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Rencontre – André Hefti
Il était une fois le salon
Un salon, pourquoi, pour qui, à quelle fréquence ? Tout un chapelet de questions actuelles dont les réponses ont un impact direct sur le présent et l’avenir d’institutions jusque-là considérées comme «inébranlables».
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Parmi celles-ci, le GIMS (Geneva International Motor Show) qui
n’échappe pas à cette fracture de la tradition. Par Gérard Vallat
Mis à mal dans tous les domaines d’activités, notamment l’automobile, mais aussi l’horlogerie, industrie importante pour notre pays, les salons «traditionnels» souffrent essentiellement de la mutation de nos sociétés vers un univers désormais focalisé sur la virtualité numérique. Depuis 2014, les salons de l’automobile de Francfort, Paris, Genève et Detroit, essuient des vagues de défections massives. Récemment, Volkswagen a annoncé que la marque n’aura pas de stand au Mondial de Paris. Emboîtant le pas des allemands, Fiat, Ford, Volvo, Nissan, Infiniti et Opel ont aussi déclaré forfait. S’ajoutant à ces nouvelles peu réjouissantes, on apprenait que le salon de Francfort, né en 1897, devra migrer vers une autre ville allemande pour sa prochaine édition. Mutation également dans les halles de Palexpo, où un grand nombre de marques a quitté cette année le navire genevois. Citroën, Ford, Jaguar, Land Rover, Lamborghini, Mini, Mitsubishi, Nissan, Opel, Peugeot, Volvo et même Tesla, dont l’absence peut paraître incongrue du fait du virage résolument électrique pris par la manifestation genevoise, sont aux abonnés absents. Réagissant à cette mutation, les têtes pensantes du GIMS ont imaginé un nouveau concept à découvrir dans la halle 7. LES SALONS «TRADITIONNELS» SOUFFRENT ESSENTIELLEMENT DE LA MUTATION DE NOS SOCIÉTÉS VERS UN UNIVERS DÉSORMAIS FOCALISÉ SUR LA
VIRTUALITÉ NUMÉRIQUE.
QUOI DE NEUF ?
Tout d’abord le «GIMS Discovery Drive» qui propose durant la durée de l’événement un circuit de 456 mètres composé de différents virages, ainsi que de lignes droites permettant de tester divers véhicules, électrique, hybrides, hydrogènes et gaz naturel. L’occasion unique de se faire un avis sur cette nouvelle famille automobile. Plus exclusive, la «VIP Days» du 4 mars mettra en scène des personnalités des secteurs de l’automobile et de la technologie. Ces derniers échangeront sur: les derniers développements du côté des véhicules autonomes - la progression des véhicules électriques et le rôle de l’industrie automobile dans le développement durable - la transposition des technologies de pointes utilisées dans le sport automobile - la transformation numérique et technologies novatrices de l’automobile. Pour assister à cette journée, au cours de laquelle ils auront la primeur des nouveautés de ce GIMS 2020, les participants devront s’acquitter d’une finance d’entrée de 250 francs.
APRÈS VOUS MONSIEUR LE DIRECTEUR
A la direction du salon de l’automobile depuis 2011, André Hefti a remis les clés de la fonction à Olivier Rhis pour 2020. Sachant désormais que ce dernier a donné sa démission, l’occasion s’est présentée de demander à André Hefti s’il pourrait être tenté de réintégrer son ancien poste ? Réponse sans équivoque, «Oh non, cette fois-ci ma retraite est définitive». Eh oui, la direction du GIMS était déjà une seconde vie professionnelle pour André Hefti qui a mené son existence dans pratiquement toutes les facettes du monde de l’automobile.
AUTO: comment êtes-vous tombé dans le chaudron de l’automobile?
André Hefti : Enfant, j’ai toujours voulu être mécanicien, mais mes parents ne voulaient pas. Alors j’ai fait une école de commerce, puis à 20 ans j’ai reçu l’autorisation de faire mon apprentissage de mécanicien chez Renault. Ensuite j’ai intégré le service après-vente, puis les relations publiques toujours dans cette même marque.
Au fait, pour un Zurichois vous parlez parfaitement le français?
Je vis à Zurich, mais je suis Glaronnais d’origine. J’ai perdu mon père alors que j’avais 5 ans et ma mère qui travaillait ne pouvait pas toujours s’occuper de moi. Enfant, j’ai aussi vécu dans la famille de mon père à Villars-Tiercelin, où j’ai appris le français, ce qui a pas mal décidé de mon parcours professionnel.
Au cours de ce parcours, vous avez été «Monsieur compétition» chez Renault Suisse?
Un très bel épisode de ma carrière en effet. En 1977, Renault développait sa présence en compétition, et un jour mon patron de l’époque m’a demandé si j’étais intéressé de gérer un département sport. J’ai demandé à réfléchir, mais il m’a exigé ma réponse pour le lendemain. J’étais très heureux de prendre la responsabilité de la première Coupe Renault 5 Elf. Cette aventure a duré de très belles et longues années.
Parlons maintenant de vos débuts au salon de l’automobile?
J’ai commencé en 1974, à l’ancien Palais des expositions. Je me souviens de l’année où j’étais chargé des essais. Nous étions installés sur la plaine de Plainpalais et nous emmenions les clients pour tester les voitures. Une année, on présentait la nouvelle Alpine et Patrick Depailler, le pilote de F1, faisait les démonstrations. A cette époque, la circulation n’était pas celle d’aujourd’hui et les limitations n’existaient pratiquement pas. Je me rappelle que notre circuit passait par la campagne, à hauteur de Plan-les-Ouates, où les paysans nous couraient après parce qu’on roulait trop vite. Il me reste tellement de souvenirs de l’ancien Palais. Le bar enfumé au sous-sol, où tous ceux qui travaillaient au salon se retrouvaient, comme nos habitudes le midi au restaurant Harry Marc à Carouge, pour son fameux Chateaubriand. Vraiment inoubliable. C’était bien joli Plainpalais, mais sans Palexpo le salon aurait quitté Genève. Pour cela on peut remercier le président Perrot qui a œuvré pour que le Palexpo soit inauguré en 1982.
Quelques années plus tard vous prenez du grade?
J’étais passé aux relations publiques de Renault en 1978. Ensuite, lorsque mon chef est parti en retraite j’ai repris son poste. On était au début des années 80, à cette époque j’étais devenu responsable de l’organisation du stand. On commençait à construire des structures chaque année différentes et plus spectaculaires. Au cours de ces années les hauteurs de stands étaient limitées et lorsqu’on regardait celui de Renault depuis le premier niveau, on voyait un bar derrière. A Paris la direction n’aimait pas voir un bandeau de publicité pour un alcool. Alors il m’a fallu pas mal de temps pour racheter cet espace publicitaire et le remplacer par Renault. Ce qui est amusant c’est qu’il a fini par gêner les exposants d’autres manifestations. C’est sûrement un autre Hefti qui a dû s’en débarrasser.
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Les marques présentent toujours plus de modèles électriques mais la passion de l’automobile subsiste et ce, même chez les plus jeunes. André Hefti, ici aux côtés de Neel Jani et Marcel Fässler, a toujours tenu une place importante dans le sport automobile.
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Incontournable sur ce stand, vous avez fini par le quitter pour prendre la direction du salon?
Oui, c’est amusant ce parcours. J’étais quasiment à l’âge de la retraite en 2010, lorsqu’au cours d’une réunion des importateurs d’automobile mon nom est venu sur la table quand on cherchait le remplaçant de Rolf Huser, l’ancien directeur. Je n’étais pas trop chaud, je pensais à profiter de ma liberté, mais j’ai accepté cette charge dès 2011. Après tant d’années, je passais de l’autre côté de la barrière.
De nouvelles responsabilités, mais qui ont aussi causé parfois des situations cocasses?
Cette activité est extrêmement variée, des contacts avec les constructeurs exposants, jusqu’aux moindres détails d’organisation. Beaucoup de travail, mais j’avais une équipe formidable pour gérer cette organisation.
Quel est le meilleur souvenir de cette période?
Incontestablement l’exposition des 24 Heures du Mans en 2014. Un rêve que je nourrissais 16: voir, à Genève, les voitures qui s’étaient imposées dans cette grande course. Ce n’était pas simple à organiser, mais heureusement nous avons été soutenus efficacement par notre partenaire Rolex.
Il y a aussi eu des jours difficiles?
Bien sûr, il y a toujours des difficultés, mais on faisait toujours en sorte que cela ne se voie pas. Une année nous avons eu beaucoup de neige sur la côte. Les visiteurs n’arrivaient pas à circuler entre Genève et Lausanne. C’était assez stressant.
A la fin de votre mandat vous avez connu la mutation des salons et particulièrement du GIMS?
Tous les salons, pas seulement automobile, sont tous en train de changer. Les exposants ont d’autres objectifs et en fonction de ceux-ci, ils participent ou pas à un salon. Le public également change. Un salon doit être une fête et aussi une vitrine sur l’avenir. Ce qui se passe à Genève cette année est révélateur d’une nouvelle ère.
La voiture fait-elle toujours rêver?
Incontestablement, la preuve est donnée chaque année à l’ouverture des portes, les visiteurs se ruent dans les allées pour aller tout d’abord voir le stand Ferrari. Je suis sûr que la part de rêve existe toujours et que les salons répondent à ce besoin. Le numérique fait partie de nos vies aujourd’hui, mais on ne peut que toucher un écran, pas la réalité.
Que ferez-vous de votre temps libre?
J’ai énormément de projets. Je me rendrai bien sûr toujours sur les salons et je suivrai de plus près le sport automobile. J’ai le projet d’assister aux 500 miles d’Indianapolis et à la course de côte de Pikes Peak et des courses que je n’ai jamais vues. Je suis aussi membre du comité d’Auto sport suisse, ce qui m’occupe également.
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UN PEU D’HISTOIRE…
Les premières expositions de véhicules automobiles ont eu lieu dans les dernières années du XIXe siècle, à l’époque ou l’automobile en était à ses débuts. Ces expositions étaient jumelées à des foires ou à des expositions industrielles au cours desquelles on proposait de découvrir les rares exemplaires de voitures à pétrole. Ensuite on a connu les premiers concours d’élégance auxquels participaient les artisans carrossiers. Au fil du temps, ces différentes manifestations se transformèrent en petits salons en plein air, exclusivement dédiés aux automobiles. Vint alors en 1896 le premier véritable salon de l’automobile. Organisé à Londres il est baptisé «Horseless carriage exhibition» (exposition de voitures sans chevaux). Cette première sera suivie du premier salon de Paris en 1898, la capitale française étant alors considérée également comme étant celle de l’automobile. D’autres salons virent le jour à la suite, à commencer par ceux de Turin et Berlin en 1900. Concernant le salon de l’automobile de Genève, il faut attendre 1905, date de sa première édition au Palais du Conseil Général. Se déroulant au printemps, sur terrain neutre, de par le fait que la Suisse n’était pas productrice d’automobile, ce salon était et reste aujourd’hui encore le premier grand rendez-vous de l’année. Une particularité que les marques ont toujours appréciée pour présenter leurs premières mondiale.
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