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Rallye de MonteCarlo : S. Althaus s’amuse
«Je m’amuse et ça va plus vite !»
Sacha Althaus : pour son 3e Rallye Monte-Carlo, le jeune Jurassien termine au pied du podium de sa catégorie… comme en 2020. Mais avec le plaisir en plus. Par Mario Luini
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Avec Sacha Althaus, la pomme n’est pas tombée loin de l’arbre : champion de Suisse des Rallyes en 2012, son père Nicolas fut un des acteurs majeurs – bien que trop épisodique, faute de moyens – de la scène routière suisse entre 1987 et 2018, avec 5 victoires et 22 autres podiums. Et Cédric, le neveu de Sacha, a remporté le Championnat de Suisse Junior en 2015, après s’être imposé dans le Citroën Racing Trophy en 2014, et dans l’European Clio RT3 Alps 2016.
La voie était donc toute tracée pour Sacha, déjà vice-champion de Suisse Junior en 2019, dès sa 3e saison seulement. Et, contrairement au père, pour qui le MonteCarlo est resté à l’état de rêve, le fils débutait dès 2020 dans la grande classique monégasque, qu’il attaquait donc pour la 3e fois en janvier dernier. Avec Lisiane Zbinden, celle qui partage sa vie et sa passion dans le baquet de droite de leur Renault Clio, il décrochait la 34e place au classement général et la 4e de la catégorie RC4 (deux roues motrices, moteur 1,3 l turbo ou 2 l atmosphérique, env. 215 Ch).
SOURIRE RETROUVÉ…
Un résultat qui comble le jeune mécanicien jurassien de 25 ans : «Je suis supercontent !, résume-t-il. La performance était là, on était plus près des meilleurs, on a bien roulé, pratiquement sans aucune erreur, et la voiture était très plaisante à conduire. La Clio RC4 se rapproche davantage d’une vraie voiture de course, les possibilités de réglage sont grandes, on peut l’adapter à son pilotage et elle accepte d’être brusquée, ce qui me convient bien. Je m’amuse, et ça va plus vite en attaquant. En fait, dès que je suis monté dedans, en 3 km, j’avais retrouvé le sourire ! On a fait mieux qu’en 2021 (40e, n.d.l.r.), avec la Peugeot 208 qu’on connaissait par cœur, alors que là on découvrait quasiment la voiture : on l’a reçue début décembre, on est allés la prendre en main au Rallye du Dévoluy, en guise d’entraînement sur la neige… mais on en a eu à peine 4 km au Monte-Carlo, presque tout sec ! C’est bien simple : on n’avait encore jamais roulé en pneus slicks avant la première spéciale !»
UN SEUL (PETIT) REGRET
Qu’à cela ne tienne, Althaus-Zbinden ont trouvé rapidement les limites de leur Clio R4. «Ce Monte-Carlo était un peu spécial, poursuit-il. Pour fêter leur 90e édition, les organisateurs voulaient rester centrés à Monaco, et du coup le rallye s’est déroulé dans l’arrière-pays, jamais très loin de l’influence de la Méditerranée. Pour nous, ça manquait de montagne, même s’il faisait froid, et que certaines portions étaient très «piégeuses» à cause du givre et du verglas. Ça nous a valu deux ou trois frayeurs, mais sans plus. Le boulot des ouvreurs était très important, et heureusement que c’était mon papa qui officiait, avec ma sœur aux notes, comme les deux années précédentes. On pouvait attaquer en confiance…» Sacha Althaus avoue quand même un petit regret : «4e des RC4, comme l’an dernier, c’est la seule chose qui m’embête un peu, rigole-t-il. On visait mieux, mais le vendredi midi – soit après les 5 premières des 17 spéciales –, on savait déjà que, sauf circonstances favorables, le podium était hors de portée. Les trois premiers avaient un sacré rythme !»
UNE SURPRISE POUR LE JURA ?
Ce Monte-Carlo archivé, on reverra le couple Althaus-Zbinden dans la manche d’ouverture du Championnat de Suisse, chez lui, au Critérium jurassien, les 8 et 9 avril prochain : « Mais pas nécessairement avec la même voiture. On a envie de viser plus haut… Et puis on sera au Rallye du Chablais (3 et 4 juin) avec la Clio RC4, parce que j’aime beaucoup ce rallye, et vu le plaisir qu’on prend dans cette auto, pourquoi s’en priver ?» Après, rien n’est fixé. Reste, plus loin, l’irrésistible perspective d’un 4e MonteCarlo : «En 2020, après notre abandon, on n’était pas sûrs de revenir. Mais ça nous est vite passé !» F idèle parmi les fidèles, Olivier Burri était au départ de son… 23e Monte-Carlo, ce qui le met en 2e position dans la liste des participations, à 4 longueurs du record. Mais avec 19 classements, personne n’a fait mieux que le Jurassien ! Fin janvier, sur la VW Polo GTI R5 qu’il partageait avec son navigateur Français Anderson Levratti, Burri s’est encore hissé dans le top 20, 9e du WRC2 (la 2e division du rallye mondial) et surtout 2e du classement «Master», une nouvelle compétition réservée aux «anciens» de plus de 50 ans. Difficile de faire beaucoup mieux pour un véritable amateur face à tous les pros et semi-pros du plateau. À 58 ans, le quadruple champion de Suisse (1991-92-93-95) ne pouvait raisonnablement viser que cette victoire de classe, mais elle lui a échappé au profit des Italiens Miele-Beltrame, 17e sur leur
En arrachant la 80e victoire de sa prodigieuse carrière, Sébastien Loeb – navigué pour la première fois par Isabelle Galmiche dans la nouvelle Ford Puma WRC1 Hybride qu’il découvrait – a signé un exploit retentissant, s’imposant pour 10’’5 à celui qui marche sur ses traces, le champion du monde en titre (pour la 8e fois) Sébastien Ogier (Toyota). Certes, Ogier avait fini par prendre le meilleur sur Loeb à la régulière, mais une crevaison dans la 16e et avant-dernière spéciale réduisait à néant le petit coussin de 20’’ qu’il s’était ménagé. Et si c’est finalement le résident vaudois qui ajoutait Skoda Fabia R2. «Ils étaient mieux préparés que nous, reconnaît Burri, et on n’a pas été aussi bons qu’on aurait pu l’être. On avait travaillé les réglages sur des bases beaucoup moins rapides, je n’étais pas en confiance pour attaquer. On est encore une fois à l’arrivée, c’est déjà bien, mais cette victoire en Master, j’y tenais. Il faut faire 5 manches du mondial WRC pour être classé au championnat, on ira probablement au Rallye de Croatie (22-24 avril), et après on verra...»
Olivier Burri, l’inoxydable
Le bon coup du «Vaudois» Loeb
ainsi une ligne à sa légende, en devenant à 47 ans et 331 jours le vainqueur le plus âgé d’une manche du Championnat du monde des Rallyes, c’est bien le formidable duo des deux géants de la spécialité qui restera dans les annales de ce 90e Monte-Carlo.