, qui peuvent également s’en servir comme showroom. Il y a un projet qui s’appelle SenseCity qui est un projet de réalisation de maquette de ville, de deux bâtiments à grande échelle, mis sous cloche, équipés de capteurs etc. L’idée c’est que ça puisse rendre, grâce aux capteurs, des données de flux en situation, pour alimenter les programmes de recherche. Les partenaires académiques sur ce projet là ont un mal fou a expliquer en quoi ça consiste. Il faut d’abord manger 40 pages de PowerPoint avant de comprendre qu’il y aura bien une maquette à l’échelle 1/3 etc. il y a le concept avant le concret. On leur a proposé de venir montrer leur maquette dans le laboratoire Ville Durable et ça leur permettrait de discuter avec des directeurs scientifiques pour mieux expliquer leur programme et obtenir des financements. Car eux aussi en ont besoin. Tout ça pour toucher et même exposer des entreprises ayant déjà mis sur le marché des innovations de Ville Durable, si possible des entreprises du territoire, on peut élargir le territoire à l’Île-de-France. Toute cette programmation, c’est pour le public et le privé. Dernier élément de programmation, on avait appelé ça « nouveaux services urbains ». L’idée est de mettre là dedans de la conciergerie urbaine, des espaces de coworking, du FabLab, d’y faire la commercialisation de l’abonnement du projet de plateforme écomobilité MopEasy car la plateforme existe mais les abonnements ont peine à décoller. Si vous voulez, dans la programmation telle qu’elle était prévue initialement, on avait bien des activités à caractère public ne rapportant rien, mais utiles. Et puis des activités destinées à permettre à ceux qui ne sont pas encore là de venir s’implanter – les entreprises Ville Durable. Et enfin des activités générant un petit peu de recettes pour essayer d’équilibrer le compte d’exploitation. Au départ c’était intégré. Maintenant la réalité fait que la partie « nouveaux services urbains » s’est réduite comme peau de chagrin. Alors, pour des bonnes raisons aussi. La question s’est posée à un moment d’installer le FabLab Descartes dans la Halle, mais c’était des machines chères et la Halle une structure fragile et vandalisable, même si on a de la vidéosurveillance et du gardiennage. Ensuite les machines du FabLab sont potentiellement dangereuses et donc incompatibles avec la présence d’un public, où n’importe qui pourrait détériorer ou


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se blesser par mégarde. Ce fut une grande déception pour le porteur du projet de voir que la Halle ne pouvait pas l’accueillir. Il s’agissait de Gérard Eude qui est à la fois VicePrésident en charge des affaires économiques de la Communauté d’Agglomération du Val-Maubuée et Vice-Président des affaires économiques du Conseil Général. Donc lui, il est placé sur ces deux échelles. Le projet de Halle l’intéresse beaucoup moins du coup, il avait rêvé d’y mettre son FabLab et ce n’est pas possible. Ensuite les espaces de coworking, il y a eu plusieurs éléments, une étude de marché réalisée par l’équipe à l’EPA qui constate que ce n’est pas rentable aujourd’hui, personne ne viendrait aujourd’hui, depuis la gare, s’arrêter dans un bureau de passage à cet endroit là. Il n’y pas les flux et la densité qu’il faut. L’Université a développé des projets sur les neuf derniers mois qui répondent à ces besoins là. A.E : Notamment la Maison des Étudiants ? A-C.S : Alors, il y a la Maison des Étudiants, il y a un espace numérique qui a été conçu, ils ont trois ou quatre lieux qu’ils souhaitent transformer pour en faire des tiers-lieux. Dans ces lieux là on va retrouver des éléments qui relèvent du coworking et des choses qui relèvent de la restauration. Donc cette partie « nouveaux services urbains » s’est beaucoup réduite mais il reste tout de même les abonnements à l’écomobilité mais que l’on peut également ranger dans la partie Showroom Ville Durable. Concernant la restauration, on avait imaginé des cuisines avec acheminement d’ingrédients cultivés localement, etc. on n’aura jamais les moyens de se la payer. C’est trop d’investissement, et la solution qui a fini par émerger consiste à considérer que les food-trucks qui ont été la première action réalisée sur le site, pourraient être à proximité de la Halle, deux ou trois, et dédier un espace de la Halle à la convivialité pour pouvoir manger sur place. Ce n’est pas aussi grandiose que ce qu’on avait imaginé au départ, mais c’est peut être comme ça que ça pourrait commencer, quitte à le pousser après. Pour l’instant, les food-trucks sont faciles à mobiliser et c’est la Mairie qui gère les autorisations et qui encourage la diversité de l’offre restauration du quartier. L’Université elle-même pourrait dans quelques années accueillir une restauration, une solution conviviale simple. Je vous laisse peut-être dérouler vos questions. En fonction de celles que vous me posez ou pas, je vous raconterais une dernière chose qui pour moi résume bien la façon dont on a appris sur le projet et la façon dont le projet pourrait continuer à évoluer à l’avenir dans sa quatrième phase quand Camille ne sera plus là. A.E : Il me semblait, d’après les autres acteurs, que c’était l’EPA et la Mairie qui avaient demandé l’étude au DSA. A-C.S : C’est possible, comme je n’étais pas encore à l’EPA et que le chef de projet travaille maintenant sur un autre projet, je ne saurais pas vous dire, mais c’est bien possible. Confirmez le moi, ça m’intéresse. A.E : J’ai entendu parler du programme I-SITE, mis en place par le gouvernement en partenariat avec l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). Est-ce que le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes a pour vocation à répondre, voire remporter les subventions offertes par ce programme. A-C.S : Bien sûr. A.E : Est-ce que c’était prévu en amont ou est-ce que c’est arrivé après, comme une opportunité ? A-C.S : C’est venu après comme une opportunité, très clairement. Je vais peut-être vous raconter l’histoire de la recherche de financements. Depuis que Camille est à l’UPE, la phase trois, le projet de Halle a connu plusieurs phases. Une première, où Camille a


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dessiné la Halle cible, 800m2 avec la programmation qui se voulait flexible dans l’espace et évolutive dans le temps. Tout le monde a été séduit et nous avons fait un premier chiffrage, qui fait ressortir le tout à 650 000€, je crois. L’EPA ne finançant qu’une partie de tout ça. Ce qu’on s’est dit durant cette première étape, c’est qu’il s’agissait quand même d’un équipement à vocation publique. Nous avons fait le pari qu’il fallait aller chercher les financements d’investissement de la Halle auprès d’acteurs publics. La Ferme du Buisson nous avait indiqué que la Région avait un fonds dédié aux questions d’animation, nous sommes donc allés la voir en exposant le projet. Elle nous a dit de déposer un dossier en faisant attention de bien prendre en compte l’existence du projet de la Maison des Étudiants, lui-même déjà financé par la Région. La personne avec laquelle on a discuté nous a dit qu’on pourrait envisager 100 000€. Ce qui était plutôt optimiste. Au début du mois de juillet on a appris de manière non officielle que la Région ne financerait pas. L’explication donnée étant qu’elle finançait déjà beaucoup de projets à la Cité Descartes. Ils auraient pu nous le dire dès le départ, ça nous aurait évité des démarches. Mais ça a permis de nourrir le projet malgré tout, malgré la consommation de temps et d’énergie. En parallèle, nous sommes allés voir la Communauté d’Agglomération (CA) du ValMaubuée avec Bernard Dizambourg d’UPE, le Directeur Général Adjoint d’EPA Marne à l’époque, Camille, le chef de projet, etc. C’était juste avant les élections. Ils nous ont dit que le projet était intéressant mais qu’il fallait revenir après les élections. Il se trouve que dans le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes, la Halle n’arrivait qu’en quatrième position des actions prévues. Juste après les élections, nous avons sollicité la CA du Val-Maubuée dont les présidences avaient changé, pour Bellastock et « Cultiver son Campus ». C’était les choses qu’il fallait engager tout de suite. Et là, on nous a proposé un financement 50/50 ou 45/45 entre eux et nous, avec 10% qui serait financé par collecte auprès des membres d’UPE. Donc les projets supposés collaboratifs ont été financés à 100% par l’EPA. Derrière ça, au mois de juillet, une demande a été relayée par l’intermédiaire de Gérard Eude sur le thème de la Halle. Donc on s’est dit que finalement s’ils n’avaient pas aidé pour les premiers projets, c’est qu’ils se réservaient pour la Halle. Ce que je pouvais comprendre. Et puis là aussi ils ont fini par se rétracter, mais pas officiellement. Seine et Marne Développement, l’agence économique du Conseil Général (CG), avait un petit peu d’argent à mettre sur la table, mais ne pouvait l’engager que si la Communauté d’Agglomération donnait elle-même son financement. Donc à la fin de la première étape du projet, on a fini par comprendre que nous n’allions jamais pouvoir financer ces 650 000€ avec des fonds publics, contrairement à ce qu’on avait imaginé au départ. La deuxième étape commence, le Directeur Général de l’EPA dit « puisque c’est comme ça, étant donné que le projet à la forme d’une Halle, on va en faire un projet modulaire ». L’EPA avec sa mise financera un premier module et on s’assurera, dans le cahier des charges donné à la maîtrise d’œuvre ou à l’entreprise, que la suite soit évolutive. On a donc travaillé à la modularité du projet avec deux objectifs. Le premier était d’approcher un budget plus raisonnable que ces 650 000€, pour montrer à la CA et à Seine et Marne Développement qu’avec leur concours on serait en mesure de sortir un projet commun modulaire intéressant. Le deuxième était de garantir l’évolutivité , que l’on puisse atteindre la Halle cible de 800m2 par étapes successives. Qu’est-ce qu’il s’est passé à ce moment là, dans cette phase là ? On est allé voir un fournisseur de serres ERP, par l’intermédiaire d’un prestataire qui nous accompagne. Le fournisseur nous a annoncé que ses prix commençaient à partir de 2000m2 de


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serre. Après discussion, « Cluster Ville Durable », « démonstration », etc. le fournisseur a compris que le projet pouvait être intéressant pour lui également, et a réfléchi à une solution. Il nous a proposé de commander toute l’ossature métallique de la Halle, le montage et un premier module en clos couvert afin de nous garantir que les modules suivants, montage et démontage, ça sera chez nous. On a commencé à travailler dans ce sens, et après une étude on a pu identifier une solution à 200 000€ pour 120-150m2 . On en a ensuite parlé à Gérard Eude, qui à cette époque là nous a demandé d’héberger le FabLab. On lui a dit tout de suite que ça semblait compliqué. Le financement public complémentaire qui pouvait être apporté semblait compromis. De plus, le fournisseur de serres a fini par nous dire que la solution qu’il avait proposée n’était pas réaliste. Le fait d’avoir une ossature métallique à nu rendait la Halle trop vandalisable. Ils avaient des expériences où la structure était démontée et volée durant la nuit. Ça a tué un peu le projet, et on s’est même demandés s’il ne fallait pas arrêter de travailler sur ce sujet, car il était trop consommateur de temps et d’énergie. On s’est dit deux choses. Dans un premier temps, on s’est dit qu’on avait sans doute mal pris le problème de recherche de financement. Les nombreuses personnes et organisations que Camille avait vues exprimaient vraiment de l’enthousiasme pour ce projet. En même temps, elles ne donnaient rien. On s’est dit que ce qu’il fallait qu’on recherche, ce n’est pas qu’ils viennent financer une partie des 650 000€ mais qu’ils deviennent partenaires de la Halle. Le partenaire peut contribuer de différentes manières. Il peut effectivement contribuer au budget d’investissement mais aussi en donnant un morceau de Halle. Par exemple, des panneaux photovoltaïques qu’on pourrait installer en toiture ou des ouvrants qu’on peut installer sur la structure. Il peut également contribuer au budget d’exploitation soit de façon monétaire, soit en nature. Il y a trois écoles autour de la parcelle triangle qui gèrent leur propre sécurité. L’une d’entre elle peut contribuer à l’exploitation de cette Halle en aidant à la sécurité. On s’est dit qu’un partenaire pouvait contribuer en apportant du contenu à la Halle, dans le Showroom ou dans le laboratoire Ville Durable. Ça aussi c’est une manière de contribuer, la Halle n’est pas seulement une coque mais c’est un contenu ; et c’est peut être ça qu’il faut vendre à nos partenaire. Et l’intérêt pour un contenu pourrait les faire réfléchir sur le financement du contenant. Camille a retravaillé sur un document de présentation du projet, orienté recherche de partenaires. Avec Bernard Dizambourg, elle a mené de premiers entretiens dans cet esprit là, même chose côté EPA. Pour l’instant, on a approché deux acteurs du secteur privé. C’est une approche qui parle mieux. Pour l’instant, ça ne nous a rien rapporté financièrement mais c’est une nouvelle façon d’aborder le projet. Dans un deuxième temps le fournisseur de serres a continué à réfléchir et nous a dit que la réponse à des équations budgétaires insolubles, c’était peut être d’abandonner l’idée d’être propriétaire de ce bâtiment. Et c’est vrai, il est éphémère nous n’aurions pas su quoi en faire dans trois ans. Il faut également envisager de la location. Le fournisseur de serres a également des clients dans l’évènementiel capables de monter de la serre ou du chapiteau. Dans cette troisième étape, en parallèle de cette recherche de partenaires, on a engagé un dialogue avec un organisateur d’évènementiel pour obtenir des devis. Et là, on commence à se rapprocher d’un premier module de 300m2 pour un an et qui pourrait être finançable par l’EPA seul et servir de démonstration avec des contenus qui seraient apportés gratuitement par le contributeur. Ça pourrait commencer à faire vivre le projet et donner envie à d’autres de payer 50 000€ pour ajouter 3 mois à la


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Halle ou pour ajouter de la surface. C’est comme ça qu’on a relancé le projet. On verra si ça fonctionne. Ce qui est bien, c’est qu’on s’est donné un délai qui est le printemps 2015 et si on ne réussit pas à tenir le délai, le projet n’existera plus. C’est intéressant d’avoir un projet par le délai car c’est quelque chose qui motive les différents acteurs et qui motive à trouver des solution – comme la location. A.E : Qui réclamerait le financement I-SITE, vous ou l’Université ? A-C.S : Ça serait l’Université, UPE. Et ça serait une contribution au budget d’exploitation, qui à ce jour n’est pas du tout financé. Si ça se trouve, on va boucler le budget d’exploitation sur des montants qui ne sont pas anodins; il y a des recettes prévues mais on voit bien que dans un premier temps, pour amorcer la pompe, tout ça ne pourra fonctionner qu’avec des gens qui viendront installer leur scénographie gratuitement. Les premières entreprises, on ne pourra pas les faire payer. Les suivantes peut-être. A.E : Concernant les liens entre acteurs et la mise en œuvre du projet. Les réunions se sont passées comment entre l’EPA et UPE, comment les acteurs sont rentrés progressivement dans le projet ? A-C.S : Si vous avez posé la question à Camille, c’est sa réponse qui fait foi plus la mienne. Même si du côté de l’aménageur on l’a beaucoup soutenue, c’est elle qui y a passé le plus de temps, elle est Chef de Projet. Durant sa phase d’incubation à l’EPA, en dehors des réunions avec la CA que j’ai évoqué et les présentations formelles du projet, auprès de la Mairie de Champs-sur-Marne également, il y a un an maintenant. Camille a plutôt fonctionné en réunions en tête-à-tête avec les acteurs. Quand il s’agit de rencontres exceptionnelles, nous y allons à plusieurs, à la Ferme du Buisson par exemple. Après, c’est plutôt elle qui a géré les rencontres et fait évoluer le document. Une des faiblesses du projet – est-ce que c’est une faiblesse, je ne sais pas vraiment – est dans la question de sa gouvernance. On s’est retrouvé avec un ensemble d’acteurs, tous intéressés par le projet de Halle mais aussi par le Plan d’Action en général, qui voulaient tous être autour de la table. Le choix qui a été fait par UPE dans un premier temps a consisté à dire, sont présents au comité de pilotage ceux qui ont contribué financièrement au projet. Ce qui veut dire que la CA et le CG ne sont pas présents au Comité de Pilotage. Ce qui pose un problème et en même temps ils représentent les acteurs qui ne sont pas encore là : les entreprises et les investisseurs. Du coup, il y a une organisation un peu parallèle qui s’est mise en place entre ces acteurs là autour de la thématique de développement du Cluster Ville Durable et qui parfois travaille sur le même sujet. Ce qui est très intéressant avec le Plan d’Action et le projet de Halle, c’est que ça permet de faire émerger des lignes de tensions utiles, et qui correspondent à des choses qui doivent être résolues. On n’y est pas encore tout à fait en terme de gouvernance. On a du vous le dire, le Comité de Pilotage pour le Plan d’Action pour l’animation de la Cité Descartes s’est réuni une fois en octobre, ça devrait être à nouveau le cas en janvier. Sont invités autour de la table tous ceux qui ont contribué au financement du poste de Camille, à la réalisation d’un des projets qui se sont déjà concrétisés. Ce qui veut dire que la Mairie de Champs-sur-Marne était présente car ils ont contribué au projet de Food-trucks, même si Camille vous dira que c’est elle qui a fait 95% du travail. Mais la Maire a soutenu le projet ce qui est un élément important. C’est une approbation politique qui a été donnée. Voilà. À la lumière de tout ça, les choses devraient évoluer dans le bon sens. C’est ça la réalité des gros projets sur le terrain avec les initiatives.


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A.E : Et du coup, entre un projet de Halle où il y a beaucoup de gens qui veulent se mettre autour de la table, le projet des Food-trucks qui est voué à continuer autour de la Halle, quel est le statut des projets de Bellastock et de Wagon ? A-C.S : Écoutez, Bellastock on va dire que c’est un projet que Camille a dû présenter comme un projet avec des saisons. La saison 2014 est terminée avec un projet livré, qui plait beaucoup à la Maire de Champs-sur-Marne d’ailleurs. C’est bien, on voit que ça comment a être utilisé, il y a souvent du monde sur le mobilier urbain. Il y a le colloque DreamCity qui s’est tenu en novembre et à cette occasion là il y avait plein d’hommes d’affaire. C’était amusant de voir ces personnes déjeuner sur ces installations en extérieur. Ça fonctionne très bien avec les étudiants, bien sûr. Je pense que la saison 1 est terminée. Le souhait de tous les acteurs est qu’il puisse y avoir une saison 2 en 2015, mais ce n’est pas l’EPA qui va le financer. Donc là, il faut qu’il y ait un nouveau projet proposé et une recherche de financement. Bellastock a été particulièrement en dessous de tout dans la recherche de financement. Je pense qu’ils savent faire des choses formidables. Dans un premier temps, nous les avions laissé faire,et ils avaient envoyé un courrier à l’ancien Directeur Général de l’EPA qui était juste ni fait ni à faire, « voilà, on est Bellastock, on a un projet », cinq lignes de descriptif, « le budget c’est tant et on vous demande tant ». Je crois qu’on les a arrêtés juste avant qu’ils envoient le même type de courrier à la CA. La suite du projet est voulue, le bilan qui a été fait est positif. Je pense que s’il y a un nouveau projet, UPE s’arrangera pour qu’il soit intégré à un cursus pédagogique dans certaines écoles. Il va s’institutionnaliser. Reste la question des recherches de financements. Le projet « Cultiver son campus », là aussi dans la façon dont il a été conçu par Camille et Vincent Danguy, c’est aussi un projet à saison, dont une grosse partie a été réalisé. On attend le printemps pour que cela se déploie. Les suites prévues, c’est de cultiver ailleurs, notamment les parvis – celui de l’ENPC/ENSG et de Copernic. Aujourd’hui, Camille a évoqué cette possibilité avec des interlocuteurs des écoles, ça n’intéressait personne. Il n’y a pas d’argent etc. etc. Mais je crois plus à la possibilité d’ajuster la saison 2 et d’ajuster le financement pour la partie « Cultiver son campus » que pour Bellastock car c’est plus facile. Je suis persuadée que la thématique du végétal et l’aménagement de l’espace public ouvert, elle, livre directement du bénéfice « qualité de vie » qui va plaire à tout le monde. À l’ENPC, la nouvelle Directrice de l’enseignement est l’ancienne Directrice de l’école de paysagisme de Blois. J’espère qu’elle saura pousser en faveur d’un projet de ce type là devant l’École des Ponts, là où jusqu’ici Camille a échoué. Et ça aussi, ça va être repris par UPE dans la gestion, c’est eux qui porteraient. L’EPA pourra apporter un soutien technique. Je pense que ce projet là a été conçu pour pouvoir se déployer progressivement à différents endroits. Après, il a suscité différentes réactions, extrêmement vives de la part des acteurs au contact des promoteurs, des investisseurs et des entreprises. Ils nous ont dit en gros, « vous allez nous planter des choux et vous pensez qu’on va attirer les investisseurs de la Cité Descartes avec des choux ». On a eu ce genre de discussions oniriques. A.E : Vous avez beaucoup été critiqués ? A-C.S : Oh oui. Je pense que là aussi c’était une discussion intéressante, peut-être que la première esquisse des paysagistes allait un peu trop loin dans la plantation des espaces verts à cet endroit là. Mais ça continuera à avancer. La seule difficulté sur un sujet comme ça c’est que dans le monde académique de la Cité Descartes et du Cluster Ville Durable, il y a plein de métiers représentés mais pas directement d’école de paysagisme. C’est en allant chercher les compétences côté étudiant et côté enseignant


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qu’on pourra venir alimenter le moteur à fabriquer des projets en plusieurs saisons, sur plusieurs années. Je crois beaucoup au fait que ça soit des acteurs académiques et les salariés déjà installés qui soient à l’origine des projets d’animation. Mais pas la CA, ils sont incapables d’imaginer des projets qui correspondent à des besoins locaux. A.E : Ce sont les initiatives de gens sur place qui sont à encourager. A-C.S : Exactement, en lien avec les habitants. A.E : Comment se sont passées les réunions avec ceux que Camille appelle les entrepreneurs ? Avec Bellastock ? A-C.S : Je n’étais pas présente lors des réunions avec Bellastock, c’est Vincent Danguy, ancien chef de projet de la Cité Descartes et un paysagiste de l’EPA qui ont accompagnés Camille dans les réunions avec Bellastock et Wagon. Mais ne je peux pas vous dire. La seule chose que je sais, c’est que les réunions avec Wagon, les paysagistes, c’est un peu « business as usual » pour les équipes de l’EPA: des paysagistes, il y en a sur pas mal de projets. Le sujet était peut-être un peu plus sympa, avec peut-être un peu plus de marge de manœuvre et de créativité que d’ordinaire, mais pas quelque chose de complètement nouveau. Pour Bellastock, c’est un peu différent. Ce que je sais, car j’étais un peu en relecture des documents après ou avant les réunions, encore une fois, c’est qu’ils ont été peu professionnels dans la manière d’aller chercher des financements. L’impression qu’ils m’ont donnée c’était « ah oui, on a entendu dire qu’à Marne-la-Vallée, il y a l’EPA et que c’est la poule aux œufs d’or, donc on a frappé à la porte ». Donc voilà, bandits manchots, jackpot, l’argent va couler. Quand il est apparu clairement que la Communauté d’Agglomération ne financerait pas sa part, nous avons discuté avec Vincent Danguy et on en a conclu qu’il fallait réduire la taille du projet pour qu’il entre dans le budget, sans trop le dénaturer. Je vous dirais sincèrement : heureusement qu’à l’EPA personne ne s’est penché très sérieusement sur ce budget avant et après. Parce qu’au fond, je ne suis pas sûre qu’on en aurait eu beaucoup plus pour le budget précédent. Je ne suis pas sûre qu’on aurait eu beaucoup plus de qualité en livrable si le double du budget avait été investi sur Bellastock. Je sais bien que ça aurait permis de mobiliser plus d’équipes, etc. Mais en plus si je raisonne en tant que représentante de Maître d’ouvrage, dont l’objectif au final est d’obtenir un livrable qui a vocation à vivre, à ne pas trop se dégrader, qui voit un événement d’animation sur lequel on peut faire un peu de publicité, de voir un chantier participatif qui pourra peut-être donner d’autres idées de chantiers de ce type là, je ne suis pas sûre qu’on ait eu quelque chose de deux fois plus percutant avec le double du budget. La même chose s’est produite avec Wagon, mais ils sont plus professionnels. Ils sont dans le marché. Je vois mieux la différence entre l’avant et l’après du projet Wagon. Mais encore une fois, il y avait changement de direction générale à l’EPA et il faut saluer que malgré ce changement, l’ancienne équipe et la nouvelle équipe ont accepté d’engager des financements sur ces deux actions. Personne n’est allé regarder de trop près ces projets réduits. Mais si quelqu’un l’avait fait, il aurait peut être dit « les cocos, la prochaine fois, vous négociez plus serré dès le départ parce qu’au fond le bon projet, c’est le projet à 50% du budget. Voilà. Ces réunions là, je pense qu’elles ont été un peu rock’n’roll avec Bellastock. Même si sur la partie conception du projet, ils ont été moteurs, ils ont apporté des choses du point de vue de l’EPA et d’UPE, nous étions d’accord avec le projet proposé, on le trouvait très intéressant. Lorsque l’on a basculé dans la préparation de la mise en œuvre opérationnelle ça a été plus compliqué à cause de cette recherche de financement.


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A.E : C’était surtout le financement qui a posé problème ? Dans la relation que vous avez eue avec eux aussi ? A-C.S : Écoutez, je ne sais pas, il faut demander à Camille mais je pense qu’il n’y a pas de problèmes. C’est un projet ou tout le monde est très content. Alors que franchement les conditions météo n’étaient pas au rendez-vous, c’était héroïque. Ils sont revenus, ils sont restés plus longtemps pour livrer un produit vraiment fini. Ils ont réfléchi pour donner un petit coup de peinture rouge, ce qui a transformé la chose. Je suis venue le dimanche où il pleuvait très fort, et quand j’ai vu ce qui était en train de sortir de terre, j’étais un peu catastrophée. J’ai même espéré que le Directeur ne passe pas par là et qu’il ne vienne pas voir de peur qu’il dise « tout ça pour ça ». Mais ils sont restés et ils ont affiné le produit jusqu’à ce que ce soit admirable de qualité. C’était très bien, on est très contents. Mais dans la phase de préparation, il y a eu cette partie un peu difficile. On s’est presque posé la question de savoir comment ils avaient fait sur d’autres projets. Est-ce qu’ils avaient également collecté les financements de cette façon là, peut-être. Peut-être que l’époque, d’un point de vue budgétaire, était plus généreuse et que c’était plus simple. A.E : Ou peut-être qu’il y a eu un quiproquo, simplement, concernant les acteurs à qui demander les financements. A-C.S : Peut-être oui. Mais attendez, le résultat sur terrain et l’engagement, c’était très bien. Après je crois que la fête qui était prévue au mois d’octobre, elle n’a pas eu lieu finalement. A.E : L’inauguration du projet. Oui, d’ailleurs, pourquoi est-elle repoussée ? Qui est en charge de cette date ? A-C.S : Je ne sais pas. Les sujets qui sont en train d’être vus et dans le Comité de Pilotage pour l’Animation de la Cité Descartes et dans le Comité de Pilotage Cluster Ville Durable acteurs économiques, les deux se posent des questions de calendrier en parallèle et je pense qu’il y a un vrai travail de partage, par les différents acteurs, pour les évènements sur l’année pour que l’on puisse agglomérer différents événements, pour que ça soit plus intéressant. Ce processus là, il est en cours sachant que l’on n’est pas non plus à l’Opéra de Paris, le calendrier des évènements n’est pas publié des mois à l’avance. On sait à trois mois, de façon ferme, ce qu’il va se passer, et pour les hypothèses à horizon six mois. Et puis sur une année complète, on se souvient de ce qu’on a fait l’an dernier et on se demande si l’on va refaire les mêmes évènements. A.E : La saison 2, on en a un peu parlé. Mais justement, est-ce que à la base, je me suis demandé si vous comptiez sur la réputation de Bellastock ? Quand vous parlez de stratégie de marketing de territoire, est-ce que la manière de travailler de Bellastock et le « buzz » qu’ils font en ce moment, ça vous a amené à donner un coup de pouce au Plan d’Animation ? A-C.S : Je ne suis pas sûre de bien comprendre votre question. Ce qu’on a acheté en contractualisant avec Bellastock, c’est l’ensemble du produit/service, y compris le buzz qu’ils sont capables de faire en amont et après. Très clairement. Et c’est aussi le contenu. Mais si vous voulez, si votre question c’est ‘est-ce que Bellastock a inspiré tout le reste’ sans doute pas. C’est un élément parmi d’autres, un bon phare dans la nuit. Mais l’équipe qui était réunie à l’ENSAVT avait réfléchi à la manière de Bellastock. Conception-action, opération coup de poing, communication, organisation d’un événement en imaginant de quelle manière on peut capitaliser l’organisation. Bellastock était un très bon exemple des étudiants en école d’Architecture, ils le connaissaient bien, ils y étaient sensibles mais je pense qu’ils avaient eux-mêmes des réflexions un


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peu similaires. C’est ce qui a permis l’émergence des différentes actions qui constituent le Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes. La réputation de Bellastock a aussi aidé. Je regrette que les services de communication côté UPE, côté EPA n’aient pas pu plus communiquer en amont de l’événement, puis pendant et après. Mais la communication, c’est du temps, c’est un métier et tant à UPE qu’à l’EPA les calendriers sont déjà très chargés. Ce ne sont pas des équipes de dix personnes. C’est une à trois personnes dans les deux structures. Donc l’ensemble des acteurs de la Cité Descartes aujourd’hui n’a pas une fonction communication et organisation de buzz autour des évènements qu’ils sont en train d’actionner sur le territoire. Mais peut-être qu’il faut le faire. C’est aux différents acteurs de faire ça et il vaut mieux une dizaine d’initiatives pas forcément coordonnées mais qui travaillent toutes dans le même esprit plutôt qu’un plan communication centralisé assez illusoire. Aujourd’hui personne n’a les moyens de recruter un ETP supplémentaire en communication pour travailler juste là dessus. 1’51’’55 A.E : Justement, question temporalité je me suis posé la question si les laps de temps n’étaient pas trop courts pour que les gens du campus puissent aussi s’en saisir ? A-C.S : Si ce n’était pas des temps trop longs ? A.E : Trop courts, des temps de mise en œuvre trop rapprochés. Enfin je sais qu’avec Bellastock, ça représente neuf mois de travail, mais à quel moment le projet a été communiqué avec l’extérieur, avec les étudiants du campus. A-C.S : Il faut peut-être poser la question à Camille. Ils nous ont dit qu’il y avait eu des réunions de travail avec les étudiants et leurs représentants, au bout de deux ou trois mois il me semble, qui ont permis un premier cadrage du projet. Ça a permis de présenter le projet à des financeurs potentiels, voilà. Il me semble que le projet n’est pas sorti du bois chez les étudiants dans la toute dernière ligne droite mais quelque chose qui s’est étalé sur presque deux semestres. Mais c’est sûr qu’il y a une difficulté à organiser les temporalités des uns et des autres. L’été, c’est un moment magnifique pour les sujets d’animation. Il n’y a juste personne sur le campus. Il y a juste des salariés misérables qui ne sont pas en vacances, il y a des chercheurs, peu d’enseignants, quelques habitants. En été, il pourrait se passer beaucoup de choses mais sans le moteur principal, les étudiants, c’est dommage. Et tout ça rend complexe toute tentative d’implanter du service commercial à la Cité Descartes. C’est compliqué de bâtir un plan d’affaire sur neuf mois de l’année. Et encore, c’est moins de neuf mois quand on regarde le calendrier étudiant. D’où le souhait de tous les acteurs de faire venir petit à petit des populations d’entreprises privées qui elles, ont des horaires de présence plus étendues dans l’année et qui permettent d’équilibrer les plans d’affaire. A.E : Et est-ce que l’introduction de logements, tout simplement, ça ne permettrait pas de diversifier. Ou est-ce que ce n’est pas un objectif pour cet endroit. A-C.S : C’est une question qui est à l’étude. A.E : C’est ce que me disait un peu Audrey, qu’il y a un projet de résidence étudiante. Mais le problème reste le même. A-C.S : Tout à fait. A.E : Il y a peut-être plus de mouvements, mais toujours les mêmes périodes creuses. A-C.S : Exactement. Alors après on peut rêver encore plus loin en se disant que le moment venu, un campus peut aussi accueillir des étudiants l’été. Avec une offre de formation continue, avec des jobs d’été, de la formation au travail, rémunérateur. Et ça je pense que UPE et ses différents membres y pensent. Il faut qu’ils se saisissent de cette


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thématique d’animation. En plus, c’est aussi dans l’idée d’en faire un lieu vivant pour toutes les populations, si possible toute l’année. C’est compliqué. Dans le travail sur les innovations pédagogiques par exemple, ils réfléchissent aussi à la façon d’avoir des dispositifs qui permettent de créer des groupes de projet étudiants qui ne soient pas uniquement calés sur l’année universitaire, mais qui pourraient travailler en partenariat avec les entreprises en été. Dans leur réflexion sur les innovations pédagogiques, on commence à agiter des idées et à imaginer des outils. Derrière, ça a un impact sur l’animation toute l’année. Le logement familial en plus du logement étudiant, c’est un souhait que Maud Tallet a exprimé pour cet endroit là. Parce qu’elle voit le lien entre la possibilité d’avoir de l’animation en rez-de-chaussée que ce soit sur du service public ou du service commercial et la présence permanente des habitants, pas seulement sur deux semestres. A.E : Qu’est-ce que vous tirez de cette expérience ? C’est une question un peu personnelle. A-C.S : [Silence] Écoutez, je trouve que c’est un projet passionnant. Quand j’ai entendu parler du projet la deuxième fois – car j’étais à la soutenance – un mois après la restitution. L’idée était d’accueillir Camille en incubation à l’EPA. Je me suis rapprochée de Vincent Danguy et d’elle pour comprendre ce qui était en train de se concocter. J’avais oublié le thème très générique qui était effectivement de « donner le pouvoir aux usagers », voilà rien de tel que les petits projets d’aménagement éphémères, c’est l’avenir des parcelles en attente d’urbanisation et de commercialisation. Et ça rend service à tout le monde de les valoriser puisqu’il ne s’y passe rien. Donc j’avais cette idée là du projet. Que l’aménageur explorait tout le champ des possibles et il y a des possibles sur des parcelles dont il est propriétaire et qui sont en attente. J’ai découvert le projet en avançant, qu’effectivement le potentiel des possibilités d’invention, il est énorme et qu’il faut le mettre entre de nombreuses mains pour qu’il soit solide et intéressant. Ce que je n’avais pas soupçonné, c’est la difficulté qu’il pouvait y avoir à transformer les déclarations d’intérêt d’un certain nombre d’acteurs en manifestation d’intérêt sous la forme d’un partenariat, tel que je vous l’ai exposé tout à l’heure. Je n’avais pas imaginé que ce serait aussi difficile. J’imaginais bien que la recherche de financements serait complexe mais j’avais sans doute imaginé au départ que l’aménageur soit si généreux, mettant à disposition ses terrains ainsi qu’une somme d’argent conséquente suffirait à stimuler les autres acteurs. Et finalement, ça n’est pas du tout comme ça parce que les autres acteurs ne vont s’engager que s’ils identifient dans le projet des bénéfices très concrets qui leur sont propres. La Halle est devenue un peu la boite à rêve de tout le monde et peut-être qu’en terme de gestion de la temporalité du projet, on a peut-être laissé trop s’étirer la phase de rêve. On n’a pas terminé suffisamment tôt en marquant l’étape de la création partagée et le basculement dans une étape de réalisation partagée. C’est super intéressant, et la prochaine fois que je tombe sur un projet un peu décalé de ce type là, au lieu de cautionner une approche classique : on fait le dessin, la programmation, on va chercher le budget, etc. Et bien je penserai dès le départ : partenariat. Et je pense que si on avait eu cette approche là dès le départ, on aurait gagné du temps. Même si les nombreuses réunions d’émerveillement autour de la Halle étaient nécessaires. Je pense que cette phase des possibles est très importante pour le projet. Et Camille a très bien fait ça, elle avait cette capacité, après chaque rencontre, à faire évoluer le projet de Halle cible et sa programmation pour prendre en compte les remarques, objections, suggestions des uns et des autres, elle l’a très bien fait. Mais je pense que nous, collectivement, on aurait dû mieux anticiper cette espèce de rupture de phase. C’est toujours sympa d’apprendre en avançant. Et j’espère surtout qu’on


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va pouvoir inaugurer quelque chose au printemps. Et que ce quelque chose pourra commencer à fonctionner. Nous avons tous un peu repris espoir en entendant parler d’un projet qui s’appelle Proto104. C’est un projet qui a été monté entre autres par l’EP Saclay avec pareil, leurs acteurs locaux et un peu le même esprit. Mais là, ils avaient un ancien bâtiment industriel, une halle de stockage qui était désaffectée, ils l’ont en partie réaménagée a minima pour pouvoir accueillir des évènements. C’est pareil, c’est quelque chose qui s’est fait un peu avec des bouts de ficelles mais à partir du moment où ça a été inauguré, les acteurs locaux se sont vraiment emparés du lieu. Je crois qu’en l’espace de cent jours, il y avait pratiquement un événement tous les trois jours. Il y a eu un vrai engouement des acteurs. Il y a beaucoup de projets artistiques qui se sont exprimés là. L’espoir que j’ai, c’est qu’une fois la phase difficile d’installation d’un premier module et de mise en place de contenu est passée, qu’on puisse avoir ce même effet d’investissement du lieu par les différents acteurs, et qui feront vivre le lieu. Je pense qu’il y a la nécessité de donner à voir, à sentir, à toucher un lieu pour que les gens voient mieux comment se l’approprier. La phase esquisse, réflexion la programmation et les visuels qu’on fait ne suffisent pas. Je pense que les gens ont besoin d’être dans un lieu, de se promener à l’intérieur, à l’extérieur, de voir comment on va d’un point à un autre, de la Cité Descartes en passant pas la Halle, pour imaginer tous les possibles. A.E : C’est comme une recherche d’identité. A-C.S : Tout à fait. Voilà, je ne dirais pas que c’est que du bonheur, ce n’est pas complètement comme ça. En tout cas c’est très riche et intéressant. Et pour tout autre projet dans lequel je pourrais être impliquée, de type tiers-lieu, nouveau lieu, lieu ouvert, à l’avenir je pense que j’aurai en tête les facteurs clé de succès qui sont réutilisables. Le concept de halle est adapté au projet urbain de la Cité Descartes, à la présence du Cluster Ville Durable, il est contextualisé, il n’est peut être pas déplaçable et réutilisable ailleurs. Mais le processus de travail, lui par contre est réutilisable. A.E : J’ai un dernier exercice, qui consiste à élaborer un organigramme des acteurs du Plan d’Action pour l’Animation de la Cité Descartes. A-C.S : […] Alors il y a un quatrième financeur membre d’UPE mais je ne me souviens pas qui c’est. ESIEE, ENSAVT, IFSTTAR sont les co-financeurs du poste de Chef de Projet à la Cité Descartes, de Camille. Les partenaires approchés hors Cluster sont souvent des acteurs privés. Il y a en a un – que je ne veux pas nommer – qui a une opération à Marne-la-Vallée. Un second qui a également une opération à Marne-la-Vallée. Mais ce qui est intéressant c’est qu’ils en ont également hors de Marne-la-Vallée, intéressant pour le showroom Ville Durable. L’ENPC a commencé un programme « Showroom Ville Durable » avec ses étudiants, ils vont l’installer dans un espace au rez-de-chaussée de l’école et il pourra être déplacé dans la Halle dès qu’elle sera disponible. C’est un investissement significatif, je crois que les étudiants sont un à deux jours par semaine sur ce projet depuis la rentrée. C’est un vrai projet. On n’est plus très loin d’une contribution réelle de l’ENPC à ce projet de Halle. Ensuite on a la fameuse CA du Val-Maubuée qui a des relations avec la Mairie, l’UPE et l’EPA. Ensuite on a le CG 77 via Seine-et-Marne Développement, le volet économique. On est dans de l’emboitement d’échelle. Le travail de manière transversale a pourtant du mal à se faire. […] Il y a quand même un noyau dur d’acteurs publics. […] La Cité Descartes est un bouillon de culture. […]


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Il y a aussi MopEasy, qui est partenaire de l’EPA et des collectivités sur les plateformes d’éco-mobilités. Quand on leur dit qu’il faut un ‘corner’ pour qu’ils vendent leurs abonnements dans la Halle, ils ne peuvent pas être contre. […] Ça peut être un pop-up store. C’est compliqué cet exercice, parce qu’à la fois, on essaye de représenter un système de gouvernance, un collectif d’acteurs qui petit à petit fait émerger un projet collectif. Soit par des contributions positives soit par des coups de gueule, qui sont aussi utiles. Ça représente une attente qui n’a pas été prise en compte jusque là par le projet. Voilà. A.E : Merci ! A-C.S : L’UPEM a déjà commencé à récupérer des éléments de programmation de la Halle pour ses locaux. On en discutait avec quelques interlocuteurs qui nous disaient que c’est normal étant donné qu’il s’agit d’un projet ouvert, collaboratif. C’est normal que chaque acteur fasse du réemploi de bonnes idées. Après, il faut comparer projet contre projet pour voir ce qui peut être éventuellement mutualisé, ce qui peut être mieux dans un projet, ce qui a plus de sens, comment on se répartit les moyens. Peut-être que la vraie absence de financements y compris sur le budget d’exploitation de la Halle va mettre tout le monde d’accord. Car on va se rendre compte que pour faire fonctionner le projet de Halle, le projet de FabLab, le projet d’espace numérique, ne serait-ce que ces trois là, il y en a encore d’autres, il faut un commercial, il faut un responsable de site capable de faire une programmation évènementielle et il faut un responsable d’exploitation. C’est vrai pour les trois sites, donc autant mutualiser. La vraie bonne réponse pour pouvoir faire fonctionner ces différents lieux avec le peu de ressources dont on dispose, c’est de ne plus réfléchir sur les postes mais plus à mutualiser, à l’exemple de Camille. Peutêtre que le poste de Camille va être prolongé. Le souhait de Bernard Dizambourg est de pouvoir également reprendre un jeune diplômé de l’ENSAVT pour poursuivre dans cette direction là. Il pense même mettre en place un dispositif de parrainage entre l’ancien chef de projet et le nouveau. A.E : Ce qui est intéressant c’est de penser la reconversion de projet, qui a presque un statut de forum de campus. A-C.S : Oui, tout à fait, c’est un forum. Couvert et pas cher. Mais si ça atteint ses objectifs, pourquoi dépenser plus ? Peut-être que ce projet là aura permis de faire la transition entre une phase où il n’y a rien du tout à la Cité Descartes et une phase où les lieux de l’Université s’équipent et sont en capacité, pour partie, de reprendre une grosse partie des usages publics pendant que les nouveaux immeubles d’habitation sortent de terre et que les rez-de-chaussée prennent le relai. Peut-être que la Halle aura servi à ça. A.E : Et en même temps cette idée de centralité, ça donnerait plus l’idée de reconvertir la Halle en équipement. Qu’il y ait un jour de quoi pérenniser le projet et en faire un équipement multi-partenarial. A-C.S : Après, l’organisateur d’évènementiel est acteur du marché. Si le projet voit le jour, je serais eux, je suivrais de près la vie de cette Halle. Je proposerais moi-même un usage en proposant une programmation à d’autres acteurs en Île-de-France ou sur le territoire de Marne-la-Vallée. C’est un lieu qui va accueillir une succession d’événements et des laboratoires-expositions. Ça aura permis de tester des scénarios qui fonctionnent, ou pas, auprès du grand public ou des directeurs scientifiques. Cette Halle n’est qu’une manière d’agréger des événements ou de faire naître de nouveaux projets. Ça, je ne vous en ai pas parlé, mais on a aussi été amené à faire revivre d’anciens projets qui étaient morts et dont on se dit qu’ils peuvent trouver leur place sous la Halle comme


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élément de contenu Ville Durable ou de créer de nouveaux projets, avec un FabLab par exemple. On espère que la Halle va être un lieu qui va générer de nouveaux projets. Une sorte de pépinière. […] A.E : Merci pour votre temps, et pour le thé ! A-C.S : Avant que vous sortiez le document à d’autres qu’à vos enseignants, j’aimerais bien le relire. Vous le rendez quand ? A.E : Mi-février. Mais dans le fond, la publication en bibliothèque est facultative. A-C.S : Je veux bien le relire, car même si la publication n’est pas importante, on est dans un jeu d’acteurs qui bouge beaucoup. Il ne faudrait pas que la manière dont vous allez restituer l’histoire altère les relations. Il y a forcément un risque, soit parce que chacun a eu des expressions maladroites, soit parce que vous avez mis le doigt sur quelque chose qui est là, qui est vrai, mais qu’il ne faut peut être pas souligner. Ce n’est pas pour censurer, mais plus pour que tous les acteurs puissent s’y retrouver sans difficulté. Autrement, ça peut tuer le projet. A.E : Ce n’est pas le but. A-C.S : Ça, c’est le premier élément. Le deuxième élément, c’est que ça reste un projet innovant thématisé autour d’un Cluster Ville Durable. Donc il serait facile pour d’autres d’investir dans un projet identique plus noble et plus glamour. C’est un projet fragile, facilement reproductible tant qu’il n’est pas sorti de terre. Une fois qu’il sera sorti, il aura son identité propre. A.E : Normalement il est publié officiellement en septembre. Mais il est soutenu en interne début mars. A-C.S : D’accord. Et bien bon courage. A.E : Merci encore à vous pour votre temps. A-C.S : Merci à vous.


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