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« Cinémode par JeanPaul Gaultier » à la Cinémathèque française 法國電影資料館呈獻 「Jean-Paul Gaultier 電影時尚展」 Texte 文 : Jean-Sébastien Attié

La place des grands créateurs de mode dans le cinéma est connue : Saint Laurent (Belle de jour, de Buñuel), Balmain (Et Dieu créa la femme, Vadim) ou encore Chanel (L’Année dernière à Marienbad, Alain Resnais) ont marqué des œuvres sublimes.

Le fondateur de la Cinémathèque française, Henri Langlois, chérissait lui aussi les robes des stars et considérait que ne pas conserver ces « reliques » de la fabrication d'œuvres de cinéma relevait du sacrilège. L’inspiration de Jean-Paul Gaultier se nourrit de cette culture cinématographique, lui qui « conçoit chacun de ses défilés comme un show. Il raconte à la Cinémathèque son histoire personnelle du cinéma, celle des rebelles sans cause, des icônes inspirées de la rue et des transidentités les plus sophistiquées ». Il a d’ailleurs travaillé comme costumier sur de nombreux films avec Luc Besson ou Pedro Almodóvar. Loin de constituer une histoire exhaustive des relations entre la mode et le cinéma − l'exercice eût été difficile − Cinémode par Jean Paul Gaultier est aussi une plongée dans les représentations genrées, sur le grand écran et à travers les vêtements. On y retrouve cinq sections : 1.   Falbalas : Gaultier a toujours revendiqué l’influence du cinéma et sa fascination pour le 7e art, à commencer par Falbalas (Jacques Becker, 1945) − Rochas en était le couturier − qui décida de sa vocation à 13 ans. Rochas est souvent crédité comme l’inventeur de la guêpière que Gaultier revisite dès ses premières collections prêt-àporter dans les années 80. 2.   ♂♀: ici défilent les femmes fatales ultra-féminisées d'Hollywood, Brigitte Bardot, maintes fois accusée d'outrages aux bonnes mœurs et à l'avant-garde d'une mode prêt-à-porter simple, jeune et insouciante. Face à elles, les gangsters, cowboys et super-héros macho, musculeux ou plus ingénus. Parmi eux, Marlon Brando dans Un tramway nommé désir (Elia Kazan, 1951) influença la mode d’une génération férue de rock’n’roll qui ne s'habille plus comme ses parents.

3.   Transgressions : l’androgynie par le port du vêtement est affirmée dès les années 30, les codes vestimentaires sont bousculés, ouvrant une nouvelle voie esthétique et morale, prônant déjà l’égalité des sexes. Ces transgressions deviennent moins confidentielles dans les années 70, l’underground devient plus visible : Gaultier fera de la marinière le symbole de sa marque, inspirée du Querelle de Fassbinder. Il accompagne ensuite Almodóvar comme constumier sur nombre de ses films. 4.   Métal hurlant : le métal est l’apanage des guerriers, dont Jeanne d’Arc interprétée par Jean Seberg, Sandrine Bonnaire ou Milla Jovovich. En 1968, Jane Fonda prend les traits de Barbarella (Roger Vadim), habillée par Paco Rabanne. C’est l’époque du Space Age avec Pierre Cardin et André Courrèges et des films Blow-Up (Michelangelo Antonioni, 1966) ou Orange mécanique (Stanley Kubrick, 1971). 5.   Défilés : ici nous nous attardons sur les scènes de défilés dans les films, de The Women (George Cukor, 1940) à Funny Face (Stanley Donen, 1957), en passant par Le Diable s’habille en Prada (David Frankel, 2006) ou Absolument fabuleux (Gabriel Aghion, 2001). Dès les années 80, Gaultier, Mugler ou Viviane Westwood font alors du défilé l’aboutissement d’une création collective similaire à celle du cinéma. L’exposition est accompagnée de dialogues, rencontres et projections pour tous publics. Jusqu’au 16 janvier 2022 Cinémathèque française 51 rue de Bercy, 75012 Paris www.cinematheque.fr


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