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Contexte national actuel
14 suchtmonitoring.ch/fr.html
15 Regroupe la consommation chronique à risque (plus de 20 grammes d’alcool par jour pour les femmes et plus de 40 grammes d’alcool par jour pour les hommes) et la consommation épisodique à risque (quatre verres ou plus en une occasion au moins une fois par mois pour les femmes et cinq verres ou plus en une occasion au moins une fois par mois pour les hommes)
16 Rapport annuel act-info 2017. Prise en charge et traitement des dépendances en Suisse Résultats du système de monitorage. Office Fédéral de la santé publique OFSP
17 l n’est pas mention ici de cannabis légal, dans la mesure où le changement législatif en Suisse est trop récent pour pouvoir faire la distinction
18 Les résultats liés aux drogues et médicaments sont principalement issus de l’enquête CoRolAR de 2016. Le volet principal du Monitorage suisse des addictions est une enquête téléphonique permanente auprès de la population (Continuous Rolling Survey of Addictive Behaviours and Related Risks) qui a été mis en place dès janvier 2011. Cette enquête a pour but de combler le manque de données sur l’évolution des comportements face aux addictions. Chaque année, environ 11’000 personnes de 15 ans et plus domiciliées en Suisse sont ainsi contactées par téléphone (téléphone fixe et portable) pour une interview d’environ 25 minutes (suchtmonitoring.ch/fr/page/2.html#study8)
19 Seules les données des institutions qui ont participé de manière continue au monitorage entre 2006 et 2017 sont ici considérées, ce qui correspond à 78% des cas enregistrés entre 2006 et 2017, pour une participation globale des institutions de 62%.
20 La cocaïne sous toutes ses formes est ici considérée. Seules les données des institutions qui ont participé de manière continue au monitorage act-info entre 2006 et 2017 sont intégrées, ce qui correspond à 77.9% des cas enregistrés entre 2006 et 2017, pour une participation globale des institutions de 62.4%.
LES TENDANCES DE CONSOMMATION
Le Monitorage suisse des addictions est un système de surveillance, basé sur les données épidémiologiques disponibles sur l’addiction au niveau national, qui permet de suivre les nouvelles tendances de consommation, mais aussi l’évolution des comportements et des problématiques associés 14 . ALCOOL
En 2016, environ neuf personnes sur dix âgées de 15 ans et plus (85.8%) consomment au moins occasionnellement de l’alcool. Environ une personne sur dix consomme quotidiennement de l’alcool (9.4%; hommes 12.5%, femmes 6.5%), part ayant régulièrement diminué depuis 1992 (20.5%; hommes 30.1%, femmes 11.5%). La consommation quotidienne augmente avec l’âge: elle s’élève à 0.3% chez les 15-19 ans et à 28.7% chez les personnes de 75 ans et plus.
Certaines personnes ont une consommation d’alcool chronique et/ou excessive, et/ou en consomment de façon inadaptée à la situation (par exemple durant la grossesse ou au volant d’un véhicule motorisé). Selon les estimations, environ 250’000 personnes en Suisse sont alcoolodépendantes. Plus d’une personne âgée de 15 ans et plus sur cinq (21.6%) présente une consommation d’alcool à risque (chronique et/ou épisodique) 15 . De manière générale, la consommation épisodique à risque est plus répandue parmi les jeunes (26.3% chez les 15-19 ans contre 15.2% chez les 65-74 ans) et la consommation chronique à risque augmente avec l’âge (2.1% chez les 15-19 ans contre 7.1% chez les 65-74 ans).
Selon les données de la statistique des traitements du monitorage actinfo 16 , la demande d’accompagnement auprès d’institutions spécialisées en raison d’un problème principal d’alcool reste importante et surpasse nettement celle liée aux drogues illégales ou à l’usage abusif de médicaments.
CANNABIS OPIOÏDES COCAÏNE
Le cannabis 17 est de loin la substance la plus consommée parmi les substances illicites en Suisse. Plus d’un tiers des personnes âgées de 15 ans et plus a déjà expérimenté le cannabis et 3.1% de la population rapporte un usage au cours des 30 derniers jours (4.6% des hommes et 1.8% des femmes), ce qui correspond par extrapolation à environ 222’000 personnes 18 .
La majorité des consommateurs actuels de cannabis se trouve parmi les moins de 35 ans, en particulier parmi les 20-24 ans (10.2%).
Parmi les personnes ayant rapporté une consommation de cannabis au cours des 30 derniers jours, 36.0% (41.0% chez les hommes et 22.9% chez les femmes) indiquent une fréquence d’utilisation de 10 jours au moins, ce qui peut être considéré comme une consommation problématique. Cela représente environ 1.1% de la population suisse âgée de 15 ans et plus, soit par extrapolation quelque 79’000 personnes.
Contrairement à la situation relativement stable observée concernant les prévalences, la demande d’accompagnement psychosocial pour un problème principal de cannabis est en nette augmentation depuis 2006 19 (550 demandes d’accompagnement en 2016, 436 hommes et 114 femmes; 1’082 demandes en 2017, 879 hommes et 203 femmes). Depuis 2010, le nombre de demandes se situe même en première position des problèmes liés aux substances illégales, dépassant les demandes liées à l’usage d’opioïdes. La catégorie des opioïdes comprend les substances naturelles et synthétiques aux propriétés similaires à la morphine, dont l’héroïne est la plus largement répandue en tant que drogue.
Au sein de la population âgée de 15 ans et plus, moins d’un pourcent (0.7%) a déjà pris de l’héroïne au cours de sa vie. La proportion la plus élevée d’usagers à vie se trouve au sein des 45-54 ans (1.6%), et les hommes sont plus touchés que les femmes (1.0% chez les hommes et 0.4% chez les femmes).
Jusqu’en 2009, l’usage d’opioïdes a été, parmi les substances illicites, le plus fréquemment indiqué comme problème de consommation principal par les personnes entrant dans les institutions spécialisées participant au réseau de monitorage actinfo. Parmi les institutions participant de manière continue au monitorage depuis 2006, le nombre d’admissions associées à cette problématique principale a légèrement augmenté jusqu’en 2009 (901 demandes, 660 hommes et 241 femmes), puis a diminué de plus de la moitié jusqu’en 2017 (365 demandes, 286 hommes et 79 femmes), pour passer derrière l’usage problématique de cocaïne. C’est l’usage de cocaïne en poudre qui semble rester de loin le plus largement répandu en Suisse.
La part des consommateurs au cours de la vie s’élève à 4.2%, ce qui représente environ 295’000 personnes. Les proportions sont cependant nettement moins élevées lorsqu’il s’agit de l’usage récent ou actuel (0.7% au cours des 12 derniers mois et 0.1% au cours des 30 derniers jours).
Les personnes âgées entre 20 et 54 ans représentent le groupe le plus concerné par l’usage de cocaïne durant la vie, avec un maximum de consommateurs se trouvant dans la catégorie des 25-34 ans (8.4%). Les hommes sont nettement plus nombreux que les femmes à rapporter un usage de cocaïne au cours de leur vie (6.2% contre 2.4% chez les femmes).
Les admissions pour un problème principal lié à la cocaïne auprès des institutions ayant participé de manière continue au monitorage act-info entre 2006 et 2017 ont diminué entre 2007 (394 admissions, 308 hommes et 86 femmes) et 2012 (295 admissions, 224 hommes et 71 femmes), et ont depuis lors augmenté nettement (433 en 2017, 350 hommes et 83 femmes) 20 .
21 On parle de speed lorsqu’il s’agit d’amphétamines fabriquées dans les laboratoires clandestins
AMPHÉTAMINES, ECSTASY ET STIMULANTS SIMILAIRES SOMNIFÈRES ET TRANQUILLISANTS DE TYPE BENZODIAZÉPINES
Les amphétamines, l’ecstasy et/ou les stimulants similaires sont principalement consommés pour augmenter des performances en sport ou pour résister à la fatigue (lors de soirées festives ou lors de période de travail intense).
Le nombre des usagers récents d’ecstasy (au cours des 12 derniers mois) représente environ 22’000 personnes (0.3% de la population des 15 ans et plus), et celle des usagers récents de speed 21 et autres amphétamines environ 55’000 personnes (0.8%).
Cet usage est le plus élevé chez les 20-24 ans (speed : 3.0%, ecstasy: 2.5%). Les hommes sont proportionnellement plus nombreux que les femmes à indiquer un usage de ces substances au cours des 12 derniers mois.
Les résultats du monitorage act-info montrent un taux très faible d’admissions en traitement pour un problème principal lié à l’usage d’ecstasy ou d’amphétamines (2017 : 0.6%), en comparaison avec d’autres substances illégales comme la cocaïne ou l’héroïne. Les somnifères et tranquillisants de type benzodiazépines constituent des médicaments indiqués, mais dont l’usage peut être détourné et devenir problématique.
Parmi les personnes âgées de 15 ans et plus, le nombre de celles ayant pris des somnifères et/ou des tranquillisants au cours des 30 derniers jours s’élève à 7.4% (9.5% chez les femmes et 5.3% chez les hommes). Cette part augmente fortement avec l’âge, passant de 1.8% chez les 15-19 ans à 18.4% chez les 75 ans et plus.
L’usage problématique lorsqu’il est défini par un usage (quasi) quotidien depuis une année ou plus, concerne 2.7% de la population.
Selon le monitorage act-info, il est estimé que les médicaments psychotropes constituent le problème principal d’environ 1% des personnes admises dans une institution spécialisée.
22 bag.admin.ch/bag/fr/home/strategie-und-politik/nationale-gesundheitsstrategien/strategie-sucht.html L’addiction et son accompagnement, contexte national et contexte cantonal
LA STRATÉGIE NATIONALE ADDICTIONS
La Stratégie nationale Addictions 2017-2024 22 place la qualité de vie et la santé de la personne au centre de son action. Elle part du principe que l’individu est responsable de ses choix de vie et de son comportement individuel, y compris en matière de santé. L’individu, son entourage, ses conditions de vie et sa capacité à agir sur le monde qui l’entoure sont au cœur de la question de l’addiction. C’est pourquoi le renforcement des ressources et des capacités individuelles en matière de santé revêt une importance stratégique.
Certaines personnes ne parviennent pas à garder le contrôle de leur consommation de substances ou de leur comportement. Une idée maîtresse de la stratégie est donc d’apporter aide et soutien aux personnes qui deviennent malades ou qui ont une consommation à risque. Il s’agit à cet égard d’améliorer l’état de santé, les conditions et la qualité de vie des personnes souffrant d’addiction et de leurs proches grâce à des offres d’accompagnement adéquates.
Les objectifs principaux de la stratégie sont les suivants: • prévenir l’émergence des addictions; • fournir aux personnes présentant une addiction l’aide et les traitements dont elles ont besoin ; • réduire les dommages sanitaires et sociaux; • diminuer les conséquences négatives de l’addiction pour la société.
Dans le champ d’action Thérapie et conseil, la Stratégie nationale Addictions 2017-2024 relève que le conseil et le traitement s’adressent aux personnes ayant une addiction ou une consommation à risque ainsi qu’à leur entourage qui cherche de l’aide. Ils visent une gestion maîtrisée de l’addiction ou, dans la mesure où cela est réaliste, une sortie durable de l’addiction. Cela comprend non seulement la restauration et la promotion de la santé physique et psychique, mais aussi le regain et le maintien de la qualité de vie des personnes concernées ainsi que leur intégration sociale. Il y a lieu d’accorder une attention particulière à l’accessibilité de l’offre, qui doit atteindre toutes les personnes concernées, sans distinction de sexe, d’âge ou d’origine socio-culturelle. Outre des consultations avec le médecin de famille, des prestations psycho-sociales, de psychiatrie ou socio-thérapeutiques, le conseil et la thérapie peuvent également comporter des offres comme l’entraide, le suivi postcure ou l’aide bénévole.
23 bag.admin.ch/bag/fr/home/gesund-leben/sucht-und-gesundheit/ suchtberatung-therapie.html
24 bag.admin.ch/bag/fr/home/ gesund-leben/sucht-und-gesundheit/suchtberatung-therapie/ suchthilfestatistiken-act-info.html
LES OFFRES DE PRISE EN CHARGE
Selon l’Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP) 23 , le secteur ambulatoire de l’aide psychosociale en matière de dépendance englobe près de 200 services de consultation. Dans le secteur résidentiel, la Suisse comprend 20 institutions spécialisées pour l’alcoolo-dépendance et 50 institutions pour le traitement résidentiel de la toxicomanie (principalement drogues illégales). Elle compte 22 centres ambulatoires habilités à distribuer de l’héroïne 24 .
En Suisse, environ 25’000 personnes bénéficient actuellement d’une prise en charge ambulatoire en raison de problèmes de dépendance, 17’000 personnes sont en traitement de substitution à la méthadone et 1’400 personnes suivent un traitement avec prescription d’héroïne.