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UNE REMONTADA IVOIRIENNE
Fi nal e de l a Cou pe d âA fr iq ue d e s n ati on s. Le stad e Al as sa ne O uat ta ra dâEb im pĂ© ch avire de jo ie dan s la nu it ch au de du 11 fĂ©vri er de rn ie r. Le s Ăl Ă©pha nt s so nt ch ampio ns au te rm e dâun match maĂźtrisĂ© face aux Green Eagles du Nigeria. SĂ©bastien Haller, revenu de tout, du cancer et de la blessure, a marquĂ© le but victorieux. Le prĂ©sident, Ă©mu presque aux larmes, remet la coupe Ă cette Ă©quipe de toutes les CĂŽte dâIvoire â du nord au sud, de lâest Ă lâouest, sa ns ou bl ie r le s « di as po ». La nu it se ra dâaut an t plus be ll e qu e lâon revi ent de lo in Des trĂ© fo nds de lâ hu mi li at ion et de la dĂ© fa it e, av ec ce tris te me nt cĂ© lĂš bre 4- 0 en cais sĂ© en match de po ul es contre la GuinĂ©e Ă©quatoriale. On connaĂźt tous lâhistoire de cette remontada fabuleuse, de la rĂ©volte de cette Ă©quipe magnifique, de son audace et de son talent Cette hi stoire pu issa nte, sy mbolique, dâunitĂ© et de rassemblement pour tout le pays.
La CĂŽte dâIvoire a gagnĂ© la coupe. Mais elle a aussi gagnĂ© lâorganisation de la Coupe. Le gouvernement, dirigĂ© par Patrick Achi, puis dans la derniĂšre ligne droite par le trĂšs efficace Robert BeugrĂ© MambĂ©, sâest mobilisĂ©, tout comme le COCAN et les administrations concernĂ©es. Il y a certainement eu des « flous », mais Ă chaque fois, le coup de barre nĂ©cessaire a Ă©tĂ© donnĂ©. Il nây a pas eu dâincidents majeurs, la sĂ©curitĂ© a Ă©tĂ© assurĂ©e. Les stades Ă©taient prĂȘts, opĂ©rationnels. Les pelouses ont fait mieux que tenir. AprĂšs quelques bugs initiaux, le public Ă©tait au rendez-vous et les visiteurs nombreux On aura fait le plein, et souvent la fĂȘte, dans les hĂŽtels et les restaurants des villes organisatrices. Ăa a Ă©tĂ© une trĂšs belle Coupe dâAfrique, sinon la plus belle. Les mĂ©dias, les retransmissions tĂ©lĂ© et radio, les influenceurs, les visiteurs, les performances et le story telling de lâĂ©quipe ivoirienne ont renvoyĂ© au monde lâimage dâune CĂŽte dâIvoire dynamique, en mouvement, en confiance Ce nâĂ©tait pas couru dâavance Lâef fort interne a dĂ» ĂȘtre spectaculaire. Mais il est aussi rĂ©vĂ©lateur de ce quâest la CĂŽte dâIvoire dâaujourdâhui.
Ra pide fl as h- back. DĂ©but 2011, ce nâest pas si loin, un peu plus dâune dĂ©cennie. Le pays sort de la quasi- guerre civile, et de ce que lâon appelle assez pu di qu em ent la « cri se po st -Ă© le ctoral e ». Al as sa ne Ou at ta ra arriv e au po uv oi r, mai s la tĂą che est immense. LâĂtat est Ă terre, lâĂ©conomie dĂ©vastĂ©e, les blessures profondes, et chaqu e camp compte ses victimes Une force des Nations unies maintient le pays dans un Ă©quilibre prĂ©caire.
To ut ce la va ch an ge r, ra pide me nt . Gl obale me nt , la ri ch es se a do ublĂ© d ep ui s, et devr ai t doubler encore dâici 2030. Le PIB avoisine les 70 milliards de dollars, hissant la CĂŽte dâIvoire au rang de neuvi Ăšm e puissanc e du continent, avec un e Ă©cono mi e qui pĂš se dorĂ©navant autant qu e ce ll es du Cameroun et du SĂ©nĂ© gal rĂ©unies. Ab idjan sâinscrit comme une citĂ© globale et cosmopolite, une interface entre lâAfrique et le monde. Le PIB par habitant se place au -dessus de la moyenne globale des pays dâAfrique subsaharienne, et Ă la seconde place du bloc Cedeao (juste derriĂšre le Cap-Vert, devant le Nigeria, le Ghana, le SĂ©nĂ©galâŠ) Le pays est crĂ©dible sur les marchĂ©s internationaux, comme le montrent le su cc Ăšs rĂ© ce nt de lâeu ro bo nd de 2,6 milli ards de dollars et le plan de soutien du FMI signĂ© lâannĂ©e derniĂšre. La CĂŽte dâIvoire se construit. On peut parler de la transformation parfois spectaculaire dâAbidjan, des ponts qui enjambent la lagune, des pĂ©riphĂ©riques qui ceinturent la ville, des tours qui montent dans le ciel, du mĂ©tro qui arrive Mais lâef fort concerne aussi les hinterlands du pays, avec barrages, routes, Ă©lectrification des communes rurales, construction dâhĂŽpitaux, dâuniversitĂ©s, et dâautres choses encore.
Mal gr Ă© le s bl es su res de l a gu er re, lâhĂ© ri ta ge de lâivoiritĂ© et des annĂ©es 20 00, malgrĂ© justement la pression migratoire, malgrĂ© les toujours actuelles instrumentalisations ethno -politiques de tous bords, et mĂȘme si le processus de rĂ©conciliation a Ă©tĂ© complexe, souvent heur tĂ©, la CĂŽte dâIvoire retrouve, in fine,
un e fo rm e d âu nitĂ© dans sa d ive rs itĂ©. C âe st f ra gil e, o ui, rĂ© cent, mais lâurbanisation, la croissance favorisent la mixitĂ©, les mariages inter- ethniques, les intĂ©rĂȘts communs. La CAN, aussi, lâa montrĂ©.
La dĂ© mo cra ti sa ti on , mĂȘ me i mp ar fa ite, avan ce plus vite sous le RHDP que sous tous les autres rĂ©gimes prĂ©cĂ©dents, de FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny Ă Henri Konan BĂ© di Ă©, en pa ssant par La urent Gb agb o. De pu is 2021, le pays a connu des Ă©lections lĂ©gislatives, puis municipales et rĂ©gionales, largement ouvertes et compĂ©titives Les at teintes flagrantes ou les plus brutales aux droits de lâHomme restent rares. Le prĂ©sident Alassane Ouattara est puissant, sa parole compte avant tout, mais le systĂšme a des entrĂ©es multiples La scĂšne mĂ©diatique est dynamique, les tĂ©lĂ©s privĂ©es (et publiques) animent le dĂ©bat, pas uniquement politique, mais aussi sociĂ©tal Internet et les influenceurs montent en puissance
Au se in du par ti au pouvoi r, les am bi ti ons des uns et des autres ne manquent pas Et elles ne sont pas forcĂ©ment cachĂ© es Lâopposition est lo in dâ ĂȘtre aphon e. Guillaume Soro est en exil, rĂ©sultat de ce qui est perçu comme une trahison du pouvoir. Mais Laurent Gbagbo est dorĂ©navant un homme libre et son influence est bien rĂ©elle, tout comme celle de sa femme, Simone Le PDCI, grand parti historique, sâest dotĂ© dâun nouveau chef, affiliĂ© Ă la famille du prĂ©sident fondateur FĂ©lix HouphouĂ«t- Boigny. Tidjane Thiam peut sâappuyer sur un parcours international assez bluf fant. Il est relativement jeune (63 ans), il a le « drive », comme diraient nos amis anglo -saxons. Mais le par ti est Ă reconstruire de bas en haut. Et reste Ă voir si lâat tractivitĂ© de « TT » dĂ©passera les Ă©lites dâAbidjan pour rĂ©sonner dans les territoires historiques et agraires du pays, et aussi au-delĂ , au nord et Ă lâouest (une extension nĂ©cessaire pour celui qui voudrait briguer la magistrature suprĂȘme) Bref, la CĂŽte dâIvoire, ce nâest pas la SuĂšde ou le Danemark. Le chemin reste long, mais la scĂšne politique est vivante Et vivace
Bien Ă©videmment, les di ff icul tĂ©s et les im pa sses ne ma nque nt pa s. La dette et le fi nanc em ent de la croissance sont de vĂ© ritables qu estions Pour honorer ses engagements, maintenir sa crĂ©dibilitĂ©, le pays devra maxi mis er se s pe rforman ce s, ex por te r pl us et mi eu x, mob ili se r au ssi le s re ss ou rc es intĂ© ri eu re s. Le ch oc de mo de rnisation ex ig era un ef fo rt majeur de la par t de chacun, en particulier dans le secteur public La pauvretĂ© diminue, mais elle est loin dâavoir disparu. Tout comme la corrupti on El le se retrou ve mĂȘ me alim entĂ© e par le volume de lâĂ©conomie nationale Les inĂ©galitĂ©s, qui sont
au ssi le frui t de la cro is sa nce ra pi de, se creu se nt. Le s zones de pauvretĂ© posent un dĂ©fi permanent, comme le montre lâactuelle crise des dĂ©guerpissements Ă Abidjan. Sur lâensemble de la ville (5 Ă 6 millions dâhabitants), on estime le nombre dâhabitants en situation prĂ©caire ou ultra -prĂ©caire Ă 80 0 000
Pour la premiĂšre fois depuis 30 ans, la CĂŽte dâIvoire est so rt ie de la ca tĂ© gor ie d es pay s Ă ID H fa ib le po ur rejo ind re ce ll e de s pay s Ă IDH moye n, mai s la pe rformance pourrait ĂȘtre nettement meilleure. Le dossier des Ă©galitĂ©s de genre, de lâĂ©galitĂ© hommes -femmes, de la promotion et de la protection des jeunes filles reste une urgenc e. Les qu estions li Ă©es Ă lâ Ă©ducation, au niveau gĂ©nĂ©ral, Ă la formation restent aussi des prĂ©occupations majeures.
Ce la Ă©t an t di t, et sa ns so mb re r dan s lâul tr a- opti mis me, la CĂŽte dâIvoir e res te, depuis le virag e des
Le président Alass ane
Ou at ta ra , à Eb im pé, dans le stad e qui po rte son nom
annĂ©es 2010, lâun des rares exemples africains dâĂ©merge nc e rĂ© el le. Une dy nam iq ue es t en pl ac e en C ĂŽte dâIvoire, et Ă Abidjan plus par ticuliĂšrement. Mais les villes comptent de plus en plus dans le processus : on ne se se nt pas en pĂ© riphĂ© r ie du mond e, comm e as phyx iĂ© par des problĂ©matiques ultra -locales. On sent un air de grand large. Et ça fait du bien.
Au cĆur de cette dynamique, il y a une constance, un proj et Et le rĂŽ le du prĂ©si de nt, Alass an e Drama ne Ouat tara ADO gouverne Ă la fois de haut et de prĂšs Il fait, bien sĂ»r, de la politique. Il est clairement patriarche, et parfois ombrageux. Il sâest battu pour accĂ©der au pouvoir Il a crĂ©Ă© un par ti, un courant, un mouvement en sa faveur, avec des lieutenants qui lui sont largement fidĂšles. Il es t ento urĂ©, et ça compte Sa ga rd e ra pp ro ch Ă©e le protĂšge, et ça compte. Il est suivi par la technostructure, et ça compte
Mais ce qui est primordial pour lui, câest le rĂ©sultat. Intimement, ADO veut rĂ©ussir, montrer quâun pays africain peut rĂ©ussir, montrer quâun chef dâĂtat africain peut changer la donne et sortir des clichĂ©s habituels. Il est soucieux de son hĂ©ritage, de sa place dans lâhistoire du pays, de lâimage quâil renvoie au monde.
Ăvi de mm ent , ri en nâes t ga gn Ă© et le fu tu r es t Ă Ă©crire. Il faut maintenir et accentuer les cercles vertueux du dĂ©veloppement. Accentuer et maintenir les cercles vertueux de la dĂ©mocratisation et de la modernisation. Tenir compte des nouvelles menaces, comme le changement climatique et les paramĂštres sĂ©curitaires rĂ© gi on au x. A ff ro nte r, en fi n, lâ Ă©c hĂ© anc e qui arrive. En octobre 2025, aura lieu lâĂ©lection prĂ©sidentielle. ADO nâa pas fait part de sa dĂ©cision ni de ses choix, mais il connaĂź t plus que tout autre les enjeux. Il sait que lâĂ©chĂ©ance lâengage, ainsi que toute la CĂŽte dâIvoire â
N° 450 MA RS 20 24
3 ĂDITO
Une remontada ivoi rien ne par Zyad Limam
10 ON EN PARLE
CâEST DE LâA RT, DE LA CU LT UR E, DE LA MODE ET DU DESIGN Sous les Ă©toiles du Ghana
PHOTOS DE COUVERTURE :
ISSOUF SANOGO/AFP - LUDOVIC/RĂA - PRĂSIDENCE DE LA RĂPUBLIQUE DU MALI - OLYMPIA DE MAISMONT/AFP - ORTN/TĂLĂ SAHEL/AFP - CHEDLY BEN IBRAHIM/HANS LUCAS - KAMAL AIT
34 PA RCOURS
Monika Kabasele par Astr id Kr ivian
37 CâEST COMMENT ?
Le sens du 8 mars par Emmanuelle Pont ié
84 CE QU E JâAI APPRIS Mok htar Samba par Astr id Kr ivian
96 VI VR E MIEUX
Affronter le diabĂšte par Annick Beaucousin
98 VI NGT QU ESTIONS Ă⊠Puppa LĂ«k SĂšn par Astr id Kr ivian
TEMPS FORTS
38 Ă la recherche dâun nouveau Gabon par Emmanuelle PontiĂ©
46 Hamza Meddeb : Une fractu re entre les peuples et les pouvoirs par Fr ida Dahmani
52 Une alliance Ă haut risq ue par CĂ©dr ic Gouver neur
60 Mahi Binebine : « LâA fr iq ue peut devenir une conscience pour le monde » par Astr id Kr ivian
68 Guslag ie Malanda : Au cĆur de son rĂŽle par Astr id Kr ivian
74 Mamadou Diou f : Un continent des multiples par Astr id Kr ivian
80 Beata Umu byey i Mairesse : « Une journĂ©e si particuliĂšre, celle oĂč nous sommes devenus des su rv ivants » par Catherine Faye
Afrique Magazine est interd it de diffusion en AlgĂ©r ie depuis mai 2018. Une dĂ©cision sa ns aucu ne just ifcation. Cette grande nation africaine est la seule du continent (et de toute notre zone de lect ure) Ă exercer une mesure de censure dâun autre temps.
Le maintien de cette interd iction pĂ©nalise nos lecteu rs algĂ©riens avant tout, au moment oĂč le pays sâengage dans un grand mouvement de renouvellement. Nos am is algĂ©r iens peuvent nous retrouver su r notre site Internet : www.afriquemagazine.com
BUSINESS
86 CrĂ©ditscarbone : lâheuredudoute
90 Jonathan Cook : «Quellesgaranties pour la population?»
92 La menace desHouthis redessinelacar te du fret
93 IntĂ©rĂȘtcroissant desĂtats-Unispou r lesm inĂ©rau xafr icains
94 Optimisme en RDC aprÚslarév ision du« contratdusiÚcle»
95 Riz: le Pakistan et la ThaĂŻlande concurrencent lâInde parCĂ©dricGouver neur
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DépÎtlégal: novembre 2023
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ON EN PA RL E
Câest ma in te na nt , et câest de lâar t, de la cu ltu re , de la mo de , du de si gn et du vo ya ge
EX PO
SOUS LES ĂTOILES DU GHANA
à LONDRES, PU IS ACCR A, Ga ller y 1957 signe une ex po en deux pa rt ies, dédiée à la boui llon na nte communauté ar tist iq ue qu i travai lle entre les deux pays.
LA GA LERIE LONDONIENNE 1957 fĂȘte son huitiĂšme anniversaire avec une double expo â dans la capitale britannique Ă partir du 14 mars, et plus tard cette annĂ©e Ă Accra. IntitulĂ© « Constellations â Part 1: Figures On Earth & Beyond » (« Formes sur la Terre et au-delà »), ce premier volet accueille les travaux dâune quinzaine dâartistes, Ă©crivains, rĂ©alisateurs et commissaires dâart. Parmi les Ćuvres commanditĂ©es pour lâoccasion, on remarque celle dâAdelaide Damoah, pour sa premiĂšre collaboration avec la galerie. Elle y mĂ©lange rĂ©fĂ©rences aux monuments londoniens, images de sa famille ghanĂ©enne et dentelles victoriennes, sy mboles du lien entre colonialisme et hĂ©ritage Des artistes suivis de longue date par 1957, comme Modupeola Fadugba ou Amoako Boafo, qui exposent aujourdâhui aux quatre coins du globe, sont aussi de la partie. Avec des Ćuvres inspirĂ©es de la Terre ou des Ă©toiles, de lâhistoire ou de la science-fiction, « Constellations » propose dâentamer une conversation, de rĂ©imaginer radicalement la cohabitation entre humain et non-humain Ă travers lâart, et met lâaccent sur lâunicitĂ©, les similitudes entre les habitats naturels et artificiels de Londres et Accra. â Luisa Nannipieri
« CONSTELLATIONS â PART 1: FIGURES ON EARTH & BEYOND », Galler y 1957, Londres (Royaume-Uni), du 14 mars au 25 mai. gallery1957.com
PA RL E
CARREFOUR DESIDĂES
LA SCĂN ELIT TĂRA IR E
DU CONT IN EN Tetdes
diasporas, Ă l âhon neur Ă Par is.
AV EC 6000 VISITEURS lâannĂ©e derniĂšre,lâĂ©vĂ©nement tĂ©moigne du dy namismedecemonde du livreafricain francophone. ReprĂ©sentĂ©epar desauteurs tels que Charline Effah, EugĂšneĂbodĂ©, BeataUmubyey iMairesse ou encore Wilfried NâSondĂ©, la troisiĂšmeĂ©dition entend captiver un plus largepublic. Pendanttrois jours, 200Ă©crivains, 60 Ă©diteurs et librairesvenus dâAfrique, dâEurope,dâA mĂ©riqueetdes CaraĂŻbes brasseront quantitĂ© de rĂ©flexions et dâĂ©changes.Que ce soit lâintelligence artificielleauser vice de la traduction dans leslangues localesafricaines ou un regard critique surleroman policier,les thĂ©matiquesabordĂ©eslorsdes rencontres promettent de «dĂ©cloisonner lesimaginaires »etde «repenserles futurs ». UnemaniĂšre de porter haut et fort la diversitĂ©delalittĂ©rature africaineetafro-descendante.
Notammentavecunhommage Ă lâeffer vescence littĂ©raire de la CĂŽte dâIvoire et Ă lâĂ©crivain et hommepolitique congolais Henri Lopes,deuxremises de prix et lâintervention de slameurs,depoĂštes, de conteurs. â Catherine Faye
SALONDULIVRE AFRICAIN, Paris(France), du 15 au 17 mars 2024 salondulivreafricaindeparis.com
SO UN DS
ĂĂ©couter maintenant !
Ki ng Biscuit
Volt ageD iarr a, JoieânâRe cord s/ Inou ĂŻe Di st ri bution
Paru peuavant le premier conf inement, en 2020, le dernieralbum en date du trio français,formĂ© parleguitaristeSylvain Choinier,lebatteur JohanGuidou et la clav iĂ©risteA nnie Langlois, nâavaitpu dĂ©ployer touteson Ă©nergie.Une excellente raison pour rev isiter cescompositions aveclemulti-instr umentisteburkinabĂš Oua-A nouDiarra, dont le djĂ©linâgoni dĂ©ploie icitoutesses vertus
JoweeOmici l
Spir it ua lHea li ng:Bwa Kayi ma nFre ed om Sui te,Bash! Vi llageRecord s/ Modu lor
On ne prĂ©sente plus ce musicien canadien, fils de pasteurhaĂŻtien, fort dâunecarriĂšre intensĂ©mentspirituelle
En tĂ©moigne ce nouveau disquefascinant,tantpar sonpartipris instrumental (etque soufflentles vents!) quenarratif, explorantles stigmatesde la rĂ©volutionhaĂŻtienne de 1791.Ilfaut Ă tout prix se plongersansrĂ©ser ve dans cettemosaĂŻquedâune vingtainedepiĂšces musicales, Ă Ă©couter dâuneseule traite
Mali kAdouane
Af terR aĂŻ Part y, 19 92-2008, El mi rRecord s/ Ku roneko
Dâorigines saharaoui soufi, italienneetcelte,le musicien livredanscette copieusecompilation sa version arabedu cultissime Shaf t dâIsaac Hayes, et rappelle queson af terraĂŻ sous influencetechnoest unepotion magiquecapable de mĂȘlerleblues Ă la soul et au funk,sansjamaisoublier les sonoritĂ©sorientalestraditionnelles.Et câest absolument irrĂ©sistible ! â SophieRosemont
CI NĂ MA
LâĂTERNELLEVOIXDUREGGAE
BOBMAR LEY: ON ELOV E (Ătats-Unis), de Reinaldo MarcusGreen. Avec Ki ngsley Ben-Ad ir,Lasha na Ly nch, Ja mes Norton.Ensalles
Hollywoodaenf in trouvĂ© sonBob Ma rley !Unf il mq ui rest it ue LA PU ISSA NCEDECRĂAT IONdumusicienjamaĂŻca in, toujou rs aussiĂ©coutĂ©plusdeq ua ra ntea ns aprĂšssad ispa rition.
LE PR EMIERBIOPICsur le crĂ©ateur de «Could YouBe Loved»,coproduitpar Brad Pitt et la familleMarley, est portĂ©par Kingsley Ben-Adir, lâun desKen de Barbie (2023), assezcharismatique pour avoirdĂ©jĂ Ă©tĂ© MalcolmXetBarack ObamaĂ lâĂ©cran.DerriĂšre la camĂ©ra :ReinaldoMarcusGreen (La MĂ©thodeWilliams,2021),cinĂ©asteduBronx,qui tient Ă son deuxiĂšmeprĂ©nom âunhommage Ă MarcusGar vey, militantjamaĂŻcain,prĂ©curseurdupanafricanisme, dont Bob Marley sâestinspirĂ© pour lesparoles de «RedemptionSong»
LâAfriquenâest jamais loin. Le concertouvrant le film estdĂ©diĂ© Ă HailĂ©SĂ©lassiĂ©, empereur dâĂthiopie,dieudes rastafariens âmouvement rejointpar lâartisteen1966. Mais lâaction est resserrĂ©esur la pĂ©riode1976-1978,quand le prodige mĂ©tis sâĂ©loignedeson pays en proie Ă laviolencepolitique,aprĂšs avoir Ă©tĂ©blessĂ©par balledeuxjours avantde monter sur scĂšne. On le voit au travail, en Europe,soucieuxdecrĂ©erune musiqueporteuse dâun messagedepaixetdâantiracisme
Le scénariodonne aussitoute sa placeà son épouse :Lashana
Ly nchest uneRitaMarleyaussi forte queson personnage de guerriĂšre du Dahomeydans The WomanKing (2022).Tant pispourles sixautrescompagnesdeBob Marley (ilareconnu onze enfants)âŠLorsdelaprĂ©paration et du tournage du film,laprĂ©senceactive de sa veuve,deses deux aĂźnĂ©s et de sesmusiciens (trois fils desWailersincarnent leur pĂšre jeune et jouent en play-back!)garantitlâauthenticitĂ©de ce quâon voit.Des zonesdâombresont Ă©voquĂ©es (letraumatisme dâun pĂšre blancqui lâaabandonnĂ©,sajalousie, sapartdeviolence) et nuancent leportraitdumythe.Lefilm Ă©voque unefuture tournĂ©eafricaine, entachĂ©e de dĂ©tournementsfinanciers, mais sâarrĂȘte avecleconcert historiqueenJamaĂŻque, qui parvient Ă faireserĂ©concilier lesdeuxchefs de partiqui ensanglantaientK ingston. Deux ansplustard, il chantait Ă Librevilleenpetit comitĂ© pour Omar Bongo,avant de cĂ©lĂ©brer Ă HararelâindĂ©pendanceduZimbabwelorsdeses deux seulsconcertspublics en Afrique, quelques mois avant de mourir,Ă seulement36ans â Jean -MarieChazeau
Le s crĂ©atio ns de lâar ti ste es pagn ol (Ă droi te) se mĂȘ le nt Ă de s objets an cest ra ux (Ă ga uc he).
RE ND EZ -V OU S
MATIĂRES VIVANTES
UN FACE-Ă-FACE EN TR E STAT UES, MASQUES AFRICA INS ET UN E SĂLECT ION DâĆU VR ES du plasticien Miquel Ba rcelĂł.
AU MUSĂE GENEVOIS, le nĂ©o-expressionniste espagnol Ă©labore un dialogue quasi charnel, oĂč la notion de scarification Ă©tablit un point de rencontre entre toiles, objets, sculptures et cĂ©ramiques Comme une trace ou une forme dâĂ©criture en attente dâĂȘtre lue. Une rencontre entre deux mondes. Proche des Ă©crivains-voyageurs infatigables, parcourant lui-mĂȘme la planĂšte, Miquel BarcelĂł incise, dĂ©forme, dĂ©chire. Un geste crĂ©atif cathar tique, rĂ©pondant au cheminement de celui qui, pendant une trentaine dâannĂ©es, a vĂ©cu Ă mi-temps au Mali, Ćuv rant et crĂ©ant auprĂšs des Dogon. « CâĂ©tait lâendroit
oĂč faire une tabula ra sa », se souv ient-il Sa peinture et ses cĂ©ramiques se sont dĂšs lors transformĂ©es, dans une volontĂ© de se libĂ©rer autant de lâemprise du sujet que de celle des formes connues de lâar t. De cette connivence entre ar tisanat, techniques millĂ©naires, cosmogonie, codes contemporains et explorations intimes, est nĂ© un mode dâexpression protĂ©iforme, faisant Ă©cho aux divers traitements de la texture et du signifiant â C.F.
« SCARIFICATIONS », Miquel BarcelĂł et le musĂ©e Barbier-Mueller, GenĂšve (Suisse), jusquâau 21 avril 2024 barbier- mueller.ch
UN GARĂON ĂTOUTPRIX
En Jordan ie,u ne jeuneveuve estmenacĂ©e de tout perd re au prof it de la fa mi lledeson ma ri.L ADUR ELOI DU PATR IA RCAT RELIGI EU XâŠ
AU DĂCĂSSOUDA IN DE SONM AR I, Nawal, 30 ans, risque de perdre sonlogement, mĂȘme si sa dotavait serviĂ en payerlamoitié⊠Fautedecontrat de mariage, et en lâabsence dâhĂ©ritier mĂąle,elleest menacĂ©edâexpulsion.Pire: si elle nâa plus de moyens,safillepeutlui ĂȘtre retirĂ©e pour ĂȘtre placĂ©e dans sa belle-famille. Ămoins quâellenesoitenceintedefeu sonmarietquâelle attendeungarçon⊠Cesloispatriarcales, quispolientles femmes en faveurdes hommes au nomdela religion,lâentraĂźnentdansune descente auxenfers, quiest aussi lâoccasion de suivre sonpersonnage(parfaitement interprĂ©tĂ© par MounaHawa) dâun quartier Ă lâautre dâunevillepeu reprĂ©sentĂ©e au cinĂ©ma :A mman.Avecunvraisuspenseautourdâuntestde grossesse⊠Ce premierfilm du Jordanien AmjadA lRasheed (coĂ©crit avecdeuxfemmes) est« unehistoiredesur vie, de responsabilisation et dâespoir », explique le cinĂ©aste. Câestaussi un thriller social et sociĂ©tal limpideetefficace â J.-M.C
INCHALLAH
UN FILS (Jordan ie), de AmjadA l Rasheed. Avec MounaHawa, Seleena
Ra ba ba h, Ha it ha m Omari
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TIKENJAH FAKOLY En mode acoustique
AUSSIENGAGĂQUE PROLIFIQUE,l âa rt iste ivoi rien revientavec un al bu mrev isitantses composit ions en acoust iq ue.Une vĂ©rita blerĂ©ussite!
AM : Ce nâestpas rien,derevisiter desmorceauxdevotre propre rĂ©pertoire, de «PlusriennemâĂ©tonne» à « Justice»⊠TikenJah Fakoly : MĂȘme si ce sont deschansonsque jâai Ă©critesilya un certain temps, jâĂ©taisemballĂ© pendant lâenregistrement, carjâaitoujours rĂȘvĂ©defaireunalbum acoustique.Celafaitdes annĂ©esque jâen parle. Câest vraimentunrĂȘvequi,une fois rĂ©alisĂ©, permet de mettre la voix en avant, et doncles textesâŠLetimbreprendle pouvoirsur tous lesinstruments.JâaihĂątedefairevivre cesmorceauxrĂ©arrangĂ©slorsdela tournĂ©eĂ venir ! On entendd âautres voix quelavĂŽtre surcet album. Comment avez-vousenvisagĂ©ces duos ?
Selon la vibrationdutitre Ă rĂ©interprĂ©ter !Sur «Les Mart yrs»,laperformance du rappeurTiggs Da Author estextraordinaire. JâavaisĂ©galement trĂšs enviedâinviter le BrĂ©silienChico CĂ©sar, quejâapprĂ©ciebeaucoup, et le JamaĂŻcain Horace Andy,que jâai rencontrĂ© Ă lafin des annĂ©es1990.Savoixest exceptionnelle. JâavaisaussiledĂ©sir de travailleravecNaĂąman,qui fait partie de la nouvelle gĂ©nĂ©ration de chanteurs reggae français.Ily aaussi Tapa,
lâhĂ©ritiĂšre de la grande cantatrice malienne Kandia KouyatĂ©, sur le titre« Alou MayĂ© », Bernard Lavilliers,unvieil ami quejerespectebeaucoup, M, toujours foisonnant dâidĂ©es⊠En quoi Acoustic renoueavecvos racines, gĂ©ographiquescomme musicales?
Lesinstruments utilisĂ©s viennent de lâAfriquede lâOuest. Le balafon, la kora,lenâgoni⊠Ilsont bercĂ© monenfance et monadolescence, puisquemes parents Ă©coutaientdelamusique mandingue. Acoustic estunalbum Ă travers lequel je veuxmontrer dâoĂč je viens, mais aussi retracer macarriĂšre grĂąceaux chansons quiyfigurent. Et je suis trĂšs heureuxdurĂ©sultat! â propos recueillispar SophieRosemont
TIKENJAH FAKOLY, Acoustic, Chapter TwoRecords/ Wagram Music. En tour néedanstoute laFra ncedÚs le mois de ma rs.Enconcert à laSallePleyelles 13 et 14 novem bre2024.
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TE RV IE W
JustineMasika Bihamba «Leviolcomme arme de guerre,câest pour anĂ©antir »
Mi lita nte, prĂ©sidente de lâONG Sy nerg ie desfem mes pour lesv icti mesdev iolences sexuel les(SF VS), celleq ui portesavoi xau-delĂ desf ront iĂšressig ne un tĂ©moignagefondateur pour lesgĂ©nĂ©rat ions Ă ven ir.
AM : Pouvez-vousdresserunĂ©tatdes lieux de la situation gĂ©opolitique et humanitaireauNord- Kivu, Ă l âest de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo ?
JustineMasika Bihamba: La situation estalarmante, surtoutpournousqui vivons Ă Goma. La ville, comptant 2millions dâhabitantsâtousles villages environnants lâont rejointe pour fuir lescombats â, estencerclĂ©e, quasimenttoutesles voiesdâapprov isionnementsont barrĂ©esetles bombardementsnecessentpas.Avecles conf lits en cours et lâescalade de la violence, câesttoute la RDCqui estconfrontĂ©e Ă lâune desplusimportantes crises humanitaires et de dĂ©placements internes dans le monde (6,9 millions de personnes).Jepensais quâune telleapocaly psenepouvait existerque dans la Bible, mais nous sommes en train de la vivre. En quoi la communautĂ© internationale manque -t -elleĂ ses engagements?
ĂGoma, tout le mondeest lĂ :les Nationsunies,lâUnion europĂ©enneâŠMais cesinstances prĂ©sentesnefontquâobserver la misĂšre de la population et Ă©tablirdes rapports,sansjamaisinter venir pour faire cesser leshostilitĂ©s et sanctionnerles autoritĂ©s corrompues. Depuis quenoussommesen guerre,noussubissons despillages,des violsdemasse et desmassacres.Maintenant,sâajoutentles affrontements rĂ©pĂ©tĂ©sentre lesforcesarmĂ©esdelaR DC,Ă©paulĂ©espar lessoldats hutu burundais, lesgroupes armĂ©s« patriotes » et la rĂ©bellion du M23, composĂ©majoritairementdeTutsi etsoutenu parleRwanda. Le pays nâestpas uneprioritĂ©. Pourtant,lâest estlâune desrĂ©gions lesplusstratĂ©giquesau monde, au vu desmatiĂšrespremiĂšresquâelle abrite :cobalt, uranium,coltan,etc.Mes enfants, mespetits-enfantsnâont jamais connulapaix. Câest, entreautres, pour cetteraison quejâaiĂ©crit ce livre. Pour quelâonentende nosvoix.
Le viol commearme de guerreenRDC estaucĆurdevotre action.
Lesv iols existaient avantles conf lits armĂ©s, mais gĂ©nĂ©ralement,unv ioleur Ă©taitchassĂ©duv illage. Il devait aller viv re ailleurs, dans la forĂȘt, carilsâĂ©tait comportĂ© «commeunanimal ». Le viol commearmedeguerre, câest tout autrechose. Il apourbut de se venger, de dissuader, de dĂ©truire.IlnesâagitplusdedĂ©sir sexuel.Lorsquâon violeunbĂ©bĂ©ouque lâon introduitdes objets pointus dans lesorganesgĂ©nitauxdes femmes,câest pour anĂ©antir.Lorsquâon violeune femme, câesttoutun villagequi estbrisĂ©. On sait la valeur desfemmes, surtoutdanslacommunautĂ©. En lesprofanant, câesttoute la familleque lâon vise, lastructure et lâĂ©quilibrepsychologiquesetsociaux de chacun De quelle maniĂšre intervenez-vous ?
La SF VS,crĂ©Ă©een2002, estune plateforme qui prendenchargeetoriente lesv ictimesverslâaide dont ellesont besoin: mĂ©dicale,psychologique, juridique. Plusdetrente organisationsaccompagnent les femmes et lesfilles agressĂ©es, humiliĂ©eset rejetĂ©es parlasociĂ©tĂ©,etont dĂ©jĂ prĂ©sentĂ©plusieurs fois leurs revendicationsĂ lâONU.Aveclareprise des affrontements, la situationsâest aggravĂ©e, et le viol commearmedeguerreprend de nouvellesformes, commelaprostitution.Les adolescentsetadolescentes dont lesparents sont mortssousles bombes ou au combat nâont pasdâautre issuepoursur vivreque de se prostituer, et ce sans protection.Aujourdâhui,nousavons comprisque sans associer leshommes, potentiels auteurs de viols, nous nâirons nullepart. Noussommesdoncentrain de travailler surlamasculinitĂ© positive,encheminantmain dans la main avecceuxpourqui la valeur,lerespect et lesdroitsdes femmes sont fondamentaux. Ce sont nosmeilleurs alliĂ©s. Pour fairepasseretentendreles messages.Pourconvaincre et allerde lâavant. â Propos recueillispar CatherineFaye
De hautenbas :
Pour une poignĂ©e de dollars, LosAngeles (2019) ; Sans titre (2023) ; lâar tiste tenantl âune de sesĆuvres
PAR- DELĂ LESFRONTIĂRES
Im mersiondansl âintimeetleprocessus crĂ©ati fdeMOH AM ED BOUROU ISSA.
DEPUIS UNEV INGTAINE DâANNĂES,leplasticienalgĂ©rofrançais nâen finitpas de surprendre. Devenuartiste un peupar hasard,ilest passĂ©dâunmĂ©diumĂ lâautre,delaphotographie Ă lav idĂ©o,dudessinĂ ladanse ou au rap, de la sculptureĂ la mise en scĂšne. Mais,chezcet infatigablecrĂ©ateurdâespaces et explorateurdelâaltĂ©ritĂ©, tout estliĂ©.Comme dans cette exposition quirassemble dessins, images,partitionssonores, plantes, aquarelles, ou encore Ă©crans projetantune sĂ©lection de filmsdĂ©filanttelle uneplaylistpendant plus dâuneheure Un ensemble sans ordreapparent, oĂč se rĂ©vĂšlentcependant lâesprit et lesengagements de MohamedBourouissa,nĂ©Ă Blida, en AlgĂ©rie, en 1978.Ătravers unemultiplicitĂ©de domaines dâexpĂ©rimentation, il dĂ©voileses expĂ©riences intimesetunparcoursmulticulturel.Sansjamaiscesser dâobserver lesmargesdelasociĂ©tĂ© et lespratiques collectives. Toujours entrelequi-v iveet la rĂ©mission. â C. F. MOHAMED BOUROUISSA, «Sig nal», Palais de Tokyo, Paris(France), jusquâau 30 juin 2024 palaisdetokyo.com
ABNOUSSE
SH ALMA NI, Jâai pĂ©chĂ©, pĂ©chĂ©dans le plaisir, Grasset, 198pages, 19,50 âŹ.
LIBERTĂDâĂTRE, LIBERTĂDâĂCRIRE
UN HYMNE ĂLAFĂMINITĂ et Ă lasensualitĂ©,Ă travers le pouvoirdes mots et le dĂ©sirĂ vif.
«CHA NTER LA LIBERTĂentravĂ©edeForough,câest
luifaire vivrelav ie de Marie, cettev ie quilui aurait Ă©tĂ©siadaptĂ©e.» Au fildâuntexte charneletcaptivant, AbnousseShalmani sâinspire de deux femmes libres et intenses,Marie de RĂ©gnier(1875-1963) et Forough Farrok hzad (1935-1967). Pour cespoĂ©tessesv ivant dans desmondesaux antipodes lâun de lâautre, la passionf ut le filrouge dâexistences hors normes et de choixabsolus.Lâune,premiĂšre femmeĂ recevoirleprix de littĂ©raturedelâAcadĂ©miefrançaise,collectionne amants et maĂźtresses.Onlavoitsur le bandeaudu livre: de dosetnue,ellerefaitson chignonfaceĂ un miroir. La voluptĂ©Ă sonparox ysme.Ellesera un modĂšle pour la seconde, ForoughFarrokhzad, Ă©toile filanteenquĂȘtedâaffranchissement. AprĂšs Khomeiny, Sade et moi (2014), Lese xilĂ©smeurent au ssidâamour (2018), et Ălogedu mĂ©tĂšque (2020),lâautrice iranienne ressuscite et entrelaceainsi lâardeur de la filledu poĂšteJosĂ©-MariadeHeredia, reine subversive de la Belle Ăpoque,etlâinsoumission de lâĂ©gĂ©rie desmilieux littĂ©raires iraniens dans lesannĂ©es1950, mortedans un accident de voitureĂ 32 ans. Deux destins, un mĂȘme feu, queletitre du rĂ©cit,tirĂ©dâunpoĂšme de Foroughparudanslerecueil Le Mur,en1955, illustre de sescharmes libertins: «J âaipĂ©chĂ©,pĂ©chĂ© dans le plaisir, dans desbraschaudsetenf lammĂ©s.» AnimĂ©e parladĂ©sinvolturedeson inspiratrice française, la scandaleusemet Ă nuses infidĂ©litĂ©setconfirmeĂ son ex-mariquâelle estlibre.Toutesav ie,sanssesoucier du conformismeetdelamorale, elle chemineavec lâhistoire de MariedeRĂ©gnier et de sonamant Pierre LouĂżs. Uneexistence dont elle aurait rĂȘvĂ©. â C.F.
ROM AN
Une place Ă par t
Le voyage initiatiquedâune jeunefemme franco-togolai se Ă larecherche de sesorigines.
SURLES CHEMINSsinueux de la question de soi, RaphaĂ«lleRed fouilleles arcanesdumĂ©tissageetdu sentimentdehonteĂ travers Adikou,personnagefort animĂ© dâunecolĂšre puissante et dâunesensation de vide, celledelanon-appartenance. «Avant chaque dĂ©part,quand elle fait ça,ondiraitquâelle sâentraĂźne Ă mourir: pour ne passâencombrer,elledĂ©pose lessouvenirsles unsĂ cĂŽtĂ© desautres, lescontemple rapidementalorsque le tempssâĂ©tend.» ĂlafoisrĂ©cit
PO ĂS IE
Lestourments du passé
Roman-poĂšmedâundeuil tourmentĂ©,entre le CongoBrazzavilleetlaFrance.
«PUISSES-TUnejamais savoir quitues. »Sicette enseignante de latin,degrec ancien et de français cite Sophocle en exergue,câest parceque sonpremierroman fait Ă©cho Ă lâĆdiperoi du granddramaturge. Un Ćdipe coupable Ă lafoisdeparricide et dâinceste,faceĂ sondestin DĂ©jĂ ,en2022, lespoĂšmes narratifsdâĂve Guerra,rĂ©unis dans Corpsprofond s, exploraientles blessures, lâombreet la lumiĂšre.Moins de deux ansplustard, sa fiction mĂątinĂ©e de touches autobiographiques relate le cheminementdâune jeune
de transf uge etquĂȘte dâidentitĂ© en formede road-trip, ce premierroman raconteleretourcontrariĂ© dâuneFrançaise mĂ©tissesur la terrepaternelle, oĂč,peu Ă peu,les objectifs sâĂ©vaporentpournedĂ©voiler quelâessentiel,dansun enchevĂȘtrementcontradictoiredeperceptions, dâĂ©motionsetderĂ©f lexions. Car, aprĂšstout,lâorigine et lâidentitĂ© se doivent-elles dâĂȘtre fixes ?EtoĂč se sent-on vraiment chez soi? â C.F.
ĂV EGUERR A, Rapatriement, Grasset, 216pages, 19,50 âŹ
filleconfrontĂ©e au dĂ©cĂšsde sonpĂšre,qui rĂ©veillela violence dessouvenirs.Face Ă la question du rapatriement du corpsenFrance, elle questionne lâappartenance, la domination, le mensonge Affrontantses dĂ©mons,elle dĂ©mĂȘle un Ă©cheveau oĂč lâĂ©criture libĂšre.Et le langage se fait poĂšte: «Ilest mort dans lâarrondidâuncrayon quicasseâŠÂ» â C.F.
UZI SUR LE BON CHEMIN!
Ce jeunerappeur dâor ig ine congolaise affi rmeson flow su ru nt roisiĂšme OPUS ENGAGĂ,fĂ©dĂ©rateu r⊠et trĂšs entraĂź na nt.
«SIJ EMESENSV ISĂ, jâattaqueetje resteĂ maplace commeRosaParks », rappe-t-il,rendant hommageĂ lâune desplusgrandes icĂŽnes de la lutte pour lesdroitsciv iquesamĂ©ricains. Avec ce troisiĂšmealbum,Uzi rappelle quâen dĂ©pitdeson jeuneĂąge,24ans, il aconsciencedes dĂ©rivesdumonde Il Ă©voque aussibienlaguerreen RDCdans« MamanBobi Ladawa » queles paysages urbainsdans «CitĂ©s de France ». Rigueur, principe, boulot :telle estsaligne de conduite, dĂ©clinĂ©edanslaconclusion« RPB» Sâentourantdepointures de la scĂšne actuelle,rap ou afrobeat,dâOboyĂ Booba, Uzinâoubliejamaisses origines congolaises,bienquâil soit nĂ© Ă Fontainebleau,et assĂšne sonindĂ©pendance artistique. Surlechemin sort dâailleurs surson propre label, logiquement baptisĂ©R PB. La promesse se confirme,etelleest Ă suivredeprĂšs. â S.R.
UZI, Surlechemin, RPBMusic/ Believe.
NOME
(GuinĂ©e-Bissau), de Sana Na NâHada. Avec MarcelinoA ntĂłnio Ingira, BineteUndonque, MartaDabo. En salles
POUR QUISONNE LE BOMBOLONG?
SA NA NA NâHA DA afaitses armesdecinĂ©aste Ă Cuba dans lesannĂ©es1960avecplusieurs compatriotes, dont FloraGomes,avant de rentrerenGuinĂ©e-Bissau, filmer la guerre menĂ©econtre lâarmĂ©eportugaisedans lesmangroves et lesforĂȘtsdeson paysâŠĂ73ans,il intĂšgreces images dâarchives, rescapĂ©esparmi plusieurs kilomĂštresdepelliculesperdues,dansson nouveaulongmĂ©trage, en racontant lâhistoire du jeuneNome, forcĂ©de rejoindrelaguĂ©rillaen1969. Il mĂ©lange,avecdes teintes trĂšs particuliĂšres,les Ă©poquesetles questionnementssur cetteguerredelibĂ©ration de onze ans. Elledevaitaboutir Ă lanaissance dâun Ătat au serv icedetous, mais elle a tournĂ© au rĂšglementdecomptesentre combattants, avecla mort dâun leaderprometteur, AmĂlcarCabral, justeavant lâeffondrementdupouvoir militaire colonialauPortugal.
«LaGuinĂ©eest-elleprĂȘte pour tant de bonheur?», sâinterrogeunpersonnagefantomatique, esprit Ă lapeau noireetaumasqueblanc,qui parcourt le film tandis que rĂ©sonnentles bombolongs transmettant leurs messages de villageenv illage. Nome, rentrĂ©chezlui en hĂ©ros, va deveniramer, puis cy nique⊠Le cinĂ©asteexplique: «Onmereprochedetoujoursparlerdela guerre [en GuinĂ©e-Bi ssau].Cef ut un moment terribleetjeneveux paspassermav ie Ă enfairelerĂ©cit.JelefaisnĂ©anmoins [âŠ] caroncontinuede se haĂŻr et de sâentretuer. »Son film, quiallie superbementrĂ©alitĂ©,mĂ©moire et fantastique, nâestpas seulementuntĂ©moignagedepremiĂšre main, câestaussi unetrĂšsbelle mise en scĂšneauser vice dâun pan oubliĂ© de lâhistoire desindĂ©pendances africaines et de leur «espĂ©rancecontrelacupiditĂ©etlemal ». â J.-M.C
Lâar tdu
Depu is un peuplus
LE LA BELM ARO &CHAOS propose ar tist iq uesétonnan ha bi ller lesespaces
haos
â u n a n, A I N OR DER es meu bles s, pou r avec ca ractĂšre.
AU MOT« DESIGNER », il préfÚredeloincelui de «créatif ».
Le Marocain Abdou (Abderrahman) Diouri,42ans,un passĂ©danslâindustriemĂ©tallurgique et dans la gestion du personneldâune grande entreprise, souligne quecequâil connaĂźtenmatiĂšre de design et de mobilier,illâa appris en autodidacte. Câestpourcelaque,v ule succĂšsf ulgurant de sescrĂ©ations inĂ©dites et audacieuses, il sâestentourĂ© dâun Ă©bĂ©niste,dâunmenuisieretdâuntapissier,qui donnent corpsĂ son imagination aveclaqualitĂ© quâellemĂ©rite. LancĂ© dĂ©but2023, le label Order&Chaos produitdes petitessĂ©riesetdes meubles sur-mesure dans un showroom laboratoiresur la routedelâaĂ©roport,Ă Casablanca. Parmi
sespiĂšcesphare,ontrouvelâĂ©tagĂšre en formedâA frique, recouvertede cuir colorĂ©tel un Mondrian,oulatable bassemodulaireentecketfrĂȘne, quiassocie lignes vives et souples,ouencorecet Ă©tonnant bararc-en-ciel en sept nuancesdebois, rĂ©cemmentreproposĂ© en velours rouge, fourrure blancheetmiroirs Ă lâintĂ©rieur.Lâattention aux dĂ©tailsetaux finitions, commeles dĂ©corationssculptĂ©es utilisantducourant Ă©lectriquepourobtenir desfractales de Lichtenberg,faitdeses lampes et de sesmeubles de vĂ©ritables crĂ©ationsartistiques @order_andchaos â L.N.
FA SH ION
RĂ© ali sĂ© e en co ll ab oration avec lâar ti ste Prin ce Gyasi la collecti on propose des sil houettes col orĂ©e s qui Ă©voq ue nt ses photos.
BALMAIN le défilé de la discorde
La dern iĂšre lignedelamaison, crĂ©Ă©eavecdes ar tistes afr icai ns et cl in dâĆi laux «SAPEU RS », rela nceledĂ©b su rlal im iteq ui sĂ©pa re INSPIR AT IONETI MI
TAT IO
«CâEST UN ĂV ĂNEMENTdifficile et douloureux,qui remet de nouveauenquestion le regard rĂ©el queles marques occidentales prĂ©tendent porter surlacrĂ©ativ itĂ©africaine, tout en affirmantouvertement sâen ĂȘtre âinspirĂ©esâ JusquâĂ quand ?» Cettequestion,qui clĂŽtureunlongposten anglaisdelamarquesĂ©nĂ©galaise Tongoro,deSarah Diouf, a fait le tour du monde, il yaquelquessemaines.LacrĂ©atrice rĂ©agissait au trĂšs attendudĂ©filĂ©deBalmain,deretour aprĂšs quatre anssur lescat walksdelaFashion Week parisienne,avecune collection masculinesignĂ©eOlivier Rousteing, ouvertementinspirĂ©e parles impeccablesmises des« sapeurs »etrĂ©alisĂ©e en collaborationaveclâartiste ghanĂ©en Prince Gyasietledesignerbritannico-camerounais
Ibby Njoya. Parmiles accessoi dĂ©tailsspectaculaires âaux cĂŽ brassardsdorĂ©s,Ă mi-chemin gris-gris, desbracelets en cornedevache et desbijouxdâartiste hip-hopâ,ilyavait unepiĂšce de visage quâelle areconnu tout de suitecommelacopieconforme de CairodeTongoro.Unbijou inspirĂ©dumaquillage deshommeswoodabe, prĂ©sentĂ© en mai2019Ă Dakar et portĂ©parâŠcette mĂȘme NaomiCampbellqui dĂ©filait pour Balmain.LarĂ©actiondeSarah Diouflance le battage mĂ©diatique,avecquelquesrev irements.DanslafoulĂ©e,elle se voit accusĂ©e dâavoirvolĂ©le dessin de la bijoutiĂšre kĂ©nyane TheresiaKyalo,etrev ient surlaquestionpourprĂ©ciser :
puis aprobablement voyagĂ© ou Ă©tĂ©interprĂ©tĂ©plusieurs fois », notammentpar Dion Lee. Comment, alors, dĂ©mĂȘlerinspiration,imitation et influence, dans un milieuriche de zonesgrisescomm celuidelamode? La question du manqued protection juridiquede la crĂ©ativitĂ© africain quoi quâilensoit, bienrĂ©elleetil faudrait lâ sĂ©rieusement.MĂȘmelorsquâelle vientĂ©clip collection quirendhommage au st yledes de Kinshasa, ParisouHarlem, et cĂ©lĂšbrelâe hy perchromatique desphotos de Prince Gy portraits, rĂ©solument modernes,des Africa
Le dĂ© fi lĂ© re nd homm a ge aux «s ap eu rs » de la RD Ce t dâaut re sp ay s.
Ci -c ontre, le bijouC airo de la marqu e To ng oro, en ba s, la ve rs ion de Balmain
Ki n propose un e car te méti ssé e, qui s e re nouvel le toutes le s deux semaines
LES DĂLICES DE KINSHASA
Deux ad resses : lâune pour dĂ©couv rir les PA RFUMS DU CONGO dans les ruelles de MA RSEILLE, lâautre pour se faire plaisir dans la capitale de la RDC.
LE CHEF HUGUES MBENDA a connu les grandes cuisines de Paris et de Londres, mais il a choisi Marseille pour proposer des mets inspirĂ©s par sa RDC natale. AprĂšs lâOrphĂ©on, ouvert avec son frĂšre avant la pandĂ©mie, et Libala, axĂ© street-food, on le trouve dĂ©sormais Ă quelques pas du marchĂ© de Noailles avec Kin, un restaurant gastronomique tout en vert malachite et bois â hommage Ă la nature congolaise et Ă Kinshasa Le midi, il propose la cuisine de Libala et, le soir, une carte mĂ©tissĂ©e en six Ă©tapes, qui change toutes les deux semaines Ici, câest lâAf rique par petites touches, comme avec la sauce piment-pomme, ou celle hollandaise au baobab, dont le goĂ»t acidulĂ© Ă©voque les fruits quâil croquait, gamin, en sortant de lâĂ©cole. Ou les gauf res au manioc, les gnocchis de banane au topinambour (ou Ă la tomate, selon la saison) et les jus maison. Ă dĂ©couv rir aussi, le rhum du Congo et lâĂ©tonnant gin du Kivu, Ă©picĂ© Ă la vanille et au poiv re kin- restaurant.com
Ch ips de m a n io c et crĂšm e br Ă»l Ă©e dâoignons
Ta pas , pi zzas , ma is au ss i pla ts tradi ti onn els , le re sto de Go mb e va ri e le s pla is ir s.
Ch ez Ma lamu, Ă Ki ns ha sa, au bo rd de la pi sci ne
Et Ă Kinshasa ? Les nouveaux spots se multiplient, ces derniĂšres annĂ©es. Malamu (« ĂȘtre bien » en lingala), inaugurĂ© Ă Gombe en 2020, a su attirer une clientĂšle locale et internationale, qui apprĂ©cie lâambiance chaleureuse et la belle carte Ă©clectique â des tapas aux pizzas, en passant par le risotto Ă la tr uffe ou le capitaine grillĂ© Ă la sauce thaĂŻ, sans oublier les plats du pays Comme le poulet sauce barbecue maison ou le Baba Ntaba, la chĂšv re congolaise, façon Malamu Peu importe si lâon aime lâambiance cĂŽtĂ© piscine, si lâon prĂ©fĂšre la terrasse pour un dĂźner en tĂȘteĂ -tĂȘte, si lâon cherche le calme du salon climatisĂ© ou si lâon rĂ©ser ve le salon privĂ© avec jardin, le tout est de se sentir bien, en bonne compagnie. malamu.co â L.N.
No n lo in de la cap ita le Ă©c onom iq ue, ce nouvea u qu ar ti er de 226 lo ge me nt s se veut durab le et re spectu eu x de lâenviron ne m ent.
Ă Abatta, lâinnovation urbaine
PrĂšs dâAbidja n, KOFFI & DI ABAT Ă font sort ir de terre un nouvel Ă©coq ua rt ier mi xte et proposent un autre modĂšle dâ ha bitat, adaptĂ© au x besoins locaux.
ON NE PEUT PAS REPENSER la façon dâhabiter le continent sans changer le modĂšle urbanistique actuel Connus pour leurs projets durables et adaptĂ©s aux conditions climatiques de la rĂ©gion, les Ivoiriens Koffi & DiabatĂ© travaillent sur la question depuis des annĂ©es, et vont livrer dans quelques mois un Ă©coquartier rĂ©sidentiel, qui donne forme Ă une partie de leurs rĂ©ponses Construit sur les rives de la baie dâAbatta, Ă une demi-heure du Plateau dâAbidjan, Abatta Village comprend 226 logements Ă©purĂ©s et modernes, un complexe sportif avec salle de gym et piscine, une club-house dotĂ©e dâun restaurant et dâune garderie, une galerie commerçante et des bureaux. Le tout entourĂ© de trois hectares de verdure, soit 40 % du lot, et complĂ©tĂ© par une marina sur la baie, des pistes cyclables et une promenade piĂ©tonne. Conçu pour promouvoir la mutualisation des espaces communs et des serv ices, et livrĂ© avec fibre optique intĂ©grĂ©e, le projet favorise la mobilitĂ© douce, notamment en limitant la circulation des voitures et en dessinant des axes destinĂ©s aux piĂ©tons Les immeubles commerciaux et les logements, qui vont du deux-piĂšces (Ă partir de 103 000 euros) au duplex (moins de 400 000 euros), ont Ă©tĂ© construits Ă partir de matĂ©riaux locaux, favorisant lâĂ©clairage et la ventilation naturels. Koffi & DiabatĂ© ont aussi prĂ©v u dâinstaller des toitures vĂ©gĂ©talisĂ©es, un systĂšme de rĂ©cupĂ©ration dâeau pluv iale et des Ă©quipements Ă basse consommation, conjuguant confort des rĂ©sidents et valeurs environnementales. â L.N.
LES YEUX SUR LE SERENGETI
Assister à LA MAGI E DE LA GR ANDE MIGR AT ION, qu i an ime chaq ue an née les plai nes ta nzanien nes, est une ex périence inou bl ia ble.
LE DĂBU T du printemps est un moment unique, dans le nord de la Tanzanie. Avec les premiĂšres pluies, dans les immenses plaines du Serengeti, sâentassent prĂšs de deux millions dâanimaux, qui donnent vie au spectacle magique de la Grande Migration Lions, lĂ©opards, chimpanzĂ©s, buff les, gnous et zĂšbres quittent la rĂ©gion du Ngorongoro en direction du Kenya, pour une boucle de plus de 3 000 km qui les ramĂšnera au point de dĂ©part Ă la fin de lâautomne. Le parc du Serengeti sâĂ©tendant sur plus de 24 000 kmÂČ â il est le deuxiĂšme plus grand parc national du pays â, les voyageurs peuvent choisir oĂč sĂ©journer en fonction de la pĂ©riode, sâassurant une place au premier rang de ce spectacle extraordinaire, considĂ©rĂ© comme lâune des sept merveilles dâAfrique. Lâoffre de logements sâenrichit ce printemps dâun nouveau lodge de luxe, le premier sous le label Explorer de la chaĂźne hĂŽteliĂšre
Elewana, rĂ©putĂ©e pour ses structures Ă©coresponsables en Tanzanie et au Kenya NichĂ© dans les collines, Ă la limite occidentale du parc, il est dotĂ© de 68 chambres et de six suites, toutes avec balcon privatif, dâune piscine et dâune galerie dâart. Construit sur le site de lâancien Sopa Lodge, afin de minimiser lâimpact sur lâĂ©cosystĂšme, lâĂ©tablissement offre une vue imprenable sur le cortĂšge des troupeaux qui dĂ©filent en contrebas entre avril et juin Et il promet une expĂ©rience immersive, mĂȘme hors safari : les hĂŽtes pourront dĂźner dans la brousse, profiter du cinĂ©ma en plein air ou observer les Ă©toiles en compagnie dâun astronome. Les chambres sont Ă partir de 300 euros la nuit en pension complĂšte. explorer.elewanacollection.com â L.N.
La ma qu et te du l u xu eu x lodg e de Se re ng eti Ex plorer, qui of frira un e vu e im pren ab le su r le parc nat iona l.
Do mi niqu e Ouattara et so n hÎte De ni se Ts hisekedi , Premi Úre dam e de RD C, vi si te nt la Ca se de s en fa nt s ré nové e, au Pl atea u.
WE ARE AFRICA!
LA NEUVIĂME ĂDITION du dĂźner de bienfaisance Children of Africa sâest tenue Ă Abidjan. Lâoccasion de prĂ©senter les actions de la Fondation de Dominique Ouattara. par Emmanuelle PontiĂ©
VENDREDI 1ER MARS, 11 heures Le soleil rayonne Ă Abidjan. La PremiĂšre dame de CĂŽte dâIvoire, Dominique Ouattara, accompagnĂ©e de son hĂŽte Denise Nyakeru Tshisekedi, PremiĂšre dame de RDC, vĂȘtues toutes les deux de tenues locales aux couleurs chatoyantes, visite la nouvelle Case des enfants devant un parterre dâinvitĂ©s du monde politique local et du show-business, venus des quatre coins du monde, et sous les applaudissements fournis des petits pensionnaires Le foyer dâaccueil, dans le quartier du Plateau, ouvert en 1998, lâannĂ©e du lancement de sa Fondation Children of Africa, a Ă©tĂ© rĂ©novĂ© et agrandi pour accueillir 80 enfants dans un Ă©tablissement Ă lâarchitecture moderne. Il compte aujourdâhui douze bĂątiments rĂ©partis sur
6 700 m2 : un local administratif, deux salles dâĂ©tude, quatre dortoirs, une salle multimĂ©dia, comprenant une bibliothĂšque et des ordinateurs, une salle de tĂ©lĂ©vision, un rĂ©fectoire avec une grande cuisine, une villa des sĆurs avec une infirmerie, une maison du personnel. En extĂ©rieur : un grand prĂ©au, un espace de jeux et un terrain de sport. Des travaux de rĂ©habilitation rĂ©alisĂ©s grĂące aux dons rĂ©coltĂ©s par la Fondation, notamment Ă lâoccasion du gala de bienfaisance organisĂ© en 2022 par Dominique Ouattara Cette nouvelle rĂ©alisation en faveur des enfants en difficultĂ© sâajoute aux trois autres structures lancĂ©es et gĂ©rĂ©es par la Fondation Ă SoubrĂ©, BouakĂ© et FerkessĂ©dougou. Il y a six ans, la PremiĂšre dame inaugurait lâhĂŽpital MĂšre-Enfant de Binger ville, puis le Groupe scolaire dâexcellence dâAbobo en 2022. Et depuis, une nouvelle unitĂ© est nĂ©e : le centre dâaccueil pour les femmes victimes de violences, Ă AdiakĂ©, dans le sud-est du pays. Lâensemble de ces Ă©tablissements, gĂ©rĂ©s par un personnel triĂ© sur le volet par la PremiĂšre dame de CĂŽte dâIvoire, particuliĂšrement attentive au bon fonctionnement de chaque structure sur le long terme, sâajoutent Ă lâensemble des actions menĂ©es au quotidien par la Fondation Children of Africa, qui opĂšre aujourdâhui dans douze pays en
Le s pe nsio nn aires du foye r, en m ai llots orang e de s ĂlĂ©p hants , dansent su r le tu be « Le Coup du ma rtea u ».
Afrique. On peut citer, entre autres, pour le secteur de la santĂ©, lâĂ©quipement du service de nĂ©onatologie du CHU de Yopougon, ou lâorganisation de caravanes ophtalmologiques ayant pris en charge 103 000 enfants et de campagnes de vaccination ayant immunisĂ© 94 129 enfants. Pour le secteur social : soutien aux initiatives entrepreneuriales des femmes, distribution de dĂ©cortiqueuses, de broyeuses et de matĂ©riels aux agricultrices. Et dans le domaine de lâĂ©ducation, la Fondation a construit le lycĂ©e de Kong dans le nord-est du pays, crĂ©Ă© et Ă©quipĂ© des salles multimĂ©dia Ă travers la CĂŽte dâIvoire, distribuĂ© 173 000 kits scolaires. Tous les deux ans, Dominique Ouattara organise une soirĂ©e de gala exceptionnelle et particuliĂšrement chaleureuse pour sa Fondation, en prĂ©sence de son Ă©poux le prĂ©sident Alassane Ouattara, au palais des CongrĂšs de lâhĂŽtel
Ivoire Cette annĂ©e, le soir du 2 mars, 900 invitĂ©s se sont retrouvĂ©s pour la neuviĂšme Ă©dition de lâĂ©vĂ©nement, dont le thĂšme Ă©tait « We Are Africa », autour dâun dĂźner raffinĂ© imaginĂ© par les chefs français Pierre Gagnaire et ivoirienne Vanessa Konan. Une soirĂ©e rehaussĂ©e par la prĂ©sence de personnalitĂ©s du monde des affaires, comme Martin et Olivier Bouygues (groupe Bouygues), Pierre Fakhoury (PFO Africa), Serge Varsano (Sucres et DenrĂ©es), Pascal de Izaguirre (Corsair), du domaine de la santĂ©, comme le professeur Marc Gentilini ou le chirurgien Ăric Cheysson, prĂ©sident de La ChaĂźne de lâespoir. Beaucoup de comĂ©diens aussi, Ă lâimage, entre autres, de Sandrine Bonnaire, Elsa Zylberstein, Jean-Pascal Zadi, Samuel Le Bihan, Vincent Perez, BenoĂźt Magimel, MĂ©lanie Laurent, Isaach de BankolĂ© ou Claudia Tagbo, des stars du sport, comme Didier Drogba et Cheick CissĂ©, ou du show-biz, tels que Youssou Ndour, Alpha Blondy, Matt Pokora, MC Solaar, des reines de beautĂ©, comme Adriana Karembeu, accompagnĂ©e de son compagnon le rappeur Stomy Bugsy,
Da ns un dor to ir de l a nouvell e stru ct ure, avec lâĂ©po us e du vic e- prĂ©si dent, Ma ĂŻmouna Ko nĂ©
Ma rtin Bouygue s, le Prem ie r min is tre ivoir ie n Ro be rt Be ug ré Ma mb é et le com édie n Sa mu el L e Bi han
Se rg e Va rsano et Da niel le Be n Ya hm ed
Le mi ni stre Br uno Ko né (a u centre) son ép ou se Ma ss éré Touré, secréta ire gé né ra le de la présid en ce, et le pe intre Oua ttara Wa tt s.
BĂ la ta ble dâhon neur, au p re mier pla n, Ăr i c Ch eyss on Ă g. et Pa sc al de Izagui rre Ă dr. Pi er re Fa kh ou ry au se co n d pla n Ă g.
Ci -c ontre, Gi ms et Carla Br un i.
« Le montant des enchÚres a pulvérisé les records ! »
Le joueur d e fo ot ba ll
Di di er Drog ba et sa com pagne Gabriel le Le mai re
ou encore la mannequin NoĂ©mie Lenoir, les Miss France Iris Mittenaere et Mareva Galanter, ainsi quâOlivia YacĂ©, Miss CĂŽte dâIvoire. Le spectacle, intitulĂ© LĂ©gendes dâAf rique, montĂ© sur les magnifiques chorĂ©graphies de Jean-Paul Mehansio et Georges Momboye, accueillait dans une ambiance assez chaude au lendemain de la victoire de lâĂ©quipe des ĂlĂ©phants Ă la CA N les prestations sur scĂšne de Magic System et Yemi Alade, entonnant la chanson officielle de la Coupe dâAfrique ou encore le tube de Tam Sir, dĂ©sormais planĂ©taire, « Le Coup du marteau ». Applaudissements fournis aussi pour Gims, qui a chantĂ© avec Carla Bruni, Ă©pouse de lâancien prĂ©sident français Nicolas Sarkozy, tous deux convives du dĂźner. La traditionnelle vente aux enchĂšres proposait ce soir-lĂ deux tableaux contemporains dâAbdoulaye KonatĂ© et de Ouattara Watts, une paire de vases en lapis-lazuli signĂ©s par la princesse Ira von FĂŒrstenberg â illustre marraine de la Fondation, qui nous quittait le 18 fĂ©vrier dernier et Ă laquelle Dominique Ouattara a rendu un hommage trĂšs Ă©mouvant â, un masque yohourĂ© de la collection de Serge HiĂ©, ainsi quâun maillot des ĂlĂ©phants de CĂŽte dâIvoire signĂ© par lâensemble de lâĂ©quipe La totalitĂ© du produit des enchĂšres sâest Ă©levĂ©e Ă 452 millions de FCFA, pulvĂ©risant
Le cha nteu r Alp ha Bl ondy et so n Ă©po us e Ae lyssa Da rrag i.
le record de lâĂ©dition prĂ©cĂ©dente De quoi soutenir la pĂ©rennitĂ© des actions de la Fondation. Des bĂ©nĂ©fices qui iront Ă la construction et Ă lâĂ©quipement dâune nouvelle aile Ă lâhĂŽpital MĂšre-Enfant de Binger ville, afin de rĂ©aliser des opĂ©rations Ă cĆur ouvert pour de jeunes patients. Le lendemain matin, Dominique Ouattara et tous ses invitĂ©s se sont rendus Ă Assinie, pour un dĂ©jeuner en bord de plage Ă la Maison dâAkoula. Orchestre live et danse endiablĂ©e pour tout le monde, notamment au son des prestations improv isĂ©es de Fally Ipupa ou de Singuila ! â
Le grou pe Ma gic Syste m et Ye mi Alad e.
Au tour du c ou pl e prĂ©sidenti el , Au re At ika et Sa mu el Le Bi han Ă ga uc he, et le vi ce -p rĂ© sid ent de CĂŽte dâIvoire Ti Ă©moko Meyl iet Ko nĂ© et so n Ă©pous e Ă droi te
Na tha lie Fo ll orou x et so n Ă©p ou x. Ma rc Socqu et
Lâanc ie n Premi er minist re Pa tri c k Ac hi (Ă droite), son Ă©pouse, et le docteur Je an -P ie rre La bl anchy.
Le c om édie n Jean -Pas cal Za di, entouré de Barba ra Beja ni et du ch anteur Ma tt Po ko ra
PA RC OU RS
Monika Kabasele
DANS SON PREMIER ALBUM, GRĂCOFUTURISME, la chanteuse exprime son identitĂ© plurielle en conjuguant ses racines grecques et congolaises. Elle confectionne un jazz trĂšs personnel, suave et rythmĂ©, mĂȘlant ses propres compositions Ă des reprises de standards ou de morceaux traditionnels. propos recu eillis par Astrid Krivian
Le titre de lâalbum, GrĂ©cof uturisme, est un clin dâĆil au courant afro-futuriste. NĂ©e en GrĂšce dâune mĂšre grecque et dâun pĂšre congolais, Monika Kabasele sublime en musique son identitĂ© plurielle, puise dans ses diverses appartenances Une afro-descendante qui honore ses racines, en restant ancrĂ©e dans le prĂ©sent. Ă travers le jazz, elle combine les ry thmes congolais avec des musiques traditionnelles de sa rĂ©gion natale, la Thrace, mais aussi avec la samba ou dâautres sonoritĂ©s africaines « Which is my identity? Am I African? Or Greek? », se demande-t-elle dans « Afro Blue », un standard quâelle revisite : « GrĂące Ă mon looper, jâai crĂ©Ă© une boucle avec ma voix. Cette notion cyclique est trĂšs importante dans lâafro-futurisme, oĂč passĂ©, prĂ©sent et futur ne font quâun », note lâartiste, qui reprend aussi la comptine congolaise « Cimwemwe Mwe » que lui chantait son pĂšre. En grec, en anglais, en français, sa musique aux couleurs suaves, oniriques, apaisĂ©es ne lâempĂȘche pas dâexplorer des sentiments plus obscurs, tabous, tels que la jalousie, avec « Une mauvaise personne ». « On parle peu de ces ressentis, pourtant trĂšs forts, qui nous torturent, nous bousculent. Câest difficile de les exprimer dans la vie, alors jâaime les chanter. Câest libĂ©rateur. » Lâartiste baigne dans la musique depuis son enfance Ă Alexandroupoli. Amateur Ă©clairĂ©, son pĂšre joue de la guitare, du piano, des percussions. Quant Ă sa mĂšre, elle chante du rebĂ©tiko, une forme dâexpression musicale populaire du pays. Quand les amis viennent Ă la maison, on entonne des piĂšces orthodoxes, des morceaux traditionnels et spirituels congolais qui cĂ©lĂšbrent le lien aux ancĂȘtres, aux Ă©lĂ©ments, mais aussi des chansons françaises (Brassens, RenaudâŠ), ses parents ayant Ă©tudiĂ© en France. Comme la petite Monika compose dĂ©jĂ des airs avec un xylophone, on lâinscrit Ă des cours de piano. Ă lâadolescence, elle apprend la guitare et le chant au conser vatoire. Ensuite, Ă©tablie Ă AthĂšnes pour ses Ă©tudes supĂ©rieures en littĂ©rature, elle intĂšgre diffĂ©rents groupes et se produit sur scĂšne « Je me sentais Ă ma place. Je savais que jâavais quelque chose Ă apporter aux autres » Elle quitte la filiĂšre littĂ©raire et sâoriente vers un master en musicologie, puis sâenvole pour la France. Elle parfait sa technique du chant jazz au conser vatoire Ă rayonnement rĂ©gional de Paris, ville oĂč elle habite dĂ©sormais. Actuellement, elle Ă©tudie au PĂŽle supĂ©rieur de musique ParisâBoulogne-Billancourt pour devenir enseignante et maĂźtriser les technologies musicales (enregistrement, mixage, etc.). Elle dispense aussi des cours de chant en musiques actuelles au conser vatoire de Malakoff Mais câest lors des concerts que la chanteuse sâĂ©panouit le plus, affectionnant ce partage avec le public et ses musiciens. « Seuls la musique et le moment prĂ©sent comptent alors. Jâai besoin de cette sensation, oĂč la course quotidienne sâarrĂȘte » Un projet qui lui tient Ă cĆur ? Voyager en RDC, poursuivre la quĂȘte des origines « Jâai trĂšs envie de dĂ©couvrir mes racines, rencontrer ma famille paternelle Je sens un grand manque Cette distance avec le Congo ne peut plus durer Je dois faire ce pas. » â
Mo ni ka Ka ba se l e, Gréc ofuturis me, 20 23, Ar t Di strict Musi c.
«Jâai trĂšs envie de dĂ©couvrir mes racines, rencontrer ma famille paternelle. Cette distance avec le Congo ne peut plus durer.»
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LE SENS DU 8 MARS
ScĂšne ordinaire, un 8 mars, dans un bureau Ă Ouagadougou : « Bonne fĂȘte, ma chĂšre ! Alors, ce soir, câest monsieur qui va faire la vaisselle ? » RĂ©ponse de la collĂšgue : « Oui ! Hi, hi, hi⊠» Plus tard, le mĂȘme jour, deux jeunes Ă©pouses devisent :
« Dis- moi, pour la fĂȘte de la femme, ton mari, il tâof fre quoi ? Les fleurs, ça va bien, hein Moi, jâai demandĂ© un bijou !
Ah ben, tu as raison. Câest quand mĂȘme notre jour, non ? Donc il faut un beau cadeau. » Partout en Afrique, câest la date convenue pour les Ă©changes gentillets, les petits rires Ă©touffĂ©s des dames, et le passage Ă la caisse des maris et amants Mais de lâĂ©volution de la condition fĂ©minine dans le monde, et en particulier en Afrique, point mot. Pour tant, câĂ©tait un peu le but de cette journĂ©e internationale. Elle rend hommage, certes, mais est aussi lâoccasion de faire le point sur le statut du « genre », comme on dit sur le continent. ĂgalitĂ© hommes -femmes, scolarisation des filles, violences, etc.
Mal heur eu sement, les chif fres qui sâ Ă©talent dans les colonnes des Ă©tudes des organismes internationaux Ă lâapproche du jour J dĂ©montrent dâannĂ©e en annĂ©e Ă peu prĂšs la mĂȘme tendance : une stagnation du statut des femmes dans nombre de domaines. La pandĂ©mie de Covid, les conflits gĂ©opolitiques, le rĂ©chauffement climatique et lâaggravation des situations Ă©conomiques dans le monde augurent, selon lâONU, que plus de 342 millions de femmes et de filles pourraient vivre dans lâex trĂȘme pauvretĂ© dâici Ă 2030 Et la rĂ©duction globale des dĂ©penses publiques impacte en premier lieu la gent fĂ©minine.
Principalement en Afrique, bien sĂ»r. En 2023, une Ă©tude de lâOrganisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques (OCDE) sur le continent rĂ©vĂ©lait que les deux pays oĂč le niveau de discriminations femmes-hommes est le plus Ă©levĂ© sont la Mauritanie et le Cameroun, la CĂŽte dâIvoire et le Zimb abwe Ă©tant les meill eurs Ă©l Ăšves en la matiĂšre. 60 % des femmes africaines habitent des pays oĂč ce niveau est classĂ© Ă©levĂ©, voire trĂšs Ă©levĂ©. Et au -delĂ de la discrimination sociale, Ă©conomique ou professionnelle, sâimpose toujours le poids de traditions ancestrales dans la sphĂšre privĂ©e, comme le mariage prĂ©coce. Un tiers des femmes africaines ĂągĂ©es de 20 Ă 24 ans ont Ă©tĂ© mariĂ©es avant lâĂąge de 18 ans. Et câest le cas de plus de 60 % des filles au Niger ou en RĂ©publique centrafricaine Ces chiffres symbolisent un frein majeur Ă lâĂ©volution des femmes sur le continent. Encore en 2024. â
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