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PARCOURS Fred Ebami

PARCOURS

Fred Ebami

L’ARTISTE FRANÇAIS D’ORIGINE CAMEROUNAISE apporte un souffle nouveau au pop art. Mêlant outils numériques et organiques, inspirées par le panafricanisme, ses œuvres conscientes interpellent l’œil et l’esprit.

par Astrid Krivian

Enfant, il était féru de musique classique et de dessin. Artiste français d’origine camerounaise, Fred Ebami, 45 ans, a grandi en région parisienne jusqu’à ses 10 ans, puis au Cameroun. « Je gribouillais, dessinais sans cesse. Je m’exprimais ainsi. Je représentais ma société à travers les superhéros. Et je rêvais de superpouvoirs pour sauver le monde », se souvient-il. De la pop culture des comics au pop art, il n’y a qu’un pas. Marqué par les photographies publicitaires d’Oliviero Toscani pour Benetton, il est aussi ébloui, bousculé par les œuvres d’Andy Warhol, de Roy Lichtenstein, de Jean-Michel Basquiat et, plus récemment, de Banksy, artiste de street art. Après des études parisiennes et une traversée des États-Unis à 22 ans, il met le cap sur l’Angleterre, à Oxford, où il étudie l’infographie. Alors qu’il se destine à une carrière de publicitaire, son ami, l’écrivain, poète et slameur camerounais Marc Alexandre Oho Bambe, alias Capitaine Alexandre, lui propose d’illustrer son premier recueil de poésies et de préparer une exposition. Publié en 2009, le succès de son ouvrage ADN : Afriques Diaspora Négritude propulse le travail de Fred Ebami sous la lumière. Sa carrière est lancée. Depuis, ses œuvres ont notamment été exposées à la biennale de Dakar, à la galerie MAM de Douala, à Johannesbourg, à la Tate Modern de Londres ou encore à la foire d’art contemporain 1:54 de Marrakech… Son pop art, son « souffle de vie », croise le numérique et l’organique, la toile et l’ordinateur. Sa boîte à outils brasse divers matériaux et techniques (mobilier, masques africains touristiques, feutres acryliques, peinture à l’huile, fusain, crayons…). « La même folie d’inspiration me guide. Je mélange les genres pour casser les codes, faire respirer les œuvres. J’aime surprendre, bousculer. » Il s’approprie les codes publicitaires de la société de consommation pour délivrer ses messages d’espoir, d’ouverture, d’émerveillement. Avec ses couleurs vives, ses lignes marquées, ses slogans, son humour, son sarcasme, ses réalisations accrochent le regard, interpellent : « Je veux éveiller les gens à leurs univers intérieurs, dans un monde qui édicte des façons d’être. » Il représente des personnalités africaines devenues des icônes – Cheikh Anta Diop, Miriam Makeba, Salif Keita, Thomas Sankara… « C’est important de les faire connaître aux nouvelles générations. Ils m’ont éduqué, aidé à comprendre l’histoire de mes aïeux, de mon continent, et la mienne. Ainsi, je connais ma culture, mes origines. Apaisé, je ne me sens pas déraciné. » Pour lui, l’art se conjugue à l’amitié. Avec Capitaine Alexandre – ils viennent de cosigner le roman graphique Nobles de cœur – et le slameur Manalone (Albert Morisseau Leroy à la ville), ils ont fondé le collectif On a slamé sur la lune. L’objectif ? Faire dialoguer les arts, les cultures, créer des œuvres plurielles, des spectacles inclassables, sensibiliser le public à la création, à la poésie. Cultiver cette capacité à rêver. Ou, comme ils l’ont écrit au sein de leur installation multimédia Expoésie : Transmission, présentée au festival littéraire Aux quatre coins du mot, à La-Charité-sur-Loire : « Regarde le ciel / La porte des étoiles est ouverte. » ■

De gauche à droite, Dr Mukwege et Sankara Yellow.

« Je mélange les genres pour casser les codes, faire respirer les œuvres. J’aime surprendre, bousculer. »

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