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Douleurs articulaires : comment mieux les contrer ?
ÉGALEMENT APPELÉES « RHUMATISMES », elles ne sont pas une fatalité.
L’arthrose se cache souvent derrière, mais l’arthrite, moins fréquente, peut aussi faire souffrir. Bien que les symptômes diffèrent, la finalité est la même : les tissus se dégradent. Associer plusieurs mesures permet de s’en préserver. par Annick Beaucousin
Ralentir l’avancée de l’arthrose
L’arthrose est de loin la maladie articulaire la plus répandue dans le monde. Tous âges confondus, elle concerne 10 % de la population. Mais avec les années, plus de la moitié des individus finit par être touchée, une « usure » du cartilage au niveau de l’articulation se produisant. Ce tissu vivant recouvre les extrémités des os et leur permet de glisser sans frottement l’une sur l’autre. Le problème survient alors en cas de déséquilibre entre le renouvellement et la destruction du cartilage : quand son épaisseur diminue, les extrémités osseuses se rapprochent, et le tissu cartilagineux se fissure. Privées peu à peu de cet amortisseur, les articulations commencent à se gripper. Les arthroses du genou, de la hanche ou de la main peuvent gêner la mobilité et causer des douleurs importantes, qui se font sentir lors des mouvements. L’intensité de la souffrance n’est pas proportionnelle aux lésions.
Pendant très longtemps, cette maladie a été vue uniquement comme une conséquence du vieillissement. Cette vision erronée traîne encore, y compris parfois dans le corps médical. Avec l’âge, certes, le cartilage devient moins résistant, et l’arthrose plus fréquente, mais bien des personnes âgées n’en sont jamais atteintes. A contrario, beaucoup de plus jeunes, parfois dès 40 ans, en souffrent. D’autres causes sont donc mises en avant aujourd’hui. Le surpoids, de plus en plus courant, est la première : avec des kilos en trop qui pèsent sur les articulations des membres inférieurs, le mal survient de plus en plus tôt. Le tissu adipeux en excès sécrète également des substances néfastes qui atteignent les articulations et augmente le risque d’arthrose (deux fois plus au niveau des mains, par exemple). D’autre part, les lésions articulaires chez les sportifs, ou les traumatismes lors d’une banale activité sportive de loisirs, favorisent l’arthrose. De même que les professions manuelles avec des vibrations, des chocs, des gestes répétitifs… Enfin, il peut y avoir un caractère héréditaire (genoux, mains).
Aujourd’hui, aucun médicament ne permet de stopper l’évolution de l’arthrose. Pour autant, il existe des moyens d’agir, et il n’y a pas que la prise d’antidouleurs. Toutes les études montrent que l’activité physique est excellente : elle réduit les douleurs, améliore la mobilité articulaire, renforce les muscles, diminue l’inflammation. Elle a même pour effet de ralentir la progression de la maladie. Au contraire, la sédentarité est néfaste : quand une articulation n’est pas assez sollicitée, le cartilage s’abîme. Marche, vélo, natation, yoga… Les activités doivent être adaptées à sa condition physique, et être une source de plaisir pour pratiquer régulièrement (sauf poussée douloureuse).
Autre donnée importante : en cas de surpoids, maigrir même de façon modérée a des effets positifs sur les douleurs. Une perte de poids de 5 % suffit déjà à ressentir un bénéfice sur la souffrance et la mobilité. Et une perte de 10 % peut diminuer d’environ 30 % le mal. C’est considérable ! Pour mincir durablement, il est essentiel de manger équilibré, en veillant à consommer assez de protéines pour maintenir la masse musculaire. Un conseil médical peut être utile pour aider à modifier son alimentation, et le sport est bien sûr un bon point supplémentaire pour faciliter cette perte ! Les deux mesures, exercice et contrôle du poids, sont primordiales en prévention.
Côté traitements, hormis la prise orale d’antidouleurs, il ne faut pas négliger les anti-inflammatoires délivrés localement, sous forme de gels ou de pommades, de patchs transcutanés, ou encore en infiltration dans l’articulation. Des injections d’acide hyaluronique peuvent également être effectuées : elles agissent comme un lubrifiant, mais l’effet est variable. La kinésithérapie (massages, électrothérapie, application de chaleur…) est aussi bénéfique pour soulager les douleurs. Le versant rééducation est très utile pour regagner mobilité et souplesse, et apprendre les bons gestes du quotidien pour ménager ses articulations. Enfin, l’étape ultime, envisagée en cas de handicap important, est la pose d’une prothèse de genou ou de hanche. Souvent vue comme une maladie peu grave, l’arthrose ne doit pourtant pas être banalisée, car elle est un facteur de risque d’augmentation de la mortalité. La raison en est simple : le fait de rester sédentaire à cause de la douleur a un retentissement indirect sur la survenue de maladies cardiovasculaires et de cancers.
Derrière l’arthrite, une inflammation
L’arthrite est une inflammation des tissus de l’articulation. Les douleurs, vraiment différentes de celles de l’arthrose, surviennent au lit la nuit et deviennent importantes au réveil. Le besoin d’un « dérouillage » matinal est typique : les articulations sont raides et mettent du temps à « démarrer ». Le rhumatisme inflammatoire le plus connu est la polyarthrite. Il s’agit d’une maladie auto-immune, c’est-à-dire liée à un dérèglement du système immunitaire : celui-ci se met à fabriquer des anticorps contre la membrane synoviale, qui tapisse l’intérieur de l’articulation. Faute de traitement à temps, cela peut entraîner une érosion de l’os et une destruction de cette dernière. Sur fond de prédisposition génétique, la polyarthrite touche 1 personne sur 200, et trois fois plus les femmes. Le tabagisme est favorisant, et il a récemment été démontré que l’exposition durant des années à la poussière ou à des fumées sur le lieu de travail augmentait le risque de 40 % chez les hommes. Cette maladie se manifeste souvent aux alentours de 40-45 ans et évolue par poussées. Les articulations gonflent, se déforment. Si elle atteint prioritairement les mains, poignets, pieds et genoux, elle peut aussi s’étendre aux épaules, coudes, hanches.
Outre des antidouleurs ou des anti-inflammatoires pour soulager, des traitements de fond (méthotrexate, biothérapies anti-TNF…) ralentissent maintenant l’évolution de la polyarthrite, ou amènent à une rémission. Cela permet en même temps de protéger au maximum les articulations d’une dégradation. Parallèlement, côté règles de vie, l’arrêt du tabac est capital. Il est également conseillé d’avoir une activité physique aussi normale que possible (sauf au cours d’une poussée).
Autre rhumatisme inflammatoire, qui concerne cette fois autant les hommes que les femmes : la spondylarthrite. Moins connue, mais affectant tout de même 1 personne sur 200, la maladie survient jeune : elle débute par un mal de dos chronique, qui s’améliore avec le mouvement, et non au repos, souvent accompagné de douleurs des articulations des membres. Il s’agit d’une maladie auto-immune, avec des facteurs génétiques prédisposants. Les traitements ont beaucoup évolué : les médicaments anti-inflammatoires et anti-TNF sont associés à des traitements physiques, qui ont un réel effet bénéfique pour retrouver une meilleure qualité de vie. ■
Ne pas croire aux régimes miracle
Les régimes vantés dans pléthore de livres supposés vaincre les rhumatismes et leurs douleurs sont à prendre avec précaution… Il n’y a pas d’aliment miracle, il y a une façon de s’alimenter qui permet d’éviter les intolérances qui provoquent des inflammations à l’origine de maladies. En revanche, faire le plein d’antioxydants et d’oméga 3 (fruits et légumes, céréales complètes, poissons gras, huiles d’olive et de colza, oléagineux, curcuma…) peut limiter le processus inflammatoire néfaste aux articulations.