GA n°2 Le Gaz toute une histoire ... by AFG

LA REVUE DU GAZ NATUREL, DU BIOMÉTHANE, DU BUTANE ET DU PROPANE ÉDITÉE PAR L’ASSOCIATION FRANÇAISE DU GAZ WWW.AFGAZ.FR

N°2 2016 / AVRIL-JUIN

DOSSIER ANNIVERSAIRE GAZ D’AUJOURD’HUI FÊTE SES 140 ANS

LE GAZ : TOUTE UNE HISTOIRE... ENTRETIEN

PHILIPPE DE LADOUCETTE Président de la Commission de régulation de l’énergie CONVENTION DE L’AFG

BILAN ET PERSPECTIVES GAZIÈRES

REVUE TRIMESTRIELLE DE L’AFG / ABONNEMENT ANNUEL : 120 EUROS TTC

ÉDITO REVUE TRIMESTRIELLE ÉDITÉE PAR : AFG, Association française du gaz 8, rue de l’Hôtel de Ville - 92200 Neuilly-sur-Seine www.afgaz.fr Code Siret : 784854820 00023 Code APE/NAF : 9412Z Président : ��Jérôme Ferrier Vice-présidents : �� Monique Delamare �� Patrick Corbin Trésorier : �� Joël Pedessac Délégué général : ��Georges Bouchard Membres : �� Jean-Michel Figoli ��Fernando Herrera Castro �� Sylvain Waserman Directeur de la publication : ��Georges Bouchard Rédactrice en chef : �� Madeleine Lafon Email : ��madeleine.lafon@afgaz.fr Rédactrice en chef adjointe : �� Laura Icart Email : �� laura.icart@afgaz.fr ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Création et maquette : Eric Leuliet pour Pensioncomplète. Relecture : Pomme Larmoyer. Rédaction : Laura Icart, Madeleine Lafon. Les opinions formulées dans les articles de Gaz d’aujourd’hui sont celles de leurs auteurs. Elles n’engagent en rien la responsabilité de l’AFG. © Couverture : AFEGAZ ADMINISTRATION DES ABONNEMENTS : AFG Tél. : +33 (0)1 80 21 08 00 Fax : +33 (0)1 80 21 07 96 E-mail : aurelie.bastien@afgaz.fr Prix au numéro : 33 euros TTC Abonnement annuel France : 120 euros TTC Abonnement annuel étranger : 120 euros TTC Bulletin d’abonnement : p. 45 RÉGIE PUBLICITAIRE : FRANCE EDITION MULTIMÉDIA 70, avenue Alfred Kastler CS 90014 – 66028 Perpignan cedex sdachez@francedit.com IMPRIMÉE PAR : SEPEC ZAC des Bruyères 01960 Péronnas Impression et dépôt légal : Avril 2016 - N° 2 - XXXXXXXX LISTE DES ANNONCEURS Storengy �� 2e de couverture AFG �� 3e de couverture Expobiogaz �� 4e de couverture Antargaz ��p. 2 Smart Energies ��p. 7 Decamat ��p. 48 FSTT ��p. 49 Gazomat ��p. 53 Diehl ��p. 53 Certigaz ��p. 60

Gaz d’aujourd’hui souffle cette année sa 140e bougie. Ce deuxième numéro de l’année a une saveur particulière. Dans un contexte agité et incertain qui nous place au cœur d’un mix énergétique où demain il faudra répondre aux attentes du monde dans le domaine climatique tout en continuant à préserver la sécurité et la compétitivité de l’approvisionnement en © AFG énergie, notre dossier spécial anniversaire nous replonge dans la grande histoire gazière française et européenne. Avant cela, Philippe De Ladoucette, président de la CRE, est l’invité de notre grand entretien. Il revient pour nous sur les grandes avancées du secteur gazier et leurs impacts au niveau législatif et tarifaire notamment. Notre énergie occupe aujourd’hui une place de choix dans le mix énergétique mondial. Nous avons souhaité revenir dans ce dossier sur l’histoire de l’industrie gazière française. Du gaz d’éclairage qui vêtit Paris de ses habits de lumière à la naissance d’une industrie qui apporta aux Français tout le confort moderne, pour cuisiner, pour se chauffer et pour travailler, l’ascension, au XIXe siècle, du gaz manufacturé produit dans les usines à gaz fut spectaculaire, à l’image de la déclaration de Charles Baudelaire, lors de l’Exposition universelle de 1855 : « Demandez à tout bon Français qui lit tous les jours son journal dans son estaminet ce qu’il entend par progrès, il répondra que c’est la vapeur, l’électricité et l’éclairage au gaz. » Des évolutions techniques aux principales applications du gaz, des grands « hommes gaziers » à ceux qui aujourd’hui préservent et font vivre cette mémoire, en passant par l’histoire de notre association, qui joue aujourd’hui comme par le passé un rôle fédérateur, ce dossier, qui raconte le passé et rend hommage à nos prédécesseurs qui nous ont permis d’être là où nous en sommes, se veut également tourné vers l’avenir, vers les biogaz, le biométhane, Gazpar et toutes ces innovations qui demain permettront encore et toujours au gaz de conserver ses lettres de noblesse. Bonne lecture.

Georges Bouchard Directeur de la publication

LE PROCHAIN NUMÉRO SORTIRA EN JUILLET 2016

ISSN 00 16-5328 o

Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016 • 1

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w w w . a n t a r g a z . f r L’ É N E R G I E E S T N O T R E A V E N I R , É C O N O M I S O N S - L A

SOMMAIRE

Avril - juin - n° 2/2016 La revue du gaz naturel, du biométhane, du butane et du propane

ENTRETIEN

DOSSIER

PHILIPPE DE LADOUCETTE Président de la Commission de régulation de l’énergie

INFRASTRUCTURES

p. 4

Brèves

p. 34

L’UE investit dans les infrastructures énergétiques

p. 35

La biodiversité en pôle position

p. 36

ÉCONOMIE ET FOURNITURE Brèves

p. 38

Tribune libre ⎥ Guy Maisonnier, Ifri

p. 39

UTILISATIONS ET MARCHÉS

BUTANE ET PROPANE

Brèves

p. 42

Deux cent cinquante stations GNV en 2020

p. 43

POLITIQUES ET INSTITUTIONS

Le gaz : toute une histoire... p. 8

Brèves

p. 50

Roulez jeunesse !

p. 51

Métier ⎥ Alain Combes, CFBP

p. 52

VIE DE L’AFG Brèves

Brèves

p. 46

L’Iran à la croisée des chemins

p. 47

p. 54

Convention de l’AFG ⎥ Bilan et perspectives gazières p. 55 Interview : Yannick Onfroy, président du BNG Normalisation

p. 58

p. 59

Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016 • 3

ENTRETIEN

PHILIPPE DE LADOUCETTE Président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE)

« La CRE veille au développement d’une concurrence libre et loyale » En 2015, votre organisme a fêté ses quinze ans. Pouvez-vous nous rappeler quelles ont été les principales missions de la CRE depuis sa création et quelles sont les perspectives à venir ? La CRE, qui a été créée en 2000, est l’émanation des directives européennes sur la construction d’un marché unique de l’énergie. Si l’on fait le bilan de l’action de la CRE sur les quinze ans de son existence, on constatera que les progrès accomplis dans ce domaine sont importants. Résolument tournée vers l’Europe, sa mission générale est de concourir au bon fonctionnement des marchés de l’électricité et du gaz au bénéfice du consommateur final. Elle se décline en deux volets : la régulation des réseaux et la régulation des marchés. C’est à la CRE de garantir aux utilisateurs un droit d’accès non discriminatoire aux infrastructures de transport et de distribution qui sont des monopoles naturels tout en assurant la sécurité d’approvisionnement. Elle fixe les tarifs d’utilisation des réseaux publics d’électricité et de gaz naturel ainsi que des prestations annexes. Dans le cadre du troisième paquet des directives européennes transposées dans le code de l’énergie, la CRE examine chaque année le plan décennal d’investissement des gestionnaires de réseaux de transport. À ce titre elle vérifie que ce plan couvre tous les besoins en matière d’investissement et qu’il est cohérent avec le plan européen élaboré par organismes de coopération des gestionnaires des réseaux européens (Enso). Elle approuve également leur plan d’investissement annuel. Enfin, la CRE est aussi la garante de l’indépendance des gestionnaires de réseaux. C’est à la CRE de veiller au développement d’une concurrence libre et loyale au bénéfice du consommateur final. Depuis 2006, la CRE a pour mission de surveiller les transactions effectuées sur les marchés de gros de l’électricité et du gaz, en s’assurant notamment de la cohérence des offres faites par les acteurs de marché avec leurs contraintes économiques et techniques. La loi de régulation bancaire et financière de 2010 lui a donné aussi la compétence de surveillance du marché du CO2, en coopération avec l’Autorité des marchés financiers (AMF). La CRE veille également au bon fonctionnement des marchés de détail. Elle exerce une

4 • Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016

mission de surveillance des transactions et des offres, de leur transparence et de leur cohérence avec les contraintes économiques. Enfin, cette année, la CRE définira pour la première fois, au titre de la compétence qu’elle détient depuis le 8 décembre 2015, l’évolution des tarifs publics d’électricité pour les particuliers. On franchit ici une étape supplémentaire vers la dépolitisation du secteur de l’énergie. En effet, le gouvernement n’aura pas la possibilité de modifier ni à la hausse ni à la baisse la décision de la CRE. En cas de désaccord, il devra motiver son avis. Pour le gaz depuis 2013, nous validons chaque mois les mouvements tarifaires liés aux coûts d’approvisionnement d’Engie au regard de la formule qui définit leur mode de calcul. À cet effet, nous réalisons chaque année un audit sur ces coûts à partir duquel est fixée cette formule. Autre tâche de la CRE et qui pèse lourdement sur son fonctionnement : sa contribution à la mise en œuvre des dispositifs de soutien à la production d’électricité à partir d’énergie renouvelable. C’est elle qui met en œuvre les appels d’offres décidés par le gouvernement et instruit les dossiers de candidature. De surcroît, la CRE évalue le montant des charges imputables aux missions de service public et propose chaque année au ministre chargé de l’Énergie le montant des charges (CSPE). Enfin, la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a conféré de nouvelles missions à la CRE, telle que la régulation des revenus autorisés des opérateurs de stockages souterrains de gaz naturel. Le dernier observatoire des marchés de l’électricité, du gaz et du CO2 indique que le marché de gros semble assez dynamique sur le quatrième trimestre 2015 malgré un prix du gaz bas. Quelle lecture en faites-vous ? En effet, dans notre dernier observatoire des marchés de gros nous avons indiqué que la demande des centrales électriques fonctionnant au gaz est en nette augmentation. Les prix spot de gaz ont en effet baissé plus rapidement que ceux de l’électricité sur le quatrième trimestre 2015, ce qui a amélioré la rentabilité des centrales à gaz. Nos estimations montrent que cette rentabilité, le clean spark spread, est positive sur l’hiver 2015-2016. Il y a donc cohérence entre les évolutions des prix du gaz et la demande de gaz liée spécifiquement à ces centrales. Cependant on ne

ENTRETIEN

PHILIPPE DE LADOUCETTE Titulaire d’un doctorat en économie et en sociologie ainsi que d’un troisième cycle de l’École nationale des ponts et chaussées, il commence sa carrière en 1974 à la délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (Datar) où il traite de sujets GPL industriels. Par la suite, il occupe plusieurs postes dans différents cabinets ministériels, notamment celui de conseiller technique chargé de la reconversion industrielle au cabinet du ministre de l’Industrie entre 1986 et 1988 puis de directeur-adjoint au cabinet du ministre des Entreprises et du développement économique de 1993 à 1995. Président directeur général du groupe Charbonnages de France de 1996 à 2006, il est également président directeur général de la Snet de 1996 à 2000. En 2010, il dirige avec Jean-Marie Chevalier, professeur d’économie à l’université Paris-Dauphine, l’ouvrage L’électricité du futur, un défi mondial (Economica, 2010), consacré au développement des réseaux électriques évolués. © CRE

peut pas parler de marché dynamique dans la mesure où les volumes échangés sur les marchés spot ou à terme sont en recul par rapport au quatrième trimestre 2014. L’année 2016 est une grande année « tarifaire » pour la Commission de régulation de l’énergie avec la fixation de plusieurs nouveaux tarifs dans le secteur gazier et électrique. Pouvez-vous nous en expliquer les différentes étapes ? L’année 2016 est en effet une grande année tarifaire. Nous venons de fixer le tarif de distribution du gaz pour une entrée en vigueur au 1er juillet dont la hausse de 2,76 % conduirait, toute chose égale par ailleurs, à une augmentation du tarif réglementé de 0,60 % pour un client domestique se chauffant au gaz. Nous avons retenu une évolution annuelle à inflation 0,8 %. Au quatrième trimestre, nous prendrons les délibérations pour définir les nouveaux tarifs de transport du gaz et des terminaux méthaniers. Nous travaillons aussi à l’élaboration du tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (Turpe) distribution et transport. L’ensemble de ces tarifs doivent entrer en vigueur en 2017. Toutes nos décisions portant sur les tarifs sont rendues après un long processus de consultations publiques et de concertation avec tous les acteurs afin que tous les avis soient recueillis : professionnels, syndicats, associations, etc. Ainsi pour l’ATRD 5 (accès des tiers aux réseaux de distribution), nous avons reçu

143 réponses à la consultation publique portant sur le cadre de régulation, la structure et le niveau du tarif. Ce qui est un record. Par ailleurs, notre proposition sur les tarifs réglementés d’électricité sera précédée d’une large consultation des acteurs concernés : fournisseurs, consommateurs, collectivités locales (pour les zones non-interconnectées, ZNI). Elle sera accompagnée d’un rapport qui traitera notamment la méthodologie de construction des tarifs en niveau et en structure et la prise en compte des rattrapages tarifaires. La loi sur la transition énergétique autorise désormais le régulateur à refacturer certaines de ses missions aux clients contrôlés : pouvez-vous nous en dire plus ? Les missions de la CRE ont considérablement augmenté depuis sa création en 2000 alors que son budget de fonctionnement diminue. Elle a ainsi mis en œuvre un plan d’économie qui affectait essentiellement son budget d’études, d’audit et de conseils extérieurs et constituait une gêne pour l’accomplissement de ses missions. Or, le recours à ces études externes est indispensable à ses travaux portant entre autres sur la fixation des tarifs. Le code de l’énergie a été modifié de façon à ce que certains de ces frais puissent être mis à la charge des opérateurs concernés par l’intermédiaire d’une contribution spécifique. Il permet à la CRE de faire contrôler, aux frais des entreprises, les informations qu’elle recueille dans le cadre de ses missions.

Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016 • 5

ENTRETIEN

La fin des tarifs réglementés pour les gros consommateurs fin 2015 a considérablement bousculé le marché français de l’énergie. Pouvez-nous dresser un premier bilan ? Une étape significative de l’ouverture à la concurrence vient d’être franchie avec la fin des tarifs réglementés pour les sites professionnels gros consommateurs d’énergie. Entre janvier 2015 et janvier 2016, les concurrents d’EDF ont multiplié par six leur part de marché et les concurrents d’Engie ont augmenté de 15 % leur portefeuille de clients. Cependant, au 17 mars 2016, sur un total de 468 000 sites, il en reste encore 63 192 qui n’ont pas encore souscrit une offre de marché en électricité. Et sur les 108 000 sites alimentés en gaz, 13 564 sont également en offre transitoire. Si l’on fait le bilan global du marché de détail, on constate que la concurrence est beaucoup plus dynamique sur le marché du gaz : 44 % des sites alimentés en gaz sont en offre de marché, dont 21 % chez un fournisseur alternatif. Alors que sur le marché de l’électricité, 12 % des clients sont passés chez un concurrent d’EDF et un 1 % est resté en offre de marché chez EDF. On constate aussi que les offres de marchés deviennent plus attractives et permettent de réelles économies allant au-delà de 10 % pour le gaz et 6 % pour l’électricité. Par ailleurs, l’arrivée d’un nouvel entrant tel que Total sur le marché est très significative et montre qu’une nouvelle phase s’ouvre. Cependant l’information du consommateur est très insuffisante et reste encore un frein à l’ouverture à la concurrence. Comment la CRE se positionne face aux projets européens de développement gazier ? La CRE est résolument tournée vers l’Europe. Elle fait preuve d’une forte implication dans les groupes de travail européens des régulateurs nationaux. Elle contribue notamment à l’élaboration des codes de réseaux, dont celui portant sur les tarifs gaziers qui pourrait être adopté cette année. Par le passé, elle a été l’un des principaux artisans du code de réseau sur les allocations de capacité. S’agissant des investissements, elle a soutenu les trans-

porteurs français pour développer les capacités d’interconnexions de ses réseaux avec les pays voisins. Après le succès sans conteste du rapprochement des zones de marché de TIGF et de la zone sud de GRTgaz, la CRE maintient ses efforts avec la création d’une zone unique de marché à l’échelle de la France prévue pour le 1er novembre 2018. Ceci permettra de disposer d’un prix de gros identique pour tous les consommateurs. Cette grande zone par ailleurs facilitera l’intégration de la péninsule ibérique dans le marché européen. Ceci dit, ce sera une étape complexe parce que cela nécessitera des investissements de l’ordre de 900 millions d’euros et la refonte des tarifs d’accès aux réseaux de transport. Ceux-ci devront prendre en compte l’avènement de cette grande zone de marché au milieu de leur période d’application (de 2017 à 2021). Pour autant, nous devons avoir une approche prudente sur les sujets d’investissement dans un contexte gazier plutôt en décroissance. Aussi nous procédons à une analyse fine des coûts et des bénéfices des nouveaux investissements envisagés afin de prendre les meilleures décisions dans l’intérêt des consommateurs finaux. Le cas de Midcat en est une illustration : il s’agit du projet de construction d’un gazoduc qui devrait assurer l’interconnexion entre la France et l’Espagne au niveau de la Catalogne. Or, il y a déjà à cette frontière beaucoup de capacités de transport existantes. Le projet Midcat est défendu par Bruxelles pour réduire la dépendance européenne aux importations de gaz russe. De notre côté, nous y sommes très attentifs en raison du coût de ce projet qui devrait s’élever à environ 3 milliards d’euros, dont 2 milliards à la charge de GRTgaz. Sa réalisation demanderait de renforcer le réseau de transport français. De tels investissements se répercutent sur les tarifs des transporteurs et de ce fait sur la facture du consommateur final. Ce projet par ailleurs ne nous paraît pas non plus aujourd’hui justifié dans la mesure où il n’y a pas eu jusqu’à présent un mètre cube de gaz remontant de l’Espagne vers la France. Il n’y a donc pas lieu de faire payer aux consommateurs français un tel investissement. Une réflexion analogue est menée dans l’électricité.

« C’est à la CRE de garantir aux utilisateurs un droit d’accès non discriminatoire aux infrastructures de transport et de distribution qui sont des monopoles naturels tout en assurant la sécurité d’approvisionnement. » o

6 • Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016

« La CRE est résolument tournée vers l’Europe. Elle fait preuve d’une forte implication dans les groupes de travail européens des régulateurs nationaux. » Sur la nouvelle interconnexion franco-espagnole située à l’est des Pyrénées, nous avons rendu un avis favorable sur les règles de répartition de la capacité qui seront appliquées par RTE (Réseau de transport d’électricité). La commercialisation des nouvelles capacités a pu ainsi démarrer. Cependant, des contraintes techniques sur le réseau espagnol ont réduit dans un premier temps les bénéfices

attendus. Sur les nouveaux projets, la CRE sera là aussi très attentive aux études coûts-bénéfices et travaillera activement, comme elle l’a toujours fait, à la réalisation du marché intérieur de l’énergie, mais en soutenant des projets économiquement supportables.

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DOSSIER

LE GAZ : TOUTE UNE HISTOIRE... Au sommaire de ce dossier : • Happy birthday Gaz d’aujourd’hui ! • La grande aventure de l’industrie gazière française • La fée gaz • Ils ont écrit l’histoire du gaz • Et Paris fut lumière ! • S’éclairer, cuisiner, se chauffer : les techniques gazières ont révolutionné notre quotidien • Faire vivre la mémoire gazière • Une vision au service des gaziers • Des expressions gazières • Les solutions gaz de demain

8 • Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016

DOSSIER

CONTEXTE

Happy birthday Gaz d’aujourd’hui ! Presqu’un siècle et demi que Le journal des usines à gaz (l’ancêtre de Gaz d’aujourd’hui) a été créé et qu’il informe les gaziers des actualités, des innovations, des changements d’une industrie en constante mutation depuis ses débuts prometteurs et flamboyants au détour d’un candélabre jusqu’au rayonnement mondial qu’on lui connaît aujourd’hui.

n cent quarante ans d’existence, Le journal des usines à gaz, devenu en 1956 Le journal de l’industrie gazière et en 1967 Gaz d’aujourd’hui a représenté un trait-d’union entre la Société française de l’industrie gazière (l’AFG aujourd’hui) et l’ensemble des sociétés gazières. Dès sa première parution, le journal s’impose comme un outil d’information à la fois technique et généraliste pour la profession, mettant en avant les sujets clés du secteur et rendant compte au gré de plus d’un siècle d’innovations technologiques, commerciales et sociales, du dynamisme et des compétences que représentent l’industrie gazière française en France et dans le monde. Une histoire empreinte de modernité Revenir sur près de deux siècles d’histoire gazière, c’est se pencher sur une aventure très lointaine et très proche en même temps. Si l’industrie gazière est encore aujourd’hui considérée comme une « jeune » industrie, elle a pourtant totalement bouleversé les us et coutumes d’une époque qui s’ouvrait timidement à la modernité. Les écrits des historiens du gaz Alain Beltran et Jean-Pierre Williot, pour ne citer qu’eux, sont autant de témoignages et d’anecdotes qui retracent la grande aventure qu’a connue, entre le XIXe et le XXe siècle, l’énergie gaz, avec une réussite industrielle assez spectaculaire.

L’arrivée du gaz d’éclairage à Paris a transformé les habitudes des citadins. Julien Lemer, journaliste parisien, a résumé en une phrase l’atmosphère d’une époque, lorsqu’il écrit dans Paris au gaz en 1861 : « Depuis que le gaz a pénétré dans les ruelles les plus étroites de la ville, il n’y a véritablement plus de nuit à Paris, puisqu’il n’y a plus d’obscurité. » Le gaz confère un nouveau visage à la capitale et en quelques années il s’étendra de manière spectaculaire dans les grandes villes françaises et développera de nombreux autres usages. De célèbres écrivains, de Gustave Flaubert à Victor Hugo ainsi que des poètes reconnus tels que Guillaume Apollinaire ou Théophile Gauthier ont loué à plusieurs reprises dans leurs écrits les qualité du gaz et l’atout qu’il représente dans la modernisation de la société française : une énergie qui apporte le jour et la nuit. Ce dossier célèbre l’histoire d’une industrie florissante qui a su se transformer au gré de l’histoire et de ses bouleversements, portée par des compétences et un savoir-faire unique, celui des gaziers, portée également par deux siècles de découvertes, d’adaptations, de flexibilité et d’innovations techniques et technologiques qui lui permettent encore aujourd’hui de voir toujours plus loin dans l’avenir. Laura Icart

Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016 • 9

DOSSIER

INFOGRAPHIE

La grande aventure de l’industrie gazière française 1815

1835

Création du premier compteur hydraulique par Samuel Clegg.

Création de la Compagnie française d’éclairage par le gaz, à Paris.

1874

Création de la Société française de l’industrie du gaz (SFIG), à Paris.

1876

Début de la presse gazière. Création du magazine Le journal des usines à gaz.

1880

Paris compte 47 gazomètres.

1799

1818

Brevet d’invention accordé à Philippe Lebon pour sa thermolampe.

1846

Éclairage au gaz de l’hôpital Saint-Louis et ses dépendances à l’initiative du préfet de la Seine.

1800

Ordonnance royale fixant pour dix-huit ans les prix de vente du gaz. Strasbourg compte 2 548 becs d’éclairage particuliers.

1889

Construction de l’usine du Landy à Saint-Denis. Paris compte 180 000 becs de gaz privés et 55 470 becs d’éclairage public.

1900

Du gaz manufacturé...

1820

1801 Installation du système

Création de la Société royale du gaz par le roi Louis XVIII.

Lebon dans l’hôtel de Seignelay, à Paris.

1816

1824

Brevet accordé à Albert Winsor. Premier salon éclairé au gaz dans le passage des Panoramas, à Paris.

Ordonnance royale promulguée le 20 août et règlement annexé pour un développement sécurisé de l’industrie du gaz en France.

10 • Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016

1855

Décret impérial donnant naissance à la Compagnie parisienne d’éclairage et de chauffage par le gaz.

1858

1882

Création de l’usine de Saint-Denis pour couvrir le besoin croissant de Paris en gaz d’éclairage et de chauffage.

Construction de l’usine à gaz de la Villette.

1863

Construction de l’hôtel Condorcet – siège de GRDF aujourd’hui.

1891

82 % des villes de plus de 6 000 habitants sont éclairées. 100 % pour celles de plus de 20 000 habitants.

DOSSIER 1950

1907

Mise en service du centre d’emplissage de Rognac (Bouchesdu-Rhône) dont les réservoirs peuvent contenir 2 500 mètres cubes de butane et 420 mètres cubes de propane.

Création de la Société gaz de Paris (SGP).

1910

841 usines à gaz en France.

1951 Découverte d’un gisement de gaz naturel à Lacq.

1927

La Société française de l’industrie du gaz (SFIG) devient l’Association technique du gaz (ATG). Elle crée la Société de développement de l’industrie gazière (SDIG).

1971

Mise en place des accords de Bouillot-Alby.

2000

l’Association technique du gaz (ATG) devient l’Association française du gaz (AFG). 21e congrès mondial du gaz à Nice. Loi de modernisation du service public électrique et gaz. Création de la Commission de régulation de l’énergie (CRE).

1972

Arrivée du gaz algérien à Fos-sur-Mer.

2003

1954

1931

Création du comité de l’industrie du gaz. Mise en service de la plus puissante usine gazière d’Europe à Alfortville (Val-de-Marne).

Création de l’Union internationale du gaz (UIG). Conception de la première bouteille de gaz (13 kg) par la société URG-Butagaz.

12e congrès mondial du gaz à Nice.

2005

7,6 millions de consommateurs pour GDF ; 83 % du gaz vient de l’étranger.

2007

Création de GRDF.

1946

2008

Gaz de France fusionne avec Suez et devient GDF-SUEZ.

2000

...au gaz naturel

1939

1905

380 millions de mètres cubes de gaz sont vendus à Paris.

La part du gaz naturel dépasse celle du gaz de houille en France.

L’UIG organise son 2e congrès mondial du gaz à Paris.

La centrale gaz de Gennevilliers produit 750 000 mètres cubes de gaz. Création de Total.

1969

1961

Constitution du Groupe européen de recherche gazière.

1925 1924

Décret sur le transport du gaz. Inauguration du réseau Megal assurant la livraison du gaz russe à la France.

1963

1937

La France compte 16 réseaux de distribution de gaz de four à coke dépendant des houillères ou de la sidérurgie.

Biogaz, biométhane

1985

Découverte du gisement de gaz naturel de Saint-Marcet (Haute-Garonne).

Arrêt de Bordeaux.

Congrès mondial du gaz à Paris. Adoption de la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte. Signature des accords de Paris lors de la COP 21 en décembre.

1974

Loi de nationalisation : création de gaz de France.

1916

2015

Création de GRTgaz et de TIGF.

Le journal des usines à gaz devient Le journal de l’industrie gazière. Adoption de la première norme industrielle NF gaz. Inauguration du site de stockage de Beyne, à l’ouest de Paris.

Création de la première gazinière lors d’un concours organisé par la SDIG. La société métallurgique Liotard Frères distribue le premier butane français Primagaz.

Fin des tarifs réglementés de vente pour les professionnels.

1973

1956

1934

2014

Création de Certigaz.

1941

Création du « Pool Butane », devenu en 1989 le Comité français du butane et du propane (CFBP).

1965 Le Jules Verne, le premier

méthanier français, transporte 25 500 mètres cubes en provenance d’Algérie. Mise en service du terminal méthanier du Havre et du stockage souterrain de Saint-Illiers (Yvelines).

Autorisation ministérielle autorisant les GPL dans les carburants.

1968

Création de Marcogaz, l’association technique de l’industrie du gaz en Europe.

1998 Directive gaz : ouverture

du marché du gaz naturel.

1990

26 000 km de réseaux de transport de gaz en France.

1967

Le journal de l’industrie gazière devient Gaz d’aujourd’hui. o

Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016 • 11

DOSSIER

LA NAISSANCE D’UNE INDUSTRIE

La fée gaz L’histoire du gaz manufacturé remonte à une époque pas si lointaine. À l’aube de la révolution industrielle, l’éclairage, puis le chauffage au gaz sont venus améliorer le confort des citadins. Avec le gaz de ville, formidable outil de développement urbain, le visage des communes et le quotidien de milliers de foyers se sont transformés. Un monde nouveau qui voit naître les premiers grands groupes énergétiques. La découverte du gaz naturel bouleverse la donne et entraîne la plus grande mutation qu’ait connue le secteur gazier. Retour sur deux siècles d’innovations et de transformations qui ont structuré l’industrie gazière française et européenne.

n cette fin du XVIIIe siècle, nombreux sont les savants qui ont étudié le gaz. Cavendish, Charles, les frères Montgolfier, Murdoch, Winsor ou encore Minckelers ont tous révélé quelque chose de cette énergie mais c’est bien Philippe Lebon qui par cette phrase : « Mes amis, je vous chaufferai et vous éclairerai de Paris à Brachay », prononcée en 1797 devant une poignée de Champenois, s’est révélé au monde comme un précurseur. Aurait-il pu imaginer que près de deux siècles plus tard, le gaz serait la troisième énergie dans le mix énergétique mondial, prête à supplanter le charbon.

Les usines à gaz Elles ont fortement marqué de leur empreinte et de leur odeur le paysage industriel français tout comme les immenses carcasses métalliques des gazomètres nécessaires au stockage du gaz. On doit le fonctionnement des usines à gaz à l’ingénieur français Lebon qui utilisait les gaz produits par la distillation en vase clos de la houille. Se trouvait également devant l’usine un réservoir d’eau qui servait à alimenter les tubes réfrigérants et des canalisations permettant d’alimenter les becs de gaz.

D’une aventure locale...…

L’aventure du gaz d’éclairage, débuté quelques années plus tôt à Londres, commence à Paris en 1801. Les recherches sur les gaz manufacturés initiées par Philippe Lebon et William Murdoch permirent par la suite l’essor du gaz d’éclairage dans la capitale. Des villes qui s’illuminent Produit à partir de la distillation du gaz de houille dans des usines à gaz, le gaz d’éclairage sonne le démarrage de l’activité gazière à Paris et en province. Des entrepreneurs éclairés constituent des compagnies pour exploiter les usines. En 1821, quatre usines sont installées à Pa© AFEGAZ

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Pavillon du gaz, Exposition universelle de 1900. ris. Après celle de Lille en 1825, il s’en construira plus de soixante en province jusqu’en 1850. Ces usines distribuent le gaz par des canalisations en bois, en tôle bitumé puis en fonte pour alimenter des becs de gaz installés dans les rues, puis l’éclairage dans les logements, les boutiques et les ateliers. Une première clientèle de particuliers se forma, d’abord à Paris avec près de 20 000 consommateurs avant les années cinquante mais aussi à Lyon (7 000) et dans une moindre mesure à Strasbourg (4 000). En 1872, 550 villes sont éclairées au gaz et le taux annuel de progression de la consommation dépasse les 5 % — il est un peu plus élevé à Paris. On dénombre plus de 1 000 usines en 1888 qui alimentent une population équivalente à 13 millions d’habitants. Si l’éclairage reste, de loin, l’utilisation la plus courante, des chercheurs mettent au point de nouveaux dispositifs. En cette fin de XIXe siècle, la lutte que se livrent gaz et électricité pour la domination du marché de l’éclairage public

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s’intensifie. Le gaz fera encore parler de lui avec l’éclairage des Expositions universelles de 1889 (80 000 réverbères) et de 1900 qui comporte l’illumination du Champ de Mars. Le siècle de la maturité Le début du XXe siècle marque un tournant pour l’industrie gazière. Les gaziers ont pris conscience de la nécessité de s’organiser pour faire face à la redoutable concurrente et décident de promouvoir leur énergie et leur savoir-faire. Ils s’appuient sur les compagnies gazières mais aussi sur des organismes tels que la Société de diffusion de l’industrie gazière (SDIG) pour entamer des démarches commerciales (affiches, publicités, tracts, calendrier…). Les premières démonstrations culinaires et la valorisation d’appareils à gaz avec des conseillères ménagères sont mises en place dans les années dix-neuf cents. L’industrie gazière se structure au début du siècle et apparaît comme un véritable service public. L’arrêt du Conseil d’État du 30 mars 1916, dit « arrêt de Bordeaux », ouvre la voie à une réglementation permettant aux gaziers d’adapter leurs moyens aux événements. Trois puissantes cokeries gazières sont mises en service entre les deux guerres, celle de Toulouse en 1924, celle de Strasbourg en 1925 et celle de Villeneuve-la-Garenne en 1928. L’industrie gazière poursuit son développement entre les deux guerres. Les gaziers maintiennent coûte que coûte leur réseau en gaz même si à la libération plus de la moitié des usines ont été détruites.

Usine de Clichy (1905), délutage à la raclette.

.… ..à un destin national

Le 8 avril 1946 marque un tournant indéniable dans l’histoire du gaz : l’Assemble nationale vote la loi de nationalisation défendue par Marcel Paul, ministre de la Production industrielle. Celle-ci réorganise totalement les industries gazières et électriques. Elle établit notamment la nationalisation de la production, du transport, de la distribution et de la fourniture de gaz naturel. Elle crée Gaz de France comme monopole public. La société cherche de nouvelles sources de gaz capables de produire des volumes plus importants. De grandes cokeries seront construites à Rouen, Saint-Denis, l’usine de Strasbourg verra sa capacité doublée et en 1954 la plus puissante cokerie d’Europe sera mise en service à Alfortville, au sud de Paris. Gaz de France réfléchit également à créer un réseau de transport, susceptible à terme d’alimenter tout le pays. Si dans les premières années post nationalisation l’activité de gaz de France consiste à produire et distribuer du gaz de ville, la découverte en 1951 du gisement Lacq va changer totalement la donne. L’avènement du gaz naturel En décembre 1951, la Société nationale des pétroles d’Aquitaine (SNPA) découvre un gisement de gaz naturel à Lacq, dans le Béarn. Si le gaz naturel n’est pas inconnu en France (un gisement a été découvert à Saint-Marcet en 1939), il faudra de nombreux tests et études pour que les gaziers réalisent la pépite qu’ils ont sous leur pied. Le pays dispose désormais de 200 milliards de mètres cubes de gaz naturel et repense totalement l’aménagement de son territoire. Ce gaz naturel a de nombreuses qualités et son pouvoir calorifique est le double du gaz de houille (9 000 cal/m3 contre 4 000). De plus, distribué à une pression de 18 millibars au lieu de

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Le saviez-vous ? En 1971, les accords dits de « Bouillot-Alby » signés entre Pierre Alby, directeur général de GDF et André Bouillot, directeur général de la SNPA, sont un compromis qui organise les relations entre GDF (détenteur historique du monopole) et la SNPA, producteur du gaz de Lacq. GDF reste l’acteur majeur mais le SNPA obtient de valoriser la production du gaz de Lacq en particulier via la création de la Société du gaz naturel du sud-ouest (SNGSO) en charge du transport et de la commercialisation du gaz naturel.

Gisement de gaz naturel à Lacq dans les années cinquante.

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9 millibars, il permet d’offrir une importante quantité d’énergie. Il faut désormais adapter les réseaux au gaz naturel dont les caractéristiques sont très différentes de celles du gaz de houille. Gaz de France construit très rapidement — en moins de quatre ans — une infrastructure nationale de transport du gaz. La construction et la mise en service des premières artères de transport du réseau de Lacq démarrent en 1958. Dès 1960, les régions lyonnaises, parisiennes et nantaises sont desservies. Et en 1962, c’est l’ensemble du pays qui est concerné. Un transport national à grande échelle du gaz est désormais possible. La production, la distribution et la consommation de gaz en France sont désormais arrivées à un tournant de leur histoire. Une nouvelle ère se dessine Avec l’avènement du gaz naturel, l’industrie gazière française va effectuer une totale mutation. Les usines à gaz s’éteignent progressivement, les gaziers voient évoluer leur métier en même temps que leurs outils de travail (canalisations, gazoducs, bateaux méthaniers et ports méthaniers). Une nouvelle ère s’ouvre et de nouveaux besoins apparaissent. La nécessité de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement devient rapidement une priorité nationale. Le gisement de Hassi R’Mel découvert en Algérie en 1956 aiguise l’appétit des gaziers français qui cherchent une solution pour le transporter en France. Ce sera sous forme de gaz naturel liquéfie (GNL). Le Jules Verne, premier méthanier français, est mis en service en 1965, il doit relier Arzew (Algérie) et le Havre où ont été construits respectivement un terminal de liquéfaction et de regazéification. Deux chaînes supplémentaires de GNL seront établies en 1973 et 1982 avec la mise en service de Fos-Tonkin et Montoir-de-Bretagne. Les perspectives qu’offre l’industrie gazière en France paraissent extrêmement prometteuses, le gaz naturel a créé une véritable révolution et la recherche continue de faire des progrès techniques qui portent de nouvelles perspectives malgré la concurrence des autres énergies (particulièrement le charbon et l’électricité). À partir de 1960, afin de tirer partie de toutes les opportunités qui se présentent à eux, les gaziers se fournissent marginalement en gaz de mine (ou grisou), en gaz de pétrole liquéfié (GPL) ou en gaz de raffinerie de pétrole, même si ces disponibilités en gaz restent liées à l’activité des autres industries. À noter que l’utilisation des GPL pour l’alimentation de petites stations, ou en air propané pour préparer le passage au gaz naturel, a débuté dans les années cinquante. À partir des années soixante-dix, Gaz de France poursuit son maillage de la France, la conversion des réseaux de distribution tend à généraliser l’usage du gaz naturel et permet d’accéder à de nouveaux dispositifs permettant d’améliorer le confort domestique et celui des utilisateurs.

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©ENGIE/GILLES CRAMPE

Le stockage souterrain en aquifère de Chémery, dans le Loir-et-Cher.

Vers une Europe gazière

Dans la grande majorité des pays européens, le secteur gazier s’organise au lendemain de la guerre, avec la nécessité pour tous de trouver une source d’énergie plus durable. Entre 1950 et 1960, les premières découvertes importantes de gisements de gaz naturel ont eu lieu en Norvège, aux PaysBas, en Italie, en Allemagne et en France. Tous commencent à produire du gaz naturel pour leur consommation domestique et, le cas échéant, pour l’exportation. C’est d’abord autour des grandes compagnies nationales publiques, détentrices du monopole sur leur territoire national — Gaz de France, British Gas au Royaume-Uni, Distrigaz en Belgique ou encore Gasunie au Pays-Bas — que se concentre l’activité. En Europe, l’industrie gazière se développe principalement du fait des contrats long terme. Même s’ils sont minoritaires, à partir des années quatre-vingts des contrats d’échange de plus court terme se concluent dans les hubs, situés principalement sur des zones importantes de transit comme celle de Zeebrugge, en Belgique. La libéralisation du marché gazier Si la concertation entre opérateurs de réseaux existe depuis les années cinquante et qu’une harmonisation des normes et des standards industriels s’amorce au milieu des années quatre-vingts, c’est au tout début des années deux mille que l’Europe entame une profonde réforme de son secteur gazier. Le but fixé est la construction d’un marché unique du gaz avec une plus grande concurrence, favorisant l’interopérabilité des réseaux et le développement des échanges entre les pays de l’UE. Trois directives introduiront une série de règles communes en matière d’organisation du secteur gazier. De nouvelles structures apparaissent à l’intérieur des groupes industriels gaziers. Elles gèrent le stockage, la distribution, le transport… La gestion des infrastructures est confiée aux gestionnaires de réseaux qui doivent garantir notamment aux clients la mise à disposition de leurs réseaux et assurer l’acheminement des fournitures et la continuité du service.

L’essor de l’activité gazière est sans nul doute, avec celle du chemin de fer, l’une des plus grandes aventures industrielles du XIXe siècle. D’une industrie bien visible, avec ses usines et ses gazomètres, elle est devenue discrète, desservie par des réseaux souterrains. Elle a su s’adapter sans cesse à la demande croissante d’une population friande d’énergie, en allant notamment chercher du gaz toujours plus loin et en mettant en place des infrastructures dédiées. Elle a aussi exigé une structuration de son marché au niveau national et européen. Mais plus que cela, elle a nécessité une constante réactivité tout au long de deux siècles de révolutions techniques, scientifiques et commerciales, et a su placer son énergie au cœur d’un mix énergétique où elle aura encore toute sa place demain, du fait de son adaptabilité et de sa complémentarité, notamment avec les énergies renouvelables. Laura Icart

En savoir plus • Alain Beltran et Jean-Pierre Williot, Le noir et le bleu : quarante ans d’histoire de gaz de France, Belfond, 1992. • Michel Durand, Du rouge au bleu : l’aventure du gaz à Paris, Association technique du gaz, 1995. • Alain Beltran et Jean-Pierre Williot, Du gaz en France à Gaz de France, deux siècle de culture gazière, Cherche-midi, 2009. • Alain Beltran et Jean-Pierre Williot, Les routes du gaz : histoire du transport de gaz naturel en France, Cherche-midi, 2012. • Afegaz-Copagaz, Gaz à tous les étages : la naissance du confort (catalogue de l’exposition à la bibliothèque Forney), 2012.

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LES INVENTEURS DU GAZ

Ils ont écrit l’histoire du gaz Depuis le début de l’histoire moderne, des hommes ont savamment poussé l’énergie gaz à occuper une place prépondérante dans l’histoire industrielle et domestique française et européenne. Par leur talent, leur ingéniosité et leur savoir-faire, ces hommes savants ont contribué à faire de cette énergie l’atout indispensable de la modernité et du confort dans des millions de foyers français.

e Philippe Lebon, qui le premier a détecté le potentiel de la flamme de gaz, au comte de Rambuteau qui a généralisé l’éclairage au gaz à Paris, en passant par l’anglais Murdoch et l’allemand Winsor qui ont œuvré pour son apogée industriel, sans oublier la folle aventure des frères Montgolfier qui l’ont envoyé dans les airs, beaucoup d’hommes ont lancé, étudié et contribué à développer le gaz. Si la primeur de certaines découvertes ou inventions ont pu susciter des polémiques, l’histoire retiendra surtout que c’est l’ensemble de leurs travaux qui a permis l’essor de l’industrie gazière. Philippe Lebon (1767-1804) Le visionnaire Philippe Lebon devient ingénieur après de brillantes études à l’école des ponts et chaussées de Paris, dans laquelle il exercera comme professeur de mécanique. Entre 1785 et 1786, il © AFEGAZ invente le gaz d’éclairage en France. Ses travaux l’amènent à mettre en évidence les propriétés des gaz de distillation du bois. En 1797, après des expériences réussies dans sa maison familiale de Brachay, il construit un appareil de distillation et acquiert la conviction de l’utilité majeure de sa découverte. Il l’exploite par la suite pour l’éclairage et le chauffage, avec une première application par une démonstration d’éclairage à Paris, après avoir obtenu le 28 septembre 1799 un brevet pour sa « thermolampe » qui a initié l’éclairage urbain. Il installe pour la première fois ce système dans l’hôtel de Seignelay à Paris, le 11 octobre 1801. Dans une notice, il publie les modalités d’emploi du gaz pour l’éclairage, le chauffage, y compris les problèmes de ventilation, la cuisine

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et la force motrice. Grâce à ses nombreuses recherches sur l’action du gaz et de la vapeur, Lebon a amélioré le système de la machine à vapeur et notamment le procédé de condensation. En 1801, Philippe Lebon dépose un brevet pour un moteur à gaz à combustion interne, mais ce moteur reste à l’état de projet. Il meurt prématurément en 1804 sans n’avoir jamais pu présenter son invention. L’anglais William Murdoch et l’allemand Frederick Albert Winsor se serviront de ses travaux pour développer l’industrie du gaz en France et en Angleterre. Jan Pieter Minckelers (1748-1824) L’érudit Jan Pieter Minckelers est né en 1748 à Maastricht, aux PaysBas. En 1783, ce professeur de sciences naturelles à l’université de Louvain s’intéresse à © AFEGAZ la question des ballons dirigeables, montgolfières et ballons à gaz, vaste sujet chez les scientifiques de l’époque. Dans ses travaux, il essaye de mettre en évidence la meilleure solution pour le gonflage des ballons d’aérostation. Il intègre le comité chargé d’examiner la question du meilleur gaz pour des aérostats. Après de nombreuses expériences, il publie en 1784 un ouvrage intitulé Mémoire sur l’air inflammable tiré de différentes substances, dans lequel il conclut que l’air de houille est la solution la plus adaptée. Il installe même une petite unité de production de gaz de houille dans sa salle de cours de Louvain afin de l’éclairer.

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Joseph (1740-1810) et Étienne Montgolfier (1745-1799) Les conquérants Joseph et Étienne Montgolfier sont des industriels français, inventeurs de la montgolfière, ballon à air chaud grâce auquel a été réalisé en 1783 le premier vol d’un être humain dans les airs. Passionnés par les sciences, les frères Montgolfier sont des inventeurs depuis leur plus jeune âge. Durant l’une de leurs expériences, l’idée leur est venue de substituer l’air chaud à l’hydrogène comme gaz d’ascension. Les Montgolfier essayèrent d’abord de faire voltiger de petits ballons en papier dans leur laboratoire. L’expérience fonctionnant, ils décidèrent ensuite de lancer un gros ballon de toile dans le ciel. Après plusieurs expérimentations, le premier vol d’êtres vivants (un mouton, un coq et un canard) dans leur aérostat baptisé « montgolfière » eut lieu le 19 septembre 1783, devant le roi Louis XVI, à Versailles. Un mois plus tard, d’autres vols eurent lieu avec cette fois-ci des êtres humains à bord. Le 10 décembre 1783, Joseph et Étienne furent nommés membres correspondants de l’Académie des sciences. Le ballon à l’hydrogène restera pendant plus de cinquante ans le maître du siècle, jusqu’à qu’il soit remplacé par le gaz d’éclairage en 1835. William Murdoch (1754-1839) Le pionnier William Murdoch est un ingénieur et inventeur écossais. Il commence sa carrière en 1777 chez les industriels Boulton et Watt à Liverpool où il est © AFEGAZ chargé notamment d’améliorer le rendement des machines à vapeur. Parallèlement à son travail, il entreprend une série de travaux sur les matières combustibles.En 1792, il commence son expérimentation des gaz pour l’éclairage, provenant de l’échauffement du charbon et autres matériaux. Ayant suivi de près les travaux de Philippe Lebon, il découvre que le gaz distillé de la houille

peut être accumulé dans de vastes réservoirs, purifié par son passage à travers un liquide et enfin dirigé à grande distance des fourneaux générateurs vers les points de combustion où il doit produire dans des becs convenables une lumière plus vive et moins coûteuse que celle dérivée du suif, de la cire ou de l’huile. Il ne rend ses découvertes publiques qu’en 1798. En 1802, il fait une expérience d’éclairage au gaz limitée (entrée de l’usine) chez Boulton et Watt à Soho et, en 1804, il entreprend l’éclairage complet au gaz, extrait de la houille, des vastes usines de tissage Phillips et Lee à Manchester. Le chantier durera trois ans et il en fera une description complète en 1808 devant la Société royale britannique, qui lui décernera sa récompense la plus recherchée.

Frederick Albert Winsor (1762-1830) L’industriel Albert Wintzler de son vrai nom voit le jour en 1762. En 1801, en Allemagne, Frederick Albert Winsor, s’inspirant largement des travaux de Philippe Lebon, publie un essai sur ses expériences d’éclairage produit par la distillation des bois de chêne et de sapin. Il se rend à Londres faire des expériences en public. En 1807, il fonde la « Gas Light and Coke Compagny », une société d’éclairage général au gaz pour les rues, les usines, les boutiques, les hôtels et les maisons bourgeoises de Londres. En 1814, le brevet de Lebon tombe dans le domaine public. À l’été 1815, Windsor se précipite dans la capitale française pour y déposer une demande de brevet, qu’il obtint en janvier 1816. Il entreprend alors l’éclairage au gaz du passage des Panoramas, à Paris. C’est dans cette ville qu’il fonde en 1817 la première compagnie de gaz. Ruiné après la faillite de son entreprise, il meurt en 1830 et est enterré au cimetière parisien du Père-Lachaise.

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Émile (1800-1875) et Isaac (1806-1880) Pereire Les entrepreneurs Les frères Pereire, hommes d’affaires, prirent une part active à l’essor du gaz à Paris, © AFEGAZ notamment lors de la signature le 23 juillet 1855 du traité de concession de l’éclairage et du chauffage au gaz à Paris accordé pour cinquante ans à six compagnies. L’empereur Napoléon III préconise un gaz à bon marché, les banquiers proposent alors une diminution de 25 % du prix du gaz et favorise son développement rapide. En 1861, ils construisent le Grand Hôtel, rue Scribe, sur des plans de Charles Garnier, éclairé par des milliers de becs de gaz. Claude-Philibert Barthelot de Rambuteau (1781-1869) L’éclaireur

Démonstration d’un vol aérostatique au début du XIX siècle.

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Haut fonctionnaire de la première moitié du XIXe siècle, le comte de Rambuteau a été conseillé d’État, pair de France et préfet de la Seine de 1833 à 1848. Il a mis en place les premiers éléments de la transformation de Paris et notamment l’essor de l’éclairage au gaz, © AFEGAZ achevé par le préfet Haussmann sous le Second Empire. Réalisant de nombreux travaux d’embellissement et d’assainissement dans la capitale (première vespasienne en 1840), il acheva l’Arc de Triomphe et généralise l’éclairage au gaz : à son arrivée en 1833, la ville comptait 69 becs de gaz ; on en dénombrait plus de 8 600 à son départ, en 1848. L.I.

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LE GAZ À PARIS

Et Paris fut lumière ! L’histoire du gaz est profondément liée à celle de l’éclairage public à Paris. Les découvertes et les travaux initiés à la fin du XVIIIe siècle ont permis de lancer la grande aventure du gaz à Paris. Au début du XIXe siècle, Paris s’éveille à la modernité.

l y a plus de deux siècles que l’énergie gaz s’est installée à Paris. Devenu très vite un outil de bien-être dans la vie des Parisiens, son ascension participa à l’essor et au développement de Paris et a fait souffler un vent de progrès sur la capitale.

La thermolampe brevetée par Philippe Lebon.

Le temps des pionniers C’est en 1801 que le génie de Lebon éclate à la face du monde lorsqu’il réalise l’éclairage de l’hôtel de Seignelay en installant sa thermolampe (l’ancêtre de l’usine à gaz). S’il fut l’inventeur du gaz d’éclairage, c’est bien Frederick Winsor qui lance l’aventure industrielle du gaz d’éclairage à Paris en illuminant le passage des Panoramas en 1816 et la construction d’une petite usine à gaz près des jardins du Luxembourg chargée d’éclairer les galeries du Palais-Royal et de l’Odéon. Dans la lignée de Winsor, d’autres initiatives voient le jour, comme celle du préfet de la Seine, le comte de Chabrol, qui se servit du gaz pour alimenter l’hôpital Saint-Louis et ses dépendances, couvrant même un tiers des besoins en chaleur pour le chauffage de l’eau des bains. Cette installation a subsisté telle quelle jusqu’en 1860. En 1818, Louis XVIII fonde de grands espoirs dans cette énergie et contribue à lancer son aventure parisienne, six ans après son avènement à Londres, en créant la Compa-

gnie royale d’éclairage par le gaz. Si Henri IV avait en son temps dit que Paris valait bien une messe, Louis XVIII a choisi de marquer son règne en l’illuminant. Le premier éclairage public eut lieu place du Carrousel en 1818 suivi, en janvier 1819, par celui de la rue de Rivoli. C’est à cette occasion qu’apparaissent les premiers candélabres (réverbères sur pied). En 1821, Paris compte quatre usines à gaz qui assurent une exploitation régulière dans leurs zones respectives. En 1824, les premiers essais des lanternes à gaz sont faits dans l’ancienne galerie de Fer, boulevard des Italiens, qui rejoignait la rue de Choiseul. De l’éclairage…... L’arrête préfectoral de 1822 et l’ordonnance royale de 1824 sont les premières bases réglementaires solides qui permettent à la jeune industrie gazière parisienne de se structurer. En 1836, six compagnies se partagent Paris. Si l’éclairage public est le produit « phare » avec les becs de gaz, l’éclairage privé se développe lui aussi, d’abord dans les rez-de-chaussées puis, avec la construction des conduites montantes, dans les étages, permettant une plus large diffusion du gaz. En 1855, toutes les compagnies parisiennes se regroupent pour constituer la Compagnie parisienne d’éclairage et de chauffage par le gaz, sous la houlette du baron Haussmann. Elle sera d’ailleurs le concessionnaire unique de la ville jusqu’en 1905. Avec ce traité, Paris obtient notamment un intéressement sur le prix du gaz et la pleine propriété des canalisations, un défi majeur pour la capitale qui compte à cette même époque plus de 500 kilomètres de réseau et plus de 20 000 becs d’éclairage publics. En 1889, si le gaz reste le maître de l’éclairage à Paris avec 1 800 000 becs de gaz privés et 55 470 becs d’éclairage publics, il doit faire face à un concurrent qui s’annonce : l’électricité. Le déclin arrive vers les années dix-neuf cent dix dans le secteur privé, avec des installations nouvelles qui adoptent majoritairement l’électricité. L’éclairage public continue d’illuminer Paris et 90 % de ses appareils sont encore au gaz en 1923. Il faudra attendre le début des années soixante pour voir disparaître le recours à ce type d’éclairage place de la Concorde.

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Paris éclairé au gaz, peinture d’Edouard Léon Cortés (1882-1969). ...au confort gaz Pendant plusieurs décennies, de nombreuses innovations techniques intégrées dans les matériels (cuisinière, réchaud, four-rôtissoire, chauffe-bain), ce que l’on appelle plus communément En 1905, 5 027 immeubles modernes le « confort gaz » (cuisine, eau chaude, affichent sur des plaques métalliques chauffage), s’installeront dans les foyers bleu l’emblème de la nouveauté et du parisiens, d’abord ceux des plus aisés, et luxe : « Gaz à tous les étages ». s’étendront ensuite à une clientèle plus modeste. Les expositions universelles seront d’ailleurs autant d’occasions pour l’industrie gazière de présenter ses inventions et ses appareils au grand public.

de Clichy et celle, beaucoup plus importante, du Landy à Saint-Denis, marquent pendant plusieurs décennies le visage du nord de Paris et concourent chacune, à leur niveau de production, à l’éclairage de la ville. Le gaz fabriqué dans ces usines est recueilli dans les gazomètres puis dirigé sur Paris par de grandes conduites maîtresses qui convergent vers les centres de consommation. Le plan de canalisation évolue bien sûr au fur et à mesure des augmentations de la consommation de gaz et constitue un maillage souterrain très dense que l’on appellera plus tard un réseau. Le débit régulier de gaz est ainsi assuré par l’existence d’une trame aux liaisons multiples et par la connexion des usines entre elles, en cas de défection de l’une d’elles.

La distribution du gaz : un maillage complexe Au XIXe siècle, la distribution du gaz à Paris participe aux actions entreprises d’aménagement de la ville. Elle représente à la fois pour les producteurs de gaz et pour ceux qui le consomment un élément essentiel de la modernité urbaine. La Compagnie parisienne d’éclairage et de chauffage par le gaz se trouve dans une situation de monopole pour la distribution du gaz à partir de sa création et jusqu’à la fin du siècle. Elle s’attelle donc à développer et à faire étendre les réseaux déjà existants au sein des quartiers parisiens. L’expansion gazière est rendue possible dans la capitale grâce notamment aux progrès technologiques et aux outils réglementaires mis en place. De 1856 à 1889, de grandes usines à gaz sont construites dans la ville et sa périphérie. Celle de la Villette, celle

Une consommation toujours plus importante De 1860 à 1959, la consommation de gaz passe à Paris de 62 à 716 millions de mètres cubes. En 1893, les 11 usines de la compagnie produisent 150 millions de mètres cubes de gaz par an et 1 million de tonnes de coke. En 1907, la Société du gaz de Paris (SGP) se substitue à la Compagnie parisienne (CP), à l’initiative de la Ville de Paris. Elle est chargée de l’exploitation du gaz pour une durée de vingt ans. L’accroissement des ventes incite à la construction d’une nouvelle usine. Ce sera le Cornillon à Saint-Denis. Elle entre en service en 1929 et peut produire jusqu’à 1 million de mètres cubes de gaz par jour, devançant largement celle du Landy avec sa production quotidienne de 700 000 mètres cubes. La consommation de Paris atteint 537 millions de mètres cubes dès 1931.

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Du temps des usines à gaz... En 1937, la compagnie du Gaz de Paris succède à la SGP. Elle est chargée de la production, de la distribution et de la vente du gaz et des sous-produits, la ville mettant à sa disposition ses usines et son réseau de distribution (de 2 625 km). Cette nouvelle compagnie subsistera jusqu’en 1946 et la loi de nationalisation qui donne à la toute jeune Gaz de France la production, le transport et la distribution du gaz à Paris. La période heureuse des Trente Glorieuses qui s’ouvre oblige Gaz de France à chercher de nouvelles sources de gaz et conduit à la mise en service en 1954 de la plus puissante cokerie gazière d’Europe à Alfortville, permettant de rééquilibrer la production, concentrée jusque-là uniquement dans le nord. ...à l’avènement du gaz naturel La découverte du gisement de Lacq en 1951 provoque une profonde mutation de l’outil industriel gazier parisien. Les usines à gaz s’éteignent progressivement : en 1956, celle de La Villette, Clichy en 1960, Gennevilliers en 1961 et, en 1977, l’usine Nord (le Landy et le Cornillon) cessent définitivement toute activité. En 1967, le gaz naturel en provenance de Lacq, de Russie et d’Algérie, approvisionne quelques 850 000 foyers parisiens. Le 4 octobre 1971 débute la « conversion du réseau » : pour cette opération, Paris est divisé en 261 périmètres d’environ 4 000 abonnés. La première a lieu dans le quartier Monceau. Les Parisiens vivent cette révolution comme une vraie réjouissance et un gage de modernité. Le 21 mars

1979, la dernière torchère de gaz manufacturé s’éteint. Le gaz naturel est désormais le seul maître de Paris. Après avoir bénéficié d’un monopole certain pour couvrir les besoins d’éclairage et de chauffage notamment, l’industrie du gaz parisienne doit désormais • 11 usines de production faire face à la concurrence des • 2 610 km de réseau autres énergies, une nouveauté e • 56 027 conduites montantes en ce début de XXI siècles. Une • 527 000 abonnés nouveauté en forme de défi pour • 11 000 agents le gaz dont la complémentarité, l’adaptabilité et la flexibilité restent des atouts pour imaginer le Paris énergétique de demain. Laura Icart

À Paris en 1906

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ÉVOLUTIONS TECHNOLOGIQUES

S’éclairer, cuisiner, se chauffer : les techniques gazière ont révolutionné notre quotidien Avant de devenir une industrie mettant en œuvre de puissantes installations - autrefois à partir de gaz de houille fabriqué en usine et aujourd’hui grâce au gaz naturel - l’énergie gaz a connu un grand nombre d’outils qui ont contribué chacun à leur manière à la faire entrer dans l’histoire.

es becs de gaz, aux objets de « confort gaz » modernes, des premiers matériaux utilisés pour fabriquer des canalisations à l’apparition des premiers compteurs, durant deux siècles l’industrie gazière n’a cessé d’inventer pour mieux exister.

Le bec Argand.

Les becs de gaz Le premier bec de gaz est né de plusieurs expérimentations pratiquées au XVIIIe siècle, où le gaz était recueilli dans des vessies de porc. Les becs à flammes plates (becs papillon et Manchester) font leur apparition dès la première décennie du XIXe siècle. Ces becs furent principalement utilisés, seuls ou en groupe, dans les lieux de passage, l’éclairage public ou sur des lustres. Les becs à flammes tubulaires, appelés aussi « becs de type Argand » voient leur flamme mieux dimensionnée pour un usage domestique. Face à la concurrence, de l’électricité notamment, les inventeurs et les industriels cherchent le meilleur rendement par bec et augmentent le nombre de flammes — jusqu’à douze dans une même lanterne. Différentes formes de lampes seront utilisées pour l’éclairage domestique au fil du XIXe siècle mais c’est l’introduction du bec Auer (la lumière est générée par un manchon chauffé jusqu’à l’incandescence) qui donnera une nouvelle jeunesse à l’éclairage au gaz, tandis que le bec renversé supprimera l’ombre porté par l’appareil lui-même sur les lieux éclairés. Les lampes prirent différents styles, au gré du goût des consommateurs. Si la part du gaz dans l’éclairage public diminue à partir de 1920, seuls certains lieux prestigieux, telle

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la place de la Concorde, conservent leurs réverbères jusque dans les années soixante. Aujourd’hui, il ne reste qu’un seul candélabre alimenté au gaz naturel, surnommé « Léon », situé sur la commune de Malakoff. Les compteurs gaz Pendant plusieurs décennies, les compagnies gazières se sont contentées d’évaluer la consommation de chaque abonné par le nombre et le calibre des becs de gaz ainsi que parfois par la durée d’allumage. Si le compteur de gaz a été

Compteur à gaz « prépaiement ».

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axe et plongeant dans de l’eau, placé dans un caisson cylindrique qui forme le corps extérieur du compteur. L’eau fut remplacée par de l’huile et, en 1950, cette technique prit fin pour être remplacée par des compteurs secs. Plus petit et fonctionnel, le nouveau compteur domestique est considérée comme « sec ». Le volume du gaz est mesuré au moyen de chambres volumétriques aux parois étanches et déformables. Gazpar sera la nouvelle génération de compteurs dits « communicants ». Il transmettra à distance les index de relevés. © GRDF -GREGORY BANDEL

Compteur Gazpar. inventé par l’anglais Samuel Clegg en 1815, sa généralisation à Paris, puis en province, date des années dix-huit cent quarante. Le compteur dit « à prépaiement » (il fallait glisser une pièce dans une fente du compteur pour libérer une quantité fixe de gaz) fit son apparition à plusieurs reprises au cours des XIXe et XXe siècle, certainement pour des raisons économiques et culturelles. Des compteurs plus modernes et plus précis furent ensuite installés. Ces compteurs dits « humides » ou « hydrauliques », ont pour organe essentiel un volant divisé en quatre chambres d’égales capacités tournant autour d’un

De la cuisine au gaz au chauffage au gaz De nombreuses expériences ont été menées après la découverte de Lebon. En 1837, le français Merle invente le concept de la première cuisinière à gaz. Même si elle n’eut pas le succès escompté, car la flamme « blanche » © AFEGAZ charbonnait les produits à accommoder, elle permit à d’autres d’en amé- Chauffe-bain mural. liorer les dispositions, notamment avec l’apparition du brûleur à flamme bleue créé par l’allemand Bunsen en 1855. De nombreux types d’appareils seront créés par les fabricants français et européens au fil du XIXe siècle : la base avec le réchaud, puis

Rôtissoire La Cornue.

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les fourneaux, les rôtissoires, le fourneau-rôtissoire ou encore les cuisinières. Pour l’anecdote, on notera qu’en 1889 durant l’Exposition universelle de Paris, une rôtissoire à gaz à plusieurs étages avait été installée. Elle pouvait rôtir jusqu’à 200 poulets par jour. Les grandes maisons bourgeoises et certaines collectivités s’équipent de cuisinières à partir de 1880, mais leur démocratisation dans les foyers français ne se généralise qu’au début du XXe siècle. Obtenir de la chaleur au moyen de becs d’éclairage est une idée qui a été émise dès l’avènement du gaz d’éclairage mais c’est vraiment en 1860 que les premiers travaux sérieux laissent entrevoir les réelles possibilités du gaz pour chauffer de l’eau à l’aide de chauffe-eaux. Sont ensuite fabriqués les appareils de chauffage à la fin du XIXe siècle. Au début XXe siècle les appareils de chauffage à incandescence font leur apparition, avec une chaleur rayonnée beaucoup plus élevée. Ces radiateurs et ces cheminées sont un vrai pas vers le progrès. © AFEGAZ

Radiateur Brul’eau, 1924.

Installation d’un réseau gaz au début du XIXe siècle.

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L’histoire des canalisations Divers matériaux furent successivement utilisés pour réaliser les premiers réseaux de gaz qui assuraient l’alimentation en gaz pour l’éclairage dans les villes : le bois tout d’abord, puis la tôle bitumée en 1861, enfin, au début du XXe siècle, la fonte. Celle-ci a d’ailleurs marqué un progrès important dans le développement des réseaux gaz à partir de 1940. Les fontes grises ont été posées jusqu’au début des années soixante-dix. À la fin des années soixante-dix, les besoins croissants de développement du gaz naturel nécessitaient alors d’augmenter les capacités de transit des réseaux et par conséquent d’évoluer vers des technologies de réseaux en moyenne pression (4 bars) — soit plus de gaz transporté dans une canalisation de même diamètre —, où chaque branchement est équipé d’un détendeur qui coupe automatiquement l’alimentation des installations situées en aval en cas de problème sur ces installations. L’utilisation du polyéthylène a été généralisée à partir de 1979. Il présente toutes les qualités requises : solidité et souplesse. De plus, c’était, pour l’essentiel le seul matériau, en dehors de l’acier, disponible industriellement et permettant de développer des réseaux en moyenne pression de 4 bars à des conditions économiques satisfaisantes. L.I.

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PATRIMOINE

Faire vivre la mémoire gazière ! L’industrie gazière a été et demeure un promoteur important et un marqueur de l’évolution industrielle, de la diffusion du confort et de la modernisation de notre société. Une histoire riche de deux siècles d’inventions, d’innovations et de perfectionnements qui ont généré un patrimoine matériel et immatériel conséquent.

epuis près de vingt-cinq ans, l’Association de la flamme européenne du gaz (Afegaz) et celle de la Conservation du patrimoine gazier (Copagaz) s’attachent à préserver ce précieux patrimoine et continuent jour après jour de l’enrichir. Ce dernier concerne tant la production des gaz combustibles que leur distribution au sens large et leur utilisation dans l’industrie, le commerce et chez les particuliers. Afegaz : les collectionneurs Créée en 1991 par un groupe d’amateurs, de professionnels et de collectionneurs français et européens, Afegaz a pour ambition de sauvegarder le patrimoine gazier et de contribuer à la mise en valeur des témoignages retraçant l’histoire du gaz dans la vie quotidienne des Français depuis le début du XIXe siècle. Elle compte avec les collections privées qu’elle fédère un ensemble de becs d’éclairage au gaz, un grand nombre de réverbères, d’appareils sanitaires,

de chauffage et de cuisine, de blanchisserie, de coiffure mais aussi des compteurs à gaz ainsi que nombre de documents anciens (affiches, cartes postales, catalogue…). Copagaz : les conservateurs Créée en 1994 à l’initiative de l’ATG (AFG aujourd’hui), l’association fédère autour d’elle un réseau d’associations et d’organismes œuvrant à la conservation et à la sauvegarde des objets et documents témoignant de l’histoire de l’industrie gazière. Copagaz les aide dans leurs acquisitions, leurs travaux de restauration et leurs efforts d’exposition tout en entretenant l’indispensable lien avec les entreprises gazières.

Une collaboration de tous les instants ! Afegaz et Copagaz s’appuient sur un réseau de partenaires de collectionneurs passionnés : • Aspeg - Rouen ; • Atouts gaz - Strasbourg ; • Lumière de l’œil - Paris ; • Mémoire de l’électricité, du gaz et de l’éclairage public (MEGE) – Paris ; • Mémoire pour l’avenir – Montpellier ; • Regaz - Bordeaux ; • SBR Paris - Cachan.

Salle consacrée à la production du gaz et à sa première utilisation : l’éclairage (exposition Forney, 2011-2012).

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Regards croisés Nous avons interrogé ces deux passionnés de l’histoire gazière, qui contribuent à la sauvegarde d’une partie de notre patrimoine énergétique.

Michel Roux, président d’Afegaz.

Jacques Ely, président d’honneur Copagaz.

Quels sont les grands projets menés par vos associations ?

Vous contribuez à entretenir et préserver la mémoire gazière. Parlez-nous de l’intérêt de conserver un tel patrimoine et de la manière dont vous assurez cette transmission aux générations suivantes ?

Jacques Ely Chez Copagaz, nous avons souhaité faire de notre site Internet un outil de communication et de valorisation de notre travail. Il est conçu comme un musée virtuel. Il contient l’ensemble du patrimoine gazier disponible à la location pour l’organisation d’expositions notamment. Nous sommes également à la recherche d’appuis financiers pour l’aménagement muséal de notre site d’Alfortville, auquel nous aimerions donner une belle visibilité. Michel Roux L’ensemble des collections dont nous disposons (Afegaz et AFG) fait l’objet d’un entretien régulier dans un souci de conservation pour leur présentation à l’occasion d’expositions qui relatent les principales périodes de développement du gaz aux XIXe et XXe siècles (lumière, cuisson, eau chaude, chauffage, artisanat…). Par ailleurs, nous procédons à un travail d’inventaire illustré des appareils et affiches que nous cherchons à enrichir, dans la mesure du possible, par de nouvelles acquisitions et restaurations. Le ralliement de personnes de bonne volonté pour nous aider devenant une préoccupation. Quel est le regard que vous portez sur l’évolution de l’industrie gazière et sur l’énergie gaz ellemême ?

Michel Roux La mémoire gazière que nous souhaitons voir pérennisée implique notre présence soutenue dans les manifestations professionnelles et grand public en France et en Europe. Ces expositions ont pour avantage de sensibiliser les visiteurs, toutes générations confondues, à ce patrimoine riche de plus de deux cents ans d’histoire, symbole des grands développements technologiques et du confort devenu incontournable. Jacques Ely L’industrie gazière a été un promoteur et un marqueur à la fois de l’évolution industrielle et de la diffusion du confort dans notre société. Ce que l’on doit comprendre, c’est que la mémoire gazière illustre remarquablement notre histoire collective et retrace fidèlement l’évolution sociétale sur deux siècles. En outre, l’activité gazière sur cette période s’est muée en de puissantes industries, intégrant tous leurs aspects spécifiques, utilisant les meilleurs outils disponibles et, le cas échéant, en en créant. Propos recueillis par L.I.

Jacques Ely Elle est pour moi la meilleure solution de continuité entre un passé trop carboné et un avenir où les énergies renouvelables deviendront prépondérantes.

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ENTREPRENDRE

Une vision au service des gaziers L’Association française du gaz (AFG) a été fondée avec les prémisses de la révolution industrielle en France, contribuant à l’essor de l’industrie gazière française et à son rayonnement dans le monde.

des gaz par les sels métalliques. L’année suivant sa création, Émile Vauthier poursuit le travail de son prédécesseur et fonde lors de sa présidence Le journal des usines à gaz. Le congrès national du gaz organisé pour la première fois en 1883 est l’occasion pour les différents acteurs de la filière française, mais aussi étrangère, d’échanger et de se rencontrer afin de mutualiser leurs compétences et leur savoir-faire. Les expositions organisées simultanément font la joie des professionnels du secteur, ingénieurs et fabricants de matériels de production, de distribution et d’utilisation. La dernière décennie du XIXe siècle est marquée par l’essor économique de l’industrie du gaz et la place toujours plus importante qu’occupe désormais cette énergie, source de confort et de modernité, dans la vie de beaucoup de Français. La STIG travaille et collabore avec les pouvoirs publics, notamment dans les domaines techniques et réglementaires au travers de ses nombreuses commissions. Un travail que poursuit l’AFG aujourd’hui encore. L’année 1900 qui s’ouvre à Paris avec l’Exposition universelle est l’occasion pour la STIG de se réunir avec une dimension internationale (la moitié des participants sont des étrangers) et un programme consacré aux progrès scientifiques et techniques. En 1924, la STIG fête son cinquantenaire lors d’une grande exposition gazière organisée dans les jardins du Luxembourg à Paris.

L’intégration nationale Le premier président de la STIG, Alfred Mallet, en est aussi l’un de ses fondateurs. Chimiste renommé, il reçoit de nombreux prix pour ses travaux et notamment sur l’épuration

La naissance de l’ATG En 1927, la STIG devient l’Association technique du gaz. Sous la présidence d’Auguste Baril (1927-1929), éminent gazier qui joua un rôle de premier plan dans la modernisation de l’usine à gaz de Gennevilliers notamment, l’ATG ambitionne de regrouper les principaux gaziers internationaux. Ses démarches aboutissent en 1931 avec la création de l’Union internationale de l’industrie du gaz (UIIG) autour de sept pays (l’Allemagne, la Belgique, la France, les PaysBas, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse) et du premier congrès mondial à Londres. Auguste Baril assure la présidence française de l’UIIG de 1934 à 1937 et l’organisation

Congrès national du gaz en 2013. a Société technique de l’industrie du gaz (STIG) a été initiée à Lyon dès 1867, mais c’est en 1874 qu’elle a été créée officiellement, à Paris. La STIG est un organisme professionnel indépendant des grandes sociétés gazières nationales, mais avec lesquelles elle travaille en étroite collaboration pour promouvoir et développer la part du gaz dans l’économie nationale. Les gaziers français ont très vite compris l’intérêt de constituer un organe institutionnel de discussions et de mise en commun des idées et des questionnements autour de l’avenir et de l’évolution d’une industrie gazière naissante au niveau national, mais aussi international.

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du deuxième congrès mondial du gaz, le premier à Paris. L’ATG connaît une succession de présidents, élus à l’origine pour une année. Leur mandat passe à deux années à partir de 1949 et la plupart d’entre jouent un rôle actif au sein de l’association en assurant notamment la présidence des commissions, en produisant des communications ou en occupant des fonctions dans les plus hautes instances gazières internationales. En 1956, la France adopte la première norme industrielle NF gaz, confiée par délégation de l’Afnor à l’ATG. C’est également cette même année que Le journal des usines à gaz devient Le journal de l’industrie gazière avant d’être renommé en 1967 Gaz d’aujourd’hui. En 1973, l’ATG organise son deuxième congrès mondial du gaz à Nice et dix ans plus tard elle fête à Cannes l’organisation de son centième congrès national. Un nouveau monde gazier L’ATG fête son entrée dans le nouveau millénaire avec deux évènements majeurs : en 2000, l’organisation du 21e congrès mondial du gaz à Nice et la transformation de l’ATG, le 27 novembre 2000, d’une association à vocation technique à un syndicat professionnel représentatif de l’ensemble de l’industrie française du gaz, rebaptisé Association française du gaz (AFG). Le congrès national aura désormais lieu tous les deux ans. De 2012 à 2015, la France a assuré la présidence de l’UIG et l’AFG a participé à l’organisation du 26e congrès mondial, le quatrième organisé sur son territoire. Hier comme aujourd’hui, tout comme demain, l’AFG poursuit le travail initié il y a presque cent cinquante ans par ses illustres prédécesseurs. Elle continue à porter haut la voix du gaz dans le mix énergétique national et international, en contribuant tous les jours à valoriser et développer les multiples usages de son énergie.

L’AFG en chiffres • 142 années d’existence • 124 congrès nationaux du gaz • 4 congrès mondial du gaz • 550 magazines • 80 présidents

Regards croisés Trois présidents de l’AFG nous parlent des temps forts et des grands enjeux de leur présidence.

Jacques Maire, président de l’ATG de 1993 à 1995

Lorsque je pense à ma présidence de l’Association technique du gaz (ATG, ancienne AFG), la première chose qui me vient à l’esprit ce sont de bons souvenirs. Les gaziers ont un sens développé de la convivialité. L’ATG était un lieu d’échanges vivant et avait développé des services appréciés. Mais le monde de l’énergie était en profonde transformation. Les règles et traditions qui gouvernaient le système étaient en passe d’être bouleversées. Le problème se posait donc du rôle et de la position de l’ATG dans ce nouveau monde : société savante ou syndicat professionnel ? Succursale de Gaz de France ou personne indépendante ? J’ai orienté mon action vers le renforcement de sa personnalité propre, vers le rassemblement de tous les acteurs de la filière, vers l’augmentation des sujets commerciaux, économiques et internationaux dans le programme de travail de l’association. L’illustration en a été donnée par le congrès clôturant ma présidence. Le choix de Lille, proposée avec dynamisme par l’ATG nord, nous situait dans une région en pleine évolution économique. Nous avons titré le congrès « Le gaz, énergie de votre développement », impliqué les autorités locales et fait une large place aux acteurs économiques et internationaux.

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Jacques Deyirmendjian, président de l’AFG de 1999 à 2001

Le tournant du siècle et aussi du millénaire a été le rendez-vous d’une profonde restructuration de l’industrie du gaz européenne marquée par l’ouverture des marchés nationaux, première étape vers l’intégration et le marché unique. Les présidents précédents avaient préparé les esprits en faveur d’une nécessaire adaptation de l’ATG à ce nouveau contexte, mais il restait à passer à l’acte. C’est ainsi que naquit le 27 novembre 2000 l’Association française du gaz (AFG). La rédaction des nouveaux statuts ne fut pas aisée et je dois rendre hommage à Michel Duhen, vice-président qui me succéda en 2001 à la présidence, pour sa contribution à leur conclusion. Une nouvelle ère commençait : Gaz de France perdait son monopole et devait faire place à ses concurrents ; l’AFG, devenu syndicat professionnel, s’ouvrait à tous les opérateurs gaziers, mais aussi à l’ensemble des entreprises des secteurs gazier et para-gazier. L’autre événement marquant fut le 21e congrès mondial du gaz (CMG 2000) à Nice, organisé par l’Union internationale du gaz (UIG) présidée par Claude Détourné et dont l’ATG fut la cheville ouvrière. Il connut un grand succès autour du thème « Le gaz, l’énergie du XXIe siècle » et reste encore dans toute les mémoires et pas seulement en raison de la pluie diluvienne qui s’abattit ce 6 juin au moment du dîner de gala sous les immenses tentes dressées en bout de la promenade des Anglais…

La présidence française de l’UIG a largement rempli ses objectifs : une augmentation significative des pays membres passant de 76 à 91, le renforcement des relations avec les organisations gouvernementales et non gouvernementales grâce à la signature d’accords de coopération avec la Commission économique pour l’Europe des Nations unies, l’Unesco, la Banque mondiale et l’IPI (International Peace Institute) et une présence affirmée dans les grands rendez-vous mondiaux comme le G20 ou les COP, ainsi qu’une présence médiatique renforcée pour faire entendre la voix du gaz comme l’énergie fossile capable d’accompagner le développement des renouvelables. Pour l’AFG, le bilan est également positif. En 2015, l’AFG aura connu trois événements majeurs : la loi de transition énergétique grâce à laquelle le gaz pourra trouver une place privilégiée au sein du mix énergétique, le congrès mondial qui a réuni à Paris 3 700 délégués de 90 pays et le sommet sur le climat COP 21 qui aura tracé les grands objectifs pour lutter contre le réchauffement climatique, auxquels le gaz naturel apportera sa contribution. Mon second mandat a débuté en septembre 2015 et nous avons devant nous de très excitantes perspectives pour le développement du gaz en France, avec la part croissante qu’est appelé à prendre le biogaz comme une nouvelle composante de la production nationale et le développement du gaz dans les transports, notamment avec le gaz naturel liquéfié pour la mobilité terrestre et maritime. L.I.

Jérôme Ferrier, président depuis septembre 2013, président d’honneur de l’UIG Mon premier mandat de président de l’AFG a débuté en septembre 2013 alors que j’avais déjà entamé celui de président de l’Union internationale de l’industrie du gaz (UIG) au 24e congrès mondial du gaz à Kuala Lumpur en juin 2012. Nous étions alors en pleine préparation du 25e congrès mondial qui devait se tenir à Paris en juin 2015. Le début des années deux mille dix était une période pleine de perspectives enthousiasmantes pour le gaz naturel et le gaz naturel liquéfié. Les États-Unis avaient retrouvé le chemin de la croissance de la production gazière domestique à partir des gaz de schiste et l’Asie était porteuse de tous les espoirs d’une consommation en forte expansion.

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DOSSIER

PETITE ENCYCLOPÉDIE GAZIÈRE

Des expressions gazières Nous utilisons encore aujourd’hui beaucoup d’expressions contenant le mot « gaz ». La plupart trouvent leur origine à l’aube de la révolution industrielle, au XIXe siècle. Focus sur quelques formules à caractère métaphorique devenues courantes dans notre langage.

« Usine à gaz »

Que signifie-t-elle aujourd’hui ? Elle fait référence à des dispositifs incompréhensibles pour la plupart d’entre nous dont la mise en œuvre a pour seul mérite de complexifier un sujet qui l’est déjà suffisamment. Aujourd’hui encore, c’est l’une des expressions les plus communément utilisées par les politiciens français. Quelle est son origine ? Au début du XIXe siècle, les grandes capitales d’Europe occidentale se dotent progressivement de l’éclairage au gaz pour améliorer le confort et la sécurité urbaine. À Paris notamment se développent de vastes complexes industriels à la tuyauterie massive dont le fonctionnement incompréhensible apparaît nécessairement inquiétant et leur vaut une réputation douteuse. L’image forte de ces complexes industriels très étendus restera à jamais gravée dans la mémoire collective, au point de devenir une expression péjorative courante.

« De l’eau dans le gaz »

Que signifie-t-elle aujourd’hui ? Elle signifie qu’une discussion houleuse se prépare et que le climat est tendu ou qu’elle a lieu mais que la tension n’est toujours pas retombée. Quelle est son origine ? Elle fait référence à un phénomène physique observé sur les réseaux. Le gaz de houille distribué était saturé à la sortie du gazomètre et il était naturel qu’une partie de la vapeur d’eau se condense et parfois crée des poches d’eau dans les points bas des canalisations et les obstruent malgré la présence en ce points de siphons, à vider régulièrement dans le cadre de l’entretien. Il y avait donc à ce moment-là, et réellement, de l’eau dans le gaz, phénomène qui était annoncé par une flamme orangée avant son extinction sous forme de mini explosions.

« Ça gaze »

Que signifie-t-elle aujourd’hui ? « Ça gaze ? » Aujourd’hui, on dira plus simplement à quelqu’un dont on souhaite connaître en quelques mots l’état de forme actuel : « ça va ? ».

Quelle est son origine ? Cette expression a été extrêmement utilisée dans les années quatre-vingts et au début des années quatre-vingtdix, notamment par les chanteurs de variétés pour haranguer leur public. Différentes versions circulent sur son origine mais aucune n’est clairement établie.

« Tomber sur un bec (de gaz) »

Que signifie-t-elle aujourd’hui ? Elle signifie tomber sur une difficulté ardue ou un obstacle imprévu. Aujourd’hui l’expression « tomber sur un os » est plus communément utilisée. Quelle est son origine ? Cette expression date de l’époque où l’éclairage municipal était assuré par des becs de gaz qui avaient la fâcheuse habitude de venir brutalement et de manière plutôt inattendue à la rencontre des gens distraits ou des ivrognes.

« Gazier »

Que signifie-t-elle aujourd’hui ? Aujourd’hui le mot « gazier » désigne majoritairement les ouvriers ou employés qui travaillent à la fabrication, au transport, à la distribution ou à l’utilisation du gaz. Quelle est son origine ? Autrefois, le terme était utilisé pour désigner familièrement un brave type. Les expressions les plus courantes sont « salut les gaziers ! » Lancée à la cantonade à un cercle d’amis, ou bien « c’est qui ce gazier ? » à propos d’une personne qui n’a pas ses habitudes à l’endroit où les interlocuteurs se trouvent. D’autres expressions sont encore fréquemment utilisées comme « mettre les gaz » ou « plein gaz » lorsqu’on accélère rapidement. « Être dans le gaz » est encore utilisée pour désigner une personne qui a la tête complétement ailleurs. À noter pour l’anecdote que sa jumelle « être dans le coltard » tire son origine d’un goudron dérivé du charbon (coal en anglais) et tar (goudron). L.I.

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POINT DE VUE

Les solutions gaz de demain Didier Holleaux, directeur général adjoint en charge de la stratégie, des métiers et des fonctions opérationnelles du groupe Engie, évoque pour Gaz d’aujourd’hui les enjeux et les solutions du gaz de demain.

a lutte contre le réchauffement climatique est un enjeu majeur pour l’humanité. En témoigne l’accord historique conclu par 195 pays lors de la COP 21, le 12 décembre 2015, qui représente un véritable défi pour les gouvernements et les acteurs du secteur de l’énergie. En effet, le recours aux énergies renouvelables (EnR) et le soutien aux modes de transports les moins émetteurs en CO2 sont désormais un impératif. Les ambitions reflétées dans le texte de l’accord devront d’ailleurs, dans un proche avenir, être revues à la hausse si nous voulons limiter l’augmentation de la température en-dessous de 2 degrés. L’objet de ce bref texte est de montrer que le gaz a toute sa place dans cette transformation du paysage énergétique. En quoi peut-il être considéré comme une énergie verte complémentaire aux EnR électriques ? Quelles évolutions technologiques permettront d’améliorer sa performance et son attractivité ? Gaz et EnR électriques : des énergies complémentaires L’ambition de recourir prioritairement aux EnR pour produire de l’électricité ne se concrétisera que si une solution acceptable est trouvée, en l’absence de stockage d’électricité à des coûts abordables, au problème de l’intermittence de la production renouvelable. Aussi, en cas de modification des conditions météorologiques, il est indispensable qu’une autre unité de production puisse prendre le relais pour pallier l’interruption de fourniture. En raison de leur flexibilité et de leurs faibles émissions de CO2, les centrales combinées au gaz sont les plus à même d’exercer cette fonction. Au-delà de son utilisation pour produire de l’électricité, tout remplacement d’une autre énergie fossile par du gaz naturel se traduit par un gain significatif pour l’environnement. Si nous souhaitons agir rapidement pour faire baisser les émissions de CO2, avant même qu’une solution satisfaisante soit trouvée aux enjeux d’équilibrage, le gaz permet de répondre à cette problématique. Quand le gaz remplace une autre énergie fossile, la qualité de l’air s’améliore grâce à une réduction forte des émissions d’oxydes d’azote (NOx) : - 70 % par rapport au fuel et au charbon. Ainsi, le passage du fuel au gaz pour les clients industriels raccordés au réseau de GRTgaz en 2015 a permis d’éviter 380 000 tonnes de CO2, soit une contribution d’abattement équivalente à celle de 2 500 éoliennes de 2 MW.

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Les évolutions technologiques pour un gaz plus vert Des solutions domestiques Que ce soit pour les moyennes puissances (tertiaire, immeubles d’habitation, etc.), pour le consommateur individuel (maison ou appartement) ou pour les transports, les progrès de la technologie en matière de gaz permettent une forte baisse des consommations d’énergie primaire. Les pompes à chaleur au gaz naturel vont rapidement connaître des ruptures technologiques permettant leur utilisation dans tout type d’habitation. Prenons le cas de Boostheat : cette start-up française développe une toute nouvelle technologie de pompe à chaleur au gaz naturel qui pourrait diviser par deux le niveau des consommations. Les chaudières hybrides combinent une pompe à chaleur de petite puissance, adaptée à des conditions climatiques clémentes, et une chaudière à condensation pour les conditions plus rigoureuses. Cette technologie permet d’adapter le fonctionnement du système de chauffage à la météorologie locale, aux conditions d’utilisation des réseaux et à l’équilibre offre-demande. Par un simple signal, la chaudière hybride peut ainsi basculer d’un fonctionnement électrique à un fonctionnement tout gaz, de manière graduelle, générant une haute valeur ajoutée pour le système électrique. Les micro-cogénérations de nouvelle génération, alimentées par une pile à combustible, permettent de diminuer sensiblement les consommations énergétiques en produisant simultanément la chaleur et l’électricité nécessaires à l’alimentation d’une maison. Au Japon, plus de 100 000 piles à combustible de ce type ont déjà été vendues (il est prévu à court terme un objectif de 1,4 million) et des baisses de prix significatives sont à attendre dans les prochaines années. Les solutions dites « smart » (« intelligentes ») bénéficient de l’apport de la digitalisation désormais à l’œuvre dans tous les secteurs de l’énergie. Ainsi, les chaudières gaz se dotent de thermostats intégrés intelligents, pilotables à distance via smartphone, tablette ou ordinateur ou s’équipent de thermostats autonomes.

DOSSIER

Après une carrière dans l’administration d’État en France, achevée comme directeur de cabinet du ministre de l’Énergie en 1992-1993, Didier Holleaux a rejoint le groupe Gaz de France en 1993, devenu GDF Suez en 2008 puis Engie en 2015. Au sein de ce groupe, il a occupé divers postes de responsabilité dans le domaine du transport, de l’exploration-production, du GNL et de la distribution. Il a notamment créé et dirigé GDF Britain (aujourd’hui GDF Suez E&P UK Ltd), filiale d’exploration-production de Gaz de France au Royaume-Uni, a été directeur délégué deGPL la distribution commune à EDF et Gaz de France (EDF GDF Services) et a dirigé l’exploration-production du groupe Engie de 2007 à 2015.

Le cas de NEST Cette solution se greffe sur n’importe quelle chaudière pour adapter au plus juste son fonctionnement au besoin réel du consommateur, permettant de générer des économies d’énergie substantielles. Des solutions concurrentes arrivent également sur le marché. Le thermostat connecté « Netatmo by Engie » : une solution pour les particuliers Avec la fonction « auto-adapt », cette technologie va encore plus loin. Le thermostat prend en compte l’inertie du logement et la température extérieure pour anticiper le démarrage du chauffage. Grâce à la fonction « auto-care », la solution informe l’usager lorsque les piles sont faibles ou lorsqu’une anomalie du fonctionnement du chauffage est détectée. Les compteurs communicants La digitalisation des usages du gaz ne s’arrête pas au pilotage local de la chaudière. Demain avec les compteurs communicants (comme Gazpar développé par GRDF), la possibilité de récupérer des informations fines sur la consommation de gaz et de les traiter en association avec d’autres données (habitudes de vie, consommations sur la zone…) permettra d’offrir des services d’alertes, de conseils et de pilotage auto-adaptatif des installations. Au service de transports plus propres Dans le secteur du transport, le gaz est également utilisé comme énergie verte. Ainsi, le remplacement progressif, dans les véhicules lourds, du diesel par du GNL permettrait de réduire de 7 % les émissions de CO2 par les véhicules. Avec la montée en puissance des unités de production d’électricité renouvelable, la forte contribution du gaz (stockable) pour lutter contre le réchauffement climatique Les périodes où les conditions météorologiques permettent un excédent de la production d’électricité sur la demande devraient se multiplier. Lorsque l’excédent sera important, le power to gas pourra à terme constituer une solution adaptée pour stocker sous forme gazeuse ces excédents de production.

Une technologie adaptée à un monde moins émetteur de CO2 Il s’agit d’utiliser l’électricité en surplus donc bon marché pour produire de l’hydrogène par électrolyse. Cet hydrogène peut être directement injecté dans le réseau pour augmenter le pouvoir calorifique du gaz transporté dans les infrastructures, ou être utilisé directement ou en combinaison avec du CO2 pour produire du méthane de synthèse. Cette solution, caractérisée par des évolutions technologiques importantes, est complémentaire aux technologies de stockage de court terme en matière d’électricité (batteries) en ceci qu’elle permet de stocker l’énergie excédentaire sans limite de durée ni de quantité. Le bio-CH4 de deuxième et troisième génération va compléter les technologies actuelles de production du gaz renouvelable. Le biométhane de deuxième génération se fonde sur l’utilisation de matière ligno-cellulosique (de type bois, paille). Cette matière est créée par une transformation thermochimique à haute température suivie d’une réaction de méthanation : cette filière est en phase de développement et devrait pouvoir être industrialisée à partir de 2020. Le biométhane de troisième génération se fonde sur le développement contrôlé de micro-algues en milieu confiné (bassins ou tubes) à partir d’eau, d’effluents et de rayonnement solaire. Le biogaz est produit par méthanisation des micro-algues ou des résidus après extraction des huiles à haute valeur ajoutée. Les développements industriels de cette technologie sont prévus en 2030. Les différentes générations de biogaz n’ont pas vocation à se substituer les unes aux autres : fondées sur des gisements additionnels, elles sont complémentaires et contribueront ensemble à créer un gaz renouvelable. Fort de tous ces développements technologiques en cours, le gaz a toute sa place en tant qu’énergie verte dans la lutte contre le réchauffement climatique. Son potentiel s’incarne sur toute la chaîne de valeur : production, stockage, distribution, commercialisation et son impact environnemental est encore accru avec les solutions smart. Dans un paysage énergétique de plus en plus décentralisé, le gaz possède tous les atouts pour apporter des solutions adaptées aux enjeux locaux et constituer une énergie d’avenir.

Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016 • 33

BRÈVES INFRASTRUCTURES

INFRASTRUCTURES

STOCKAGES : LA CRE EST EN PARTIE FAVORABLE À LA RÉFORME La CRE a rendu un avis, le 10 mars 2016, sur le projet d’ordonnance modifiant les modalités d’accès des tiers aux stockages souterrains de gaz, dont elle a été saisie le 8 février 2016 par la ministre de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie et le ministre de l’Économie, de l’industrie et du numérique. La CRE est favorable au principe de la réforme du système d’accès aux stockages, fondée sur la régulation du revenu des opérateurs de stockages et la commercialisation des capacités aux enchères. Elle estime également que sa charge d’activité ne saurait être alourdie par des tâches purement calculatoires si elle se trouve privée de la compétence pour définir la méthodologie de calcul du revenu autorisé. Le régulateur est en conséquence défavorable aux modalités de mise en œuvre de cette réforme proposées dans le projet d’ordonnance.

UN PROJET GAZIER SINO-AFRICAIN L’Ethiopie, Djibouti et la Chine ont inauguré mardi 8 mars un grand projet gazier comprenant un tuyau qui acheminera le gaz naturel en provenance de l’Ethiopie jusqu’à Djibouti d’où il sera exporté vers la Chine via une usine de liquéfaction. Le projet, qui sera financé par la société chinoise Poly-GCL Petroleum Group Holdings Ltd, coûtera environ 4 milliards de dollars. Le tuyau s’étendra sur 700 km et pourra transporter jusqu’à 12 milliards de mètres cubes de gaz naturel. L’usine de liquéfaction aura la capacité de produire 10 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an après l’achèvement du projet. Les travaux doivent débuter en avril 2016 pour une livraison dans trois ans.

RESTONS CONNECTÉS ! Le gestionnaire du réseau de distribution de gaz GRDF et la start-up Singularity Insight ont signé le 25 mars un partenariat pour développer une solution de partage de vision et de son en mains libres. Testée par les techniciens gaz de GRDF, elle doit permettre d’optimiser les opérations de maintenance. La première expérimentation en cours dans plusieurs régions concerne des lunettes connectées mais les deux partenaires envisagent déjà de réfléchir à de nouveaux supports dans les prochains mois.

34 • Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016

DIX ENTREPRISES DISTINGUÉES POUR LEURS ACTIONS DE PRÉVENTION ET DE SÉCURITÉ L’Organisme professionnel de prévention du BTP (OPPBTP) et GRTgaz ont décerné les 15e trophées sécurité. Ces trophées récompensent les actions de prévention exemplaires menées par des entreprises pour améliorer la sécurité lors de leurs interventions sur des chantiers d’infrastructures gazières (pose de canalisations de gaz naturel, construction de nouvelles installations industrielles et travaux de rénovation des sites industriels gaziers). Clemessy, pour le chantier Cuvilly (Oise), Cagna, pour le chantier de Saint-Jean-du-Cardonnay (Seine-Maritime), Profil TP, pour le chantier de Sainte-Savine (Aube) sont quelques-unes des lauréates saluées pour leur professionnalisme.

UN NOUVEAU RECORD POUR NORD STREAM ! Gazprom a déclaré le 22 janvier avoir exporté 39 giga mètres cubes de gaz via Nord Stream en 2015, soit un nouveau record pour Nord Stream. En effet 39,1 Gm3 de gaz russe ont été acheminés vers l’Europe via ce gazoduc, ce qui représente 71 % de sa capacité totale (55 Gm3). En décembre, le taux est même monté à 77,9 %. En 2014, Nord Stream n’avait été utilisé qu’à 65 % (soit 35,5 Gm3 acheminés) et à seulement 43 % (23,8 Gm3) en 2013. Mis en service en novembre 2011, ce gazoduc transporte du gaz russe à travers la mer Baltique vers le marché européen. Pour ce faire, il est relié aux gazoducs Opal et NEL (Allemagne).

INFRASTRUCTURES

EUROPE

l’UE investit dans les infrastructures énergétiques Les 28 États membres de l’Union européenne ont approuvé le 19 janvier dernier la proposition de la Commission portant sur l’investissement de 217 millions d’euros dans la réalisation de projets d’infrastructures énergétiques, principalement en Europe centrale et en Europe du Sud-Est.

epuis 2014, c’est 64 projets qui ont été sélectionnés par la Commission européenne et financés, dans le cadre du MIE (voir ci-dessous), pour un total de plus d’un milliard d’euros. Les propositions retenues concernent dans la grande majorité des cas des fonds alloués à la réalisation d’études, notamment des évaluations d’incidences sur l’environnement. La réalisation concrète d’ouvrages, parce qu’elle nécessite des investissements très importants, est faiblement représentée — de l’ordre d’un ou deux projets par an — même si souvent l’enveloppe qui lui est allouée représente 70 à 80 % de la somme totale. Pourquoi de tels investissements ? Ces investissements dans des infrastructures sont essentiels pour l’Union européenne car ils permettent de renforcer et d’accroître la sécurité énergétique de l’Europe, notamment en diversifiant les sources et les voies d’approvisionnement, de désenclaver certains États qui ne peuvent pas bénéficier pour le moment des réseaux d’énergie de l’UE et surtout à terme de construire un véritable marché européen de l’énergie. « Nous devons poursuivre la modernisation de nos réseaux énergétiques pour intégrer les pays encore isolés dans le marché européen de l’énergie. Des réseaux d’énergies modernes sont également essentiels pour garantir une utilisation efficace de nos ressources énergétiques et donc pour atteindre nos objectifs en matière de climat » a souligné Miguel Arias Cañete, commissaire européen chargé de l’action pour le climat et l’énergie.

Chiffre clé

207

2016 : une année gazière En 2016, 15 projets ont été sélectionnés. Neuf d’entre eux concernent le secteur du gaz pour un montant total de 207 millions millions d’euros de subventions d’euros et 6 projets concernent seront accordées par l’UE en 2016 le secteur de l’électricité pour un au secteur gazier budget de 10 millions d’euros. Sur pour financer ses grands projets ce total, 29 millions d’euros seront d’infrastructures consacrés à la réalisation d’études et énergétiques. 188 millions d’euros à des ouvrages de construction. Sept études seront donc financées cette année dans le secteur gazier. Trois études se partagent 65 % de la somme totale, soit près de 6 millions consacrés à la réalisation d’études pour le développement du projet Midcat et environ 4 millions d’euros attribués à l’étude de l’installation de stockage souterrain de gaz sur la péninsule d’Islandmagee en Irlande du Nord et pour l’étude préparatoire (phase 1) du projet d’interconnexion entre la Croatie et la Slovénie. Les autres études concernent essentiellement le sud-est de l’Europe. Pour ce qui est des ouvrages, l’interconnexion reliant les réseaux de gaz en Roumanie, en Bulgarie, en Autriche et en Hongrie fera également l’objet d’une aide financière (environ 180 millions d’euros). L’UE considère en effet ce projet comme une avancée importante pour « son » marché gazier car il permettra à terme l’acheminement en Europe centrale de gaz provenant de la région caspienne, de même que le projet d’intérêt commun interconnexion à réversibilité de flux sur le gazoduc TENP en Allemagne (plus de 8 millions d’euros). L.I.

Le mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE), késako ? Le MIE est un mécanisme de financement mis en place par l’UE en 2014 pour des projets d’intérêt commun en matière de réseaux transeuropéens de transport, d’énergie et de télécommunication. Le MIE est doté d’un budget total de 30 milliards d’euros dont environ 5 milliards sont attribués à des infrastructures énergétiques de transports.

Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016 • 35

INFRASTRUCTURES

ENVIRONNEMENT

La biodiversité en pôle position ! En 1976, la loi relative à la protection de la nature a été promulguée, posant les principes de la sauvegarde de la biodiversité en France et donnant les moyens de protéger les espèces et les milieux. Quarante plus tard, une nouvelle loi dite « de reconquête » est sur le point de voir le jour.

doptée en seconde lecture à l’Assemblée nationale en mars 2016, la loi biodiversité d’ici juillet 2016. Elle comprend six titres, dont la création d’une Agence française de la biodiversité. Mais le titre phare de ce projet est bien la mise en application de la notion de préjudice écologique, en élargissant le principe de pollueur-payeur. Les entreprises en première ligne Selon l’article 2 bis de la loi, « toute personne qui cause un dommage grave et durable à l’environnement est tenue de le réparer ». Les entreprises sont bien entendu les premières concernées par cette mesure : du fait de leurs activités, elles ont un impact direct sur l’environnement. Elles vont désormais devoir prendre leurs responsabilités et réparer les dégâts qu’elles auront causés, qu’il s’agisse de pollution des sols, de l’eau, de destructions du paysage ou d’atteintes à la biodiversité… L’inscription dans le code civil de la notion de préjudice écologique prévoit des compensations en nature de la part des entreprises, voire des compensations financières dans certains cas, en cas de dommages écologiques : une application du principe de pollueur-payeur, appliqué non plus aux personnes mais à la nature elle-même.

26 mars 2014

24 mars 2015

Conseil des ministres : présentation du projet de loi

Adoption en première lecture à l’Assemblée nationale ; 200 amendements supplémentaires

26 juin 2014

10 amendements sont adoptés par la commission développement durable de l’Assemblée nationale

36 • Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016

Les gaziers déjà engagés Les entreprises d’infrastructures gazières de TIGF à GRDF ont déjà intégré ces principes et appliquent sur le terrain le fameux triptyque « éviter, réduire, compenser » dans le développement de leurs nouveaux projets. Un ancrage territorial GRTgaz a par exemple signé son premier contrat de compensation écologique à Beynes, où l’entreprise a dû défricher 3,5 hectares d’un espace boisé pour construire une station de compression entrée en service en début d’année. À titre de compensation, GRTgaz apporte son soutien financier au conseil départemental pour assurer la mise en œuvre de trois « ilots de sénescence » (12,65 hectares), des zones volontairement « abandonnées » afin de favoriser une évolution spontanée de la nature. TIFG travaille régulièrement avec des associations et des écologues sur ses chantiers. Storengy a par exemple signé en 2014 une convention de partenariat avec le conservatoire d’espaces naturels de la région Centre (CEN Centre), qui a pour objectif de développer la biodiversité autour des sites de stockage de Storengy en région Centre. Elle a d’ailleurs reçu en 2015 une attestation pour son engagement reconnu « stratégie nationale pour la biodiversité », tout comme GRTgaz.

18 mars 2016

Adoption en deuxième lecture du projet de loi par l’Assemblée L’Assemblée vote la création de l’Agence pour la biodiversité

26 janvier 2016

Adoption du projet de loi par le Sénat

mai 2016

Discussion en séance public au Sénat.

INFRASTRUCTURES

« prioritaires », c’est-à-dire à forts enjeux écologiques, sont dotés d’un plan. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Que nous mettons en place différentes mesures de protection de la faune, installation de haies, dispositif de fauches tardives, programmation de travaux en fonction du cycle des espèces. En règle générale nous incitons nos sites industriels à travailler avec des partenaires locaux pour mieux répondre aux enjeux du territoire impacté.

La parole à…...

Hervé Casterman, directeur environnement, Engie Engie est un groupe qui s’engage dans la protection de la biodiversité. Pouvez-nous donner quelques exemples des actions que vous mettez en place pour protéger la biodiversité ? Depuis quelques années, Engie s’engage dans la protection de la biodiversité en s’appuyant sur ses partenaires principaux au niveau national, le comité français de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et la fédération France Nature Environnement (FNE), pour un appui à la définition de sa politique en matière de biodiversité d’une part et à la mise en place sur nos sites industriels de plans d’actions ciblés de protection de la biodiversité. En 2015, nous avons répondu à un premier objectif : à savoir que tous nos sites (en Europe) dits

Avec l’intégration du « préjudice écologique » dans le code civil, cette nouvelle loi demande un engagement encore plus important des entreprises : quelle est votre réaction face à cette nouvelle donne ? Le préjudice écologique existait déjà dans le code de l’environnement depuis l’affaire de l’Erika. Sa transcription dans le code civil est effectivement une nouveauté. Ce qui nous inquiète et qui n’est pas spécifique aux entreprises gazières d’ailleurs, c’est le manque de clarté de certaines notions de cette loi. Entre la première et la deuxième lecture à l’Assemblée nationale, des termes ont changé : nous sommes passés d’un préjudice grave et durable à un préjudice non négligeable. On parlait auparavant de dommage à la nature et maintenant on parle de dommage au niveau des services écologiques apportés à l’homme, ce qui est beaucoup plus large. Il y a aussi par exemple la prescription trentenaire, voire cinquantenaire, qui pose problème pour les entreprises, dans un monde où les connaissances technologiques et scientifiques évoluent : la possibilité de remonter aussi loin peut impacter l’activité économique d’une entreprise. Laura Icart

Les ouvriers s’attèlent à la végétalisation du bassin incendie, objet central du site de Céré-la-Ronde, et à la mise en place d’accès pour amphibiens, batraciens et palmipèdes. o

Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016 • 37

BRÈVES ÉCONOMIE ET FOURNITURE

ÉCONOMIE ET FOURNITURE

ÇA SE PRÉCISE POUR JUPITER 1000 ! GRTgaz et le Grand port maritime de Marseille ont respectivement annoncé le 30 mars la signature des accords industriels du démonstrateur Jupiter 1000 et le lancement de la pépinière Innovex en présence du préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et des représentants politiques locaux et régionaux. Innovex, pépinière dédiée à l’innovation en matière de transition énergétique basée sur la plateforme Piicto (plateforme industrielle et d’innovation Caban Tonkin), accueille avec Jupiter 1000 son premier démonstrateur le premier projet power to gas raccordé au réseau de transport de gaz en France. « Jupiter 1000 est un projet unique en France qui permettra d’étudier la validité technico-économique du procédé et de faire émerger une nouvelle filière de production de gaz renouvelable à l’horizon 2030 », a déclaré Thierry Trouvé, directeur général de GRTgaz. Ce procédé unique consiste à convertir et stocker de l’électricité renouvelable sous forme de gaz. Le power to gas utilise l’électricité renouvelable non consommée pour produire de l’hydrogène par électrolyse de l’eau. Ce dernier gaz peut ensuite être combiné à du dioxyde de carbone pour obtenir du méthane de synthèse, aux propriétés identiques à celles du gaz naturel : le gaz ainsi produit peut ensuite être réinjecté dans le réseau de transport.

ZOHR SE DÉVELOPPE Le ministère égyptien du Pétrole et des ressources minérales a approuvé le 21 février la décision de la société d’État en charge du gaz (Egas) d’accorder à l’italien Eni une licence pour le développement du gisement gazier de Zohr, près d’un an après sa découverte. Le plan de développement de Zohr prévoit que la production gazière démarrera d’ici la fin de 2017, avec une production progressive qui atteindra 75 millions de mètres cubes de gaz sur une base quotidienne en 2019. Soit l’équivalent de 500 000 barils de pétrole par jour.

UN COLLECTIF NATIONAL POUR UNE AMBITION COMMUNE Axègaz, Engie LNGeneration, Gas Natural Fenosa et Molgas ont créé le 15 mars un collectif « France GNL porté » qui vise à valoriser le rôle du gaz naturel liquéfié dans le cadre de la transition énergétique des territoires non raccordés au réseau. « L’objectif du collectif est de faire connaître auprès des pouvoirs publics cette filière industrielle et d’être leur interlocuteur sur les questions relatives notamment à la réglementation et à la fiscalité. En 2014, on a compté environ 140 GWh de GNL transporté. Les volumes ont décuplé en un an pour atteindre environ 1,5 TWh en 2015 ! » indique Quentin Ragetly, directeur général de LNGeneration et porte-parole du collectif. En France, plus de 26 000 communes ne sont pas raccordées au réseau de gaz naturel.

VEGA PLÉYADE EN ACTION ! Total a annoncé le 24 février la mise en production d’un des plus grands gisements gaziers situé au large de l’Argentine, celui de Vega Pléyade, en Terre de Feu, à l’extrême sud du continent américain. Le développement de Vega Pléyade, qui aura une capacité de production de 10 millions de mètres cubes par jour, a été réalisé en deux ans et demi, selon un communiqué du premier producteur de gaz d’Argentine.

38 • Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016

ÉCONOMIE ET FOURNITURE

TRIBUNE LIBRE GUY MAISONNIER, ingénieur économiste à l’Institut français du pétrole énergies nouvelles

Les modes d’influence du pétrole sur les marchés gaziers l’économie Le prix du pétrole influant sur certains marchés gaziers Le dernier rapport de l’UIG (Union internationale du gaz) sur les prix met en évidence la montée en puissance des prix de marché (ou prix spots) sur les marchés gaziers. Ils représentent désormais 43 % des modes de formation du prix contre 30 % du total en 2005. Les prix indexés au pétrole sont à l’inverse en recul, avec un poids de 17 %. Le solde de 40 % est pour une large part constitué de prix régulés en lien ou non avec les coûts d’approvisionnement. Si l’on examine les trois grands marchés occidentaux, les situations sont très diverses : • le prix de marché (prix Henry Hub) est la référence aux États-Unis ; • c’est aussi le cas au Royaume-Uni (prix NBP) et de plus en plus sur le continent européen où coexistent prix indexés sur le pétrole dans les contrats de long terme (32 % en 2014) et prix de marché qui jouent un rôle croissant depuis 2009 ;

• pour l’Asie-Pacifique, la part des prix de marché est encore modeste, de l’ordre de 20 % du total des livraisons. La formation des prix du gaz est donc de plus en plus complexe puisqu’elle peut dépendre de nombreux facteurs, comme la situation d’équilibre entre offre et demande, les coûts de livraison, les prix des énergies en concurrence ou les arbitrages inter-régionaux. Le prix du pétrole a encore une influence directe ou indirecte suivant les régions. En Asie, une volonté de réduire l’influence du pétrole sur les prix du gaz C’est en particulier le cas pour la zone Asie-Pacifique. Ainsi, ce n’est pas la crise de Fukushima qui a conduit à l’envolée des prix moyens du GNL au Japon entre 2011 et 2014, mais bien l’indexation sur le pétrole du prix du gaz. Sur cette période, le pétrole a évolué entre 100 et 110 dollars le baril, ce qui a conduit à des prix moyens d’importation

de 15 à 17 dollars/MBTU (million british thermal units). L’effet Fukushima a en revanche entraîné des achats supplémentaires de gaz, créant des tensions sur le marché du GNL en Asie. Le résultat a été un rapprochement des prix spot asiatiques du GNL avec les prix indexés des contrats de long terme (« prix long terme » par simplification). La situation a bien changé depuis, en raison d’une moindre tension sur le marché du GNL à partir de fin 2014 et bien sûr du fait de la chute des prix du pétrole depuis juin 2014. Le recul des prix a été impressionnant l’an passé, à hauteur de 36 % pour le prix long terme (à 10,4 dollars/MBTU) et de 46 % pour le spot (7,6 dollars/MBTU). En supposant le Brent à 40 dollars le baril en moyenne, le prix long terme pourrait se situer autour de 7 dollars/MBTU cette année. Les prix spots sont pour leur part passés de 7 dollars/MBTU en début d’année à 4,5 dollars/MBTU. Depuis janvier 2015, ils sont en ligne avec les prix européens, l’écart entre les deux évoluant au gré des coûts de transport ou des arbitrages entre les deux zones. Le marché asiatique devrait fortement évoluer dans les années à venir. Les acheteurs dans cette zone souhaitent en effet renforcer la flexibilité des contrats et réduire fortement le poids des indexations historiques sur le pétrole. La libéralisation des marchés électrique (avril 2016) et gazier (avril 2017) au Japon favorise également de telles évolutions. Jera, créé en 2015 par regroupement des achats de Tepco et Chubu Electric, veut par exemple réduire à moins de 50 % cette part. L’arrivée sur les marchés du gaz nord-américain pourra y contribuer.

Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016 • 39

ÉCONOMIE ET FOURNITURE

Guy Maisonnier, ingénieur économiste à l’Institut français du pétrole énergies nouvelles (Ifpen), est expert des marchés pétroliers et gaziers. Il participe également à des travaux de prospective technico-économique. Il contribue régulièrement au blog de Cedigaz sur les marchés gaziers.

GPL Aux États-Unis, les nouveaux exportateurs de GNL attentifs aux prix du pétrole… Ces exportations à venir de gaz américain sont le résultat de la montée en puissance depuis 2005 des gaz de schiste ou « shale gas » dans ce pays. Ils représentent désormais 60 % de la production. L’importance des disponibilités à des coûts relativement faibles a permis de maintenir les prix américains à des niveaux historiquement faibles. En moyenne annuelle, le prix Henry Hub se situe entre 2,8 et 4,4 dollars/MBTU depuis 2009. Il est estimé à 2,1 dollars/ MBTU pour 2016, niveau modéré, reflet de l’importance des stocks. Au-delà des effets intérieurs sur le prix, les gaz de schiste américains ont aussi impacté l’Europe et l’Asie. Ils ont contribué à la baisse des prix du charbon, ce qui a eu pour conséquence de réduire la demande européenne de gaz dans le secteur de l’électricité. La demande américaine de GNL a aussi été plus

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faible que ce qui était envisagé, évitant probablement un emballement encore plus important des prix après l’accident de Fukushima en 2011. La nouvelle étape a débuté en février 2016 avec les premières exportations de GNL. Les volumes seront modestes en 2016 (5 Gm3) et 2017 (17 Gm3) mais pourraient atteindre 80 Gm3 d’ici 2020, soit 17 % du marché. Les exportations américaines devraient donc jouer un rôle important pour continuer à détendre le marché du GNL. En termes d’avantages compétitifs pour les acheteurs, la situation est évidemment moins favorable avec le recul des prix du gaz en Asie et en Europe. À 2 dollars/MBTU pour le prix Henry Hub, le GNL américain (toutes charges incluses) est plus ou moins compétitif avec les prix long terme sur la base d’un pétrole à 40 dollars le baril. En revanche il ne l’est pas avec les prix spots asiatiques et européens. L’avenir reste néanmoins très ouvert alors que de

nombreux paramètres sont susceptibles de bouleverser les équilibres en cours. En Europe, une convergence nouvelle entre prix indexés et prix spots L’Europe est dans une situation de transition caractérisée par la coexistence de deux types de prix, indexés au pétrole pour les uns et spots pour les autres. Sur un marché caractérisé par une demande en berne depuis la crise de 2008, les prix indexés ont joué le rôle de prix plafond atteint ponctuellement en période de tensions (hiver froid). La décote des prix de marché a poussé les acheteurs à renégocier les contrats afin de renforcer le poids de ces cotations qui représentent désormais une part majoritaire dans la formation des prix pour certains pays dont le Royaume-Uni, mais aussi la France et l’Allemagne (Gazprom export estime ce poids à seulement 40 % en Europe pour 2015). La tendance sur le marché européen est en tout état de cause orientée à la baisse avec un recul de 38 % du NBP de 2013 (10,6 dollars/MBTU) à 2015 (6,5 dollars/MBTU). Sur la base des contrats à terme de mars, une moyenne de 4,2 dollars/MBTU est envisagée cette année. C’est un niveau historiquement bas que l’on n’a pas observé depuis 2003. Cela peut s’expliquer par plusieurs facteurs, dont la faiblesse des prix du charbon ou la baisse du prix plafond, défini par le pétrole. Désormais, les prix spots semblent converger, au moins en hiver, vers les prix indexés. Cela pourrait signifier que l’on se rapproche des minimums tenables en hiver moyen.

ÉCONOMIE ET FOURNITURE

Globalement, l’influence du prix du pétrole se dissipe progressivement au profit des conditions d’équilibre offre/ demande, mais aussi du contexte du secteur électrique. Le prix du charbon, celui du CO2 ainsi que par le poids des énergies renouvelables dans la production d’électricité jouent en particulier un rôle important pour le marché européen du gaz. La géopolitique, qui a eu jusqu’à présent peu d’effet direct sur les prix du gaz en Europe, pourrait devenir un paramètre à prendre en compte à l’avenir. Le choix de la stratégie de Gazprom afin d’optimiser ses revenus est également examiné avec attention. Des ventes en ligne avec les prix spots est par exemple une option envisageable afin de mieux défendre ses parts de marché. La guerre du gaz aura-t-elle lieu ? Globalement, ces exemples régionaux mettent en lumière les bouleversements extrêmes des marchés gaziers depuis 2009. Croissance économique,

montée en puissance des gaz de schiste, changement de modèle de contrats, niveau de l’offre de GNL, prix du CO2, arbitrage inter-régionaux, poids des énergies renouvelables et du nucléaire au Japon en particulier sont autant de paramètres qui ont pesé sur ces marchés. Le rôle direct du pétrole se réduit, mais l’existence des contrats indexés a encore des effets sur les marchés en Europe et surtout en Asie. Pour le court et moyen terme, ces différents facteurs continueront à peser sur les marchés gaziers. Ce sera le cas du prix du pétrole qui définit, hors situations extrêmes, les prix maximum du gaz en Europe et en Asie. Il faudra aussi tenir compte des excédents envisagés sur le marché du GNL, susceptibles de peser à la baisse sur le prix spots. Les marges des vendeurs de gaz américain seront de ce fait moins favorables que ce qu’ils pouvaient espérer il y a quelques temps. Enfin, face à cet afflux de gaz, une stratégie de défense des parts de marché est aussi évoquée pour Gazprom.

Ce serait un choix proche de celui fait par l’Arabie saoudite en décembre 2014 visant à ne plus soutenir le prix du pétrole, dans le but d’éliminer la concurrence à coûts élevés. Cela reste envisageable pour le marché gazier mais les effets seront lents à se faire sentir alors que des investissements GNL importants ont déjà été réalisés. C’est le cas en Australie mais aussi aux États-Unis où au moins cinq projets totalisant près de 100 Gm3 vont arriver sur le marché d’ici 2018. La baisse du prix du pétrole et l’abondance possible de l’offre GNL pourraient en fait suffire à modérer l’ardeur des futurs investisseurs gaziers. La « guerre du gaz », pari risqué et incertain pour Gazprom, n’aura (peut-être) pas lieu.

Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016 • 41

BRÈVES UTILISATIONS ET MARCHÉS

UTILISATIONS ET MARCHÉS

UNE MOBILITÉ PLUS VERTE

GRDF : UN BILAN POSITIF !

Engie a décidé d’investir près de 100 millions d’euros d’ici 2020 dans l’installation de stations de gaz naturel comprimé (GNC) et de gaz naturel liquéfié (GNL) destinées à alimenter les parcs de camions en gaz naturel et en biogaz. L’investissement portera sur la construction de 30 stations GNC en France et jusqu’à 70 stations GNL dans divers pays européens.

GRDF a annoncé le 9 mars son bilan pour l’année écoulée. En 2015, pour la première fois depuis six ans, GRDF affiche un solde clients positif, avec 1 610 clients supplémentaires à fin décembre. Dans le cadre de son projet d’entreprise 2016-2018, le gestionnaire de réseaux vise 10 000 clients additionnels à fin 2018. La part du gaz naturel dans les logements neufs a atteint un niveau historique. Les dommages aux ouvrages ont baissé de 3,6 % par rapport à 2014. Edouard Sauvage, son directeur général, a confirmé l’essor de la filière biométhane avec une dizaine de sites d’injection supplémentaires mis en service en 2015, une évolution qui devrait se poursuivre dans les prochaines années puisque GRDF annonce un objectif de 100 sites d’injection en 2018. À noter également les 10 nouvelles stations de GNV et bioGNV.

DE NOUVELLES STATIONS PUBLIQUES DE GNV EN EUROPE Associé au groupe Charles André (GCA), Axègaz a officialisé le 21 mars LNG Motion, déposé dans la cadre du programme européen CEF (Connecting Europe Facility). « Notre projet représente un investissement de plus de 60 millions d’euros à travers le déploiement d’un réseau de distribution GNL composé de 42 stations-service publiques dans 9 pays européens, dont la France, et l’acquisition de 200 véhicules GNL », explique Jérôme Minfray, directeur commercial du groupe GCA. Pour les deux partenaires, le projet LNG Motion vise à lever le frein lié aux manques de stations disponibles sur le territoire.

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UNE BELLE RÉUSSITE À 4 MILLIARDS ! L’armateur MSC a annoncé le 6 avril la commande d’une nouvelle génération de paquebots par STX France. « Les quatre bateaux à livrer représentent un investissement de près de 4 milliards d’euros. Ce seront en effet les plus gros jamais réalisés par un chantier européen », souligne-t-on chez MSC Croisières. Les navires auront des turbines fonctionnant au gaz naturel liquéfié, afin de préserver l’environnement et l’éco-système marin. La première livraison est prévue en 2022, les trois autres s’échelonnant entre 2024 et 2026.

UTILISATIONS ET MARCHÉS

INNOVATION

Deux cent cinquante stations GNV en 2020 La directive européenne sur le déploiement d’infrastructures pour les carburants alternatifs (dite directive « AFI ») a été adoptée en octobre 2014. Ce texte demande à chaque État membre de mettre en place, d’ici le 18 novembre 2016, un cadre d’action national pour le développement du marché des carburants alternatifs et pour le déploiement des infrastructures associées (dont le réseau de distribution de gaz carburant terrestre et maritime). Dans ce contexte, l’Association française du gaz naturel véhicule (AFGNV) a présenté fin mars un rapport intitulé « Infrastructures GNV 2020-2025 » qui doit servir de base pour la réponse de la France pour la partie gaz naturel carburant terrestre (aussi bien gaz naturel comprimé que gaz naturel liquéfié).

’AFGNV estime dans son rapport piloté par GRTgaz qu’en 2020 la consommation énergétique totale du parc de véhicules gaz représentera « un peu plus de 3 TWh » (contre moins de 1 TWh aujourd’hui). Cela correspondrait à 0,7 % du mix énergétique total du transport routier. Après 2020, la dynamique de progression dépendra de l’intérêt pour le gaz par le segment des poids lourds et par l’utilisation de ce carburant par les véhicules légers. Selon les scénarios étudiés par l’AFGNV, la consommation de gaz dédiée à la mobilité pourrait être de 25 TWh en 2030, soit 6 % du mix énergétique. La demande serait alors principalement tirée par le transport de marchandises et à moyen terme par le transport de voyageurs et les usages diffus (messagerie, artisans…) ainsi que les flottes de collectivités. Pour répondre à cette demande, il est indispensable de développement un maillage de stations-service (GNL ou GNC ou GNC-GNL) sur l’ensemble du territoire national. De 43 stations publiques en 2015, le réseau français de devrait passer à 250 stations publiques en 2020 et à 300 en 2030. Ces stations seront dans un premier temps des stations « marchés » (150 stations d’ici 2020, soit 40 stations GNL et 110 stations GNC), c’est-à-dire des infrastructures publiques au service d’un marché, celui du transport régional de marchandises. Cent cinquante millions d’euros seront alors nécessaires pour cette première phase essentiellement financée par des fonds privés. Des stations « territoires » complèteront ce paysage, qui seront principalement situées dans des zones périurbaines pour répondre essentiellement aux besoins des véhicules de livraison urbains. Les besoins en investissement pour ces 100 stations supplémentaires sont moins importants, estimés autour de 25 millions d’euros.

Les 50 stations supplémentaires attendues entre 2020 et 2030 seront principalement destinées à couvrir les besoins additionnels portés par la dynamique établie lors de la première phase. Ces stations pourront être alimentées en bioGNV issu du biométhane au fur et à mesure de la progression de la production de biométhane en France. L’AFGNV conditionne ce plan de développement avec la mise en place de trois mesures spécifiques : le maintien de l’écart de taxe entre le GNV et le diesel jusqu’en 2025, le soutien à l’achat des véhicules et la reconnaissance du bioGNV comme biocarburant avancé. Un travail similaire rassemblant l’ensemble des acteurs de la filière est par ailleurs actuellement piloté par l’Association française du gaz pour la partie carburant GNL pour le transport maritime et fluvial. Les conclusions seront disponibles dans le courant du mois de mai. Madeleine Lafon

Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016 • 43

UTILISATIONS ET MARCHÉS Les stations GNV en France à l’horizon 2020

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Infrastructures. DOSSIER LA REVUE DU GAZ NATUREL, DU BIOMÉTHANE, DU BUTANE ET DU PROPANE ÉDITÉE PAR L’ASSOCIATION FRANÇAISE DU GAZ WWW.AFGAZ.FR

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N°2014-1 / JANVIER - MARS

ENTRETIEN

DOSSIER

2016

E FORMULIELLE R TRIMEST

ENTRETIEN

GERTJAN LANKHORST, président d’Eurogas et président-directeur général de la société néerlandaise GasTerra

« Je suis fermement convaincu que l’achèvement du marché européen de l’énergie permettra de mettre en avant les nombreux avantages que présente le gaz en tant que source d’énergie » Vous avez été élu président d’Eurogas en juin nisseurs et des gestionnaires des réseaux de distribution, dernier à Venise. Quelles sont les priorités de nous devrions donc avoir beaucoup de choses à apporter à votre mandat ? ce débat. Enfin, nous devons continuer à mettre en avant les Je pense que dans l’immédiat, nous devons nous concentrer aspects positifs du gaz, qui peuvent souvent être négligés sur le développement du paquet énergie-climat 2030. Il est ou même tenus pour acquis. Les préoccupations actuelles impératif que l’Europe prenne la bonne voie et tire les leçons sur le gaz ne doivent rien enlever au fait que le gaz demeure du paquet énergie-climat de 2020. L’une des composantes une énergie propre, sûre et compétitive. De grands progrès essentielles sera de faire en sorte que le système compeuvent être accomplis dans le secteur du chauffage par munautaire d’échange de quotas d’émission (SCEQE) joue exemple, où la pénétration future de technologies plus effipleinement son rôle, qui consiste à réduire les émissions de caces et l’introduction du gaz renouvelable permettront de carbone et à servir de signal pour l’investissement dans des nous assurer que le gaz reste une énergie de choix pour le technologies à faible émission de carbone. Eurogas contichauffage. Nous devons également nous tourner vers les nuera également à consacrer son expertise et son temps, opportunités qui se présentent dans des domaines tels que en coopération avec d’autres parties prenantes et organes le transport et saisir ces opportunités. institutionnels, à la mise en œuvre du marché intérieur de l’énergie. Bien que de grands progrès aient été réalisés, La politique énergétique européenne est d’autres efforts restent à accomplir et nous devons nous critiquée par les PDG des principales entreprises assurer de finir le travail, car il s’agit d’un point essentiel du secteur de l’énergie. À la mi-mars 2014, pour garantir des sources d’approvisionnement en gaz sûres, Eurogas a envoyé une lettre aux chefs d’État ou diversifiées et économiquement viables. Je suis fermement de gouvernement des États membres de l’UE CONTEXTE convaincu que l’achèvement d’un tel marché permettra de afin de souligner le besoin urgent de signaux mettre en avant les nombreux avantages que présente le politiques clairs pour stimuler l’investissement gaz en tant que source d’énergie. L’une des autres priorités dans les infrastructures énergétiques à sera d’étudier avec la Commission et les organes institutionfaible intensité carbonique. Avez-vous vu des nels des questions plus générales quant à la façon dont le évolutions depuis ? rôle des clients en tant qu’acteurs du marché de l’énergie se En fait, dans la lettre d’Eurogas, nous visions un certain développera et quelle devrait être la future conception du nombre de choses, notamment un objectif européen contraidétail. Nous devons l’accent sur des solu- sera gnant réduction Lors de la rentrée parlementaire, le texte demarché loi de de programmation pourmettre la transition énergétique audecœur des d’au moins 40 % des gaz à effet de serre, tions plus efficaces et durables basées sur le marché. Heuun principe sous-jacent d’utilisation d’approches basées débats. Présenté une première fois au Conseil des ministres le 18 juin dernier, le projet de loi a été soumis pour avis reusement, l’expertise d’Eurogas provient à la fois des foursur le marché et des mesures structurelles précoces pour à plusieurs instances pendant l’été.

DOSSIER

Le gaz dans le nouveau modèle énergétique français À l’automne 2014 commence le travail parlementaire sur le texte de loi de programmation pour la transition énergétique qui fait suite au débat souhaité par le président François Hollande lors de la conférence environnementale de septembre 2012. Cette loi, dont le projet a été présenté par la ministre chargée de l’Énergie en juin dernier, a pour objectif de fixer la politique énergétique du pays pour les décennies à venir. Le présent dossier est l’occasion de revenir sur le texte du projet de loi de programmation pour la transition énergétique de Mme Royal, « un nouveau modèle énergétique français », et de présenter les avis de différentes instances concernées soumis avant le travail parlementaire. La contribution de l’AFG à la réflexion sur la transition énergétique y est publiée, elle apporte des compléments d’information sur les atouts du gaz pour répondre aux enjeux. Dans le cadre de ce dossier, MM. Michel Guilbaud, directeur général du Medef, Julien Aubert, député de Vaucluse, et Roland Courteau, sénateur de l’Aude, se sont exprimés sur le déroulement du débat national, les enjeux et les défis à relever par la France, ou encore la place du gaz dans le futur mix énergétique français. Le dossier met également en lumière le modèle énergétique mis en œuvre par notre voisin allemand.

Sommaire :

• Gestation de la loi pour la transition énergétique • Contribution de l’Association française du gaz à la réflexion sur la transition énergétique • Interview de Michel Guilbaud, directeur général du Medef • Interview de Julien Aubert, député de Vaucluse • Interview de Roland Courteau, sénateur de l’Aude • L’Energiewende : où en sont les Allemands ?

Gestation de la loi pour la transition énergétique

réviser le système communautaire d’échange de quotas d’émission. Je pense qu’il est juste de dire que sur ce point nous avons vu des résultats positifs, mais il reste encore beaucoup à faire. Les nouvelles lignes directrices relatives aux aides d’État sont bienvenues, en particulier l’approche globale qui consiste à intégrer l’énergie renouvelable au sein du marché, cela étant essentiel pour garantir un marché intérieur de l’énergie sûr et économiquement viable sans compromettre le développement futur des énergies renouvelables. La Commission européenne propose également un objectif de réduction des gaz à effet de serre comme pierre angulaire du cadre politique de 2030. Il s’agit là d’un point positif, mais reste à voir si l’objectif de réduction des gaz à effet de serre constituera ou non la pierre angulaire du paquet final. La proposition de réserve de stabilité du marché de la Commission constitue également un développement positif et devrait permettre de corriger le système communautaire d’échange de quotas d’émission. Néanmoins, en l’état actuel, la proposition ne permettra pas d’obtenir suffisamment tôt les résultats dont nous avons besoin ; il sera donc nécessaire de trouver plus rapidement une solution au problème de l’offre excédentaire des quotas du SCEQE. Nous craignons cependant que le débat sur la sécurité d’approvisionnement ne conduise pas l’Europe à s’éloigner des approches basées sur le marché, ce qui constituerait un élément clé pour garantir la sécurité de notre énergie. Bien sûr, la réunion du Conseil d’octobre constituera une étape très importante. Il est impératif que les décisions soient prises en octobre afin de ramener de la clarté au sein du marché.

Transformer le possible en réel

Au mois de juin, le Conseil européen a dressé le bilan des progrès réalisés en vue d’une décision finale en octobre sur la politique énergieclimat à l’horizon 2030, et a soutenu la mise en œuvre immédiate de mesures d’urgence pour renforcer la sécurité énergétique européenne. Il a également été demandé au Conseil d’analyser plus en détail d’autres mesures à moyen et long

15/01/2015 16:49

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Gaz d’aujourd’hui • n 2014-3 • 37

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VÉHICULE GPL

Gaz d’aujourd’hui • n 2014-4 • 5

Les deux axes prioritaires Le projet de loi pour la transition énergétique repose sur les deux grands axes que sont la maîtrise de la consommation d’énergie et le développement des énergies renouvelables. Le texte donne la priorité aux économies d’énergie dans le bâtiment, qui reste le premier consommateur d’énergie devant les transports et l’industrie, et fort émetteur de gaz à effet de serre. Ce secteur représente un gisement prioritaire d’économies d’énergie, dont l’ampleur justifie, selon le projet de loi, « un puissant effort d’incitation et d’accompagnement des ménages et des professionnels ». C’est pourquoi celui-ci mobilise les outils techniques, juridiques et financiers nécessaires à une accélération rapide et une amplification massive de ce chantier qui doit notamment permettre de rénover 500 000 logements par an d’ici 2017. Il s’agit de stimuler conjointement, la demande et l’offre de travaux, en accompagnant les ménages, les collectivités territoriales, les entreprises et les professionnels du bâtiment. Le secteur des transports est, lui aussi, visé. L’objectif est de développer des transports moins émetteurs afin de réduire significativement la pollution de l’air. Il promeut par exemple les navires utilisant le gaz naturel liquéfié, en particulier au travers d’opérations pilotes. Le projet de loi pose également les bases du développement de l’économie circulaire et encourage la valorisation énergétique des déchets. Le second pilier du projet de loi pour la transition énergétique est le développement des énergies renouvelables « pour mieux diversifier nos sources d’alimentation, équilibrer notre production et renforcer notre indépendance énergétique ». Les énergies renouvelables, qui représentaient en 2012 14 % de la consommation d’énergie, doivent atteindre 23 % en 2020 et 32 % en 2030. Rien que dans le secteur des transports individuels et collectifs, les biocarburants, l’hydrogène et les biogaz devront couvrir 10,5 % puis 15 % des besoins. Le texte tente de simplifier les procédures et de stabiliser les règles afin d’accélérer l’émergence de filières industrielles. M.L.G.

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ENTRETIEN

ARNAUD MONTEBOURG Ministre du Redressement productif

L’année 2014 représente une année charnière pour le marché intérieur de l’énergie car le Conseil européen a fixé l’achèvement du marché intérieur pour cette année. Où en sommes-nous ? Que reste-t-il à faire ? En effet, cette année est importante pour le marché intérieur de l’énergie et bien que nous n’aurons certainement pas totalement atteint notre objectif cette année, de nombreuses pièces du puzzle sont en place et nous devons désormais porter nos efforts sur le travail restant à accomplir. Bien entendu, dans un premier temps, cela signifie qu’ilREVUE TRIMESTRIELLE / ABONNEMENT ANNUEL : 150 EUROS H.T. faut nous assurer de la mise en œuvre effective de la législation actuelle ainsi que la mise en œuvre de bon nombre de codes de réseau pour le gaz qui représentent des étapes esCouv_GA_2014_Vol1.indd 2 sentielles à l’achèvement du marché intérieur. Par ailleurs, un certain nombre de liaisons importantes ont été achevées ces dernières années mais d’autres investissements sur le réseau gazier européen sont encore nécessaires pour renforcer son interconnexion. L’achèvement des liaisons manquantes, ainsi que l’inversion du flux physique, devront donc être poursuivis en priorité.

4 • Gaz d’aujourd’hui • n 2014-4

l’automne 2014 débutera le débat parlementaire sur la loi de programmation pour la transition énergétique, « un Int_GA_2014_Vol4.indd nouveau modèle énergétique fran4-5 çais ». Le texte tant attendu a été présenté par la ministre chargée de l’Énergie, Ségolène Royal, le 18 juin lors d’une communication au conseil des ministres. Le texte définitif du projet de loi sera présenté en conseil des ministres fin juillet, en vue d’une adoption dont la ministre assure qu’elle aura lieu – si le Parlement s’en saisit à l’automne – avant la fin de l’année. Matignon, lui, avait annoncé comme échéance le printemps 2015. D’ici là le texte a été soumis pour avis à plusieurs instances. Le Conseil national de la transition énergétique (CNTE) a adopté à la quasi-unanimité cette première mouture du projet de loi tout en apportant quelques propositions d’ajouts au texte. S’agissant des transports, le CNTE souhaite élargir le cadre du projet de loi, qui fait la part belle aux véhicules électriques. Il estime que « l’ensemble des motorisations alternatives doivent être soutenu et développé », ce qui inclut les véhicules alimentés au biogaz ou à l’hydrogène. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a également adopté à une très large majorité un avis. Toutefois, il appelle à intégrer un « objectif national d’efficacité énergétique à l’horizon 2030 » également prôné par le CNTE. Le Conseil national de l’industrie (CNI) a remis un avis unanime à la ministre tout en relevant « quatre enjeux qui paraissent devoir être complétés dans le projet de loi ». Le CNI propose d’intégrer la compétitivité du prix de l’énergie aux objectifs ciblés de la politique énergétique et aux critères de la programmation pluriannuelle. Il demande que les efforts d’efficacité énergétique de l’industrie soient encouragés et regrette que le projet de loi n’intègre pas une stratégie gaz pour soutenir les gazo-intensifs. Le conseil recommande l’identification des moyens nécessaires pour accompagner la transition énergétique (comme la formation, le financement) et souhaite que l’industrie soit associée à la gouvernance du dispositif en étant consultée sur les programmations pluriannuelles de l’énergie et sur les budgets carbone.

LE DEVENIR DE L’EUROPE DE L’ÉNERGIE

GERTJAN J. LANKHORST Gertjan Lankhorst est né à Amsterdam le 22 décembre 1957. Il a étudié l’économie générale à l’université libre d’Amsterdam de 1982 à 1986. En 1986, il entre au département de la politique économique générale au GPL néerlandais des Affaires économiques. sein du ministère Il a occupé différentes fonctions au ministère dont celle de directeur pétrole et gaz (1996–1999), directeur à la concurrence (1999–2003) et directeur général à l’énergie (2004–2005). Gertjan Lankhorst a été nommé président-directeur général de GasTerra le 1er septembre 2006 et a été élu président de l’Association européenne des fournisseurs de gaz, Eurogas, le 20 juin 2014.

15/01/2015 16:46

Je souhaite m’abonner pour l’année 2016 au tarif suivant : Adhérents AFG, AFG régionales et CFBP (France et étranger) : 90,00 € TTC Adhérents AFG retraités et étudiants (France et étranger) : 40,00 € TTC Plein tarif (France, étranger) : 120,00 € TTC Nom :

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règlement joint (facture acquittée adressée dès l’encaissement) paiement à réception de facture adhérent de l’AFG, du CFBP ou d’une AFG régionale

Pays : Date et signature :

Numéro de commande (1) : Code TVA d’identification (2) :

AFG, Gaz d’aujourd’hui, 8, rue de l’Hôtel de Ville, 92200 Neuilly-sur-Seine - Tél. 33 (0)1 80 21 08 00 - Fax 33 (0)1 46 37 19 55 (1) À préciser si votre service comptable l’exige pour tout règlement de facture. (2) Pour les pays de l'Union européenne.

15/01/2015 16:50

BRÈVES POLITIQUES ET INSTITUTIONS

POLITIQUES ET INSTITUTIONS

CARNET Julien Assoum remplace, selon un arrêté publié le 1er mars au Journal officiel, Antoine Pellion en qualité de conseiller énergies, transition énergétique et numérique, mer et écoindustries au ministère de de l’Environnement, de l’énergie et de la mer. Antoine de La Faire a été nommé le 24 février directeur de la stratégie du groupe Engie. Il remplace Edouard Sauvage, devenu directeur général de GRDF le 1er janvier 2016. Thibault Leinekugel Le Cocq a été nommé le 19 janvier conseiller technique énergie, environnement du Premier ministre Manuel Valls. Il était auparavant chef de bureau marché de l’électricité à la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC/ MEDDE). Stenven Sels a été nommé le 1er mars directeur général du groupe de distribution de propane et de butane Primagaz. Il remplace Massih Niazi nommé directeur général de SuperGasBras au Brésil. Sergio Val a été nommé le 24 février directeur financier adjoint en charge des relations investisseurs, des fusions et acquisitions et des marchés de capitaux d’Engie, auprès de Judith Hartmann, directrice générale adjointe en charge des finances. Laszlo Varro est devenu, le 29 janvier, le nouveau chef économiste de l’Agence internationale de l’énergie. Il remplace Fatih Birol. Il était depuis 2011 responsable des marchés gaz, charbon et électricité. Bruno Verlon a été nommé le 26 janvier secrétaire général du conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies (CGEIET), fonction qu’il exercera à compter du 22 mars. Isabelle Wallard a été nommée pour sa part présidente suppléante de la section « régulation et ressources » à partir du 13 février. o

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VERS UNE UNION DE L’ÉNERGIE RENFORCÉE ? La Commission européenne a présenté ce matin une série de mesures sur la sécurité énergétique contenant des propositions pour préparer l’UE à la transition énergétique mondiale et au risque de ruptures d’approvisionnement énergétique. Le paquet de mesures définit un large éventail de propositions destinées à renforcer la résilience de l’UE face aux ruptures d’approvisionnement en gaz. Ces mesures visent notamment à modérer la demande d’énergie, à accroître la production énergétique en Europe (notamment à partir de sources d’énergie renouvelables), à poursuivre le développement d’un marché intérieur de l’énergie pleinement intégré et performant ainsi qu’à diversifier les sources d’énergie, les fournisseurs et les itinéraires d’approvisionnement. Les propositions visent également à renforcer la transparence sur le marché européen de l’énergie et à créer davantage de solidarité entre les États membres.

CLIMAT : SÉGOLÈNE ROYAL PERSISTE ET SIGNE ! Ségolène Royal est intervenue au conseil de l’environnement du 4 mars dernier afin de remercier l’ensemble des pays de l’Union européenne pour leur engagement pendant le COP et en a profité pour rappeler quelques messages, notamment l’importance pour tous les États de ratifier l’accord de Paris. Le projet de loi de ratification pour la France a été soumis le 9 mars au conseil des ministres. La ministre de l’Environnement a également évoqué l’importance pour l’Europe de mettre en place rapidement des mesures comme la fixation d’un prix pour le carbone et la mise en œuvre de l’agenda des solutions. Elle a également évoqué l’efficacité énergétique ou l’économie circulaire, domaines dans lesquels l’UE aurait tout intérêt à s’investir.

UN PRIX UNIFIÉ POUR LE CARBONE Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, de l’énergie et de la mer, en charge des négociations internationales sur le climat, a chargé le 2 avril dans le cadre de la coalition pour un prix du carbone mise en place lors de la Conférence sur le climat (COP 21), Pascal Canfin, Gérard Mestrallet et Alain Grandjean de lui faire des propositions concrètes sur la mise en place d’un prix du carbone permettant d’orienter les investissements des citoyens, des élus, des entreprises vers les projets et les produits les plus favorables au climat.

POLITIQUES ET INSTITUTIONS

GÉOPOLITIQUE

L’Iran à la croisée des chemins Après plus de vingt ans d’embargo, l’accord sur le nucléaire signé le 14 juillet 2015 à Vienne marque le grand retour de l’Iran sur la scène internationale. Ce pays millénaire dispose d’un potentiel de ressources considérable, en gaz et en pétrole notamment.

’Iran détient l’une des plus importantes réserves de gaz du monde, environ 17 % des réserves mondiales renfermant 34 000 milliards de mètres cubes de gaz. Si la production gazière n’a cessé d’augmenter depuis la révolution iranienne (1979), les sanctions ont affecté le développement du secteur gazier, notamment les projets d‘exportations de gaz via des gazoducs ou sous forme de GNL. Où en est l’Iran aujourd’hui ? Quel est son potentiel ? Pour quelles échéances ? Et quel sera la place des entreprises françaises dans un pays où les besoins techniques et technologiques sont importants mais où les incertitudes politique et économiques demeurent.

La parole à…...

Olivier Appert

Il préside le Conseil français de l’énergie, comité français du Conseil mondial de l’énergie. Il est également délégué général de l’Académie des technologies et chercheur associé à la section énergie de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Quel est le potentiel de l’Iran en termes de production de gaz ? Son potentiel est considérable ! Deuxième réserve mondiale derrière la Russie, ses réserves — dont une grande partie (40 %) se trouve dans le gisement de South Pars découvert en 1990 — sont en partie inexploitées. À l’heure actuelle, la majorité du gaz produit en Iran sert à couvrir la consommation intérieure, une part non négligeable est réinjectée dans la production de pétrole, enfin une petite part est encore brûlée. L’exportation est anecdotique et principalement dirigée vers la Turquie. L’élément essentiel à mon sens pour que l’Iran développe et augmente sa production est la levée effective des sanctions. En effet elle permettrait à l’Iran d’augmenter sa production à travers des investissements mais aussi avec la mise en place de technologies de pointe, en berne dans le secteur énergé-

tique depuis la révolution. L’incertitude quant à la levée de l’embargo par les États-Unis et la remise en place des sanctions si le pays manque à ses obligations, même s’il n’y a pas d’effets rétroactifs sur les contrats signés, fait tout de même peser une épée de Damoclès sur les contrats à long terme et limite donc l’appétit des investisseurs et de ce fait le développement de sa production de gaz. Quelle échéance pour un gaz iranien en Europe ? Pour le moment il est prématuré de parler d’une quelconque échéance pour un gaz iranien en Europe, notamment parce qu’il n’y a pas les infrastructures nécessaires et parce que le prix du gaz sur le marché mondial n’est pas forcément favorable à de tels investissements. En 2011, l’Iran a signé avec l’Irak et la Syrie un projet visant à exporter du gaz en Europe via un gazoduc offshore depuis le Liban. Au vue de la situation actuelle, quelles sont les

Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016 • 47

POLITIQUES ET INSTITUTIONS

chances que ce projet aboutisse un jour ? Surtout dans un contexte de concurrence de l’approvisionnement de l’Europe avec des pays fournisseurs bien installés comme la Russie ou des concurrents qui sont en train d’émerger très fortement comme les États-Unis (GNL) ou encore l’Australie. À court terme, la priorité de l’Iran est l’augmentation de sa production via des nouveaux moyens techniques. Ensuite le plus simple serait d’exporter son gaz vers des pays limitrophes — malgré les tensions politiques récurrentes au Moyen-Orient. Quelle place sur ce marché pour les multinationales françaises ? Les entreprises françaises telles qu’Engie ou Total ont toujours été présentes en Iran, même du temps de l’embargo. Il est donc logique qu’elles cherchent à se repositionner aujourd’hui avec l’ouverture du marché et ses nou-

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velles possibilités. Total est par exemple impliquée dans un projet d‘exportation de GNL de South Pars, mais les investissements sont si importants que la question d’une rentabilité économique au vu d’un marché de plus en plus concurrentiel est clairement posée. Dans le secteur de l’énergie les multinationales se doivent d’avoir une stratégie de long terme, voire de très long terme. L’Iran est un grand pays et son potentiel incontestable, cependant les tensions politiques et techniques avec L’Arabie Saoudite notamment sont un jeu d’équilibriste pour les entreprises qui doivent jongler entre leur attrait pour ce potentiel iranien et la nécessité de maintenir de bonnes relations commerciales avec les Émirats. Propos recueillis par Laura Icart

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BRÈVES BUTANE ET PROPANE

BUTANE ET PROPANE

UNE RELATION CLIENT CERTIFIÉE CHEZ VITOGAZ Vitogaz France a obtenu la certification Afnor NF 345 - relation client. C’est la première entreprise de distribution de gaz propane vrac à l’obtenir. La filiale du groupe français Rubis précise dans un communiqué du 7 mars qu’elle peut utiliser la marque NF Service - relation client depuis le 17 décembre 2015 pour ses activités de service à distance relatives au gaz en citerne.

LE VIN SE BONIFIE AU PROPANE ! La coopérative vinicole mâconnaise « La cave d’Azé » est devenue la première installation vinicole fonctionnant au propane en France. Elle annoncé le 18 février qu’elle avait remplacé son ancien outil, plus adapté à ses nouveaux besoins de production, par une installation novatrice sur mesure fonctionnant au propane (R 290) avec son GWP de 3. « Nous avons porté notre choix sur une solution innovante, à savoir le propane, qui nous a finalement permis de nous distinguer de la concurrence », a déclaré Christian Croso, chef de l’entreprise rhodanienne Fidec, à la RPF.fr.

UNE CONSOMMATION ÉNERGÉTIQUE RESPONSABLE Finagaz, fournisseur de gaz propane en citerne, a lancé le 8 mars les offres « Duo rénovation 2016 » avec 11 partenaires fabricants de chaudières. Ces offres permettent à des clients particuliers de bénéficier, sous conditions d‘éligibilité, de primes et d’avantages allant jusqu’à 1 306 euros pour l’acquisition d’un nouveau matériel permettant un confort et une consommation énergétique optimale.

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LE CARBURANT LE MOINS CHER À LA POMPE :

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0,70

0,80 €

€

/ LITRE

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1,00 €

Gazole

GPL

0,70

0,60 € *Source du prix au litre des carburants en euros : MEDDE - www.developpement-durable.gouv.fr

BUTAGAZ EST CONNECTÉ ! Butagaz, acteur majeur du marché du gaz en bouteille, a dévoilé au mois de mars un nouveau service : le « click & collect » de la bouteille de gaz. Développé en « open innovation » avec The Keys, une start-up membre du programme Zagatub, ce service disponible dans l’Isère devrait être étendu au reste de la France. « Avec le “ click & connect ” Butagaz, la distribution de gaz fait son entrée dans le monde des objets connectés. Cette nouvelle offre s’inscrit dans notre stratégie de distribution multicanale – être présent en magasin, en drive, en distributeur automatique et répond à la fois aux nouveaux modes de consommation en vigueur et aux attentes des consommateurs en matière de disponibilité, d’autonomie et de flexibilité. Nous sommes aujourd’hui les seuls acteurs du gaz à avoir étendu notre stratégie omnicanal jusqu’au ʺclick & collectʺ de la bouteille de gaz », a déclaré Emmanuel Trivin, président de Butagaz.

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BUTANE ET PROPANE

INITIATIVE

Roulez jeunesse ! Cinq jours, cinq étapes et plus 1 200 km avec un programme en faveur de l’éco-consommation et du développement durable. Tel est le défi que se sont lancés quatre étudiants engagés, qui ont parcouru la France au volant d’une voiture GPL, sur la route des solutions alternatives.

’était le 22 février dernier à Lille. Nous faisions la connaissance de Prescillia, Arthur, Mathilde et Yanis, membres du bureau du développement durable de la Toulouse Business School, qui s’apprêtaient à prendre la route à bord d’une Fiat 500 GPL, pour un tour de France pas comme les autres. Cinq villes et autant de possibilités Ce tour des solutions alternatives reliant Lille à Toulouse a été autant d’occasions pour ces jeunes étudiants de découvrir des initiatives régionales autour de l’économie circulaire et du développement durable, tout en montrant l’exemple, puisqu’avec leur voiture GPL ils ont limité leur impact sur l’environnement et maîtrisé leur budget. À Lille, ils ont pu visiter les locaux de Pocheco, une entreprise spécialisée dans la fabrication « d’écoveloppes et de pochettes ». À Paris, ils ont passé une nuit au Solar Hôtel, premier hôtel écologique de la capitale. Le 24 février, c’est le site lyonnais « les Curieux » qui les a accueillis pour une visite de ce lieu entièrement dédié à un mode de vie éco-responsable. À Montpellier, ils sont partis à la rencontre d’une association œuvrant à la création d’habitats participatifs : ÉcoHabitons. Toulouse fut l’ultime étape de ce tour, l’occasion pour les quatre étudiants de découvrir « les imaginations fertiles », une plateforme d’innovation collaborative et

le FabLab, un espace collaboratif de création d’objets pour les entrepreneurs visant à faciliter le passage de l’idée au prototype. Durant ces cinq jours de voyage à travers la France, ces jeunes étudiants ont testé, collaboré et contribué à faire connaître des projets, des initiatives alterna• 0,72 euro le litre à la pompe tives. Leur défi, inscrit dans le • 1 750 stations-service cadre de la plateforme AIM2Flou• 500 km d’autonomie rish soutenue par les Nations • 1 plein réalisé unies, a permis de faire découvrir et en 2 minutes connaître, aux étudiants du monde entier, les innovations les plus prometteuses, existantes sur notre territoire et de les partager lors des assises nationales du développement durable (ANEDD) qui se sont tenues à Toulouse le 7 avril. D’ores et déjà, lors de ce tour de France, le choix d’une voiture roulant au GPL, carburant alternatif le plus utilisé au monde et le moins cher, a montré que rouler autrement c’est déjà possible ! Laura Icart

Roulez alternatif… au GPL !

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BUTANE ET PROPANE

MÉTIER ALAIN COMBES, responsable transport et formation au Comité français du butane et du propane (CFBP)

« Le chauffeur est tenu de vérifier que toutes les règles de sécurité sont bien respectées » Parlez-nous de votre métier et du rôle que vous jouez au sein du CFBP ? J’anime deux commissions : la commission transport et la commission formation. Je coordonne l’ensemble des formations dispensées par le CFBP et supervise les formateurs qui opèrent sur différents sites. Il en va de même pour la thématique transport où je réunis régulièrement les personnes responsables du transport chez nos adhérents. Dans ses deux commissions nous assurons à la fois le © CFBP suivi de la règlementation et la détermination de nos contenus professionnels techniques et opérationnels. Nous allons parler plus spécifiquement de la formation des chauffeurs-livreurs. À qui s’adresse-t-elle ? Quel est son contenu ? Cette formation s’adresse à des chauffeurs qui vont être amenés à faire des livraisons en clientèle et sont déjà titulaires d’une formation réglementaire de transport de marchandises dangereuses par route (ADR). Il s’agit à la fois d’une formation de base et d’une spécialisation « citerne » nécessaire avant de pouvoir intégrer la qualification « GPL » du CFBP. Nous organisons chaque année une centaine de sessions durant lesquelles environ 800 chauffeurs sont formés : 250 d’entre eux le sont pour la première fois (en formation initiale) et 550 du fait du « recyclage », soit une remise à niveau obligatoire tous les trois ans. Ces formations sont dispensées en trois jours pour les initiales et en deux pour le recyclage. Nous abordons à la fois les caractéristiques o

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du produit, ses conséquences pratiques et la connaissance du matériel (le véhicule citerne et tous ses accessoires pour être capable de charger et de livrer en autonomie, puis les réservoirs en clientèle et leurs règles d’implantation). La formation comporte aussi des mises en situation (livraison de produits) mais également des exercices en cas d’incident ou d’accident avec le matériel et les produits. Quels sont les objectifs à atteindre pour valider une formation de chauffeur-livreur GPL ? L’objectif de la formation est d’être capable de faire à la fois le chargement, le transport en véhicule-citerne et la livraison du GPL dans le réservoir en clientèle et de pouvoir faire toutes ces opérations en parfaite autonomie et en parfaite sécurité. Quelles sont les spécificités d’un chauffeurlivreur GPL ? Le chauffeur est responsable de son véhicule, c’est-à-dire qu’il est tenu de vérifier que toutes les règles de sécurité sont bien respectées. Il doit connaître tous les règlements, les procédures et les outils spécifiques au transport et au chargement du GPL. Il est également tenu de vérifier la conformité du réservoir en clientèle (équipement sous pression). Propos recueillis par L.I.

AERIUS

Le compteur de gaz statique communicant

Diehl Metering propose AERIUS, le compteur de gaz statique alliant précision et communication. La mesure microthermique innovante du compteur AERIUS est réalisée indépendamment de la pression et de la température. Equipé de la radio OMS ou filaire MBus, AERIUS peut intégrer des chaînes de relevé automatique à distance (technologie AMR)... www.diehl.com/metering 1996 - 2016 : 20 ans d’expérience et d’innovation ! Diehl Metering S.A.S. | 67 rue du Rhône - BP 10160 - FR-68304 Saint-Louis Cedex Tél. +33 (0)3 89 69 54 00 | Email : info-dmfr@diehl.com

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BRÈVES VIE DE L’AFG

VIE DE L’AFG

AGENDA

L’ACTUALITÉ DE L’AFG

4 mai L’AFG sera auditionnée dans le cadre de la mission d’information commune sur l’application de la loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte.

Jérôme Ferrier, président de l’AFG, a été cité dans un article du Monde sur l’état des lieux de l’exportation de gaz de schiste américain, paru dans l’édition du week-end des 19 et 20 mars. Lors d’un entretien, Jérôme Ferrier a eu l’occasion d’évoquer la part de croissance du GNL sur le marché, les enjeux géopolitiques et les atouts du GNL. Il est également cité dans un article de la revue Challenges (édition du 7 au 13 avril) relatif à l’industrie du gaz, qui traite notamment de la chute des cours du pétrole, ayant eux-mêmes entraînés ceux du gaz.

24 mai L’AFG Est organise une conférence débat intitulée « Les marchés de l’EnR et de l’efficacité énergétique restent-ils créateurs d’emplois ? », en présence de Jérôme Ferrier et Geoffroy Roux de Bézieux. 2 juin Rendez-vous de l’AFG : « La nouvelle géopolitique du gaz ». Les énergies, et parmi elles le gaz, sont un facteur déterminant du développement économique mondial. Par conséquent, le contrôle de l’approvisionnement énergétique est au cœur d’enjeux géopolitiques forts. Les évolutions de l’offre et la demande en gaz n’échappent pas à cette règle. Le climat, les exportations en provenance des États-Unis, le retour sur la scène internationale de l’Iran, les tensions entre l’Union européenne et la Russie… dessinent une nouvelle donne géopolitique pour le gaz.

Georges Bouchard, délégué général de l’AFG, a évoqué dans le numéro spécial de la revue Enjeux sur la stratégie de normalisation 2016, l’implication de l’association dans les travaux de normalisation. L’AFG a publié le 24 mars son rapport d’activités pour l’année 2015. L’AFG a répondu, le 30 mars, à la consultation publique de la CRE relative aux prochains tarifs d’utilisation des réseaux de transport de gaz de GRTgaz et TIGF et aux prochains tarifs d’utilisation des terminaux méthaniers régulés.

UNE NOUVELLE DYNAMIQUE ! L’AFG a tenu son premier club communication le 18 mars dans ses locaux en présence d’une quinzaine de ses membres. L’occasion pour tous d’échanger et de mutualiser les synergies afin de développer des projets communs.

UNE WEB TV POUR L’UIG L’Union internationale du gaz (UIG) a lancé le 25 février l’ « IGU Webcast Live from Berlin », sa série d’émissions web. Ces webcasts porteront sur les thématiques importantes de l’industrie du gaz naturel. L’émission mettra en avant des experts concernés par les problématiques du secteur gazier. Elle présentera également des personnalités qui travaillent pour l’UIG.

UN NOUVEAU CAHIER DES CHARGES AFG Le groupe de travail AFG « référentiel de contrôle des installations de gaz » a publié la nouvelle version du référentiel de contrôle de sécurité des installations intérieures de gaz relevant de l’arrêté du 2 août 1977 modifié. Cette nouvelle édition sous forme de cahier des charges AFG permet d’attribuer à ce document un statut formel en attendant son référencement dans la future version de l’arrêté. Ce référentiel commun est utilisé par les organismes de contrôle agréés pour le contrôle des installations intérieures de gaz neuves et existantes. Certains points de contrôle ont été harmonisés avec ceux de la norme NF PR 45-500:2013 sur le diagnostic gaz (raccordement en gaz, ventilation, VMC gaz). Sur proposition de l’AFG, il a été validé par les pouvoirs publics le 18 février 2016 pour une application au plus tard le 1er juin 2016..

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VIE DE L’AFG

CONVENTION DE L’AFG

Bilan et perspectives gazières La traditionnelle convention de l’Association française du gaz, « Bilan et perspectives gazières », s’est tenue dans la matinée du 24 mars. Plus de 200 personnes s’étaient réunies pour écouter, débattre et réagir autour de plusieurs thématiques qui ont marqué l’année 2015 et qui influeront sur 2016. Quel essor du GNL et quelles possibles conséquences en Europe ? Comment répondre au défi que s’est donnée la France en décidant de fusionner ses deux dernières places du marché de gaz (le nord et le sud) après le succès de la Trading Region South (TRS) ? La fin des tarifs réglementés de vente aux professionnels : quel bilan pour le marché du gaz ? Le secteur gazier s’interroge et propose ses solutions et ses perspectives pour les années à venir.

Jérôme Ferrier, président de l’AFG Cette convention fut l’occasion pour le président de l’AFG de dresser le bilan d’une année riche en événements, où le gaz a occupé une place prépondérante, porté par une industrie mobilisée. Il a rappelé qu’en 2015 comme en 2014 la chute des prix s’est poursuivie, accentuée par une crise économique toujours présente et des conditions climatiques plus chaudes. Si un ralentissement de la consommation de gaz a été constaté dans le monde, la France, pays des paradoxes, a vu la sienne augmenter (+ 7,8 %). Cette hausse est en partie constatée dans la génération électrique (cogénération) et en partie chez les industriels. Jérôme Ferrier a également évoqué les perspectives pour 2016 et notamment celles qui vont s’ouvrir pour le GNL, à commencer par la grande messe mondiale du secteur. Elle se déroulera cette année à Perth, en Australie, ville qui n’a pas été choisie au hasard tant le pays hôte semble à la pointe en matière de GNL avec le démarrage d’un grand nombre de projets de liquéfaction. « Nous allons voir environ 40 millions de tonnes de GNL arriver sur un marché d’environ 250 millions de tonnes », a estimé Jérôme Ferrier. Le président de l’AFG est revenu sur la belle opportunité que constitue ces nouvelles quantités de GNL disponibles pour l’Europe avec des prix bas au niveau des contrats à long terme mais également intéressantes sur les marchés spots.

Laurent Vivier, directeur gaz chez Total « Le marché du GNL dans les années qui viennent sera un marché d’acheteurs », a lancé Laurent Vivier en prélude de son intervention à la convention de l’AFG. Par cette phrase, le directeur gaz de Total a ainsi énoncé la première raison, selon lui, qui a permis la redistribution des cartes du marché du GNL et du marché du gaz. En effet, le marché du GNL sera un marché d’acheteurs, du fait de l’arrivée sur le marché de nouvelles unités de liquéfaction en Australie et aux ÉtatsUnis (Sabine Pass) avec des volumes équivalents à ce que le Qatar produit actuellement. La deuxième raison est plutôt conjoncturelle, elle est liée à la baisse générale du prix de commodités et plus particulièrement du pétrole. Le GNL a la croissance la plus importante : autour de 4 % par an dans les dix ans à venir. L’augmentation de l’offre est réelle, portée en particulier par l’Asie, moteur du lancement des projets de GNL mondiaux mais qui ne sera pas en mesure d’absorber ces nouvelles quantités disponibles. L’Europe, de par sa flexibilité, revient sur la carte du GNL mondial et pourrait devenir un centre névralgique du marché du GNL. « Les terminaux de regazéification en Europe sont utilisés à 25 % », a souligné Laurent Vivier. Il a également précisé que la grande inconnue était plutôt l’évolution de la demande de gaz naturel en Europe. À part au Royaume-Uni où il existe un prix plancher du CO2, le gaz reste fortement concurrencé par le charbon. Seul un prix de la tonne CO2 permettra d’assurer l’avenir du gaz en Europe dans le domaine de la production de l’électricité.

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VIE DE L’AFG

Table ronde 1

Le marché du gaz en 2015 et ses perspectives : focus sur le GNL

d’Algérie. Des contrat ont été établis jusqu’en 2020 mais Elengy recherche déjà des développements possibles en allant par exemple vers l’avitaillement des industriels non raccordés au réseau de gaz naturel et gaz naturel carburant pour les véhicules. En résumé, si l’Europe semble toute désignée pour accueillir du GNL sur son marché, elle n’est cependant pas la seule à sortir du lot. D’autres pays sont aussi sur les rangs, comme la Jordanie ou l’Égypte et de manière plus globale encore l’ensemble du Moyen-Orient.

Table ronde 2

La Trading Region South : vers la fusion des zones

Le gaz naturel liquéfié est de retour pour l’année 2016 sur le marché européen et c’est une tendance qui se confirmera dans les prochaines années. C’est le consensus trouvé par tous les participants de cette première table ronde : Michèle Azalbert, directrice des opérations, Global LNG, Engie ; Thierry Bros, analyste senior, marché gazier européen et GNL, Société générale ; Fernando Herrera Castro, directeur général Europe, Gas Natural Fenosa ; et Martin Jahan de Lestang, directeur général, Elengy. La table-ronde était animée par Julien Miro, adjoint au directeur affaires publiques et communication de l’AFG. Les intervenants ont insisté sur la nécessité de continuer à faire valoir les atouts du gaz naturel dans le cadre de la transition énergétique : « Le gaz a sa place dans la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique. J’irai même plus loin, il est indispensable pour assurer la transition vers ce monde moins carboné », a déclaré Michèle Alzabert. Comme Laurent Vivier, Thierry Bros reprend le cas du Royaume-Uni qui a mis en place une taxe (18 livres la tonne) pour renforcer l’idée qu’un signal prix du CO2 aurait un impact non négligeable sur la consommation de gaz et qui a constaté une augmentation de la consommation de gaz. Plusieurs éléments vont jouer un rôle clé sur le marché du GNL : l’évolution de la consommation de gaz naturel en Asie, la compétitivité du gaz naturel avec le charbon et la stratégie de la Russie face à la concurrence du GNL américain. La baisse des prix du gaz et du GNL ne rend plus forcément opportun le renvoi de cargaisons de l’Europe vers l’Asie. Ainsi, Gas Natural Fenosa, qui avait réexpédié environ 60 TWh de GNL en 2014, n’en a réexporté que 15 TWh l’an dernier, a indiqué Fernando Herrera Castro, directeur général Europe de l’énergéticien espagnol. Sur le court terme, tous s’accordent à dire que l’Europe absorbera donc une partie de ce nouveau GNL. De son côté, Elengy réfléchit à l’avenir du terminal GNL de Fos-Tonkin qui semble peu adapté au nouvel environnement du GNL. Il était prévu à l’origine pour recevoir en continu des petits chargements en provenance

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Olivier Aubert, directeur de l’offre, GRTgaz, Dominique Jamme, directeur des réseaux, CRE et JeanLoup Minebois, directeur développement commerce, TIGF sont les intervenants de cette dernière table ronde la matinée, animée par Madeleine Lafon, directrice des affaires publiques et de la communication de l’AFG. Fort du succès du rapprochement des zones de marché de TIGF et GRTgaz sud, la France réfléchit désormais à la fusion des zones nord-sud, prévue pour 1er novembre 2018. Dominique Jamme a rappelé qu’il y avait encore beaucoup de travail avant la fusion des zones et notamment pour établir de nouveaux tarifs pour l’accès au réseau de transport de gaz, ainsi que des règles de fonctionnement communes. Pour accompagner cette démarche, un point a également était fait sur les enjeux des nouveaux tarifs réglementés (ATRT6) qui doivent entrer en vigueur au 1er avril 2017. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a lancé une première consultation publique, achevée le 25 mars dernier, dans laquelle elle a soumis ses propositions (investissements, péréquations tarifaires, adaptation du tarif au futur code européen de réseau tarif, etc.), qui constituent une vaste refonte de la structure tarifaire. Dominique Jamme a insisté sur la nécessité d’« avoir un prix unique du gaz en France et non pas deux avec des variations ». Une deuxième consultation sera lancée dans quelques mois, suivie d’une décision prise à la fin 2016. Jean-Loup Minebois a évoqué la satisfaction que représente la Trading Region South. Mise en œuvre au 1er avril

VIE DE L’AFG

2015, la TRS, fusion de la zone gérée par TIGF et la PEG sud de GRTgaz, avec une consommation de 12 milliards de mètres cubes et un flux échangé de 150 TWh, s’affiche comme une nouvelle place pour le gaz en France. Il plaide pour une stabilité tarifaire dans un cadre réglementaire régulé, permettant d’avoir une visibilité sur le long terme. Il souhaite également que la dimension européenne soit incluse dans la réflexion menée autour des réseaux français, en repositionnant le rôle et la place de chacun. Olivier Aubert est revenu sur les différentes propositions, en se déclarant mitigé à l’idée d’une nouvelle hausse des tarifs de transport, notamment pour son impact direct sur la facture des clients. S’il partage l’avis de la CRE sur le bon dimensionnement des investissements réalisés, à quelques exceptions près, s’il accueille positivement la proposition d’une aide financière pour favoriser le raccordement de nouveaux sites, le dirigeant de GRTgaz s’est montré plus « réservé » sur la péréquation tarifaire en affichant clairement un certain scepticisme.

Table ronde 3

La fin des tarifs réglementés de ventes professionnels : bilan pour le marché du gaz

pour le gaz naturel, il ne devrait plus y avoir que 4 000 sites n’ayant pas signé de contrat de marché au 1er juillet 2016. Après avoir passé en revue les options examinées pour assurer la continuité de la fourniture en gaz, elle a rappelé le mécanisme retenu. Elle a également précisé que le bilan statistique de la fin des tarifs réglementés de vente (TRV) pour les professionnels en gaz était plutôt positif. Guillaume Benali a souhaité lui revenir sur l’une des particularités majeures concernant le choix des fournisseurs. Selon lui, il a été principalement le fait des points régulés plus que de la compétitivité réelle des fournisseurs. Il constate d’ailleurs que la réticence de certains consommateurs français devant la fin des TRV n’est rarement, voire jamais constatée dans les autres pays de l’Union européenne. Jacques Gérard a rappelé à quel point l’enjeu pour un distributeur comme GRDF est important, qui doit s’adapter aux nouveaux mécanismes. Il a précisé également qu’il restait encore 79 sites concernés par la fin des TRV au 31 décembre 2014, qui n’avaient toujours pas basculé en offre de marché. Olivier Conte a eu la charge de conclure cette table ronde, rappelant que l’ensemble des acteurs de la filière sont prêts à mutualiser leurs compétences afin de travailler à une meilleure visibilité du sujet. La rédaction de Gaz d’aujourd’hui Photos Gaël Kazaz

Frédérique Delaugerre, chef de bureau des marchés du gaz à la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC), Guillaume Benali, senior consultant chez Energie Consulting Gmbh, Jacques Gérard, directeur relations clientèle, GRDF et Olivier Conte, responsable achat d’énergies de Dalkia sont les intervenants de cette dernière table ronde la matinée, animée par Georges Bouchard, délégué général de l’AFG. Pour rappel, les tarifs réglementés de vente de gaz naturel pour les consommateurs professionnels ont progressivement disparu entre le 19 juin 2014 et le 1er janvier 2016. Ces gros consommateurs ont dû choisir un nouveau contrat en offre de marché chez le fournisseur de leur choix avant les dates d’échéance prévues. Frédéric Delaugerre a lancé la troisième table ronde de la matinée consacrée à la fin des tarifs réglementés de vente pour les professionnels, estimant que même s’il reste actuellement 12 600 sites en offres transitoires de marché

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INTERVIEW

Yannick Onfroy, président du Bureau de normalisation du gaz (BNG)

Pouvez-vous nous rappeler les missions et les domaines de compétences du Bureau de normalisation du gaz (BNG) ? Le BNG assure la normalisation du traitement, du stockage, du transport, de la distribution et des utilisations des combustibles gazeux applicable aux infrastructures gazières, aux appareils à gaz et à leurs composants ainsi qu’aux accessoires, à la qualité du gaz et aux activités et services associés. Nous travaillons en totale collaboration avec l’Afnor et nous sommes au cœur du système français de normalisation. Nos principales missions s’articulent autour de l’élaboration et la maintenance des documents normatifs français, la gestion des secrétariats de certains comités techniques aux niveaux européen et international, la mise en place d’une veille technique spécialisée et enfin l’accompagnement et le conseil pour des PME désireuses d’accéder aux travaux de normalisation. Quels sont les grands chantiers ou projets qui ont été mis en place ces dernières années ? Les travaux autour de la qualité du gaz, de l’interopérabilité des réseaux européens, et ceux liés aux nouveaux gaz - biogaz, biométhane et vraisemblablement demain hydrogène ont été les grands chantiers de cette dernière décennie. La mise en œuvre de l’ensemble des directives européennes sur l’efficacité énergétique notamment fut également une charge importante de travail. Enfin je citerai, parce que c’est aussi dans l’air du temps, l’intégration des énergies renouvelables en synergie totale avec l’énergie gaz. Cette année, tout comme les prochaines, la filière gaz est et sera confrontée à la tendance à la décentralisation, comme on le voit actuellement sur la chaîne GNL avec l’arrivée des applications de GNL de détail mais également de nouveaux usages comme le GNL carburant ou les smart gas grids. Quel est l’intérêt que peuvent trouver les entreprises, multinationales ou PME, à s’investir dans la normalisation ? Participer à des travaux de normalisation, c‘est se donner les moyens d’anticiper. Anticiper à la fois sur les règles techniques mais aussi sur les grands changements qui peuvent

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survenir sur la chaîne de l’énergie. C’est aussi pouvoir influer, faire valoir ses techniques, ses intérêts afin de placer ses technologies et de s’assurer qu’elles trouveront leur place dans une filière ou dans des systèmes de plus en plus complexes. Actuellement, nous travaillons avec plus d’une soixantaine de PME. Notre ambition est d’aller bien au-delà, nous souhaitons vraiment que les entreprises comprennent et réalisent tout l’intérêt qu’elles ont à s’investir dans des travaux de normalisation. Parlez-nous des objectifs du BNG pour 2016 et de manière plus globale des enjeux de la normalisation gazière en France et en Europe...… L’objectif principal pour cette année, c’est d’accompagner et de préparer la transition énergétique. On a coutume de parler des « 4 D » : décarbonation, décentralisation, décroissance, digitalisation. Notre volonté est également de valoriser et de vulgariser notre travail auprès du plus grand nombre au travers d’une communication plus ciblée avec une lettre dédiée ou le développement d’outils collaboratifs, comme par exemple la mise en place des comités électroniques. Communiquer est aujourd’hui un enjeu fort dans le secteur énergétique. Le BNG se doit d’accompagner cette tendance. Le bureau est depuis le début des années quatre-vingts très impliqué dans les travaux de normalisation européens qui représentent presque 70 % de sa charge de travail, avec une tendance à l’internationalisation. La France s’est d’ailleurs vue attribuer un sous-comité ISO sur le GNL en 2015. En conclusion, pouvez-vous nous dire quels sont les avantages de disposer d’un bureau de normalisation sectoriel dédié aux gaz combustibles ? Ce bureau opère la mise en place d’un réseau d’experts qui ont une parfaite connaissance de la filière gazière mais offre également la possibilité d’avoir une vision globale de tous les travaux. Nous collaborerons avec 365 experts. Basé sur une démarche volontaire, ce réseau réunit des personnes ayant un intérêt commun et cela permet véritablement de fédérer et structurer une filière. Propos recueillis par Laura Icart

VIE DE L’AFG

Normalisation Avis de publication de normes NF EN 331:2016 « robinets à tournant sphérique et robinets à tournant conique à fond plat destinés à être manœuvrés manuellement et à être utilisés pour les installations de gaz dans les bâtiments ». Cette norme porte sur les caractéristiques des robinets destinés aux installations de gaz domestiques et commerciales, et est candidate à l’harmonisation au titre du règlement produits de la construction. ISO 16904:2016 « conception et essais des bras de transfert de GNL sur des terminaux terrestres conventionnels ». Cette norme spécifie les règles de conception, les prescriptions minimales de sécurité ainsi que les procédures de contrôle et d’essais relatifs aux bras de transfert de GNL marins destinés à être utilisés sur des terminaux terrestres conventionnels recevant des méthaniers.

NF EN 12405-3:2016 « compteurs de gaz - dispositifs de conversion – partie 3 : calculateurs de débit ». Cette norme définit les exigences en termes métrologiques et techniques des calculateurs de débit et la conversion de volume à grande exactitude. EN 1776 « infrastructures gazières — systèmes de mesure de gaz — prescriptions fonctionnelles ». Cette norme spécifie les prescriptions fonctionnelles pour la conception, la construction, la mise en service, l’exploitation, la maintenance et, le cas échéant, l’étalonnage approprié pour les stations de comptage de gaz.

Actualités du BNG La publication de la norme NF EN 16726 sur la qualité du gaz H est l’aboutissement de nombreuses années de travail. Cependant les travaux n’ont pas permis d’arriver à un consensus sur des paramètres importants tels que l’indice de Wobbe, le souffre de l’hydrogène. La Commission européenne souhaite promouvoir l’utilisation de la norme et à chargé l’Entsog d’une étude sur la faisabilité de son application sur toute la chaîne gazière et dans toute l’Europe. L’Entsog lancera en juin 2016 une enquête pour identifier les éventuels points bloquants dont elle présentera les résultats en septembre. Dans le même temps, des travaux pré-normatifs pour combler les vides de la norme vont être lancés. Un groupe de travail européen doit recenser les usages et les problèmes rencontrés. Toutes les parties concernées de la chaîne gazière et tous les pays doivent être associés. Ce travail servira de base à une révision de la norme. Pour suivre ces travaux, l’AFG a réactivé son groupe de travail « qualité du gaz » qui s’est réuni le 29 mars dernier.

La première réunion du groupe ad hoc du CEN/TC109/ WG1 « chaudières gaz » sur les « hybrides » s’est déroulée le 8 février 2016. Ce groupe géré par la France a pour missions principales d’une part de proposer une définition des appareils hybrides domestiques associant un générateur gaz, une pompe à chaleur, un dispositif solaire ou non, un système de régulation optimisant le fonctionnement des générateurs et éventuellement un ballon d’eau chaude, et d’autre part de proposer les configurations les pertinentes et les plus performantes pour la filière gazière, à valoriser aux regards des exigences de sécurité et de performance énergétique en vigueur. Dans un premier temps, les fonctions des appareils hybrides qui ont été retenues sont les suivantes : chauffage, production d’eau chaude sanitaire, rafraîchissement et ventilation. Le BNG a publié son rapport d’activité 2015. Ce document, véritable outil d’information et de communication sur les travaux réalisés au sein des commissions de normalisation, des groupes de travail et des comités techniques européens et internationaux gérés par le BNG, révèle l’organisation et les grands enjeux du secteur de la normalisation.

Gaz d’aujourd’hui • n 2-2016 • 59

leader français et référence européenne de la certification :

de matériel et appareils à gaz selon des référentiels gérés par CERTIGAZ (Marquage CE, Marques NF et Marques ATG) de système de management (offre commune de Certigaz et d’AFNOR Certification, pour la Certification Coordonnée Système & Produits qui comprend la certification sous marque AFAQ).

CERTIGAZ est l’organisme notifié (n°1312) pour le marquage CE des appareils à gaz en application des directives 2009/142/CE « appareils à gaz » et 92/42/CEE « rendement des chaudières ». Cela représente plus de 1000 certificats CE de type émis ou modifiés et plus de 220 sites de fabrication sous surveillance dont près de la moitié hors de France. Le marquage CE est la preuve de la conformité aux exigences des directives européennes applicables à un produit, il permet la libre circulation du produit au sein de l’Union Européenne. La directive 2009/142/CE « Appareils à gaz » concerne principalement : •Les appareils de cuisson (domestique et professionnelle), •Les appareils de chauffage (chaudières, tubes radiants, générateurs à air chaud), • Les appareils de production d’eau chaude, •Les appareils de réfrigération, •Les appareils de lavage, •L’éclairage.

CERTIGAZ gère également les marques ATG au nom de l'AFG dans le secteur du gaz : ATG Bras : alliages d'apport/flux destinés au brasage capillaire et au soudobrasage pour les canalisations gaz en acier ou en cuivre ; ATG Sert : raccords à sertir en cuivre ; ATG PLT : kits de tuyaux onduleux pliables en acier inoxydable ; ATG MH : installations de gaz GPL pour résidences mobiles et kits d’alimentation en GPL.

CERTIGAZ est l’organisme mandaté par AFNOR Certification pour assurer la gestion des dossiers ainsi que la surveillance des sites de fabrication des marques NF dans le secteur du gaz : NF GAZ : accessoires de raccordement des appareils à gaz et accessoires pour installations GPL ; NF ROB-GAZ : aux robinets de gaz pour réseaux de distribution situés en amont du compteur et aux robinets pour installations de gaz dans les bâtiments, ainsi qu’aux robinets à papillon pour installations de gros diamètres et aux joints plats d’étanchéité pour installations de gaz ; NF APE : accessoires pour réseaux en polyéthylène de distribution de gaz et d’eau ; NF REG-GAZ : régulateurs de pression de gaz pour réseau de distribution et branchements.

CERTIGAZ SAS est une société par action simplifiée détenue pour moitié par AFNOR Certification et par l’AFG. Certigaz est accréditée par le COFRAC (Comité Français d’Accréditation, portée disponible sur www.cofrac.fr). Contact : 8 rue de l’Hôtel de Ville 92200 Neuilly Tél : +33(0) 1 80 21 07 40 Fax : +33 (0)1 80 21 07 93 www.certigaz.fr infocertigaz@certigaz.fr

L’association française du gaz Le syndicat professionnel du gaz en France

Pour fédérer nos énergies • Lien entre les acteurs de la chaine gazière, l‘AFG contribue à sa promotion et à son développement

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