ActuSoins n° 12 - Mars - Avril - Mai 2014

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N°12

MARS-AVRIL-MAI 2014

PRATIQUES

PRISE EN CHARGE DE LA PEAU PÉRILÉSIONNELLE OU PÉRISTOMIALE

VIE PROFESSIONNELLE

GROUPES DE PAROLE : PARLER POUR SOULAGER LA SOUFFRANCE

A LA UNE

DE LA BLOUSE À L’ÉCHARPE

ELLES SONT ENTRÉES EN POLITIQUE

RETROUVEZ L’ACTUALITÉ INFIRMIÈRE AU QUOTIDIEN SUR WWW.ACTUSOINS.COM



PRATIQUES - RĂŠduire l’iatrogĂŠnie mĂŠdicamenteuse chez la personne âgĂŠe - Prise en charge de la peau pĂŠrilĂŠsionnelle ou pĂŠristomiale

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VIE LIBÉRALE

- La tĂŠlĂŠmĂŠdecine pour le suivi des plaies

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VIE PROFESSIONNELLE -

Groupes de parole : parler pour soulager la souffrance Ehpad. Mutualiser les astreintes de nuit : la solution ? Après un break, l’heure du retour Nouveau rĂŠfĂŠrentiel : comment sont-ils accueillis ?

PORTRAIT - Sonia, du bain au buzz

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SOIGNANTS D’AILLEURS

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- Soifat & Mahamadi : inďŹ rmiers aux Comores

INITIATIVE SE FORMER

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Éditeur : ActuSoins SARL - 57 Rue de L’Ouest - 75014 Paris - R.C.S. PARIS 520180688 Directeur de la publication : Kamel BoudjedraĂŠUĂŠ ՓjĂ€Âœ `iĂŠVÂœÂ“Â“ÂˆĂƒĂƒÂˆÂœÂ˜ĂŠÂŤ>Ă€ÂˆĂŒ>ÂˆĂ€iĂŠ\ĂŠ0613 W 90939 ISSN : 2256-6260

jÂŤÂžĂŒĂŠÂ?j}>Â?ĂŠ\ĂŠĂ parutionĂŠU ,j`>VĂŒĂ€ÂˆViĂŠiÂ˜ĂŠVÂ…ivĂŠ\ Cyrienne Clerc

EN PAGE

- De la blouse à l’Êcharpe, elles sont entrÊes en politique

- Chirurgie ambulatoire : accompagner le retour Ă domicile

- Autres ďŹ lières de soins : les passerelles pour les IDE

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A LA UNE

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- A Dijon, face à des toxicos, futures mères

AGENDA 50

EDITO

DÉSABUSÉES, PARFOIS, INVESTIES, TOUJOURS !

Cette jeune femme, en couverture, pourrait ĂŞtre notre Marianne : l’image symbolique d’une inďŹ rmière et maire. Ni Laetitia Casta ou Sophie Marceau – les deux derniers modèles choisis pour les bustes qui trĂ´nent dans les mairies – mais une anonyme. Ni maire, ni inďŹ rmière dans la vraie vie. Mais un symbole comme Marianne. A la recherche de celles et ceux qui s’investissent dans la CitĂŠ, nous avons dĂŠcouvert des inďŹ rmières engagĂŠes. Cette fois en politique mais ActuSoins vous montrent au quotidien sur son site internet et au ďŹ l de ces pages des professionnels qui innovent dans beaucoup de domaines : libĂŠrales en Picardie, elles expĂŠrimentent la tĂŠlĂŠmĂŠdecine ou se coordonnent pour mieux gĂŠrer le retour au domicile des patients. Sonia milite pour le bien-ĂŞtre des bĂŠbĂŠs. Marie-Pierre aide les mères toxicomanes‌ Jessy, Violaine ou Carole se transforment en pilotes au milieu des dunes pour CĹ“ur de Gazelle (sur www.actusoins.com) Elles et ils se battent aussi : rĂŠcemment, les ĂŠtudiants inďŹ rmiers sont descendus dans la rue pour dĂŠfendre leurs terrains de stage et ont fait plier la FĂŠdĂŠration de l’hospitalisation privĂŠe. Qui a dit que les soignants sont dĂŠsabusĂŠs ? Un rĂŠcent sondage indique que huit inďŹ rmières sur dix sont satisfaites de leur exercice quotidien. Une image peut-ĂŞtre un peu plus rose que la rĂŠalitĂŠ mais qui a le mĂŠrite d’aller Ă l’encontre de certains clichĂŠs. Parfois dĂŠsabusĂŠes, quelque fois au bord du burn-out, les inďŹ rmières s’investissent, se passionnent pour leur mĂŠtier. Et elles le montrent ! Q CYRIENNE CLERC – RÉDACTRICE EN CHEF ACTUSOINS

­VVÂ?iĂ€VJ>VĂŒĂ•ĂƒÂœÂˆÂ˜Ăƒ°VÂœÂ“ÂŽĂŠUĂŠ"Â˜ĂŒĂŠVÂœÂ?Â?>LÂœĂ€jĂŠDĂŠViĂŠÂ˜Ă•Â“jĂ€ÂœĂŠ\ Dr Patrick Barriot, Delphine Bauer, Nicolas Beaumont, AmĂŠlie Cano, Olivia Dujardin, Caroline Guignot, Louise Guyon, Laurent Klein, Laure Martin, Laurence Piquard, Ariane Puccini, Malika Surbled. UĂŠ*Â…ÂœĂŒÂœĂŠ`iĂŠVÂœĂ•Ă›iĂ€ĂŒĂ•Ă€iĂŠ\ ^ĂŠ Ă•Â?ˆiĂŒĂŒiĂŠ,ÂœLiĂ€ĂŒĂŠUĂŠ Ă€>ÂŤÂ…ÂˆĂƒÂ“iĂŠ\ www.lacommunautedesgraphistes.com

UĂŠ Â?Â?Ă•ĂƒĂŒĂ€>ĂŒÂˆÂœÂ˜ĂƒĂŠ\ Nawak UĂŠ “ÀiĂƒĂƒÂˆÂœÂ˜ĂŠ\ Rotocayfo - Sta. Perpetua de Âœ}Âœ`>ĂŠänÂŁĂŽäĂŠ >Ă€ViÂ?œ˜>ĂŠUĂŠ,ÂœĂ•ĂŒ>}iĂŠ\ Routage Catalan UĂŠ ÂœÂ˜ĂŒ>VĂŒĂŠĂ€j`>VĂŒÂˆÂœÂ˜ĂŠ\ 09 72 40 47 17 - redaction@actusoins.com UĂŠ ÂœÂ˜ĂŒ>VĂŒĂŠ>˜˜œ˜ViĂƒĂŠ`½i“Â?ÂœÂˆĂŠĂ‰ĂŠÂŤĂ•LÂ?ˆVÂˆĂŒjĂŠ\ 09 54 53 45 45 >˜˜ˆiJ>VĂŒĂ•ĂƒÂœÂˆÂ˜Ăƒ°VÂœÂ“ĂŠUĂŠ/ÂˆĂ€>}iĂŠ\ 102 000 exemplaires

ACTUSOINS y 3 y NUMÉRO 12 y MARS - AVRIL - MAI 2014


Actusoins à la une

DE LA BLOUSE À L’ÉCHARPE, ELLES SONT ENTRÉES EN POLITIQUE

Elles sont conseillères municipales, maires-adjointes, ou se sont lancées dans les élections municipales de leur commune. *LZ PUÄYTPuYLZ U»LU oublient pas pour autant leur profession, au contraire. © Juliette Robert

ACTUSOINS y 4 y NUMÉRO 12 y MARS - AVRIL - MAI 2014


Actusoins à la une

C

’est parfois le fruit d’une vocation, plus ou moins affirmée, ou bien un concours de circonstances. En tout cas, le passage du médical à la politique ne semble pas incohérent pour l’infirmière devenue édile. Entre le soin destiné aux patients et l’écoute de ses administrés, il n’y aurait qu’un pas à en croire les témoignages que nous avons recueillis. Toutes parlent de « fibre humaine », d’« écoute », d’« attention à l’autre », autant de qualités développées dans leur expérience professionnelle, qui peuvent s’avérer utiles une fois élu(e)s. Certaines nient farouchement « faire de la politique », mais une fois au conseil municipal, elles participent pourtant à la vie de la Cité, définition première de la politique. Et le passé d’infirmière finit par leur coller à la peau. « Mon métier est un élément premier dans la façon dont j’appréhende les gens », considère Marc Gricourt, maire de Blois (46 000 habitants).

Notoriété et connaissance du terrain Malgré ce lien entre les deux fonctions, l’entrée dans la politique peut sembler vertigineuse. « J’ai eu peur de ne pas pouvoir réussir », se souvient Marylène Fiard, adjointe au maire d’Annecy (50 000 habitants). « C’est un nouvel univers, j’ai découvert tout ce qui repose sur les épaules d’un maire », se souvient, encore impressionnée, Anne Delpierre, adjointe au maire de Nieppe (7 500 habitants). Souvent, ce sont les candidats aux élections municipales qui sont venus les chercher, pour qu’elles intègrent leur liste. De la grande ville au petit village, il est vrai que l’infirmière est toujours un acteur-clé dans la vie de la commune. Libérale, elle se rend chez les gens et, le temps d’un soin, au cours d’une discussion avec ses patients, prend le pouls de la cité. « Les maires en campagne profitent aussi de la notoriété des infirmières », fait remarquer, lucide, Sylvie Bellecourt.

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Cette « rebelle », comme elle se définit, devenue libérale pour préserver sa liberté, a décidé de faire cavalier seule : elle fait campagne pour devenir maire de Héricy (2 500 habitants) où elle habite et exerce. « Il y a un an, dans ma patientèle, on m’a demandé de m’engager différemment, de me présenter aux prochaines élections, se souvient-elle. Au début, je ne voulais pas devenir élue et puis cette réflexion a mûri. » Et lors des consultations, difficile de ne pas aborder, un moment ou un autre, la campagne municipale. « J’essaie de ne pas mélanger politique et consultation, mais mes patients m’en parlent, je les rencontre aussi lors de réunions publiques », raconte-t-elle. Et c’est sur le terrain que l’engagement politique prend son sens.

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ACTUSOINS y 5 y NUMÉRO 12 y MARS - AVRIL - MAI 2014


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Marc Gricourt, avait dĂŠjĂ un goĂťt pour la politique, transmis par son grand-père, mineur de fond communiste, quand on lui a proposĂŠ de rejoindre la liste de Jack Lang en 2001. Avant cela, sympathisant du parti socialiste mais pas adhĂŠrent au parti, il avait dĂŠcidĂŠ en 1998 ÂŤ d’assumer [ses] idĂŠes politiques Âť et de devenir militant ÂŤ mĂŞme si en tant que libĂŠral, ça n’est pas ĂŠvident Âť, car ÂŤ l’engagement politique, cela relève du privĂŠ Âť, considère encore aujourd’hui Marc Gricourt. En 1999, Ă la demande de l’Êquipe de Jack Lang, maire de Blois Ă l’Êpoque, il est sollicitĂŠ pour mettre en place une mĂŠdiation nocturne sur les quartiers sensibles de la ville, oĂš il compte de nombreux patients. Il est mis rapidement sur le devant de la scène, animant les rĂŠunions publiques. Cinq ans plus tard, ce sera dans ces mĂŞmes quartiers sensibles qu’il sera ĂŠlu aux ĂŠlections cantonales, remportant 75 % des voix face au Front National.

Des compĂŠtences reconnues Les inďŹ rmières, libĂŠrales ou salariĂŠes d’hĂ´pitaux ou de structures, sont aussi ÂŤ recrutĂŠes Âť sur les listes ĂŠlectorales pour leur connaissance des problĂŠmatiques de santĂŠ, et plus largement sociales. Reconnues pour leur compĂŠtences techniques, certaines de ces novices en politique se retrouvent directement propulsĂŠes maires-adjointes. Dans une France vieillissante, elles sont souvent en charge des questions liĂŠes Ă la prise en charge des seniors. Pragmatiques, elles connaissent le sujet dans sa dimension humaine. Marylène Fiard, maire-adjointe en charge des personnes âgĂŠes et de la restauration municipale, a dirigĂŠ un foyer

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de logements mĂŠdicalisĂŠs avant d’intĂŠgrer la liste du maire d’Annecy, Jean-Luc Rigaud. ÂŤ Dans cette fonction, c’est important de comprendre le comportement des personnes âgĂŠes, chez elles Âť, assure-t-elle. Comme cette fois par exemple oĂš, appelĂŠe par un voisinage excĂŠdĂŠ par l’agitation d’une centenaire, Marylène Fiard dĂŠcèle alors chez la dame incriminĂŠe les signes d’une forte anxiĂŠtĂŠ, et ÂŤ peutĂŞtre d’un petit AVC Âť. Elle organise une prise en charge psychologique et mĂŠdicale de la bruyante voisine et lui trouve un logement adaptĂŠ. ÂŤ Je prends un citoyen dans sa globalitĂŠ Âť, rĂŠsume-t-elle. Nieppe, dans les Flandres, autre cadre, autres problĂŠmatiques. Dans ce village touchĂŠ par le chĂ´mage, Anne Delpierre, maire-adjointe en charge de la santĂŠ, du handicap et des personnes âgĂŠes, doit faire face aux consĂŠquences de la pauvretĂŠ croissante. Dans son petit village oĂš ÂŤ de plus en plus de gens se rendent aux restos du cĹ“ur Âť, elle organise avec EmmaĂźs une prise en charge mĂŠdicale des moins aisĂŠs. Elle met sur pied une campagne de prĂŠvention de l’obĂŠsitĂŠ chez les enfants de maternelle. C’est dans l’exercice de son mĂŠtier qu’elle mesure l’ampleur des besoins sociaux. ÂŤ En tant qu’inďŹ rmière, on se rend compte que les gens sont diminuĂŠs et dans le besoin Âť.

Š Phototèque Ville d’Annecy

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Marylène Fiard, de la blouse Ă l’Êcharpe de maire-adjoint.


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, , ĂŠ /É"1ĂŠ 1 ]ĂŠUN CHOIX FINANCIER Conjuguer son emploi du temps d’inďŹ rmière avec celui d’Êlue municipale peut s’avĂŠrer compliquĂŠ, voire sportif, que l’on soit libĂŠrale ou salariĂŠe. Certaines dĂŠcident de mettre entre parenthèses leur carrière d’inďŹ rmière pour mieux se consacrer Ă leur mandat. Comme Sylvie Bellecourt, inďŹ rmière libĂŠrale, qui promet de ne plus travailler pour mieux s’occuper de sa commune si elle est ĂŠlue maire. Un choix qui aura une consĂŠquence ďŹ nancière : la candidate prĂŠvoit de voir ses revenus baisser de 50 %. Tous les ĂŠlus municipaux ne touchent pas le mĂŞme montant d’indemnitĂŠs. Celles-ci sont ďŹ xĂŠes en fonction de la taille de la ville, de 640 â‚Ź bruts mensuels pour un maire d’un village de moins de 500 habitants Ă 3 500 â‚Ź bruts pour le maire d’une commune de plus de 50 000 habitants, tandis que les maires de très grandes villes comme Paris, Marseille ou Lyon, culminent Ă plus de 8 000 â‚Ź bruts. Les adjoints perçoivent ĂŠgalement des indemnitĂŠs de 250 â‚Ź Ă 2 700 â‚Ź bruts, selon la taille de la commune. Pour Marylène Fiard, aujourd’hui retraitĂŠe, il n’a jamais ĂŠtĂŠ question, tant qu’elle ĂŠtait encore en exercice, de dĂŠmissionner de son poste de directrice de foyer mĂŠdicalisĂŠ. Trop risquĂŠ, mĂŞme si en tant que maire-adjointe d’une ville comme Annecy, elle perçoit 1 000 â‚Ź d’indemnitĂŠs. ÂŤ En tant qu’Êlus, nous ne sommes que de passage Ă la mairie. Le jour oĂš nous perdons les ĂŠlections, personne n’est lĂ pour subvenir Ă nos besoins Âť.

Un point commun entre tous ces ĂŠdiles : leur hyperactivitĂŠ. Ils disposent de 50 heures de dĂŠlĂŠgation par trimestre qu’ils peuvent consacrer Ă leurs tâches d’Êlu. ÂŤ Je ne me vois pas les prendre, c’est difďŹ cile de laisser mes collègues, la profession d’inďŹ rmière est dĂŠjĂ si difďŹ cile Âť, explique Anne Delpierre qui travaille dans un Etablissement public de santĂŠ mentale oĂš elle alterne entre les horaires du matin et ceux de l’après-midi.

Hyperactives Marylène Fiard, aujourd’hui retraitĂŠe, afďŹ rme n’avoir jamais pris sur ses heures de travail, uniquement sur ses jours de congĂŠs. Alors forcĂŠment, ÂŤ il y avait des journĂŠes un peu longues Âť, concède-t-elle. Des journĂŠes rallongĂŠes ĂŠgalement en pĂŠriode de campagne oĂš les rĂŠunions, les distributions de tracts et les porte-Ă -porte surchargent encore plus leurs emplois du temps. Sylvie Bellecourt a fait un choix radical : celui de ne plus

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exercer le temps de son mandat, si elle est ĂŠlue. Un engagement que tous ne peuvent pas se permettre ďŹ nancièrement (voire encadrĂŠ). Marc Gricourt, maire d’une ville de 50 000 habitants a pu cesser son activitĂŠ pour se consacrer pleinement Ă son mandat. Mais pourtant, impossible, pour tous d’oublier leur passĂŠ d’inďŹ rmier. ÂŤ Ce mĂŠtier a confortĂŠ ma connaissance de l’humain, de la sociĂŠtĂŠ, il m’a permis de voir les inĂŠgalitĂŠs et m’a confortĂŠ dans mes engagements Âť, afďŹ rme le maire de Blois. Elu un jour, inďŹ rmier toujours. Q ARIANE PUCCINI (YOUPRESS)

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Actusoins pratiques

PRISE EN CHARGE DE LA PEAU

PÉRILÉSIONNELLE OU PÉRISTOMIALE

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ont un PH alcalin qui modifie le PH cutané et enlève les lipides. Ces actions assèchent la peau et la fragilisent. Il est donc nécessaire d’utiliser des savons respectant le PH cutané (PH=6) ou les solutions de nettoyage cutané sans rinçage ( Prontosan© B.Braun, Octenilin© Schülke...) Lorsque l’utilisation d’antiseptiques est préconisée, il faut prendre en compte que nombre d’entre eux ne sont pas destinés à être utilisés sous un pansement occlusif. Leur mauvaise utilisation est souvent responsable de dermite caustique. La protection Pour être mise en bonne condition d’épidermisation, les berges de la plaie doivent se trouver dans un environnement humide contrôlé. Les plaies chroniques, et notamment les ulcères de jambe, produisent en général de grandes quantités d’exsudats pouvant retarder la cicatrisation et entraîner des lésions de la peau périlésionnelle. De nombreux dispositifs nous permettent de gérer l’exsudat en fonction de son abondance : hydrocellulaires (Biatain® Silicone Coloplast, Askina® DresSil B.Braun) hydrofibres (Aquacel® extra Convatec), Superabsorbant (Vliwasorb Lohman Rauscher, Mextra® Molnycke...) Plusieurs autres facteurs, mis en évidence dans le document de consensus de l’EWMA, contribuent à la dégradation de la peau périlésionnelle : - Assèchement du dispositif ; - Utilisation d’adhésif agressif ;

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Actusoins ‹ pratiques

- L’application et les retraits rĂŠpĂŠtĂŠs de pansements avec un adhĂŠsif traditionnel crĂŠent des traumatismes Ă la surface de la peau. Cet arrachement de la couche cornĂŠe occasionne, dans les cas les plus sĂŠvères, des phlyctènes ou des plaies secondaires. En fonction de l’âge du patient, de son ĂŠtat cutanĂŠ pĂŠrilĂŠsionnel et de la frĂŠquence de renouvellement du pansement, le professionnel de santĂŠ est amenĂŠ Ă choisir entre une forme adhĂŠsive ou sans adhĂŠsif. Si la forme adhĂŠsive est privilĂŠgiĂŠe, certains dispositifs sont ĂŠlaborĂŠs pour respecter les tissus lors du retrait comme notamment les pansements siliconĂŠs. (AskinaÂŽ DresSil B.BraunÂŽ, UrgoTulÂŽ Border UrgoÂŽ...). Les pansements adhĂŠsifs ne sont pas destinĂŠs Ă ĂŞtre changĂŠs tous les jours et doivent ĂŞtre positionnĂŠs sur peau pĂŠriphĂŠrique saine. Ils sont rarement compatibles avec l’utilisation d’antiseptiques. L’hydratation. La peau pĂŠrilĂŠsionnelle de certains patients (personnes âgĂŠes, eczĂŠma variqueux..) nĂŠcessite une hydratation particulière aďŹ n de prĂŠvenir des complications dues Ă cette sècheresse. L’utilisation de crème, huile hydratante peut-ĂŞtre prĂŠconisĂŠe. Chacune ont leur particularitĂŠ : - Hydratation avec remplacement des lipides (ĂŠmollients : XĂŠmoseÂŽ Uriage, LipikarÂŽ La Roche Posay...) - Attraction de l’eau dans la couche cornĂŠe (humectant : IalusetÂŽ Genevrier...) ou simplement hydratante.

Dans la prise en charge des stomies Les patients stomisĂŠs peuvent ĂŞtre porteur de stomies de façon temporaire ou dĂŠďŹ nitive. Il n’existe pas d’appareillage ÂŤuniqueÂť pour ĂŠquiper les patients. Les systèmes existants sur le marchĂŠ doivent s’adapter Ă la particularitĂŠ des stomies (forme, positionnement, diamètre, morphologie du patient...) ainsi qu’à la situation de vie du patient (autonomie, activitĂŠs, mĂŠtiers...) Le principe d’appareillage est cependant identique : une plaque adhĂŠsive pĂŠristomiale en 1 pièce Ă changer chaque jour ou un système en 2 pièces oĂš le support adhĂŠsif reste plusieurs jours en place (la poche se change rĂŠgulièrement). Quel que soit le système choisi par le patient, les problèmes rencontrĂŠs sont communs : arrachement possible de l’Êpiderme lors du retrait du dispositif, allergie de contact, fuite du dispositif. La prise en charge peut ĂŞtre optimisĂŠe en structurant les soins de peau par le nettoyage, l’hydratation et la protection*. Le nettoyage Le soin de stomie est un soin d’hygiène simple. La stomie se lave Ă l’eau tiède du robinet avec un savon neutre puis se rince et se sèche parfaitement avant de repositionner la poche. L’hydratation Elle demeure limitĂŠe Ă cause de l’adhĂŠsif. Il faut s’attarder Ă utiliser des savons respectant le PH cutanĂŠ. Il existe cepen-

DOCUMENT DE RÉFÉRENCE www.woundsinternational.com/clinical-guidelines/attenuation-de-la-douleur-au-cours-des-procedures-de-renouvellement-de-pansement-document-de-consensus-french-edition

/-ĂŠ ĂŠ-1**",/www.therashare.tv/webtv/play/493-gestion-dela-peau-peri-stomiale www.urofrance.org/science-et-recherche/basebibliographique/article/html/de-lannonce-a-lautonomie-du-stomise-urinaire-les-etapes-dune-priseen-charge.html Q

dant des crèmes ou poudre de protection cutanĂŠe pour la prise en charge des peaux pĂŠristomiales sèches ou irritĂŠes (Brava COLOPLASTÂŽ.) qui n’interfèrent pas avec l’adhĂŠsif du support. La protection La peau pĂŠristomiale doit ĂŞtre protĂŠgĂŠe lors du dĂŠcollement de l’adhĂŠsif. Il existe pour cela des sprays ou lingettes qui aident au dĂŠcollement du support (AdhĂŠsif Remover B. BraunÂŽ, Retrait adhĂŠsif BravaÂŽ Coloplast‌). Le support doit-ĂŞtre dĂŠcoupĂŠ au plus près de la stomie. Des plaques d’hydrocolloĂŻdes peuvent-ĂŞtre positionnĂŠes sous le support de ďŹ xation ĂŠgalement. Des accessoires peuvent ĂŞtre utiles voire indispensables pour renforcer l’adhĂŠsion ou l’ÊtanchĂŠitĂŠ de la stomie. Attention toutefois : les utiliser Ă mauvais escient aurait un effet dĂŠlĂŠtère sur le patient stomisĂŠ. Ainsi il existe : - Des ďŹ lms protecteurs (CavilonÂŽ 3M, AskinaÂŽ Barrier Film B.BraunÂŽ...) ; - Des ceintures augmentant la convexitĂŠ et la tenue de l’appareillage ; - Des poudres absorbant l’exsudat des plaies pĂŠristomiales . - Anneaux et barrettes renforçant l’adhĂŠsion et l’ÊtanchĂŠitĂŠ de l’appareillage. Q AUTEUR LAURENT KLEIN, D.U. PLAIES ET CICATRISATIONS CRÉATEUR DE L’APPLICATION IPANSEMENTÂŽ *Gray 2007 et al. Junkin et Selekof 2008

" , * ĂŠ - www.woundsinternational.com/clinical-guidelines/attenuation-de-la-douleur-au-cours-des-procedures-de-renouvellement-de-pansement-document-deconsensus-french-edition - Dermite d’incontience, Diane St-Cyr, stomathĂŠrapeute, C(C) BSC,MED - Gadrat C., Ferrière J.M. Une bonne stomie. Onko+ 2009;4:162-168. - Association française d’entĂŠro-stomathĂŠrapeutes. Guide des bonnes pratiques en stomathĂŠrapie chez l’adulte urostomisĂŠ; 2003. - Savoir gĂŠrer la peau pĂŠrilĂŠsionnelle des escarres (Managing perilesional skin with pressure ulcers) Doi : 10.1016/j.sger.2013.03.011 Q

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ACTUSOINS y 11 y NUMÉRO 12 y MARS - AVRIL - MAI 2014


Actusoins pratiques

RÉDUIRE L’IATROGÉNIE

MÉDICAMENTEUSE CHEZ LA PERSONNE ÂGÉE

3H YtK\J[PVU KL S»PH[YVNtUPL TtKPJHTLU[L\ZL LZ[ \UL WYPVYP[t KL ZHU[t W\ISPX\L Elle est responsable de près de 150 000 hospitalisations par an et de plus de 15 000 décès.

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es anticoagulants, de par leurs complications hémorragiques, sont les principaux pourvoyeurs de cette morbidité et de cette mortalité. Si certains événements indésirables sont difficilement prévisibles, en particulier les accidents dits idiosyncrasiques ou d’origine immuno-allergique, il est établi que la moitié d’entre eux serait évitable car leurs mécanismes de survenue sont connus et devraient être attendus. Il s’agit essentiellement des accidents par surdosage ou par interactions médicamenteuses. Le sujet âgé est un sujet à haut risque de développer des effets iatrogènes médicamenteux. D’une part, les modifications physiologiques liées à l’âge et la présence fréquente d’une insuffisance rénale organique exposent au risque de surdosage par accumulation et imposent souvent une réduction des posologies. D’autre part, les pathologies associées et les nombreuses prescriptions qui en découlent rendent inévitables les interactions médicamenteuses.

© iStock/FotografiaBasica

Principaux types d’interaction 1) Les interactions cinétiques vont influencer les concentrations sanguines des médicaments et exposer le patient au risque de surdosage ou de sous-dosage. Les médicaments inhibiteurs enzymatiques (en particulier les antibiotiques de la famille des macrolides et les antifongiques azolés) sont capables de freiner le métabolisme de médicaments pris conjointement. Ces derniers risquent donc de voir leur concentration sanguine s’élever au-delà de leur marge thérapeutique, surtout s’il s’agit de médicaments à marge thérapeutique étroite comme les AVK ou la colchicine. A titre d’exemple, l’introduction d’un antifongique azolé comme le miconazole (Daktarin®, Loramyc®) chez un patient traité par AVK va entraîner une élévation de l’INR et un risque hémorragique. Cette association est donc contreindiquée. Par le même mécanisme, la prescription d’un antibiotique de la famille des macrolides comme l’érythromycine chez un patient traité par colchicine va entraîner une élévation de la concentration sanguine de colchicine qui peut atteindre rapidement son seuil toxique. Notons que le jus de pamplemousse est également un puissant inhibiteur enzymatique : Il peut multiplier la biodisponibilité de la simvastatine (Zocor®) par un facteur 15, ce qui revient à prendre en une seule fois la dose de deux semaines et accroît le risque de rhabdomyolyse. Il augmente également la biodisponibilité des immunosuppresseurs comme la ciclosporine (Néoral®, Sandimmun®) et augmente le risque de néphrotoxicité. Les médicaments


Actusoins pratiques

inducteurs enzymatiques (millepertuis, rifampicine, certains antiépileptiques comme la carbamazépine, le phénobarbital ou le topiramate) sont capables quant à eux de stimuler le métabolisme de médicaments pris conjointement. Ces derniers risquent donc de voir leur concentration sanguine diminuer en-deçà de leur marge thérapeutique, surtout s’il s’agit de médicaments à marge thérapeutique étroite comme les AVK ou la digoxine. A titre d’exemple, la prise de médications à base de millepertuis à visée antidépressive (sur prescription médicale ou par automédication) peut réduire ou même annuler les effets d’un traitement par AVK ou par digoxine. 2) Les interactions dynamiques de type additif sont susceptibles de potentialiser les effets de certains médicaments pris simultanément. Ainsi, la prise conjointe d’un AVK et d’un antiagrégant plaquettaire (aspirine ou AINS) peut déclencher un syndrome hémorragique. La prise conjointe de médicaments à effets anticholinergiques peut déclencher un syndrome anticholinergique avec rétention urinaire, troubles visuels ou syndrome confusionnel. La prise conjointe de deux fibrates (type Béfizal®, Lipanor®, Lipanthyl® ou Lipur®) peut déclencher une rhabdomyolyse. Il peut s’agir à l’opposé d’une interaction de type antagoniste. La prise d’un antiémétique comme le métoclopra-

mide (Primperan®) chez un patient parkinsonien traité par agents dopaminergiques peut perturber sérieusement son traitement.

Génériques : source de confusion et d’erreurs La différence de présentation peut être source de confusion et d’erreurs. L’infirmier joue un rôle important dans le signalement de cette anomalie et dans l’aide à la bonne observance du traitement. Il faut se méfier des comprimés de principes actifs différents qui ont parfois le même aspect (affaire des comprimés furosémide-zolpidem Téva, comprimés Préviscan®-Lisinopril®…), mais tout autant des comprimés d’un même principe actif qui peuvent se présenter sous différents aspects selon le générique.

Attention aux évènements intercurrents Ces évènements peuvent interférer avec les traitements médicamenteux et favoriser la survenue d’effets indésirables parfois graves. Ainsi, un épisode infectieux conduisant à la prescription d’un antibiotique inhibiteur enzymatique peut conduire au surdosage d’un médicament pris jusqu’alors sans problème. La fièvre ou une gastro-entérite peuvent entraîner une déshydratation avec insuffisance rénale fonctionnelle grave chez un patient sous diurétiques ou à la fonction rénale altérée.

ACTUSOINS y 13 y NUMÉRO 12 y MARS - AVRIL - MAI 2014


Actusoins pratiques

Dix bons réflexes iatrogéniques L’infirmier étant le professionnel de santé le plus proche du malade, il est le plus apte à déceler les premiers signes pouvant évoquer un événement médicamenteux indésirable. Il doit en permanence réagir avec le réflexe iatrogénique. 1. Diarrhée. De nombreux médicaments sont responsables de troubles digestifs mais l’apparition d’une diarrhée chez un patient traité par colchicine doit faire systématiquement évoquer une toxicité par surdosage en colchicine. L’infirmier constatant une diarrhée chez un patient sous colchicine doit signaler immédiatement ce symptôme au médecin prescripteur. 2. Rétention urinaire. Deux types de médicaments peuvent provoquer une rétention urinaire avec globe vésical : les médicaments à effets principaux ou latéraux anticholinergiques (ils sont très nombreux : anticholinergiques antiparkinsoniens comme l’Artane®, anticholinergiques antispasmodiques comme le Librax®, phénothiazines neuroleptiques comme le Largactil® ou antihistaminiques H1 comme l’Atarax®) et les vasoconstricteurs alpha-stimulants (décongestionnants ORL). L’infirmier doit surveiller attentivement la qualité de la miction des personnes âgées (tout comme celle du transit digestif) et rechercher un globe vésical au moindre doute. 3. Troubles de la sexualité. L’apparition récente de troubles de la sexualité (hypersexualité, addiction sexuelle, déviance), parfois associés à d’autres addictions, chez un patient parkinsonien traité par agoniste dopaminergique type ropinirole (Requip®) ou pramipexole (Sifrol®) doit faire évoquer la responsabilité du traitement. 4. Chutes. Par le biais d’une sédation excessive, de troubles visuels, d’une hypotension orthostatique ou d’une myorelaxation, de nombreux médicaments peuvent être responsables de chutes aux conséquences souvent graves chez le sujet âgé, mais il faut avant tout éliminer les associations de benzodiazépines ou les benzodiazépines à demi-vie longue. L’infirmier doit régulièrement s’enquérir auprès du patient âgé mais également de sa famille de la survenue de chutes. 5. Syndrome confusionnel. L’apparition brutale d’un syndrome confusionnel peut être un effet direct de médicaments (tous les médicaments psychotropes, certains antibiotiques) ou un effet indirect (hypoglycémie chez un patient sous antidiabétiques hypoglycémiants, rétention aiguë d’urine d’origine médicamenteuse se traduisant par une agitation chez le sujet âgé…). L’infirmier doit contrôler la glycémie capillaire devant tout trouble neurologique ou d’allure neuropsychiatrique. 6. Déshydratation. La surveillance du poids et des signes de déshydratation est capitale chez le sujet âgé surtout s’il est sous traitement diurétique. Une chaleur excessive,

une fièvre ou une gastro-entérite avec pertes liquidiennes peuvent entraîner rapidement une déshydratation sévère avec insuffisance rénale fonctionnelle. La surveillance infirmière régulière du poids et des signes de déshydratation est incontournable chez le patient sous diurétiques. 7. Syncopes. Des malaises à type de syncopes ou de pertes de connaissance brèves imposent la réalisation d’un ECG à la recherche de troubles du rythme ou de la conduction. De nombreux médicaments (en particulier des neuroleptiques et des antidépresseurs) sont responsables d’un allongement de l’intervalle QT et de survenue de troubles graves du rythme ventriculaire à type de torsades de pointe. L’association halopéridol (Haldol®) + citalopram (Séropram®) et l’association paroxétine (Déroxat®) + pimozide (Orap®) sont contre-indiquées pour cette raison. 8. Hémorragies. Les anticoagulants (en particulier les AVK) représentent la première cause de morbidité et de mortalité liées aux médicaments. Tout signe hémorragique même mineur (gingivorragie, épistaxis, hématome) et a fortiori majeur (hématurie, méléna…) doit faire évoquer une posologie excessive ou une interaction médicamenteuse (attention aux antifongiques azolés même sous forme de gel buccal et aux AINS) et contrôler l’INR. L’infirmier se mettra en rapport avec le médecin prescripteur sans délai afin de signaler les signes hémorragiques, même minimes. 9. Hypoglycémie. Tout signe neurologique ou neuropsychiatrique d’installation brutale doit faire évoquer en premier lieu une hypoglycémie chez le patient traité par antidiabétiques oraux hypoglycémiants (sulfamides hypoglycémiants ou glinides). Le risque est de confondre les symptômes d’une hypoglycémie médicamenteuse avec ceux d’un AVC ou d’un syndrome psychiatrique. Deux associations médicamenteuses sont à haut risque d’hypoglycémie : l’association glibenclamide (Daonil®) + miconazole (Daktarin®, Loramyc®) et l’association répaglinide (Novonorm®) + gemfibrozil (Lipur®). Une glycémie capillaire de contrôle sera réalisée par le personnel soignant devant tout trouble de la conscience, de l’humeur et signes d’AVC (Paralysie faciale, trouble de la parole, troubles moteurs, céphalées, troubles visuels,…) 10. Rhabdomyolyse. L’apparition de douleurs musculaires doit faire évoquer une rhabdomyolyse débutante chez un patient traité par statines ou par fibrates. L’association d’atorvastatine (Tahor®) et de kétoconazole (Kétoderm®) est contre-indiquée de même que l’association de deux fibrates (Béfizal®, Lipanor®, Lipanthyl® ou Lipur®), du fait du risque de rhabdomyolyse. L’infirmier signalera au médecin toute douleur musculaire inexpliquée. Q DR. PATRICK BARRIOT, EXPERT MÉDICAL DE L’INSTITUT EUROPÉEN

ACTUSOINS y 14 y NUMÉRO 12 y MARS - AVRIL - MAI 2014

DE FORMATION EN SANTÉ (IEFSANTÉ)


ACTUSOINS y 15 y NUMÉRO 12 y MARS - AVRIL - MAI 2014


Actusoins ‹ pratiques

LA POSE DE SONDE NASO-GASTRIQUE : UN SOIN REDOUTÉ PAR LES PATIENTS ET PAR LES SOIGNANTS (J[L HZZLa HNYLZZPM SH WVZL KL ZVUKL UHZV NHZ[YPX\L :5. YLZ[L PUJVU[V\YUHISL KHUZ JLY[HPULZ PUKPJH[PVUZ n ]PZtL KPHNUVZ[PX\L [OtYHWL\[PX\L V\ U\[YP[PVUULSSL

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et acte inďŹ rmier est rĂŠglementĂŠ par les articles R.4311-7 et R.4311-5 du Code de la SantĂŠ Publique et se rĂŠalise sur prescription mĂŠdicale (PM). Art R.4311-7 : l’inďŹ rmier [‌] est habilitĂŠ Ă pratiquer les actes suivants soit en application d’une prescription mĂŠdicale qui, sauf urgence, est ĂŠcrite, qualitative et quantitative, datĂŠe et signĂŠe, soit en application d’un protocole [‌] : pose de sondes gastriques en vue de tubage, d’aspiration, de lavage ou d’alimentation. Art R.4311-5 : dans le cadre de son rĂ´le propre, l’inďŹ rmier [‌] accomplit les actes ou dispense les soins suivants visant Ă identiďŹ er les risques et Ă assurer le confort et la sĂŠcuritĂŠ de la personne et de son environnement et comprenant son information et celle de son entourage : administration de l’alimentation par sonde gastrique, sous rĂŠserve des dispositions prĂŠvues Ă l’article R.4311-7 et changement de sonde gastrique ; soins et surveillance de patients en assistance nutritive entĂŠrale ou parentĂŠrale.

provoquant d’importantes douleurs, des nausĂŠes et vomissements) ; - hĂŠmorragies digestives hautes (permet un lavage gastrique avec de l’eau froide aďŹ n de favoriser la vasoconstriction des vaisseaux) ; - chirurgie digestive lourde permettant une vidange et un repos gastrique (prĂŠvention de la dilatation de l’estomac, des vomissements, des tensions des sutures digestives) ; - prĂŠvention des risques d’inhalation chez les patients intubĂŠs-ventilĂŠs. Les sondes en silicone et en polyurĂŠthane, très souples, sont

Un large ĂŠventail de modèles De tailles variables (CH 4 Ă 20), radio-opaques et graduĂŠes, leur utilisation est conditionnĂŠe par leur composition et leur calibre. - Les sondes en PVC (Salem) assez rigides, sont utilisĂŠes pour de courte durĂŠe (3 Ă 4 j) car le PVC est dĂŠgradĂŠ par l’aciditĂŠ gastrique. A une extrĂŠmitĂŠ, elle comporte 2 oriďŹ ces permettant une prise d’air et une connexion pour l’aspiration, l’autre extrĂŠmitĂŠ comportant plusieurs oriďŹ ces pour aspirer le contenu gastrique. La prise d’air est primordiale en cas d’aspiration douce car elle ĂŠvite que le tuyau ne se collabe Ă la paroi de l’estomac et ne crĂŠe un ulcère. Ces indications sont multiples (CH 16-18) : - syndrome occlusif (arrĂŞt brutal des matières et des gaz

ACTUSOINS y 16 y NUMÉRO 12 y MARS - AVRIL - MAI 2014

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utilisées préférentiellement pour les nutritions entérales et l’administration de traitement. Elles offrent une excellence tolérance et leur résistance face à l’acidité digestive permet une utilisation de longue durée (max 30 jours) avec de petits calibres (CH10-12). Les indications sont nombreuses : alimentation orale impossible (chirurgie ORL lourde), apports nutritifs insuffisants (prématurés), dénutrition majeure (anorexie), troubles de la déglutition. Un seul point les différencie : la lumière des sondes siliconées comporte des irrégularités qui favorisent l’obstruction, ce qui n’est pas le cas des sondes en polyuréthane (conduit interne lisse).

La pose Après vérification de la prescription médicale, le matériel est préparé et les règles d’hygiène sont respectées pour la réalisation de ce soin. L’intérêt du geste, son déroulement sont expliqués au patient, favorisant ainsi sa coopération. La voie nasale est privilégiée (sauf traumatisme maxillo-facial important, fracture des os de la base du crâne et les prématurés). Le passage de la sonde dans le pharynx puis dans l’œsophage est facilité par une position demi-assise, la tête fléchie en avant et les mouvements de déglutition du patient synchronisée avec la progression de la sonde. Seuls les patients intubés (au bloc) sont laissés en décubitus dorsal. La position de la sonde est vérifiée par l’injection rapide de 50ml d’air couplée à une auscultation gastrique à la recherche d’un bruit hydro-aérique. Mais attention, il existe des faux positifs ! Un contrôle radiologique peut être demandé (sur PM), il sera systématique chez tout patient intubé-ventilé ou en cas de chirurgie digestive lourde. Les contre-indications sont peu nombreuses : ingestions de toxiques corrosifs, chirurgie récente des voies digestives hautes (risque de lâchage de sutures). Il existe de multiples complications d’apparition immédiates et plus tardives.

Quelques précautions - Haricot et protection type absorbex sont indispensables pour l’hygiène et la protection du patient. - Les antécédents du patient type déviation de la cloison nasale sont importants afin de privilégier la narine opposée à cette déviation pour introduire la sonde. - Mesurer la distance pointe du nez-oreille-creux de l’estomac (sous l’appendice xyphoïde). - En raison de leur souplesse, les sondes en silicone et en polyuréthane sont placées au frigo 2 heures avant la pose afin de les rigidifier. - Lubrifier les sondes, les sondes siliconées avec du gel hydrosoluble uniquement. - Utiliser la courbure naturelle de la sonde, progresser au rythme du patient. - Un repère au marqueur indélébile sur la sonde n’empêche pas de contrôler la position de la sonde à chaque changement d’équipe et à chaque utilisation.

Complications immédiates

Actions

Trajet sous muqueux pharyngé

Introduire la sonde avec douceur Retirer la sonde immédiatement avant de réitérer l’opération Vérifier le bilan d’hémostase. Bien lubrifier la sonde, ne jamais forcer en cas de résistance Toujours être vigilant, pose 6 h après le dernier repas

Fausse route dans la trachée Epistaxis Inhalation alimentaire Fausse route intracrânienne (fracas maxillo-facial et crânien)

Privilégier la voie buccale et la pose par un médecin

Complications secondaires

Actions

Arrachement de la sonde accidentelle ou volontaire

Reposer la sonde

Déplacement secondaire de la sonde

Toujours vérifier la position de la sonde

Obstruction de la sonde

Rincer avec de l’eau après chaque utilisation

Reflux gastro-œsophagien, pneumopathie d’inhalation

Position demi-assise pendant et deux heures après la fin de la nutrition ou tête de lit surélevée à 30° (réa)

Infection : otite, sinusite

Soins de bouche et de nez pluriquotidiens

Altération des muqueuses nasale et buccale (ulcération, escarre)

Surveillance et changement quotidien de la fixation Changement de narine

- La fixation avec précaution doit éviter les escarres du nez, la fixation avec un fil reste exceptionnelle (ORL). - Toujours rincer les sondes avec de l’eau après utilisation pour la nutrition entérale. - Attention lors de l’administration de comprimés, s’assurer que les médicaments peuvent bien être réduits en poudre (médicaments à libération prolongée).

Surveillance - Vérification de la position (fixation, repère, auscultation, perméabilité) de la SNG est impérative à chaque prise de poste et avant chaque administration. - Surveillance de la quantité et qualité de liquide recueilli sous aspiration douce à -20 à -30 mbar. - Surveillance de l’absence de nausée, vomissement, douleur et de la reprise du transit. - Contrôle du résidu gastrique (++ chez les prématurés) permet d’avoir un reflet sur la vidange gastrique et d’adapter le débit. Utilisée quotidiennement, la sonde gastrique n’est pas dénuée de complications et sa surveillance ne doit en aucun cas être banalisée. Q LAURENCE PIQUARD, INFIRMIÈRE ANESTHÉSISTE-FORMATRICE

" , * Ê - Pose et surveillance d’une sonde naso-gastrique – Isabelle Bonnefoy - La pose de sonde gastrique - Vincent Elmer-Haerrig - Comment choisir et poser une sonde naso-gastrique pour nutrition entérale journée CLAN 2012 - Du « bon usage » de la sonde nasogastrique – D.Chassard, P.Boulétreau, J.P. Tournadre - Département d’anesthésie-réanimation Hôpital de l’Hôtel Dieu et Hôpital Edouard Henriot – 69000 Lyon – SFAR 1998 Q

ACTUSOINS y 17 y NUMÉRO 12 y MARS - AVRIL - MAI 2014


Actusoins ‹ vie liberale

La tĂŠlĂŠmĂŠdecine pour le suivi des plaies

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ept inďŹ rmières libĂŠrales travaillant dans deux cabinets situĂŠs Ă Compiègne et Ă Longueil-Annel, dans l’Oise, participent Ă un projet de tĂŠlĂŠmĂŠdecine avec une ĂŠquipe de mĂŠdecins et inďŹ rmières du CH de Compiègne spĂŠcialisĂŠe dans le traitement des plaies chroniques et de la cicatrisation. ÂŤ Dans notre patientèle, nous avons rĂŠgulièrement des patients qui ont des plaies chroniques compliquĂŠes Ă traiter Âť, explique VĂŠronique Vouzellaud, inďŹ rmière libĂŠrale qui participe au projet. ÂŤL’idĂŠal serait de pouvoir obtenir rapidement un rendezvous chez le dermatologue, mais le temps d’attente est gĂŠnĂŠralement trop long face Ă l’urgence de la prise en charge de la plaie, et le mĂŠdecin traitant n’est pas toujours habilitĂŠ Âť, ajoute-t-elle.

A vos tablettes Ainsi, lorsqu’un patient prĂŠsente une plaie chronique, l’inďŹ rmière libĂŠrale peut lui proposer d’être introduit dans le projet, après en avoir informĂŠ le mĂŠdecin traitant. Les cabinets d’inďŹ rmières libĂŠrales ont ĂŠtĂŠ ĂŠquipĂŠs de tablettes leur permettant de prendre des photos de la plaie, de les

transfĂŠrer sur leur ordinateur puis de les envoyer Ă l’Êquipe de l’hĂ´pital par un dispositif sĂŠcurisĂŠ. ÂŤ Ensuite, l’Êquipe de l’hĂ´pital se rĂŠunit, une fois par semaine, examine les diffĂŠrents dossiers patients que nous leur avons transmis, et nous informe par email ou par tĂŠlĂŠphone du traitement Ă dispenser au patient ÂŤ, explique VĂŠronique Vouzellaud. Le dĂŠlai d’attente pour le diagnostic est donc au maximum d’une semaine. ÂŤ Les patients sont vraiment satisfaits de cette initiative, ajoute l’inďŹ rmière. On leur prĂŠsente le projet positivement

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en leur expliquant que leur plaie est compliquĂŠe et qu’il nous faut l’avis de spĂŠcialistes de l’hĂ´pital. Ils sont très contents car ils estiment ĂŞtre bien pris en charge. Et pour nous, inďŹ rmières libĂŠrales, c’est un gain de temps, cela nous simpliďŹ e la vie et on offre des soins de qualitĂŠ. Âť

Une solution d’avenir

Marie-Odile Guillon, inďŹ rmière libĂŠrale.

Comme pour de nombreuses initiatives dans le domaine libĂŠral, le seul bĂŠmol s’avère ĂŞtre le ďŹ nancement. Pour la prise de photos et le temps passĂŠ devant l’ordinateur, les inďŹ rmières libĂŠrales ne sont pas rĂŠmunĂŠrĂŠes. ÂŤ C’est ĂŠgalement le cas pour l’Êquipe de l’hĂ´pital, regrette l’inďŹ rmière. L’objectif serait d’inclure un dermatologue dans l’Êquipe hospitalière, mais l’absence de rĂŠmunĂŠration peut ĂŞtre problĂŠmatique, alors que la tĂŠlĂŠmĂŠdecine, c’est l’avenir ! Âť Depuis octobre, une initiative similaire existe dans le Gard grâce au rĂŠseau Cicat qui regroupe Ă Montpellier une ĂŠquipe d’inďŹ rmiers et de mĂŠdecins experts des plaies complexes et de la cicatrisation. Le rĂŠseau fournit des tablettes aux inďŹ rmiers libĂŠraux qui communiquent en direct avec un mĂŠdecin expert. Ce dernier, grâce Ă l’image de la plaie, guide l’inďŹ rmier. Q Š GCS e-SantĂŠ Picardie

ACTUSOINS y 18 y NUMÉRO 12 y MARS - AVRIL - MAI 2014

LOUISE GUYON



Actusoins ‹ vie liberale

Chirurgie ambulatoire : accompagner le retour Ă domicile +LW\PZ Mt]YPLY LU 7PJHYKPL \UL JLU[HPUL KÂťPUĂ„YTPuYLZ SPItYHSLZ WHY[PJPWLU[ n SÂťVYNHUPZH[PVU K\ YL[V\Y n KVTPJPSL KLZ WH[PLU[Z HWYuZ \UL PU[LY]LU[PVU LU JOPY\YNPL HTI\SH[VPYL 3L WVPU[ Z\Y JL[[L L_WtYPTLU[H[PVU

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’initiative revient Ă l’Union rĂŠgionale des professionnels de santĂŠ (URPS) InďŹ rmiers de Picardie. ÂŤ Il y avait une rĂŠelle demande de prise en charge post-opĂŠratoire pour la douleur, les angoisses ou diffĂŠrents types de troubles Âť, souligne Isabelle Brillet, inďŹ rmière libĂŠrale engagĂŠe dans le dispositif. ÂŤ Nous avons fait la proposition Ă l’Agence rĂŠgionale de santĂŠ, en octobre 2012, se souvient Marie-Odile Guillon, prĂŠsidente de l’URPS. Le directeur a approuvĂŠ l’idĂŠe, et le Centre hospitalier Compiègne-Noyon, qui souhaitait amĂŠliorer son taux de chirurgie ambulatoire, s’est portĂŠ volontaire pour lancer le projet Intervention soins inďŹ rmiers post-ambulatoire Ă domicile (Isipad). Âť

Le parcours La prĂŠsidente de l’URPS a donc contactĂŠ une quarantaine d’inďŹ rmières du secteur qui ont suivi une formation Ă l’hĂ´pital, pour se familiariser avec la chirurgie ambulatoire, avant de transmettre leurs connaissances aux autres inďŹ rmières de leur cabinet. A ce jour, elles sont une centaine Ă participer Ă Isipad. L’expĂŠrimentation ne bĂŠnĂŠďŹ cie qu’aux personnes fragiles psychologiquement, socialement et physiquement. Ainsi, lorsqu’un chirurgien repère un patient fragile, il peut dĂŠcider de l’inclure dans l’expĂŠrimentation. L’Êquipe de l’unitĂŠ de chirurgie ambulatoire donne alors au patient le numĂŠro de tĂŠlĂŠphone de l’URPS qui lui communique le nom de l’inďŹ rmière libĂŠrale Ă contacter dans son secteur. La veille de l’opĂŠration, l’unitĂŠ s’assure que le patient a bien informĂŠ l’inďŹ rmière de son opĂŠration et le jour mĂŞme l’unitĂŠ appelle l’inďŹ rmière pour qu’elle sache Ă quelle heure le patient sera rentrĂŠ chez lui.

Une expĂŠrimentation bien accueillie ÂŤ L’inďŹ rmière libĂŠrale va donc se rendre au domicile du patient le soir de l’opĂŠration et le lendemain, pour s’assurer

Š naypong / Fotolia

qu’il aille bien, pour la prise en charge de la douleur, et pour relever les constantes Âť, rapporte Marie-Odile Guillon. ÂŤ Cette expĂŠrimentation est bien accueillie par les patients et elle permet de faire reconnaitre la prise en charge que nous leur offrons Âť, ajoute Isabelle Brillet. Seul problème : ces actes n’Êtant pas inscrits dans la nomenclature, ils ne sont pas pris en charge par l’Assurance maladie. Donc pendant huit mois, les inďŹ rmières libĂŠrales n’ont pas ĂŠtĂŠ payĂŠes. Une solution a ĂŠtĂŠ trouvĂŠe avec l’ARS qui devrait dĂŠgager une enveloppe, mais en attendant, l’URPS paye les factures. L’expĂŠrimentation aurait par ailleurs dĂť prendre ďŹ n en ce dĂŠbut d’annĂŠe 2014, mais ÂŤ je reçois encore des appels, indique Marie-Odile Guillon. Je dois rencontrer le chef de projet ARS pour parler de la suite d’Isipad. Âť Q LAURE MARTIN

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ACTUSOINS y 20 y NUMÉRO 12 y MARS - AVRIL - MAI 2014

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Actusoins vie professionnelle

GROUPES DE PAROLE : PARLER POUR SOULAGER LA SOUFFRANCE © Juliette Robert

3H ZV\MMYHUJL WHYMVPZ L_[YvTL KLZ WH[PLU[Z S»tJOLJ K»\U traitement, la mort... Des traumatismes liés au travail médical THPZ ZV\]LU[ PU[tYPVYPZtZ WHY SLZ ZVPNUHU[Z ,_WYPTLY JL Z[YLZZ L[ S»HWWYP]VPZLY LZ[ WV\Y[HU[ LZZLU[PLS H\ IPLU v[YL K»\UL tX\PWL 7V\Y t]P[LY SL I\YU V\[ KL SL\YZ ZVPNUHU[Z JLY[HPUZ services ont une solution : la parole.

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ne famille qui se déchire sur la fin de vie d’un proche, une équipe médicale suspendue durant un mois à la décision des tribunaux : le cas de Vincent Lambert, cet infirmier de 38 ans en état végétatif depuis cinq ans, a fait la une de l’actualité ces dernières semaines. Une situation extrême mais qui révèle le cocktail d’angoisse et de stress auquel peuvent être confrontés des soignants en charge de ce type de cas. C’est pour soulager ces équipes médicales et toutes celles

ACTUSOINS y 22 y NUMÉRO 12 y MARS - AVRIL - MAI 2014


Actusoins ‹ vie professionnelle

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travaillant dans des services Ă fort pronostic lĂŠtal que les groupes de parole ont vu le jour il y a près de 30 ans. Le principe ? Un temps de parole collectif basĂŠ sur le volontariat, animĂŠ par un psychologue et conďŹ dentiel. Aujourd’hui dĂŠveloppĂŠ dans les services de soins palliatifs et dans certains services de cancĂŠrologie ou d’addictologie, cet outil peine encore Ă faire sa place dans des unitĂŠs oĂš les soignants peuvent faire face Ă du stress aigu ou chronique (rĂŠanimation pĂŠdiatrique, services de grands brĂťlĂŠs, gĂŠriatrie, etc). Š Juliette Robert

Analyser ses actions et ses ĂŠmotions Psychologue, Martine Ruszniewski anime des groupes de parole destinĂŠs aux soignants depuis 1982. Elle intervenait Ă l’Êpoque auprès des patients du service d’hĂŠmato-cancĂŠrologie de l’HĂ´tel Dieu Ă Paris. ÂŤ Un jour, je suis entrĂŠe dans le box des inďŹ rmières pour leur demander de voir un malade. Il n’Êtait pas disponible mais elles m’ont invitĂŠes Ă m’asseoir avec elles pour discuter. Ce jour-lĂ , j’ai compris que les soignants avaient besoin d’être entendus pour ensuite pouvoir ĂŠcouter les patients et leur famille Âť, racontet-elle. Une pratique qu’elle apprend auprès du Dr Robert Zittoun au sein de son ĂŠquipe mobile de soins palliatifs, la première crĂŠĂŠe en France en 1989. Martine Ruszniewski exerce dĂŠsormais Ă l’Institut Curie. Cet ĂŠtablissement de cancĂŠrologie a dĂŠveloppĂŠ en 2004 des groupes de parole pour ses soignants. Au service de radiothĂŠrapie, les inďŹ rmières peuvent ainsi participer une fois par mois Ă ce moment de discussion. En ce mardi après-midi, elles sont six Ă s’être rĂŠunies dans une petite pièce de travail aux murs nus. Assise au centre du groupe, Martine Ruszniewski prend des nouvelles. ÂŤ Comment allez-vous ? Est-ce qu’il y a des choses dont vous aimeriez discuter ? Âť, demande-t-elle.

Souffrance du patient, mal-ĂŞtre du soignant Timides au dĂŠpart, quelques inďŹ rmières prennent la parole. La discussion s’engage et elle ne s’arrĂŞtera plus durant une heure. Les soignantes parlent de la vie du service, des dĂŠsaccords de l’Êquipe autour du cas difďŹ cile d’une patiente rĂŠcemment dĂŠcĂŠdĂŠe, de leurs ressentis... Chacune s’exprime librement. Par petites touches, la psychologue les aide Ă analyser leurs actions et leurs ĂŠmotions. ÂŤ Une culture

de la parole de groupe s’est dĂŠveloppĂŠe, tĂŠmoigne Martine Ruszniewski, Elles ne se coupent plus la parole, elles s’Êcoutent. Elles se sont appropriĂŠes cet outil petit Ă petit Âť. ÂŤ Au dĂŠbut je trouvais ça luxueux d’avoir un groupe de parole Âť, se souvient Astrid, inďŹ rmière dans le service depuis deux ans. ÂŤ Maintenant j’organise ma journĂŠe pour pouvoir m’y rendre. Je le prends parfois en cours de route. Il y a aussi des fois oĂš je n’y vais pas car j’ai trop de travail ou je n’ai pas envie Âť, explique la jeune femme. Si elle apprĂŠcie ce temps d’Êchange, c’est parce qu’il l’aide Ă prendre du recul. ÂŤ Ça permet de faire une relecture d’une situation complexe qu’on a pu avoir avec un malade. Ces discussions nous aident Ă avoir des clĂŠs pour aborder des situations conictuelles Âť, estime-t-elle. ÂŤ On y aborde aussi notre place face Ă la mort Âť, ajoute celle qui se souvient d’une pĂŠriode difďŹ cile oĂš ÂŤ on avait eu quatre dĂŠcès en sept jours Âť.

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LO DSSRUWH XQ VRXODJHPHQW /HV VRLJQDQWV SHXYHQW \ SUHQGUH FRQVFLHQFH GH OHXUV OLPLWHV SHUVRQQHOOHV HW GH FHOOHV GX FROOHFWLI Assise en face d’elle, sa collègue Marjorie partage son point de vue. ÂŤ Ce qui m’a surpris en assistant aux groupes de parole, c’est la capacitĂŠ d’Êcoute des collègues. Ça fait du bien d’avoir ce temps pour parler. On a les transmissions, bien sĂťr, mais en groupe de parole on a le temps de se poser. On dialogue aussi avec des collègues avec qui on n’a pas forcĂŠment d’afďŹ nitĂŠs et on se rend compte au

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*-9 " " 1 Ê Ê ½ %* / Ê OU INTERVENANT EXTÉRIEUR ? Chaque établissement de soin a sa pratique. À l’Institut Curie et à la Maison médicale Jeanne Garnier, ce sont des psychologues internes qui animent les groupes de parole. Mais leur pratique est séparée : elles interviennent dans certains services pour les soignants, dans d’autres pour les patients. D’autres hôpitaux préfèrent faire appel à des psychologues extérieurs à l’établissement. Dans tous les cas, le contenu des séances est confidentiel et jamais transmis à la hiérarchie de l’hôpital.

final qu’on a tous le même ressenti », décrit-elle. Pour les deux infirmières, ces groupes sont un outil pertinent pour évacuer le stress et éviter les burn-out. « Si on ne prend pas en compte sa propre souffrance, on ne peut pas bien accompagner son patient car on ne fait plus la part des choses », estime Astrid. Mais pour qu’un groupe de parole fonctionne, il faut des conditions favorables : une direction d’hôpital volontaire, des cadres vigilants, un psychologue compétent et des soignants en confiance. Ayant créé des groupes de parole dans différents hôpitaux au cours de sa carrière, Martine Ruszniewski témoigne des difficultés rencontrées lors des premières séances. « Mais à force d’y aller, de répéter que tout est confidentiel et que je ne ferai jamais de comptes-rendus à la direction, les soignants ont adhéré peu à peu », explique-t-elle, tout en précisant que ce n’est jamais gagné. « Il y a les urgences, les réunions calées au dernier moment, le manque de temps... Si la cadre de proximité ne prend pas ça à bras-le-corps, les soignants oublient », assure la psychologue.

Construire du sens en équipe Danièle Leboul, psychologue clinicienne, témoigne aussi de la fragilité des groupes de parole. Elle en anime depuis 1984, d’abord en pneumologie infectieuse à l’hôpital Saint-Louis à Paris - « au tout début de l’épidémie du Sida », se rappelle-t-elle – puis en soins palliatifs au CHU de Brest et aujourd’hui à la Maison médicale Jeanne Garnier, établissement privé parisien spécialisé en soins palliatifs. Pour elle, cet outil n’est pas une « solution miracle » contre le burn-out. « Mais si cet espace est investi correctement, il apporte un soulagement. Les soignants peuvent y prendre conscience de leurs limites personnelles et de celles du collectif, comprendre qu’ils ne sont ni bons ni mauvais », détaille-t-elle. Un groupe de parole est organisé tous les 15 jours dans chaque service de la Maison médicale. Du médecin à l’ASH, tous les soignants y sont les bienvenus. Une fois

la porte passée, la hiérarchie s’abolit. « Chacun parle en son nom propre en disant « je », c’est une des règles », précise Danièle Leboul. On cherche à construire ensemble un sens commun à ce que chacun peut vivre individuellement » : la répétition de la mort, la sensation d’avoir mal accompagné tel patient ou le fait de ne plus avoir la force d’entrer dans la chambre de tel autre, par exemple. Ces groupes permettent aussi de souder les équipes. « La violence de certains cas ou l’agressivité de certaines familles peuvent cliver l’équipe soignante. On a besoin de prendre ce temps pour se ressouder et avoir une pensée collective. Percer l’abcès avant de retourner au travail », témoigne le Dr Guirimand. « Je n’ai pas besoin du groupe de parole pour voir si une soignante est en burn-out, je m’en rendrai compte en la voyant travailler ou dans son comportement avec ses collègues, précise de son côté Christine Gard, infirmière coordinatrice, mais il me permet de repérer, parfois, que telle collègue est plus fragile par rapport à un patient en particulier et qu’il faut que je fasse attention à elle. Ça permet une sérénité et un calme entre nous ». Autre thème récurrent exprimé dans les groupes de parole : l’organisation du travail dans le service, car celle-ci est souvent la cause du sentiment de « travail mal fait » chez les soignants. Pour la direction de la Maison médicale Jeanne Garnier comme pour celle de l’Institut Curie, les groupes de parole sont conçus comme l’un des éléments d’une stratégie plus large pour améliorer la qualité de vie au travail. « Les gains sont difficiles à mesurer, on est sur du ressenti. Mais on constate que le taux de turn-over dans notre établissement est inférieur à la moyenne francilienne malgré la violence de la prise en charge que nous menons » note Cédric Boutonnet, directeur de Jeanne Garnier. Q AMÉLIE CANO / YOUPRESS

“&HV GLVFXVVLRQV QRXV DLGHQW ¿ DYRLU GHV FOÒV SRXU DERUGHU GHV VLWXDWLRQV FRQñLFWXHOOHV ” © Juliette Robert

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EHPAD

MUTUALISER LES ASTREINTES DE NUIT : LA SOLUTION ? 3»OVZWP[HSPZH[PVU WYtJPWP[tL KL YtZPKLU[Z H\ KtJV\YZ K»t]uULTLU[Z UVJ[\YULZ LZ[ \U YPZX\L KL Y\W[\YL THQL\Y KHUZ SL\Y WHYJV\YZ KL ]PL 3»HZ[YLPU[L PUÄYTPuYL T\[\HSPZtL KL U\P[ WV\YYHP[ YtWVUKYL n S»LUQL\ ZHUP[HPYL L[ tJVUVTPX\L

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a nouvelle convention passée avec l’ARS et le conseil général a supprimé le financement des postes d’infirmières de nuit de nos quatre EHPAD en 2012 », explique Marie-José Bonfiglio, cadre supérieur de santé aux Hôpitaux du bassin de Thau, un centre hospitalier intercommunal basé autour de Sète et d’Agde. Pour continuer à assurer la continuité de la prise en charge soignante 24 heures sur 24, l’établissement a mis sur pied une initiative originale : la mutualisation de temps d’astreinte d’infirmière de nuit sur chacun de ses deux sites. « La volonté est de maintenir les usagers dans leur lieu de vie et de limiter le recours aux urgences aux cas le justifiant vraiment », explique-t-elle. Depuis 2012 sur Sète et 2013 sur Agde, le dispositif tourne en routine, avec respectivement cinq et quatre infirmiers volontaires, grâce à un financement de l’ARS (forfait par astreinte et tarif horaire pour les interventions).

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Stéphanie Carpentier, l’une des infirmières du dispositif, explique : « Entre 21h30 et 7 heures, les aidessoignantes peuvent nous appeler lorsqu’elles rencontrent une urgence relative. Nous évaluons au téléphone la nécessité de nous déplacer puis nous intervenons sur place pour assurer les soins nécessaires. Les urgences vitales relèvent toujours du 15. Celles qui justifient notre intervention sont évidemment celles qui s’inscrivent dans le cadre de nos compétences » : assurer des soins après

une chute, remettre une perfusion en place, soulager le patient douloureux… Pour cela, les médecins des EHPAD rédigent préalablement des procédures ou des prescriptions anticipés pour chacun de leurs patients, selon leur profil de vulnérabilité.

Un dispositif rassurant « Les appels ont été plus fréquents au début, car les aidesoignantes avaient besoin de trouver leur marque » explique Coraline Gaudry, une autre infirmière d’astreinte. Maintenant, un déplacement par nuit est nécessaire en moyenne. « Le dispositif, souligne Armelle Olombel, cadre de santé assurant la coordination gérontologique entre les deux sites, apporte la réassurance aux aides-soignantes qui avaient l’habitude de travailler avec les infirmières. Les patients et les proches sont aussi rassurés de savoir qu’une infirmière peut se déplacer si nécessaire ». « On est plus autonome, dans la limite de nos compétences et cela valorise notre travail », estime Stéphanie Carpentier. Pour sa consœur, « c’est l’occasion de mettre toutes nos compétences en jeu pour répondre à une situation alors que nous arrivons sans savoir totalement ce qui nous attend ». Désormais, d’autres EHPAD sollicitent l’établissement pour s’intégrer au dispositif. Au niveau national aussi, l’originalité séduit : l’établissement a reçu un prix fin 2013 pour ce projet (Trophée Direction[s]). Et depuis plusieurs mois, quelques ARS ont lancé des expérimentations similaires sur leur territoire (Ile-de-France, Auvergne, Pays de Loire…). Q CAROLINE GUIGNOT

Stéphanie Carpentier, l’une des infirmières du dispositif. ©ch-bassin de thau

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APRÈS UN BREAK, L’HEURE DU RETOUR 3»HY[ PUÄYTPLY JL U»LZ[ WHZ JVTWSu[LTLU[ JVTTL SL ]tSV *LY[LZ VU U»V\ISPL WHZ [V\[ THPZ H\ IV\[ K»\U JLY[HPU [LTWZ ZHUZ WYH[PX\LY UP YLUV\]LSLY ZLZ JVUUHPZZHUJLZ PS WL\[ v[YL KPMÄJPSL KL ZL YLTL[[YL LU ZLSSL Sauf si des formations KL YLTPZL n UP]LH\ KPNULZ KL JL UVT ]VPLU[ LUÄU SL QV\Y

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as facile de revenir exercer en établissement après une longue interruption. Celles qui en font l’expérience témoignent, pour certaines, d’une perte de repères, de craintes de ne pas savoir faire, de conviction que leurs connaissances ne sont plus à jour... Celles, car même si aucune statistique sur le sujet n’existe, les interruptions de carrière, notamment pour cause de congé parental, concernent quasi-exclusivement les femmes. De même que ce sont plus les femmes qui suivent leur conjoint en cas de mutation que l’inverse...

La durée de l’interruption joue naturellement sur la capacité à reprendre facilement le cours interrompu de la carrière professionnelle. Treize mois d’absence pour Mélisa, le temps d’un congé maternité et d’un congé parental, avant de retourner à la maison de retraite où elle travaillait auparavant. Sur le plan technique, elle ne s’est pas sentie perdue : « c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas », remarque-t-elle. En revanche, « j’ai eu l’impression d’avoir tout oublié du métier, de la théorie, d’avoir perdu des neurones ! », poursuit-elle.

Retrouver ses repères… Dès le premier jour, elle a repris comme si de rien n’était, comme si elle revenait de week-end alors que beaucoup de choses avaient changé. Les résidents mais aussi les infirmières de l’équipe et, surtout, le rythme et l’organisation. « J’avais perdu tous mes repères, explique Mélisa, et j’ai eu du mal à retrouver ma place », notamment celle d’infirmière référente qu’elle occupait avant son départ. L’organisation et les mesures qu’elle avait mises en places n’étaient plus les mêmes... Quand on revient, « on se souvient de comment c’était avant, on voudrait que ce soit comme avant mais ce n’est

pas comme avant, résume-t-elle. Il aurait peut-être fallu que je sois doublée pendant quelques jours pour me remettre dans le bain, qu’on m’explique la nouvelle organisation... ». Au bout d’un an et après une sérieuse baisse de moral, elle a « recommencé à zéro » et tente, aujourd’hui, l’aventure du libéral.

…quand tout a changé En congé parental depuis deux ans, Marjolaine repousse encore le moment de reprendre le travail. La situation de son service d’origine a radicalement changé. « Revenir, comme remplaçante au sein du pool de suppléance, avec un planning qui change tout le temps, bouleversé à la dernière minute... C’est compliqué à concilier avec une vie de famille », explique-t-elle. La reprise en elle-même, sur les plans techniques et théoriques, ne l’inquiète pas outre mesure. Elle s’est déjà arrêtée plusieurs mois lors de la naissance de son premier enfant. « Je m’étais fait une montagne de la reprise, des gestes techniques alors qu’une semaine après, j’avais repris le rythme, se souvient Marjolaine. Le plus compliqué, cela a été de s’adapter aux habitudes des médecins, aux cadres et à l’organisation qui avaient changés... » Autant alors bien se préparer en amont, en reprenant par exemple contact avec ses anciens collègues. Les choses se corsent quand l’interruption s’étend sur une plus longue période. Comme pour Linda, qui a arrêté de travailler quinze ans après la naissance de son premier enfant. « Nous vivions au Canada où mes diplômes d’infirmière et de sage-femme, obtenus en Belgique, n’étaient pas reconnus, raconte-t-elle. J’ai fait de l’accompagnement à la naissance, pendant cinq ans. »

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A son retour en France, en 2009, elle obtient l’Êquivalence de ses diplĂ´mes avec ceux dĂŠlivrĂŠs en France - ÂŤ une formalitĂŠ Âť - et s’apprĂŞte Ă retravailler. Avec beaucoup de doutes. Elle essaye d’exercer comme sage-femme dans une maternitĂŠ, après un stage de remise Ă niveau, ÂŤ mais cela s’est très mal passĂŠ, notamment avec l’Êquipe Âť.

Reprendre conďŹ ance DĂŠstabilisĂŠe, elle s’inscrit Ă PĂ´le emploi puis intègre une maison de retraite. ÂŤ J’aimais le contact avec les patients, la dimension psychologique du travail. Les actes techniques ĂŠtant assez limitĂŠs, je me suis dit que cela allait m’aider Ă reprendre conďŹ ance en moi. Âť Grâce Ă la comprĂŠhension de ses collègues, souligne-t-elle, sa reprise s’est cette fois plutĂ´t bien passĂŠe. Elle a dĂŠcouvert les nouveaux mĂŠdicaments, les nouveaux pansements, les nouveaux protocoles... Aujourd’hui, elle travaille dans le service de mĂŠdecine et soin palliatifs d’une clinique. ÂŤ J’ai beaucoup apprĂŠhendĂŠ mais ils m’ont dit de poser toutes les questions que je voulais, qu’ils m’aideraient. Ils avaient conďŹ ance en moi Âť, observe Linda. Encore aujourd’hui, elle s’informe ÂŤ tout le temps Âť sur internet sur les soins, les protocoles, etc. ÂŤ On n’a pas ĂŠtudiĂŠ les cathĂŠters implantables durant mes ĂŠtudes, remarque-t-elle. Je l’ai fait une fois mais j’ai demandĂŠ Ă une collègue de me superviser. Âť Elle saisit aussi toutes les opportunitĂŠs pour renforcer sa formation : elle a suivi un DU sur la douleur et suit en ce moment un DU en soins palliatifs.

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dispositif national de remise a niveau Ă ĂŠtĂŠ crĂŠĂŠ puis abandonnĂŠ. L’Appel mĂŠdical du Vaucluse et une association de formation professionnelle ont aussi tentĂŠ d’en mettre un en place mais il n’a pas vu le jour. Ă€ Lorient, l’expĂŠrience s’est concrĂŠtisĂŠe. L’IFSI a crĂŠĂŠ en 2010 un module de remise Ă niveau destinĂŠ aux inďŹ rmières qui se sont ĂŠloignĂŠes longtemps de leur mĂŠtier. Il comprend cinq sessions de trois jours sur les connaissances thĂŠoriques, les pratiques inďŹ rmières, l’analyse des pratiques, l’AFGSU 2 (attestation de formation aux gestes et soins d’urgence) et l’appropriation des nouvelles connaissances. Il prĂŠvoit aussi des temps de travail entre les sessions et se complète par un stage de quinze jours en ĂŠtablissement.

ÂŤ PĂ´le emploi en a entendu parler et est devenu partenaire du projet Âť, indique Yves Mongin, responsable de la formation continue de l’IFSI. Les inďŹ rmières inscrites au chĂ´mage et considĂŠrĂŠes comme ĂŠligibles Ă cette formation bĂŠnĂŠďŹ cient ainsi d’un ďŹ nancement. Un dispositif qui pourrait faire des petits ou se dĂŠcliner de manière plus ou moins approfondie en fonction des besoins. Q OLIVIA DUJARDIN

Peu de formations de remise à niveau Avec le recul, elle regrette l’absence d’outils techniques ou de formations pour se remettre à niveau ou en situation. Un

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NOUVEAU

RÉFÉRENTIEL : COMMENT SONT-ILS ACCUEILLIS ? :V\]LU[ TVU[YtZ K\ KVPN[ K\YHU[ SL\YZ Z[HNLZ SLZ PUÄYTPLYZ PZZ\Z K\ UV\]LH\ YtMtYLU[PLS ne semblent pas moins bien accueillis une fois arrivÊs sur le marchÊ du travail. Les liens [PZZtZ H\ WYtHSHISL H]LJ SLZ tX\PWLZ MH]VYPZLU[ SPU[tNYH[PVU L[ Z\Y[V\[ JLZ UV\]LH\_ KPWS TtZ JVTTL SLZ H\[YLZ H]HU[ L\_ MVU[ SL\YZ WYL\]LZ

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ne fois diplĂ´mĂŠs, les inďŹ rmiers et inďŹ rmières qui en ont parfois entendu de toutes les couleurs Ă propos du nouveau rĂŠfĂŠrentiel des ĂŠtudes, s’intègrent plus ou moins rapidement dans les ĂŠquipes. La diffĂŠrence de formation entre ÂŤ anciens Âť, qui ont ĂŠtĂŠ formĂŠs suivant le prĂŠcĂŠdent rĂŠfĂŠrentiel, et ÂŤ nouveaux Âť crĂŠe quelquefois des tensions. Le proďŹ l très diffĂŠrent des stagiaires en ĂŠtablissement et la mĂŠconnaissance, très rĂŠpandue, des tenants et aboutissants du nouveau rĂŠfĂŠrentiel, a suscitĂŠ bien des mĂŠďŹ ances. On les a dits ÂŤ moins bien formĂŠs Âť, peu prĂŠparĂŠs Ă la vie active... Beaucoup se sont remis en cause, mais au bout du compte, pratiquement tous se retrouvent dans un service, au sein d’une ĂŠquipe. Ils ont obtenu le statut de collègues sur lesquels ont peut et on doit pouvoir compter.

Autonomie rapide Pour Maxime, diplĂ´mĂŠ en juillet 2013, une phrase a fait tilt. C’est un inďŹ rmier du service d’hospitalisation Ă domicile (HAD) qui l’a embauchĂŠ deux mois plus tard qui l’a prononcĂŠe : ÂŤ quand je te parle, c’est de professionnel Ă professionnel. Ce n’est pas parce que tu commences qu’on n’est pas sur un pied d’ÊgalitĂŠ Âť. Cette parole lui a permis de se positionner comme collègue, et non juste comme un dĂŠbutant. Un autre facteur a facilitĂŠ son accueil : il avait dĂŠjĂ effectuĂŠ un stage en HAD dans un autre ĂŠtablissement. ÂŤ Je me suis parfaitement intĂŠgrĂŠ, bien que c’Êtait mon premier emploi,

poursuit-il. Et le reste de l’Êquipe m’a paru content aussi de voir arriver un nouveau professionnel Âť dans un contexte de turnover et de surcharge de travail. Quelques uns, très peu nombreux, ont manifestĂŠ une certaine rĂŠticence Ă voir arriver un dĂŠbutant dans un service qui exige beaucoup d’autonomie et de travail en solo, Ă domicile.

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SURIHVVLRQQHO &H QâHVW SDV SDUFH TXH WX FRPPHQFHV TXâRQ QâHVW SDV VXU XQ SLHG GâĂ’JDOLWĂ’ Dans les premiers, temps, certaines situations ont pu le mettre mal Ă l’aise mais ÂŤ c’est difďŹ cile de dire que c’est Ă cause de mon inexpĂŠrience ou de ma formation Âť, commente Maxime. De toute façon, pendant le premier mois, il a travaillĂŠ en binĂ´me avec un collègue. Et quelques mois plus tard, on lui a conďŹ ĂŠ sa propre tournĂŠe, qu’il programme lui-mĂŞme... Une situation d’autonomie qu’affectionne l’inďŹ rmier, qui a dĂŠjĂ envisagĂŠ la possibilitĂŠ de devenir, un jour, libĂŠral...

FamiliarisĂŠe avec la clinique Lucie, de la mĂŞme promotion, a elle aussi bĂŠnĂŠďŹ ciĂŠ de son expĂŠrience antĂŠrieure dans la façon dont s’est dĂŠroulĂŠe son intĂŠgration lors de son premier poste, dans un pool de

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remplacement. « J’avais déjà effectué des remplacements pendant mes études en tant qu’aide-soignante dans la même équipe, j’en connaissais tous les membres, racontet-elle. Je connaissais aussi déjà la clinique. J’ai eu plus de facilités, je crois, que mes collègues qui n’avaient pas cette expérience. Cela m’a familiarisée avec un certain raisonnement, à l’échelle des priorités. Sans tout cela, j’aurais été un peu perdue... » Cela lui a aussi permis de réaliser, par exemple, l’importance de la toilette sur le plan infirmier. Ces remplacements lui ont aussi offert de multiples possibilités d’échanger avec les aides-soignantes mais aussi les infirmières du pool. L’une d’elles lui a ainsi montré ses cours de l’ancien référentiel. Ce qui fait dire à Lucie aujourd’hui qu’elle aurait « préféré sortir de l’ancien référentiel que du nouveau »... « On ne fait pas assez de liens, justifie-t-elle. On va par exemple étudier un processus obstructif un jour mais aborder ultérieurement les médicaments. » Ses collègues ne semblent pas lui avoir fait particulièrement sentir ces « manques ». Les étudiants auraient-ils finis par partager la défiance dont le nouveau référentiel a pu faire l’objet à ses débuts ? Amandine, elle, dispose d’un avis a priori plus autorisé. Elle a suivi les études de l’ancien référentiel durant presque la totalité du cursus avant une interruption inopinée en 2007... qui l’a obligée à tout recommencer à zéro avec le nouveau référentiel ! En comparant les deux, elle préfère le premier... « Je ne peux donc pas en vouloir à des collègues de penser la même chose », commente-t-elle. Le contenu des cours lui semble plus faible et elle regrette la moins grande variété des terrains de stage.

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Amandine n’a cependant pas vraiment souffert de méfiance de la part des membres de l’équipe où elle a commencé à travailler. Probablement, ajoute-t-elle, parce qu’elle y a effectué des vacations en attendant qu’un poste se libère. Cela lui a permis de tisser des relations petit à petit, sans « sauter dans le grand bain » d’un seul coup. De temps en temps, cependant, « il faut rassurer », ajoute-t-elle.

Merci aux collègues ! Après avoir obtenu son DE en juillet 2012, Marie, infirmière dans un service d’explorations fonctionnelles aujourd’hui, a fait un court détour par la médecine scolaire avant d’intégrer un service hospitalier, un services d’urgences, en l’occurrence. Après avoir entendu beaucoup de critiques à l’encontre du nouveau référentiel durant ses stages - elle fait partie de la première promotion du nouveau référentiel -, elle a vécu une bonne intégration. « On a parlé du nouveau référentiel mais on ne me l’a pas reproché », se rappelle-t-elle. En revanche, elle-même, une fois encore, s’est demandée si le nouveau référentiel lui avait donné autant de connaissances et d’expériences que l’ancien. Et l’infirmière de poursuivre : « j’ai eu de la chance car j’ai eu de très bons collègues, sur lesquels j’ai pu m’appuyer. J’ai été doublée pendant quelques temps et la cadre m’a bien assurée que si j’avais besoin de quoi que ce soit, elle et mes collègues étaient disponibles.» Une chance en effet, que l’ont souhaite à tous les débutants. Q OLIVIA DUJARDIN

Marie a obtenu son DE en juillet 2012 © DR

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,QĂ°UPLĂ‘UH OLEĂ’UDOH MH VRLJQH GHSXLV XQH GL]DLQH GâDQQĂ’HV XQH SDWLHQWH VDQV SURFKHV TXL PâD GLW YRXORLU PH IDLUH EĂ’QĂ’Ă°FLHU GH TXHOTXHV ELHQV SDU WHVWDPHQW (VW FH OĂ’JDO " Il n’est pas rare qu’un patient reconnaissant souhaite remercier son mĂŠdecin ou encore son inďŹ rmière en lui lĂŠguant un bien. Une pratique et un geste qui peuvent ĂŞtre mal interprĂŠtĂŠs par les hĂŠritiers de ce patient, mĂŞme s’ils ont pu ĂŞtre inexistants du vivant de leur proche, car privĂŠs d’une partie de la succession. AďŹ n de limiter les risques d’utilisation par une inďŹ rmière de son inuence sur son patient pour obtenir la promesse de certaines dispositions testamentaires en sa faveur, le Code civil a limitĂŠ les possibilitĂŠs pour un professionnel de santĂŠ de recevoir des dons de ses patients. Selon son article 909, ÂŤ les membres des professions mĂŠdicales et de la pharmacie, ainsi

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que les auxiliaires mĂŠdicaux qui ont prodiguĂŠ des soins Ă une personne pendant la maladie dont elle meurt ne peuvent proďŹ ter des dispositions entre vifs ou testamentaires qu’elle aurait faites en leur faveur pendant le cours de celleci. (‌) Sont exceptĂŠes : 1° Les dispositions rĂŠmunĂŠratoires faites Ă titre particulier, eu ĂŠgard aux facultĂŠs du disposant et aux services rendus ; 2° Les dispositions universelles, dans le cas de parentĂŠ jusqu’au quatrième degrĂŠ inclusivement, pourvu toutefois que le dĂŠcĂŠdĂŠ n’ait pas d’hĂŠritiers en ligne directe ; Ă moins que celui au proďŹ t de qui la disposition a ĂŠtĂŠ faite ne soit lui-mĂŞme du nombre de ces hĂŠritiers‌ Âť. D’une manière gĂŠnĂŠrale, il est recommandĂŠ

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aux professionnels de santĂŠ et notamment aux inďŹ rmières de tenter de dissuader leurs patients de leur faire des dons ou des dispositions testamentaires en leur faveur, d’autant que l’article R4312-17 du Code de la santĂŠ publique rappelle que ÂŤ l’inďŹ rmier ou l’inďŹ rmière ne doit pas user de sa situation professionnelle pour tenter d’obtenir pour lui-mĂŞme ou pour autrui un avantage ou un proďŹ t injustiďŹ ĂŠ ou pour commettre un acte contraire Ă la probitÊ‌ Âť. Q

NICOLAS LOUBRY, JURISTE MACSF



Actusoins Portrait

Sonia en 6 dates : 1978 : obtient son DEAP, puis

travaille dans différentes cliniques.

1999 : rencontre avec le réseau

Naissance. Remise en question des pratiques traditionnelles de soins.

2000 : commence à développer sa méthode à la clinique du bien-être (Paris).

2008 : Clinique de la Muette. 2013 : Buzz sur le net. 2014 : projette d’animer des

ateliers pour les futures mamans et d’écrire un livre.

CHAPO

SONIA, DU BAIN AU BUZZ

© Malika Surbled

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Actusoins Portrait

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lle a occasionné près de quinze millions de visionnages sur YouTube. Avec la méthode de bain si particulière qu’elle propose aux nouveaux-nés, elle a aussi éveillé la curiosité de dizaines de médias, dont la chaîne américaine CNN. « L’émotion que dégage un bébé n’a pas de frontière et touche tous les âges et toutes les cultures », analyse Sonia en guise d’explication. Ravie d’avoir émerveillé le monde entier, Sonia ne s’attendait néanmoins pas à un tel succès. « Je ne suis pas de la génération Facebook, Twitter ou YouTube. Mon fils s’est chargé de mettre plusieurs vidéos en ligne et je pensais vraiment que cela n’allait toucher que les femmes intéressées par la maternité dans laquelle je travaille. À l’origine, nous avions fait une vidéo uniquement pour présenter les particularités de cette clinique. Rien de plus », explique-telle en riant. Malgré un emploi du temps bien chargé, Sonia a accepté une rencontre avec ActuSoins. Histoire de se faire dresser le portrait. Histoire surtout de partager son expérience. Rendez-vous est pris dans un café du 20ème arrondissement à Paris. La « jeune » femme est en avance et semble savourer le temps, observant autour d’elle les va-et-vient des passants. Un sourire, une main qui se tend amicalement et très vite, on la devine bienveillante et attentive. « J’aime le côté humain, j’aime la rondeur et le bonheur d’être avec les autres », sourit-elle, comme s’il fallait justifier cette aisance naturelle. « C’est aussi sûrement la raison pour laquelle j’ai choisi ce métier », ajoute-t-elle. Sonia travaille en suites de couches, à la clinique de la Muette, dans le 16ème arrondissement. Elle y prodigue le suivi et les soins habituels auprès des bébés et des mamans. Elle assiste aussi à la visite des pédiatres afin de ne pas perdre d’informations en cours de route. « Pour moi, c’est une évidence. Comme c’est l’auxiliaire qui effectue les soins sur les bébés, je trouve indispensable qu’elle soit au courant des choses. Si les consignes ne sont re-transmises que par écrit, nous perdons forcément un morceau », explique cette auxiliaire de puériculture.

J’ai mis du temps à perfectionner cette pratique. Au tout début, j’ai essayé la douchette sur le crâne, puis j’ai mis les nourrissons de plus en plus sous l’eau et de plus en plus longtemps. Il a fallu comprendre comment les déshabiller, puis comment les sortir du bain sans les faire pleurer. Par exemple, et cela semble tout bête, il ne faut pas donner un bain à un bébé qui a faim ! Chaque étape est le fruit d’une observation et d’une réflexion. » Si Sonia n’a jamais fait valider sa méthode auprès d’organismes professionnels, elle a toujours été soutenue et a obtenu l’aval des pédiatres et des sages-femmes avec lesquels elle travaille. Quand ses pratiques ont été mises en lumière sur le net, elle a reçu des demandes du monde entier.

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« Les gens voulaient que je vienne m’occuper de leur bébé, souligne-t-elle. J’ai donc décidé, sur mon temps libre, de m’installer en libéral en qualité d’auxiliaire et de formatrice. Depuis, je vais dans les familles, si le déplacement est possible bien entendu. J’ai aussi formé une puéricultrice et une auxiliaire dans le sud de la France ». Son histoire, Sonia l’attribue en partie au hasard : « j’ai rencontré dans ma carrière des personnes formidables. Des personnes envers lesquelles je suis redevable de tant de professionnalisme et de respect. Je pense notamment à un réseau, le groupe Naissance, qui a une approche très physiologique et très personnalisée de la grossesse. J’ai pu voir de très beaux accouchements et j’ai voulu donner une suite logique de beauté dans le soin après la naissance ». Sonia rédige actuellement un livre sur son parcours et sur ses soins. Elle développe aussi un site internet* sur lequel elle poste des vidéos et des conseils. Après trente-six ans de carrière, une chose est certaine : Sonia n’a pas envie d’arrêter de travailler. Pour le bien-être des nouveauxnés… Q MALIKA SURBLED

Le petit plus de Sonia, est d’avoir développé depuis treize ans une méthode de bain et de massage. Avec elle, le bain du nouveau-né peut durer quinze minutes. Elle immerge les petits corps presque intégralement sous l’eau, ne laissant à l’air que le nez et la bouche. Le bien-être semble immédiat.

*Site web de Sonia : http://thalasso-bain-bebe.com

« C’est le genre de spectacle dont on ne se lasse pas car à chaque bain les réactions sont différentes, raconte-t-elle.

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Actusoins soignants d’ailleurs

Soifat & Mahamadi, 0UÄYTPLYZ H\_ *VTVYLZ 0UKtWLUKHU[L KLW\PZ S»<UPVU KLZ *VTVYLZ H t[t MYHWWtL WHY KLZ JH[HZ[YVWOLZ UH[\YLSSLZ L[ KLZ JYPZLZ WVSP[PX\LZ n YtWt[P[PVU *V\WZ K»t[H[ PUVUKH[PVUZ tY\W[PVUZ ]VSJHUPX\LZ ZVU[ H\[HU[ KL MHJ[L\YZ X\P MYLPULU[ SL Kt]LSVWWLTLU[ KLZ [YVPZ zSLZ K\ WH`Z 3LZ PUÄYTPuYLZ L[ PUÄYTPLYZ ZVU[ H\ Jµ\Y K»\U Z`Z[uTL KL ZHU[t X\P WLPUL n HZZ\YLY SL TPUPT\T ]P[HS WV\Y SLZ JP[V`LUZ +L\_ K»LU[YL L\_ [tTVPNULU[ KL SL\Y X\V[PKPLU

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haque année les Comores forment une cinquantaine de nouveaux infirmiers et infirmières dans le seul institut de formation de l’archipel. Il s’agit de l’école nationale de santé de Moroni, la capitale du pays. Le cursus se déroule sur trois ans. Durant la première année, sages-femmes et infirmiers suivent les mêmes cours. Les deux années suivantes sont dédiées aux soins infirmiers et aux stages. Ils se déroulent dans des structures publiques, postes de santé, dispensaires ou hôpitaux mais aussi au sein des forces armées ou dans des organisations humanitaires.

© Nicolas Beaumont

Son diplôme en poche, Soifat a décidé de postuler à hôpital El Maarouf de Moroni. Elle y travaille en chirurgie depuis six ans, un service qui accueille quasi-exclusivement des patients orthopédiques. « Les personnes qui sont

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Actusoins ‹ soignants d’ailleurs

opĂŠrĂŠes sont souvent victimes d’accidents ou souffrent de gangrène Âť, prĂŠcise-t-elle. MalgrĂŠ ses annĂŠes d’expĂŠrience, Soifat est encore impressionnĂŠe par ces pathologies et par la souffrance des patients. Bien que l’hĂ´pital El Maarouf soit le centre hospitalier de rĂŠfĂŠrence, les conditions sanitaires y sont prĂŠcaires, Ă l’image du reste du pays. La prĂŠvalence de maladies comme le paludisme, le diabète, la typhoĂŻde est très importante et les moyens curatifs bien dĂŠrisoires. L’envie de ÂŤ soulager les souffrances, d’avoir la satisfaction de soigner, malgrĂŠ la peur de certaines pathologies Âť anime toujours la jeune femme de 33 ans. Cependant, et elle le concède aisĂŠment, son mĂŠtier est difďŹ cile. Le manque de moyens humains, les disparitions de matĂŠriel, l’indisponibilitĂŠ des mĂŠdicaments ou du gazole pour les groupes ĂŠlectrogènes sont monnaie courante. ÂŤ Rien n’est facile ici Âť, constate-t-elle, un peu tristement. La formation continue est problĂŠmatique. Si l’Êcole nationale de santĂŠ assure la formation initiale des sagesfemmes, des inďŹ rmiers et des auxiliaires de santĂŠ, il n’y a pas d’autres formations aux mĂŠtiers de la santĂŠ dans le pays. Les mĂŠdecins sont tous formĂŠs Ă l’Êtranger, principalement au SĂŠnĂŠgal, au Maroc, en France ou en Russie. Pour ĂŠvoluer dans son mĂŠtier, Soifat va bĂŠnĂŠďŹ cier d’une formation de cadre de santĂŠ. Mais elle devra quitter Moroni pendant les quelques mois de la formation pour se rendre Ă Mayotte. L’enseignement sera français et adaptĂŠ Ă un système de soins bien diffĂŠrent de celui des Comores. Pourtant elle le suivra avec enthousiasme pour ramener de nouvelles compĂŠtences.

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coupures quotidiennes de courant obligent les habitants Ă recourir Ă des moyens souvent douteux pour faire la cuisine et s’Êclairer. Les inďŹ rmiers comoriens pallient partiellement le manque de structures sociales en plus de leur rĂ´le de personnel de santĂŠ. Mais, lĂ encore, ce ne sont pas les difďŹ cultĂŠs du quotidien qui dĂŠcouragent Mahamadi. ÂŤ J’ai toujours voulu ĂŞtre inďŹ rmier. Enfant, atteint par le paludisme, je me souviens des soins que j’ai reçus. C’est de lĂ que vient mon envie de faire ce travail. C’est difďŹ cile, la situation aux Comores est compliquĂŠe, mais j’aime ce mĂŠtier Âť, afďŹ rmet-il avec une sincĂŠritĂŠ qui se lit aussi dans son regard. Q

Mahamadi, quant lui travaille au centre de santĂŠ ÂŤ SĹ“ur Colette Âť de l’association Caritas. Avec le Croissant-Rouge comorien, c’est l’une des rares organisations humanitaires prĂŠsente dans le pays. Le centre regroupe un dispensaire et un hĂ´pital pour les personnes les plus dĂŠmunies. C’est pour cela que cet inďŹ rmier de 30 ans a dĂŠcidĂŠ d’y travailler : ÂŤ durant mes ĂŠtudes, j’ai fait un stage chez Caritas et j’ai ĂŠtĂŠ marquĂŠ par leur travail avec les populations vulnĂŠrables. Une fois mes ĂŠtudes terminĂŠes, j’ai postulĂŠ pour essayer de venir en aide Ă ces personnes en grande prĂŠcaritĂŠ. Âť Outre des activitĂŠs de soins pour des personnes atteintes de pathologies chroniques et de maladies liĂŠes Ă la consommation d’eau de mauvaise qualitĂŠ, le personnel du centre est investi dans des actions de prĂŠvention Ă travers des soins Ă base communautaire. Mahamadi prodigue des conseils dans les villages de la Grande Comore pour sensibiliser les femmes aux soins gynĂŠcologiques, aux suivis des grossesses ou aux accidents domestiques. De nombreuses personnes se brĂťlent en manipulant des lampes Ă pĂŠtrole. Les

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NICOLAS BEAUMONT

Š Nicolas Beaumont


Actusoins ‹ initiative

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DIJON,

FACE Ă€ DES TOXICOS, FUTURES MĂˆRES Dans un bâtiment discret du centre-ville de Dijon se tient depuis un an une JVUZ\S[H[PVU WYH[PX\LTLU[ \UPX\L LU -YHUJL ! KLZ MLTTLZ LUJLPU[LZ V\ KL QL\ULZ TuYLZ [V_PJVTHULZ ZVU[ WYPZLZ LU JOHYNL [V\Z SLZ QL\KPZ KHUZ SL JLU[YL KÂťHKKPJ[VSVNPL ;P]VSP 9LUJVU[YL H]LJ KLZ ZVPNUHU[LZ WHZ JVTTL SLZ H\[YLZ

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enez, entrez ! Âť, glisse ValĂŠrie Hamelin Ă une jeune patiente qui s’engouffre rapidement par la porte d’entrĂŠe sĂŠcurisĂŠe. Le mĂŠdecin, qui partage son temps entre les urgences et son poste d’addictologue au centre Tivoli, commençait Ă s’impatienter, la future mère ĂŠtait en retard. Ici, cela arrive plus souvent que d’habitude, cette consultation est particulière : elle s’adresse Ă des femmes toxicomanes, qui ÂŤ souvent ont perdu les repères simples du quotidien Âť, rappelle le mĂŠdecin, en off. A Dijon, ValĂŠrie Hamelin et sa corollaire inďŹ rmière, MariePierre Parent, offrent leur temps trois heures par semaine Ă des femmes toxicomanes sur le point d’être mères ou de jeunes mères, le jeudi après-midi. Tout est parti d’une simple constatation : ÂŤ en consultations “normales“, c’est frustrant d’avoir des mamans avec un gros ventre, et Ă cĂ´tĂŠ

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des hommes dĂŠfoncĂŠs ou complètement ivres. Pour moi, il fallait faire une distinction pour traiter de la spĂŠciďŹ citĂŠ de leur situation. Cette proximitĂŠ de populations n’Êtait pas opportune. D’ailleurs, depuis que la consultation du jeudi a ouvert, elle se dĂŠsemplit pas : des femmes ont fait un pas qu’elles n’auraient pas fait avant Âť, raconte ValĂŠrie Hamelin. C’est Ă l’ÊtĂŠ 2012 qu’elle a l’idĂŠe de mettre sur les rails cette consultation spĂŠciďŹ que, ďŹ nancĂŠe uniquement par la

direction, sans argent public. ÂŤ C’est un moment rien que pour elles, en tant que femmes, en tant que futures mamans. C’est l’un des premiers endroits oĂš on leur dit : “ ĂŞtre mère pour vous, c’est possible “, contrairement Ă ce que la sociĂŠtĂŠ leur renvoie la plupart du temps Âť, rappelle le docteur.

La grossesse, un bouleversement NouveautĂŠ ici, ce binĂ´me considère au contraire que tomber enceinte est ÂŤ une fenĂŞtre d’ouverture pour elles Âť. En effet, ÂŤ 80 % des patientes changent alors leur rapport Ă la drogue Âť, prĂŠcise le mĂŠdecin. Mais mĂŞme si une grossesse peut ĂŞtre un moteur pour l’arrĂŞt ou la diminution de prise de drogues, c’est dans tous les cas un moment fort ĂŠmotionnellement. ÂŤ Psychologiquement, la femme enceinte revit son passĂŠ et ses relations avec sa mère, qui sont parfois une des raisons qui l’ont poussĂŠe Ă la drogue Âť, rappelle ValĂŠrie Hamelin. Etre enceinte est l’occasion pour elles de faire quelque chose de positif, mĂŞme si elles apprennent en gĂŠnĂŠral tardivement leur grossesse et pour cause : les produits opiacĂŠs entraĂŽnant une amĂŠnorrhĂŠe, elles n’ont aucun moyen de comprendre qu’elles sont enceintes. ÂŤ Quand elles vomissent ou on des nausĂŠes, elles peuvent penser qu’elles sont en manque et peuvent consommer des drogues en quantitĂŠ encore plus importante. Âť Celles qui ne pensaient pas pouvoir avoir d’enfant sont sous le choc et sont amenĂŠes Ă se poser des questions de manière encore plus aiguĂŤ : dois-je garder cet enfant ? Quelles sont les consĂŠquences de ma consommation sur mon bĂŠbĂŠ ?

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Actusoins initiative © Delphine Bauer

« Quand elles apprennent à trois mois qu’elles sont enceintes, il ne leur reste que six mois pour vivre les choses de façon très intense et pour penser cet enfant imaginaire », rappelle le médecin. La vraie prise de conscience arrivant au moment des premiers mouvements du fœtus dans leur ventre.

Une consultation médicale à l’écoute des mères Quand Aurore (le prénom a été changé, ndlr) arrive dans la salle d’attente, c’est accompagnée de ses trois enfants. La petite dernière, âgée de quelques mois seulement, est la première qu’elle a eue sous traitement à la méthadone. La maman plaisante volontiers avec les deux soignantes et parle avec émotion de l’arrivée de cet enfant. « Le soir, elle ne s’endort pas sans un contact avec ma peau », expliquet-elle, souriante, le bébé endormi dans les bras. Le bureau est volontairement moins formel qu’un cabinet médical, afin de faciliter la relation de confiance, et dans la salle d’attente, les enfants s’amusent avec des jouets laissés à leur disposition. Si les tout petits ne savent pas, les plus âgés pressentent que cette consultation n’est pas comme les autres.

Valérie Hamelin, médecin, a initié ce projet en 2012.

Les mamans du centre sympathisent aussi parfois. « Certaines se voient même à l’extérieur, elles se donnent des conseils pratiques », confie Marie-Pierre Parent. L’infirmière, employée de la structure Tivoli depuis 1995, avait envie de se spécialiser, et quand Valérie Hamelin lui a parlé du projet, elle a accepté immédiatement. « Moi qui aime les enfants, j’ai trouvé la démarche vraiment intéressante, j’avais envie de changer les choses et de

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Actusoins initiative

rendre le regard sur les femmes toxicomanes bienveillant », confie-t-elle. Une fois ce moment informel de l’accueil passé, le suivi médical est pointu. « Ce sont des grossesses à risques : mort fœtale, fausse couche, retard de croissance... On les suit comme telles, explique Valérie Hamelin. On demande juste aux patientes d’être honnêtes avec nous, de nous dire s’il y a eu consommation de drogues. » Dans tous les cas, des examens d’urine sont faits à chaque consultation, et avant de commencer le traitement, c’est une obligation, rappelle Marie-Pierre Parent. « En connaissant la vérité, on ne juge pas, on leur explique comment elles pourraient faire pour ne pas consommer, ou consommer “ propre “, à partir de quel moment elles se mettent en danger elles et leur bébé, on leur conseille d’éviter certaines rencontres ou tels endroits, où elles pourraient croiser d’anciens compagnons de drogues etc. », précise le médecin. Mais si le traitement de substitution est bien pris plusieurs fois par jour (chez la femme enceinte, l’absorption est fractionnée, le métabolisme évoluant avec une grossesse, ndlr), si la dose reste constante le temps de la grossesse, il n’y a pas de risque de malformation. Toutes les semaines ou deux semaines, les patientes viennent renouveler leur ordonnance de méthadone et discuter avec le médecin pour faire le point. Etre en retard est donc une source potentielle de conflits : « elles doivent respecter les cadres : si elles arrivent trop tard, elles ne peuvent pas renouveler leur traitement, et doivent attendre le lendemain, ça peut être problématique », raconte Valérie Hamelin. A l’accouchement, le sevrage de l’enfant peut être plus ou moins intense. Cela va « d’un bébé un peu irritable, qui tête moins bien à un bébé qui a besoin de morphine, et qui, s’il ne prend pas de poids, va être traité à l’antalgique », précise le médecin. « Souvent les mères ont peur du sevrage. Mais c’est bien car elles anticipent, elles sont dans l’avenir. Alors qu’être toxicomane c’est vivre au jour le jour », se réjouit-elle.

Une interface avec la médecine de ville Depuis l’ouverture, « dix-neuf femmes ont été suivies. Et certaines reviennent pour le second enfant », se félicitent les deux femmes. Leur grossesse a révélé leur volonté de « changer leur vie, de croire que elles aussi elles pouvaient le faire ». Face à leur situation délicate, les deux soignantes du centre Tivoli jouent les interfaces avec les hôpitaux ou les cliniques, notamment le moment de l’accouchement venu. « En les accompagnant à l’hôpital, on explique leur situation à la sage-femme, à la surveillante du service, surtout en ce qui concerne les ordonnances. Le relais doit être organisé car le gynécologue ne peut pas prescrire de trai-

© Delphine Bauer

Marie-Pierre Parent, infirmière, accompagne les femmes suivies jusqu’à l’hôpital, puis à la PMI.

tement de substitution. Les jeunes mamans sont aussi très touchées qu’on se rend à leur chevet, quelques jours après la naissance et elles reviennent plus facilement nous voir par la suite », précise encore Marie-Pierre Parent. Conscientes du courage et de l’énergie nécessaires pour venir à la consultation, les deux soignantes donnent aussi de leur côté toute l’attention possible aux mamans toxicomanes. « Après la naissance, les deux-trois premiers mois sont à risque car les mères sont stressées, angoissées, d’où

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l’importance d’établir des liens avec les PMI, les maternités, les structures petite enfance », pour ne pas laisser la mère démunie. Quand l’enfant se met à marcher, les patientes sont prises en charge chez un médecin de ville. « Après leur passage, si elles vont mieux, elles viennent donner quelques nouvelles. Mais souvent, elles préfèrent oublier cette période de leur vie », explique Valérie Hamelin, compréhensive. Les médecins de ville se chargent de leur donner quelques informations sur leur suivi. Le bouche-à-oreilles fonctionne très bien. Mais la plus belle preuve de leur réussite est qu’aucun des enfants nés depuis l’ouverture de la structure n’a été emmené par les services sociaux. Ce qui n’était pas le cas il y a encore trente ans, où les enfants de toxicomanes étaient pris automatiquement par la DDASS. Car Valérie Hamelin le rappelle : « mieux vaut une mère toxicomane, que pas de mère du tout. » C’est son credo, son combat. Q DELPHINE BAUER/ YOUPRESS

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Actusoins soignant autrement

MAQUILLAGE

THÉRAPEUTIQUE : ADOUCIR LA LÉSION +LW\PZ ZLW[ HUZ SL *LU[YL OVZWP[HSPLY \UP]LYZP[HPYL KL 5HU[LZ VMMYL H\_ patients atteints de lésions cutanées. <UL JVUZ\S[H[PVU KL THX\PSSHNL [OtYHWL\[PX\L YtHSPZtL WHY \UL PUÄYTPuYL ZV\Z JVU[Y SL K»\U TtKLJPU

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cné sévère, rosacé, brûlure, mélanome, ou encore vitiligo sont autant de lésions pouvant altérer l’apparence physique des patients et souvent leur confiance en eux. Pour leur venir en aide, « j’ai pris l’initiative de mettre en place une consultation de maquillage thérapeutique », explique le Pr Brigitte Dréno, dermatologue et oncologue responsable de la direction de l’unité cancérodermatologie au CHU de Nantes. Pour ce programme, le médecin travaille en collaboration avec des laboratoires de cosmétiques afin d’obtenir des produits spécifiques aux peaux sensibles.

Il y a environ 50 consultations de maquillage thérapeutique par an. Prise en charge comme une consultation de dermatologie, la consultation individuelle dure en moyenne une heure. Une infirmière, formée par les médecins dermatologues du service et lors de stages pratiques dans des services des brûlés et de centres de cures thermales, maquille dans un premier temps le patient, lui apprend à se maquiller, à utiliser les bons produits, et ensuite, c’est à lui de reproduire le maquillage. « Les patients manifestent un réel besoin d’apprendre », souligne le Dr Dréno. L’objectif est avant tout d’enseigner les bons gestes aux patients, la façon d’estomper une lésion cutanée, une cicatrice, ou même de réaliser des soins quotidiens et d’hydratation de leur peau, afin qu’ils puissent reproduire les gestes chez eux. Ce sont essentiellement des femmes qui viennent consulter même si les hommes, notamment ceux qui ont des vitiligos, sont concernés. « Ils ne sont que 5 à 10 %, fait savoir le Dr Dréno. Je pense qu’ils n’osent pas venir car le maquillage n’est pas habituel pour un homme. »

Difficultés de prise en charge Les professionnels peuvent parfois rencontrer quelques difficultés au cours d’une consultation. « On peut cacher beaucoup de lésions, mais il faut que le maquillage soit adapté à la volonté du patient », rapporte Agnès Larnaudie-Joly, l’une des trois infirmières de la consultation. Et il arrive que certains patients ne souhaitent pas être trop maquillés alors que cela serait nécessaire pour leur type de lésions. De © graphia/Fotolia

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Actusoins soignant autrement

plus, la couleur du teint du patient et aussi les reliefs créés par certaines lésions, peuvent rendre le maquillage plus difficile. « Il est donc indispensable de faire le point avec le patient, avant le début du maquillage, sur ce qui va être réalisable ou non, afin d’éviter toute déception », précise Agnès Larnaudie-Joly. Face aux difficultés, l’infirmière prend cas de la souffrance de la personne et cherche à la mettre en valeur différemment, en mettant l’accent sur un atout physique de la personne. « Je fais beaucoup de mise en confiance, c’est essentiel, indique l’infirmière. Et pour le maquillage, je ne fais pas nécessairement le plus beau, mais je fais du surmesure, celui qui va plaire au patient et qu’il va pouvoir reproduire. » Les patients peuvent bénéficier d’une seconde consultation s’ils le souhaitent, mais cela reste relativement rare, sauf parfois pour ceux qui ont des cicatrices très traumatisantes.

Relation de confiance « Il m’arrive parfois de terminer une consultation épuisée car les patients viennent avec une telle souffrance qu’ils recherchent un vrai soutien psychologique, une écoute, une relation d’aide », affirme Agnès Larnaudie-Joly. L’équipe a mis en place un questionnaire à destination des patients afin d’avoir leur retour sur le dispositif.

« L’évaluation nous montre que la moitié des patients ont intégré le maquillage dans leur vie quotidienne », se félicite le Dr Dréno. Ils se disent plus à l’aise pour affronter le regard des autres, ce qui influe sur leur vie sociale et leur qualité de vie. « Cette consultation est vraiment enrichissante car on s’aperçoit de la fragilité des gens et qu’avec des astuces on peut les aider, estime l’infirmière. On voit dans les yeux du patient un regard pétillant. » Et d’ajouter : « certains professionnels ne comprennent pas l’importance de cette prise en charge. Il s’agit d’un soin comme un autre avec une vraie relation d’aide, ce n’est pas de l’esthétique. Et puis il y a un retour immédiat du patient. J’ai vu des gens pleurer car ils retrouvaient, grâce au maquillage, le visage qu’ils avaient auparavant. L’émotion peut être très forte. » Des informations sur ces consultations ont été diffusées dans plusieurs services de l’hôpital afin que les patients n’hésitent pas à prendre rendez-vous, et des spécialistes de la ville peuvent aussi y envoyer des patients. « Je tiens vraiment à cette consultation, conclut le Pr Dréno. On est l’un des rares CHU à être parvenu à la maintenir. » Q

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LAURE MARTIN


Actusoins ‹ se former

AUTRES FILIĂˆRES DE SOINS : LES PASSERELLES POUR LES IDE

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orsque j’Êtais ĂŠtudiante en soins inďŹ rmiers, j’ai fait un stage en salle de naissance. J’y ai dĂŠcouvert le mĂŠtier de sage-femme que je ne connaissais pas du tout. J’ai compris que cela me correspondait. NĂŠanmoins, je ne voulais pas tout arrĂŞter, si près du but et du diplĂ´me d’inďŹ rmière. Une fois diplĂ´mĂŠe, ça a ĂŠtĂŠ le vĂŠritable parcours du combattant pour devenir sage-femme Âť. Anne Boizard est sage-femme au CHU du Kremlin-BicĂŞtre. Elle a dĂť attendre quatre annĂŠes après l’obtention de son DE pour pouvoir se lancer et intĂŠgrer une première annĂŠe commune aux ĂŠtudes de santĂŠ (PACES), rĂŠussir son concours puis son parcours. Quatre annĂŠes d’une longue persĂŠvĂŠrance. Quatre annĂŠes pour trouver des soutiens. Quatre annĂŠes pour faire ses preuves. Puis encore cinq annĂŠes d’Êtudes dont la première annĂŠe de mĂŠdecine redoublĂŠe, pour intĂŠgrer une ĂŠcole de sages-femmes.

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Sa dĂŠtermination, souvent mise Ă rude ĂŠpreuve, Emilien Jennesson, l’a connue aussi. Ă€ 32 ans, il se retrouve sur les bancs de la fac, ĂŠtudiant en deuxième annĂŠe de mĂŠdecine. ÂŤ J’adorais mon mĂŠtier d’inďŹ rmier, mais je trouvais qu’il n’Êtait

pas reconnu Ă sa juste valeur. J’Êtais frustrĂŠ de ne pas avoir accès aux dossiers mĂŠdicaux que je voulais comprendre. Il m’a fallu rÊÊchir car j’avais un mĂŠtier. Tout lâcher pour faire mĂŠdecine ĂŠtait risquĂŠ. J’ai mis deux ans Ă m’inscrire Âť.

Des passerelles mĂŠconnues En France, il existe quelques facilitĂŠs attribuĂŠes aux inďŹ rmiers qui veulent se reconvertir. Pour les ĂŠtudes communes de santĂŠ - mĂŠdecine, maĂŻeutique, odontologie, pharmacie-, sept universitĂŠs proposent un numerus clausus spĂŠciďŹ que aux paramĂŠdicaux. C’est grâce Ă ce système qu’Emilien Jennesson suit actuellement ses ĂŠtudes Ă l’universitĂŠ de Lille, en vue de devenir oncologue ou gĂŠnĂŠraliste. Contrairement aux ĂŠtudiants issus d’un cursus classique, il lui sufďŹ t d’obtenir la moyenne pour concourir avec les autres paramĂŠdicaux de sa promotion (10 pour 5 places Ă Lille) pour passer sa première annĂŠe. Une moyenne pas si ĂŠvidente Ă obtenir nĂŠanmoins, ÂŤ les ĂŠtudes de mĂŠdecine ĂŠtant vraiment difďŹ ciles Âť met-il en garde. Anne Boizard, elle, a proďŹ tĂŠ d’une autre opportunitĂŠ proposĂŠe Ă Paris 13, qui offrait un système de points complĂŠmentaires aux paramĂŠdicaux justiďŹ ant d’un emploi. Ce dispositif n’existe plus aujourd’hui. Suite Ă sa première annĂŠe commune aux ĂŠtudes de santĂŠ qu’elle a rĂŠussie, Anne a ĂŠtĂŠ exemptĂŠe de sa première annĂŠe d’Êcole de sages-femmes. Si cette passerelle n’est plus systĂŠmatique depuis 2003, elle peut encore se pratiquer selon le dossier du candidat. ÂŤ J’avais travaillĂŠ six ans en maternitĂŠ. Mon dossier est passĂŠ en commission et a ĂŠtĂŠ approuvĂŠ Âť, tĂŠmoigne la

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Actusoins se former

jeune femme. Pour les reconversions vers les professions paramédicales, des textes réglementaires* définissent les équivalences et les dispenses éventuelles de formation. Néanmoins, tout n’est pas toujours très clair. Si le DEI et même une première année validée en IFSI donne d’emblée l’équivalence avec le DE d’aide-soignant, rien ne dit qu’il en est de même, par exemple, avec le diplôme d’Etat d’auxiliaire de puériculture. Et si cette reconversion peut sembler étrange pour une infirmière, la question reste légitime. « Infirmière depuis dix ans, je sature. En faisant le point sur mes envies professionnelles, je reviens à mon véritable désir, celui d’être auxiliaire de puériculture », témoigne Gaëlle sur un forum. La jeune femme devra se renseigner et demander l’autorisation auprès d’une Agence régionale de santé avant de se lancer dans sa nouvelle carrière sans avoir à repasser par une formation.

Le financement C’est le problème majeur rencontré par les professionnels. Pourtant, et même s’il faut parfois attendre quelques mois ou quelques années pour pouvoir en bénéficier, il existe des solutions. Pour les formations longues, le salarié du public pourra par exemple demander un CFP. Celui du privé, lui, un CIF. Des aides provenant des conseils régionaux peuvent aussi être parfois débloquées ainsi que des allocations chômage sous certaines conditions. Q MALIKA SURBLED *accessibles sur le site Legifrance.gouv.fr, le service public de la diffusion et du droit

© Inllusion/Fotolia

Dispenser d’épreuves aux concours ou dispenser d’une partie ou de la totalité de la scolarité, la possession d’un diplôme d’Etat d’Infirmier peut faciliter l’accès à certaines autres filières paramédicales et médicales.

LES FILIÈRES PARAMÉDICALES Tout titulaire d’un diplôme d’Etat d’Infirmier peut être dispensé de la première année pour les études : Ê `iÊ «ÃÞV ÌÀ V i (sous réserve d’avoir obtenu la moyenne, sans note inférieure à 8 à un examen écrit portant sur le contenu de première année) ; Ê`iÊ jÃ Ì jÀ>«iÕÌi (sous réserve d’avoir satisfait à l’examen de passage en deuxième année) ; Ê`½j iVÌÀ À>` }ÕiÊ j` V> ° peut être dispensé des épreuves d’admission et de la validation d’une partie des Unités d’enseignements de la première année, après avis d’un conseil pédagogique pour les études : Ê`½ÊiÀ} Ì jÀ>«iÕÌi° peut être dispensé de scolarité : Ê> `i à } > Ì (pour les IDE et les étudiants ayant validés une 1ere année) ; Ê>ÕÝ > ÀiÊ`iÊ«ÕjÀ VÕ ÌÕÀi (après avis d’une ARS).

LES FILIÈRES MÉDICALES Sept universités françaises (Aix-Marseille, Lille 2, Lyon 1, Lorraine, Paris 6, Toulouse 3, Rennes) proposent un nombre prédéfini d’étudiants complémentaire admis, à l’issue des épreuves de la PACES, à poursuivre des études médicales, odontologiques, maïeutique ou pharmaceutique. Pour être admis en première année de l’une de ces filières, il faut obtenir la moyenne au concours d’entrée et si nécessaire (selon le nombre d’inscrit et le nombre de places), être classé parmi les meilleurs paramédicaux.

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Actusoins agenda

31E JNEP DE L’UNAIBODE

2E JOURNEE DE TRAITEMENT DE LA DOULEUR CANCEREUSE

14 - 16 MAI 2014 « L’Ibode, une affaire de sens ». Les trois journées sont organisées autour de plusieurs thèmes liés au sens : gouter à l’innovation en chirurgie, sentir et apprendre autrement, écouter et entendre au bloc opératoire, regarder son métier différemment et toucher aux habitudes.

20 MAI 2014 Cette journée sera consacrée aux différentes approches, modernes et pluridisciplinaires, de la prise en charge de la douleur cancéreuse

Lieu : Dijon, Palais des Congrès Informations et inscriptions : http://jnep2014.unaibode.fr

SALONS DE LA SANTE ET DE L’AUTONOMIE 20 – 22 MAI 2014 Cette manifestation de la Fédération Hospitalière de France regroupe depuis mai 2013 HopitalExpo, GerontHandicapExpo et Health-ITExpo, Au cours de ces 3 jours, des conférences et tables-rondes offriront à tous les visiteurs l’occasion de se rencontrer, partager et échanger autour des pratiques, innovations et enjeux des secteurs sanitaire et médico-social, dans un environnement en pleine mutation. Lieu : Paris Expo, Porte de Versailles Informations et inscriptions : www.salons-sante-autonomie.com

Lieu : Paris, Institut Curie Informations et inscriptions : http://curie.fr/fr/ fondation/2e-journee-traitement-douleur-dans-pathologie-cancereuse

6E CONGRES EUROPEEN DU TOUCHER-MASSAGE 2 & 3 JUIN 2014

Evènement «partenaire». />À vÊëjV > Ê« ÕÀÊ iÃÊ iVÌiÕÀÃÊ`½ VÌÕ- ÃÊ\ - 240 euros au lieu de 380 pour les soignants pris en charge - 140 euros au lieu de 240 pour les soignants ne bénéficiant pas d’une prise en charge En 2014, nous vous invitons à revenir avec nous sur ces 30 années d’études, d’applications et de témoignages, à travers un thème qui ne manquera pas de surprendre – mais qui a été plébiscité lorsque nous l’avons proposé lors du dernier congrès - Et si on parlait d’amour ?

5E CONGRES DE LA SOCIETE D’EDUCATION THERAPEUTIQUE EUROPEENNE 19 - 21 JUIN 2014 Éducation thérapeutique : quelles frontières ? - le Vème congrès international de la SETE est consacré à la diversité de l’ETP et à son accessibilité. Lieu : Campus de Bobigny Informations et inscriptions : www.minicongres.com/inscription-au-congres-sete-2014/

12E CONGRES DES SOINS SOMATIQUES ET DOULEUR EN SANTE MENTALE 24 - 26 JUIN 2014 Organisé par l’Association Nationale pour la Promotion des Soins Somatiques en Santé Mentale (ANP3SM), ce congrès mettra l’accent sur : les dernières données sur le diabète associé à la pathologie mentale, les comorbidités cardiaques, la prise en charge spécifique

Lieu : Dijon, Congrexpo Informations et inscriptions : www.congres-toucher-massage.fr/ Pour plus d’informations voir page 33

des adolescents, les complications neurologiques des traitements psychotropes, les relations psychiatres et médecins généralistes, la pathologie bucco-dentaire et le regard des familles. Lieu : Cité Internationale Universitaire de Paris Informations et inscriptions : anp3sm@ comm-sante.com

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TRAVAILLER EN SUISSE

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