Paroles 263

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portrait

人物誌

Freddie Wong, le cinéma comme passion et comme partage 黃國兆——熱愛電影,分享電影 Texte 文: Hugo Petit

À l’image des cinéastes de la Nouvelle Vague, Freddie Wong a d’abord été un cinéphile et un critique, avant de passer derrière la caméra. Fasciné par la France et son cinéma dans sa jeunesse, il s’occupe d’un ciné-club à ses heures perdues et apprend la langue de Molière, avant de décrocher une bourse pour étudier le cinéma à Paris, de 1976 à 1979. Il travaille alors aux côtés d’Alain Corneau sur le tournage du film Série Noire, en tant qu’assistant. Revenu à Hong Kong, il y contribue à l’organisation de nombreux festivals à partir des années 80. Il réalise The Drunkard en 2010 (cf. Paroles n° 224), adapté du roman éponyme de l’écrivain Liu Yichang, dont un autre livre, Tête-Bêche, a également servi d’inspiration à Wong Kar-wai pour In The Mood for Love. Paroles a rencontré Freddie Wong alors qu’il s’intéresse aujourd’hui au Film Noir français et américain et nourrit toujours de nombreux projets. Jovial et intarissable, doté d’une connaissance encyclopédique du cinéma, Freddie Wong n’en demeure pas moins curieux et toujours avide de nouvelles découvertes audiovisuelles, à 70 ans passés. Il continue d’écrire : contributeur régulier à la revue en langue chinoise Hong Kong Literature Bimonthly, il y a récemment publié un article consacré au documentariste japonais Kazuo Hara. Il intervient également à l’Université baptiste de Hong Kong, là aussi sur le thème du Film Noir : «  Je montre toujours Le Samouraï aux étudiants   », nous explique-t-il. Nous rencontrons Freddie Wong alors qu’il prépare le festival Noir Fest, organisé avec le LCSD (voir aussi son article à ce sujet, p. 8). Il s’agit pour lui d’un genre majeur : « De nombreux réalisateurs ont commencé leur carrière en faisant des films noirs. Avec un bon scénario, on peut faire un bon film. Il n’y a pas besoin d’y investir beaucoup d’argent. Le premier film des frères Coen, par exemple, Blood Simple, est un film noir, à très petit budget. De même, les premiers films de Stanley Kubrick sont des films noirs. Robert Wise, le réalisateur de La Mélodie du bonheur et de West Side Story, a tourné en 1949 un film intitulé The Set-Up, qui se déroule en temps réel. C’est aussi un film noir. Et en Pologne, ce genre existe aussi : de nombreux réalisateurs s’y sont essayés, même Kieslowski ou Polanski à ses débuts. J’ai récemment vu Train de nuit (1959) de Jerzy Kawalerowicz, un très bon film. Tout se passe dans un train, dans un espace très exigu. Il y a un cycle très intéressant : les films noirs français, notamment ceux du maître en la matière, Jean-Pierre Melville, se sont inspirés des crime films américains. Puis, des cinéastes hongkongais ont été influencés par Melville, comme John Woo qui rend hommage au Samouraï dans Le Syndicat du crime. Et enfin, nous avons Tarantino, un Américain, qui s’est nourri du cinéma de kung fu et de gangsters hongkongais, notamment les films de John Woo. » Freddie Wong, photo © Stella Ko


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