Gaz d'Aujourd'hui " Demain l'Afrique" n°1- 2016 by AFG

LA REVUE DU GAZ NATUREL, DU BIOMÉTHANE, DU BUTANE ET DU PROPANE ÉDITÉE PAR L’ASSOCIATION FRANÇAISE DU GAZ WWW.AFGAZ.FR

N°1 2016 / JANVIER-MARS

DOSSIER

DEMAIN L’AFRIQUE ENTRETIEN

CONVENTION DE L’AFG

BRUNO LÉCHEVIN Président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)

GAZ ET CLIMAT : LES ENJEUX ET LES DÉFIS À RELEVER

REVUE TRIMESTRIELLE DE L’AFG / ABONNEMENT ANNUEL : 120 EUROS TTC

leader français et référence européenne de la certification :

de matériel et appareils à gaz selon des référentiels gérés par CERTIGAZ (Marquage CE, Marques NF et Marques ATG) de système de management (offre commune de Certigaz et d’AFNOR Certification, pour la Certification Coordonnée Système & Produits qui comprend la certification sous marque AFAQ).

CERTIGAZ est l’organisme notifié (n°1312) pour le marquage CE des appareils à gaz en application des directives 2009/142/CE « appareils à gaz » et 92/42/CEE « rendement des chaudières ». Cela représente plus de 1000 certificats CE de type émis ou modifiés et plus de 220 sites de fabrication sous surveillance dont près de la moitié hors de France. Le marquage CE est la preuve de la conformité aux exigences des directives européennes applicables à un produit, il permet la libre circulation du produit au sein de l’Union Européenne. La directive 2009/142/CE « Appareils à gaz » concerne principalement : •Les appareils de cuisson (domestique et professionnelle), •Les appareils de chauffage (chaudières, tubes radiants, générateurs à air chaud), • Les appareils de production d’eau chaude, •Les appareils de réfrigération, •Les appareils de lavage, •L’éclairage.

CERTIGAZ gère également les marques ATG au nom de l'AFG dans le secteur du gaz : ATG Bras : alliages d'apport/flux destinés au brasage capillaire et au soudobrasage pour les canalisations gaz en acier ou en cuivre ; ATG Sert : raccords à sertir en cuivre ; ATG PLT : kits de tuyaux onduleux pliables en acier inoxydable ; ATG MH : installations de gaz GPL pour résidences mobiles et kits d’alimentation en GPL.

CERTIGAZ est l’organisme mandaté par AFNOR Certification pour assurer la gestion des dossiers ainsi que la surveillance des sites de fabrication des marques NF dans le secteur du gaz : NF GAZ : accessoires de raccordement des appareils à gaz et accessoires pour installations GPL ; NF ROB-GAZ : aux robinets de gaz pour réseaux de distribution situés en amont du compteur et aux robinets pour installations de gaz dans les bâtiments, ainsi qu’aux robinets à papillon pour installations de gros diamètres et aux joints plats d’étanchéité pour installations de gaz ; NF APE : accessoires pour réseaux en polyéthylène de distribution de gaz et d’eau ; NF REG-GAZ : régulateurs de pression de gaz pour réseau de distribution et branchements.

CERTIGAZ SAS est une société par action simplifiée détenue pour moitié par AFNOR Certification et par l’AFG. Certigaz est accréditée par le COFRAC (Comité Français d’Accréditation, portée disponible sur www.cofrac.fr). Contact : 8 rue de l’Hôtel de Ville 92200 Neuilly Tél : +33(0) 1 80 21 07 40 Fax : +33 (0)1 80 21 07 93 www.certigaz.fr infocertigaz@certigaz.fr

ÉDITO REVUE TRIMESTRIELLE ÉDITÉE PAR : AFG, Association française du gaz 8, rue de l’Hôtel de Ville - 92200 Neuilly-sur-Seine www.afgaz.fr Code Siret : 784854820 00023 Code APE/NAF : 9412Z Président : ��Jérôme Ferrier Vice-présidents : �� Monique Delamare �� Patrick Corbin Trésorier : �� Joël Pedessac Délégué général : ��Georges Bouchard Membres : �� Jean-Michel Figoli ��Fernando Herrera Castro �� Sylvain Waserman Directeur de la publication : ��Georges Bouchard Rédactrice en chef : �� Madeleine Lafon Email : ��madeleine.lafon@afgaz.fr Rédactrice en chef adjointe : �� Laura Icart Email : �� laura.icart@afgaz.fr ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Création et maquette : Eric Leuliet pour Pensioncomplète. Relecture : Pomme Larmoyer. Rédaction : Georges Bouchard, Laura Icart. Les opinions formulées dans les articles de Gaz d’aujourd’hui sont celles de leurs auteurs. Elles n’engagent en rien la responsabilité de l’AFG. © Couverture : Fotolia ADMINISTRATION DES ABONNEMENTS : AFG Tél. : +33 (0)1 80 21 08 00 Fax : +33 (0)1 80 21 07 96 E-mail : aurelie.bastien@afgaz.fr Prix au numéro : 33 euros TTC Abonnement annuel France : 120 euros TTC Abonnement annuel étranger : 120 euros TTC Bulletin d’abonnement : p. 27 RÉGIE PUBLICITAIRE : FRANCE EDITION MULTIMÉDIA 70, avenue Alfred Kastler CS 90014 – 66028 Perpignan cedex sdachez@francedit.com IMPRIMÉE PAR : SEPEC ZAC des Bruyères 01960 Péronnas Impression et dépôt légal : Janvier 2016 - N° 1 - XXXXXXXX

’année 2015 fut marquée par de grands enjeux pour notre industrie, du Congrès mondial du gaz en juin à l’accord de Paris (COP 21) en décembre en passant par la promulgation de la loi sur la transition énergétique pour une croissance verte en août. Nous avons relevé les défis qui s’offraient à nous en portant toujours plus haut la voix du gaz. Bruno Lechevin, président de l’Ademe, nous accorde un entretien dans lequel il revient sur les grandes possibilités de développement qu’apporte la loi de transition énergétique © AFG dans nos entreprises et sur nos territoires. Nous avons choisi de consacrer ce premier numéro de l’année 2016 à l’Afrique de demain, un continent où il y a un potentiel gazier indéniable. Si le Nigeria possède des réserves de gaz naturel parmi les plus importantes au monde, l’Algérie joue un rôle clé dans l’approvisionnement énergétique européen - particulièrement français. Et les récentes découvertes au large de l’Égypte et du Mozambique laissent présager de belles possibilités, notamment pour le GNL. Le gaz naturel sous toutes ses formes et ses multiples usages est une énergie adaptée au développement énergétique de l’Afrique. Ses atouts : sa complémentarité avec les énergies renouvelables et son utilisation pour produire de l’électricité et du biogaz. Le GPL est aussi pertinent pour la cuisson des aliments, en remplacement du bois, luttant ainsi contre la déforestation. Vous l’aurez compris : du potentiel, des possibilités et de nombreuses perspectives présentes et à venir pour notre énergie se trouvent sur le continent africain. Avons-nous raison d’y croire ? Alors, l’Afrique, le nouvel eldorado gazier ? L’avenir nous le dira ! Je vous souhaite une bonne année. Bonne lecture.

Georges Bouchard Directeur de la publication

LISTE DES ANNONCEURS Certigaz �� 2e de couverture BP2S �� 3e de couverture AFG �� 4e de couverture CFAFG ��p. 2 Gazomat ��p. 58

LE PROCHAIN NUMÉRO SORTIRA EN AVRIL 2016

ISSN 00 16-5328 o

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SOMMAIRE

Janvier - mars - n° 1 - 2016 La revue du gaz naturel, du biométhane, du butane et du propane

ENTRETIEN

DOSSIER

BRUNO LÉCHEVIN

Président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)

INFRASTRUCTURES

Demain l‘Afrique

p. 8

p. 4

POLITIQUES ET INSTITUTIONS

Brèves

p. 22

Brèves

p. 34

Biodiversité : tous concernés

p. 23

Et la COP fut !

p. 35

Métier ⎥ Charline Vander-Taelem, technicienne réseau gaz à GRTgaz

p. 26

Convention de l’AFG ⎥ Gaz et climat

p. 36

ÉCONOMIE ET FOURNITURE Brèves

Brèves

p. 50

Le rôle du gaz dans les perspectives énergétiques à venir p. 29

Plein gaz sur le biopropane !

p. 51

Le Schmilblick des subventions aux énergies fossiles

Le GPL toujours plus vert !

p. 52

UTILISATIONS ET MARCHÉS

p. 28

BUTANE ET PROPANE

p. 30

Brèves

p. 32

Jupiter 1000 prend son envol

p. 33

VIE DE L’AFG Brèves

p. 54

Des acteurs et des solutions face au défi climatique

p. 55

L’important c’est de respirer !

p. 56

Interview : Pierre Grellard, BNG

p. 59

Normalisation

p. 60

Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016 • 3

ENTRETIEN

BRUNO LÉCHEVIN Président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe)

« La transition énergétique est aussi une formidable chance pour nos territoires et nos entreprises. La croissance verte doit nous permettre un développement plus équilibré et enrichir nos territoires » Quelles sont les principales missions de l’Ademe concernant la transition énergétique ? L’Ademe est l’opérateur de référence de l’État pour toutes les questions liées à la transition écologique et énergétique : nous mettons en œuvre les politiques liées à ces questions et favorisons la mobilisation de la société toute entière. Nous sommes au cœur d’un réseau reliant de multiples partenaires. L’État et les collectivités, dont le rôle est essentiel parce que la transition énergétique se met en marche en premier lieu dans les territoires. Les entreprises, toutes concernées d’une manière ou d’une autre, soit en raison de leurs activités dans les écotechnologies, soit parce que la valeur verte est un enjeu économique et facteur de développement. La société civile, parce que l’Ademe est attentive à la mobilisation des réseaux citoyens et associatifs. Et enfin le grand public que nous devons informer et accompagner dans l’évolution de ses comportements. L’Ademe est donc le fer de lance naturel de la transition énergétique : précurseur en tant que soutien à l’innovation, expert auprès de l’ensemble des acteurs et généralisateur de bonnes pratiques… Quant aux chantiers, nous en menons dans l’ensemble des thématiques portées par l’agence : de la production d’énergies renouvelables à l’économie circulaire, de l’accompagnement au changement de comportement des ménages à l’efficacité énergétique dans l’industrie, en passant par

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l’alimentation et la lutte contre le gaspillage alimentaire ou encore l’adaptation au changement climatique… Quelle est la vision de l’Ademe pour répondre aux objectifs de cette loi ? La loi sur la transition énergétique pour la croissance verte a le grand mérite de fixer des caps, de moyen et de long terme. Une loi n’a toutefois jamais changé à elle seule la société, elle appuie et accélère les évolutions, en favorisant et diffusant les meilleures pratiques, voire en posant quelques interdits pour proscrire les pires. Souvent, on parle de transition énergétique, mais cela résonne encore comme un débat d’experts trop abstrait et trop technicien pour nos concitoyens. Pour réussir la transition énergétique et écologique, l’innovation sociale est également très importante puisqu’au-delà des ruptures technologiques et de l’amélioration des process, il faut donner la possibilité à nos concitoyens de s’imprégner et d’intégrer ces opportunités. La transition énergétique est aussi une formidable chance pour nos territoires et nos entreprises. La croissance verte doit nous permettre un développement plus équilibré et enrichir nos territoires. Grâce à l’engagement de chacun des acteurs de la société, à tous les niveaux, dans la transition énergétique, nous développerons un urbanisme et une mobilité plus durables, avec des technologies plus efficaces, et adopterons un comportement plus respectueux de l’environnement.

ENTRETIEN

BRUNO LÉCHEVIN Âgé de 63 ans, Bruno Léchevin est diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’Institut des hautes études de défense nationale. À 24 ans, il devient président national de la Jeunesse ouvrière chrétienne et intègre EDF-GDF Services en 1979. Puis il devient successivement GPL secrétaire fédéral de la fédération gazélectricité de la CFDT de 1983-1988, secrétaire général de 1988 à 1997 et secrétaire fédéral de la fédération chimie-énergie de 1997 à 1999. Parallèlement, il est membre du Haut Conseil du secteur public de 1992 à 1999. De 2000 à 2008, il est commissaire de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). En avril 2008, il devient délégué général du médiateur national et conseiller spécial du président de la CRE. En mars 2013, il est nommé président de l’Ademe. Il est par ailleurs vice-président fondateur dÉlectriciens sans frontières, ONG qui agit dans le domaine de l’accès à l’énergie et à l’eau dans les pays en développement. Bruno Léchevin est chevalier de la Légion d’honneur et chevalier de l’Ordre national du mérite.

Quelles seront les évolutions notables, selon vous, dans notre manière de produire et de consommer de l’énergie ? Au-delà des directions qu’elle fixe et des moyens qu’elle met en place, la loi sur transition énergétique est un texte qui, pour la première fois dans notre histoire, ancre notre pays sur une trajectoire assumée, celle de placer la société française dans un processus irréversible de transition vers des énergies plus propres, moins polluantes, moins destructrices de notre environnement. À ce titre, c’est une loi d’équilibre, qui va dans le sens même des préconisations de l’Ademe. Pour atteindre l’objectif de diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, la loi agit sur plusieurs leviers. Il faut réduire de moitié la consommation d’énergie et, dans le même temps, développer l’utilisation des énergies renouvelables. Ensuite, il faut mettre

l’accent sur l’efficacité énergétique avec la rénovation des bâtiments. Enfin, il faudra réduire les impacts environnementaux du secteur du transport. L’industrie gazière favorise et encourage le développement du biométhane. Quelle sera sa place, selon vous, dans le mix énergétique de demain ? Quels sont les défis à relever ? L’Ademe a vocation à promouvoir les ressources énergétiques renouvelables. Elle soutient ainsi fortement le développement des infrastructures de biogaz et l’injection dans le réseau, avec pour préoccupation première la pérennisation de la filière. Conjointement à des actions de terrain, l’Ademe se projette à des horizons plus lointains, 2030-2050. Ainsi, dans nos visions prospectives, nous envisageons une indépendance énergétique vis-à-vis

Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016 • 5

ENTRETIEN

« Pour l’Ademe, la mobilité gaz, c’est vraiment une filière d’avenir ! » du pétrole dans les transports, d’une part grâce à la production de biométhane et d’autre part grâce au report de consommation de gaz depuis le secteur du bâtiment vers celui du transport, consécutivement aux efforts d’isolation thermique. Cette même vision indique qu’il est possible de sortir du pétrole dans le secteur des transports, en grande partie grâce au GNV. Changer de modèle énergétique, ça veut dire pour moi le transformer certes progressivement mais aussi résolument. C’est un peu, pour prendre une image, passer d’une logique de production et de distribution en forme de château d’eau à une logique de réseau, où chacun pourrait être à la fois producteur et consommateur, un réseau flexible, intelligent, innovant. Les énergies renouvelables, c’est l’opportunité de diversifier et de décentraliser la production et, grâce à une évolution adaptée des réseaux, de favoriser les échanges à toutes les échelles. L’Ademe a mis en place un laboratoire pour la mobilité. Quelle est la place faite à la mobilité au gaz ? Quelles sont les actions à engager pour aller vers une mobilité plus propre en France ? Les véhicules au GNV et plus encore au biométhane carburant offrent des perspectives de diversification énergétique et de réduction des impacts environnementaux. Dans cette lignée, nous participons d’ores et déjà à l’accompagnement de la filière biométhane et GNV en participant à des expérimentations à grande échelle qui nous permettent de mieux connaître les bilans de consommations et d’émissions. Ces expérimentations permettent ainsi à la collectivité de mieux quantifier les atouts de la technologie et de préparer l’avenir en termes de logistique urbaine en mettant en circulation et en équipant plusieurs flottes de poids lourds, publiques et privés. L’Ademe voit dans le GNV divers avantages environnementaux, en particulier en ville. Le GNV constitue en effet une réponse très pertinente pour lutter contre la dégradation de la qualité de l’air. Il pourrait être ainsi une option de substitution progressive du diesel. Soulignons aussi la capacité d’utiliser de manière croissante du gaz d’origine renouvelable, produit sur le territoire : cela fait donc sens d’utiliser le gaz dans les transports, secteur le plus difficile pour faire pénétrer les renouvelables. Y arriver demande des amé-

6 • Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016

liorations technologiques ainsi qu’une mobilité plus partagée. Nos scénarios tablent sur un tiers de véhicules électriques, un tiers de véhicules hybrides rechargeables et un tiers de véhicules thermiques… Mais ces véhicules thermiques fonctionneraient au gaz et non plus au pétrole et 56 % de ce gaz serait d’origine renouvelable grâce à la méthanisation. Bref, pour l’Ademe, la mobilité gaz, c’est vraiment une filière d’avenir ! Vous avez signé avec GRDF un nouveau protocole de coopération en novembre. Quels sont les objectifs de cette collaboration ? GRDF est en effet l’un de nos partenaires avec lequel nous sommes impliqués de longue date ! Notre première convention cadre a été conclue il y a six ans déjà. Renouvelé en novembre dernier, notre protocole de coopération avec GRDF est un modèle du genre. Son succès est en particulier lié au fait qu’il a été construit sur des projets de collaboration clairement identifiés, avec une approche très opérationnelle et concrète. La convergence durable des missions et objectifs de nos deux entités font de cette convention un relais intéressant de nos actions respectives, démultipliant ainsi l’ampleur et l’ambition de nos capacités d’intervention. L’Ademe fait la promotion de toutes les technologies économes, quel que soit le vecteur énergétique qu’elles utilisent. Avec GRDF, nous nous intéressons au vecteur gaz, en particulier dans le bâtiment et les transports, qu’il est important de mieux connaître, afin de pouvoir décider d’un éventuel accompagnement et de prévoir la place qu’il pourra prendre dans le paysage énergétique de 2030, puis de 2050. Notre programme de travail est donc dense, sur un large spectre et parfois, avouons-le, un peu optimiste, mais avec déjà quelques beaux succès à la clé ! Le dernier rapport de l’Observatoire national de la précarité énergétique stipule qu’un Français sur cinq a du mal à se chauffer et à s’éclairer. Quelle est la politique de l’Ademe en matière de précarité énergétique ? Quand on est dans une perspective de transition énergétique, d’évolution du modèle de société, ne pas traiter sérieusement la question sociale serait antinomique avec notre volonté de construire une société plus équitable, plus respectueuse des ressources, plus solidaire. Réussir cette évolution suppose d’embarquer tout le monde,

y compris les plus fragiles. Les précaires énergétiques sont de plus en plus nombreux parce qu’ils subissent à la fois les conséquences de la crise économique globale et la montée des prix de l’énergie, même si on est aujourd’hui dans une tendance à la baisse des prix de l’énergie. Cette pause est conjoncturelle, elle ne durera pas, elle intervient après une hausse significative des prix de l’énergie et aujourd’hui un Français sur cinq est touché. Certes, la lutte contre la précarité énergétique ne peut pas tout résoudre, mais elle contribue à une insertion digne des populations fragiles dans notre société. La bataille pour l’environnement ne se gagnera pas sans gagner la bataille sociale et la bataille économique. L’urgence sociale, c’est de permettre à chacun de s’éclairer et de se chauffer dignement, il faut donc aider financièrement ceux qui ne peuvent pas le faire. Mais il ne faut pas que ce soit un puits sans fond. La priorité, c’est de permettre la rénovation des logements de ces populations. C’est d’ailleurs une des priorités de la loi sur transition énergétique.

durablement cet accord. Il faudra être vigilant à sa mise en œuvre. Quoi qu’il en soit, l’accord signé ne peut que nous conforter dans notre engagement sur la voie de la transition énergétique et écologique. De même, la démonstration de l’implication de la société civile, comme par exemple les engagements volontaristes des maires de 1 000 villes, de regroupements internationaux d’entreprises ou de secteurs jusqu’ici plutôt en retrait, tels celui du secteur bancaire, est aussi un signal très positif et structurant pour l’avenir. La COP 21 doit être un booster, elle doit marquer le point de départ d’un mouvement irréversible. Elle définit une trajectoire pour la fin du siècle et son incidence sur les démarches dont les horizons temporels sont plus souvent 2020. Sur le terrain, les dynamiques en cours de tous les acteurs - société civile, collectivités, entreprises - en seront, à n’en pas douter, accélérées ! Propos recueillis par Laura Icart

La COP 21 a-t-elle répondu à vos attentes ? La COP 21 s’est achevée avec succès ! Ainsi, la très grande majorité des spécialistes et des observateurs en salue le résultat : un accord universel, ambitieux, contraignant. L’universalité de l’accord ayant forcément conduit à des concessions de la part de tous, quelques voix regrettent les manques d’avancées ou le flou sur certains points : elles jouent là leur rôle d’aiguillon, indispensable pour maintenir l’attention des décideurs avant, pendant et après la COP 21. Mais nous ne pouvons que saluer le chemin parcouru. On le sait, tout reste à faire pour concrétiser

« La COP 21 doit être un booster, elle doit marquer le point de départ d’un mouvement irréversible. »

DOSSIER

DEMAIN L’AFRIQUE Ce premier dossier de l’année 2016 nous emmène sur le continent africain, que beaucoup se plaisent à qualifier de « continent de demain ». À travers les sujets abordés, qui proposent un aperçu de la situation énergétique en Afrique, la rédaction de Gaz d’aujourd’hui vous fait prendre le pouls d’un continent en ébullition, marqué par une croissance démographique galopante, des besoins accrus en énergies et des perspectives de développement intéressantes pour le gaz naturel y compris le biogaz et le GPL.

Au sommaire de ce dossier : • Contexte / Le défi de l’avenir • État des lieux / Panorama d’une Afrique gazière • Développement / De l’énergie pour tous ! • Tribune libre / L’impact des mutations énergétiques mondiales sur l’économie algérienne • Perspectives / Vers un eldorado gazier ? • Société / Cuisiner et vivre ! • Projet / 1, 2, 3... biogaz ! • Activités / L’AFG en Afrique

8 • Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016

DOSSIER

CONTEXTE

Le défi de l’avenir

L’énergie permet de répondre aux besoins les plus essentiels de l’homme : cuire les aliments, s’éclairer, se chauffer… Elle est à la base de toutes les activités économiques. Les services énergétiques jouent un rôle indispensable dans le développement du continent africain. C’est vrai aujourd’hui, ça le sera encore plus dans l’avenir. Le potentiel existe, le défi est de taille. L’Afrique de demain sera avant tout un continent maître de son énergie.

resqu’un tiers de la population mondiale n’a pas accès à l’électricité ou à des sources d’énergie modernes. Parmi elle, 50 % vit sur le continent africain. Ce continent divers, aux possibilités de développement considérables, est à un carrefour de son histoire. En 2050, un quart de la population mondiale vivra sur le sol africain et, dans sa très grande majorité, dans les zones urbaines. Cette croissance démographique, couplée à l’amélioration du niveau de vie, aboutiront à des besoins en énergie toujours plus importants. Un potentiel énergétique vaste et hétérogène L’Afrique est riche en ressources naturelles, particulièrement en gaz, en pétrole et en charbon. Elle a des possibilités importantes pour développer les énergies renouvelables, notamment le solaire avec les pays sahéliens ou l’hydraulique en Afrique centrale (avec par exemple le projet pharaonique « Inga » sur le fleuve Congo) et de l’Est. Si l’on trouve des ressources énergétiques dans pratiquement toutes les parties de l’Afrique, elles sont diversement exploitées. Distinguons ainsi les grands producteurs de gaz, actuellement concentrés en Afrique du Nord ; les grands producteurs de pétrole, disséminés en Afrique de l’Ouest, centrale et australe ; et enfin l’Afrique du Sud, qui s’appuie en grande partie sur le charbon. Rien ne saurait être figé dans les décennies à venir puisque qu’au Mozambique et en Tanzanie, les différentes découvertes géantes de gaz feront de l’océan Indien, et en particulier du canal du Mozambique (entre Madagascar et la côte africaine), un pôle gazier de classe mondiale - même si le développement des infrastructures gazières nécessite des investissements colossaux.

Offrir un accès à l’énergie pour tous La Banque africaine de développement (BAD) a placé la question de l’énergie au premier rang de son programme de développement. En effet, la situation énergétique du continent demeure un paradoxe : l’Afrique produit beaucoup d’énergie (environ 10 % du pétrole mondial par exemple) mais en consomme très peu, en grande partie parce que près de 60 % de la population n’a pas accès à l’énergie commerciale et doit se contenter du bois et du feu. En Afrique subsaharienne, 37 pays ont moins de la moitié de leur territoire électrifié. Une grande disparité existe entre les pays mais aussi entre le monde urbain et le monde rural où les infrastructures de distribution sont presque inexistantes. Rendre accessible l’énergie au plus grand nombre demeure l’un des défis majeurs du continent dans les prochaines décennies. De nombreux projets lancés De nombreux programmes existent pour aider le continent à se développer et à améliorer son efficacité énergétique. Ils se concentrent aussi bien dans les usages domestiques (GPL notamment) avec la cuisson et le chauffage (ou la climatisation), qu’industriels (cogénération, biogaz…). L’enjeu énergétique est donc d’une importance capitale pour le développement du continent africain. L’énergie gaz sous ses multiples formes et usages a toute sa place pour faire partie d’une offre énergétique satisfaisante pour un continent qui a la possibilité de choisir son mode de transition énergétique : il peut moderniser son secteur de l’énergie en s’appuyant sur une énergie abondante et moins polluante que le charbon ou le pétrole. L.I.

Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016 • 9

DOSSIER

ÉTAT DES LIEUX

Panorama d’une Afrique gazière Le gaz naturel est une ressource abondante en Afrique. Sa production, sa consommation et ses usages sont très variables d’un pays à un autre mais le gaz, par sa disponibilité et ses combinaisons possibles avec d’autres énergies, notamment renouvelables, est un moteur non négligeable pour un continent qui doit répondre à de nombreux défis, économiques, énergétiques, démographiques et climatiques.

’Afrique est à l’orée de très gros enjeux énergétiques.

Dans les années à venir, en Afrique du Nord, la demande d’énergie primaire va doubler et le gaz devrait prendre le pas sur le pétrole. En Afrique subsaharienne, si les énergies fossiles auront une place prépondérante, le gaz s’imposera petit à petit, notamment face à la biomasse (combustion du bois) qui restera la ressource vitale de nombreux Africains. En Afrique de l’Est, les récentes découvertes offshore au Mozambique et en Tanzanie laissent présager de belles perspectives au développement du gaz, à condition que des moyens financiers et humains soient mis en œuvre. En 2014, le continent a fourni près de 6 % du gaz naturel produit au niveau mondial et en a consommé un peu plus de la moitié (3,5 %) (BP Statistical). L’Afrique du Nord L’Afrique du Nord (l’Algérie, la Libye, l’Égypte, la Tunisie et le Maroc) produit beaucoup de gaz naturel. C’est particulièrement vrai pour l’Algérie (83,3 milliard de mètres cubes (Gm3) et pour l’Égypte (48,7 Gm3) en 2014. Si l’Algérie exporte environ 50 % de sa production (un tiers sous forme de GNL) à destination des pays européens, l’Égypte n’exporte plus de gaz depuis 2014, celui-ci étant totalement absorbé par le marché intérieur. Les récentes découvertes pourraient permettre au pays dirigé par le maréchal Sissi d’être à nouveau bénéficiaire à l’export. Si l’on cumule les réserves prouvées de gaz naturel dans cette région, elles sont les plus importantes du continent, environ 7 000 Gm3 en 2014, situées principalement en Algérie, en Égypte et en Libye. Cette zone est également une grande consommatrice et productrice de gaz de pétrole liquéfie (GPL). En particulier pour le Maroc qui en a importé 2,248 millions de tonnes métriques (MMt). L’Algérie, pour sa part, le récupère à partir de production de gaz naturel. En résumé, l’Afrique du Chiffre clé Nord enregistre plus de 80 % de la production totale de gaz du continent. Elle a bénéficié de sa proximité avec les mard’énergie est consommée par chés européens lui perles Africains à l’échelle internationale, mettent de construire un alors qu’ils représentent 13 % de système développé de la population mondiale.

4 %

10 • Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016

gazoducs reliant de grands sites de production, et a elle profité d’une demande interne importante ainsi que d’investissements de grandes compagnies pétrolières et gazières. L’Afrique subsaharienne L’Afrique subsaharienne produira près de 175 GM3 de gaz naturel par an d’ici 2040, selon des estimations de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). L’Angola, le Mozambique, le Nigeria et la Tanzanie en seront les premiers producteurs. Selon les prévisions du Citac, cabinet d’études spécialisé sur l’Afrique, la consommation annuelle de GPL devrait progresser de 5 % par an en moyenne pour atteindre 5,7 MMt en 2030. En Afrique de l’Ouest, le principal pays gazier est le Nigeria qui possède la plus grande réserve gazière prouvée (associée au pétrole) du continent (5 118 Gm3ᶟen 2014). Sa production représenterait à elle seule environ 15 % de la production de gaz africain, cela dû en grande partie à la croissance rapide du GNL dont elle est l’un des plus gros exportateurs sur le marché mondial grâce à la construction ces dernières années de plusieurs usines de liquéfaction. Le Nigeria est également un important producteur de GPL. En Afrique centrale, le gaz naturel produit est majoritairement réinjecté dans les gisements de pétrole. Des unités de GNL sont en fonctionnement en Guinée équatoriale, en Angola, au Gabon et une usine flottante entrera en service au deuxième trimestre 2017 au Cameroun. L’Angola a produit 560 MMt de GPL en 2014. En Afrique de l’Est, le Mozambique demeure le principal producteur. Les découvertes offshore dans ce pays, que certains spécialistes qualifient d’exceptionnelles en évoquant des quantités similaires au Nigeria et dans une moindre mesure en Tanzanie, ont ouvert un nouveau « champ des possibles ». Le gaz pourrait être utilisé pour produire de l’électricité et considérablement améliorer la situation régionale. L’Afrique du Sud, économie la plus industrialisée d’Afrique, dépend presque entièrement du charbon et importe 77 % de son gaz naturel. Elle produit du GPL (432 MMt en 2014), utilisé en grande partie pour sa consommation intérieure. « L’Afrique du Sud va faire face à un véritable déficit énergétique après 2020. Le gaz naturel pourrait jouer un rôle important pour le combler », a indiqué en septembre 2015 le cabinet de conseil américain McKinsey. L.I.

DOSSIER

INFOGRAPHIE Maroc

Algérie

Tunisie

Gaz naturel (Gm3)

prod. conso. réserve import export

GPL (MMt)

prod. conso.

0,79 1,181 1,444 1,102 0 85 2,248

prod. conso. réserve import export

83,30 37,50 2 745 0 43

GPL (MMt)

prod. conso.

9,547 na

prod. conso. réserve import export

GPL (MMt)

prod. conso.

Libye Gaz naturel (Gm3)

1,879 4,079 65,13 2,2 0

prod. conso. réserve import export

GPL (MMt)

153 507

prod. conso.

12,20 6,487 1 549 0 5,513 652 325

Égypte Gaz naturel (Gm3)

prod. conso. réserve import export

GPL (MMt)

prod. conso.

48,70 48,00 2 180 2,832 3,823 1,966 5,057

Soudan Sud Soudan Gaz naturel (Gm3)

prod. conso. réserve import export

GPL (MMt)

prod. conso.

0 0 84,95 0 0 183 338

Côte d'Ivoire

Ghana

Cameroun

Tanzanie

Gaz naturel (Gm3)

GPL (MMt)

prod. conso. réserve import export

1,78 1,78 28,32 0 0

prod. conso.

prod. conso. réserve import export

53 245

prod. conso.

0 0,43 22,65 0 0 7 250

prod. conso. réserve import export prod. conso.

0,35 0,35 135 0 0

prod. conso. réserve import export

25 87

prod. conso.

0,995 0,995 6,5 0 0 nc nc

Nigeria

République du Congo

Angola

Gaz naturel (Gm3)

GPL (MMt)

prod. conso. réserve import export prod. conso.

prod. conso. réserve import export

38,60 15,69 5 118 0 22,13

prod. conso.

2,305 300

1,65 1,65 90 0 0,039 20 10

prod. conso. réserve import export prod. conso.

Mozambique 0,995 0,495 275 0 0

prod. conso. réserve import export

560 nc

prod. conso.

4,309 0,19 2 832 0 4,118 nc nc

Afrique du Sud Gaz naturel (Gm3) Données

2015

2014

2013

2012

MMt : million de tonnes métriques GM3 : milliard de mètres cubes

prod. conso. réserve import export

GPL (MMt)

prod. conso.

1,17 4,88 15,01 3,771 0 432 393

Sources : Statistical rewiew of global LPG 2015 / BP statistical 2014/ CIA World Factbook.

Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016 • 11

DOSSIER

DÉVELOPPEMENT

De l’énergie pour tous ! Désigné par l’ONU comme une priorité pour la décennie 2014-2024 et faisant partie du plan « objectifs du millénaire pour le développement », l’accès à l’énergie est l’un des principaux enjeux pour le développement en Afrique. Malgré un potentiel énorme en énergies fossiles et renouvelables, le continent présente des déficits énergétiques importants. L’accessibilité à une énergie de qualité pour tous demeure une question centrale pour construire l’Afrique de

Le déficit énergétique de l’Afrique constitue le défi

le plus évident, c’est l’un des grands axes de ma présidence : éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, nourrir l’Afrique, intégrer l’Afrique, industrialiser l’Afrique et améliorer la qualité de vie de la population africaine » a déclaré Akinwumi Adesina, le président de la Banque africaine de développement (BAD) en septembre dernier. Un accès vital et inégal L’accès à une énergie de qualité permet d’améliorer de manière drastique les conditions de vie des populations, en diminuant la malnutrition grâce à la cuisson notamment, en développant l’activité économique (industrielle et agricole) et en participant enfin à l’élévation du niveau de vie des populations. Les ressources de l’Afrique sont hétérogènes et inégalement exploitées. En effet, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), 75 % de l’énergie consommée par l’ensemble du continent l’est en Afrique du Nord et en Afrique du Sud, tandis que près de 80 % de la population d’Afrique subsaharienne n’a pas accès à l’électricité et utilise à près de 90 % le feu de bois (biomasse traditionnelle) pour cuire ses aliments et se chauffer. Cette fracture existe également entre les zones urbaines et les zones rurales. Lutter contre la pauvreté énergétique Lutter contre la pauvreté énergétique en Afrique est l’affaire de tous. En premier lieu des Africains eux-mêmes. En septembre, le président de la BAD a présenté son pacte pour l’énergie en Afrique (« New Deal ») qui doit préparer les bases d’un partenariat interrégional, favorisant les échanges et des projets de grande ampleur pour développer une véritable coopération entre les pays africains. Mais c’est aussi l’affaire du monde entier. En juin dernier, c’est Kofi Annan, ancien secrétaire général de l’ONU et actuel président du think tank Africa Progress Panel, qui dévoilait son étude « Énergie, planète : saisir les opportunités énergétiques et climatiques de l’Afrique » qui appelle les gouvernements africains et les institutions internationales à multiplier par dix la production actuelle d’énergie afin de garantir à tous les Africains l’accès à l’électricité d’ici 2030.

12 • Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016

Quelques mois auparavant, en janvier 2014, Barack Obama avait annoncé la mise en place du plan « Power Africa » dont l’objectif est de doubler l’accès à l’électricité en Afrique en 2018. L’Union européenne a lancé en 2012 l’initiative « De l’énergie pour doper le développement » dans le cadre du programme de l’énergie durable pour tous (SE4All), lancé un an auparavant par les Nations unies. Bien que cette initiative ne concerne pas exclusivement l’Afrique, un grand nombre d’actions concrètes telles que des appuis techniques et réglementaires auprès des gouvernements ou des projets d’électrifications en zones rurales ont été mises en œuvre dans les pays africains. En France, le projet de l’ancien ministre français de l’Énergie Jean-Louis Borloo, via sa fondation Énergies pour l’Afrique, prévoit que 600 millions d’Africains seront connectés à l’électricité d’ici 2025. Les grands énergéticiens français sont aussi concernés Total Total a lancé il y a une dizaine d’années le programme « Accès à l’énergie » qui génère de nombreuses initiatives, particulièrement dans les pays ou le groupe est présent (plus d’une quarantaine de pays africains). Il propose de fournir de l’énergie aux populations dépourvues d’un accès fiable et durable, grâce à l’électrification en zone rurale avec des systèmes solaires photovoltaïques, la commercialisation de GPL pour des populations isolées et démunies, ou encore la génération d’électricité à partir de gaz. Démarré en 2011, l’offre « Awango by Total » est première réalisation à grande échelle issue de ce programme : c’est la commercialisation de lampes et de kits solaires photovoltaïques pour l’éclairage et le chargement de petits appareils électriques. En octobre 2015, Total a atteint son objectif initial : fournir un accès à l’éclairage à 5 millions d’Africains au travers de la vente de 1 million de lampes. Total s’est également associé avec Babyloan, plateforme européenne de microcrédit solidaire, pour créer la première plateforme de financement participatif dédiée à l’accès à l’énergie en Afrique, en Asie et en Amérique latine, et qui devrait être accessible au début de l’année 2016.

DOSSIER

Engie Créée en 2011, l’initiative d’Engie « Rassembleurs d’énergies » favorise l’accès durable à l’énergie des exclus du service dans les pays en développement et lutte contre la précarité énergétique dans les pays développés en apportant des soutiens techniques et/ou financiers à des projets portés par des entreprises sociales, des ONG, ou encore des fondations. En Afrique, elle propose un service d’accès à l’électricité aux populations isolées en installant notamment des foyers de cuisson améliorés ou des solutions individuelles privilégiant les énergies solaires, en investissant dans des entreprises innovantes comme récemment chez le britannique Bboxx ou le ghanéen PEG Ghana. La fondation du groupe Engie a lancé en décembre le programme « Schools, lights and rights » ayant pour objectif de favoriser l’accès des enfants à l’énergie et à l’éducation. Ce projet pilote sera mené dans sept pays, dont l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, le Maroc et Madagascar.

EDF Depuis 1999, EDF est engagée sur le continent africain. Dans le cadre de son programme « Accès à l’énergie », l’entreprise française a développé conjointement avec l’Ademe un modèle systématiquement basé sur l’implication d’un partenaire local et la création de sociétés de services décentralisées dans les pays où des projets sont initiés. Ce programme a permis d’apporter de l’électricité à près de 500 000 personnes au Mali, au Maroc, au Sénégal, au Botswana et en Afrique du Sud notamment. En janvier 2014, EDF a signé un protocole avec la Société financière internationale (IFC) dans le but de procéder à l’installation d’un réseau hybride solaire-diesel et de centrales biomasses au Bénin, qui pourrait fournir de l’électricité à 25 000 personnes. L.I.

Permettre à tous les Africains d’accéder l’énergie est l’affaire de tous. Seul le travail et les actions conjointes menées par les structures étatiques et privées permettront à l’Afrique de faire un grand pas vers son indépendance et sa sécurité énergétique.

La cogénération gaz : une solution d’avenir ? Cette technologie est de plus en reconnue et se déploie progressivement sur le continent africain. Les approvisionnements croissants du gaz sur le continent, couplés avec des approvisionnements instables en électricité à usage domestique ont impliqué une hausse significative de la cogénération en Afrique. La société Clarke Energy estime qu’il y a un fort potentiel en Afrique. Elle fournit des installations clé en main de valorisation électrique et thermique, de gaz de décharge, biogaz et gaz spéciaux, d’unités de méthanisation de biodéchets, de destruction de biogaz en torchère. L’entreprise a déjà installé de nombreux systèmes de cogénération à moteur à gaz GE Jenbacher en Tunisie, au Cameroun, au Nigeria, en Tanzanie et en Afrique du Sud. Elle travaille également sur la trigénération. Ses systèmes équipent notamment des hôpitaux, des briqueteries ou des entreprises d’agroalimentaire.

Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016 • 13

DOSSIER

TRIBUNE LIBRE PR ABDERRAHMANE MEBTOUL, professeur des universités, économiste et expert international

L’impact des mutations énergétiques mondiales sur l’économie algérienne

’année 2016 sera encore plus difficile pour l’Algérie que l’année 2015 et les cours des hydrocarbures, du fait des mutations énergétiques mondiales, seront encore bas. L’objet de cette contribution pour Gaz d’aujourd’hui est d’analyser les impacts de ces mutations sur l’économie algérienne, l’ensemble des statistiques reprenant les données du gouvernement algérien. L’impact de la chute des cours sur les recettes de Sonatrach et la balance des paiements Une baisse en moyenne annuelle d’un dollar du cours du pétrole (le prix de cession du gaz étant indexé sur celui du pétrole) occasionne pour l’Algérie un manque à gagner d’environ 600 millions de dollars par an. Les réserves de pétrole selon le dernier conseil des ministres algérien est d’environ 10 milliards de barils et celles du gaz conventionnel de 2745 Gm3 gazeux est loin des données souvent reprises par la presse nationale de plus de 12 milliards de barils de pétrole et de 4 500 milliards de mètres cubes gazeux (données de BP de 1999 jamais réactualisées). Les exportations de gaz (par canalisation et GNL), qui représentent plus 34 % des recettes de Sonatrach durant 20102014, n’ont jamais pu dépasser la barre des 55 milliards de mètres cubes gazeux. Les recettes de Sonatrach ont été de 73 milliards de dollars entre 2010 et 2011, de 63 milliards de dollars en 2013 et de 59 milliards de dollars en 2014. Selon la loi de finances com-

14 • Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016

plémentaire (LFC) 2015, à un cours de 60 dollars en moyenne annuelle il était prévu une recette de Sonatrach de 34 milliards de dollars, montant auquel il faudra soustraire 20 % de coût de Sonatrach, restant 27 milliards de dollars. Au cours de 50 dollars moyenne annuelle, la recette de Sonatrach serait de 28 milliards de dollars et le profit net de 22 à 23 milliards de dollars. Au cours de 40 dollars, la recette serait de 18 milliards de dollars et le profit net de Sonatrach serait d’environ 14 à 15 milliards de dollars. Comment dès lors mobiliser les 100 milliards de dollars prévus comme investissement entre 2015 et 2020 par le ministère de l’Énergie ? Sans compter plus de 20 milliards de dollars pour Sonelgaz, d’autant plus que la loi des hydrocarbures votée en février 2013, outre la règle des 49-51 % généralisable tant à l’amont pour tous les gisements qu’à l’aval et aux canalisations, prévoit une taxe sur les profits au-delà d’un certain seuil, décourageant avec l’actuel prix tout investisseur étranger. Il s’ensuit des tensions au niveau de la balance des paiements. Selon la Banque d’Algérie, en 2014 la sortie de devises sans les transferts légaux de capitaux a été de 71,3 milliards de dollars (dont 11,5 de services), non compris les transferts légaux de capitaux. La balance commerciale a accusé un déficit durant les dix mois de l’année 2015 de 10,82 milliards de dollars, contre un excédent de 4,82 milliards de dollars durant la même période 2014. Les exportations d’hydrocarbures ont été estimées à 30,25 milliards de dollars contre

51,22 milliards de dollars en 2014 et les exportations hors hydrocarbures marginales (diminution de 18,18 %) ont été de 1,76 milliard de dollars, constituées de 1,44 milliard de dollars de semi-produits, soit 82 % du total. Les importations, bien qu’en petite baisse (12,35 %), restent élevées, car bon nombre de produits importés le sont de façon incompressible. Les importations de biens durant les dix premiers mois ont été de 42,94 milliards de dollars et, si elles se poursuivent au même rythme, devraient être de 52 milliards de dollars à la fin de l’année. Si l’on ajoute environ 11 milliards de dollars de services et 4 à 5 milliards de dollars de transferts légaux de capitaux nous aurons une sortie de devises fin 2015 de 67 à 68 milliards de dollars pour une entrée de devises inférieure à 34 milliards de dollars, le cours du Brent étant inférieur à 45 dollars durant le dernier trimestre. Le niveau des réserves de change, qui était supérieur à 192 milliards de dollars en janvier, serait de 151 milliards de dollars en 2015 et de 121 milliards à la fin 2016 selon le ministre des Finances, un niveau qui représente vingt-trois mois d’importations mais tablant sur un cours de 60 dollars le baril. Or le montant risque d’être inférieur tant fin 2015 que fin 2016. Ainsi les réserves de change sont passées de 192 milliards de dollars début janvier 2014, les 173 tonnes d’or équivalent seulement à environ 7 milliards de dollars, à un montant inférieur à 140-145 milliards de dollars fin 2015. La valeur d’une monnaie dépend fondamentalement

DOSSIER

ABDERRAHMANE MEBTOUL Docteur d’État en sciences économiques, conseiller indépendant du gouvernement algérien, le professeur Abderrahmane Mebtoul est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages et de plus de 500 contributions nationales et internationales.

GPL de la production et de la productivité globale. En Algérie, 70 % de la valeur du dinar est corrélée aux réserves de change qui proviennent presque intégralement de la rente des hydrocarbures. Au rythme de l’actuelle dépense publique, les réserves de change risquent de s’épuiser à l’horizon 2018-2019, avec un retour inéluctable au FMI. C’est pour cela que l’endettement extérieur - et le taux d’intérêt très faible au niveau mondial -, bien ciblé et destiné à l’investissement productif et sur une période longue afin de ne pas réduire les réserves de change, pourrait être une opportunité. Car si les réserves de change étaient inférieures à 10 milliards de dollars, un dollar se coterait à plus de 200 dinars, avec une incidence sur le pouvoir d’achat. Mais parallèlement il faudra dynamiser le tissu productif industriel, loin de la vision mécanique des années 1970, l’agriculture, les services, le tourisme et les nouvelles technologies dans le cadre des valeurs internationales. Cela suppose un assouplissement de la règle 49-51 % pour les segments non stratégiques pouvant imaginer une minorité de blocage, cela dû au fait que toutes les chancelleries des États-Unis, de l’Europe et de l’Asie viennent de déclarer à l’unanimité durant ce dernier trimestre 2015 combien les PMI et PME, vectrices de croissance et de création d’emplois dans le monde, ne viendraient pas en Algérie avec cette règle en vigueur. Pourquoi cette obstination à garder une règle généralisée qui accroît l’endettement extérieur ?

À moins que l’Algérie supporte tous les surcoûts avec des rentes, mais cela est rendu impossible actuellement du fait de la baisse drastique des recettes en devises. La stratégie de l’Algérie face à la transition énergétique Il y a urgence à définir une stratégie pour la transition énergétique. L’objectif stratégique est le remplacement à terme des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz, uranium) par les énergies de flux (éolien, solaire, biomasse). Le développement actuel de l’extraction d’énergies fossiles dites « non conventionnelles », telles que les gaz de schistes ou le pétrole offshore profond, peuvent repousser le pic, sans pour autant modifier le caractère épuisable de ces ressources. Car, même en progression, les investissements dans les énergies renouvelables dans le monde sont relativement faibles, estimés à 310 milliards de dollars en 2014, dont le solaire à hauteur de 150 milliards de dollars, et prévues à hauteur d’environ 600 milliards de dollars à l’horizon 2020. Comment inverser la courbe renvoie à des questions stratégiques : quel niveau pour l’efficacité énergétique, quel niveau de la taxe sur le carbone et comment développer les industries écologiques ? Chaque année dans le monde, 5 300 milliards de dollars (10 millions de dollars par minute) sont dépensés par les États pour soutenir les énergies fossiles, selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI, rapport pour la COP 21). Or, il semble bien que la majorité des dirigeants

du monde ont pris conscience de l’urgence d’aller vers une transition énergétique. Dans le cas d’une mutation du modèle de consommation énergétique au niveau mondial, une taxe du carbone à l’échelle mondiale influencera à terme le niveau des prix des énergies fossiles vers le bas et permettra des énergies de substitution. Si l’humanité généralisait le mode de consommation énergétique des pays riches, il nous faudrait les ressources de quatre ou cinq planètes, d’où l’urgence d’une adaptation pour un nouveau modèle de consommation. Dès lors, la transition énergétique suppose un consensus social, car la question fondamentale est la suivante : cette transition énergétique, combien coûte-t-elle, combien rapporte-t-elle et qui en seront les bénéficiaires ? Les choix techniques d’aujourd’hui engagent la société sur le long terme. Il ne faut pas être pessimiste et nous devons faire confiance au génie humain. Le passage de l’ère du charbon à l’ère des hydrocarbures ne s’est pas opéré parce qu’il n’y avait plus de charbon – et demain, d’autres énergies ; la transition doit aux nouveaux procédés technologiques qui produisent à grande échelle et qui ont permis de réduire les coûts - ce que les économistes appellent les économies d’échelle -, influant d’ailleurs sur la recomposition du pouvoir économique mondial et sur les gouvernances locales. Pour l’Algérie, le constat est que 96 % de l’électricité est produite

Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016 • 15

DOSSIER

en Algérie à partir du gaz naturel, 3 % à partir du diesel (pour les régions isolées du sud), 1 % à partir de l’eau et que, face aux contraintes, il y a une prise de conscience qui fait que le gouvernement axe sa stratégie vers une transition énergétique maîtrisable autour de cinq axes privilégiant un bouquet énergétique. Améliorer l’efficacité énergétique La volonté du pays est d’améliorer son efficacité énergétique. En effet, comment peut-on programmer 2 millions de logements selon les anciennes normes de construction exigeant de fortes consommations d’énergie alors que les techniques modernes économisent 40 à 50 % de la consommation ? Par ailleurs s’impose une nouvelle politique des prix, le prix de cession du gaz sur le marché intérieur étant environ un dixième du prix international, occasionnant un gaspillage des ressources qui sont gelées transitoirement pour des raisons sociales. À cet effet, une réflexion doit être engagée par le gouvernement algérien pour la création d’une chambre nationale de compensation, afin que toute subvention ait l’aval du Parlement pour plus de transparence. Cette chambre devra réaliser un système de péréquation segmentant les activités afin d’encourager les secteurs structurants et en tenant compte du revenu par couches sociales, impliquant une nouvelle politique salariale. Le second axe repose sur la décision de l’Algérie d’investir massivement à l’amont pour de nouvelles découvertes. L’Algérie sera le troisième plus gros investisseur dans le secteur de l’énergie de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) au cours des cinq prochaines années, avec un montant de 100 milliards de dollars, selon la déclaration du PDG de Sonatrach en date du 25 octobre 2013, montant étalé sur dix à quinze ans. Développer les énergies renouvelables L’Algérie souhaite développer le secteur des énergies renouvelables. Le

16 • Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016

pays a réceptionné mi-juillet 2011 la centrale électrique hybride à Hassi R’mel, d’une capacité globale de 150 mégawatts (MW), dont 30 MW proviennent de la combinaison du gaz et du solaire. Cette expérience est intéressante. La combinaison de 20 % de gaz conventionnel et 80 % de solaire me semble être un axe essentiel pour réduire les coûts et maîtriser la technologie. À cet effet, le Creg (l’agence de régulation) a annoncé le 28 mai 2013 que deux projets de décrets destinés à accompagner la mise en œuvre du programme algérien de développement des énergies renouvelables, qui sont en cours de finalisation, seront prochainement promulgués. Des mesures incitatives sont prévues par une politique volontariste à travers l’octroi de subventions pour couvrir les surcoûts que la programme induit sur le système électrique national et la mise en place d’un fonds national de maîtrise de l’énergie (FNME) pour assurer le financement de ces projets et octroyer des prêts non rémunérés et des garanties pour les emprunts effectués auprès des banques et des établissements financiers. Le programme algérien consiste à installer une puissance d’origine renouvelable de près de 22 000 MW entre 2011 et 2030, dont 12 000 MW seront dédiés à couvrir la demande nationale de l’électricité et 10 000 MW à l’exportation. D’ici 2030, environ 40 % de la production d’électricité destinée à la consommation nationale sera d’origine renouvelable. L’objectif de l’Algérie est de produire dans les vingt ans à venir 30 à 40 % de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables. Le montant de l’investissement public consacré par l’Algérie à la réalisation de son programme de développement des énergies renouvelables à l’échéance 2030, qui était au départ fixé à 60 milliards de dollars s’élèvera, selon le ministère de l’Énergie, à 100 milliards de dollars, soit environ 70 milliards d’euros. L’Algérie aurat-elle les capacités d’absorption, la maîtrise technologique pour éviter les

surcoûts, la maîtrise du marché mondial ? Et ne serait-t-il pas préférable de réaliser ce projet grandiose dans le cadre de l’intégration du Maghreb, pont entre l’Europe et l’Afrique, qui, à l’horizon 2030, tirera la croissance de l’économie mondiale ? L’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 pour faire face à une demande d’électricité galopante, a affirmé le 19 mai 2013 le ministre de l’Énergie et des Mines, l’Institut de génie nucléaire, créé récemment, devant former les ingénieurs et les techniciens qui seront chargés de faire fonctionner cette centrale. Les réserves prouvées de l’Algérie en uranium avoisinent les 29 000 tonnes, de quoi faire fonctionner seulement deux centrales nucléaires d’une capacité de 1 000 MW chacune pour une durée de soixante ans, selon les données du ministère de l’Énergie. La ressource humaine étant la clé, comme dans la production de toutes les formes d’énergie, et afin d’éviter cet exode massif de cerveaux que connaît l’Algérie, il convient de résoudre le problème récurrent des chercheurs qui depuis des années demandent l’éclaircissement de leur statut, la revalorisation de leur rémunération et surtout un environnement propice au travail par la levée des obstacles bureaucratiques qui freinent la recherche. Le poste « services », avec la sortie de devises, étant passé de 2 milliards de dollars en 2002 à plus de 12 milliards fin 2012, dont une grande partie destinée au secteur hydrocarbures, Sonatrach se vide de sa substance. L’exploitation du gaz de schiste ? L’option du gaz de schiste est introduite dans la nouvelle loi des hydrocarbures de 2013. En Algérie, afin d’éviter des positions tranchées « pour » ou « contre », un large débat national s’impose. Car on ne saurait minimiser les risques de pollution des nappes phréatiques au sud du pays. L’Algérie étant un pays semi-aride, le problème de l’eau étant un enjeu

DOSSIER

stratégique au niveau méditerranéen et africain, un arbitrage pour la consommation d’eau douce doit être opéré. Les nouvelles techniques peu consommatrices d’eau n’étant pas encore mises au point, malgré le recyclage, quel sera le coût ? Un milliard de mètres cubes gazeux nécessite un million de mètres cubes d’eau douce, ajoutons à cela l’achat des brevets et plusieurs centaines de puits moyens forés pour un milliard de mètres cubes gazeux, sans compter la durée courte de la vie de ces gisements et la nécessaire entente avec des pays riverains se partageant ces nappes non renouvelables dont le Maroc, la Libye et la Tunisie… Vers une réforme globale En résumé, la sécurité énergétique en Algérie pose la problématique de la réforme globale. Il faut entrevoir d’autres perspectives et éviter cette mentalité rentière de vouloir faire

reposer tout l’avenir d’un pays sur une rente éphémère. La Banque d’Algérie a mis en garde contre l’apparition d’un déséquilibre budgétaire lié à la chute du prix du baril de pétrole. L’Algérie peut-elle continuer à fonctionner à un cours variant entre 115 et 120 dollars ? L’Algérie ne risque-t-elle pas, en continuant dans cette voie suicidaire de dépenser sans compter, d’éponger le fonds de régulation des recettes et ses réserves de change, en cas d’un cours tournant autour de 70 dollars à prix constants ? La situation serait intenable avec d’inévitables remous sociaux et politiques comme l’a montrée l’expérience des impacts de la chute des cours des hydrocarbures en 1986, avec des ondes de chocs entre 1989 et 2000. En bref, l’Algérie a besoin d’institutions durables et modernes et de s’insérer au sein de grands espaces. Au Maghreb, ne serait-ce que dans le domaine de l’eau et de l’énergie, il y a la place pour des

chantiers fantastiques. Mais chacun des pays concernés doit cesser de se considérer uniquement comme un fournisseur ou un consommateur d’énergie. Le co-développement et le co-partenariat avec des partenaires étrangers peuvent être le champ de mise en œuvre de toutes les idées innovantes, l’avenir étant au sein des espaces euro-méditerranéens africains. L’Afrique, continent d’avenir à enjeux multiples, avec 25 % de la population mondiale, des ressources considérables tant matérielles qu’humaines, sous réserve de sous-régionalisations homogènes, de la valorisation de l’économie de la connaissance évitant cet exode massif de cerveaux et d’une meilleure gouvernance, sera la locomotive de l’économie mondiale à l’horizon 2030-2040.

Les chiffres de l’énergie en Algérie en 2014-2015

96 % d’électricité produite à partir de gaz naturel. 59 milliards de dollars de recettes pour la Sonatrach.

2 745 milliards de mètres cubes de réserves de gaz. o

Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016 • 17

DOSSIER

PERSPECTIVES

Vers un eldorado gazier ? Dans son scénario central, l’AIE estime que la part du gaz naturel dans le mix énergétique africain sera multipliée par trois pour atteindre 11 % en 2040. Elle prévoit même que la production de gaz naturel en Afrique subsaharienne sera supérieure à celle de la Russie en 2040. C’est dire si les énergéticiens ont les yeux tournés vers le continent.

e secteur gazier africain affiche une croissance exponentielle et les découvertes en Afrique subsaharienne confirment cette tendance. C’est bien dans cette partie du continent que les plus grands défis sont à relever. Si L’Afrique dispose de réserves de gaz naturel prouvées et d’une production annuelle de gaz naturel conséquente, l’instabilité politique, la volatilité des prix du gaz sur le marché mondial, le manque d’infrastructures appropriées et d’une main-d’œuvre compétente sont autant de freins à son développement. De grandes découvertes Près de 30 % des découvertes mondiales de pétrole et de gaz de ces dix dernières années proviennent d’Afrique. En mai, la compagnie américaine Kosmos Energy a confirmé avoir découvert d’importantes quantités de gaz naturel, sur une surface de 90 km², à 1 600 mètres de profondeur au large de la Mauritanie. Les prospections sont toujours en cours pour déterminer le potentiel gazier du gisement. En septembre 2015, c’est en Égypte que l’italien Eni a annoncé la découverte d’un « super géant » baptisé Zorh d’un potentiel estimé à 30 milliards de pieds de cubes de gaz. Ces réserves ouvrent la perspective d’une autosuffisance en gaz pour le pays. L’italien n’en est pas à sa première : entre 2013 et 2014, le groupe a annoncé des découvertes estimées à 224,8 millions de barils équivalent pétroles (bep) au Gabon et 700 millions de bep au Congo. Sans compter une découverte phénoménale au Mozambique. En effet, les découvertes les plus prometteuses ont été faites en Afrique de l’Est. Entre 2010 et 2014, plusieurs gisements offshore ont été découverts au large du Mozambique avec un potentiel estimé à 5,6 trillions de mètre cubes, et de la Tanzanie, dont les réserves sont estimées à 1,5 trillion de mètres cubes, laissant présager de belles perspectives notamment Chiffre clé

30 %

Environ

des découvertes mondiales de pétrole et de gaz de ces dix dernières années proviennent d’Afrique.

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au niveau des exportations pour le GNL. Cependant, même si le potentiel est là, ces gisements offshore nécessitent des infrastructures, des moyens humains et des investissements financiers très importants. La capacité à mobiliser de tels moyens, alors que les prix du marché sont très volatils, demeure encore incertaine. Des infrastructures en développement De grands projets d’infrastructures sont actuellement en cours : le gazoduc transsaharien long de 4 200 km, d’une capacité annuelle estimée de 20 à 30 milliards de mètres cubes, maintes fois annoncé et repoussé, devrait relier l’Algérie au Nigéria en passant par le Niger. En octobre 2015, l’armateur gazier Golar a annoncé son intention d’investir 1,3 milliard de dollars pour convertir le méthanier Hili en une installation flottante de GNL installée au large de Kribi, au Cameroun, et qui aura une capacité de production annuelle de 1,2 million de tonnes de GNL. Les premières exportations sont annoncées pour septembre 2017. En Namibie, le projet électrique portant sur la production de 1 050 mégawatts d’électricité produite à partir du champ gazier de Kudu, dont le coût est estimé à 1,3 milliard de dollars, est lui annoncé pour 2018. Des travaux de modernisation du réseau de transport et de distribution du gaz naturel sont également en cours en Tunisie, tout comme l’expansion de la centrale électrique d’Azito en Côte d’Ivoire, en une centrale à cycle combiné de plus de 400 mégawatts. En 2014, le Maroc a annoncé 4,6 milliards de dollars d’investissement pour développer le GNL, avec entre autre la construction d’un nouveau terminal méthanier ainsi que d’autres infrastructures et avec la volonté de faire passer de 10 % à 30 % la part du GNL dans le mix énergétique marocain. Découvertes gazières de grande ampleur, constructions d’infrastructures de stockage et de distribution, modernisation de ses outils de production, coopérations interrégionales : ce sont autant de facteurs qui détermineront la place qu’occupera l’Afrique dans le mix énergétique mondial. Laura Icart

DOSSIER

SOCIÉTÉ

Cuisiner et vivre ! En Afrique, la pauvreté énergétique est également liée à l’absence d’infrastructures telles que les réseaux de distribution de l’électricité ou de gaz naturel, notamment dans les zones rurales isolées et les bidonvilles qui se développent rapidement. À ce titre, le GPL constitue une première alternative moderne aux combustibles solides utilisés traditionnellement pour la cuisson.

ans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, le bois et le charbon de bois sont, à l’heure actuelle, les sources les plus utilisées d’énergie à usage domestique. Cependant, l’usage intensif de la biomasse cause de graves dommages sur la santé et sur l’environnement. Une urgence sanitaire et environnementale La pollution de l’air à l’intérieur des habitations due à l’utilisation de combustibles solides pour cuire les aliments fait près de 600 000 morts chaque année en Afrique. C’est un facteur de risque important de pneumonie chez les enfants et de maladies respiratoires chroniques chez les adultes : elle est même à l’origine de plus des deux tiers des décès qu’entraînent ces pathologies en Afrique subsaharienne. L’utilisation massive de combustibles solides entraîne en outre une déforestation importante, dans le bassin du Congo notamment. Le GPL : une alternative crédible Le GPL semble une alternative particulièrement intéressante pour remplacer ces combustibles solides. Moins polluant, efficace, facile à transporter et à distribuer, il présente des avantages pratiques non négligeables dans des zones rurales et auprès des populations isolées. Il contribue à une meilleure qualité de vie et permet aux femmes et aux enfants de consacrer moins de temps à la récupération du combustible, favorisant ainsi la poursuite d’études ou d’activités économiquement profitables à la communauté. En outre, l’Afrique produit beaucoup de GPL : la création de marchés et de chaînes d’approvisionnement viables permettraient de développer son usage et d’en limiter le coût, encore élevé. Beaucoup d’initiatives en matière d’énergie domestiques ont vu le jour ces dernières décennies. Conjointement avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), la World LPG Association propose des solutions adaptées aux besoins des populations. En 2008, ils ont lancé le projet « LPG rural challenge », qui a pour but de promouvoir et de favoriser l’accès au GPL et d’identifier les facteurs pour développer un marché rural. Les retours d’expériences du programme ont permis une meilleure vision pour développer

le marché GPL sur le long terme. Ils soulignent la nécessité pour les pouvoirs publics de mettre en place une réglementation et des politiques structurantes, de sensibiliser les utilisateurs aux avantages de cuisiner au GPL mais également à ses dangers (risque explosif), d’accorder également des subventions ponctuelles pour inciter les foyers à s’équiper avec des cuisinières à gaz. Cuisiner pour la vie La WLPGA a par ailleurs lancé en septembre 2012 la campagne « Cooking for life » (cuisiner pour la vie). Elle vise à encourager l’utilisation du GPL dans les pays affectés par la pollution de l’air intérieur et permettre ainsi à un milliard de personnes de s’équiper d’une cuisine au GPL d’ici 2030. L’opération bénéficie du soutien des gouvernements, des organismes de santé publique, des industries de l’énergie et des ONG. Ces deux programmes devraient permettre de promouvoir et de développer le marché du GPL en Afrique. Même s’il reste un marché de niche, le propane a des perspectives de développement intéressantes. Dans une étude parue en octobre 2015, la société de conseil Citac qui travaille particulièrement sur le marché de l’énergie du continent prévoit le passage de la consommation annuelle de GPL par habitant en Afrique subsaharienne de 2,8 kg actuellement à 4 kg en 2030. L.I.

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DOSSIER

PROJET

1, 2, 3…... biogaz ! Lorsqu’on parle d’énergies renouvelables en Afrique on pense souvent au solaire ou à l’éolien. Cependant, un potentiel existe aussi en termes de biogaz, notamment dans les zones rurales et isolées. Au même titre que le GPL, le biogaz présente de solides atouts pour préserver l’environnement et améliorer la précarité énergétique.

a matière organique nécessaire pour produire du biogaz est disponible sous différentes formes le continent, qu’il s’agisse de biogaz provenant des décharges ou de gaz d’enfouissement, de déchets humains, de déchets alimentaires ou de matières agricoles et, enfin, qu’il s’agisse de biogaz naturellement produit, tel que celui répertorié dans les lacs au Rwanda et au Cameroun. Des projets multiples et variés Les populations rurales d’Afrique subsaharienne ont été parmi les premières à bénéficier du développement du biogaz sur le continent avec la mise en place de biodigesteurs permettant à de nombreux ménages de subvenir à leurs propres besoins énergétiques (cuisson et éclairage). Souvent le fait

Qu’est ce qu’un biodigesteur ? Le biodigesteur est un dispositif technique utilisé pour produire du biogaz, un mélange de gaz (principalement du méthane) produit par des bactéries digérant de la matière organique dans des conditions anaérobie. Il existe différents types de biodigesteurs, certains traitant les déjections animales uniquement, d’autres les excréments humains, d’autres encore étant mixtes.

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de partenariats entre des ONG et des entreprises, l’installation de biodigesteurs a modifié le mode de vie de nombreux Africains et notamment des femmes. Un programme financé par deux ONG hollandaises, Hivos et SNV, a par exemple permis depuis 2009 l’installation de 3 500 biodigesteurs au Burkina Faso, un pays où 80 % de la population pratique l’élevage. De très nombreux projets de ce type sont en cours sur le continent et les premiers résultats sont positifs. Si le biogaz s’est en premier lieu développé dans les zones rurales, où les populations plus isolées l’utilisent pour leur consommation domestique, son usage s’étend aussi aux zones urbaines et dans le secteur industriel. En Afrique du Sud, la société Elgin Fruit Juices utilise la pulpe de fruit inutilisée dans le processus de production du jus comme matière première pour la digestion anaérobie, avec une installation qui produit jusqu’à 500 kilowatts d’électricité renouvelable. Au Rwanda, l’État a équipé la moitié de ses prisons d’un système utilisant du biogaz lui-même fourni par la fermentation anaérobie des excréments produits par les détenus, pour cuisiner et s’éclairer. Au Cameroun, plusieurs hôpitaux se sont équipés de leur propre méthaniseur pour alléger leur facture énergétique. Depuis juin 2015, la ville de Fès au Maroc produit de l’électricité à partir d’une centrale électrique au biogaz issue de la valorisation des déchets ménagers de la ville. D’une puissance de 1,12 mégawatt, cette centrale couvre déjà le tiers des besoins de la ville et doit arriver à terme à en couvrir l’intégralité (3,5 MW). Plus récemment encor, en août 2015, l’entreprise kenyane Tropical Power Energy Group a lancé, à Naivasha, la plus grande centrale à biogaz du continent, d’une capacité de 2,6 MW, alimentée à partir de matières agricoles (50 000 tonnes). Son objectif est d’installer 130 MW d’énergie propre d’ici 2018, au Kenya mais aussi au Ghana. En résumé, si l’Afrique offre un vaste potentiel, l’utilisation du biogaz y est encore marginale. Son développent semble tout de même prompt à s’accélérer tant les pays africains cherchent des solutions efficientes pour lutter contre le réchauffement climatique. Cette filière a les moyens de s’implanter durablement dans le paysage énergétique africain. L.I.

DOSSIER

ACTIVITÉS

L’AFG en Afrique BNG, Certigaz et CFAFG, filiales de l’AFG, ont toutes été amenées à travailler sur le continent africain, particulièrement en Afrique du Nord. Sollicitées par de nombreux acteurs sur le continent, elles ont apporté leurs expertises réglementaires et techniques sur plusieurs projets et ont proposé des formations adaptées aux besoins et aux contraintes des professionnels du secteur gazier.

Carole Godiniaux, directrice du Centre de formation de l’Association française du gaz (CFAFG) « Au CFAFG, nous travaillons régulièrement avec des professionnels issus du continent africain. Nous avons développé des liens privilégiés avec la Côte d’Ivoire et notamment avec la société Petroci au sein de laquelle nous avons mis en place durant plusieurs années des formations spécifiques telles que de la création de stations de distribution GNV, la télé-exploitation ou encore le diagnostic immobilier des installations intérieures gaz. Nous avons également travaillé avec KDG, une filiale de la société algérienne Sonelgaz. Nous avons créé plusieurs programmes de formation sur-mesure sur la conception et la construction d’un réseau de transport de gaz, le management et la conduite de projet de canalisations de transport ou encore l’équipement des stations GPL. Ces formations ont été dispensées à Alger par nos formateurs et nos chefs de projets. En 2010, nous avons également conçu et dispensé, pour la société marocaine Afriquia Gaz, une formation traitant de la commercialisation de GPL en réseau qui s’est tenue à Casablanca, puis à Paris. Chaque année, nous avons le plaisir d’accueillir de jeunes ingénieurs africains dans notre mastère spécialisé en ingénierie et gestion du gaz. » Joël Ligner, responsable certification (Certigaz) « Chez Certigaz, nous avons développé une nouvelle offre de certification produits, le marquage Certigaz, notamment pour les marchés du Maghreb. Le développement des réseaux gaziers africains, dans un contexte d’ouverture des marchés internationaux des produits, a orienté les donneurs d’ordre vers une maîtrise accrue de la qualité des composants de réseau. Ces donneurs d’ordre se dirigent alors vers la certification par tierce partie des produits. Nous avons mis en place en 2014 ce nouveau marquage pour répondre aux besoins des industriels souhaitant travailler avec la Steg

(Société tunisienne d’électricité et de gaz). Nous avons rencontré les responsables de la Steg pour pouvoir définir leurs besoins et leur proposer une solution adaptée. Les premières certifications ont concerné des régulateurs de réseaux de type B. Des audits ont été réalisés sur les sites de production et les produits ont subi des essais dans des laboratoires agréés. La certification de ces produits a permis aux sociétés Gazfio et Mesura Tunisie de décrocher des contrats d’approvisionnement avec la Steg. Ces certifications représentent la première étape d’un développement pour Certigaz sur le marché des matériels pour les réseaux gaziers africains. » Benoît Charlot, directeur du Bureau de normalisation du gaz (BNG) « Actuellement, nous n’avons pas de projet en cours sur ce continent. Cependant nous avons collaboré de nombreuses fois par le passé avec les pays africains. Au début © AFG des années 2000, l’AFG a travaillé avec la Côte d’ivoire à l’élaboration de son code gazier pour établir les grands principes réglementaires et techniques. En 2013 et 2014, dans le cadre d’un contrat de coopération avec l’Afnor, nous avons apporté notre expertise aux autorités marocaines dans la rédaction d’une réglementation sur les appareils à gaz inspirée de la directive UE. Nous avons également assisté un fabricant d’appareils à gaz tunisien sur un dossier de marquage CE. Depuis quelques années, des professionnels gaziers issus des pays émergents participent à nos comités de normalisation et prennent des responsabilités. Le Kenya est par exemple secrétaire du comité technique (ISOTC285) sur les fourneaux et foyers de cuissons propres et l’Afrique est également représentée au sein du comité sur le biogaz. » Propos recueillis par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

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BRÈVES INFRASTRUCTURES

INFRASTRUCTURES

UNE RÉCOMPENSE DURABLE

DU GAZ DANS LES TUYAUX

Storengy fait partie des quinze lauréats ayant reçu une attestation « engagement reconnu stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) » au titre de leur engagement volontaire en faveur de la biodiversité. Cette récompense a été remise au cours d’une cérémonie officielle au Bourget en présence de Ségolène Royal, ministre de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie.

La nouvelle canalisation de TIGF, « artère de l’Adour », reliant Arcangues (Pyrénées-Atlantiques) et Coudures (Landes), est alimentée en gaz depuis le 14 décembre 2015. Cette nouvelle infrastructure gazière a une double vocation : assurer la fluidification des échanges et sécuriser des approvisionnements de gaz au niveau européen. Avec sa mise en service, TIGF augmente les capacités de transit de gaz entre la France et l’Espagne de 2 milliards de mètres cubes par an, soit l’équivalent de la consommation de plus de 1,5 million de foyers.

TAP ET TANAP COOPÈRENT Les sociétés actionnaires des projets de gazoducs transanatolien (Tanap) et transadriatique (TAP) ont conclu en décembre 2015 un accord de coopération. Il vise à l’augmentation des efforts conjoints tout au long de la chaîne de valeur du projet du corridor gazier sud ainsi qu’à la responsabilité d’assurer la spécification technique des travaux de construction pour la connexion d’un gazoduc à l’autre. Avec une longueur de 1 850 kilomètres, Tanap se joindra au gazoduc TAP à partir du début de 2020 et acheminera le gaz naturel en Europe via la Grèce, l’Albanie et l’Italie.

ATRT5 AUGMENTE EN FRANCE La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a délibéré le 10 décembre 2015 sur l’évolution des tarifs d’utilisation des réseaux de transport (dits « tarifs ATRT5 ») de GRTgaz et TIGF au 1er avril 2016. Dans cette délibération, la CRE fixe trois principales évolutions : celle du niveau tarifaire moyen, 4,6 % pour GRTgaz et 5 % pour TIGF ; la création d’un produit unique aux points d’interface transport stockage (PITS) de GRTgaz et enfin la régulation incitative de la qualité de service des transporteurs de gaz.

DUNKERQUE LNG ET GRTGAZ SE RACCORDENT

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Dunkerque LNG et GRTgaz ont annoncé jeudi 19 novembre avoir procédé au raccordement du terminal méthanier de Dunkerque avec le réseau de transport gazier français. Cette procédure a consisté au raccordement de la canalisation gazière sortant du terminal méthanier, au niveau de la station de comptage GRTgaz située sur le site même du Clipon à Loon-Plage. Les premières molécules de gaz naturel seront injectées dans cette canalisation au début de cette année, une fois que le terminal aura reçu son premier méthanier pour mise en gaz afin de réaliser les premiers essais.

INFRASTRUCTURES

ENVIRONNEMENT

Biodiversité : tous concernés TIGF a organisé le 8 décembre dernier une journée consacrée à la biodiversité rythmée par deux tables rondes et des échanges avec différents acteurs institutionnels et associatifs. L’occasion pour l’entreprise de sensibiliser ses salariés et de mettre en avant son engagement de longue date en faveur de la protection de la biodiversité.

La protection de la biodiversité fait partie de l’ADN de notre entreprise ! » C’est par cette phrase, ô combien symbolique, que Monique Delamare, directrice générale de TIGF, a ouvert le séminaire de l’entreprise consacré à la biodiversité et donné le ton de la journée. TIGF exploite plus de 5 000 kilomètres de canalisation en France, soit environ 14 % du réseau de transport de gaz français ainsi que deux stockages souterrains. Implantée en région Sud-Ouest, l’entreprise a fait de la préservation de l’environnement une de ses priorités. Vers une prise de conscience des entreprises ? Le taux d’extinction des espèces animales et végétales est aujourd’hui mille fois supérieur à la normale. Soixantedix pour cent des services éco-systémiques étudiés dans le monde sont en déclin. Dans notre pays, un tiers de nos milieux sont créés artificiellement. Les entreprises d’infrastructures gazières, parce qu’elles ont une emprise directe sur le milieu, ont un rôle déterminant à jouer sur les territoires. On assiste semble-t-il ces dernières années à une prise de conscience de ces entreprises, qui affichent une volonté de préserver la biodiversité.

Antoine Cadi

Directeur du pôle « relations extérieures, communication et partenariats » à la Ligue pour la protection des oiseaux La biodiversité pour les entreprises : un engagement timide mais grandissant « Seule une partie des entreprises françaises ont engagé des programmes en faveur de la biodiversité. Parmi les secteurs d’activités les plus engagés dans la protection de la nature, on trouve sans surprise l’industrie, l’énergie et les transports, lesquels participent le plus à sa dégradation. Sur les sept postes budgétaires consacrés par les entreprises à l’environnement, la biodiversité n’occupe que le sixième rang de leurs dépenses. Leur engagement en matière de protection de la biodiversité est donc encore timide. Surtout si l’on ©LPO le compare à celui de leurs homologues anglo-saxonnes, qui ont pris une longueur d’avance dans l’intégration de la biodiversité à leurs stratégies. Toutefois, suite à la tenue du Grenelle de l’environnement, à l’évolution de la gouvernance environnementale et aux rendez-vous des conférences environnementales, la prise de conscience de l’importance de la biodiversité est en plein essor. Les entreprises qui n’ont pas encore intégré la biodiversité dans leurs décisions compromettent leur avenir. Elles ont pourtant tout à y gagner. En sauvegardant le monde du vivant, elles garantissent le développement durable de leurs activités. Il s’agit donc maintenant de se placer aux avant-postes et d’être parmi les premiers à bénéficier des opportunités offertes par la protection de la nature. »

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INFRASTRUCTURES

TIGF, une entreprise engagée Le ministère de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie (MEDDE) a reconnu l’engagement de TIGF dans la stratégie nationale pour la biodiversité (SNB) en janvier 2014. Ses actions concrètes pour minimiser ses impacts sur les milieux pendant les phases de chantiers ont été récompensées. Ce label valorise également sa contribution à l’amélioration et au partage des connaissances sur le patrimoine naturel régional, avec par exemple un partenariat avec le Muséum national d’histoire naturelle pour la mise à disposition des nombreuses données d’inventaires « faune-flore ». Les différents projets que TIGF met en place à travers le Cilb (Club infrastructures linéaires et biodiversité) - qui regroupe plusieurs gestionnaires d’infrastructures1 en nouant des partenariats avec le comité français de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), la Fédération de recherche pour la biodiversité (FRB) et différentes associations – fait partie des réussites saluées par le MEDDE. Cette reconnaissance a marqué une étape. Elle a surtout permis à TIGF de poursuivre ses efforts afin d’aller toujours plus loin dans l’anticipation de la prise en compte de la biodiversité en mode projet et dans l’envie de minimiser son empreinte environnementale et ce en allant parfois au-delà de la réglementation environnementale applicable. TIGF affiche clairement cette volonté de s’inscrire dans une logique de protection de son territoire en créant, au niveau local, des liens, du dialogue et des partenariats avec des acteurs associatifs, industriels et avec la société civile en général. Depuis quelques années, l’entreprise élabore ses projets dans le but de créer des chantiers responsables, en alliant sécurité des biens, des personnes, des activités humaines et respect de son environnement. Les enjeux sont importants. Ils sont tout à la fois économiques (les coûts humains et les matériels engagés sur des chantiers d’installations de canalisations étant importants), environnementaux (avec la traversée de milieux naturels sensibles) et sociétal (les populations riveraines devant être informées). Éviter, réduire et compenser au quotidien TIGF a intégré dans l’élaboration de ses projets une démarche dite « progressive », issue du Grenelle de l’environnement. Elle consiste à suivre le triptyque suivant : éviter dès que possible les milieux naturels sensibles ; réduire l’impact du chantier sur les ressources aquatiques et sur les milieux présentant des enjeux écologiques ; compenser, sous le contrôle d’écologues, les impacts qu’elle n’a pu éviter ou les réduire en transformant des milieux dégradés (friches, monocultures,…) en habitats propices au développement d’espèces.

ERDF et RTE pour l’électricité, GRTgaz et TIGF pour le gaz, RFF et LISEA pour le rail, Eiffage Concession et ASFA pour les autoroutes et VNF pour les voies d’eau. 1

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Un débardage à traction animale Cette technique inédite pour TIGF consiste à employer des chevaux de trait pour ôter de la piste le bois coupé lors du débroussaillage (principalement du robinier faux-acacia, une espèce exotique envahissante). C’est un dispositif léger qui n’a presque pas d’incidences sur les sols, les berges du ruisseau et les milieux aquatiques. Elle a été utilisée sur le projet Girland.

Girland : un chantier responsable Le projet Girland consistant en la pose d’une nouvelle canalisation de 58 km entre Captieux (Gironde) et le stockage de gaz de Lussagnet (Landes) a débuté en 2012. Cette artère gazière traverse 13 communes, 17 cours d’eaux et plusieurs zones sensibles d’un point de vue environnemental (milieux et espèces protégés). Des études menées dans le cadre du projet ont révélé la présence de 5 espèces végétales et 56 espèces animales sujettes à une protection au niveau national, principalement autour des cours d’eau et des zones humides (cistude d’Europe, rossolis intermédiaire, cuivré des marais…). Durant l’année de réalisation des travaux, des règles spécifiques visant à la préservation de la biodiversité sur la zone du chantier ont été respectées par tous les acteurs du projet. Le balisage et la signalisation des zones à protéger, la propreté des lieux, la prise de précautions nécessaires pour réduire le risque de pollution accidentelle ou encore la préservation des milieux aquatiques à travers la gestion des eaux pluviales, sont des mesures particulières qui ont été observées et qui ont contribué à la réussite du projet. La canalisation a été mise en service en 2013. © TIGF

INFRASTRUCTURES

Un rôle social à ne pas occulter La société civile et particulièrement les populations riveraines des sites où ont lieu les chantiers doivent être informées des travaux en cours, dans un souci de transparence mais aussi de sensibilisation. TIGF a par exemple mis en place des animations pédagogiques pour présenter aux enfants le monde du gaz, leur expliquer le chantier et ses enjeux, les sensibiliser à la faune et la flore qui les entourent. Une exposition itinérante s’arrête dans les communes traversées. © TIGF

Cécile Boesinger Chef du service développement durable et environnement TIGF

• 40 % de l’économie mondiale repose sur les services rendus par la biodiversité.

• 40 ans que la loi sur Un travail de longue haleine la protection de la biodiversité « Nouer des partenariats stratégiques chez TIGF, c’est a été promulguée une véritable politique d’entreprise ! TIGF, de par son en France (1976). activité, est très engagée sur son territoire et s’en sent responsable. Les objectifs de ces partenariats sont de s’entourer d’experts, acteurs sur un territoire commun, afin d’améliorer nos pratiques de préservation de la biodiversité et de contribuer à une meilleure connaissance de celle-ci. Ces partenariats sont souvent conclus après des mois, voire des années d’échanges, afin de bien se connaître et d’arriver à trouver un terrain d’entente présentant des intérêts mutuels, juste milieu entre ceux d’un industriel et ceux d’une association environnementale. Le résultat est très enrichissant pour les deux parties. Notre volonté est de poursuivre notre implication dans les partenariats en cours, notamment avec les gestionnaires d’espaces sensibles traversés par nos canalisations et développer des nouveaux partenariats régionaux et nationaux. »

Des partenariats multiples, des projets concrets Si les partenariats sont difficiles à obtenir, ils sont souvent les garants de la réussite d’un projet. Ceux créés avec les conservatoires d’espaces naturels d’Aquitaine et de Midi-Pyrénées ont permis la préservation d’espèces protégées situées sur l’emprise des canalisations et au-delà avec la mise en place d’une gestion spécifique commune. Avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), l’identification et le suivi des sites de compensation fonctionnent très bien. Quant au projet « flore locale et messicoles » mis en place avec la Fédération des conservatoires botaniques nationaux qui a pour objectif de développer une filière de semences d’origine locale pouvant être utilisées pour les remises en état après chantiers, il est en bonne voie. L’interdépendance entre les entreprises et la biodiversité est une évidence. La nécessité de la prendre en compte relève d’un intérêt commun. Certaines ont intégré cette nécessité dans leur fonctionnement, d’autres commencent à le faire. Laura Icart

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INFRASTRUCTURES

MÉTIER CHARLINE VANDER-TAELEM, 22 ans, est technicienne réseau gaz à GRTgaz

« Un métier enrichissant basé sur l’échange et les relations humaines » Décrivez-nous une journée type... Le matin, au bureau, je prépare mon départ sur le terrain. J’édite des bons de travail, avant de passer au briefing de mon équipe. Je passe ensuite à la vérification du matériel. Sur le terrain, j’analyse les chantiers et notamment les risques qui pourraient être encourus par mon équipe ou des personnes tiers. En tant que chef de travaux, je veille en permanence à la sécurité de l’équipe. Je m’attache à vérifier que chacun de mes collaborateurs suit les procédures en vigueur. En fin de journée, je débriefe mon activité avec mon responsable et ce, avant de préparer ma journée du lendemain. © GRTgaz

Quel a été votre parcours professionnel ? Après l’obtention d’un bac scientifique, j’ai fait une première année de médecine avant de me réorienter vers un BTS maintenance industrielle en alternance. J’ai alors intégré le centre de formation d’apprentis de l’industrie de Maxeville près de Nancy et GRTgaz, pour apprendre le métier de technicien réseau gaz, à Reims. À l’issue de mon BTS, j’ai été embauchée par GRTgaz sur le secteur de Maubeuge comme technicienne réseau gaz. Parlez-nous de votre métier. Je suis chargée d’exploiter le réseau de transport de gaz. Le gaz circule 24h/24 dans nos gazoducs. Avec mon équipe, je surveille, j’entretiens et j’interviens sur les installations afin que nos clients soient alimentés en permanence. Je suis amenée

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à préparer les travaux qui doivent être effectués sur le réseau gaz ou à proximité de ce dernier en veillant à ce que toutes les conditions de sécurité soient réunies. Si une entreprise doit creuser à proximité d’une de nos conduites, je suis présente pour indiquer son emplacement exact et expliquer aux ouvriers comment agir pour éviter tout impact qui pourrait endommager notre réseau. Je réalise également les essais, les réglages et la mise en service de nouvelles installations comme les postes de détente par exemple. De manière plus générale, je veille constamment à la sécurité des personnes et des biens, au respect de l’environnement ainsi qu’à l’intégrité des installations de mon secteur.

Quelle image de votre métier aimeriez-vous faire passer ? C’est un métier technique diversifié. Chaque journée de travail est différente. Je peux passer d’une activité simple à des travaux complexes qui nécessitent la gestion et la coordination de plusieurs équipes. C’est un métier enrichissant basé sur l’échange et les relations humaines. Je bénéficie également d’une grande autonomie au quotidien. J’aime ce métier ! Propos recueillis par la rédaction de Gaz d’aujourd’hui

Infrastructures. DOSSIER LA REVUE DU GAZ NATUREL, DU BIOMÉTHANE, DU BUTANE ET DU PROPANE ÉDITÉE PAR L’ASSOCIATION FRANÇAISE DU GAZ WWW.AFGAZ.FR

www.keymica.com

N°2014-1 / JANVIER - MARS

ENTRETIEN

DOSSIER

2016

E FORMULIELLE R TRIMEST

ENTRETIEN

GERTJAN LANKHORST, président d’Eurogas et président-directeur général de la société néerlandaise GasTerra

« Je suis fermement convaincu que l’achèvement du marché européen de l’énergie permettra de mettre en avant les nombreux avantages que présente le gaz en tant que source d’énergie » Vous avez été élu président d’Eurogas en juin nisseurs et des gestionnaires des réseaux de distribution, dernier à Venise. Quelles sont les priorités de nous devrions donc avoir beaucoup de choses à apporter à votre mandat ? ce débat. Enfin, nous devons continuer à mettre en avant les Je pense que dans l’immédiat, nous devons nous concentrer aspects positifs du gaz, qui peuvent souvent être négligés sur le développement du paquet énergie-climat 2030. Il est ou même tenus pour acquis. Les préoccupations actuelles impératif que l’Europe prenne la bonne voie et tire les leçons sur le gaz ne doivent rien enlever au fait que le gaz demeure du paquet énergie-climat de 2020. L’une des composantes une énergie propre, sûre et compétitive. De grands progrès essentielles sera de faire en sorte que le système compeuvent être accomplis dans le secteur du chauffage par munautaire d’échange de quotas d’émission (SCEQE) joue exemple, où la pénétration future de technologies plus effipleinement son rôle, qui consiste à réduire les émissions de caces et l’introduction du gaz renouvelable permettront de carbone et à servir de signal pour l’investissement dans des nous assurer que le gaz reste une énergie de choix pour le technologies à faible émission de carbone. Eurogas contichauffage. Nous devons également nous tourner vers les nuera également à consacrer son expertise et son temps, opportunités qui se présentent dans des domaines tels que en coopération avec d’autres parties prenantes et organes le transport et saisir ces opportunités. institutionnels, à la mise en œuvre du marché intérieur de l’énergie. Bien que de grands progrès aient été réalisés, La politique énergétique européenne est d’autres efforts restent à accomplir et nous devons nous critiquée par les PDG des principales entreprises assurer de finir le travail, car il s’agit d’un point essentiel du secteur de l’énergie. À la mi-mars 2014, pour garantir des sources d’approvisionnement en gaz sûres, Eurogas a envoyé une lettre aux chefs d’État ou diversifiées et économiquement viables. Je suis fermement de gouvernement des États membres de l’UE CONTEXTE convaincu que l’achèvement d’un tel marché permettra de afin de souligner le besoin urgent de signaux mettre en avant les nombreux avantages que présente le politiques clairs pour stimuler l’investissement gaz en tant que source d’énergie. L’une des autres priorités dans les infrastructures énergétiques à sera d’étudier avec la Commission et les organes institutionfaible intensité carbonique. Avez-vous vu des nels des questions plus générales quant à la façon dont le évolutions depuis ? rôle des clients en tant qu’acteurs du marché de l’énergie se En fait, dans la lettre d’Eurogas, nous visions un certain développera et quelle devrait être la future conception du nombre de choses, notamment un objectif européen contraidétail. Nous devons l’accent sur des solu- sera gnant réduction Lors de la rentrée parlementaire, le texte demarché loi de de programmation pourmettre la transition énergétique audecœur des d’au moins 40 % des gaz à effet de serre, tions plus efficaces et durables basées sur le marché. Heuun principe sous-jacent d’utilisation d’approches basées débats. Présenté une première fois au Conseil des ministres le 18 juin dernier, le projet de loi a été soumis pour avis reusement, l’expertise d’Eurogas provient à la fois des foursur le marché et des mesures structurelles précoces pour à plusieurs instances pendant l’été.

DOSSIER

Le gaz dans le nouveau modèle énergétique français À l’automne 2014 commence le travail parlementaire sur le texte de loi de programmation pour la transition énergétique qui fait suite au débat souhaité par le président François Hollande lors de la conférence environnementale de septembre 2012. Cette loi, dont le projet a été présenté par la ministre chargée de l’Énergie en juin dernier, a pour objectif de fixer la politique énergétique du pays pour les décennies à venir. Le présent dossier est l’occasion de revenir sur le texte du projet de loi de programmation pour la transition énergétique de Mme Royal, « un nouveau modèle énergétique français », et de présenter les avis de différentes instances concernées soumis avant le travail parlementaire. La contribution de l’AFG à la réflexion sur la transition énergétique y est publiée, elle apporte des compléments d’information sur les atouts du gaz pour répondre aux enjeux. Dans le cadre de ce dossier, MM. Michel Guilbaud, directeur général du Medef, Julien Aubert, député de Vaucluse, et Roland Courteau, sénateur de l’Aude, se sont exprimés sur le déroulement du débat national, les enjeux et les défis à relever par la France, ou encore la place du gaz dans le futur mix énergétique français. Le dossier met également en lumière le modèle énergétique mis en œuvre par notre voisin allemand.

Sommaire :

• Gestation de la loi pour la transition énergétique • Contribution de l’Association française du gaz à la réflexion sur la transition énergétique • Interview de Michel Guilbaud, directeur général du Medef • Interview de Julien Aubert, député de Vaucluse • Interview de Roland Courteau, sénateur de l’Aude • L’Energiewende : où en sont les Allemands ?

Gestation de la loi pour la transition énergétique

réviser le système communautaire d’échange de quotas d’émission. Je pense qu’il est juste de dire que sur ce point nous avons vu des résultats positifs, mais il reste encore beaucoup à faire. Les nouvelles lignes directrices relatives aux aides d’État sont bienvenues, en particulier l’approche globale qui consiste à intégrer l’énergie renouvelable au sein du marché, cela étant essentiel pour garantir un marché intérieur de l’énergie sûr et économiquement viable sans compromettre le développement futur des énergies renouvelables. La Commission européenne propose également un objectif de réduction des gaz à effet de serre comme pierre angulaire du cadre politique de 2030. Il s’agit là d’un point positif, mais reste à voir si l’objectif de réduction des gaz à effet de serre constituera ou non la pierre angulaire du paquet final. La proposition de réserve de stabilité du marché de la Commission constitue également un développement positif et devrait permettre de corriger le système communautaire d’échange de quotas d’émission. Néanmoins, en l’état actuel, la proposition ne permettra pas d’obtenir suffisamment tôt les résultats dont nous avons besoin ; il sera donc nécessaire de trouver plus rapidement une solution au problème de l’offre excédentaire des quotas du SCEQE. Nous craignons cependant que le débat sur la sécurité d’approvisionnement ne conduise pas l’Europe à s’éloigner des approches basées sur le marché, ce qui constituerait un élément clé pour garantir la sécurité de notre énergie. Bien sûr, la réunion du Conseil d’octobre constituera une étape très importante. Il est impératif que les décisions soient prises en octobre afin de ramener de la clarté au sein du marché.

Transformer le possible en réel

Au mois de juin, le Conseil européen a dressé le bilan des progrès réalisés en vue d’une décision finale en octobre sur la politique énergieclimat à l’horizon 2030, et a soutenu la mise en œuvre immédiate de mesures d’urgence pour renforcer la sécurité énergétique européenne. Il a également été demandé au Conseil d’analyser plus en détail d’autres mesures à moyen et long

15/01/2015 16:49

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À LA REVUE DU GAZ NATUREL, DU BIOMÉTHANE, DU BUTANE ET DU PROPANE

ÉDITÉE PAR L’ASSOCIATION FRANÇAISE DU GAZ - WW.AFGAZ.FR

Gaz d’aujourd’hui • n 2014-3 • 37

Int_GA_2014_Vol3.indd 36-37

VÉHICULE GPL

Gaz d’aujourd’hui • n 2014-4 • 5

Les deux axes prioritaires Le projet de loi pour la transition énergétique repose sur les deux grands axes que sont la maîtrise de la consommation d’énergie et le développement des énergies renouvelables. Le texte donne la priorité aux économies d’énergie dans le bâtiment, qui reste le premier consommateur d’énergie devant les transports et l’industrie, et fort émetteur de gaz à effet de serre. Ce secteur représente un gisement prioritaire d’économies d’énergie, dont l’ampleur justifie, selon le projet de loi, « un puissant effort d’incitation et d’accompagnement des ménages et des professionnels ». C’est pourquoi celui-ci mobilise les outils techniques, juridiques et financiers nécessaires à une accélération rapide et une amplification massive de ce chantier qui doit notamment permettre de rénover 500 000 logements par an d’ici 2017. Il s’agit de stimuler conjointement, la demande et l’offre de travaux, en accompagnant les ménages, les collectivités territoriales, les entreprises et les professionnels du bâtiment. Le secteur des transports est, lui aussi, visé. L’objectif est de développer des transports moins émetteurs afin de réduire significativement la pollution de l’air. Il promeut par exemple les navires utilisant le gaz naturel liquéfié, en particulier au travers d’opérations pilotes. Le projet de loi pose également les bases du développement de l’économie circulaire et encourage la valorisation énergétique des déchets. Le second pilier du projet de loi pour la transition énergétique est le développement des énergies renouvelables « pour mieux diversifier nos sources d’alimentation, équilibrer notre production et renforcer notre indépendance énergétique ». Les énergies renouvelables, qui représentaient en 2012 14 % de la consommation d’énergie, doivent atteindre 23 % en 2020 et 32 % en 2030. Rien que dans le secteur des transports individuels et collectifs, les biocarburants, l’hydrogène et les biogaz devront couvrir 10,5 % puis 15 % des besoins. Le texte tente de simplifier les procédures et de stabiliser les règles afin d’accélérer l’émergence de filières industrielles. M.L.G.

36 • Gaz d’aujourd’hui • n 2014-3

ENTRETIEN

ARNAUD MONTEBOURG Ministre du Redressement productif

L’année 2014 représente une année charnière pour le marché intérieur de l’énergie car le Conseil européen a fixé l’achèvement du marché intérieur pour cette année. Où en sommes-nous ? Que reste-t-il à faire ? En effet, cette année est importante pour le marché intérieur de l’énergie et bien que nous n’aurons certainement pas totalement atteint notre objectif cette année, de nombreuses pièces du puzzle sont en place et nous devons désormais porter nos efforts sur le travail restant à accomplir. Bien entendu, dans un premier temps, cela signifie qu’ilREVUE TRIMESTRIELLE / ABONNEMENT ANNUEL : 150 EUROS H.T. faut nous assurer de la mise en œuvre effective de la législation actuelle ainsi que la mise en œuvre de bon nombre de codes de réseau pour le gaz qui représentent des étapes esCouv_GA_2014_Vol1.indd 2 sentielles à l’achèvement du marché intérieur. Par ailleurs, un certain nombre de liaisons importantes ont été achevées ces dernières années mais d’autres investissements sur le réseau gazier européen sont encore nécessaires pour renforcer son interconnexion. L’achèvement des liaisons manquantes, ainsi que l’inversion du flux physique, devront donc être poursuivis en priorité.

4 • Gaz d’aujourd’hui • n 2014-4

l’automne 2014 débutera le débat parlementaire sur la loi de programmation pour la transition énergétique, « un Int_GA_2014_Vol4.indd nouveau modèle énergétique fran4-5 çais ». Le texte tant attendu a été présenté par la ministre chargée de l’Énergie, Ségolène Royal, le 18 juin lors d’une communication au conseil des ministres. Le texte définitif du projet de loi sera présenté en conseil des ministres fin juillet, en vue d’une adoption dont la ministre assure qu’elle aura lieu – si le Parlement s’en saisit à l’automne – avant la fin de l’année. Matignon, lui, avait annoncé comme échéance le printemps 2015. D’ici là le texte a été soumis pour avis à plusieurs instances. Le Conseil national de la transition énergétique (CNTE) a adopté à la quasi-unanimité cette première mouture du projet de loi tout en apportant quelques propositions d’ajouts au texte. S’agissant des transports, le CNTE souhaite élargir le cadre du projet de loi, qui fait la part belle aux véhicules électriques. Il estime que « l’ensemble des motorisations alternatives doivent être soutenu et développé », ce qui inclut les véhicules alimentés au biogaz ou à l’hydrogène. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a également adopté à une très large majorité un avis. Toutefois, il appelle à intégrer un « objectif national d’efficacité énergétique à l’horizon 2030 » également prôné par le CNTE. Le Conseil national de l’industrie (CNI) a remis un avis unanime à la ministre tout en relevant « quatre enjeux qui paraissent devoir être complétés dans le projet de loi ». Le CNI propose d’intégrer la compétitivité du prix de l’énergie aux objectifs ciblés de la politique énergétique et aux critères de la programmation pluriannuelle. Il demande que les efforts d’efficacité énergétique de l’industrie soient encouragés et regrette que le projet de loi n’intègre pas une stratégie gaz pour soutenir les gazo-intensifs. Le conseil recommande l’identification des moyens nécessaires pour accompagner la transition énergétique (comme la formation, le financement) et souhaite que l’industrie soit associée à la gouvernance du dispositif en étant consultée sur les programmations pluriannuelles de l’énergie et sur les budgets carbone.

LE DEVENIR DE L’EUROPE DE L’ÉNERGIE

GERTJAN J. LANKHORST Gertjan Lankhorst est né à Amsterdam le 22 décembre 1957. Il a étudié l’économie générale à l’université libre d’Amsterdam de 1982 à 1986. En 1986, il entre au département de la politique économique générale au GPL néerlandais des Affaires économiques. sein du ministère Il a occupé différentes fonctions au ministère dont celle de directeur pétrole et gaz (1996–1999), directeur à la concurrence (1999–2003) et directeur général à l’énergie (2004–2005). Gertjan Lankhorst a été nommé président-directeur général de GasTerra le 1er septembre 2006 et a été élu président de l’Association européenne des fournisseurs de gaz, Eurogas, le 20 juin 2014.

15/01/2015 16:46

Je souhaite m’abonner pour l’année 2016 au tarif suivant : Adhérents AFG, AFG régionales et CFBP (France et étranger) : 90,00 € TTC Adhérents AFG retraités et étudiants (France et étranger) : 40,00 € TTC Plein tarif (France, étranger) : 120,00 € TTC Nom :

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15/01/2015 16:50

BRÈVES ÉCONOMIE ET FOURNITURE

ÉCONOMIE ET FOURNITURE

ENGIE TRANSPORTE DU GNL EN CHINE

DU GNL AMÉRICAIN À MONTOIRDE-BRETAGNE

Engie a fourni le 25 novembre dernier la première cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL) au groupe Beijing Gas. Ce chargement a été transporté par le méthanier GDF Suez Point Fortin (d’une capacité totale de 154 200 mètres cubes) et déchargé au terminal de réception de GNL Caofeidian de PetroChina. Ce gaz permettra de répondre à la demande de gaz de la ville et d’assurer son approvisionnement pendant la période de chauffage de 2015-2016.

Engie a annoncé mercredi 28 octobre avoir signé un accord d’achat-vente de gaz naturel liquéfié (GNL) pour une durée de cinq ans avec le groupe américain Cheniere. Engie achètera auprès de Cheniere jusqu’à 12 cargaisons de GNL par an, livrées au terminal de regazéification de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique) depuis les terminaux méthaniers de Sabine Pass et Corpus Christi. Les premières livraisons débuteront en 2018.

LA CONCURRENCE EST RUDE !

UNE FILIÈRE EN EXPANSION

La fin des tarifs réglementés a été l’objet d’une forte concurrence chez les fournisseurs. Au 1er janvier 2016, les offres de marché d’Engie ont obtenu un taux de succès de 40 à 45 % de parts de marché selon les segments professionnels, entreprises ou collectivités. Le groupe Eni Gas and Power compte environ 16 % de parts sur le marché des entreprises (hors grands industriels) et des collectivités. E.ON France a déclaré se concentrer sur le marché des PME-PMI sans évoquer de chiffre.

L’association européenne du biogaz (EBA) a présenté le 17 décembre 2015 la 5e édition de son rapport statistique sur l’état de la filière biogaz et biométhane en Europe. Cette publication souligne la forte croissance de la production de biogaz en Europe, due à un grand nombre d’installations au biogaz (17 240 installation recensées en 2014) mais également la mise en service de nombreuses usines fonctionnant au biométhane (367), en constante augmentation depuis 2013.

LA DEMANDE REPART EN EUROPE La Société générale a établi, le 8 janvier, son baromètre « Energy Pulse ». Selon cette étude, la consommation de gaz européenne a connu un rebond en 2015 après plusieurs années de baisse, dopée pour l’essentiel par des conditions météorologiques moins clémentes qu’en 2014 au premier trimestre de l’année. Au sein des 28 pays de l’Union européenne, la consommation de gaz naturel serait de 421 milliards de mètres cubes en 2015, soit en hausse de 4,4 % par rapport à l’année précédente. En France, l’augmentation serait même de 7,6 % à en croire les résultats de l’étude de la Société générale.

28 • Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016

ÉCONOMIE ET FOURNITURE

ANALYSE

Le rôle du gaz dans les perspectives énergétiques à venir L’agence internationale de l’énergie (AIE) a présenté le 10 novembre dernier à Londres son rapport annuel sur l’état de l’énergie dans le monde. L’AIE prévoit une hausse de la consommation mondiale d’énergie, due notamment à une forte croissance démographique et économique des pays émergents.

’il y a bien une chose à retenir de la version 2015 du World Energy Outlook (WEO), c’est la mise en évidence du rôle qu’est amené à jouer le gaz dans la transition énergétique. Le gaz est une énergie aux multiples atouts : abondante, utilisable avec de hauts rendements et possédant des qualités environnementales non négligeables en ces temps de lutte contre le réchauffement climatique. Avec de faibles émissions de gaz à effet de serre et des rejets de polluants atmosphériques et de particules encore plus faibles, le gaz va occuper une place prépondérante dans le mix énergétique mondial. Un monde énergétique scénarisé Le rapport étudie les évolutions possibles de la consommation mondiale d’énergie d’ici 2040, dans le cadre de trois scénarios principaux : un scénario dit « de poursuite des politiques courantes » (current policy scenario), qui n’implique aucun changement particulier et envisage la continuation des politiques actuellement appliquées ; un scénario dit « de nouvelles politiques » (new policies scenario), incluant les engagements de politique générale et des plans annoncés par les États, y compris les engagements nationaux de réduction des émissions de gaz de serre et prévoit d’éliminer progressivement les subventions aux énergie fossile, bien que les mesures pour leurs mise en œuvre restent encore à être identifiées ou annoncées ; et enfin le plus exigeant sur le plan environnemental, un scénario dit « de stabilisation climatique » appelé aussi « scénario 450 », compatible avec une limitation à 2 °C du réchauffement climatique. Il nécessite une forte croissance économique afin de pouvoir être assuré par les contributeurs publics. Une place de choix pour le gaz Selon l’AIE, la consommation mondiale d’énergie augmentera de 13,6 milliards de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 2013, à 15,2 milliards de TEP (scénario 450), 17,9 ou 19,6 milliards de TEP (autres scénarios) en 2040, soit une hausse comprise entre 12 % (scénario 450) et 32 % ou 45 %. La part du gaz dans le mix énergétique mondial passe ainsi de 21 % en 2013 à 22 % (scénario 450), 23 % ou 24 % (autres scénarios) en 2040.

Dans le scénario 450, à 22 %, la part du gaz dans le mix énergétique mondial dépasse nettement celles des énergies renouvelables, de la biomasse, du nucléaire (toutes en hausse) et du charbon (en forte baisse). La consommation mondiale de gaz évoluera sur la même période de 2,9 milliards de TEP à 3,3 milliards de TEP dans le scénario 450 et 4,2 ou 4,6 milliards de TEP dans les autres scénarios, soit une augmentation de 15 % dans le scénario 450 et de 46 % ou 59 % dans les deux autres scénarios. L’analyse sectorielle montre que l’utilisation du gaz pour la production d’électricité augmente dans tous les scénarios, en accompagnement de la croissance spectaculaire de la production renouvelable. Quant à l’utilisation du gaz dans le secteur des transports, elle double d’ici à 2040. Un mix énergétique français spécifique La France présente des spécificités justifiant que son mix énergétique ne soit pas un simple duplicata du mix mondial. Mais ces particularités n’ôtent rien au fait que, comme ailleurs dans le monde, le recours à des solutions plus modernes d’utilisation du gaz contribue aux atteintes des objectifs de la politique environnementale et climatique à moindre coût. C’est ainsi que le gaz sous toutes ses formes (GNC, GNL, GPL) a vocation à se développer dans le domaine des transports, dans tous les secteurs (terrestre, maritime, fluvial), contribuant à la baisse des émissions de CO2 et des rejets de polluants. Le développement de dispositifs d’avitaillement en GNL dans les ports est d’ailleurs mentionné dans la loi relative à la transition énergétique pour une croissance verte, promulguée en août 2015. À noter également le développement progressif du biométhane autour de la structuration d’une véritable filière, qui apporte au gaz une composante renouvelable, augmentant encore son intérêt dans la lutte contre le réchauffement climatique. Selon cette même loi, le biométhane devra représenter 10 % du gaz consommé en France à l’horizon 2030. C’est dire si les possibilités sont importantes. Georges Bouchard et Laura Icart

Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016 • 29

ÉCONOMIE ET FOURNITURE

PETITE ENCYCLOPÉDIE GAZIÈRE

Le Schmilblick des subventions aux énergies fossiles Les subventions aux énergies fossiles génèrent bien des fantasmes, sûrement dû au fait que personne ne s’entend sur une définition claire de la notion de subvention et de ses composantes. Trois organisations internationales (l’AIE, le FMI et l’OCDE) collectent les données chaque année et chacune en a son interprétation. Pour certains, les subventions sont les écarts entre les prix de référence et les prix payés par les utilisateurs ; d’autres y ajoutent les coûts des externalités ; d’autres encore considèrent que certaines mesures fiscales sont des subventions…

Selon……... ... l’Agence internationale de l’énergie (AIE)

L’AIE définit une subvention à l’énergie comme toute dépense d’un gouvernement en faveur du secteur énergétique, réduisant le coût de production de l’énergie, augmentant le prix payé aux producteurs ou diminuant le prix payé par les consommateurs. À ce titre, l’AIE considère que les écarts entre le prix de référence (prix de parité à l’importation ou à l’exportation) et les prix payés par les utilisateurs finaux doivent être pris en compte ; le cas de la subvention se révèle dans une différence positive.

... l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)

L’OCDE définit une subvention à l’énergie comme toute mesure qui maintient les prix pour les consommateurs en dessous des niveaux du marché, pour les producteurs au-dessus des niveaux du marché ou qui réduit les coûts pour les consommateurs ou les producteurs. Cette définition est plus ou moins conforme à celle de l’AIE, mais elle diffère dans son application. En effet, l’OCDE considère que la plupart de ses États membres subventionnent les énergies fossiles par un grand nombre de mesures qui avantagent la production ou la consommation d’énergie fossiles (allégement fiscaux, crédit aux producteurs, transferts financiers…).

... le Fonds monétaire international (FMI)

Le FMI distingue deux types de subventions : les subventions allouées aux consommateurs d’énergie et celles allouées aux producteurs d’énergie. On parle de subvention à la consommation quand les prix payés par les consommateurs, qu’il s’agisse de consommation intermédiaire (les entreprises) ou finale (les ménages) sont inférieurs aux coûts d’approvisionnement (transport et distribution compris). Les subventions pour les producteurs interviennent, elles, quand les prix sont supérieurs à ces mêmes coûts. L’approche du FMI diffère assez nettement de l’AIE et de l’OCDE parce qu’elle englobe un grand nombre d’externalités (réchauffement climatique, pollution de l’air, effets sur la santé publique, dégradation des sols…) calculées selon des critères définis de manière subjective par le FMI.

30 • Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016

ÉCONOMIE ET FOURNITURE

Peut-on réellement parler de subventions ? L’OCDE et l’AIE évaluent lesdites subventions aux énergies fossiles entre 500 et 550 milliards de dollars en 2014, un montant très éloigné de celui émis par le FMI qui parle de plus de 5 000 milliards. Une différence qui s’explique par la prise en compte du coût des externalités, environ 90 % de la somme. Les méthodologies utilisées par l’AIE, l’OCDE et le FMI ont cependant un point commun qui est d’être asymétriques : elles considèrent toutes que les exonérations d’impôts sont des subventions mais ne tiennent jamais compte, en sens inverse, des taxations spécifiques sur l’énergie. À titre d’exemple, certains considèrent que le gazole est subventionné quand il est moins taxé que l’essence, tout en ignorant que le gazole est lui-même taxé. Qu’en est-il en France ? La France a accordé en 2014 environ 3 milliards d’euros d’aide aux consommateurs de combustibles fossiles, pour certaines catégories d’entre eux, principalement pour le secteur pétrolier. Dans le même temps, la fiscalité sur les énergies fossiles a rapporté, en net, près de 30 milliards d’euros, soit presque dix fois plus que les déductions d’impôts dont bénéficie l’industrie des énergies fossiles.

La majorité des subventions soutiennent le secteur du transport. Quelques mesures seulement représentent à elles seules plus de 90 % du total desdites subventions en France : exonération de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) pour les carburants utilisés dans l’aviation commerciale, fiscalité réduite du fuel pour les agriculteurs ou les pêcheurs par exemple, remboursement partiel de TICPE aux transporteurs routiers, ainsi que la défiscalisation partielle des biocarburants. À titre d’exemple, on peut lire parfois que la fiscalité environnementale de l’énergie en France est modeste car seule la composante carbone de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TIPP) est prise en compte. Pourquoi pas, mais cela peut se discuter : augmenter de 10 centimes la composante carbone et réduire de 10 centimes la composante hors-carbone ne changerait rien au montant global mais changerait peut-être les commentaires… Georges Bouchard et Laura Icart

L’essentiel

Selon ces études, le gaz naturel est très peu subventionné en France, représentant environ 10 % des aides, le reste étant alloué au pétrole. La France est le pays qui octroie l’un des montants de subventions aux énergies fossiles les plus faibles parmi les membres du G20.

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BRÈVES UTILISATIONS ET MARCHÉS

UTILISATIONS ET MARCHÉS

BORDEAUX PORT ATLANTIQUE S’ENGAGE EN FAVEUR DU GNL Le Grand Port maritime de Bordeaux et Engie ont signé le 15 décembre un accord de partenariat portant sur la transition écologique et énergétique dans le domaine du transport et ont convenu de collaborer pour étudier l’intérêt de développer les usages du GNL avec les différents acteurs et partenaires du port. Bordeaux Port Atlantique, 7e port français, est situé sur le plus vaste estuaire européen. Ses installations, réparties sur plus de 100 km, comportent 7 terminaux spécialisés par filière et traitent entre 8 et 9 millions de tonnes de marchandises par an.

UNE ÉNERGIE POSITIVE SUR NOS TERRITOIRES Ségolène Royal, ministre de l’Écologie et Gérard Mestrallet, président-directeur général d’Engie ont signé une convention, le 10 novembre, pour l’expérimentation des passeports de la rénovation énergétique dans les territoires à énergie positive pour la croissance verte. L’opération, initiée lors du lancement du débat interne sur le climat et l’énergie chez Engie, permettra à chaque personne qui en fait la demande d’obtenir des recommandations de travaux personnalisées pour rénover son logement. Elle propose un diagnostic approfondi, des recommandations personnalisées et une présentation des résultats une fois les travaux effectués.

L’ÎLE-DE-FRANCE AURA SES STATIONS GNV-BIOGNV Le Syndicat intercommunal pour le gaz et l’électricité en Île-deFrance (Sigeif) a attribué le 16 décembre le marché pour la construction de ses deux premières stations publiques GNV-bioGNV à Bonneuil-sur-Marne et à Vanves. Le marché a été attribué à l’entreprise Tokheim (l’un des principaux fabricants mondiaux d’équipements et prestataire de services pour la distribution de carburant) en groupement avec Cirrus, société présente depuis quinze ans dans la construction des compresseurs GNV en France. Tokheim intervient sur plus de 40 000 stations de distribution de carburant dans le monde.

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UTILISATIONS ET MARCHÉS

INNOVATION

Jupiter 1000 prend son envol GRTgaz a officiellement annoncé fin 2015, dans le cadre de la COP 21, le lancement du premier projet power to gas baptisé Jupiter 1000. Ce projet de démonstrateur, basé dans la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer et dans lequel sont associés sept partenaires industriels, est une première en France.

RTgaz et ses partenaires industriels, Atmostat, le CEA, CNR, Leroux et Lotz Technologies, McPhy Energy, TIGF et le Grand port maritime de Marseille ont annoncé jeudi 3 décembre dernier le lancement du premier projet power to gas raccordé au réseau de transport de gaz français. La technologie power to gas a été régulièrement citée tout au long de 2015, année du Congrès mondial du gaz, de la COP 21 et de la promulgation de la loi sur la transition énergétique comme une solution innovante dans laquelle l’industrie gazière fonde de grands espoirs. Un projet innovant, une filière en marche Jupiter 1000 fait partie de ces projets innovants et performants qui pourraient permettre de lancer une filière industrielle d’excellence du power to gas en France. Les objectifs principaux de GRTgaz et de ses partenaires sont de construire et d’exploiter un démonstrateur power to gas avec méthanation, captage et valorisation du CO2. Ce projet de démonstrateur permettant de valoriser les excédents d’électricité renouvelable et recycler le CO2, a été initié en France fin 2013. Il sera opérationnel dès le début de cette année pour une mise en service prévue au cours de l’année 2018. D’une puissance de 1 mégawattheure, c’est la première installation à cette échelle de production en France - une vingtaine de démonstrateurs fonctionnent déjà en Europe, notamment en Allemagne. La production du procédé Jupiter pourrait produire jusqu’à 15 térawattheures par an en 2050. « Le power to gas est le chaînon manquant du système énergétique, il est l’une des illustrations des gaz verts qui

représentent l’avenir de la lutte contre le changement climatique », a déclaré Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz. Financé pour un tiers par des fonds publics, notamment européen (Feder), et supporté au deux tiers par les partenaires industriels, ce projet représente un investissement de 30 millions d’euros. Comment Jupiter fonctionne ? L’hydrogène vert sera produit par deux électrolyseurs de technologies différentes à partir d’énergies d’origine 100 % renouvelable. Une technologie de méthanation innovante sera mise en place et le CO2 nécessaire capté sur un site industriel voisin. L’hydrogène ou le méthane produit sera par la suite réinjecté dans le réseau de transport de gaz naturel. Pour Sylvain Lemelletier, chef de projet de Jupiter 1000, « construire un démonstrateur dès aujourd’hui permettra à la France d’être dans la course au power to gas ». Les premiers résultats détermineront les suites à donner au projet. Il s’agira pour GRTgaz et ses partenaires d’établir des critères techniques et économiques permettant une installation complète de ce type à plus ou moins moyen terme. Au cœur des débats sur la transition énergétique, à la pointe de la technologie, le power to gas n’en est qu’aux prémices de son développement en France. Jupiter 1000 pourrait bien lui faire prendre son envol. Laura Icart

Source : World Efficiency. o

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BRÈVES POLITIQUES ET INSTITUTIONS

POLITIQUES ET INSTITUTIONS

CARNET Patricia Barbizet a été nommée pour occuper le poste d’administratrice référente chez Total sur proposition de Patrick Pouyanné. Elle devra veiller notamment au bon fonctionnement des organes de gouvernance de la société. Jean-Marc Leroy a été élu le 13 novembre président de Gas Infrastructure Europe (GIE) lors de l’assemblée générale. Membre du conseil d’administration du GIE depuis 2005, il a été président de GSE de 2008 à 2012. Il succède à Jean-Claude Depail, en poste depuis 2010. Matthias Maedge a été nommé le 11 janvier secrétaire général de l’association européenne des véhicules roulant au gaz naturel : GNV, GNL, GPL et biogaz. Il occupait jusqu’alors le poste de secrétaire général adjoint et était directeur des affaires européennes de l’association. Marc Mortureux a été nommé le 24 décembre 2015 directeur général de la prévention des risques au ministère de l’Écologie. Ingénieur général des mines, il remplace Patricia Blanc, appelée à d’autres fonctions. Patrick Pouyanné a été nommé par le conseil d’administration de Total le 16 décembre 2015 président-directeur général du groupe, faisant suite à la décision de réunir les fonctions de président et de directeur général. Edouard Sauvage a été nommé au poste de directeur général de GRDF le 1er janvier 2016. Il succède à Sandra Lagumina. Agé de 50 ans, il est diplômé de l’École polytechnique et ingénieur en chef du corps des ponts, des eaux et des forêts. Il a occupé différentes fonctions au sein d’EDF-GDF puis de Gaz de France. Depuis 2013, il occupait le poste de directeur de la stratégie et était membre du comité exécutif du groupe Engie. o

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DE LA VISIBILITÉ POUR LE GAZ RENOUVELABLE DANS LA PPE Ségolène Royal a présenté le 13 novembre un projet de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Ces premiers éléments de la PPE donnent une visibilité de moyen terme à la plupart des filières renouvelables croissance verte. En matière d’objectifs à l’horizon 2023, le projet présenté prévoit notamment un triplement des capacités installées pour le solaire et l’éolien terrestre, le lancement d’appels d’offres pour l’hydroélectricité, une augmentation de près de 40 % de la production de chaleur issue de la biomasse et un développement exponentiel du gaz renouvelable pour atteindre 6 térawattheures.

LA LOI DE FINANCES 2015 A ÉTÉ VOTÉE La loi de finances rectificative pour 2015, publiée au Journal officiel le 30 décembre 2015, fixe dans son article 14 les nouveaux tarifs (2016) de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), notamment pour le GNV et le gazole, et dans son article 17 les tarifs de la TICPE, notamment pour le GNV et le gazole, en 2017. Elle fixe également dans l’article 11 l’abaissement du tarif de la nouvelle contribution au service public de l’électricité (CSPE) de 2,25 euros, afin de le ramener à 20,25 euros par mégawattheure, adopté avec modifications.

LE CGEDD SE DOTE DE NOUVEAUX PRÉSIDENTS Le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), par un arrêté paru au Journal officiel le 23 octobre, a nommé les présidents de chacune de ses sections thématiques : Alain Lecomte préside la section « habitat, cohésion sociale et développement territorial » ; Anne-Marie Levraut, les « milieux, ressources et risques » ; Élisabeth Dupont-Kerlan, la « transition énergétique, construction et innovations » et Emmanuel Rébeillé-Borgella, les « ressources humaines et moyens ». Ont également été nommés des présidents par intérim : Pierre Lahoche (« mobilités et transports »), Serge Arnaud (« transition énergétique, construction et innovations ») et François Cazottes (« audits, inspections et vie des services »).

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BILAN

Et la COP fut ! Douze jours intenses, quatre ans de négociations, 196 délégations, 150 chefs d’États et de gouvernements, 10 000 délégués, 170 millions d’euros de budget et un accord. Cette 21e messe mondiale pour le climat qui s’est tenue du 30 novembre au 12 décembre 2015 à Paris aura été celle de tous les superlatifs. Alors, COP ou pas COP ?

Je suis fier : fier que la France ait accueilli cette

conférence ; fier que les Nations unies aient été capables en tant que communauté internationale de prendre cette responsabilité ; fier que les idéaux de justice aient pu prévaloir ; fier de ma génération, de votre génération, qui a été capable de décider d’agir pour un monde que nous ne verrons pas. Oui, le 12 décembre 2015 restera une grande date pour la planète. » C’est par ces mots empreints de fierté et d’émotion que François Hollande a annoncé l’accord historique conclu à Paris le 12 décembre 2015. La COP 21 présidée par la France a été, du point de vue de beaucoup, un succès. De nombreuses délégations ont salué le travail des français, notamment pour avoir su impliquer l’ensemble de la société civile qui a pleinement contribué à la réussite de cet accord. Cet accord obtenu à l’arraché après des journées de négociations aux allures de marathon n’est pas parfait, de nombreux obstacles restent encore à surmonter mais il a le mérite d’exister et d’être une base solide, modifiable et révisable, sur laquelle les États pourront s’appuyer sur les prochaines années. Le président américain Barack Obama avait d’ailleurs donné le ton de cette conférence en déclarant le 30 novembre dernier : « Notre tâche à Paris est de mettre en place un cadre durable pour le progrès. Aucun pays, petit ou grand, pauvre ou riche, n’échappera au dérèglement climatique. » Un accord historique et ambitieux Ce premier accord universel pour le climat approuvé par les 196 délégations était attendu depuis longtemps, surtout depuis l’échec de la COP 15 en 2009 à Copenhague. Les contributions nationales ouvrent la voie à des changements importants dans l’économie mondiale. Elles démontrent que les pays signataires ont compris la nécessité de s’engager vers des modèles de développement plus durables, moins émetteurs de gaz à effet de serre. Cet accord doit permettre de stabiliser le réchauffement climatique résultant des activités humaines et de redoubler d’efforts pour limiter ce réchauffement à 1,5 °C d’ici 2100. L’objectif de réunir d’ici à 2020 100 milliards de dollars pour les pays du Sud afin de les aider à faire face aux impacts du dérèglement climatique en développant notamment des modèles énergétiques plus vertueux constitue une avancée. De nombreux projets de coopération sur l’éducation, la formation, la recherche, l’innovation devraient également voir le jour. Si chaque pays a fourni une contribution sous forme d’engagements, les réductions des émissions ne sont pas quanti-

fiées et elles ne devraient pas l’être avant 2020 au mieux. Si l’enveloppe de 100 milliards de dollars a bien été actée, ni les modalités de son financement ni la liste des pays participants ne sont à ce jour clairement identifiées. L’article 21 stipule que l’accord sera contraignant uniquement pour les pays qui l’auront ratifié (21.3). Il entrera en vigueur après l’approbation ou la ratification d’au moins 55 pays, représentant 55 % des émissions mondiales. L’accord de Paris a permis d’obtenir l’unité de tous les acteurs de la lutte contre le dérèglement climatique autour d’une même nécessité d’action, et cela même si de nombreuses mesures restent à définir. Il marque une nouvelle étape et ouvre peut-être la voie à des contributions plus ambitieuses pour l’avenir. Place à la COP 22 Le Maroc accueillera du 7 au 18 novembre prochain la COP 22 à Marrakech. « Je n’avais jamais senti dans les COP précédentes la dynamique et l’engouement présents à Paris. La France a su impliquer l’ensemble des parties prenantes au débat. Nous allons poursuivre sur cette dynamique positive, travailler à rendre l’accord de Paris opérationnel, poursuivre la mobilisation du public et innover toujours plus » a déclaré Hakima El Haite, ministre déléguée auprès du ministre de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement du Maroc en charge de l’organisation de la prochaine Conférence des parties. Laura Icart

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CONVENTION DE L’AFG

Gaz et climat : les enjeux et les défis à relever La convention « Gaz et climat : les enjeux et les défis à relever », organisée le 3 novembre dernier par l’AFG, a réuni près de 300 personnes au grand auditorium HSBC, à Paris. Quelques semaines avant l’ouverture la conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21), les grands acteurs de l’industrie gazière s’étaient donné rendez-vous pour évoquer leurs engagements face aux changements climatiques. Quels sont les avantages environnementaux du gaz naturel ? Comment s’organisent les entreprises gazières pour répondre au défi climatique ? Quelles sont les technologies mises en place ? Quelle est la place du GNL carburant ? L’occasion aussi d’évoquer les nombreuses solutions proposées par les gaziers : des smart grids pour mieux maîtriser la consommation, à la mobilité au gaz qui améliore la qualité de l’air (grâce aux carburants alternatifs GNV, GNL et GPL), en passant par la technologie power to gas pour valoriser la surproduction d’électricité issue des énergies renouvelables mais également le développement de la filière biométhane, bioGPL et bioGNV faisant du gaz une énergie locale et renouvelable…

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Discours d’ouverture

Jérôme Ferrier, président de l’AFG

Un certain nombre d’événements importants pour le monde gazier que vous représentez sont intervenus depuis le début de l’été. Il y a eu d’abord la déclaration du président Obama sur le Clean Power Act, fixant des objectifs très ambitieux de réduction de 32 % des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030. Par ailleurs, la Chine, ce grand contributeur aux effets de réchauffement climatique et d’émissions de CO2, est en train de réorienter toute sa politique de génération électrique. Cela constitue une très bonne nouvelle pour le gaz, autant aux États-Unis, puisque la démarche se conclut par un transfert de la génération au charbon vers la génération au gaz, qu’en Chine, qui deviendra assez rapidement le premier pays importateur de gaz naturel liquéfié. Il y a eu aussi, en France, le 22 juillet, l’adoption de la loi sur la transition énergétique, qui a été validée par la suite par le Conseil constitutionnel. Elle a été importante pour nous parce que nous nous sommes mobilisés pendant plusieurs mois pour faire évoluer le premier texte qui ne nous convenait pas du tout. Celui-ci omettait de parler des énergies fossiles, oubliant que l’électricité doit être générée à partir d’une énergie primaire et que le gaz est la meilleure des énergies fossiles, capable d’accompagner cette transition énergétique. Cette mobilisation s’est traduite par deux points majeurs dans la loi. Premièrement, cette dernière fixe certes des objectifs de réduction de 30 % des énergies fossiles à l’horizon 2030, mais en tenant compte des émissions de CO2 de chacune. Cette disposition place les gaziers dans une position préférentielle. Deuxièmement, le premier projet de loi évoquait exclusivement la mobilité électrique. Nous avons expliqué au législateur que cette électricité devait bien être générée, que les énergies fossiles allaient être amenées à compléter l’offre nucléaire et des énergies renouvelables et qu’il était donc préférable d’inclure ces énergies fossiles dans la mobilité plutôt que de passer par l’étape intermédiaire de l’électricité. Nous avons été entendus par les politiques et il a ainsi été réintroduit une option de carburant alternatif. Le troisième point qui nous a mobilisés à partir du mois d’août est la volonté de généraliser aux autres énergies, en particulier au gaz naturel, la contribution au service public de l’électricité. Cette facture est évidemment en train d’exploser. Les subventions sont considérables et, compte tenu des perspectives d’évolution de ces énergies renouvelables, la facture, qui représente 2 milliards d’euros pour l’année 2015, va rapidement doubler dans les prochaines années. Une augmentation insupportable pour la seule facture d’électricité et qui est pourtant la conséquence d’une politique voulue par l’ensemble des citoyens : tout le monde veut une énergie plus propre et a envie que l’électricité soit générée à partir d’énergies renouvelables ; mais il faut en assumer le prix et les conséquences. Le gouvernement a ainsi voulu élargir la contribution aux autres énergies. Nous avons eu très peur d’une part d’un retour en arrière, à travers un effet rétroactif de la mesure, et d’autre part que le gaz naturel soit la seule des

autres énergies mise à contribution. On peut dire aujourd’hui que nous sommes rassurés, même si les arbitrages ne sont pas encore définitifs. Cela dit, les mesures prises auront des conséquences sur la facture gazière, mais elles seront un peu atténuées. Le quatrième élément, dont on a assez peu parlé mais qui peut être d’un impact considérable, est le lancement par dix grandes compagnies du secteur énergétique d’une initiative, appelée « oil and gas climate initiative ». Ces dernières ont pris clairement position pour la réduction du torchage dit « de routine » et la diminution des émissions de méthane. Il est à noter que les grands acteurs américains et chinois ne participent pas à cette initiative. Pour autant, ils y viendront parce que la démarche est lancée et ne devrait pas s’arrêter. Le mouvement est inexorable et s’inscrit bien au-delà de ce que certains médias ont relayé en parlant de green bashing des grands pollueurs. La COP 21 se tiend quelques mois après le Congrès mondial du gaz. Le message affiché lors de ce congrès a été très clair : le gaz est une énergie du futur, avec deux composantes qui sont appelées à croître, à savoir le biogaz que l’on voit entre 3 et 9 TWh à l’horizon 2020 en France et le power to gas qui sera un élément déterminant pour accompagner le développement des renouvelables et que les spécialistes voient entre 20 et 30 TWh à l’horizon 2050 en France. La mobilité sera également une composante très importante puisqu’on estime qu’elle pourrait concerner 65 millions de véhicules au gaz en 2020, contre 18 millions aujourd’hui. Nos prochains combats sont au nombre de trois. Le premier est que l’on cesse de diaboliser le gaz en banalisant les énergies fossiles. Nous y sommes en partie arrivés puisque les pouvoirs publics ont intégré cette composante dans la loi de transition énergétique. Mais il reste encore du chemin à parcourir, comme en témoignent les propos récents tenus par un tycoon du développement durable que je ne nommerai pas : « Les énergies fossiles – le charbon, le pétrole et le gaz – sont les ennemis du climat et de l’humanité. » Même s’il est important de prendre conscience qu’il faut à l’avenir réduire les énergies fossiles – probablement plus le charbon que le gaz –, comparer leur développement à un crime contre l’humanité est pour le moins dramatique, car cela transmet dans

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l’opinion publique l’idée que toutes les énergies fossiles, le gaz comme les autres, sont au fond les ennemis de la lutte contre le changement climatique. Notre second combat est de donner au biogaz un statut d’énergie renouvelable. Le biogaz doit faire partie des énergies renouvelables, aux côtés de l’éolien et du solaire. Même s’il émet, contrairement à l’éolien et au solaire, du CO2 ou du méthane, il en émet moins que si on laisse ce CO2 ou ce méthane se répandre naturellement dans l’atmosphère. En tout état de cause, le biogaz doit pouvoir revendiquer son statut d’énergie renouvelable. Le troisième combat est notre mobilisation pour un prix du carbone. Nous pensons que c’est un élément fondamental pour les innovations technologiques, notamment dans le domaine de la séquestration du CO2 et le développement du power to gas. En février 2015, à propos de l’exploration des gaz de schiste,

Bernard Tardieu,

président de la commission énergie et changement climatique de l’Académie des technologies Le Centre hydrocarbures non conventionnels (CHNC) a décidé de se doter d’un conseil scientifique, que je préside. D’ores et déjà neuf documents techniques sont en cours de relecture finale, sur des questions telles que les émissions de gaz à effet de serre, la fin d’activité et le devenir des sites, la fracturation hydraulique ou la sismicité. Ce travail est important car beaucoup de rumeurs circulent sur ces sujets. La production de documents de quelques pages, fondés sur des références scientifiques, donne une base très utile à ce centre d’information. Je souhaite vous parler d’un rapport sur le méthane qui a été proposé l’année dernière par l’Académie des technologies. Je vous invite à le consulter et le diffuser car il n’existe pas d’autre document en France qui couvre de façon aussi exhaustive l’ensemble des problématiques liées au méthane. L’effet radiatif du méthane est beaucoup plus important que celui du CO2, mais sa durée de vie est très courte. Le méthane peut être ainsi considéré comme un mauvais gaz du point de

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Bernard Tardieu de l’Académie des technologies, déclarait : « On ne peut pas bâtir une civilisation sur la peur. » Je m’approprierais volontiers cette phrase parce qu’elle me semble extrêmement pertinente. On ne peut pas bâtir une civilisation sur la peur. Or, on est en train de créer un sentiment de peur notamment avec l’inscription dans la Constitution du principe de précaution. Un certain nombre de personnalités sont en train de réfléchir pour savoir comment le faire évoluer sans remettre en cause son principe constitutionnel mais en allant peut-être davantage d’un principe de précaution vers un principe de protection. Bernard Tardieu va nous présenter sa vision et ses espérances en vue de la COP 21. Il va vous faire part de la place du nucléaire et des renouvelables dans le mix énergétique ; ainsi il nous sera possible d’établir la place de notre énergie face au pétrole et au charbon. vue du climat. D’où vient la génération du méthane ? Dans l’ensemble, l’essentiel du méthane de notre planète est généré par deux voies : la fermentation de la cellulose et les combustions incomplètes. Une fois le méthane produit, on peut soit tenter de le récupérer, soit le transformer en CO2 par combustion (c’est le torchage). Le gaz naturel est constitué essentiellement de méthane. Par voie de conséquence, toutes les fuites, tous les dégazages, toutes les purges libèrent du méthane. Cela étant, depuis plusieurs années, votre industrie a accompli de gros efforts pour éviter ces relâchements de gaz. Au XXe siècle, les prévisions faisaient état d’une pénurie à terme des énergies fossiles et d’une forte hausse de leur prix, et tablaient sur une convergence naturelle entre l’économie de combustion de fossiles et la lutte contre le réchauffement climatique. Ces prévisions se sont avérées totalement fausses. Il faut au contraire être de plus en plus vertueux pour ne pas acheter des énergies fossiles qui sont abondantes et qui ne coûtent pas cher. Je visitais, il y a dix jours, une centrale solaire thermodynamique au Maroc, dont la source froide est garantie par l’eau d’un barrage. On pourrait penser que ce pays utiliserait le gaz algérien pour la génération d’électricité, mais ce n’est pas le cas. En l’occurrence, il fait appel à une centrale à charbon car le coût est nettement moins élevé que celui du gaz. De même, en Europe, on constate que les centrales à gaz à très haut rendement sont mises sous cocon. Le charbon émet environ 1,8 fois plus de CO2 que le méthane. Mais la problématique est celle de l’énergie fournie par rapport à une quantité de CO2 émise. Les turbines à gaz à cycle combiné atteignent des rendements nettement supérieurs à 50 %. En revanche, à cycle ouvert, les rendements sont plus bas. De plus, il ne faut pas oublier que le charbon a aussi fait des progrès. Le rendement des centrales à charbon était de 20 % en 1946, 35 % en 1970 et 45 % en 2000. Il est désormais de 47 %. Vous vous réjouissez qu’en Chine le gaz se développe dans les grandes villes, essentiellement pour des raisons sanitaires. Mais dans le même temps, les Chinois décident de façon autoritaire de fermer les vieilles centrales à charbon de moins de 200 mégawatts pour les remplacer par de grandes centrales à charbon à très haut rendement. La compétition entre le gaz et le charbon reste donc intense et force

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est de constater qu’actuellement, le gaz est perdant, du fait du système de prix. Le charbon, comme le gaz, émet du méthane, le grisou, mais pas du tout de la même façon. Certes, dans les mines modernes, le grisou est drainé pour des raisons de sécurité puis récupéré et utilisé. Mais dans les autres mines, qu’elles soient ouvertes ou fermées, le méthane est libéré. L’industrie du charbon émet ainsi à peu près autant de méthane que l’industrie du gaz naturel puisqu’elle représente environ 6 % des émissions de la planète, contre 11 % pour le gaz et le pétrole réunis. Le gaz de schiste a été lui-même très critiqué au début de son exploitation. En effet, les émissions par fuites atteignaient 10 % les premières années. Aujourd’hui, on cite des valeurs de 3 %. On peut dire que les défauts de jeunesse du gaz de schiste, par rapport à l’ensemble de la filière gaz, se sont beaucoup réduits. Désormais, le gaz de schiste, moyennant quelques efforts, peut avoir les mêmes vertus que le gaz fossile traditionnel. En 2014, on disait dans les milieux universitaires que pour mettre en équivalence le gaz et le charbon, il fallait un prix de CO2 autour de 30 euros la tonne. Comme vous le savez, le prix actuel du CO2 est de l’ordre de 6 euros la tonne. Cette valeur très faible n’a aucun impact sur les décisions d’investissement. La plateforme énergie d’Euro-Case [fédération d’académies européennes rassemblant des professionnels de l’ingénierie, des sciences appliquées et des technologies, NDLR] a lancé une réflexion l’année dernière pour essayer d’analyser les raisons de ce prix bas et les mesures qu’il conviendrait de prendre pour changer ce prix. Une première raison avancée est celle des subventions en grand nombre qui cannibalisent l’emission trading scheme (ETS). Mais cette explication n’est pas suffisante. La deuxième raison tient au fait que dans un contexte de crise économique, la plupart des industriels parviennent à se tenir en dessous du plafond sans aucun effort, générant ainsi des excès de permis. C’est d’ailleurs pour cela que la commission que je préside a essayé de créer la rareté en retirant des permis et en les plaçant dans une réserve. Pour notre part, nous sommes convaincus qu’il faut lancer un signal prix et non uniquement un signal quantitatif. Nous avons donc proposé qu’un prix minimum et un prix maximum soient fixés. Cette proposition n’a malheureusement que peu de chances d’être acceptée par la Commission européenne. La troisième raison de l’échec de l’ETS est la suivante : si le prix est très bas et si les industriels étaient convaincus que le prix allait augmenter significativement dans les prochaines années, ils achèteraient massivement pour se couvrir. Or, ce n’est pas le cas. Cela signifie que personne n’a confiance dans l’avenir du processus. Les gaz non fossiles présentent aussi un intérêt, au premier rang duquel figure le biogaz. Il est à noter d’ailleurs que le prix de rachat de l’électricité à partir de biogaz a enfin augmenté. Le power to gas exaspère les électriciens car il fait l’hypothèse que l’électricité a une valeur négative. C’est effectivement perçu comme infâmant pour un acteur qui se donne le mal de produire de l’électricité avec constance. Tous ces gaz sont des renouvelables à l’état pur et non des fossiles. Ils se gèrent, se stockent et vont devenir totalement indispensables. En effet, si l’on augmente beaucoup les

énergies intermittentes, comme les allemands l’ont démontré, on se heurte tôt ou tard à un plafond de 24 % ou 25 % de l’énergie totale consommée, ceci du fait du régime des vents et de l’ensoleillement des régions concernées. Pour atteindre des pourcentages supérieures, on a besoin d’une énergie qui soit « dispatchable » et productible à chaque instant. Or le gaz peut répondre à cette problématique, d’autant que ce sont les mêmes industries qui ont les mêmes intérêts à le développer simultanément. Certains, comme l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), pour augmenter considérablement la part de renouvelables, mettent en avant les possibilités de stockage. Cependant, il faut savoir que le stockage hydraulique, le seul qui ait fait ses preuves, porte au maximum sur sept heures, alors que les trous de vent durent jusqu’à cinq à sept jours. Il n’y a donc pas vraiment d’autre solution que celle des énergies stockables, à savoir le gaz et la bioénergie.

Questions-réponses De la salle Je m’interroge sur le rôle des puits de méthane en matière d’émission de gaz à effet de serre ? Bernard Tardieu Le principal gaz à effet de serre est la vapeur d’eau. Or, dès que le méthane est mis en présence de radicaux OH, il réagit et produit de la vapeur d’eau et de l’ozone. Ce puits de méthane peut varier considérablement d’une région à l’autre de la planète, en fonction de la quantité de radicaux OH. Le deuxième grand acteur de l’émission des gaz à effet de serre, ce sont les sols. On a très souvent pointé l’agriculture comme étant émettrice de gaz à effet de serre. Cependant, il faut savoir que si une vache ne mange pas de cellulose, elle n’émet pas de méthane. De même, le riz cultivé en sol sec n’émet pas de méthane. De la salle Quelle est votre opinion sur l’étude récente de l’Ademe consacrée au mix électrique 100 % renouvelable à l’horizon 2050 ? Bernard Tardieu La démarche de l’Ademe porte sans doute sur un horizon trop court. En 2050, le nucléaire et les énergies fossiles seront encore bien présents. En outre, il n’est pas pertinent de se concentrer sur l’électricité sans parler du chauffage et de la mobilité. Par ailleurs, il n’est pas nécessaire de se projeter sur le très long terme pour découvrir que la difficulté réside dans le passage de l’été à l’hiver. Cela étant, la démarche de l’Ademe n’est pas inintéressante car elle permet de mettre en évidence l’échec du stockage purement électrique et la nécessité de développer le power to gas et les énergies « dispatchables ».

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Table ronde 1

Les réponses de l’industrie gazière Fabienne Keller, sénatrice du Bas-Rhin ; Gérard Moutet, directeur climat-énergie du groupe Total ; Jean-Michel Figoli, directeur stratégie, développement et régulation, branche infrastructures d’Engie ; Didier Jost, administrateur au Syndicat professionnel des entreprises gazières non nationalisées (SPEGNN). Le débat était animé par Hervé Casterman, directeur environnement d’Engie. la question du financement du fonds vert pour le climat. Ce dernier constitue une aide aux pays du Sud, pour les épauler à la fois dans leur passage à des énergies plus propres et dans leur adaptation aux conséquences du changement climatique.

Fabienne Keller, sénatrice Les enjeux de la COP 21 Dans le cadre de la COP 21, chaque État doit rendre public une contribution (en anglais INDC, « intended nationally determined contribution »), c’est-à-dire un engagement national qui soit mesurable, vérifiable et révisable. Ces INDC sont de nature très variable suivant les pays. À titre d’exemple, la Russie, hors effets forestiers, s’engage assez peu en matière de réduction des émissions de CO2. En revanche, elle affiche une volonté d’extension de sa forêt boréale qui améliore considérablement son objectif pour 2050. Les engagements sont donc très hétérogènes. Cela renvoie au principe même de la COP 21. En l’occurrence, les pays sont libres de définir leurs engagements, mais avec l’idée qu’une forme de pression sera exercée à leur encontre pour qu’ils prennent ces engagements. À cet égard, le cas chinois est intéressant : c’est essentiellement la sensibilité de la population aux questions de pollution atmosphérique qui a conduit le gouvernement à aller plus loin dans ses engagements. Le deuxième enjeu est de distinguer désormais trois groupes de pays et non plus deux : les pays développés qui émettent depuis plus d’un siècle, les pays en développement et les pays émergents (Inde, Brésil, Chine, Afrique du Sud, etc.) pour lesquels les engagements devraient être plus marqués et ne pas être limités au contenu carbone de leurs émissions. Le dernier enjeu de la COP 21 est le financement et notamment

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Les énergies fossiles Pour aborder le sujet des énergies fossiles, je me permettrai de faire référence au rapport que j’ai rédigé avec Denis Baupin sur le véhicule écologique. Il est intéressant de noter que nous sommes partis de la voiture électrique pour finalement aboutir au véhicule écologique. Nous avons procédé à une analyse complète de toutes les énergies sans vouloir choisir, considérant que l’important était de poursuivre la recherche et d’essayer de développer des motorisations sobres en termes de consommation d’énergies fossiles. Une autre piste mise en avant consistait à changer la nature du véhicule, par exemple son poids. Nous avons aussi étudié les évolutions relatives à la propriété des différents modes de transport. Sur ce sujet global des énergies fossiles, se pose la question de l’augmentation de l’utilisation du charbon dans le monde. Comme vous le savez, les allemands ont remis en service de nombreuses centrales au charbon. On peut lire ici ou là que ces charbons sont souvent de très mauvaise qualité. Ce retrait du nucléaire ayant des conséquences d’augmentation de consommation d’énergies fossiles se vit en Allemagne, en Suisse, au Japon. Il représente un vrai défi pour la qualité de l’air et les émissions de gaz à effet de serre. De mon travail, j’ai retenu l’idée d’une forme de sobriété. Il ne s’agit pas seulement de choisir la bonne énergie. Il faut surtout être plus sobre, c’est-à-dire rendre le même niveau de service pour une consommation moins dispendieuse. Cela rejoint la question de la mobilité, mais aussi le défi immense de l’isolation thermique des logements. Enfin, je voudrais évoquer le sujet du carbone versus l’ensemble des polluants. Pour l’instant, les débats sont focalisés sur le carbone et cette prise en compte globale de l’ensemble des polluants n’est pas encore très bien assurée. À cet égard, je voudrais vous faire part d’une proposition que j’ai formulée dans un rapport récent et qui a été adoptée par la commission des finances du Sénat. Pour financer le fonds vert et aider ainsi les pays du Sud à structurer leur transition énergétique et à préparer leur adaptation aux conséquences du changement climatique, j’ai proposé une taxation sur les consommations de gazole par les bateaux et les avions.

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Gérard Moutet, Total La mobilisation des industriels Les industriels, acteurs du changement Comment concilier d’une part l’objectif de limiter à 2 degrés le réchauffement climatique et d’autre part la nécessité de fournir l’énergie nécessaire au développement dans le monde, tout particulièrement dans les pays émergents ? En tant qu’acteurs du secteur énergétique, nous sommes entièrement impliqués dans cette problématique. Nous sommes aussi une partie de la solution. En effet, nous avons des capacités technologiques, une connaissance du marché de l’énergie et une implantation mondiale qui font de nous des acteurs du changement. Nous en avons la volonté. L’optimisation du budget carbone La science est claire : au-delà d’une certaine limite d’émission cumulée globale de CO2 sur l’ensemble de la planète, l’objectif de limiter à 2 degrés le réchauffement climatique ne sera pas atteint. Il convient donc d’optimiser ce « budget carbone » dont nous disposons. Pour cela, il faut notamment maximiser l’usage du gaz au détriment du charbon. Pour rappel, une centrale électrique au gaz émet de l’ordre de deux fois moins qu’une centrale électrique au charbon. Autrement dit, pour le même budget carbone, on bénéficie de deux fois plus d’électricité si l’on utilise du gaz plutôt que du charbon. L’optimisation du budget carbone se traduit de différentes façons pour une entreprise comme Total. En premier lieu, la part du gaz dans la production de l’entreprise a considérablement augmenté, de 35 % il y a une quinzaine d’années à 50 % aujourd’hui. En second lieu, Total a annoncé sa sortie du charbon. Enfin, le groupe est un des principaux acteurs du GNL. Ceci se faisant en parallèle d’une forte implication du groupe dans les énergies renouvelables, en particulier le solaire où Total avec sa filiale SunPower est un des principaux acteurs mondiaux.

de la « climate and clean air coalition » (CCAC), compagnies pétrolières et États agissent de concert pour une maîtrise renforcée des émissions de méthane. Globalement, depuis la conférence de Copenhague, et en particulier ces dernières années, il semble que la relation et le dialogue entre les compagnies industrielles et les autres parties prenantes évoluent de façon constructive, avec plus de confiance. Investir dans la technologie Les investissements dans la technologie sont évidemment indispensables. À cet égard, j’ai le sentiment que l’on sousestime fortement les capacités d’évolution technologique, en ayant une vision un peu statique de ce qui peut être fait. Dans les prochaines années, des progrès considérables seront sans doute accomplis dans des domaines comme la mobilité, la motorisation, le stockage de l’énergie, la capture et le stockage du CO2, le solaire ou encore l’efficacité énergétique.

Des signaux de marché très clairs Aujourd’hui, les trois-quarts des émissions mondiales de CO2 ne sont pas soumises à contribution (marché de quotas CO2 ou taxes). Total milite très fortement pour que les émissions CO2 aient un coût qui soit réaliste et suffisant pour permettre d’enclencher un changement. Avec cinq autres compagnies pétrolières, le groupe a d’ailleurs publié un appel en ce sens, en étant conscient qu’au début le plus probable est que ces prix des émissions de CO2 apparaissent de façon non coordonnée, selon les contextes des différents pays ou régions. Intensifier le travail collaboratif Total croit beaucoup à la collaboration entre les États et les compagnies, mais aussi à l’intérieur des compagnies. Une démarche telle que l’« oil and gas climate initiative » (OGCI) peut contribuer au changement : à travers l’OGCI, dix compagnies se sont réunies pour agir en reconnaissant l’ambition de limiter le réchauffement à 2 degrés et en constatant que les évolutions actuelles des émissions de gaz à effet de serre (GES) ne vont pas dans le bon sens. De la même façon, au sein

Jean-Michel Figoli, Engie La chaîne gazière au service de la transition énergétique Les atouts du gaz naturel Le gaz naturel possède des atouts majeurs pour accompagner la transition énergétique. Il est en effet l’énergie fos-

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sile la moins productrice de CO2. Sa teneur en soufre et en particules fines est très faible. Le gaz naturel présente aussi l’avantage d’être stockable, que ce soit sous forme gazeuse ou liquide. Il est également une énergie qui offre de très hauts rendements de combustion et contribue ainsi à l’amélioration de l’efficacité énergétique. Enfin, cette énergie se combine facilement avec les autres et permet de suppléer les énergies électriques intermittentes. Infrastructures gazières et transition énergétique La chaîne gazière, grâce à des infrastructures efficaces, disponibles et bien distribuées, permet de développer les nouveaux usages du gaz (biogaz, mobilité gaz, etc.). Elle permet également d’absorber le gaz ou l’hydrogène fabriqués à partir de l’électricité, de le transporter et de le livrer. Enfin, par la généralisation des compteurs communicants, elle contribue globalement à mieux maîtriser la consommation. Le contexte de la chaîne gazière Trois grands axes de développement s’offrent aujourd’hui au gaz : le développement de nouveaux produits (biométhane, hydrogène, méthane de synthèse) qui pourront être injectés dans les réseaux de gaz, le développement des nouveaux usages (mobilités nouvelles, small scale LNG) et la complémentarité entre les réseaux gaz et électricité.

• Le compteur communicant gaz Gazpar est appelé à équiper les 11 millions de foyers clients de GRDF dans les années à venir. Il permettra une meilleure connaissance des consommations et on prévoit un gain moyen de 1,5 % en termes d’efficacité énergétique. • Le biométhane Le biométhane est le produit de la transformation des déchets agricoles ou ménagers. Demain, il pourra provenir de la gazéification de la biomasse et ultérieurement de la production par micro-algues. Le potentiel total est estimé autour de 400 TWh à l’horizon 2050, dont plus de 200 TWh pour la filière méthanisation. Une partie du biométhane est transformable en chaleur consommée sur place, une autre partie peut être directement utilisée comme combustible pour les véhicules et le reste peut être injecté dans les réseaux de gaz. • Le power to gas Le power to gasest le procédé qui permet la transformation de l’électricité, produite de façon intermittente, en combustible. La première étape est l’électrolyse et la production d’hydrogène. Ce dernier peut être injecté directement dans les réseaux de gaz. Il peut être aussi utilisé pour les piles à combustible. Enfin, il peut être reconfiguré par un procédé de méthanation, avec du CO2, et produire du méthane de synthèse qui est réinjecté dans les réseaux. Le power to gas est porteur de beaucoup d’espoir, même s’il n’en est actuellement qu’à l’état de prototype.

Qui sont les entreprises locales de distribution ? La France compte 27 entreprises locales de distribution de gaz naturel (ELD). Elles sont détenues majoritairement par des collectivités. Elles peuvent exercer plusieurs métiers : gaziers, électriciens, voire prestataires de services. La branche gazière des ELD emploie 1 200 salariés, dessert 500 000 clients et achemine environ 14 TWh de gaz.

Didier Jost, SPEGNN L’engagement des entreprises locales de distribution de gaz naturel dans la transition énergétique des territoires Il y a quinze ans, le gaz naturel était au sommet de la pyramide écologique. Dans l’esprit de la population, le gaz était naturel non pas parce qu’il était d’origine naturelle, mais parce qu’il était vert. Aujourd’hui, l’image du gaz est bien différente. Les énergies carbonées sont au centre du débat et le gaz naturel est remis en cause et montré du doigt. Dans ce contexte, comment les entreprises locales de distribution se lancent-elles dans la transition énergétique ?

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Quelles stratégies face aux défis de la transition énergétique ? Fortes d’une vision territoriale qui les met au service du territoire et de ses citoyens, les ELD répondent à trois grands enjeux de la transition énergétique : le développement et le pilotage des infrastructures, l’action sur la performance énergétique et le développement des énergies renouvelables. En matière de développement et de pilotage des infrastructures, les ELD continuent à étendre et densifier le réseau de gaz naturel. Elles favorisent le réseau gazier communicant. Certaines développent et modernisent des réseaux de chaleur urbains. Elles s’efforcent également d’enraciner la filière GNV. S’agissant de la performance énergétique, les ELD accompagnent les collectivités dans la rénovation de leur patrimoine bâti. Certaines ont même créé des bureaux d’études dédiés à cette activité. Les ELD s’attachent également à favoriser les économies d’énergie et à mettre en œuvre des contrats de performance énergétique. En matière de développement des énergies renouvelables, les ELD entendent favoriser l’injection de biométhane sur ses réseaux. Elles s’efforcent aussi d’investir dans la méthanisation et diverses filières d’énergies renouvelables.

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Favoriser l’injection de biométhane dans les réseaux : l’exemple d’un projet abouti Biovalsan La station d’épuration (Step) de Strasbourg est la première en France à injecter, dans son réseau de gaz, du biométhane issu de déchets. Ce projet a été subventionné par la Commission européenne à hauteur de 2,3 millions d’euros. Il a été co-développé par l’ELD Réseau GDS et Suez, l’exploitant délégataire. L’investissement a représenté 6,4 millions d’euros. Ce projet a contribué à la création du cadre réglementaire pour l’injection du biométhane dans les Step. Investir dans la méthanisation : l’exemple d’un projet en cours L’ELD Gaz de Barr (Bas-Rhin) porte un projet qui fédère un regroupement d’agriculteurs et de PME afin de transformer leurs déchets en biométhane. Ce projet est soutenu par les collectivités locales au titre de l’économie circulaire – les déchets produits localement génèrent de l’énergie consommée localement. Le montant de l’aide octroyée par la région Alsace et l’Ademe est de 1,1 million d’euros pour un investissement total de l’ordre de 6 millions d’euros. Toutefois, ce projet est retardé car l’emplacement retenu, constructible au plan local d’urbanisme (PLU), est situé à côté d’une station d’épuration, laquelle souhaite conserver une réserve foncière pour des aménagements ultérieurs. Par défaut, un autre emplacement a été envisagé, mais le terrain n’est pas constructible à ce jour. La transformation en cours du PLU en PLU intercommunal gèle les vocations des terrains pour une durée de trois à quatre ans et reporte d’autant le projet de méthanisation.

Débat De la salle J’observe qu’une mutation est en cours en matière de consommation énergétique des navires. Ainsi, de nombreuses initiatives sont prises sur le Rhin, notamment avec le développement du gaz naturel liquéfié. Fabienne Keller Effectivement, des progrès ont été constatés, notamment en termes de motorisation. Le transport maritime devrait néanmoins voir ses émissions de gaz à effet de serre augmenter dans les trente prochaines années. C’est d’ailleurs pour cela qu’il convient à la fois de prendre des mesures fiscales, pour financer les changements, et encourager la recherche et les évolutions technologiques. De la salle Quelle est la durée du contrat d’engagement pris par les agriculteurs dans le cadre du projet de méthanisation initié par Gaz de Barr ?

Didier Jost Gaz de Barr entend fidéliser les agriculteurs en leur ouvrant le capital de la société. Elle travaille également en étroite collaboration avec la chambre d’agriculture afin de limiter au maximum les contraintes pesant sur les exploitations agricoles. De la salle J’ai le sentiment que la voix des gaziers n’est pas audible dans ces débats sur le climat et le réchauffement climatique. Certes, les gaziers lancent des projets, mais ceux-ci s’inscrivent le plus souvent dans le long terme et restent de faible dimension. Hervé Casterman Les énergies renouvelables connaissent une très forte croissance alors que beaucoup d’énergéticiens n’y croyaient pas il y a encore quelques années. Il faut aujourd’hui que l’industrie gazière sache se mobiliser pour suivre cette voie. Gérard Moutet À l’échelle mondiale, la voix du gaz se fait beaucoup plus entendre aujourd’hui que dans le passé. Certes, il reste encore beaucoup de travail à accomplir. Mais le gaz commence à se distinguer du charbon et est au moins reconnu comme énergie de transition. Jean-Michel Figoli Le discours de l’industrie gazière n’a pas été très audible au cours des dernières années. Pour autant, dans le cadre de la préparation de la loi sur la transition énergétique et de la COP 21, les industriels ont su promouvoir des scénarios qui montraient que les objectifs en matière de réchauffement climatique pouvaient être atteints avec des solutions à base de gaz. Cela étant, force est de reconnaître que les nouveaux usages du gaz - comme le biogaz - représentent des volumes de production encore très faibles au regard de la consommation à l’échelle de la France. Jérôme Ferrier Certains opérateurs amont, notamment Total, prônent un juste prix du carbone. D’autres acteurs, comme les ELD, s’investissent fortement dans le développement du biométhane. La réponse à ces attentes ne peut être qu’européenne. Or, Bruxelles ne fait aucun geste fort en la matière, du fait des réticences de certains pays comme l’Allemagne et la Pologne. Fabienne Keller De grands économistes ont lancé récemment un appel à un marché unifié du carbone. Aujourd’hui, ce marché fonctionne relativement bien, mais uniquement pour les grands émetteurs. Par ailleurs, on peut regretter qu’à ce jour les politiques énergétiques des pays européens ne soient pas coordonnées. Il n’existe pas davantage de stratégie claire de l’Europe dans ce domaine. La question même de l’énergie est

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appréhendée de façon totalement différente selon les pays. À titre d’exemple, l’énergie fait partie intégrante du débat public allemand ou suisse, alors qu’elle est pratiquement absente du débat public français. De la salle Le gaz n’est pas seulement une composante de la transition énergétique mais sera une composante du mix énergétique de demain. L’hydrogène, le biométhane, le méthane de synthèse sont certes des énergies renouvelables, mais non intermittentes. Pour que ces nouvelles solutions ne subissent pas les écueils qu’ont connus les filières du renouvelable électrique, il convient de s’interroger sur la problématique du stockage. Jean-Michel Figoli La problématique du stockage dépasse le cadre de l’usage du biogaz ou de gaz de synthèse. Le stockage est un dispositif qui joue un rôle à la fois de modulation été-hiver et de sécurité d’approvisionnement.

De la salle Le véhicule électrique a réussi à s’imposer, notamment parce que les électriciens, les équipementiers et les constructeurs automobiles ont su se fédérer. Ne faudrait-il pas suivre cette même voie pour développer la mobilité au gaz ? Jean-Michel Figoli Outre le lien avec les constructeurs automobiles, il convient également de renforcer les partenariats et la coordination avec les réseaux des stations-service, de maintenance et de vente de véhicules. Fabienne Keller Dans mon rapport, j’ai bien pris garde de ne pas mettre en exergue la voiture électrique comme la solution absolue. D’autres modes de propulsion doivent être explorés et le gaz a toute sa place dans les solutions susceptibles d’apporter une réponse efficace. De la salle L’AFGNV fédère déjà tous les acteurs de la filière : producteurs et distributeurs de gaz, constructeurs camion…

Table ronde 2

Mobilité et climat : quelle place pour le GNL carburant ?

Jean-Marie Millour, délégué général de l’association BP2S ; Patrick Latta, directeur du marketing et des partenariats de BNP Paribas Rental Solutions ; Philippe Van Deven, directeur général de GNVert ; Jean-François Daubonne, directeur commercial France de Gas Natural Europe. La table ronde était animée par George Bouchard, délégué général de l’AFG.

Jean-Marie Millour, BP2S Le transport maritime à courte distance Transport maritime et environnement Le transport maritime à courte distance affiche une meilleure efficacité énergétique que les autres modes de transport et s’avère moins nocif pour l’environnement. Son développement est donc parfaitement en ligne avec les politiques européennes, notamment en termes de réduction des émissions de CO2. Toutefois, il reste encore des progrès à accomplir pour améliorer l’impact environnemental du transport maritime, en particulier s’agissant des émissions d’oxydes de soufre (SOx), d’azote (NOx) et de particules. Politique européenne de réduction des émissions du transport maritime Outre les programmes de réduction des émissions de CO2, un

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pas important a été franchi avec l’adoption de la convention internationale Marpol. La directive européenne qui s’en est suivie établit ainsi des limites en termes de teneur en soufre des carburants marins et fixe des normes NOx plus strictes pour les nouvelles constructions. En parallèle, une autre directive impose à chaque État membre d’élaborer une stratégie pour le déploiement pour les carburants de substitution et de définir des objectifs nationaux pour la mise en place de nouveaux points de recharge et de ravitaillement pour les différents types de carburants dits « propres ». Quel mode de transport choisir ? • Le gasoil marin Face à ces contraintes réglementaires, la solution la plus évidente est de basculer du fuel lourd au gasoil marin (MGO). Cet investissement ne représente pas un coût significatif. En revanche, le prix du MGO est beaucoup plus élevé que celui du fuel lourd. • Le fuel lourd Une autre alternative consiste à conserver le fuel lourd, tout en installant des systèmes de nettoyage des fumées. Toutefois, cette solution n’est pas adaptée à tous les navires et représente un investissement élevé. De plus, si elle permet de résoudre la problématique de la teneur en soufre, elle ne résout aucunement les autres problématiques de pollution (NOx, etc.). • Le GNL Le GNL est une option de plus en plus envisagée pour les navires neufs. A priori, son prix est moins élevé que les autres solutions en termes de carburant. En revanche, l’investissement dans un navire au GNL représente un coût considérable. Il convient toutefois de souligner que le GNL est la seule solution qui apporte un maximum de réponses positives aux problématiques environnementales. Le GNL, une solution pour le maritime et les autres modes de transport Tous les types de navires peuvent être propulsés au GNL, même si les ferries destinés au transport de passagers, de voitures, de poids lourds, etc., semblent aujourd’hui privilégiés. Le GNL s’avère également attractif pour le fluvial. Ce dernier est en effet confronté aux mêmes problématiques que le transport maritime (réglementation, financements, etc.) et le GNL offre une solution pertinente de réduction des émissions atmosphériques. Le transport fluvial est d’ailleurs inclus dans la directive européenne relative au déploiement d’infrastructures pour les carburants de substitution. Comment booster la filière GNL carburant marin ? La filière GNL carburant marin a besoin d’un soutien actif des pouvoirs publics à différents niveaux : social, technique, financier et réglementaire. Elle a également besoin d’une véritable coopération entre les acteurs (armateurs, ports, fournisseurs, etc.). BP2S et l’AFG œuvrent ainsi ensemble pour le développement du GNL carburant pour les navires.

Patrick Latta, BNP Paribas Rental Solutions La compréhension du modèle gaz chez BNP Paribas Rental Solutions BNP Paribas Rental Solutions est la marque de BNP Paribas spécialisée dans les solutions de location avec services et de gestion de parcs auprès des entreprises. Elle accompagne ses clients dans l’externalisation de leur parc de véhicules industriels, véhicules utilitaires et engins de travaux publics avec une offre de location longue durée avec services. D’une durée allant de trois à dix ans, les contrats couvrent les aspects de conformité réglementaire, de maintenance préventive et curative des véhicules, l’assistance-dépannage, voire l’assurance, les pneumatiques et le véhicule relais. Pourquoi s’intéresser aux véhicules GNV ? À la suite des mesures anti-pollution annoncées par la Mairie de Paris, de nombreux clients sont venus nous solliciter. Ils ont incité BNP Paribas Rental Solutions à s’intéresser aux véhicules GNV. Comment mieux connaître les attentes des clients et les pratiques actuelles en faveur des véhicules à faibles émissions ? Nous nous sommes tout d’abord appuyés sur les résultats de l’enquête utilisateurs « Véhicules propres [à faibles émissions de particules, NDLR], comment allier RSE et compétitivité ? » lancée par l’observatoire du véhicule industriel que nous parrainons. L’enquête a montré que 26 % des utilisateurs de véhicules industriels sont directement motivés par une approche sur les véhicules à faible émission de particules. Ainsi, les principales motivations à l’équipement en véhicules propres déclarées sont : le geste citoyen et la volonté de préservation de l’environnement (64 %) d’une part, les économies en coût de carburant (60 %) d’autre part. Lorsqu’on aborde le sujet des principaux freins identifiés par les utilisateurs potentiels de ce type de véhicules, sont évoqués : leur manque d’autonomie (53 %), leur prix trop élevé (45 %) et, plus globalement, le manque d’offres matériels chez les constructeurs (30 %).

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La position de BNP Paribas Rental Solutions sur les véhicules GNV Le GNV est-il une alternative économique au gasoil ? Force est de constater que les véhicules GNV sont des camions non seulement comme les autres (polyvalents, performants et économiques) mais de surcroît silencieux (environ 50 % de bruit en moins) et propres (55 % de NOx en moins et 10 % d’émission de CO2 en moins). Pour autant, peut-on en conclure que le GNV est un vrai modèle économique ou un modèle subventionné ? Le modèle économique du GNV repose sur des éléments contributeurs, tels que le prix du carburant, et des éléments qui pèsent sur ce modèle, comme le prix d’achat du véhicule, le coût d’entretien et l’absence de marché du véhicule d’occasion. Au final, l’analyse du prix de revient kilométrique permet d’identifier des zones de compétitivité du GNV qui laissent à penser que l’achat de véhicules GNV peut représenter un modèle économique viable et ainsi optimiser de réelles zones de compétitivité en fonction

du kilométrage réalisé et de la durée de vie technique des matériels. Cela étant, différents facteurs pourraient encore améliorer ce modèle économique des véhicules au GNV : la réalisation d’économies d’échelle sur le prix des véhicules et du carburant, le développement du marché secondaire, une meilleure connaissance du coût d’entretien et de la durée de vie et la mise en œuvre de subventions publiques. Conclusion Le modèle économique du GNV s’intègre parfaitement au modèle de la location longue durée. Il est centré sur la recherche du prix de revient kilométrique le plus bas, par optimisation de la durée de détention. En outre, le coût d’utilisation (hors carburant) est connu dès l’origine du contrat et pour toute la durée de la location. Enfin, il est à noter que les demandes des clients portent davantage sur le GNC que sur le GNL, sans doute en raison du prix, mais aussi et surtout en raison du sous-dimensionnement du réseau de stations GNL.

camions au gaz naturel à 1 000 kilomètres. Le GNV constitue par ailleurs une opportunité pour le secteur automobile français puisqu’en 2020, 65 millions de véhicules rouleront au gaz naturel. En outre, le GNV affiche un prix plus compétitif et plus stable par rapport au diesel. Enfin, la filière biogaz est créatrice d’emplois non délocalisables.

Philippe Van Deven, GNVert La mobilité GNL, une réalité sur les routes de France Les avantages du gaz naturel carburant • Avantages environnementaux Les vertus environnementales du GNV sont incontestables. L’utilisation du gaz naturel carburant permet de réduire jusqu’à 95 % des émissions de particules et jusqu’à 85 % de réduction des NOx par rapport au diesel. Elle permet de réduire de 23 % les émissions de CO2 par rapport à l’essence (97 % dans le cas du bioGNV). La valorisation du biogaz en carburant présente dès lors un bilan carbone neutre. Le GNV permet également de diminuer la pollution sonore de 50 % et limite les vibrations. • Avantages technico-économiques Seule alternative crédible et mature au diesel pour les véhicules lourds, le GNV est aussi la solution adaptée aux véhicules légers nécessitant une autonomie importante. Le GNL, version liquéfiée du GNV, permet de porter l’autonomie des

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Le marché du GNL À ce jour, environ 1 500 véhicules GNL circulent en Europe, principalement au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Espagne. En France, quatre stations sont actuellement en exploitation. Entre 60 et 80 projets de stations GNL devraient voir le jour à un horizon de cinq ans. Le développement du GNL en France est encore assez limité pour les raisons suivantes : premièrement, l’homologation des camions n’était pas possible avant la transposition de la réglementation internationale R-110 (fin 2014) ; deuxièmement, l’offre de véhicules reste limitée et leur coût d’achat plus élevé ; troisièmement, les infrastructures en stations sont insuffisantes. Les conditions de succès du GNL carburant Différents signaux incitent à l’optimisme s’agissant du développement du GNL carburant : l’analyse économique est clairement en faveur du gaz naturel même dans un contexte de prix du pétrole bas. En effet, le prix très compétitif du GNL permet de compenser largement l’ensemble des surcoûts d’un véhicule GNL par rapport à son équivalent diesel, que ce soit les coûts d’achat et de maintenance plus importants pour un véhicule GNL ou sa valeur résiduelle potentiellement plus faible vu l’absence actuellement d’un marché de revente établi. Les constructeurs développent une gamme de plus en plus étendue de véhicules GNL. La demande pour des carburants alternatifs au diesel est en forte croissance. L’État et l’Europe mettent à disposition des aides et les partenariats entre acteurs de la filière se renforcent. Cet engagement

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coordonné de l’ensemble des acteurs de la filière industrielle est indispensable, mais les autorités publiques doivent elles aussi accompagner la démarche avec un cadre réglementaire et fiscal stable et pérenne sur une période suffisante pour permettre les décisions d’investissements des gestionnaires de flottes et des propriétaires de stations d’avitaillement.

Jean-François Daubonne, Gas Natural Europe Les atouts du GNL Les usages du GNL Le gaz naturel liquéfié (GNL) est utilisé pour l’approvisionnement du réseau de gaz, mais aussi en tant que carburant pour les véhicules terrestres et les navires, ainsi que gaz en cuve pour les industriels. Le GNL reste une valeur d’ajustement importante en Europe. En France, en 2014, il représentait encore 14 % des approvisionnements gaziers, contre 30 % en 2011. En Espagne, qui dispose de nombreux terminaux méthaniers, il représentait en 2014 54 % de la consommation du pays. Enfin, le volume de GPL/fuel/gasoil qui pourrait être remplacé par du GNL est estimé à 106 milliards de mètres cubes (bcm) en Europe, soit un peu plus de 1 100 TWh par an. Les avantages du GNL carburant • Avantages environnementaux Grâce aux avantages de sa molécule, les émissions en CO2 du GNL sont réduites de 10 % à 20 %. Le GNL contribue également à une réduction du dioxyde de soufre de 95 % et des oxydes d’azote de 50 %. En outre, les camions GNL affichent des performances bien au-delà de la nouvelle norme anti-pollution européenne Euro 6. • Avantages économiques Selon la flotte et l’utilisation du GNL, ce dernier peut apporter une économie substantielle. en termes de consommation : il faut 0,9 à 0,85 kg de GNL pour remplacer 1 litre de gasoil. Par ailleurs, le gaz naturel améliore les émissions acoustiques, avec des gains pouvant atteindre 50 %, et respecte la norme « Piek » [norme européenne sur la réduction des nuisances sonores, NDLR]. • Avantages pratiques Aujourd’hui, lorsqu’on propose à un chauffeur de Gas Natural Fenosa d’adopter un camion au GNL, celui-ci est d’abord réticent à l’idée de conduire un véhicule moins puissant. Toutefois, après quelques mois d’utilisation, il refuse de revenir au camion diesel. En effet, le camion au gaz offre de multiples avantages : il ne vibre pas, il ne fait pas de bruit, il n’émet pas d’odeur. Malgré la baisse de puissance, le camion au gaz offre un confort inégalable auquel il est difficile de renoncer.

Une réelle volonté politique de développement du GNL carburant D’ores et déjà, la Commission européenne est convaincue de la nécessité de développer le gaz naturel carburant. Ainsi, la directive « Cabal » du 22 octobre 2014 reconnaît explicitement le gaz naturel comme un carburant de substitution, au même titre que l’électricité, l’hydrogène, les biocarburants et le GPL. Cette directive entend développer sur le réseau de transport européen une station publique de GNLc tous les 150 kilomètres (avant le 31 décembre 2020) et une station publique de GNL tous les 400 kilomètres (avant le 31 décembre 2025). La France est également en passe d’être convaincue de la nécessité de développement du gaz naturel carburant. En application de la directive européenne, elle a déjà prévu de proposer un cadre d’action national pour le développement du gaz naturel avant le 18 novembre 2016. À cet égard, elle souhaite intervenir via la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) et le projet de loi de finances de 2016. À l’échelle mondiale, la production de GNL devrait passer de 320 bcm en 2015 à plus de 800 bcm par an en 2030. Les perspectives de développement sont donc considérables. Conclusion Gas Natural Fenosa a également l’ambition de participer au développement du GNL carburant sur territoire français. Il souhaite ainsi mettre en place un ensemble de stations qui permettront entre autres de relier l’Espagne à la Belgique et aux Pays-Bas. À terme, Gas Naturel Fenosa souhaite se développer dans l’ensemble des centres logistiques français.

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Grand témoignage

Philippe Darmayan,

président d’Arcelor-Mittal et du Groupe des fédérations industrielles (GFI)

Je ne suis pas un homme du gaz. J’ai fait toute ma carrière dans le nucléaire, l’aluminium et l’acier. Mais le gaz est proche de nos industries : 37 % des besoins énergétiques de l’industrie sont satisfaits par du gaz, soit deux fois plus qu’en 1980. Le gaz est une industrie lourde, confrontée à des défis proches de ceux de notre métier. Le gaz fait pleinement partie de notre monde. Plus qu’un instrument de lobby, le GFI est porteur d’un projet, celui de relever l’industrie française. Cette dernière représente aujourd’hui 12 % du PIB de la France, contre 23 % pour l’Allemagne. Au cours des dix dernières années, elle a connu une dégradation extrêmement forte, qui s’est traduite par l’obsolescence des outils ou encore les difficultés de transmission des PME. Il est donc urgent de redresser l’industrie, non seulement en identifiant les causes du sous-investissement et en incitant les pouvoirs publics à faire des suramortissements, mais aussi en allant chercher dans les nouvelles technologies ce qui pourra permettre demain à nos entreprises de faire le succès de notre pays. À cet égard, je préside l’association Alliance pour l’industrie du futur, un des projets d’Emmanuel Macron. Je voudrais vous donner un éclairage sur ce qui est en train

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de se passer. Je commencerai par formuler un vœu que la COP 21 soit la COP du réalisme. En effet, paradoxalement, cette COP ne verra probablement pas la signature d’un accord engageant, se traduisant par des objectifs fixés. Cependant, je pense que cette COP sera un succès car les solutions concrètes seront à son agenda. Le réalisme impose que l’on vise un rapprochement, une vraie négociation sur les objectifs et non un alignement sur l’objectif européen. Le réalisme est de prendre conscience que l’Inde ne peut pas suivre la voie que l’on veut pour elle. Il est normal que l’Inde poursuive une feuille de route qui soit la sienne. Il convient donc de viser, à l’occasion de la COP 21, une convergence vers une économie bas carbone qui respecte les particularités des pays en développement comme l’Inde. Les dynamiques passées de croissance et de décroissance en matière énergétique sont très diverses. L’Europe fait la course en tête, avec une décroissance de 13 % de ses émissions de CO2 depuis 1990. La Russie partage cette décroissance, mais les autres pays affichent une forte croissance : l’Amérique du Nord a augmenté de 9 % ses émissions et l’Asie de 180 %. Les feuilles de route de chaque pays ne peuvent pas être les mêmes. Les objectifs ne peuvent pas être des objectifs engageants. Il faut avoir le réalisme de l’admettre. Il faut certes avancer, mais en intégrant ces degrés de différenciation et en allant chercher la réduction de carbone là où elle est la plus efficace, c’està-dire aux États-Unis et en Chine. L’émission de gaz à effet de serre est un problème mon-

POLITIQUES ET INSTITUTIONS

dial. Le paradoxe est que dans toutes ces négociations, on cherche à régler un problème mondial par des engagements de pays. L’efficacité voudrait que l’on aille chercher des solutions là où le carbone est le plus émis. L’industrie et l’énergie ont un rôle très important à jouer. Elles représentent environ 50 % des émissions de gaz à effet de serre. Au cours des dix dernières années, elles ont baissé leurs émissions alors que, dans le même temps, l’habitat et les transports ont vu leurs émissions augmenter. Elles sont confrontées à trois défis : réduire leurs propres émissions de gaz à effet de serre ; offrir au marché aval la capacité de réduire leur production de CO2 ; et aider à la valorisation du carbone. Face à ces trois défis, l’industrie de l’acier présentera, à l’occasion de la COP 21, des plans d’action très structurés. En tant que producteurs, nous avons une responsabilité à mettre en place les systèmes et les organisations qui permettent de mieux valoriser le recyclage dans le monde. Nous avons aussi une responsabilité en termes de produits. À titre d’exemple, il nous faut concevoir des aciers qui aient des caractéristiques mécaniques, des capacités de fluage plus importantes de façon à alléger les voitures et réduire ainsi les consommations. Enfin, l’industrie de l’acier se doit d’utiliser le carbone. Pendant très longtemps, nous avons pensé stocker le carbone, mais nous n’avions pas à l’époque la capacité de l’utiliser. Ce projet existe toujours, mais il est un peu arrêté. Nous regardons actuellement des procédés de production d’éthanol à partir du carbone que nous émettons. À mon sens, la COP 21 sera donc un succès. Mais le problème est l’après-COP 21. En effet, au moment où cette manifestation était annoncée, la communauté européenne renforçait encore ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Non seulement l’Europe fait la course en tête, mais elle est seule. Clairement, cela pose un problème de compréhension du chemin que nous prenons et de la destination finale. Qui va faire ? Qui va payer ? La France peine à montrer sa performance. Or, ses émissions ont baissé de 40 % depuis 1990. Sa production d’électricité est exemplaire en termes d’émission de CO2. Les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie et de l’énergie sont passées de 160 millions de tonnes de CO2 à 120 millions depuis 1990. On ne peut donc pas dire que la France n’a rien fait. Pour autant, elle est contrainte par les directives. La France doit atteindre l’objectif de - 40 % à l’horizon 2030, malgré sa performance. Comment atteindre cet objectif ? Sur 32 millions d’habitats en France, 31 millions ne sont pas aux normes. Si l’on prend pour hypothèse un investissement de 10 000 euros par habitat, l’effort demandé pour une remise aux normes est de 310 milliards. Où sera trouvé cet argent ? Une taxe sera-t-elle appliquée à tous ? Pour le moment, nous n’en savons rien. Or, 37 % de la baisse des émissions de gaz à effet de serre a été affectée par le gouvernement à l’habitat et 21 % au transport. Comment faire pour atteindre l’objectif assigné au transport sans mesures restrictives qui empêchent les populations de se déplacer,

dans un contexte d’infrastructures ferroviaires obsolètes et d’infrastructures fluviales encore limitées ? Nous n’avons pas aujourd’hui le premier indice de la façon dont nous allons nous y prendre. Je fais donc un appel à plus de clarté et de vision dans la façon dont nous allons tenter d’atteindre ces objectifs. J’estime que la France, compte tenu des réductions déjà opérées, s’achemine vers une situation dans laquelle il sera difficile de mobiliser l’argent pour tenir ses engagements. Dans ce cas, il sera extrêmement difficile au gouvernement de laisser les industries, qui sont ouvertes à la concurrence internationale, dans des conditions qui les mettent à parité avec les autres pays. Nous nous acheminons donc vers un risque de non-compétitivité de nos industries ou de non-atteinte des objectifs climatiques. Or, ces accords sont engageants pour la France. Je conclurai en rappelant l’avis donné par le Conseil national de l’industrie : « Le CNI demande à l’Europe qu’elle définisse sa politique en matière de CO2 en cohérence avec sa politique de porter le poids de l’industrie européenne à 20 % du PIB. Le CNI rappelle qu’il y a des cohérences en matière énergétique et qu’il est peut-être temps de revenir à des structures un peu plus planifiées. » Ce témoignage comme tous ceux des intervenants de la convention ont été recueillis avant la conférence de Paris sur le climat de décembre dernier. Photos Gael Kazaz

Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016 • 49

BRÈVES BUTANE ET PROPANE

BUTANE ET PROPANE

REIMS VOIT LA VIE EN VERT

Le 1er décembre 2015, à l’ouverture de la COP 21, la ville de Reims a confirmé sa volonté de s’engager en faveur de la qualité de l’air et des solutions de mobilité plus propres. En effet, les véhicules GPL et les autres véhicules à énergie alternatives pourront bénéficier de deux heures gratuites de stationnement dans la ville grâce à un disque vert délivré aux voitures plus respectueuses de l’environnement.

BAROMÈTRE DU GPL DE DÉCEMNBRE 2015 Moyenne de décembre 2015 1,60 €

LE CARBURANT LE MOINS CHER À LA POMPE :

0,73

€

/ LITRE

1,40 €

GPL

1,26

1,20 €

SP 95 1,03

Gazole

1,00 €

GPL 0,80 €

0,73

0,60 € *Source du prix au litre des carburants en euros : MEDDE - www.developpement-durable.gouv.fr

50 • Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016

BUTANE ET PROPANE

ÉNERGIE VERTE

Plein gaz sur le biopropane ! Primagaz, filiale française du groupe SHV Energy, a annoncé la commercialisation début 2016 d’un nouveau biocarburant : le biopropane. Compatible avec les moteurs GPL, c’est un carburant vert, peu polluant et produit à partir de matières premières renouvelables, essentiellement issues d’huiles et de déchets végétaux.

a COP 21 a donné le ton ! Toutes les initiatives en faveur de la réduction des émissions de polluants seront autant d’alternatives crédibles pour améliorer la qualité de l’air. L’arrivée sur le marché du biopropane est donc une bonne nouvelle. Une exclusivité mondiale Le groupe néerlandais SHV Energy a conclu un accord avec la société finlandaise de biocarburants Neste. Un investissement de 60 millions d’euros sera réalisé à cette occasion par Neste pour adapter une ligne de production de sa raffinerie de Rotterdam qui devrait être opérationnelle fin 2016. Cet accord d’approvisionnement exclusif d’environ 160 000 tonnes de biopropane sur une durée de quatre ans est une première mondiale. La France figure en effet parmi les pays européens identifiés pour la distribution du biopropane. Primagaz s’est engagée sur la livraison de 40 000 tonnes sur cette même période pour le marché français. Le biopropane pourrait permettre aux utilisateurs de réduire leur empreinte carbone sans modifier leurs équipements et pour un usage simplifié.

Une réponse engagée La loi sur la transition énergétique pour une croissante verte a fixé un objectif de 15 % de biocarburants dans les transports en France à horizon 2030. Le biopropane distribué par Primagaz devrait permettre à terme l’essor d’une filière GPL durable et compétitive. « Nous sommes convaincus du rôle structurant que peut jouer le biopropane pour le passage en France d’une mobilité assise sur les carburants fossiles à une mobilité durable soucieuse des questions environnementales », a déclaré Massih Niazi, directeur général de Primagaz. En parfaite adéquation avec les objectifs européens et nationaux en matière d’environnement, notamment dans la réduction des polluants atmosphériques, le biopropane a, semble-t-il, les moyens de ses ambitions. L.I.

Un gaz vert Le biopropane est issu d’une innovation effectuée dans le processus de production du propane. Il est produit à partir de matières premières renouvelables, fabriquées à partir de plus de 60 % de déchets et de résidus. Afin de respecter les normes européennes très strictes en la matière, sa production est particulièrement surveillée et une traçabilité de tous ses composants est obligatoire. Comme le GPL, il réduit significativement les émissions de CO2, n’émet quasiment pas d’oxydes d’azote et aucune particule fine.

Chiffre clé

160 000

tonnes de biopropane seront distribuées en France, en Grande-Bretagne, en Irlande et dans le Benelux durant les quatre prochaines années.

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BUTANE ET PROPANE

ESSAI

Le GPL toujours plus vert ! Les problèmes liés à la qualité de l’air sont depuis quelques années au cœur de l’actualité. Le récent scandale à propos de la conformité des véhicules aux normes d’émissions en vigueur a accentué encore un peu plus les préoccupations des automobilistes en la matière.

e Comité français du butane et du propane (CFBP) a mandaté V-Motech, une société experte dans l’ingénierie et spécialisée notamment dans les tests antipollution sur route en conditions réelles, pour réaliser une série des tests d’émission de gaz et de particules sur deux de ses véhicules. Ces tests ont été réalisés entre le 2 et le 10 novembre 2015. Les véhicules évalués, une Fiat 500 GPL (Euro 6) et une Alfa Romeo Mito (Euro 5) équipée post achat d’un système GPL (seconde monte), ont été évalués en mode GPL puis essence afin de mesurer les impacts sur la qualité de l’air, notamment selon le type de carburant utilisé.

Les normes Euro 1, Euro 2, Euro 3…, késako ?

Les normes européennes d’émission, appelées aussi « normes Euro » sont des règlements de l’Union européenne fixant les limites maximales de rejets polluants pour les véhicules roulants. Cet ensemble de normes de plus en plus strictes s’appliquent aux véhicules neufs. Leur objectif est de réduire la pollution atmosphérique résultant du transport routier. Les normes diffèrent entre les différents types de moteurs et de véhicules. Les normes d’émissions Euro se sont succédées depuis la première mise en application en janvier 1993 (Euro 1). Aujourd’hui, la norme Euro 6 b est en vigueur. Elle sera remplacée en 2017 par la norme 6c.

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Une méthodologie utilisée conforme aux normes actuelle et future Deux mesures principales ont été réalisées par V-Motech lors de ses essais : celle des cinq gaz (CO2, CO, NO, NO2 et HC) et celle des particules en nombre. Les véhicules ont effectué trois roulages par carburation, sur route et autoroute, selon la future norme Euro 6c. Dans le cadre de cette nouvelle norme, la procédure d’essai mondiale harmonisée pour les voitures particulières et véhicules utilitaires légers (« worldwide harmonized light vehicles test procedures », WLTP), conçue pour être plus proche des conditions réelles d’utilisation, remplacera le nouveau cycle européen de conduite (« new european driving cycle » NEDC) en place depuis 1973, auquel s’ajoutera, sur proposition de la Commission européenne, une mesure de la pollution et de la consommation en condition réelle de conduite, dite « real driving environment » (RDE). Ce cycle WLTP-RDE s’appliquera à compter de septembre 2017 pour les véhicules nouveaux à homologuer et de septembre 2019 pour tous les véhicules neufs. Le GPL vs l’essence Sur l’ensemble de ces roulages, les résultats démontrent que les émissions de gaz et de particules d’un véhicule GPL sont toujours très inférieures à la limité réglementaire Euro 6 (1 000 mg/km).

BUTANE ET PROPANE

Alfa Romeo Mito

Fiat 500 GPL

Sur un véhicule Euro 5 usagé (65 000 km) équipé en seconde monte d’un système de carburation GPL.

Sur véhicule Euro 6 récent, modèle constructeur (6 300 km).

Sur l’ensemble des roulages, le niveau de CO2 est plus faible en carburation GPL, environ 18 % de moins que l’essence. Les émissions de monoxyde de carbone sont en moyenne 60 % plus faibles qu’en mode essence et le véhicule émet plus de 90 % de particules en moins. Les oxydes d’azote (NOx) et les hysdrocarubres (HC) sont émis en quantités équivalentes entre la carburation essence et GPL avec des émissions très faibles et nettement inférieures à la norme Euro 6 b.

Sur l’ensemble des roulages, le niveau de CO2 enregistré est 19 % plus faible en carburation GPL. En mode GPL, le véhicule émet dix fois moins de particules et jusqu’à 97 % de moins de CO. Les deux carburations sont très peu émissives en NOx et en HC elles sont très en dessous de la réglementation en vigueur.

Une conclusion évidente Une conclusion s’impose suite aux résultats de cette étude : rouler au GPL permet de moins polluer en restant nettement en dessous des normes d’homologation en vigueur et futures fixées par l’UE. Ces résultats confirment ainsi ceux des tests déjà menés en 1995 par Renault et en 2004 par l’Ademe. Rouler au GPL permet également de réduire son budget carburant, un poste important de dépense dans les ménages français. En effet, le litre de GPL est environ 40 % moins cher que l’essence et 30 % moins cher que le diesel. De plus, le véhicule GPL est moins cher à l’achat. La contribution du GPL sur le plan environnemental n’est plus à prouver, les véhicules GPL ne sont ainsi pas soumis aux restrictions de circulations en cas de pic de pollution dans les grandes agglomérations. Le développement du bioGPL et sa disponibilité dès 2016 incitera peut être l’État à mettre en valeur le GPL à travers des mesures concrètes, notamment financières, pour que les véhicules GPL en service en France – actuellement au nombre de 257 000 - soient beaucoup plus nombreux dans les années qui viennent. L.I.

Focus sur la norme Euro 6b

Depuis le 1er septembre 2015, tous les véhicules particuliers neufs provenant des États membres de l’UE sont soumis à la norme Euro 6b. Elle fixe notamment de nouveaux plafonds d’émission pour les oxydes d’azote (NOx) émis par les véhicules diesel. Les émissions d’oxydes d’azote des voitures particulières à motorisation diesel sont limitées à 80 mg/km, soit une réduction de plus de 50 % par rapport à la norme Euro 5. Cette norme a une incidence essentiellement sur les véhicules diesel.

Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016 • 53

BRÈVES VIE DE L’AFG

VIE DE L’AFG

AGENDA

L’AFG DANS LES MÉDIAS

11 février 2016 L’AFG Île-de-France-Normandie organise à Paris une rencontre : « Quelle place pour le gaz naturel et les gaz renouvelables après la COP 21 » ?

En novembre 2015, l’AFG a ouvert son compte twitter. Rendez-vous sur @gazafg pour suivre l’actualité du secteur gazier.

24 mars 2016 La convention de l’AFG, « bilan et perspectives gazières », aura lieu le matin à l’audirotium HSBC. 30 mars 2016 Dîner des dirigeants en présence de Virginie Schwarz, directrice de l’énergie au ministère de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie.

LE CHEVAL DE BATAILLE DE L’UIG L’Union internationale du gaz (UIG) a publié un communiqué le 11 novembre suite à la parution du WEO 2015 et dans lequel elle exhorte les décideurs à définir des stratégies et des politiques claires dans lesquelles le gaz naturel aura un rôle prépondérant comme un acteur de la transition énergétique. « La croissance économique va de pair avec la demande croissante en gaz naturel. Si l’on augmente l’utilisation du gaz naturel dans les secteurs de production d’énergie et des transports, on améliorera la qualité de l’air et on favorisera la réduction des émissions » a déclaré David Caroll, président de l’UIG.

L’AFG a été citée dans un article de l’Usine nouvelle intitulé « Énergie fossile, un monde sans charbon », paru le 26 novembre 2015. Jérôme Ferrier, président de l’AFG, a rappelé et souligné dans une interview publiée le 5 décembre dans le Figaro, l’importance et le rôle majeur du gaz dans la lutte contre le réchauffement climatique. Il était également l’invité, vendredi 11 décembre, de l’émission « 18 heures, l’heure H », présentée par Guillaume Paul sur BFM Business. Il a commenté le projet d’accord de la COP 21 et est revenu sur la place du gaz comme acteur de la transition énergétique ainsi que sur la politique énergétique européenne. Le 23 décembre, Jérôme Ferrier a répondu aux questions posées par deux membres de Synopia, un think tank français dont les travaux visent à améliorer la gouvernance des institutions publiques et privées, en France et en Europe. Le président de l’AFG est revenu sur l’accord conclu lors de la COP 21 en pointant ses forces, ses faiblesses et ses perspectives pour l’avenir.

LE GNV SE DÉFINIT L’AFGNV a publié le 16 décembre son glossaire du GNV élaboré par la commission énergie et environnement de l’AFGNV. Il rassemble un certain nombre de termes et de définitions afin que l’ensemble des acteurs impliqués dans la filière GNV communique en utilisant un langage commun et unifié sur les solutions GNV, permettant d’être compris de l’ensemble des parties prenantes.

MARCOGAZ SE POSITIONNE Marcogaz a publié le 1er décembre sa prise de position dans un document intitulé « Les émissions de méthane dans les secteurs européens de transport et de distribution de gaz naturel », approuvé par le conseil exécutif. Ce document est une première étape qui sera suivie par la finalisation et la publication d’un rapport en ligne et par l’organisation d’un atelier avec les différents acteurs concernés.

QUID DU BIOGAZ ? La réunion de l’ISO/TC 255 sur le biogaz qui s’est tenue le 3 décembre dernier en présence de délégués kenyans et israéliens de la COP 21 a permis de structurer les termes, les définitions et les composantes attribués au biogaz. Ce dernier peut ainsi provenir de digestion anaérobie, de gazéification ou du power to gas. À la demande du Comité français du butane et du propane, la France a proposé d’élargir cette définition afin d’y inclure les bio-GPL. Elle a également introduit la notion de gaz de récupération pour couvrir par exemple le CO2 utilisé par Jupiter1000 pour sa méthanation. o

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VIE DE L’AFG

ÉVÉNEMENT

Des acteurs et des solutions face au défi climatique Du 4 au 10 décembre, sous la verrière du Grand Palais et dans le cadre de l’exposition Solutions COP 21, l’Association française du gaz (AFG) et six de ses membres - le Comité français du butane et du propane, Gazprom Marketing & Trading France, GRDF, GRTgaz, TIGF et Réseau GDS - ont présenté au grand public les atouts, les solutions et les innovations de l’industrie gazière qui contribuent à lutter contre le changement climatique.

n marge de la Conférence des parties qui se tenait au Bourget, Solutions COP 21 avait pour vocation de rassembler les institutionnels, les entreprises et les centres de recherche concernés par la lutte contre le dérèglement climatique. Pari réussi ! Quarante-deux mille personnes se sont pressées au Grand Palais pendant une semaine, accueillies par plus de 500 organisations : collectivités, associations, entreprises, ONG… Elles ont pu assister à des conférences, des débats, des projections de films, des performances artistiques et de nombreuses animations pédagogiques adaptées à tous les publics. L’occasion pour l’industrie gazière mobilisée activement autour des enjeux environnementaux de faire entendre sa voix et de présenter au grand public, sur son stand au sein du pôle mobilité, les solutions novatrices qu’elle propose. L’occasion aussi de rappeler les multiples usages du gaz, qui lui permettent de se substituer à des énergies à plus forte teneur en carbone et de répondre aux objectifs de réduction des gaz à effet de serre et polluants atmosphériques.

Jérôme Ferrier, Thierry Trouvé, Fabienne Keller

Une industrie mobilisée L’AFG a accueilli sur son stand de nombreuses personnalités de divers horizons, qu’ils soient politiciens, chefs d’entreprises ou militants associatifs. Tous ont pu rencontrer des professionnels du secteur gazier et échanger avec eux, notamment sur les principaux axes de travail des entreprises gazières pour répondre aux objectifs tels que la performance énergétique et le bénéfice environnemental. Deux exigences autour desquelles des solutions existent et fonctionnent comme les smart grids, pour mieux maîtriser la consommation, la mobilité au gaz qui améliore la qualité de l’air grâce aux carburants alternatifs GNV, GNL et GPL, la technologie power to gas pour valoriser la surproduction d’électricité issue des énergies renouvelables, ou encore le développement de la filière biométhane, bioGPL et bioGNV qui font du gaz une énergie locale et renouvelable. L.I.

Stand de l’AFG sur Solutions COP 21

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ÉTUDE

L’important c’est de respirer ! L’union internationale du gaz (IGU) a publié le 3 décembre dernier les résultats d’une étude mettant en évidence les effets positifs qu’aurait une utilisation élargie du gaz naturel dans les grandes mégalopoles.

e rapport de décembre de l’IGU, paru lors des négociations de la COP 21, souligne s’il en était encore besoin l’importance des enjeux autour de la qualité de l’air, particulièrement dans les grandes villes. Les images des habitants de Pékin, le visage recouvert de poussière noire, s’affichent régulièrement en une ces dernières années. C’est une problématique mondiale qui ne cesse de s’intensifier depuis plusieurs décennies et qui occupe aujourd’hui une place prépondérante dans le débat public. Une question de santé publique Lorsque l’on parle de qualité de l’air, on parle aussi de qualité de vie et par conséquent de santé publique. Sept millions de personnes, dont plus de 50 % de citadins, décéderaient prématurément chaque année des effets directs ou indirects de la pollution atmosphérique. Le nombre de maladies respiratoires liées à cette pollution est en constante augmentation. À l’horizon 2050, les Nations unies estime que 50 à 70 % de la population mondiale habitera dans de grandes villes. C’est dire si trouver des solutions pour améliorer la qualité de l’air est un enjeu crucial pour tous les États du monde.

Les résultats mis en avant par l’IGU montrent que l’adoption du gaz naturel pour produire de l’énergie, pour se chauffer et via son utilisation dans l’industrie permettrait de réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre, de mercure et des particules atmosphériques. Ils montrent également le lien existant entre la réduction de gaz à effet de serre et la réduction des émissions d’autres polluants atmosphérique tels que les particules fines, le dioxyde de soufre ou encore l’ozone troposphérique. Le constat est sans appel : le gaz naturel est l’énergie qui rejette le moins de polluants dans l’atmosphère. Quatre villes pilotes New York, Istanbul, Toronto et Pékin ont un point commun : elles veulent toutes améliorer la qualité de leur air et ainsi éviter les décès prématurés de milliers de personnes chaque année. Ces grandes mégalopoles ont déployé de vastes programmes en ce sens, dans lesquels elles ont placé le gaz naturel entre autres parmi les réelles pistes d’amélioration de la qualité de vie de leurs habitants. En 1990, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a détecté à Istanbul un taux de dioxyde de soufre (SO2) presque onze fois supérieur à ses recommandations, qui

New York…

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… Istanbul…

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aurait causé selon des estimations de l’OCDE plus 3 000 décès. Depuis vingt-cinq ans, la généralisation du gaz naturel pour le chauffage et la cuisine notamment a contribué à améliorer la qualité de vie des Stambouliotes. Toronto aussi a effectué un grand virage il y a une dizaine d’année, date à laquelle elle a décidé d’instaurer un programme de suppressions des centrales à charbon. À cette époque, les services sanitaires de la ville estimaient à 1 700 le nombre de décès prématurés. En 2014, le gaz est devenu le principale combustible de remplacement et le taux de décès a diminué à cette même période de près de 20 %. À New York, les autorités ont tiré la sonnette d’alarme en 2007 quand les niveaux d’ozone et de particules fines ont dépassé les normes préconisées par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EAC). Un plan de développement durable (PlaNYC) a été adopté, ainsi que différentes mesures drastiques destinées à réduire les émissions. Le recours notamment au gaz naturel dans des bâtiments à forte consommation de pétrole ont permis à la Grosse Pomme de diminuer de près de 70 % ses concentrations d’oxydes de soufre ; son taux de PM 2,51 est redevenu conforme en 2014 et la ville enregistrait une baisse annuelle de 780 décès. Pékin quant à elle est doublement un symbole : la ville et la Chine en général payent un lourd tribut à la pollution de l’air chaque année - entre 1,2 et 1,6 million de décès. Un nuage noir stagne en permanence au-dessus de la capitale chinoise qui a enregistré en 2014 un taux de PM 2,5 plus de dix fois supérieur aux niveaux préconisés. La région de Pékin souhaite réduire de 25 % son taux de particules fines d’ici 2017 avec un plan d’actions qui prévoit notamment l’interdiction d’industries trop polluantes et le remplacement du charbon par des énergies renouvelables et par le gaz naturel.

Chiffre clé

7 millions

C’est le nombre de décès prématurés lié à la pollution atmosphérique dans le monde. Selon l’OMS en 2012 : 4,3 millions provoqués par la pollution de l’air intérieur et 3,7 millions dus à des sources urbaines et rurales.

Des conclusions évidentes New York, Istanbul, Toronto et Pékin ne sont que des exemples mais ces mégalopoles se sont engagées dans une politique énergétique plus respectueuse de leurs populations. D’autres suivront sûrement. Fort de ce constat, l’UIG soutient les politiques de réduction des gaz à effets de serre et de polluants atmosphériques. Elle préconise l’utilisation massive du gaz naturel, le recours à des combustibles de substitution à faible teneur en carbone et une utilisation plus élargie des énergies renouvelables non combustibles. Véritable enjeu de santé publique, la pollution de l’air, dans un mix énergétique en pleine mutation, est et restera l’une des principales préoccupations des habitants de cette planète. L.I. 1

PM 2,5 : particules dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres.

… Toronto…

… et Pékin ont choisi d’agir pour améliorer la qualité de l’air.

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VIE DE L’AFG

INTERVIEW

Pierre Grellard, lauréat du prix de la normalisation gazière 2015 Le 24 septembre dernier, lors de son rendez-vous annuel de la normalisation gazière, le BNG a annoncé la création du prix de la normalisation gazière. Une première édition qui a récompensé Pierre Grellard, distingué pour l’ensemble de son travail au BNG et particulièrement sur sa participation active aux travaux sur la qualité de gaz.

Quel a été votre parcours professionnel ? J’ai suivi une formation d’ingénieur en chimie à l’INSA à Lyon où j’ai obtenu mon diplôme en 1968. Mon premier poste m’a nommé responsable des essais au laboratoire des chauffages domestiques du Centre technique des industries de la fonderie (CTIF). À cette époque, le laboratoire procédait aux essais conformément aux normes NF gaz des appareils gaz chauffage et cuisson à gaz. Durant une quinzaine d’années, j’ai acquis une solide expérience à la fois sur le plan technique et sur le plan réglementaire. En 1985, j’ai eu l’opportunité de passer d’un laboratoire de contrôle à un fabricant d’appareils, chez Chaffoteaux et Maury, comme responsable du laboratoire de contrôle et de certification des produits, où j’ai aussi poursuivi mon travail sur les textes réglementaires. Au début des années quatre-vingt-dix, j’ai été sollicité par le BNG pour apporter mon expertise technique au sein des groupes français puis des groupes européens. La France occupant historiquement un rôle proactif au sein des présidences des comités techniques, j’ai moi-même assuré la présidence de plusieurs comités dont le CENTC 238 (comité technique gaz d’essai marquage des appareils). J’ai été également le rapporteur du secteur forum gaz et utilisation. J’ai quitté l’entreprise Chaffoteaux et Maury en 2005 pour prendre ma retraite. J’ai continué cependant à assurer la présidence de différents groupes de travail du BNG. Pourquoi avoir choisi de vous investir au sein du BNG ? J’ai poursuivi la démarche et la volonté de représentation de mon entreprise dans les différents groupes du travail du BNG, instituée par mon prédécesseur Bernard Asfaux. À mon sens, il faut une motivation de l’entreprise et une motivation personnelle pour faire ce travail. Chez Chaffoteaux et Maury nous étions convaincus que les constructeurs d’appareils avaient leur mot à dire dans les textes de références des appareils à gaz qu’ils fabriquaient, d’autant plus avec l’arrivée des directives européennes et la mise en place de normes

harmonisées. En Europe, la certification CE est basée sur une démarche volontaire de normalisation, gérée par le Comité européen de normalisation (CEN) en lien avec la Commission européenne, qui estime que c’est aux différentes parties prenantes de s’organiser entre elles pour mettre en place des textes communs. En tant que fabricant nous n’imaginions pas de ne pas faire partie de ces groupes de travail. Personnellement j’ai vu mon engagement dans ce travail comme une formation continuelle grâce au partage d’expérience et à une synergie des connaissances. Quels sont les grands travaux que vous avez menés ? Mon travail a été d’œuvrer pour l’aboutissement de nombreuses normes concernant les chaudières à gaz, les chauffages centraux et l’eau chaude. Des travaux m’ont plus marqué que d’autres, notamment ceux autour des chaudières et plus particulièrement de l’eau chaude sanitaire que nous avions menés dans notre laboratoire à l’époque en collaboration avec mon collègue de Saunier Duval. Nous avons été tous les deux les principaux acteurs de la norme eau chaude sanitaire et de la fixation des règles techniques concernant l’étiquetage énergétique des appareils de production d’eau chaude. Mon travail au sein du CEN TC 109 sur la mise en place d’une norme générique commune pour les chaudières rassemblant un panel de normes existantes sur les différents types d’évacuation de produits de combustion de chaudière fait également partie des travaux importants menés durant ma carrière. Je terminerai en citant les travaux entrepris entre 2005 et 2007 par le CEN TC 238 sur la qualité du gaz naturel en Europe et la distribution d’un gaz naturel unique sur l’ensemble des réseaux de distribution du gaz en Europe, auxquels j’ai apporté ma contribution en tant que président du CEN TC 238 mais aussi représentant du syndicat Uniclima. Avez-vous été confronté à des difficultés dans votre travail (technique, politique…) ? J’ai été extrêmement satisfait de travailler dans un contexte où nous avons rencontré peu de difficultés. Au sein du CEN, nous pouvions avoir des positions opposées avec nos partenaires européens, notamment les anglais et les allemands. J’ai même le souvenir de discussions animées, de décisions difficiles à prendre, mais on a toujours su trouver des compromis intelligents et satisfaisants. Propos recueillis par Laura Icart

Gaz d’aujourd’hui • n 1-2016 • 59

VIE DE L’AFG

Normalisation L’Association française de normalisation (Afnor) a publié les normes suivantes : Le 11 janvier 2016 La NF EN 14459 « dispositifs de commande et de sécurité pour brûleurs et appareils utilisant des combustibles gazeux ou liquides – fonctions de commandes des systèmes électroniques – méthodes de classification et d’évaluation ». Le présent document spécifie des méthodes pour la classification et l’évaluation des blocs de fonction de commande des brûleurs et des appareils à combustibles gazeux ou liquides, en particulier en ce qui concerne leur comportement au défaut et les mesures préventives. Ce document remplace l’EN 14459 : 2007. Le 6 janvier 2016 La NF D 35-370 « appareils d’extérieur utilisant les combustibles gazeux – dispositions complémentaires pour extension de l’utilisation des gaz de 3e famille aux gaz de 2e famille ». Les appareils à gaz utilisables à l’extérieur, réchauds de camping, barbecues, planchas, parasols chauffants, etc., sont généralement conçus pour ne fonctionner qu’avec les gaz de pétrole liquéfiés (butane ou propane). Cette norme nouvelle répond à un nouveau besoin exprimé par les fabricants et les certificateurs d’appareils suite au développement de nouvelles techniques de distribution du gaz naturel telle que la prise gaz qui permet de décliner ces appareils pour un fonctionnement en terrasse avec du gaz naturel. Sans ajouter d’exigences fonctionnelles, elle vient en complément

des normes qui ne couvraient que le fonctionnement aux GPL pour l’étendre aux gaz naturels. Le 17 novembre 2015 La NF EN 13203-1 « appareils domestiques produisant de l’eau chaude sanitaire utilisant les combustibles gazeux – partie 1 : évaluation de la performance en puisage d’eau chaude ». La présente norme européenne s’applique aux appareils de production d’eau chaude sanitaire utilisant les combustibles gazeux. Elle s’applique à la fois aux appareils instantanés ou à accumulation, chauffe-eau ou chaudières à deux services, qui ont un débit calorifique inférieur ou égal à 70 kilowatts et une capacité de stockage en eau (si elle existe) inférieure ou égale à 500 litres. Dans le cas des chaudières à deux services avec ou sans ballon, la production d’eau chaude sanitaire est intégrée ou accolée, l’ensemble étant commercialisé comme une seule unité. La norme définit en termes qualitatifs et quantitatifs la performance en puisage d’eau chaude sanitaire pour une variété d’usages sélectionnée. Elle fournit également un système pour présenter les informations à l’utilisateur. Elle remplace l’EN 13203-1 de 2006.

Le présent document fixe les exigences et la méthode d’essai relatives à l’utilisation rationnelle de l’énergie des appareils de cuisson domestiques à gaz décrits dans la NF EN 30-11:2008+ A3:2013, article 1. Il traite uniquement des essais de type. La partie 2-1 « utilisation rationnelle de l’énergie » de ce document complète la partie 1-1 «sécurité ». Elle remplace l’EN 30-2-1:1998. Par rapport aux documents remplacés, les principales modifications techniques sont : l’adaptation aux exigences de la NF EN 30-1-1:2008 et des amendements correspondants ; l’indication sur la manière d’effectuer le mesurage de l’efficacité de la plaque de cuisson ; la formule pour le calcul de l’efficacité de chaque brûleur à gaz et de la plaque de cuisson au gaz conforme aux indications du règlement 66/2014 ; et l’adaptation de l’annexe ZA pour inclure la référence au règlement 66/2014. La partie 2-1 « utilisation rationnelle de l’énergie » de l’EN 30 complète la partie 1-1 « sécurité ».

Le 3 novembre 2015 NF EN 30-2-1 « appareils de cuisson domestiques utilisant des combustibles gazeux – partie 2-1 : utilisation rationnelle de l’énergie – généralités ».

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