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Amicale A110 – Itw. Jean-Claude Balmer
«Ça a toujours été une passion»
Le sang «bleu Alpine» coule dans les veines de Jean-Claude Balmer, président de l’Amicale A110 qu’il a créée il y a 33 ans. Bienvenue dans son antre de Préverenges. Par Pierre Thaulaz
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Jean-Claude Balmer, 50 ans de fidélité à la berlinette. A l'arrière-plan, l'Alpine Le Mans.
LA BERLINETTE, C’EST UN SAC
AUTO: Vous étiez aux manettes lors de la 1re Rencontre francosuisse Alpine, le 1er septembre dernier à Divonne…
Jean-Claude Balmer : L’objectif était de réunir un maximum d’Alpine. C’est la première fois qu’une rencontre d’une telle ampleur a été organisée dans cette région. 204 voitures étaient au rendez-vous, dont quelque 80 anciennes. Contrairement à nous, les Français sont plutôt venus avec les nouvelles.
Combien de membres au sein de l’Amicale A110?
47. On a des statuts spécifiques. Pour entrer dans l’Amicale, il faut faire une demande et être parrainé par l’un des membres. Ça nous permet de demeurer 100 % libre, notamment lorsqu’on organise une manifestation.
Une opération qui pourrait se répéter, en Suisse par exemple?
On en discute en effet, mais ce serait plutôt en 2021.
Qu’est-ce qui vous réunit?
C’est la passion de la voiture. Contrairement à d’autres marques qui pourraient plus ou moins rivaliser dans le même segment, Alpine privilégie le montage à la main. Cette année, j’ai chapeauté deux visites d’usine avec des groupes. Les participants ont pu constater que si l’emboutissage se faisait avec la robotique, l’assemblage du véhicule était réalisé entièrement à la main. Ceux qui ont connu les Alpine première époque savent qu’il fallait de la main-d’oeuvre.
Comment avez-vous découvert cette marque?
Un peu par le sport automobile. Je faisais partie de l’Ecurie La Côte. J’ai commencé par faire de l’assistance, puis je suis devenu copilote et après je me suis dit : «Pourquoi je ne me lancerais pas ?»
Au volant d’une Alpine?
Dans un second temps. Mais auparavant, j’ai roulé en Simca Rallye 1 et Rallye 2, NSU TT et Matra Bagheera. Et j’avais ma berlinette, dès lors pourquoi ne pas l’utiliser ?
Votre métier de base?
Je suis mécano poids lourds. Plus tard, je me suis lancé dans le ski nautique, avant de rencontrer Cédric Portier. Il voulait monter un garage. Il m’a dit : «Tu verras, j’ai un box à Ecublens. On va déjà se débrouiller.»
L’Alpine A310 et ses six phares à l’avant.
Des petites routes où vous pouvez aller?
En Suisse, si vous voulez garder le permis il faut oublier. Pareil dans le Jura français. Par contre, je suis allé dans le centre de la France il n’y a pas si longtemps. Là-bas, c’était zéro problème, on ne voit personne, pas même des automobilistes. Et lorsqu’il n’y a pas d’automobilistes, il n’y a pas de flics…
On a sollicité votre avis sur la nouvelle?
Un délégué de la marque est passé vers tous les présidents de clubs et les centres spécialisés dans l’entretien des Alpine. Chacun donnait son impression. Un concours interclubs a également été mis sur pied par la revue Mille Miles. On pouvait envoyer des esquisses et ils retenaient certains éléments.
Et c’est devenu un garage important?
Oui, et en 2000 Paris a voulu savoir si le groupe était à vendre. On était implanté à Lausanne, Fribourg, Nyon, Cossonay et Plan-les-Ouates. Renault a tout racheté et je suis resté directeur. J’ai continué mon job précédent, soit la mécanique, la gestion du personnel, etc.
Vous avez donc vendu des Alpine?
Chez Cédric Portier. Quand Alpine a arrêté la production en 1994, on a vendu le stock d’A610.
La mécanique, vous continuez d’en faire à l’heure de la retraite?
De par mes connaissances du milieu Alpine, je n’ai pas trop de soucis pour trouver des pièces. Et quand je ne les ai pas, eh bien j’ai un tour, une fraiseuse. Je ne compte pas les heures.
Sur un plan esthétique, les trois vous plaisent?
Oui, mais je ne vendrais pas la berlinette...
Donc ce n’est pas un hasard s’ils ont pris l’A110 comme base pour la nouvelle Alpine?
Tout à fait. La berlinette, c’est un sac à dos. Même avec un moteur 1300, on la met en travers, on en fait ce qu’on veut. C’est un véhicule vraiment cool à rouler.
Satisfait du résultat?
Oui. Avec la version sportive, on retrouve l’esprit de la berlinette, de par le bruit et le comportement, sauf que c’est un moteur central. Elle est soudée à la route, mais quand elle part, il faut mettre les gaz.
Un autre modèle pourrait apparaître?
Contrairement à Porsche, Alpine joue sur de petits volumes. Si l’usine gagne de l’argent, il y aura des projets. Mais pour le moment, ils sont dans un carton et le couvercle est fermé.
Si je vous dis Jean Rédélé?
Je l’ai invité ici en 1991, dans le cadre d’une manifestation Alpine. Nous sommes allés le chercher en R25 turbo dans son chalet en Savoie et on a fini à la fondation Pierre Gianadda. On a passé la journée ensemble, c’était sympa…
C’est vraiment devenu une passion?
Ça a toujours été une passion.
Vous possédez quatre Alpine, dont trois anciennes?
En plus de ma berlinette, j’ai une 310 4 cylindres de 1973, l’une des toutes premières qu’ils ont sortie. On la reconnaît à ses phares à l’avant et à son moteur 1600 issu de la R16.
Pas le même esprit que l’A110?
Ça reste dans l’esprit Alpine, même si le comportement diffère. La voiture est un poil plus lourd, avec une liaison au sol et des réactions bien différentes. Mais on se fait aussi plaisir au volant.
Et l’Alpine Le Mans?
A l’origine, c’est une V6 turbo. Le véhicule ne plaisait pas, car la carrosserie manquait d’agressivité. Ils en ont donc fait un modèle Le Mans, une voiture belle et agressive, sympa à rouler même si elle manque de chevaux, surtout en Suisse où elle était catalysée, contrairement à la France.