La Sentinelle Mai-Juin 2020

Page 1

La Sentinelle Mai - Juin 2020 - n° 03

Avant-Propos Périodique bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. Éditeur responsable : Yves Huwart - Bureau de dépôt : Alost X - P109013

Désinformation du CHOD ? le syndicat militaire


Avant-propos

Désinformation du CHOD ? AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | PRÉSIDENT

Le 10 juin, les syndicats et le Chef de la Défense ont conclu un accord concernant l’amélioration salariale des militaires. C’est la première étape d’un long processus pour supprimer l’écart salarial entre les militaires et leurs collègues des autres métiers de la sécurité. Cependant, la communication du CHOD qui a suivi cet accord interpelle. En marge de l’accord du 10 juin, un autre a été trouvé pour l’octroi des chèques repas, l’instauration d’une allocation d’éloignement en fonction des trajets entre le domicile et le lieu de travail ainsi que l’amélioration du remboursement des frais lors de missions temporaires à l’étranger. L’introduction de ces améliorations du pouvoir d’achat exige encore pas mal de travail administratif d’ordre réglementaire et prendra donc un certain temps. Nous sommes bien sûr satisfaits de ces avancées. D’autant que le syndicat militaire ACMP-CGPM s’est beaucoup investi dans l’alignement des salaires des militaires sur ceux des policiers et l’attribution des moyens financiers nécessaires pour y parvenir. La communication du CHOD concernant cette augmentation salariale nous satisfait beaucoup moins. Celle-ci sent en effet la désinformation à plein nez. Dans le ‘Flash Défense’ N°9, le général Compernol écrit que les résultats de ces travaux seront présentés au ‘prochain’ gouvernement, ce qui n’est pas correct !

2

La Sentinelle

Sur demande explicite des syndicats et après que ces derniers aient insisté, la référence à un ‘nouveau’ gouvernement – et donc de facto à un ‘prochain’ gouvernement – a été supprimée de l’accord sur l’amélioration salariale conclu entre les syndicats et le CHOD le 10 juin. Précisément afin d’éviter que l’augmentation de votre salaire soit remise aux calendes grecques. Si par exemple de nouvelles élections fédérales devaient avoir lieu en automne et que la formation d’une majorité gouvernementale prenait autant de temps comme cela s’est produit il y a 13 mois, cela signifie que la première amélioration salariale ne pourrait pas se faire selon le calendrier prévu mais qu’elle serait reportée à la semaine des quatre jeudis. Faire référence au prochain gouvernement est totalement incorrect. Si c’est délibéré, cela revient à renier sa parole. Dans ce cas, le général Compernol violerait même l’accord. Par ailleurs, le syndicat militaire ACMP-CGPM se demande pourquoi le ‘Flash Défense’ contient

tant d’oublis concernant le contenu exact de l’accord sur l’amélioration salariale. Les accords conclus dans ce dossier concernent en effet bien plus que simplement le ‘way ahead’ mentionné dans le document. Nous comprenons qu’il est prématuré de publier des montants, la feuille de route ou le trajet de croissance puisque ces derniers doivent encore être finalisés. Mais nous ne pouvons pas comprendre pourquoi la communauté militaire ne peut pas être mieux et complètement informée de l’intention et de la portée de cet accord. Pourquoi en 2020 les militaires doivent-ils encore être traités de façon aussi paternaliste ? Ou, estce que l’autorité aurait un autre agenda qu’une solide amélioration salariale pour les militaires ? Voudrait-elle endormir la communauté militaire avec de fausses promesses en matière de salaires ? L’avenir nous le dira. 


La Sentinelle Mai - Juin 2020 - n° 03

Photo : Airbus

Colophon

2

Désinformation du CHOD ?

La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres.

4

Une bonne Défense contre le Covid-19

6

Ce n’est pas un scoop, la Défense recrute des candidats militaires !

8

Le travail de l’ombre : la négociation

Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992 & GDPR). Éditeur responsable : Yves Huwart Coordination : Concetto Bandinelli et Laurent Schmitz Informations générales – CGPM : Romboutsstraat 1 – Bus 021 1932 Zaventem srt@acmp-cgpm.be www.acmp-cgpm.be Tél. : 02 245 72 14 Fax : 02 245 73 01

BE32 2100 6234 6602 BIC : GEBABEBB

10

Scramble !

14

Règlement collectif des dettes

16

Transport de munitions : cela peut aussi vous arriver !

18

Ready for Take-off !

BE57 0682 3639 9535 BIC : GKCCBEB

Photo couverture : Vincent Bordignon

Facebook “f ” Logo

CMYK / .ai

Facebook “f ” Logo

CMYK / .ai

Rejoignez-nous sur Facebook EUROMIL

European Organisation of Military Associations

La Sentinelle

3


Bien-être

Une bonne Défense contre le Covid-19 Lors du Haut Comité de Concertation (HCC) ‘Bien-être’ du 7 mai dernier, l’État-major a informé les syndicats des plans de la Défense dans le cadre du Covid-19. Même si tout n’est pas encore connu et vu les incertitudes qui entourent l’évolution de la maladie, certaines pistes sont d’ores et déjà fixées. Avec les plans dévoilés début mai, l’État-major se penche sur la reprise des activités, jusqu’au retour à une nouvelle situation ‘normale’. Le trajet envisagé repose sur la coopération de tous les acteurs de terrain, avec un rôle important attribué aux syndicats dans la stratégie de reprise. En effet, les partenaires sociaux sont encouragés à contribuer au processus. Le HCC du 7 mai s’est d’ailleurs terminé par un avis positif unanime des partenaires sociaux. Cela ne signifie pas que les syndicats donnent carte blanche aux autorités. Au contraire, l’ACMP-CGPM compte bien jouer pleinement son rôle de représentant du personnel. Notamment en assumant sa fonction de ‘sonnette d’alarme’ et en interpellant le commandement si nécessaire. Car entre les plans établis à Evere et la réalité des centaines de kilomètres plus loin, il y a parfois de grosses différences. Déjà, nous avons constaté que certains chefs locaux ont une interprétation très créative des directives. Il existe également des disparités importantes entre les unités. Là où certaines ne semblent pas avoir de mal à déployer l’infrastructure et les moyens pour combattre la maladie, dans d’autres il faut se battre pour obtenir du savon. La présen-

4

La Sentinelle

tation du général Thys, ’patron’ de l’équipe de transition, faisait d’ailleurs spécifiquement référence à la mentalité ‘Can-do’ des militaires belges. Cette ‘tradition’ voulant que l’objectif soit atteint, quitte à contourner les règles pour pallier le manque de moyens, devra être freinée, au même titre qu’une trop grande réticence envers les risques calculés. La difficulté sera d’obtenir que chaque échelon applique les mêmes règles, le même équilibre entre immobilisme et danger. Priorités Les priorités définies dans le plan de relance mettent bien sûr les opérations dans la case ‘Mission

Essential’. Cet aspect du travail n’a d’ailleurs jamais cessé à la Défense. On trouve aussi dans les activités essentielles le recrutement, la sélection et la formation de nouveaux militaires. Ce n’est pas étonnant car il s’agissait déjà d’une priorité avant la pandémie. L’armée a désespérément besoin de personnel pour compenser les nombreux départs, ce n’est un secret pour personne. Assurer cette mission sera probablement le défi le plus difficile à relever car la nature même de l’engagement de nombreux militaires va à l’encontre de beaucoup de mesures de prévention, en particulier la distanciation sociale. L’État-major a calculé que les écoles et unités pourraient assurer seulement un tiers à un quart 

Photo : Vincent Bordignon


 de l’occupation normale si elles appliquent les mesures de prévention dans la situation actuelle. Ce n’est pas acceptable car il est déjà clair qu’il faudra maintenir ces mesures pendant plusieurs années ! Des changements draconiens sont donc nécessaires et les autorités semblent prêtes à dégager les moyens requis pour y arriver. Quoi qu’il en soit, la priorité n°1 est l’engagement des cadres, officiers et sous-officiers temporaires et de carrière, qui doit impérativement atteindre les objectifs ‘pré-Covid’. L’engagement des Volontaires temporaires se fera au maximum des capacités restantes. Pour rappel, il n’y a plus d’engagement externe de volontaires de carrière depuis des années ; la Défense n’incorpore plus que des BDL. La mise en place de mesures de prévention crédibles n’est pas seulement nécessaire pour protéger les instructeurs et les élèves mais aussi pour convaincre les candidats qu’ils ne risquent rien en s’engageant. On peut imaginer que les parents qui confient leur fils ou leur fille à la Défense ne verraient pas d’un bon œil qu’ils partagent un dortoir et une douche pour 20, comme cela se faisait auparavant… Reprise par étapes Le plan prévoit une reprise graduelle, par étapes, en fonction de l’évolution de la maladie et des résultats obtenus sur le terrain. Ce processus itératif sera dirigé depuis une nouvelle ‘cellule de supervision et de contrôle’ selon le principe bien connu ‘PDCA’ (Plan Do Check Act). Dans un premier temps il est clair que la capacité d’accueil et de formation des nouveaux militaires

sera limitée. Il faut par ailleurs s’attendre à un taux d’attrition élevé avant même l’incorporation. En effet, certains candidats dont la session a été reportée depuis mars ont peut-être entre-temps changé d’avis ou trouvé un autre emploi. À côté des cours donnés aux nouveaux militaires, il faudra aussi assurer la formation continuée du personnel existant. Pilotes, chauffeurs, techniciens et spécialistes sont indispensables au bon fonctionnement de la Défense. On ne peut reporter indéfiniment ce type de formations. Certaines qualifications n’ont d’ailleurs qu’une valeur limitée dans le temps et nécessitent une mise à niveau ou un contrôle régulier. La priorité suivante porte enfin sur le travail quotidien des unités : exercices et manœuvres, travail sur le terrain, service aux ‘clients’ pour les unités administratives, logistiques et d’appui. Moyens simples Pour combattre le Covid-19, la Défense ne possède pas d’autres moyens que le reste de la société. À côté des masques et du savon, l’armée compte sur le dépistage et surtout sur une organisation spécifique et des règles simples. Dans certains cas on reviendra à des pratiques bien connues des ‘anciens’. Par exemple, le cours d’armement donné de nos jours sur PowerPoint dans une salle de classe bondée sera remplacé par une séance pratique par section en plein air, ou même dans un hangar ou une salle de sports si la météo ne permet pas les activités à l’extérieur. Comme au ‘bon vieux temps’…

Photo : Vincent Bordignon

Le syndicat militaire ACMP-CGPM assumera pleinement son rôle dans le processus de reprise de la Défense. En apportant un appui technique et des suggestions, en récoltant et en transmettant les informations reçues de sa base mais aussi en tirant la ‘sonnette d’alarme’ chaque fois que cela sera nécessaire pour protéger le personnel et assurer son bienêtre. Sans pour autant délaisser ses efforts dans le cadre de l’appui individuel de nos collègues en difficulté ou de la défense des intérêts de l’armée. Celle-ci a plus que jamais besoin d’obtenir les moyens qui lui ont été promis et nous veillons sans relâche à rappeler cette évidence aux autorités politiques. L’ACMP-CGPM n’a pas attendu pour appliquer elle aussi un plan de relance. Les efforts et investissements consentis dans ce domaine permettent à notre organisation d’être à nouveau pleinement opérationnelle. N’hésitez donc pas à faire appel à nous en cas de besoin. Ensemble, pour une Défense forte ! 

La Sentinelle

5


Statut

Ce n’est pas un scoop, la Défense recrute des candidats militaires ! Ils sont de plus en plus nombreux à pousser les portes de la Défense pour se lancer dans la trépidante vie militaire. Que cela soit pour un temps ou pour faire carrière, avant de pouvoir courir, il faut apprendre à marcher. Les recrues passeront dès lors quelques années (2, 3 ou 4 selon le type de recrutement) en formation. Nous avons posé quelques questions à l’un de nos délégués permanents, spécialisé en matière de droits et devoirs des candidats. Que doit faire un candidat qui rencontre un problème d’ordre professionnel ou privé ? En tout premier lieu, je lui conseille vivement d’en parler à son cadre instructeur tout en respectant la voie hiérarchique (Ex : Adjudant d’unité (CSM) puis le Commandant d’unité (CU) puis seulement après le Chef de Corps (CO)). En effet, tous les instructeurs et autres cadres sont formés pour lui apporter une aide précieuse de première ligne. Cependant, des doutes ou une incompréhension peuvent persister. C’est pour cette raison que notre syndicat est à son écoute à tout moment et pour n’importe quel type de problématique rencontrée. Si un candidat remarque qu’il n’a pas fait le bon choix de fonction, que se passe-t-il ? Le choix de fonction est un point crucial dans le bon déroulement d’une candidature militaire. Nous

6

La Sentinelle

remarquons régulièrement que l’orientation de départ n’est pas toujours la bonne même si, grâce aux différentes sources d’informations de la Défense, il existe un bon aperçu des différents « jobs » existants. Heureusement, le candidat peut toujours demander une et une seule réorientation pendant son cursus. Attention qu’il existe différentes conditions à respecter selon que le candidat soit volontaire, sous-officier ou officier. À nouveau, son cadre et notre syndicat peuvent l’aider dans cette démarche. Un conseil important est d’en parler très rapidement afin de définir les bonnes actions à prendre !

de formations dans le secteur civil. Une matière non suivie ou un examen non passé demeure un problème à devoir surmonter. Dans le cas présent et comme vous le remarquez déjà dans mes premières réponses, il est important que le candidat en parle directement. Selon la durée de l’absence, les 

En cas d’absence pour raisons de santé ou d’exemptions particulières à cause d’une blessure, que risque un candidat ? Il est évident qu’une absence pour quelque raison que ce soit peut entraîner l’échec d’une candidature tout comme lors d’études ou

Photo : Erwin Ceupens


Photo : Daniel Orban

 raisons de celle-ci et le moment où elle a lieu dans son parcours, il existe des possibilités pour éviter l’échec ; citons entre autres, la demande d’ajournement, la poursuite de formation pour raisons médicales ou encore le rattachement à une prochaine session de cours. Que se passe-t-il si un candidat est en échec ? Un candidat militaire est évalué sur trois qualités différentes. Son savoir-être (évaluation caractérielle) sera évalué à la fois de manière informative (non-statutaire) et éliminatoire (statutaire). Il sera également évalué statutairement sur son savoir-faire et ses connaissances (évaluation professionnelle). Enfin, ses capacités physiques seront également évaluées régulièrement. Dans tous les cas d’échec, le candidat devra passer devant une commission de délibération ou d’évaluation. Ce passage obligé doit être parfaitement préparé

vu l’importance de l’enjeu. En effet, les membres de cette commission décideront de l’avenir du candidat au sein de la Défense. Je ne peux qu’inviter le candidat, aussitôt qu’un échec est connu, de nous contacter pour parler, avec lui, des solutions adaptées à sa situation et pour l’assister au mieux devant cette commission. Il a en effet le droit d’être conseillé et défendu s’il est confronté à cette désagréable situation et ce, peu importe la raison de cet échec. Existe-t-il des problèmes insurmontables rencontrés par un candidat qui pourraient le pousser vers la démission ? Non, il n’existe aucun problème insurmontable qui puisse le pousser vers la démission. Pour les puristes, la démission pour un candidat n’existe pas. Nous parlerons dans ce cas d’une résiliation d’engagement. Ce sujet est d’une grande importance car, hormis un choix propre et réfléchi

du candidat lui-même, aucune personne et aucun évènement ne peut le pousser à prendre une telle décision. Rappelons qu’une résiliation d’engagement à l’initiative du candidat va, dans la plupart des cas, le priver entre autres du droit aux indemnités de chômage pendant un certain temps (jusqu’à 52 semaines !). Toutes les notions (et il en existe d’autres) en surbrillance vous démontrent à quel point le statut de candidat est vaste et complexe. C’est une raison qui nous pousse à inviter tous les candidats à se renseigner au plus vite lorsqu’ils rencontrent une quelconque difficulté. Votre syndicat militaire ACMP-CGPM ne fait aucune distinction de grade et de statut. Tous nos délégués d’unité et permanents sont à votre entière disposition avec leur grande expérience et surtout celle d’avoir été un jour, eux aussi, des candidats militaires… 

La Sentinelle

7


Statut

Le travail de l’ombre : la négociation Dans notre édition de septembre-octobre 2019, nous levions un coin du voile sur les actions moins connues du syndicat militaire ACMP-CGPM. Aujourd’hui, nous vous proposons de plonger dans les ténèbres de la face cachée du syndicalisme militaire. Vous saurez tout sur notre travail en Comité de Négociation militaire ! Le soleil se lève sur Bruxelles. Au Secrétariat permanent du syndicat militaire à Zaventem, Yves Huwart, Président, accueille Jean-Pierre Hulin, notre spécialiste des textes légaux et règlements. Jean-Pierre est aussi le prédécesseur de Yves. Il occupe toujours une fonction de Dirigeant responsable au sein de l’organisation. Sa très longue expérience du syndicalisme à la Défense lui confère une expertise unique dans le domaine. Aujourd’hui, comme presque tous les vendredis, la Défense invite les délégations des syndicats représentatifs. Nos deux ‘ténors’ prennent la route d’Evere pour siéger au nom du syndicat militaire. À l’arrivée de nos représentants à la bibliothèque du Quartier Reine Elisabeth à Evere, chacun se tient sur le qui-vive. Les tables dans la grande salle de réunion forment un ‘U’ fermé par l’écran sur lequel sont projetés les points à négocier. Comme de coutume, chaque délégation occupe une zone bien définie du ‘U’. La branche de droite est réservée à l’autorité civile et militaire de la Défense, avec en son centre le Président du Comité entouré de son secrétaire et des différents membres et experts, ces derniers alignant une brochette impressionnante d’étoiles et de barrettes. En

8

La Sentinelle

négociation ou en concertation, l’un ou l’autre (directeur) général est d’ailleurs toujours présent pour représenter le ministre de la Défense ou le CHOD. En face se trouvent les trois syndicats dont la Centrale supérieure siège au Conseil National du Travail (CNT). Les ‘rouges’ de la CGSP/ ACOD (pour le syndicat socialiste FGTB) prennent place au bout du ‘U’, près de l’écran. Ensuite les ‘verts’ de la CSC/ACV Fonction publique (pour les syndicats chrétiens) et enfin le secteur Défense des ‘bleus’ du SLFP/VSOA (qui représentent la Fonction publique au sein de la Centrale Générale des Syndicats Libéraux). L’ACMP-CGPM n’est pas liée à une conviction idéologique ou politique et ne siège pas au CNT, ce qui garantit son indépendance totale. Elle occupe le bas du ‘U’. Cette position stratégique face à l’écran et au flanc de l’autorité est hautement symbolique. D’aucuns diront que nous formons une zone tampon entre les forces militaires d’une part et politiques d’autre part. En réalité, si le syndicat militaire se trouve sur le côté c’est que bien souvent ses remarques et critiques visent aussi bien les collègues de l’État-Major assis à leur droite que les collègues syndicalistes à gauche. En effet, à

notre avis ceux-ci s’alignent trop souvent sur la ligne de conduite de leur famille politique concernant le reste du personnel de la Fonction publique. En outre, il arrive que certaines ‘couleurs’ donnent leur accord au CNT pour un projet qui est en fait défavorable pour les militaires ou qui ne tient pas assez compte d’eux. La réforme (jusqu’ici avortée) des pensions en est l’exemple le plus connu… Les débats, les échanges d’idées et autres déclarations sont d’une importance capitale, tout comme le langage non verbal (regards, réactions d’étonnement, chuchotements entre partenaires) qui peut parfois donner plus d’informations qu’on ne pourrait imaginer. Expertise multiple Comme toute réunion à Evere, celle-ci débute par une tasse de café issue des grands thermos bien connus de tous les militaires, les mêmes qui ornent les tables des mess et ménages depuis que l’Armée belge existe. Sauf en temps de pandémie, bien entendu… Chacun se salue civilement car même si on n’est pas toujours d’accord, il vaut mieux se fâcher poliment. Cette période de ‘pré-négociation’ est l’occasion de tâter le terrain, de deviner les positions que les uns et les 


Photo : Pixabay

 autres adopteront. Peu après, les participants prennent place tandis que les traducteurs s’enferment dans leur cabine insonorisée. Les échanges sont en effet traduits simultanément dans les deux langues. Chacun coiffe donc un casque audio. Même si nos collaborateurs maîtrisent les deux langues nationales, ils portent parfois aussi le casque car vu l’acoustique de la salle, les orateurs sont quelquefois difficilement audibles. En matière de textes légaux, l’usage d’une tournure, le choix d’un mot, d’un temps et même la ponctuation peuvent changer complètement la donne. Il faut donc être non seulement expert du domaine débattu mais aussi linguiste chevronné… Chaque article, chaque alinéa de l’avant-projet est passé en revue. On vérifie si le texte reprend bien

les changements convenus lors des dernières réunions, car les dossiers importants nécessitent de nombreuses sessions. Au terme des débats, chaque organisation marque finalement son (dés)accord. Le résultat est communiqué aux autorités qui prennent alors une décision. Trois issues sont possibles. En cas d’accord unanime, le texte est généralement adopté. En cas de désaccord unanime, le texte est normalement abandonné. Si l’accord est partiel, le texte peut être révisé. Mais il est aussi possible qu’il soit quand même adopté, comme c’est le cas pour la nouvelle évaluation des militaires. L’autorité qui néglige un refus de la part d’une organisation syndicale s’expose alors à des actions, des recours et plus généralement à la grogne des militaires. Il arrive enfin que certains dossiers adoptés ne soient

jamais mis en œuvre. Par exemple parce que l’Arrêté d’exécution n’a pas été publié au Moniteur belge. C’est une façon pour l’autorité de faire marche arrière et d’éviter une confrontation, sans perdre la face sur le plan politique. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les autorités militaires et les représentants du cabinet du Ministre de la Défense apprécient le travail des syndicats car il est plus facile de dialoguer avec quelques organisations bien structurées qu’avec une horde d’individus mécontents. C’est pourquoi, chaque vendredi, chacun se revoit volontiers pour débattre et préparer les textes de lois, arrêtés royaux et ministériels ou règlements qui déterminent le cadre des droits et devoirs des militaires.

Partenaire de la Défense L’ACMP-CGPM est au sein de la Défense le seul syndicat représentatif neutre et apolitique. Nous défendons les (ex-) militaires, un point c’est tout ! Ce n’est pas tout à fait désintéressé puisque rappelez-vous que chacun de nous est lui-même (ex-)militaire. Chaque avancée, chaque dossier que nous défendons pour l’ensemble de la communauté militaire nous concerne souvent personnellement. Il ne faut pas croire que nous refusons systématiquement tout ou que nous adoptons toujours une attitude négative. Beaucoup de textes sont purement administratifs et certaines propositions de l’État-major concernent de réelles avancées pour le personnel. Nous y apportons alors notre appui et notre expertise, pour que le texte soit aussi favorable que possible pour la Défense et son personnel. Comme le dit Yves Huwart : « Si le texte est généralement en faveur des militaires, nous sommes preneurs. Mais si le texte peut mettre à mal les intérêts de nos collègues, le syndicat militaire y est résolument opposé ! » 

La Sentinelle

9


Info

Scramble ! Depuis le conflit entre l’Ukraine et la Russie, Moscou prend un ton de plus en plus belliqueux vis-à-vis de l’Otan. Dans le ciel européen, nos pilotes font régulièrement face à l’incursion d’avions militaires russes. Appareils de brouillage électronique, avions-espions, transports ‘égarés’, chasseurs et bombardiers lourdement armés n’hésitent pas à tester nos défenses et le sang-froid de nos aviateurs. Mais qui sont ces intrus qui viennent désormais nous narguer jusqu’en Mer du Nord ? La pandémie du Covid-19 a mis en avant le rôle de la Défense dans l’aide à la Nation. Malgré cet éclairage positif, certains n’hésitent pas à ‘récupérer’ la crise en adoptant un discours populiste « Au moins comme ça, l’armée sert à quelquechose ! » D’autres renchérissent « Combien d’hôpitaux peut-on construire pour le prix d’un seul F-35 ? » En tant que militaires, nous savons cependant que le Défense ne se limite pas à une capacité médicale et logistique…

Au même moment, 12.000 pieds au-dessus de la Baltique, une paire de F-16 belges fonce à près de Mach 1 vers deux appareils inconnus en approche. Les ‘bogey’1 se dirigent sans plan de vol ni ‘transpondeur’ vers un navire de l’Otan. Ils n’ont pas contacté le contrôle aérien et ne répondent pas aux appels sur les fréquences internationales reconnues. Il est clair qu’il ne s’agit pas d’avions de ligne égarés. À bord de ‘Magic’, un avion-radar AWACS de l’Alliance, un opérateur dirige nos pilotes vers

Photo : BAF

« Scramble » belge sur la base de Siauliai en Lithuanie. Pendant la mission ‘Baltic Air Policing’, nos pilotes et le personnel au sol sont prêts à réagir à la moindre alerte dans les plus brefs délais, 24h sur 24, 7 jours sur 7.

10 La Sentinelle

leur proie : « Tiger, Magic. Bogey Bullseye 80 at 20 Low. » À une vitesse combinée de 2.000 km/h, nos F-16 s’approchent rapidement. Bientôt, ils arrivent en vue de leurs objectifs. « Tiger lead, Tally two Fencers Holding Hands, Hot, going for the deck! » Les ‘clients’ du jour sont deux redoutables appareils d’attaque supersoniques Su-24M ‘Fencer’. Ces puissants ‘jets’ ont beau avoir l’âge de nos F-16, ils ont prouvé leur efficacité lors de nombreux conflits, dont encore récemment en Ukraine et en Syrie. À l’issue de cette interception, l’Otan a publié une vidéo filmée par nos pilotes2. On y voit très clairement les appareils russes survoler le navire de guerre américain USS Donald Cook dans les eaux internationales. L’incident qui date du 17 avril 2020 n’a fait ni victimes ni dégâts mais la situation n’était pas sans danger pour autant. En effet, en volant sans plan de vol ni ‘transpondeur’, les avions de combat russes étaient invisibles pour le trafic aérien civil dense dans cette région. Par ailleurs, leur profil de vol pouvait être interprété comme  1

Appareil inconnu potentiellement hostile. 2 youtube.com/watch?v=Mlj-fskhcuw


Photo : BAF

Interception d’un Tu-160 Blackjack. Cet élégant bombardier stratégique est le plus gros avion de combat au monde, le fleuron de la dissuasion nucléaire des forces aériennes russes. Les appareils construits dans les années ’90 ont été modernisés et la production du modèle M2 a débuté en 2017.  agressif par le navire américain. D’autant que cette fois, contrairement aux survols précédents du navire américain, les ‘Fencer’ étaient armés de missiles air-sol Kh-25, comme ont pu le constater

les pilotes belges. Dans cette zone sous haute tension, ce petit jeu du chat et de la souris reste jusqu’à présent bon enfant. Les aviateurs se filment et se saluent, volent en formation pendant quelques

minutes puis chacun rentre à sa base. Mais une erreur, un écart du mauvais côté de la frontière ou une manœuvre trop menaçante peuvent être lourds de conséquences. Heureusement, nos pilotes ont fait preuve de sang-froid en interceptant les intrus de façon professionnelle et décisive. Il faut dire que le détachement belge a maintenant l’habitude de ce genre de mission. Guerre froide bis…

Photo : BAF

Image d’un appareil d’attaque tous-temps Su-34 capturée par la caméra thermique d’un de nos F-16 au-dessus de la Baltique. Le Su-34 a été déclaré opérationnel en 2014 au sein de la force aérienne russe.

Depuis des années de déploiement dans cette région, nos pilotes sont intervenus des centaines de fois et ont ainsi escorté une quantité impressionnante d’appareils russes très différents. Le fait que la majorité de ces appareils soient les mêmes que ceux qui volaient à la fin des années 80 donne le 

La Sentinelle

11


 sentiment d’un retour à la Guerre froide, même si ce genre d’interaction n’a jamais vraiment cessé depuis la chute du Mur. Ailleurs dans le monde aussi, la présence aérienne russe s’impose. En 2007, le président Vladimir Poutine a ordonné la reprise des vols stratégiques à longue distance qui avaient cessé depuis 1991. C’est ainsi qu’en 2013 deux bombardiers russes ayant fait escale au Venezuela ont violé l’espace aérien de la Colombie et patrouillé au sud des USA. Plus récemment, en octobre dernier, deux Tu-160 rejoignaient d’un seul coup d’aile de 11.000km l’Afrique du Sud à l’occasion d’une visite ‘amicale’, démontrant du même coup qu’ils peuvent intervenir n’importe où dans le monde. Mer du Nord On peut comprendre que les Russes s’inquiètent quand des militaires de l’Otan patrouillent à leurs portes. Après tout, si un

Photo : BAF

Les deux bombardiers Su-24 Fencer escortés le 17 avril par nos F-16 alors qu’ils survolaient le destroyer américain Donald Cook étaient armés de missiles air-sol Kh-25. destroyer russe croisait au large de Zeebruges, il serait normal que nous envoyions des F-16 pour le surveiller et le dissuader. Eaux internationales ou pas, nous considérons que la Mer du Nord est le jardin du Benelux, exactement comme les Russes considèrent la Baltique comme leur terrain de jeu historique. Cependant, les Russes n’hésitent pas à pénétrer très loin

dans l’espace aérien européen. Chacun de ces vols est un message d’avertissement et de dissuasion à l’intention de l’Otan. En patrouillant le long de nos côtes, les Russes prouvent que leur matériel est opérationnel et qu’il ne faut pas sous-estimer leur détermination. Le 15 janvier 2018, deux de nos F-16 du ‘Quick Reaction Alert’ (QRA) de Florennes ont pu le constater 

Photo : BAF

Nos chasseurs n’interceptent pas que des avions de combat. Parmi les ‘clients réguliers’ on trouve un riche ‘bestiaire’ d’avions-espions, patrouilleurs, plateformes de brouillage, transports, appareils de reconnaissance. Ici un An-26 ‘Curl’ succède aux An-12 ‘Cub’, Tu-134, Il-76, …

12 La Sentinelle


 à l’occasion d’un ‘Scramble’3 peu commun. Ce jour-là, nos pilotes, responsables de la police de l’air pour l’ensemble du Benelux, ont intercepté suite à une approche supersonique une paire de Tu-160 ‘Blackjack’ au large des Pays-Bas. Cette rencontre inattendue n’est pas anodine. Contrairement aux avions de patrouille maritime à hélices que les Russes envoient régulièrement dans l’Atlantique, le Tu-160 est un bombardier stratégique moderne et très puissant, capable d’emporter une énorme charge de missiles à plus de deux fois la vitesse du son. Cet élégant appareil peint entièrement en blanc pour résister au ‘flash’ des explosions nucléaires est le fleuron des forces russes de dissuasion. Un sinistre géant qui est de loin le plus gros avion de combat du monde.

Photo : BAF

Un Su-27UB de l’aviation de marine russe escorté par nos F-16 au-dessus de la Baltique. Ce gros biréacteur supersonique se spécialise dans l’attaque des navires. Le rencontrer au cœur de l’Europe relève de la provocation et renforce le discours musclé du président russe Vladimir Poutine vis-à-vis de l’Occident. Cette fois-là aussi, nos pilotes ont effectué leur boulot de

manière exemplaire, prouvant que notre Composante Air reste une pièce importante sur l’échiquier nord-Atlantique.  3

Décollage d’urgence

Photo : BAF

Surnommé le ‘Black Pearl’, ce très rareTu-134UBL identifié en vision infrarouge par nos F-16 est destiné à l’entrainement des équipages de bombardiers Tu-22 que nos aviateurs rencontrent de temps en temps au-dessus de la mer Baltique.

Huit mois de BAP Après huit mois en charge de l’opération ‘Baltic Air Policing’, le détachement belge est rentré au pays le 30 avril, mission accomplie. Depuis septembre 2019, une cinquantaine de militaires des bases de Florennes et Kleine Brogel ont assuré avec brio une veille permanente depuis les pays baltes dans des conditions souvent difficiles. Nos F-16 sont en service à la Composante Air depuis plus de 40 ans. Nos techniciens ont donc besoin de toute leur expertise pour maintenir les chasseurs opérationnels et nos pilotes font preuve de professionnalisme face à des opposants de plus en plus déterminés. 

La Sentinelle 13


Info

Règlement collectif des dettes La crise du coronavirus frappe durement notre pays, en particulier dans le budget familial de nombreux militaires. Lorsque vous devez payer des factures supplémentaires en plus du remboursement mensuel de votre prêt, un règlement collectif de dettes peut être une solution. Un moyen idéal pour se désendetter tout en restant à un niveau de vie acceptable. L'année 2020 s'annonçait parfaite. Vous ne versiez pas dans le grand luxe, mais vous pouviez de temps en temps vous permettre un restaurant avec votre partenaire. Vous preniez régulièrement un verre avec des amis, le week-end vous rénoviez votre maison et, cerise sur le gâteau, vous attendiez avec impatience les vacances en Turquie. À peine quelques mois plus tard, vous tombez de votre petit nuage. Bien que vous ayez la chance d'appartenir à une catégorie professionnelle essentielle et que votre revenu (de base) soit garanti, cela ne vous épargne pas un désastre financier. Les revenus de votre partenaire ont été réduits de moitié, voire complètement supprimés, et vous passez à côté d'importants extras en raison de la perte de missions à l'étranger ou d'un exercice prolongé. Vous avez dû remplacer à la hâte le vieil ordinateur familial pour permettre à vos enfants de suivre toutes sortes de leçons à distance et votre caddy n'a jamais été aussi cher car tout le monde mange soudainement à la maison. Pour couronner le tout, vos vacances tombent à l'eau et vous vous demandez si vous reverrez l‘argent de votre réservation.

Il est très probable que vous n'ayez pas les ressources financières suffisantes pour traverser cette crise sans problème. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le Fonds d'aide aux chômeurs est inondé de demandes de prestations « coronavirus » : plus de 270 000 demandes ont été déposées ces dernières semaines. La grande enquête hebdomadaire menée par l'Université d'Anvers pendant la crise du Covid-19 montre (dans la semaine du 20 avril) que 32 % des participants ont vu leurs revenus diminuer depuis la crise. Selon l'enquête mensuelle sur la consommation menée par la

Photo : Pixabay

14 La Sentinelle

Banque nationale de Belgique, environ une famille sur huit est extrêmement vulnérable à la crise, avec une perte de revenus d'au moins dix pour cent et une faible possibilité d'épargne (De Standaard, 28 avril 2020). Si vous ne pouvez plus payer toutes vos factures, comme une personne sensée vous verrez d'abord quelles dépenses vous pouvez réduire. Débarrassez-vous donc de cet abonnement de fitness coûteux, voyez si vous ne pouvez pas réduire votre facture d'énergie ou votre abonnement  de GSM, etc.


 Si vous êtes sûr que la perte de salaire de votre famille n'est que temporaire, vous pouvez opter pour un prêt - de préférence modeste - ou essayer d'obtenir un répit pour rembourser vos emprunts actuels. Si tout cela est insuffisant ou impossible, sachez qu'une solution existe sous la forme d'une procédure de règlement collectif des dettes. Ce n'est pas un miracle, mais une solution. Un règlement collectif des dettes est une procédure judiciaire pour les problèmes structurels de la dette. Son but est de vous permettre de rembourser vos dettes à un rythme acceptable tout en étant capable de vivre correctement. Vous pouvez demander un règlement collectif de dettes en vous adressant au Tribunal du travail de votre lieu de résidence. Vous pouvez trouver ces requêtes sur le site des cours et tribunaux www.rechtbanken-tribunaux.be (cliquez sur le tribunal du travail de votre lieu de résidence). Un avocat ou le CPAS peut vous aider à les remplir. Si le tribunal vous autorise à participer à la procédure, le juge désignera un médiateur de dettes, qui sera dans la plupart des cas un avocat spécialisé. Avec votre médiateur de dettes, vous vous mettrez d'accord sur un projet pour vous désendetter. Il est important de savoir que vos revenus seront versés sur un compte ouvert par le médiateur de dettes. Ensemble, vous examinerez vos besoins financiers mensuels et, sur cette base, le médiateur vous versera un montant mensuel (frais

Photo : Pixabay

de subsistance). La différence entre vos revenus et l'argent vital sera utilisée par le médiateur pour établir un plan de remboursement au profit des créanciers. Il est même possible qu'une partie des dettes soit annulée, mais vous ne pouvez pas supposer que cela en sera le cas. Cette procédure présente un certain nombre d'avantages importants et immédiats : les créanciers sont mis ‘en attente’. Vous n'avez donc plus à craindre la saisie de votre salaire, de votre maison, de votre voiture, etc. Le flux stressant des rappels de paiement et de toutes sortes de lettres intimidantes cessera et, ce qui est aussi important, les intérêts cesseront également. La procédure n'est pas gratuite. La loi prévoit un certain nombre de montants forfaitaires pour le travail effectué par le médiateur de dettes. De façon étrange, ce n’est pas le montant total de la dette qui affecte le prix mais bien le nombre de créanciers. En d'autres termes, si vous devez 10 000 euros à un seul créancier, la procédure vous coûtera beaucoup moins cher que si vous devez 10 000 euros à dix créanciers. Il est donc souvent intéressant de régler les petites dettes (par exemple, une amende

de stationnement, un paiement à la mutuelle, une facture d'hôpital) avant de demander la procédure de règlement collectif des dettes. Dans la plupart des cas, outre la tranquillité d'esprit, la médiation de dettes vous offre également un avantage financier, même si le prix de revient est pris en compte. Après tout, les intérêts s'arrêtent et de nombreux médiateurs de dettes demandent l'abandon d'un certain nombre de frais. L’ouverture de la procédure de règlement collectif des dettes est toujours volontaire. Vous en faites la demande volontairement et vous pouvez en sortir à tout moment. Cependant, vous devez être conscient que vous perdrez la protection offerte par la procédure et que les créanciers pourront immédiatement s'adresser à nouveau à vous. Si, malgré les mesures d’apurement, vous ne voyez pas comment joindre les deux bouts financièrement, la procédure de règlement collectif des dettes peut être la solution pour vous. De plus amples informations peuvent être obtenues auprès du Secrétariat permanent de l'ACMP-CGPM : srt@acmp-cgpm.be 

La Sentinelle 15


Info

Transport de munitions : cela peut aussi vous arriver ! Un militaire a récemment comparu devant le Tribunal correctionnel. L'acte d'accusation était "a menacé d’attaquer une autre personne (avec son arme de service)". De plus, lors des débats, la Cour a estimé que le militaire avait "agi de manière inappropriée" et avait fait preuve d'un "comportement de macho" envers la partie adverse. Le Ministère public réclamait une peine de travail d'intérêt général et une amende ou une peine d'emprisonnement pour les faits. Ce qu’il s’est passé Le militaire en question avait reçu l'ordre de son commandant d'unité de participer, en tant que convoyeur dans un véhicule militaire, au transport de munitions entre sa caserne et une garnison dans notre pays, à 75 km de là. Au cours de ce transfert, le chauffeur et le convoyeur ont été victimes, sur l’autoroute, d'un pirate de la route. La conduite imprudente et totalement déplacée de ce civil constituait un réel danger, tant pour lui-même que pour les autres usagers de la route, y compris les deux militaires. Les gestes de ce fou du volant étaient complètement insensés. À tel point que le militaire s'est senti menacé et a jugé nécessaire d’exhiber son arme de service à cet usager de la route totalement irresponsable, dans le but d'attirer son attention sur le fait qu'il transportait une charge dangereuse, notamment des munitions, et d'empêcher ainsi une nouvelle escalade. En outre, l'action de notre collègue visait

16 La Sentinelle

également à protéger la vie des autres usagers de la route. Soulignons que le militaire a MONTRÉ son arme et ne l’a donc pas pointée sur ce conducteur inconscient. Ici, le militaire incriminé a suivi les règles de sécurité pour le transport de munitions, telles qu'elles sont mentionnées dans le règlement IF 5 et la GID correspondant. Il a agi en pleine proportion vis-à-vis de la conduite inappropriée de l'autre usager de la route et particulièrement en agissant de manière non agressive, ferme et avec conviction pour éviter que la situation ne s'aggrave. Il n'a pas eu recours à la violence. Avec son collègue, ils ont aussi strictement respecté toutes les règles de la circulation. Il a limité son action à la simple démonstration de ses moyens, en l'occurrence l'arme. Malgré tout, le pirate de la route a déposé une plainte auprès de la police, ce qui a conduit à l'inculpation mentionnée ci-dessus et à la comparution devant le tribunal.

Apparemment, pour la Justice, il s'agissait d'un incident criminel grave et prioritaire. De plus, au vu de l'empressement démontré dans le traitement de cette affaire, l’on pourrait penser qu'il n'y a, dans ce pays, aucun autre crime plus important. Le fait qu'un militaire ait été impliqué n'a probablement rien à voir avec cela... En tout état de cause, et quelle que soit la raison, la bonne nouvelle est que le Tribunal a acquitté le militaire accusé des faits. Tout d'abord et surtout grâce à l'excellent appui juridique du syndicat  militaire ACMP-CGPM.


 Malgré cet acquittement, nous voudrions faire quelques commentaires sur cette affaire concernant l'attitude de la Défense envers le militaire impliqué : - Que l’on ait ou non une grande expérience de ce type de transport de munitions, les chefs hiérarchiques doivent donner à la personne concernée un ordre de mouvement complet, y compris les instructions de sécurité nécessaires concernant, entre autres, l’attitude à adopter en cas d'incident. Cependant, ces instructions de sécurité n'ont pas été données. - L’accusé n'a reçu aucune aide ou soutien de la part de son unité. Même pas pour interpréter l'événement en termes de Justice et pour le remettre en contexte. - Les ‘collègues’ de la police militaire lui ont accordé une attention particulière : sans connaître les faits, ils ont jugé l'intervention comme un ‘comportement honteux’, ce qui n'a fait qu'entraver inutilement sa défense. - L’inculpé n'a reçu aucun soutien juridique venant de la Défense. Le syndicat militaire ACMP-CGPM est donc d'avis que la Défense aurait dû se trouver sur le banc des accusés à la place du militaire inculpé. En ce qui concerne ce banc des accusés : il est également intéressant pour le lecteur de savoir que, pendant l'audience, le Parquet et le juge ont apparemment (?) et manifestement pris plaisir à brandir la menace d'une peine de prison,

Photo : DG Strat Com

d'une amende ou d'une peine de travail d'intérêt général. Comme écrit précédemment : le fait que l'accusé était un militaire n'a probablement rien à voir avec cela... Sur la base de cette ‘histoire’, nous voudrions faire les recommandations suivantes à nos membres : - Pour de tels déplacements ou d’autres missions où l'utilisation d'armes est de l’ordre du possible, demandez toujours les consignes claires de la part de

l’autorité qui émet l’ordre et/ou de vos supérieurs hiérarchiques. - Sachez qu'il n'existe qu'une seule organisation où vous pouvez compter sur un soutien inconditionnel en toutes circonstances. Et ce n'est pas la Défense, mais le syndicat militaire ACMP-CGPM. Votre affiliation vaut son pesant d’or, même et surtout dans les situations les plus inattendues et les plus difficiles ! 

La Sentinelle 17


Info

Ready for Take-off ! Le premier A400M ‘Atlas’ de la Défense belge est prêt ! Airbus a présenté l’appareil à l’usine de Séville le lundi 4 mai dernier. Il sera livré après ses vols d'essai. Il faudra donc encore patienter un tout petit peu avant de voir atterrir, cet été, le successeur du C-130H à Melsbroek. L’arrivée imminente des Airbus A400M est symbolique car ce sont les premiers équipements majeurs destinés à la Composante Air depuis bien longtemps, à l’exception d’une poignée d’hélicoptères NH-90 reçus depuis 2012. Ils forment l’avant-garde d’un renouvellement total, puisqu’après l’abandon des Alpha-Jets et le remplacement des C-130H, de nouveaux chasseurs-bombardiers F-35 prendront le relais de nos vieux F-16. Par ailleurs, les drones B-Hunter laisseront la place au Sky Guardian, version modernisée et adaptée à l’espace aérien civil du MQ-9 ‘Reaper’. L’A400M portant le numéro MSN104 ou ‘CT-01’, avion acheté par les Forces armées luxembourgeoises, a déjà réalisé son vol inaugural le 13 avril. Il sera lui aussi basé au 15 Wing, et exploité en collaboration entre nos deux pays. Ceci explique que le premier avion aux cocardes belges, portant le numéro

Photo : Airbus

de série MSN106, portera l’immatriculation ‘CT-02’. En tout, notre pays alignera sept A400M de transport aérien aux côtés de l’exemplaire luxembourgeois. Ils remplacent notre flotte originale de douze C-130H, dont une poignée sont encore en état de vol après presque cinquante ans de bons et loyaux services. Les nouveaux appareils sont bien plus massifs et performants que les C-130H. Ils emportent deux fois plus de charge utile et peuvent voler deux fois plus loin. Même sans ravitaillement en vol, l’A400M peut rejoindre le Congo ou l’Afghanistan

sans escale et presque aussi vite qu’un avion de ligne à réaction. La flotte belge renforcera les avions européens de nos alliés au sein du ‘European Air Transport Command’ (EATC). L’État-major espère qu’en plus d’assurer le transport aérien, cet avion spectaculaire suscitera des vocations chez les jeunes Belges. Car pour mettre en œuvre son matériel neuf, la ‘Défense 2.0’ aura plus que jamais besoin de militaires motivés et en nombre suffisant.

Airbus A400M ‘Atlas’

Le cockpit de l’A400M est similaire à celui des Airbus A380

18 La Sentinelle

Envergue : 42m Masse maximale : 141 tonnes Moteurs : turbopropulseurs TP-400 D-6 de 11.000 cv Rayon d’action avec 20 tonnes de charge : 6.600 km Vitesse de croisière à 9.500 m d’altitude : 781 km/h Équipage : 2 pilotes et 1 loadmaster Capacité : 37 tonnes, 116 soldats équipés ou 66 blessés sur brancards. L’A400M possède une capacité tactique et de vol à très basse altitude, ainsi que des contre-mesures pour son autoprotection. Il peut opérer par tous les temps, depuis des terrains sommaires et sans assistance externe. 


NAISSANCES

FÉLIX – 23/01/2020 Dans la famille de Stef BLOEMEN (Heusden-Zolder) LISA – 19/02/2020 Dans la famille de Julien SOUBRY (Namur) JANNE – 03/03/2020 Dans la famille de Patrick DIRX (Diest) AMORY – 15/03/2020 Dans la famille de Christophe MOYEN (Namur) MARGOT – 08/04/2020 Dans la famille de Tony KELLER (Bruxelles) AÉRYS – 10/04/2020 Dans la famille de Marvin VOLVERT (Marche-en-Famenne) MATTEO – 10/04/2020 Dans la famille de Nicolas DIRICKX (Charleroi) TOM – 28/04/2020 Dans la famille de Quentin BRIHAYE (Charleroi)

NECROLOGIE

RAYMOND VAN HOOREWEGHE (Eeklo) 1936 –  05/04/2020 FRANS MAERSCHALK (Mol) 1935 –  11/04/2020

Indice des prix à la consommation

HUBERT VERSCHUEREN (Gand) 1931 –  11/04/2020

- Mars : 109,53 points - Avril : 109,53 points - Mai : 109,45 points

RENAAT BETTENS (Londerzeel) 1937 –  13/04/2020

Indice santé

ANDRÉ DELAERE (Furnes) 1936 –  23/04/2020 MARC LAUWERES (Ostende) 1969 –  28/04/2020 ANDRÉ ROUP (Huy) 1934 –  15/05/2020 RUDY PLOVIE (Ostende) 1961 –  29/05/2020

- Mars : 109,96 points - Avril : 110,22 points - Mai : 110,10 points L'indice santé lissé s'élève en mai à 107,84 points. L’indice-pivot pour la Fonction publique et les allocations sociales, fixé à 109,34 points, n’est pas atteint. Le précédent dépassement de l'indice-pivot remonte à février 2020. Source : Statbel

RENS – 16/05/2020 Dans la famille de Senne LEMMENS (Boechout)

Suivez-nous !

La Sentinelle 19


PRIME SYNDICALE POUR L’ANNEE DE REFERENCE 2019 La Défense a envoyé aux militaires le formulaire de demande de la prime syndicale pour l’année de référence 2019. Ce formulaire original (donc pas de fax ni d’email avec en annexe le formulaire scanné) doit être complété et envoyé avant le 1er juillet 2020 à : ACMP-CGPM, Romboutsstraat 1 – Bus 021, 1932 ZAVENTEM. Suite à la crise Covid-19, les autorités ont reculé la date d'envoi ultime au 1er août 2020. Vous pouvez aussi remettre le formulaire original complété et signé à un délégué CGPM qui nous le fera parvenir. Mais ceci n’est nullement une obligation.

Ne tardez pas à envoyer votre formulaire ! Dans les trois mois qui suivront la date de réception du formulaire de demande au Secrétariat permanent de l’ACMP-CGPM, nous ferons le nécessaire pour exécuter le paiement de la prime.

Que faire si vous n’avez pas reçu le formulaire? Prenez contact avec l’ACMP-CGPM. De préférence via e-mail à : srt@acmp-cgpm.be. Renseignez vos nom, prénom, date de naissance, adresse et le numéro de compte bancaire (IBAN) sur lequel la prime syndicale doit être versée. L’ACMP-CGPM s’adressera alors au service compétent du Premier Ministre et, après obtention des données nécessaires, effectuera le plus rapidement possible le paiement. Ceci va cependant engendrer un retard dans le paiement de ladite prime ! Pour rappel : le militaire ne peut légalement introduire qu’une et une seule demande de paiement de la prime syndicale et ce auprès d’un seul syndicat représentatif.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.