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NAÏSSAM JALAL

La Voix Qui Panse Les Blessures

GUÉRIR UN MONDE soumis aux plus cruelles absurdités : telle est la mission de la compositrice et flûtiste franco-syrienne avec Healing Rituals.

RITUEL DU VENT, du soleil, de la rivière ou, superbe conclusion, de la brume. Avec des rythmiques mesurées, chaque morceau de ce neuvième album subtilement orchestré offre une proposition pour aller mieux. Née de parents syriens en banlieue parisienne, Naïssam Jalal a étudié la musique classique avant de s’aventurer dans d’autres territoires sonores, notamment celui du nay au Grand Institut de musique arabe de Damas, puis de se former auprès du violoniste égyptien Abdo Dagher. Depuis, on connaît son parcours sans fautes, son travail pour le quintet Rhythms of Resistance, sa Victoire du Jazz en 2019… Aujourd’hui, ce neuvième album s’impose comme un antidote à l’adversité. Cultivant une musique apaisante, répétitive et laissant place à moult respirations pour encourager à se ressourcer, Healing Rituals panse les blessures, tant psychiques que physiques. Y compris celle de Jalal elle-même, puisqu’elle l’a composé au sortir d’un séjour en hôpital… Une réussite d’une humilité qui en impose. Et hautement réconfortante. ■ S.R.

NAÏSSAM JALAL, Healing Rituals, Les Couleurs du son/L’Autre Distribution.

R Cit

Héros en culottes courtes

Un portrait sans concession des liens que l’on tisse pour échapper à son destin.

ORIGINAIRE de Sierra Leone, Ishmael Beah s’est fait connaître avec son autobiographie en 2007 (Le Chemin parcouru : Mémoires d’un enfant soldat, Presses de la Cité), traduite dans plus de 40 langues. Au plus près des enfants victimes de la guerre et des gamins des rues, cet ambassadeur pour l’Unicef et membre engagé de Human Rights Watch met en scène cinq orphelins s’improvisant un foyer dans une carcasse d’avion abandonnée, relique du chaos et de la guerre qui

Roman

Soif d’idéal

Les tourments d’un jeune tunisien à la recherche de sa place dans le monde. SON RÊVE : faire carrière dans le milieu artistique, à Paris. Seulement, pour Oualid, qui vit à Nabeul, dans la péninsule de l’est tunisien, à la fin des années 1990, l’illusion est de courte durée. Dans cette France, qu’il voit comme un pôle culturel et artistique, comme Rome le fut pour les peintres de la Renaissance, il va prendre conscience de l’absurdité du monde, de quelque chose de défaillant dans les relations entre les êtres. À l’aune de sa grande découverte littéraire, l’œuvre de Samuel Beckett, a ensanglanté la région. Une communauté de sort et de survie, qui crée des liens indéfectibles entre ses membres. Seulement, dans ce pays d’Afrique jamais nommé, mais qui ressemble furieusement à celui de l’auteur, l’équilibre de la petite famille de cœur chancelle lorsque l’aîné, Elimane, fait la connaissance d’un curieux protecteur et que la jeune Khoudiemata n’a d’yeux que pour les gens des beaux quartiers. Un second roman poignant. ■ C.F.

ISHMAEL BEAH, La Petite Famille, Albin Michel, 320 pages, 22,90 €.

AYMEN notamment Fin de partie, symbole du tragique de la condition humaine. Dans le centre d’appels pas comme les autres où il échoue à Tunis, le voilà engagé pour incarner son mentor, cette hot-line permettant de converser avec de grands auteurs disparus… Après Magma Tunis et La Ville des impasses, ce roman d’apprentissage témoigne du souci d’épanouissement intellectuel et de l’aspiration à la liberté. ■ C.F.

GHARBI, Le Centre d’appel des écrivains disparus, Asphalte, 160 pages, 18 €.

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