La Sentinelle
Novembre - Décembre 2019 - n° 06
Avant-Propos Périodique bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. Éditeur responsable : Yves Huwart - Bureau de dépôt : Alost X - P109013
De l’évaluation professionnelle : une voie sans issue et périlleuse le syndicat militaire
Avant-propos
De l’évaluation professionnelle : une voie sans issue et périlleuse AVANT-PROPOS PAR YVES HUWART | PRÉSIDENT
Que la Défense est une organisation erratique avec un processus décisionnel nébuleux, nous le savons depuis un petit moment. Mais qu’elle se mue en un théâtre kafkaïen par l’introduction en janvier 2020 d’un nouveau système d’évaluation professionnelle est nouveau pour nous. Imaginez que vous rouliez et vous vous arrêtiez dans une ruelle étroite et sans issue, par une nuit sombre et brumeuse. La rue est trop serrée pour faire demi-tour. Vous ne pouvez même pas ouvrir les portes et il ne vous reste que deux possibilités : soit vous coupez le moteur et attendez gentiment qu’un miracle vous sorte de là, soit vous faites marche arrière, revenez sur la chaussée principale et poursuivez votre chemin. Avec le nouveau système d’évaluation professionnelle qui entrera en vigueur le 1er janvier 2020, la Défense a emprunté une impasse similaire. À l’exception de quelques « croyants » qui n’ont pas encore eu l’illumination, tout le monde pense, même dans les plus hautes sphères de l’armée, que ce nouveau système d’évaluation est tout bonnement démoniaque. C’est devenu un monstre aussi complexe qu’irréalisable dont les piliers essentiels sont soit incomplets (job description), soit tout simplement nuisibles (évaluation du potentiel). Il institutionnalise d’une part l’inégalité de traitement entre les personnes évaluées et, d’autre part, la manipulation par les gestionnaires du personnel. Ce qui peut donner lieu à 18 (oui, DIX-HUIT !) possibilités d’erreurs de procédure. Les vénérables membres du
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Conseil d’État en ont déjà des cheveux gris… Et que fait le commandement militaire ? Marche arrière dans la ruelle sans issue pour prendre une autre direction ? C’est-à-dire : revoir le système en profondeur ? Ah, non ! Au contraire, il reste figé d’incertitude. Complètement paralysé par la peur. Espérant un miracle pour se libérer de cette situation précaire. Mais, comme vous le savez sans doute cher lecteur, les miracles ne se produisent que dans le monde féerique des petits enfants. Et apparemment, maintenant aussi dans l'univers alternatif du sommet de l'armée. La création de ce système d'évaluation était déjà comme un canular à la François Pirette : absurde dès le début. Le résultat est maintenant comme La Nuit des morts-vivants : des protagonistes raidis par la peur du zombie qu'ils ont eux-mêmes créé. Pourtant, l'ACMP-CGPM les avait mis en garde contre ce fiasco.1 Espérer faire de cette évaluation professionnelle monstrueuse un ensemble fonctionnel est une illusion totale. Après tout, on ne peut pas transformer un âne en pur-sang, ni en solide cheval de trait. De plus,
l'évaluation professionnelle est trop importante pour la carrière du personnel militaire que pour pouvoir corriger la situation par l’un ou l’autre ‘bricolage’ dont la Défense a le secret. C'est précisément à cause de cet impact statutaire potentiellement important que l'on ne peut pas non plus opter pour une autre technique chère à l’armée, à savoir la politique de l’autruche, dans l'espoir que le mécontentement va se dissiper. À moins que l'armée ne veuille délibérément provoquer l'euthanasie des carrières de nombreux militaires. Chers généraux et amiraux, si vous voulez préserver ce qui reste de la confiance toujours décroissante de vos subordonnés, nous ne pouvons vous donner qu'un seul bon conseil : balancez cette abomination à la poubelle ! Quittez un moment La Quatrième Dimension d'Evere et ayez 5 minutes de courage moral. S’il vous plaît. S'il y a un moyen de reporter une décision importante, une bonne bureaucratie la trouvera. Donc, pour une fois, soyez une mauvaise bureaucratie. Toute la communauté militaire vous en remerciera ! 1
Voir l’article dans La Sentinelle Nr 06 – Novembre – Décembre 2018 – Pg 4 & 5
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Novembre - Décembre 2019 - n° 06 Photo : E. Ceuppens
Colophon
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De l’évaluation professionnelle : une voie sans issue et périlleuse
La Sentinelle est le bimestriel de la Centrale Générale du Personnel Militaire. La Sentinelle est envoyée à tous les membres.
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‘ABL’ devient ‘BDL’
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Réserviste membre de la CGPM
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La ‘non-résidence’ a atterri !
Toutes les données sont traitées dans le respect de la Loi sur la vie privée (Loi du 8/12/1992 & GDPR). Éditeur responsable : Yves Huwart Coordination : Concetto Bandinelli et Laurent Schmitz Informations générales – CGPM : Romboutsstraat 1 – Bus 021 1932 Zaventem srt@acmp-cgpm.be www.acmp-cgpm.be Tél. : 02 245 72 14 Fax : 02 245 73 01
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Quand le combat retardateur se transforme en débandade
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Mais que fait la Gendarmerie ?!?
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Statut
‘ABL’ devient ‘BDL’ Le statut BDL devait être ‘LA’ solution pour maintenir les effectifs et rajeunir l’armée. Un revenu garanti pendant huit à douze ans, une prime de départ alléchante et la quasi-certitude d’un emploi civil en fin de contrat. Ou même une place dans le cadre de carrière pour ceux qui veulent rester ! Mais aujourd’hui, la tendance au ‘tout BDL’ prend des proportions inquiétantes.
La ‘force de destruction’ du gouvernement Michel a balayé la ressource la plus précieuse de notre armée : son personnel. Les militaires ‘BDL’ (Beperkte Duur – Durée Limitée) devaient permettre de maîtriser les problèmes de pyramide des âges en renforçant le personnel de carrière par de jeunes temporaires. Mais le BDL est devenu le fer de lance de la ‘chasse aux sorcières’ de cette législature contre le personnel statutaire nommé. Au lieu de compléter les rangs, les BDL en forment désormais la grosse majorité. En remplaçant l’occupation de plus de 70% des fonctions militaires par du personnel précaire, la ‘coalition suédoise’ sonne le glas de nos Forces armées. Un chiffre résume tout : deux ans après leur incorporation, plus de 37% des jeunes recrues BDL ont déjà quitté l’armée. En 2018 le CHOD annonçait haut et fort : « Tous les BDL pourront passer dans le cadre de carrière ! » Sauf qu’à la fin de leur service, combien seront encore là pour passer dans le cadre de carrière ? Par ailleurs, le robinet permettant un passage du BDL vers le cadre de carrière
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semble être toujours fermement aux mains des politiques et tarde à s’ouvrir pleinement.
- Aujourd’hui, près de trois quarts des places ouvertes sont pour des BDL. - 37% des BDL quittent dans les deux premières années. - Tous les volontaires sont recrutés dans le statut précaire BDL.
du matos plus vieux que moi. En plus on nous prend pour des ‘mandailles’... Et au final, je serai gentiment mis à la rue comme un sac poubelle ? J’ai compris : les parents de ma copine m’ont trouvé un boulot, je quitte le mois prochain ! » On a beau lui expliquer qu’il devrait ‘tenir’ encore quelques années, qu’il aurait droit à une belle prime de départ, rien n’y fait : « Tu sais où ils peuvent se la mettre, leur prime ? » Creuser sa propre tombe
« Tu sais où ils peuvent se la mettre, leur prime ? » Il n’y a pas que les statistiques qui témoignent. Lors d’une récente visite à Marche, un jeune premier soldat mécanicien nous faisait part de son ras-le-bol : « Je me suis engagé pour faire des missions, apprendre des trucs et faire carrière, mais là, c’est du n’importe quoi. On m’avait promis monts et merveilles et à la place de ça, j’ai juste le droit de faire OVG et de la fermer. Pour le reste, je traîne ici à attendre des pièces de rechange qui n’arrivent pas pour réparer
La Défense savait depuis longtemps qu’elle serait touchée de plein fouet par la vague de départs à la pension des ‘baby-boomers’ nés dans les années soixante. Au lieu de prendre les mesures qui s’imposaient, nos dirigeants politiques et militaires ont laissé faire, transmettant soigneusement cette ‘bombe à retardement’ de législature en législature, d’un chef d’état-major général à son successeur... jusqu’en 2014, quand le ministre Vandeput a ordonné à la Défense de creuser sa propre tombe en imposant un gel du recrutement, alors même que la
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bombe du personnel éclatait sous nos pieds. Tandis qu’en 2013 nous avions recruté 1.842 jeunes dans l’espoir de retarder la débâcle, en 2015, le politique nous bridait à seulement 960 nouveaux militaires, là où il aurait fallu monter à plus de deux mille ! Convertir les 3/4 des postes en emplois à occupation de courte durée fera perdre un capital d’expérience énorme. Pour un même nombre de militaires, l’armée sera moins performante car la majorité d’entre eux auront moins de trois ans d’ancienneté en moyenne. Ce non-recrutement d’un millier de soldats a eu des conséquences bien plus graves qu’un simple retard dans le remplacement des effectifs. Privés d’élèves, les écoles et centres d’instruction ont dû fermer des bâtiments et supprimer des sessions de cours.
Pire encore, de nombreux instructeurs ont dû faire mutation ou n’ont pas été remplacés. C’est toute une machine qui a été mise à l’arrêt forcé. Mais comme pour un haut-fourneau, le redémarrage n’est pas sans risque. Quand il a fallu remettre en service les blocs de logements, on s’est aperçu que les chauffages ne marchaient plus, faute d’entretien, et que les conduites avaient gelé, faute de chauffage. Les champignons dans les murs, les gouttières pleines de débris, les sanitaires défectueux, le mobilier moisi, … Il a fallu recourir à de coûteuses solutions ‘temporaires’. Comme ces énormes chauffages au mazout sur remorque, dont les tuyaux passent par les portes grandes ouvertes en plein hiver. Ou ces tentes servant de salles de cours, façon camp de réfugiés de l’ONU. Ou ces navettes de camions-citernes pour remplir d’eau les citernes percées… On a cherché d’urgence des instructeurs. Comme on n’en trouvait plus,
on a forcé les unités à les fournir sous ‘facture’. Mais quel Chef de Corps est prêt à se défaire de ses meilleurs éléments au profit d’une école ? Dans ces conditions d’accueil, d’hébergement et d’encadrement, comment s’étonner que des candidats s’enfuient en courant ? Bombe à retardement Après l’interminable explosion des départs à la pension, dans quelques années nous serons confrontés à une autre bombe à retardement : celle des BDL en fin de service. En effet, le recrutement massif de BDL a commencé en 2014. En 2021, les militaires ‘durée limitée’ encore en service auront pour la première fois l’occasion de réclamer une prime de ‘reclassement’ correspondant à un an de salaire (!) pour quitter la Défense. À partir de 2022 (8 ans de service), ils auront en outre droit à d’autres avantages : quatre mois de congé de reclassement,
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Statut
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un mois de congé d’orientation, 1.850 € de remboursement de frais de formation, un congé de formation supplémentaire de 120 heures (± 3 semaines) et l’aide d’un bureau d’outplacement professionnel, ainsi que d’une priorité en cas de candidature à la Police fédérale (DAB). Sans oublier à terme le paiement des heures de ‘DS-Flex’. Combien de BDL abandonneront ce pactole pour passer dans le cadre de carrière et rester à la Défense, comme nos généraux l’espèrent ? À partir de 2021, la Défense risque non seulement de perdre chaque année des centaines de militaires formés et expérimentés, mais elle devra en plus assumer les frais de reclassement de ceux qui partent. Pour retarder l’échéance, la Défense propose bien une prolongation d’engagement de quatre fois un an (jusqu’à 12 ans maximum) mais attention, il ne s’agit que d’une possibilité
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sans aucune garantie ! En effet, pour en bénéficier il faut être en catégorie d’aptitude A ou B. Les jeunes militaires BDL ne doivent donc pas compter ‘dur comme fer’ sur cette option car elle dépend de leurs futures évaluations (domaine professionnel, médical ou physique). On peut également se poser des questions sur la volonté réelle d’encourager les BDL à passer de carrière, comme promis par le CHOD : pour l’an-
née 2018, le nombre de places ouvertes dans toute l’armée pour un passage de ‘volontaire BDL’ à ‘volontaire de carrière’ était de… dix (!), avec une évolution vers une quarantaine de places en 2019. 37% des 689 militaires BDL engagés en 2017 ont déjà jeté l’éponge. Recruter des BDL, c’est comme essayer de remplir un seau percé... Sans compter que ceux qui restent s’évaporent automatique-
ment en fin de service. Ce statut apporte donc actuellement autant de problèmes qu’il n’en résout. Il est plus durable d’engager du personnel pour le long terme car pour un coût de formation identique, sa période de rendement est beaucoup plus longue. La durée type d’une carrière BDL n’atteint pas cinq ans. Ces militaires ont donc en moyenne moins de trois ans d’expérience. Si la tendance actuelle persiste, le très haut niveau qualitatif de nos unités de combat va diminuer. Il faudra s’attendre à plus d’accidents et de pertes lors des opérations et manœuvres. D’un point de vue purement opérationnel, il faudra aussi plus de personnel pour fournir le même potentiel tactique. L’ACMP-CGPM plaide pour une revalorisation basée sur la suppression de la limite de 8 ou 12 ans. Pourquoi se priver d’un militaire parfaitement apte et qui désire rester à la Défense ?
Pour le moment, le bilan du statut BDL est donc clairement mitigé, pour la Défense comme pour les intéressés eux-mêmes. Pour redresser le dangereux cap actuel, l’ACMP-CGPM plaide pour une revalorisation basée sur la suppression de la limite de 8 ou 12 ans. Pourquoi se priver d’un militaire parfaitement apte et qui désire rester à la Défense ? Gardons les nouveaux militaires tant qu’ils conviennent aux critères de leur métier. Après tout, il y a des soldats de 35 ans plus en forme que bien des jeunes de 20 ans ! Et si d’aventure un membre du personnel n’était plus apte pour
sa fonction ou s’il désirait partir, sa prime et ses moyens de reclassement lui permettraient de se reconvertir sans trop de peine dans le civil. À moins que la Défense ne lui propose une place mieux adaptée à sa situation ou qu’il évolue vers un autre Service public. Cette ouverture du statut donnerait plus de garanties au personnel tout en retirant de l’équation la variable qui bride les résultats du BLD : l’incertitude.
Prime de ‘reclassement’ des BDL Mois en service actif Prime (mois de salaire) 60 6 72 8 84 12 108* 13 132* 14 (*) Prolongation non garantie
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Info
Réserviste membre de la CGPM Vous quittez le service actif et êtes versé dans la Réserve ? Ou au contraire, vous rejoignez pour la première fois la Défense comme réserviste ? Sachez que le syndicat militaire ACMP-CGPM assiste tous les militaires, même ceux qui appartiennent à la Réserve. La société évolue et de plus en plus de citoyens vont connaître une carrière ‘mixte’, civile/militaire. Pendant leur période ‘civile’, ces travailleurs peuvent s’affilier à un syndicat traditionnel mais pour leur période ‘militaire’, il est préférable qu’ils soient couverts par une organisation réellement spécialisée dans les problèmes de la Défense, comme l’ACMP-CGPM. Pendant la Marche européenne du Souvenir et de l’Amitié (MESA), plusieurs réservistes ont demandé si nous pouvions faire quelque-chose pour eux. Un réserviste s’était blessé pendant un rappel et son dossier avait connu de nombreuses complications. Un autre avait écopé d’une punition et ne savait pas comment se défendre. Un troisième se demandait comment changer d’affectation suite à un déménagement. Dans tous les cas, ils ont été surpris d’apprendre que le syndicat militaire pouvait les assister, comme n’importe quel collègue en uniforme. Pour seulement 6,00 € par mois, nous assistons nos collègues réservistes pour tous les soucis qui peuvent survenir pendant leurs périodes sous les drapeaux. Les militaires actifs et les PVE(*) syndiqués pendant toute l’année écoulée reçoivent une prime syndicale de 90€ par an. Comme les réservistes ne prestent pas une année complète, le syndicat militaire réduit pour eux la cotisation à seulement 72 € par an, ce qui revient finalement au même. Pour 6 euros par mois, nous assistons donc nos collègues réservistes pour tous les soucis qui peuvent survenir pendant leurs périodes sous les drapeaux. Discipline, administration,
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Photo : Vincent Bordignon
pension de réparation, … et même, si nécessaire, une aide juridique hautement spécialisée. Le reste de l’année aussi, nos réservistes bénéficient de l’appui de l’ACMP-CGPM. En effet, ils peuvent compter sur les mêmes avantages complémentaires que leurs collègues de carrière : assurances concurrentielles et réductions exclusives via notre plateforme d’avantages. Notez que ce ‘package’ est très performant puisque nous avons calculé que sur l’année 2017, une famille de 4 personnes pouvait facilement économiser plus de 1.676 € ! Ils sont aussi automatiquement couverts par l’assurance ‘décès par accident’, à concurrence de 7.436,81 €. Par ailleurs, la cotisation comprend aussi l’abonnement à notre magazine professionnel ‘La Sentinelle’ et à toutes nos publications digitales. Alors, si vous êtes réserviste, n’hésitez pas à nous rejoindre !
(*) À l’ACMP-CGPM, les PVE paient les mêmes cotisations et bénéficient donc des mêmes avantages et services que les militaires actifs.
Statut
La ‘non-résidence’ a atterri ! DG HR a publié la nouvelle version du règlement TRAVARB comportant les modalités d’exécution de la ‘non-résidence’. Celle-ci est d’application dès décembre. Ce nouvel avantage représente l’avancée la plus significative pour les militaires depuis la revalorisation des salaires en 2003. Les négociations avec les syndicats ont permis de finaliser cette ‘initiative HR’ pour laquelle un texte de loi n’est pas nécessaire et qui pouvait donc être réglée directement au niveau l’état-major de la Défense. L’ACMP-CGPM insiste depuis longtemps pour que la compensation de ‘non-résidence’ (‘uithuizigheid’ en néerlandais) soit octroyée aux militaires. Après un long périple bureaucratique et administratif, la piste était en vue pour ce dossier. Les phares d’atterrissage branchés, le train sorti et verrouillé, les trois lampes au vert. Aujourd’hui, DG HR a concrétisé ses promesses en faisant atterrir le dossier dans l’urgence. De toute façon, on n’avait pas le choix : l’avion n’avait plus de carburant, retarder l’atterrissage aurait été suicidaire. Cette fois, pas de tergiversations, pas de manœuvre de retardement, le pilote a fait son boulot !
pas dormir chez lui, pour cause de mission, cours, manœuvre, opération, dépannage, … il reçoit deux heures (*) de compensation ajoutées à son crédit ‘DS-Flex’. Tant en ‘service intensif’ qu’en ‘service normal’. Et en cumul avec les avantages qui existent déjà, comme l’ordre de marche ou les missions de longue durée. Il peut alors au choix prendre ces heures comme une récupération ou demander qu’elles soient payées. Mais il peut aussi les conserver pour une date ultérieure, pour allonger ses vacances ou pour
étendre son congé de fin de carrière. Un fantassin par exemple, accumulerait au cours de son service largement assez de crédit pour allonger son congé de fin de carrière de plusieurs années avant l’âge légal de la retraite. Contrairement à ce qui est paru dans la presse, avec le DS-flex on ne part pas à la retraite plus tôt ! On reste militaire, comme pendant un congé, et surtout on touche son salaire complet.
Une avancée importante La compensation des périodes de non-résidence est cruciale pour augmenter l’attractivité du métier militaire. Le principe est simple : chaque fois qu’un militaire ne peut
Photo : Erwin Ceuppens (*) Pour les officiers : 0,2632 jours par période ininterrompue de 24h. Les ‘DS Flex’ ne peuvent - momentanément - pas être payées car la base légale doit encore être créée.
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Voici quelques exemples pour se rendre compte de ce que la ‘non-résidence’ du nouveau règlement TRAVARB apporte aux militaires :
carrière, l’ex-BDL perd sa prime de départ mais il conserve son crédit d’heures, avec cette fois la possibilité de les prendre en fin de carrière.
Volontaire BDL dans une unité de manœuvres ‘Land’ avec une carrière de 8 ans. En moyenne par an, il participe à une opération de 3 mois (plus deux semaines de préparation), à un exercice de deux semaines et à deux semaines de cours et missions en service normal. En tout, il est absent du domicile pendant 133 nuits, ce qui lui apporte 266 heures de DS-Flex. Sur 8 ans de carrière, cela correspond à 2.132 heures (plus d’un an de travail). Contrairement aux militaires de carrière, le militaire BDL ne peut pas prendre ses heures en fin de service. En revanche, il peut les convertir en argent. Dans ce cas le montant est plus élevé que celui de la prime de départ. Pendant sa 8e année, il touchera donc plus de trois ans de salaire ! Si au lieu de quitter la Défense il a l’occasion de passer dans le cadre de
Comme on le voit, la non-résidence change la donne pour les militaires BDL, qui font énormément de missions. Cette initiative rend le métier militaire beaucoup plus attrayant. Et comme le gain augmente avec le temps, cette mesure a le même effet qu’une augmentation de salaire : elle encourage le personnel à rester, ce qui aidera à juguler l’énorme attrition qui touche actuellement les militaires BDL. Sous-officier de carrière dans un Wing opérationnel avec le grade d’adjudant-chef. Entre les exercices, les dépannages, les déploiements à l’étranger, les cours statutaires et autres périodes de non-résidence, sur une carrière de 38 ans il épargnerait ±3.600 heures, ou plus de deux ans de prolongation du repos de fin de carrière avant la mise
à la retraite. Si ce sous-officier choisissait de convertir ses heures en argent à la fin de sa carrière, cela représenterait ±91.000€ bruts (plus de 104.000€ quand le 1/1618e remplacera le 1/1850e). Mais il pourrait aussi choisir de prendre un mois de congé supplémentaire un an sur deux, pour faire un long voyage, rénover sa maison ou s’occuper de ses enfants. Il pourrait aussi convertir chaque année une partie des heures en argent, à sa meilleure convenance. Voilà ce que représente pour les militaires la compensation de ‘non-résidence’. Ces deux exemples permettent de visualiser pourquoi le syndicat militaire a négocié et obtenu cet engagement important de la part des autorités. Non seulement pour tous les collègues à qui l’initiative peut profiter, mais aussi pour convaincre assez de jeunes de s’engager. Pour donner une spécificité au métier militaire qui le rend plus désirable. Les enseignants ont droit à tous les congés
Photo : Erwin Ceuppens
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scolaires, c’est un des attraits majeurs de ce métier. Eh bien désormais les militaires ont quant à eux la ‘non-résidence’.
atterrissage d’urgence, l’appareil militaire pourra être remis en état pour finalement reprendre ses missions.
Cette initiative était essentielle pour éviter un crash définitif de notre armée. Il en faudra d’autres pour faire redécoller la Défense mais au moins depuis cet
Exemples d’activités prises en compte :
dépannage avion en France, trois jours en appui pour le 21 juillet, colloque cybersécurité à Madrid, sauts à haute altitude à Tancos, tir à Elsenborn, jeux militaires en Chine, visite de Trump à l’Otan, convoi vers la Lituanie, stage ski-randonnée dans les Alpes,…
Entretien de frégate à Den Helder, cours B1, période OVG,
Photo : Vincent Bordignon
Points clé : - cumul avec tous les autres avantages (ordres de marche, récupérations ordinaires, allocations de déplacement ou d’éloignement, prime de départ, etc.) - à partir de la date de publication (pas d’effet rétroactif) - indépendant du ‘dossier pensions’ (si celui-ci ressort du ‘frigo’ politique un jour…) - au choix : épargné pour la fin de carrière (sauf BDL), pris annuellement (max. 20 jours sur 2 ans) ou payé (sauf officiers) - dispense de service avec salaire complet (ce n’est pas une ‘prépension’ !) - non imposable si pris en temps - pour les nuits passées en-dehors de sa commune et des communes attenantes, quelle que soit la raison** - pas d’application pour les candidats dans la sous-position 'en formation', ni pour les postes internationaux - la prise de la compensation ne peut pas être imposée mais peut être refusée pour raisons de service, sauf en fin de carrière - une activité professionnelle accessoire est autorisée pendant une dispense de service flexible (voir détails dans A16-G1, Art 176 et DGHR-GID-CUMUL-001) (**) Pour les formations de longue durée, le militaire ne peut obtenir plus de 152 heures sur une année académique (entre le premier août et le 31 juillet de l’année suivante)
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Opinion
Quand le combat retardateur se transforme en débandade Suite à un certain nombre d'articles parus dans l’édition de septembre-octobre 2019 de La Sentinelle, nous avons reçu la réaction ci-dessous. Étant donné que le contenu de cette lettre est à la fois très pertinent, très actuel et qu'il renforce nos messages clés de La Sentinelle, nous n'avons pas voulu vous en priver. Nous publions donc ce texte comme un ‘courrier de lecteur’. Quand quelqu'un a parfaitement raison, il faut le reconnaître. C'est exactement le cas de l'ACMP-CGPM, le plus important syndicat militaire, lorsque dans son numéro d'octobre 2019, il enfonce impitoyablement notre état-major. L'éditorial : "La Défense n’apprend-t-elle donc pas ?" et les articles "Panique à Evere" et "Combat retardateur" n’épargnent pas la politique de défense belge, et encore moins le ‘management’ de nos meilleurs généraux. L'article sur le combat retardateur décrit comment nos super-généraux balancent les principes par-dessus bord et se conforment à la tradition de ‘La Grande Muette’ et 'La voix de son maître'. Ils ignorent le souci constant du chef pour le bien-être et la sécurité de ses propres soldats. Le but de ce combat retardateur est de gagner du temps en se repliant et en reprenant l'initiative avec de nouveaux moyens pour remporter la victoire. Il est indéniable que ce résultat n'a pas été atteint et que l'armée perd du temps et du terri-
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toire sans aucun espoir de redressement. Cela va à l'encontre de la devise de beaucoup de nos beaux régiments, comme les Chasseurs ardennais : "Résiste et mords", car ni l'un ni l'autre n'arrive. Ce n'est donc pas une manœuvre de ralentissement mais une retraite incontrôlée en "sauve qui peut". Lorsque le CHOD nomme un de ses généraux pour résoudre ses propres problèmes, il n'est plus le capitaine à la passerelle lorsque le navire coule. C'est une mascarade contre ses soldats, des hommes et des femmes conscients de leur valeur et de leurs capacités. Cela se fait sous prétexte que l'armée ne doit pas s'immiscer dans la politique. En soi, c'est un principe correct, mais cela ne décharge pas le chef militaire de sa responsabilité de le faire savoir lorsque les ressources qui lui sont allouées par la politique sont insuffisantes pour mener à bien les tâches qui lui sont assignées par cette même politique. Pour tirer le signal d’alarme, il faut de l'honnêteté, de la loyauté et du courage. Sachant que tôt ou
tard, les politiciens vous auront au tournant et que les collègues, qui se voient déjà dans votre fauteuil, sont prêts à beaucoup - trop - de concessions. Est-ce ainsi dans tous les pays ? Est-il vrai que, partout, les hauts généraux n'osent pas s'exprimer, par peur pour leur carrière ou par soumission servile, ce qui ne profite à personne, sauf peutêtre à eux-mêmes, et dont tout le monde, en particulier notre armée, et donc aussi notre pays, est la victime ? Non, il y a des chefs militaires qui disent haut et fort ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. Ils veulent des forces armées puissantes, mais en même temps le salut et la sécurité de leurs soldats restent leur préoccupation constante. L'un sans l'autre est désastreux. L'un avec l'autre est la caractéristique du chef. Le soldat n’est pas aveugle, il dit qu'un tel chef "a des c.... au c... ". Ce n'est pas une langue de salon, mais une langue de soldat, parce que les soldats ne restent généralement pas dans les salons.
Photo : Concetto Bandinelli
En France, c'est ce qui s'est produit lorsque le chef de la Défense, le général Pierre de Villiers, a présenté sa démission, après avoir dû conclure que son budget pour 2017 était amputé de 850 millions d'euros, malgré la promesse d’augmentations considérables du budget de la Défense. Une situation également courante en Belgique. Le 11 juillet 2017, il exprime son mécontentement et annonce à la Commission de Défense nationale : "Je ne me laisserai pas baiser comme ça". Le 19 juillet 2017, il démissionne de son poste de chef de l'armée française. Il quitte le ministère de la Défense sous les applaudissements de tous les officiels et soldats qui forment une garde d'honneur. Cela ne risque pas d’arriver chez nous. En novembre 2017, il publie son livre ‘Servir’. Pour lui, la loyauté c'est aussi "Dites la vérité à votre
chef...". Quels que soient les risques et les conséquences, ce qui n'est ni conforme à l'esprit de l'époque, ni au consensus sur ce qui est recommandé pour bien se faire voir. Le général de Villiers montre qu'à la suite de restructurations successives, il y a un déséquilibre entre les ressources et les missions. Il s'identifie aux préoccupations des soldats ordinaires « dont les conditions de vie se dégradent : le logement, la fréquence du célibat géographique, la baisse du pouvoir d'achat, l'absentéisme croissant des soldats trop sollicités, les horaires de déploiement imprévisibles, les missions mises en place à court terme, etc. Tous ces facteurs pèsent sur le moral. » C'est exactement là où le bât blesse aussi chez nous. Le manque de motivation, renforcé par les conditions de travail lamentables, réduit le flux entrant
et augmente le flux sortant. Les heures ‘flex’, le travail à domicile et même une augmentation de salaire substantielle ne sont que des emplâtres sur une jambe de bois si le métier de soldat n'est pas attrayant, stimulant et donc motivant. Comment peut-on attendre de quelqu'un qui n'est pas motivé qu’il donne sa vie si nécessaire pour ceux qui ne sont pas prêts à le motiver ? Quand Napoléon demanda à ses soldats : « Eh bien les gars, la soupe est-elle bonne aujourd'hui... ? » il a eu comme réponse : "Oui Sire, mais elle pourrait être encore meilleure..." et puis le soldat s’est tu. Une bonne soupe, en d'autres termes des ressources suffisantes, sont nécessaires mais pas suffisantes pour attirer et garder de bons militaires et donc des militaires motivés. Pour le savoir, vous n'avez pas besoin d'une équipe spéciale de transition avec des généraux,
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car chaque militaire vous le dira immédiatement. Si vous ne pouvez pas faire revenir des soldats motivés, fiers d'être militaire, fiers de porter un uniforme et heureux de rentrer chez eux dans cet uniforme, alors ce ne sont que des paroles en l’air. Comme le dit de Villiers : « Nous, les militaires, nous ne sommes pas des acteurs, ... nos engagements sur le terrain sont souvent là pour nous rappeler que toute lâcheté est payée en espèces... la guerre est menée à balles réelles... » On l'appelle ‘le moral des troupes’. C'est dans ce domaine crucial que notre pays, notre gouvernement, nos ministres de la Défense et surtout nos chefs militaires, échouent. Le général de Villiers place le soldat, et non le budget, au cœur du système. Et de Villiers de conclure : « Dans les circonstances actuelles, je crois que je ne peux plus garantir la pérennité du modèle de l'armée, auquel je
crois afin de garantir la protection de la France et des Français... » En Belgique, il y avait aussi un CHOD avec de la vision. Le général Charles-Henri Delcour a démissionné le 16 mars 2012 pour les mêmes raisons que Pierre de Villiers. Il l’a fait de façon moins flamboyante, d’une simple note dans la poche du ministre de la Défense Pieter De Crem. C'était sans conférence de presse, sans honneur. Le rideau était tombé. "Acta est fabula", le dé a été jeté, pour lui, mais pas pour ses hommes qui sont restés dans le pétrin. C'est la fin des haricots. Si les chefs militaires n'interviennent pas, alors c’est aux soldats – par l'intermédiaire de leurs représentants comme dans le cas présent l'ACMP-CGPM – qu’il revient de poser les questions qui dérangent. En ce sens, les articles de l'ACMP-CGPM sont ‘spot on’, parce que le personnel a besoin
de plus qu’une aumône. Il s'agit de la dignité et de l'essence de leur profession, de leur survie et de leur sécurité. Col BEM e.r. Pierre PEETERS
Le colonel en retraite Peeters est un ancien chef de Corps du 5e Régiment de Ligne. Il a été, entre autres, officier de liaison au sol à la 2e Escadrille, officier de projet pour l'arme antichar MILAN et gestionnaire de matériel du char Leopard, chef de cabinet du chef d'état-major général et directeur du centre d'études de la Défense. Au cours de sa mission en ex-Yougoslavie, Pierre Peeters a été, entre autres, commandant du secteur Est et conseiller de l'envoyé spécial de l'ONU. Le colonel Peeters est également gradué de l'US Army Command and General Staff College (Fort Leavenworth).
Photo : Daniel Orban
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Info
Mais que fait la Gendarmerie ?!? Fin octobre, le bataillon d’infanterie 12/13Li de Spa s’est entraîné à neutraliser des preneurs d’otages dans une école de Malmedy, sous l’objectif des médias. Un scénario peu courant pour des fantassins formés à combattre des soldats armés de véhicules blindés, missiles antichars et artillerie de campagne. Dans la plupart des - autres - pays occidentaux, une prise d’otages à l’école du quartier relève des unités antiterroristes de la police nationale. Mieux encore, chez nos voisins du nord et du sud, la mission revient à la ‘Gendarmerie’, une force militaire spécialisée pour les interventions sur le territoire national dans le cadre de taches policières. Aux Pays-Bas, la ‘Koninklijke Marechaussee’ compte ainsi plus de 6.000 militaires et civils. Comme la Gendarmerie française, elle fait partie de la Défense et renforce la police avec des moyens et des armes spécifiques. Et c’est nécessaire car les terroristes, agents infiltrés et organisations criminelles possèdent aujourd’hui des moyens de combat auxquels la police ne peut pas faire face : armes de guerre, grenades, roquettes, mines, drones armés, ... Terroristes et malfrats actifs en Europe sont souvent d’anciens paramilitaires étrangers ou même du personnel formé et équipé directement par des États et des organisations internationales appuyant le terrorisme ou le grand banditisme.
De vrais terroristes ne préviendraient pas où et quand ils comptent frapper… Il y a trente ans, la Belgique comptait près de 20.000 gendarmes, en plus des 130.000 militaires et civils de l’armée belge. Mais suite à la réforme des polices en 2001, la Gendarmerie belge a cessé d’exister. En cas d’attaque de grande ampleur ou de prise d’otages telle que celle de l’exercice à Malmedy, c’est donc l’armée qui doit intervenir. Malheureusement, celle-ci a déjà beaucoup de mal à remplir ses obligations purement militaires. Pendant que nos soldats dissuadent les divisions blindées russes d’envahir les pays baltes, ils ne peuvent pas chasser les terroristes dans nos écoles. S’ils n’avaient pas été prévenus de longue date, les militaires de Spa n’auraient tout simplement pas été présents. On les aurait trouvés en mission à l’étranger, dans les rues de Bruxelles, sur un terrain d’exercices en Bavière, en formation à Tournai ou tout simplement à la maison, pour essayer de ‘prendre’ leurs heures supplémentaires et congés en
retard. La simulation de Malmedy a nécessité une préparation de plusieurs semaines. Il a fallu rassembler le matériel, commander les munitions, trouver des chauffeurs, entretenir les véhicules, … Même avec un long préavis, dégager les moyens et le personnel suffisants pour contrer une poignée de terroristes relève déjà du tour de force. Et de vrais terroristes ne préviendraient pas où et quand ils comptent frapper… Dans notre pays, il n’existe pas de force militaire susceptible d’intervenir dans l’heure pour une action policière. Il faudrait dérouter des soldats déjà occupés, comme ceux qui patrouillent à Zaventem
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dans le cadre de la mission ‘OVG’. Mais en cas d’alerte, peut-on se permettre d’abandonner la protection des sites prioritaires ? Par ailleurs, libérer des enfants n’a rien de commun avec la neutralisation d’un blindé russe à coups de missiles antichars. C’est tout simplement un autre métier qui requiert une formation spécifique à temps plein. On n’attend pas non plus d’un dentiste qu’il prescrive de temps en temps de nouvelles lunettes… Le déploiement très médiatisé à l’athénée royal de Malmedy relève plus de la mise en scène que de l’exercice militaire. Ce n’est rien d’autre que de la propagande d’État, pour donner à la population l’illusion que nos enfants sont en sécurité. Imaginez qu’une prise d’otages se déroule au parc d’attractions de Plopsaland (La Panne). Les fantassins les plus proches sont à Bourg-Léopold (231 km). Inutile de chercher du côté des Forces spéciales à Tielen ou Heverlee, car ils sont en permanence déployés. Il n’y a jamais assez de soldats dans ces casernes pour former ne serait-ce qu’une seule
compagnie de 250 combattants (l’effectif présent à Malmedy). Rien que pour rappeler le personnel, préparer armes et munitions, former la colonne et arriver à la Côte, il faudrait plusieurs jours. Quant à héliporter les troupes, c’est impossible car notre armée ne possède que quatre (!) hélicoptères de transport NH-90TTH, juste assez pour donner le change au défilé du 21 juillet. Et une fois sur place, comment éviter un carnage ? Nos militaires ne sont pas équipés pour ce type de mission spécifique. Leurs réseaux radio ne sont même pas compatibles avec ceux de la police. Les mitrailleuses des véhicules blindés ont une portée de 6 km et leurs
Photo : DG StratCom
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munitions traversent les murs de part en part… Autant dire que le risque de dégâts collatéraux serait très important en cas d’usage de la force militaire en milieu civil. Sans parler de l’aspect purement juridique. On a beau prétendre que c’est leur mission, la loi dit que les militaires ne peuvent pas tirer sur des civils, sauf en cas de légitime défense. Contrairement à un policier ou à un gendarme, en Belgique ils n’ont pas le droit d’arrêter quelqu’un, ni même de contrôler son identité ! Au final, le déploiement très médiatisé du bataillon 12/13Li à l’athénée royal de Malmedy relève plus de la mise en scène que de l’exercice militaire. Ce n’est rien d’autre que de la propagande d’État, pour donner à la population l’illusion que nos enfants sont en sécurité. En réalité, près de vingt ans après la disparition de sa Gendarmerie, la Belgique ne pourrait pas faire grand-chose en cas d’attaque majeure par des terroristes ou des combattants infiltrés.
Statut
Protection parentale revue et corrigée En mars 2019, profitant d’une proposition de loi, des députés ont introduit une série d’amendements en vue d’aligner le système de congé de protection parentale des militaires sur celui applicable aux membres du personnel des administrations de l’État. In fine, de nouvelles dispositions légales pour les militaires ont été mises en vigueur au 27 juin 2019. Qu’en est-il ? Raison Lesdits députés ont motivé leur initiative parlementaire par le fait que la Défense a un taux de rotation élevé chez les jeunes militaires et que le déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée en est l’une des principales raisons. Les amendements visent dès lors à répondre à la demande des jeunes parents militaires en leur permettant ainsi qu’aux autres militaires d’atteindre un équilibre plus flexible entre vie privée et vie professionnelle. Concertation syndicale Si un assouplissement était également une revendication des organisations syndicales dont l’ACMP-CGPM, émise à maintes reprises lors des discussions avec l’autorité, précisons d’emblée qu’aucune négociation syndicale n’a eu lieu à ce sujet étant donné qu’il a été question, in fine, d’une initiative parlementaire (qui a donc ‘bypassé’ la concertation sociale). Toutefois, afin d’exécuter ‘pratiquement’ les dispositions revues et corrigées en matière de protection parentale, une concertation syndicale officielle s’est tenue le
22 novembre 2019 afin que le Reg ‘TRAVARB’ soit mis à jour. Cela permettra aux militaires concernés de savoir de façon concrète ce qu’ils peuvent demander et faire en matière de protection parentale. Ci-après, un résumé de ce qu’il en sera.
congé pour soins d’accueil. Ainsi, afin de rendre applicable les dispositions assouplies en matière de protection parentale quand il est question de la prendre sous la forme d’une réduction des prestations, la règle pratique suivante a été appliquée : un congé d’une durée d’un mois calendrier équivaut à 20 jours ouvrables.
Contenu L’ACMP-CGPM a déploré la rédaction ‘malheureuse’ du texte de loi car il présente une série de ‘bizarreries’ et quelques difficultés de mise en œuvre. C’est loin d’être d’un professionnalisme sans reproche. Aussi, il est plus que probable que ce texte de loi subira une série de nouvelles corrections, une fois qu’un gouvernement fédéral de plein exercice sera mis en place. Quoiqu’il en soit, il est prévu un assouplissement en organisant également la possibilité de prendre le congé parental et le congé de protection parentale sous forme d’un mi-temps, d’un cinquième ou d’un dixième temps. Il a aussi été prévu d’étendre la possibilité de prendre un congé d’adoption ; il en va de même pour le placement familial de longue durée via le
Pour rappel, la protection parentale peut prendre plusieurs formes : 1. Le congé de protection parentale 2. Le congé d’adoption 3. Le congé d’accueil 4. Le congé pour soins d’accueil (nouvelle disposition) 5. Le congé de paternité (aucun changement apporté) Nous n’aborderons pas ici le congé de paternité (possible en cas d’hospitalisation ou de décès de la mère) car il est resté inchangé. Sachez toutefois que la protection parentale (à savoir les divers congés susmentionnés) n’est pas applicable aux candidats militaires. Nous avons repris ci-après, sous forme de tableau, ce qu’il en est des 4 premiers congés relatifs à la protection parentale et avons grisé les modifications apportées aux dispositions initiales.
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Oui
1. Par mois entier (temps plein) 3 x 1 mois (3 mois) (*) 2. Par période de 2 mois (½ temps): 20 jours ouvrables 3 x 2 mois à 20 jours ouvrables (6 mois) 3. Par période de 5 mois (4/5) : 20 jours ouvrables 3 x 5 mois à 20 jours ouvrables (15 mois) 4. Par période de 5 mois (9/10) : 10 jours ouvrables 6 x 5 mois à 10 jours ouvrables (30 mois) (ou en ½ jour ouvrable/3Hr38) 0 € - Pas d’allocation d’interruption
Oui
Congé d’accueil (Un droit) Tutelle officieuse d'un enfant mineur Accueil d’un mineur (décision judiciaire de placement dans une famille d'accueil) 6 semaines si enfant < 3 ans 4 semaines si enfant ≥ 3 ans 12 ou 8 semaines si handicap (**) o Débute le jour de l’accueil o Si congé pour soins d’accueil pris x jours ouvrables en réduction du congé d'accueil
Rem : Allongement (éventuellement à répartir entre les 2 parents) 1. Dès 27/06/19 : 1 semaine 2. Dès 01/01/20 : 2 semaines 3. Dès 01/01/23 : 3 semaines 4. Dès 01/01/25 : 4 semaines 5. Dès 01/01/27 : 5 semaines - Si ‘handicap’ : doublement de la période
Oui
Oui
Oui
6 semaines dans l'année d'accueil 12 semaines si ‘handicap’(**) 2 semaines en plus si adoption simultanée (pas doublée si handicap) o Par enfant et par parent o Si congé d'accueil pris x semaines en réduction du congé d'adoption 1. Pas fractionnable (*) 1. Par semaine 2. Possibilité : Max 3 semaines avant accueil effectif
Congé d’adoption (Un droit) A doption d’un mineur
0 € - Allocation d’interruption mensuelle : 834,90€ (brut) 750,33€ Oui (net)
1. Par mois entier (temps plein) 4 x 1 mois (4 mois) (*) 2. Par période de 2 mois: 20 jours ouvrables 4 x 2 mois à 20 jours ouvrables (8 mois) 3. Par période de 5 mois: 20 jours ouvrables 4 x 5 mois à 20 jours ouvrables (20 mois) 4. Par période de 5 mois: 10 jours ouvrables 8 x 5 mois à 10 jours ouvrables (40 mois) (ou en ½ jour ouvrable/3Hr38)
4 mois o Par enfant et par parent o Cumul avec le congé de protection parentale, mais pas ½ jour congé parental et ½ jour congé de protection parentale
Congé de protection parentale (Si le Sv le permet) Naissance Adoption o Jusqu’à 12 ans ou 21 ans si ‘handicap’(**)
Oui
Oui
Rem : Allongement des 6 semaines par parent d’accueil (éventuellement à répartir entre les 2 parents) 1. Dès 27/06/19 : 1 semaine 2. Dès 01/01/20 : 2 semaines 3. Dès 01/01/23 : 3 semaines 4. Dès 01/01/25 : 4 semaines 5. Dès 01/01/27 : 5 semaines Si ‘handicap’ : doublement
1. Pas fractionnable
6 jours ouvrables par an 6 semaines Max ininterrompues par parent si accueil de Min 6 mois o Au Mil désigné comme parent d’accueil o Si congé d’accueil pris x jours ouvrables en réduction du congé pour soins d’accueil
Congé pour soins d’accueil (Un droit) Placement d'une personne dans la famille
Demander 3 semaines (avant la fin du congé parental) un aménagement de son horaire de travail pour la période de 6 mois suivant la fin du congé parental (suivant les nécessités de Sv) (*) Le régime volontaire de travail de la semaine de quatre jours et du départ anticipé à mi-temps sont suspendus automatiquement en cas de congé d'adoption, de congé d’accueil, de congé parental, de congé de protection parentale. Dans un tel cas de figure, il n’est possible de prendre le congé parental ou de protection parentale qu’à temps plein (c’est-à-dire par mois calendrier ; pas de crédit en (demi-)jours ouvrables). (**) Incapacité physique ou mentale de 66% ou 4 points Pilier 1 de l’échelle médico-sociale ou 9 points dans l’ensemble des 3 piliers de ladite échelle au sens de la réglementation relative aux allocations familiales
Congé = Sv Actif Rem
Congé rémunéré
Comment
Combien
Événement
Congé parental (Un droit) Naissance Adoption Placement (accueil) o Jusqu’à 12 ans ou 21 ans si ‘handicap’(**) 3 mois o Par enfant et par parent o Cumul avec le congé de protection parentale, mais pas ½ jour congé parental et ½ jour congé de protection parentale
NAISSANCES
LOUIS – 07/02/2017 ET NOAH – 06/02/2018 Nés dans la famille de Liesbeth WILLEKENS (Heusden-Zolder) RAFFAELE – 05/04/2019 Né dans la famille de Jonathan FONTANA (Namur) ELIOTT – 04/07/2019 Né dans la famille de Gilles GEBOES (Liège) OLIVIA – 15/07/2019 Née dans la famille de Christophe SCHOOFS (Mol) SEPPE ET WIES – 27/08/2019 Nés dans la famille de Sam RONSMANS (Diest) LOWIE – 29/08/2019 Né dans la famille de Michel VAN SANTVOORT (Malle) TOBIAS – 24/09/2019 Né dans la famille de Tom FOURIER (Leuven) BENJAMIN – 01/10/2019 Né dans la famille de Dimitri ELSEN (Hasselt)
MARIAGES
NECROLOGIE
16/11/2018 Elias SRIHI et Nadia EL KADDOURI (Kortrijk)
JACQUES CNUDDE 1931 - 28/09/2019
12/07/2019 Kris JACOBUS et Ellen DE MUYNCK (Eeklo) 31/08/2019 Tim DE ROOVER et Ann DE PEUTER (Herselt) 18/09/2019 Donald VAN DEN WYNGAERT et Cynthia BALJÉ (Beerse)
ANDRIES VAN RYCKEGHEM 1929 - 03/10/2019 NICO VANDEVOORDE 1973 - 06/10/2019 CHRISTIAN WINKELS 1931 – 07/10/2019 JOSEPH LEMMENS 1931 – 15/10/2019
24/09/2019 Fabrice DE RO et Cathy DI LALLO (Saint-Hubert) 25/09/2019 Bernard LEROY et Nathalie BONHIVERS (Gembloux) 07/10/2019 Geert EASTON et Stéphanie MADDELEIN (Middelkerke) 24/08/2019 Baptiste DEPLANQUE et Anaïs SUVÉE (Dour)
CHLOÉ – 05/10/2019 Née dans la famille de Stéphane LICHTKEN (Charleroi)
09/09/2019 Michel RADOUX et Maria-Christina MAVARO (Braives)
LESLIE – 07/10/2019 Née dans la famille de Guillaume EMONDS-ALT (Liège)
16/11/2019 Sébastien SEMPO et Derya OZCIFTCI (Anderlecht)
Indice des prix à la consommation - Septembre : 108,44 points - Octobre : 108,83 points - Novembre : 108,90 points
Indice santé - Septembre : 108,58 points - Octobre : 108,98 points - Novembre : 109,00 points L’indice santé lissé des quatre derniers mois (août, septembre, octobre et novembre 2019) s’établit à 106,73 points.
JUULS - 18/10/2019 Né dans la famille de Dirk DE BRAUWER (Genk)
L’indice-pivot pour la Fonction publique et les allocations sociales, fixé à 107,20 points, n’est pas été dépassé ce moisci. L’indice pivot a été dépassé pour la dernière fois en août 2018.
Photo page suivante : Daniel Orban
Source : Statbel
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Le syndicat militaire ACMP-CGPM vous souhaite d’agréables fêtes de fin d’année.
Que 2020 puisse apporter, à vous et à vos proches, bonheur et prospérité !
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