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EN HAUT DE L’AFFICHE

Kaouther Ben Hania

« JE SUIS INSTINCTIVE et je me passionne pour des sujets différents », confiait Kaouther Ben Hania à Afrique Magazine en 2020. C’était à l’occasion de la sortie de L’Homme qui a vendu sa peau, premier film tunisien nommé aux Oscars, tourné entre Bruxelles et Tunis dans le milieu de l’art contemporain, avec Monica Belluci et Yahya Mahayni, comédien syrien couronné du prix d’interprétation masculine à la Mostra de Venise ! La jeune quadragénaire volontaire, native de Sidi Bouzid et qui a étudié le cinéma à Tunis et Paris, n’en revendique pas moins ses racines, où elle a d’abord puisé la matière de récits donnant toute leur place aux femmes. Sa première fiction, présentée à Cannes en 2014, Le Challat de Tunis, était un documentaire parodique qui pistait un agresseur balafrant les postérieurs féminins. Deux ans plus tard, après une incursion au Québec (Zaineb n’aime pas la neige, Tanit d’or aux Journées cinématographiques de Carthage en 2016), elle revenait sur la Croisette avec La Belle et la Meute, film coup de poing adapté du livre de Meriem Ben Mohamed, Coupable d’avoir été violée. La voici cette fois en compétition pour la Palme d’or face à de prestigieux aînés, comme Nanni Moretti ou Wim Wenders, avec Les Filles d’Olfa, qui suit une mère confrontée à la radicalisation islamiste de ses adolescentes. « Un film à la lisière de la fiction et de l’essai, un engagement humain, humaniste et féministe », a souligné le délégué général du festival, Thierry Frémaux, en annonçant la sélection officielle. L’audacieuse cinéaste n’a pas fini de nous surprendre. ■ J.-M.C.

Ramata-Toulaye Sy

UN PREMIER FILM À 36 ANS, et la voici directement en lice pour la Palme d’or ! La réalisatrice née à Paris (de parents sénégalais) a d’abord été scénariste, diplômée en 2015 de la FEMIS, prestigieuse école de cinéma parisienne. Elle a notamment cosigné le scénario de Notre-Dame du Nil, tourné au Rwanda par l’écrivain afghan Atiq Rahimi et sorti en 2020, avant de passer derrière la caméra pour un court-métrage, Astel : l’histoire d’une jeune fille de 13 ans qui garde des vaches avec son père et va être bouleversée par sa rencontre avec un berger, dont les images et la mise en scène ont impressionné les jurys de nombreux festivals. Pour son premier long, la cinéaste est retournée dans la même région isolée du Fouta-Toro, au Sénégal : Banel & Adama y montre deux amoureux de 18 et 19 ans qui, dans leur village reculé, vivent presque coupés du monde. Il est introverti et discret, alors qu’elle est passionnée et rebelle. Normal, Ramata-Toulaye Sy a toujours à cœur d’interroger la place des femmes dans la société contemporaine. De formation littéraire, très inspirée par des autrices afro-américaines comme Maya Angelou et Toni Morrison, ou africaines telle Chimamanda Ngozi

Adichie, elle porte aussi un grand soin visuel à ses réalisations. En retournant dans les paysages arides du nord de son pays d’origine, elle a choisi de filmer à nouveau des Peuls, parce qu’ils « s’expriment davantage avec leur regard, leur corps et leurs mouvements, que par la parole ». L’idéal pour une proposition de cinéma qui s’annonce visuellement très forte. ■ J.-M.C.

Ci-contre, Fagadaga, du Sénégalais Yoro Mbaye et ci-dessous, la Tunisienne Charlie Kouka.

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