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MON MARI EST-IL NORMAL ?
Réunion entre femmes plutôt mûres dans une capitale d’Afrique centrale. Elles sont mariées, aisées, et devisent sur les relations conjugales, et surtout… extraconjugales. Toutes savent que leurs maris batifolent. « On n’y peut rien, c’est comme ça. Le tout, c’est qu’ils mangent et dorment à la maison, sinon ça veut dire que c’est grave ! » lance l’une d’entre elles. Elles n’aiment pas non plus que les maîtresses les appellent pour les insulter, du genre : « Je suis avec ton mari, laisse-le partir, il va te quitter de toute façon, je suis enceinte. » Même si c’est très fréquent… L’une d’entre elles reste silencieuse, et les copines se moquent d’elle en riant. Du coup, gênée, elle sort du silence : « Moi, mon mari est fidèle, il est tous les soirs à la maison. Le problème, c’est que tout le monde se demande s’il est normal. C’est quand même la honte. Je l’encourage à sortir, espérant qu’il donne un peu plus une image de "mâle" à l’extérieur, qu’il ait des copines. Mais il n’y a rien à faire ! » « C’est qu’il t’aime ! » plaisante une autre. Éclat de rire général.
En gros, les hommes doivent fréquenter d’autres femmes, mais jusqu’à un certain point. Ce qui compte, c’est la réputation. Les messieurs peuvent s’afficher en public avec une « petite cousine », bras dessus, bras dessous. En revanche, leurs femmes, non. Même si elles avouent avoir des aventures. « Beaucoup plus qu’on croit ! » renchérit l’une d’entre elles. Mais ça ne doit absolument pas être public. « Un jour, mon mari m’a surprise par hasard avec un autre homme. Il m’a immédiatement demandé : "Qui est au courant ?" Si ça ne sait pas "dehors", ce n’est pas si grave ! »
L’essentiel, c’est que le mariage et le statut social de Madame, mère des enfants officiels, comme la virilité de Monsieur ne soient pas remis en question. « Après plusieurs années de mariage, on est surtout des amis, des complices. On essaye de ne plus divorcer pour des affaires de ce genre. Et c’est bien comme ça. On reste une femme respectable », conclut l’une d’entre elles, la cinquantaine.
Car là-bas, avant d’être un couple, on appartient à un groupe social, familial, avec ses codes et ses coutumes, et cela semble être le plus important. De quoi hérisser le poil des féministes occidentales. Sûrement. « Mais si l’équilibre est à ce prix, tant mieux ! » lance une dernière convive. Autres cieux, autres mœurs, certes. Et tout cela évoluera peut-être, au fil des générations. Quand les femmes s’empareront davantage du pouvoir économique aussi. Mais en attendant, on peut relancer le débat (ancestral sur le sujet) sur qui a raison et qui a tort. Moi, je n’ai finalement pas la réponse. Et vous ? ■