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SANDRA NKAKÉ « À MES SŒURS ! »

Sa PUISSANCE FÉMININE, la musicienne franco-camerounaise l’a toujours affirmée dans ses chansons. Nouvelle démonstration avec son superbe Scars.

AM : Ce nouvel album est-il l’aboutissement de longues années passées à partager votre féminisme ?

Sandra Nkaké : Il est le reflet de mon cheminement intérieur, de mes combats. Écrire et être productrice indépendante me permet de lutter pour un monde plus juste, moins violent et moins patriarcal. Je souhaite œuvrer pour que les femmes soient enfin reconnues et prises pour des sujets. Des sujets qui ont des droits. La sororité est l’une des pierres angulaires de mes combats et se manifeste partout dans mes chansons : « Sisters », « Rising Up », « My Heart »… Mes sœurs sont nombreuses : ce sont des amies, des femmes que je croise dans la vie de tous les jours, des créatrices. Avec leur parcours singulier, elles donnent la force de nous construire. Parmi elle, Axelle Jah Njiké, autrice féministe et créatrice du podcast La Fille sur le canapé. Son approche de la systémie des violences est très inspirante.

En quoi met-il en relief vos racines camerounaises ? Mon parcours commence au Cameroun, pays qui m’a vu naître et que j’ai dû quitter précipitamment. Cette coupure a été douloureuse, mais il vibre toujours en moi. La chanson « Terre rouge » parle de ce sentiment d’appartenance qui me traverse, même si je n’y vis pas. L’automne dernier, j’ai pu me rendre à Fiko, le village de mon grand-père, et redécouvrir les ressources merveilleuses de cette terre, de ces humains si généreux. J’ai été accueillie comme une enfant du pays… Ça m’a remplie de joie. Pourquoi ce très beau titre, Scars, « cicatrices » en français ? Il raconte à lui seul la capacité du corps et de l’esprit à cicatriser et à transformer les traumatismes en traces avec lesquelles on apprend à vivre. J’ai subi l’inceste, les violences conjugales, l’exil… Chanter me fait vibrer de vibrations lumineuses. Écrire des chansons me permet de penser le monde et de dessiner une route qui me mène jusqu’à vous. Scars aussi, parce que je voulais dire aux personnes en reconstruction qu’une vie est possible après les traumas. Cela demande du temps, de l’accompagnement, mais nous, victimes de violences, pouvons trouver en nous les ressources pour vivre avec, sans qu’ils nous définissent. C’est un disque d’amour, de tendresse, de partage et de lutte. À mes sœurs ! ■ Propos recueillis par Sophie Rosemont

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