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Franco Sbarro

Mais qu’est-ce qui fait courir Sbarro ?

Né le 27 février 1939 à Presicce, dans les Pouilles, le maestro de Grandson conserve l’énergie et la malice de ses 12 ans, lorsqu’il transformait sa bicyclette en pédalo. Sa première création… Par Pierre Thaulaz

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Entre la préparation de son 48e Salon de Genève et ses escapades à Montbéliard, où les 24 élèves de son école l’attendent une fois par mois tel le Messie, Franco Sbarro n’a pas une minute à perdre. Près de 69 années placées sous le signe de la création d’engins motorisés sur deux, trois ou quatre roues, voire plus selon affinité.

UN RENDEZ-VOUS INCONTOURNABLE

«Je ne m’accroche à rien, je suis en bonne santé, je continue ma vie comme si j’avais 50 ans!» Le Salon de Genève, un rendez-vous incontournable pour Franco Sbarro, qui y dévoile année après année ses nouveaux modèles (500 véhicules au compteur !), mais également pour les jeunes de son école. Pour ces derniers, le choix du véhicule présenté à Palexpo se décide en concertation avec les cinq professeurs de Montbéliard, placés sous la baguette du maestro : «J’ai tellement de choses à leur apprendre. Nous en sommes maintenant au 800e élève, les 34 années scolaires sont toutes venues à Genève. Pour ces jeunes, c’est la conclusion incontournable. S’il n’y avait pas le Salon, il n’y aurait pas d’école. Parce que Genève a été le déclencheur pour une école particulière, une école qui se veut différente de toutes les autres au monde. On permet à des néophytes de venir montrer leur propre voiture.»

«LES FAIRE ENTRER DANS MON MONDE»

En novembre dernier, les élèves sont venus avec leurs familles pour une journée d’initiation dans les ateliers de Grandson : «On discute automobile, on mange et on continue de discuter automobile. Je démystifie tout ce que je fais en leur montrant. Je ne leur cache rien, je les pousse à me poser des questions. Des questions pertinentes ou impertinentes. Je leur dis : si vous ne posez aucune question, vous commencez à introduire la suspicion en moi. Je vais croire que, finalement, vous ne comprenez rien. En fait, je les stimule, parce que je ne sais pas s’ils savent ou s’ils ne savent pas. Au cours de l’année scolaire, je tente de les faire entrer dans mon monde qui devient petit à petit le leur. Ils n’ont pas encore le métier dans les mains, ils ne peuvent pas concevoir un prototype comme je le fais moi. Personnellement, je touille la soupe jusqu’à ce qu’elle soit bonne. Il y a des choses que je n’ose pas dire, parce que les gens ne le croiraient pas…» Petite précision à l’intention des non-initiés, Franco Sbarro fait tout lui-même, à l’exception de la peinture.

PAS L’HEURE DE LA RETRAITE

Certains anciens élèves ont suivi la voie iconoclaste tracée par le maître, à l’exemple de Ludovic Lazareth et de quelques autres : «Ils ont compris que je faisais autrement. Le jour où vous n’avez plus envie de faire autrement, vous n’avez plus qu’à prendre la retraite. Et c’est dommage, parce que la passion ne mène pas à la retraite.» Comprenez que Sbarro n’est pas près de renoncer à sa légendaire salopette rouge : «Je me serais intéressé à la retraite à 65 ans, pas à passé 80 ans.» Et ce qui est valable pour lui l’est aussi pour ses collaborateurs, au bénéfice respectivement de 39 ans et 30 ans de maison : «L’un d’eux avait travaillé 48 ans à mes côtés. On ne reste pas aussi longtemps à faire des choses particulières sans les aimer. Il avait 66 ans et avait droit à une retraite bien méritée. Je lui ai dit : Jean-Pierre, si vous partez vous allez vous suicider dans 6 mois, et je vous annonce que je n’aurai pas le temps de venir à vos funérailles. Si vous restez, vous pouvez prendre vos vacances quand vous voulez, à la condition de ne pas partir juste quand j’ai besoin de vous…»

«JE NE M’ACCROCHE À RIEN, JE SUIS EN BONNE SANTÉ,

JE CONTINUE MA VIE COMME SI J’AVAIS 50 ANS !»

Chaque année, de nouvelles créations sont exposées sur le stand Sbarro, à Palexpo. En arrière-plan, Françoise, la complice de toujours. L’une des 500 créations de Sbarro parquées dans ses ateliers de Grandson.

Une journée d’initiation dans les ateliers du maestro.

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