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Les assureurs du continent veulent convaincre
Bien que les compagnies d’assurance opérant en Afrique constatent l’augmentation des risques, la hausse des clients ne suit pas toujours, estime le cabinet suisse Faber Consulting. Rendu public début février, le rapport Pouls de l’assurance en Afrique 2022 : Le changement climatique et son impact sur le secteur de l’assurance en Afrique a été réalisé pour l’Organisation des assurances africaines (OAA), qui rassemble des compagnies de 12 pays du continent (Algérie, Maroc, Côte d’Ivoire, Gabon, Ghana, Nigeria, Afrique du Sud, Zambie, Namibie, Kenya, Éthiopie, Maurice). La quasitotalité (92,3 %) des assureurs interrogés observe une hausse de la fréquence des risques climatiques, et 84,6 % voient une augmentation de leur gravité : cyclones (notamment sur les rivages de l’Océan indien), feux de forêt (en Afrique du Nord), tempêtes de grêle (en Afrique australe), sécheresses, inondations… « L’urbanisation galopante signifie que les profils de risques en matière de catastrophes naturelles se déplacent depuis les zones majoritairement rurales, où sécheresse et insécurité alimentaire sont les deux principales difficultés, vers les zones urbaines, davantage concernées par les inondations, les cyclones et les tremblements de terre », souligne le rapport. « Le secteur africain de l’assurance et de la gestion des risques peut accompagner la transition vers un futur stable en carbone en accordant sa connaissance des risques avec sa stratégie et ses décisions d’investissement », estime le Nigérian Tope Smart, alors président de l’OAA, dans l’introduction du rapport.
Pourtant, à l’exception du Maroc et de l’Afrique du Sud, « la couverture d’assurance sur le continent demeure très faible » : environ 3 % des habitants sont assurés. « Le déficit en matière de couverture d’assurance des catastrophes naturelles en Afrique est abyssal », mettent en garde les auteurs. Par exemple, lors du cyclone Idai, qui a frappé le Mozambique, le Malawi et le Zimbabwe en mars 2019, seulement 7 % des dégâts (estimés à environ 2 milliards de dollars) étaient assurés. « 93 % des pertes économiques » ne l’étaient donc pas. Le rapport regrette que la perception de l’assurance en Afrique demeure celle d’un service « cher, réservé à la classe moyenne ». Laquelle tend à se dissiper lorsque les assurés en expérimentent les avantages tangibles, puis en parlent autour d’eux. Il apparaît urgent pour les assureurs africains de développer des produits « adaptés aux risques comme aux budgets des consommateurs ». Le cabinet Faber met en avant le modèle de mutualisation des risques, mis en place dès 2012 par une douzaine de pays du continent (Mali, Burkina Faso, Niger, Côte d’Ivoire, Sénégal, Gambie, Togo, Madagascar, Zambie, Zimbabwe, Malawi, Soudan) : l’African Risk Capacity, mutuelle panafricaine de gestion des risques, a ainsi permis d’indemniser 3,8 millions de personnes. Autre piste explorée : la micro-assurance via le paiement mobile, bien développée dans les pays d’Afrique de l’Est et australe. ■ DR