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OBLIGATION DE RÉSULTAT

Encore un beau rôle, tout en raideur et autorité, pour ROSCHDY ZEM.

D’ORIGINE MAGHRÉBINE, le principal adjoint d’un collège de l’est de la France, très respecté, est prêt à tout pour que son fils réussisse son premier examen… Sévère, droit, et quelque peu rigide, il est incarné par Roschdy Zem avec toute la raideur et l’autorité nécessaires. Vivant seul avec son ado (scolarisé dans son établissement), séparé de sa femme enseignante dans le même collège, il fréquente d’autres personnages secondaires, mais ô combien importants pour apporter complexité et respiration à ce film parfois raide : son frère, socialement à la dérive, et la principale, admirative de son adjoint et passionnée de littérature. Jusqu’où le mensonge auquel il va devoir recourir va-t-il l’entraîner ?

C’est tout le suspens de ce long-métrage habilement réalisé et solidement interprété, qui évoque bien des sujets dans l’air du temps, comme les transfuges de classes ou l’intégration des immigrés, sans tomber dans les pièges du film à thèse. Et sans donner de réponses toutes faites non plus. ■ J.-M.C. LE PRINCIPAL (France), de Chad Chenouga. Avec Roschdy Zem, Yolande Moreau, Hedi Bouchenafa. En salles.

Célèbre dans le monde entier, la chanteuse malienne N’OUBLIE PAS SES RACINES et ses nobles combats. En témoigne son lumineux nouvel album.

« MES TEXTES sont connectés à l’Afrique, confie-t-elle. L’amour que je lui porte est tant compris que réciproque… Même si mon franc-parler peut être difficile à entendre. » Revenir sur le fabuleux destin de Fatoumatou Diawara prendrait des pages. Après une enfance chaotique, elle a vite trouvé son chemin dans la performance et la musique : elle a incarné la sorcière dans la comédie musicale Kirikou et Karaba, été l’une des révélations du film d’Abderrahmane Sissako, Timbuktu, ou encore collaboré avec le duo électro Disclosure et le jazzman Herbie Hancock. Sans oublier Matthieu Chedid et Damon Albarn, invités sur ce nouvel album inclassable, où se croisent mélodies mandingues, jazz, pop et afrobeat : « Depuis mes débuts, j’ai toujours voulu fusionner la musique traditionnelle malienne à d’autres styles, sans dénaturer cet héritage culturel… au sein duquel j’ai voulu inviter mes frères Matthieu et Damon, qui m’ont toujours accueillie sur scène ou en studio. C’était à mon tour de leur ouvrir mon univers musical. » A aussi été conviée la chanteuse nigériane Yemi Alade, avec laquelle elle partage le goût du travail : « Elle représente la pop africaine contemporaine et respecte beaucoup son image. Je voulais l’encourager à persister dans cette voie. »

« Pour être célèbre, il faut travailler, comme nos anciens. Je suis une femme qui met la main à la pâte », rappelle la chanteuse, dont l’épatant talent transparaît sur chaque titre de London KO. « Un disque me demande des années d’investissement. Car les messages comptent. J’ai été une enfant avant d’être une femme, puis une mère. J’ai traversé bien des épreuves pour imposer ma féminité, afin qu’elle soit respectée par des hommes dans un monde qui ne nous facilite guère la tâche.

Il faut savoir ce que l’on fait, où l’on va, être capable d’être un leader, avoir de la substance. Ce n’est pas parce que je vis en Europe que c’est facile pour moi… Et cela, j’ai besoin de le partager pour sensibiliser la jeunesse. »

« La musique ne ment pas et ne peut se dédier au seul divertissement », rappelle-t-elle de sa voix ensorcelante. Les inégalités sociétales, les mutilations génitales, le besoin de solidarité, la reconnaissance d’un patrimoine ancestral… Tout ceci est abordé dans ce dernier album, qui, aussi universel soit-il, offre le meilleur des passeports à son royaume coloré, mais tout en complexités : « Je souris beaucoup, mais cela ne doit pas être trompeur. Mon combat de femme n’a jamais cessé. » ■ S.R.

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