AM 450 Free

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Fr an ce 4, 90 € – Afr ique du Sud 49 ,9 5 ra nd s (t ax es incl .) – Alg Ă©rie 32 0 DA – All em ag ne 6, 90 € – Au trich e 6, 90 € – Be lg iq ue 6, 90 € – Canada 9, 99 $C DOM 6,90 € – Esp ag ne 6,90 € – Ét at s- Uni s 8,99 $ – Gr Ăšce 6,90 € – It ali e 6,90 € – Lu xe mbour g 6,90 € – Ma ro c 39 DH – Pa ys -B as 6,90 € – Po rt ug al con t. 6,90 € Royaume- Uni 5,50 ÂŁ – Suisse 8,90 FS – TOM 990 F CFP – Tunisie 7,50 DT – Zone CFA 3 000 FCFA ISSN 0998- 9307X0 N° 45 0 - MAR S 20 24 TUNISIE, MONDE ARABE : FRACTURES ET POUVOIRS MAHI BINEBINE, EN TOUTES LIBERTÉS CÔTE D’IVOIRE : ADO, LA CAN ET L’ÉMERGENCE MAMADOU DIOUF RACONTE SON AFRIQUE MULTIPLE L 13888 - 450 H - F: 4,90 € - RD À LA RECHERCHE D’UN NOUVEAU GABON SAHEL : LE PARI TRÈS RISQUÉ DE L’ALLIANCE L’interview de Hamza Meddeb par Zyad Limam
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UNE REMONTADA IVOIRIENNE

Fi nal e de l a Cou pe d ’A fr iq ue d e s n ati on s. Le stad e Al as sa ne O uat ta ra d’Eb im pĂ© ch avire de jo ie dan s la nu it ch au de du 11 fĂ©vri er de rn ie r. Le s Él Ă©pha nt s so nt ch ampio ns au te rm e d’un match maĂźtrisĂ© face aux Green Eagles du Nigeria. SĂ©bastien Haller, revenu de tout, du cancer et de la blessure, a marquĂ© le but victorieux. Le prĂ©sident, Ă©mu presque aux larmes, remet la coupe Ă  cette Ă©quipe de toutes les CĂŽte d’Ivoire – du nord au sud, de l’est Ă  l’ouest, sa ns ou bl ie r le s « di as po ». La nu it se ra d’aut an t plus be ll e qu e l’on revi ent de lo in Des trĂ© fo nds de l’ hu mi li at ion et de la dĂ© fa it e, av ec ce tris te me nt cĂ© lĂš bre 4- 0 en cais sĂ© en match de po ul es contre la GuinĂ©e Ă©quatoriale. On connaĂźt tous l’histoire de cette remontada fabuleuse, de la rĂ©volte de cette Ă©quipe magnifique, de son audace et de son talent Cette hi stoire pu issa nte, sy mbolique, d’unitĂ© et de rassemblement pour tout le pays.

La CĂŽte d’Ivoire a gagnĂ© la coupe. Mais elle a aussi gagnĂ© l’organisation de la Coupe. Le gouvernement, dirigĂ© par Patrick Achi, puis dans la derniĂšre ligne droite par le trĂšs efficace Robert BeugrĂ© MambĂ©, s’est mobilisĂ©, tout comme le COCAN et les administrations concernĂ©es. Il y a certainement eu des « flous », mais Ă  chaque fois, le coup de barre nĂ©cessaire a Ă©tĂ© donnĂ©. Il n’y a pas eu d’incidents majeurs, la sĂ©curitĂ© a Ă©tĂ© assurĂ©e. Les stades Ă©taient prĂȘts, opĂ©rationnels. Les pelouses ont fait mieux que tenir. AprĂšs quelques bugs initiaux, le public Ă©tait au rendez-vous et les visiteurs nombreux On aura fait le plein, et souvent la fĂȘte, dans les hĂŽtels et les restaurants des villes organisatrices. Ça a Ă©tĂ© une trĂšs belle Coupe d’Afrique, sinon la plus belle. Les mĂ©dias, les retransmissions tĂ©lĂ© et radio, les influenceurs, les visiteurs, les performances et le story telling de l’équipe ivoirienne ont renvoyĂ© au monde l’image d’une CĂŽte d’Ivoire dynamique, en mouvement, en confiance Ce n’était pas couru d’avance L’ef fort interne a dĂ» ĂȘtre spectaculaire. Mais il est aussi rĂ©vĂ©lateur de ce qu’est la CĂŽte d’Ivoire d’aujourd’hui.

Ra pide fl as h- back. DĂ©but 2011, ce n’est pas si loin, un peu plus d’une dĂ©cennie. Le pays sort de la quasi- guerre civile, et de ce que l’on appelle assez pu di qu em ent la « cri se po st -Ă© le ctoral e ». Al as sa ne Ou at ta ra arriv e au po uv oi r, mai s la tĂą che est immense. L’État est Ă  terre, l’économie dĂ©vastĂ©e, les blessures profondes, et chaqu e camp compte ses victimes Une force des Nations unies maintient le pays dans un Ă©quilibre prĂ©caire.

To ut ce la va ch an ge r, ra pide me nt . Gl obale me nt , la ri ch es se a do ublĂ© d ep ui s, et devr ai t doubler encore d’ici 2030. Le PIB avoisine les 70 milliards de dollars, hissant la CĂŽte d’Ivoire au rang de neuvi Ăšm e puissanc e du continent, avec un e Ă©cono mi e qui pĂš se dorĂ©navant autant qu e ce ll es du Cameroun et du SĂ©nĂ© gal rĂ©unies. Ab idjan s’inscrit comme une citĂ© globale et cosmopolite, une interface entre l’Afrique et le monde. Le PIB par habitant se place au -dessus de la moyenne globale des pays d’Afrique subsaharienne, et Ă  la seconde place du bloc Cedeao (juste derriĂšre le Cap-Vert, devant le Nigeria, le Ghana, le SĂ©nĂ©gal
) Le pays est crĂ©dible sur les marchĂ©s internationaux, comme le montrent le su cc Ăšs rĂ© ce nt de l’eu ro bo nd de 2,6 milli ards de dollars et le plan de soutien du FMI signĂ© l’annĂ©e derniĂšre. La CĂŽte d’Ivoire se construit. On peut parler de la transformation parfois spectaculaire d’Abidjan, des ponts qui enjambent la lagune, des pĂ©riphĂ©riques qui ceinturent la ville, des tours qui montent dans le ciel, du mĂ©tro qui arrive Mais l’ef fort concerne aussi les hinterlands du pays, avec barrages, routes, Ă©lectrification des communes rurales, construction d’hĂŽpitaux, d’universitĂ©s, et d’autres choses encore.

Mal gr Ă© le s bl es su res de l a gu er re, l’hĂ© ri ta ge de l’ivoiritĂ© et des annĂ©es 20 00, malgrĂ© justement la pression migratoire, malgrĂ© les toujours actuelles instrumentalisations ethno -politiques de tous bords, et mĂȘme si le processus de rĂ©conciliation a Ă©tĂ© complexe, souvent heur tĂ©, la CĂŽte d’Ivoire retrouve, in fine,

AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24 3 Ă©dito
BAUDOUIN MOUANDA

un e fo rm e d ’u nitĂ© dans sa d ive rs itĂ©. C ’e st f ra gil e, o ui, rĂ© cent, mais l’urbanisation, la croissance favorisent la mixitĂ©, les mariages inter- ethniques, les intĂ©rĂȘts communs. La CAN, aussi, l’a montrĂ©.

La dĂ© mo cra ti sa ti on , mĂȘ me i mp ar fa ite, avan ce plus vite sous le RHDP que sous tous les autres rĂ©gimes prĂ©cĂ©dents, de FĂ©lix HouphouĂ«t-Boigny Ă  Henri Konan BĂ© di Ă©, en pa ssant par La urent Gb agb o. De pu is 2021, le pays a connu des Ă©lections lĂ©gislatives, puis municipales et rĂ©gionales, largement ouvertes et compĂ©titives Les at teintes flagrantes ou les plus brutales aux droits de l’Homme restent rares. Le prĂ©sident Alassane Ouattara est puissant, sa parole compte avant tout, mais le systĂšme a des entrĂ©es multiples La scĂšne mĂ©diatique est dynamique, les tĂ©lĂ©s privĂ©es (et publiques) animent le dĂ©bat, pas uniquement politique, mais aussi sociĂ©tal Internet et les influenceurs montent en puissance

Au se in du par ti au pouvoi r, les am bi ti ons des uns et des autres ne manquent pas Et elles ne sont pas forcĂ©ment cachĂ© es L’opposition est lo in d’ ĂȘtre aphon e. Guillaume Soro est en exil, rĂ©sultat de ce qui est perçu comme une trahison du pouvoir. Mais Laurent Gbagbo est dorĂ©navant un homme libre et son influence est bien rĂ©elle, tout comme celle de sa femme, Simone Le PDCI, grand parti historique, s’est dotĂ© d’un nouveau chef, affiliĂ© Ă  la famille du prĂ©sident fondateur FĂ©lix HouphouĂ«t- Boigny. Tidjane Thiam peut s’appuyer sur un parcours international assez bluf fant. Il est relativement jeune (63 ans), il a le « drive », comme diraient nos amis anglo -saxons. Mais le par ti est Ă  reconstruire de bas en haut. Et reste Ă  voir si l’at tractivitĂ© de « TT » dĂ©passera les Ă©lites d’Abidjan pour rĂ©sonner dans les territoires historiques et agraires du pays, et aussi au-delĂ , au nord et Ă  l’ouest (une extension nĂ©cessaire pour celui qui voudrait briguer la magistrature suprĂȘme) Bref, la CĂŽte d’Ivoire, ce n’est pas la SuĂšde ou le Danemark. Le chemin reste long, mais la scĂšne politique est vivante Et vivace

Bien Ă©videmment, les di ff icul tĂ©s et les im pa sses ne ma nque nt pa s. La dette et le fi nanc em ent de la croissance sont de vĂ© ritables qu estions Pour honorer ses engagements, maintenir sa crĂ©dibilitĂ©, le pays devra maxi mis er se s pe rforman ce s, ex por te r pl us et mi eu x, mob ili se r au ssi le s re ss ou rc es intĂ© ri eu re s. Le ch oc de mo de rnisation ex ig era un ef fo rt majeur de la par t de chacun, en particulier dans le secteur public La pauvretĂ© diminue, mais elle est loin d’avoir disparu. Tout comme la corrupti on El le se retrou ve mĂȘ me alim entĂ© e par le volume de l’économie nationale Les inĂ©galitĂ©s, qui sont

au ssi le frui t de la cro is sa nce ra pi de, se creu se nt. Le s zones de pauvretĂ© posent un dĂ©fi permanent, comme le montre l’actuelle crise des dĂ©guerpissements Ă  Abidjan. Sur l’ensemble de la ville (5 Ă  6 millions d’habitants), on estime le nombre d’habitants en situation prĂ©caire ou ultra -prĂ©caire Ă  80 0 000

Pour la premiĂšre fois depuis 30 ans, la CĂŽte d’Ivoire est so rt ie de la ca tĂ© gor ie d es pay s Ă  ID H fa ib le po ur rejo ind re ce ll e de s pay s Ă  IDH moye n, mai s la pe rformance pourrait ĂȘtre nettement meilleure. Le dossier des Ă©galitĂ©s de genre, de l’égalitĂ© hommes -femmes, de la promotion et de la protection des jeunes filles reste une urgenc e. Les qu estions li Ă©es Ă  l’ Ă©ducation, au niveau gĂ©nĂ©ral, Ă  la formation restent aussi des prĂ©occupations majeures.

Ce la Ă©t an t di t, et sa ns so mb re r dan s l’ul tr a- opti mis me, la CĂŽte d’Ivoir e res te, depuis le virag e des

4 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24
ÉD ITO

Le président Alass ane

Ou at ta ra , à Eb im pé, dans le stad e qui po rte son nom

annĂ©es 2010, l’un des rares exemples africains d’émerge nc e rĂ© el le. Une dy nam iq ue es t en pl ac e en C ĂŽte d’Ivoire, et Ă  Abidjan plus par ticuliĂšrement. Mais les villes comptent de plus en plus dans le processus : on ne se se nt pas en pĂ© riphĂ© r ie du mond e, comm e as phyx iĂ© par des problĂ©matiques ultra -locales. On sent un air de grand large. Et ça fait du bien.

Au cƓur de cette dynamique, il y a une constance, un proj et Et le rĂŽ le du prĂ©si de nt, Alass an e Drama ne Ouat tara ADO gouverne Ă  la fois de haut et de prĂšs Il fait, bien sĂ»r, de la politique. Il est clairement patriarche, et parfois ombrageux. Il s’est battu pour accĂ©der au pouvoir Il a crĂ©Ă© un par ti, un courant, un mouvement en sa faveur, avec des lieutenants qui lui sont largement fidĂšles. Il es t ento urĂ©, et ça compte Sa ga rd e ra pp ro ch Ă©e le protĂšge, et ça compte. Il est suivi par la technostructure, et ça compte

Mais ce qui est primordial pour lui, c’est le rĂ©sultat. Intimement, ADO veut rĂ©ussir, montrer qu’un pays africain peut rĂ©ussir, montrer qu’un chef d’État africain peut changer la donne et sortir des clichĂ©s habituels. Il est soucieux de son hĂ©ritage, de sa place dans l’histoire du pays, de l’image qu’il renvoie au monde.

Évi de mm ent , ri en n’es t ga gn Ă© et le fu tu r es t Ă  Ă©crire. Il faut maintenir et accentuer les cercles vertueux du dĂ©veloppement. Accentuer et maintenir les cercles vertueux de la dĂ©mocratisation et de la modernisation. Tenir compte des nouvelles menaces, comme le changement climatique et les paramĂštres sĂ©curitaires rĂ© gi on au x. A ff ro nte r, en fi n, l’ Ă©c hĂ© anc e qui arrive. En octobre 2025, aura lieu l’élection prĂ©sidentielle. ADO n’a pas fait part de sa dĂ©cision ni de ses choix, mais il connaĂź t plus que tout autre les enjeux. Il sait que l’échĂ©ance l’engage, ainsi que toute la CĂŽte d’Ivoire ■

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ANGE SER VA IS MAHOUENA/FLICKR GOUVERNEMENT DE CÔTE D’IVOIRE

N° 450 MA RS 20 24

3 ÉDITO

Une remontada ivoi rien ne par Zyad Limam

10 ON EN PARLE

C’EST DE L’A RT, DE LA CU LT UR E, DE LA MODE ET DU DESIGN Sous les Ă©toiles du Ghana

PHOTOS DE COUVERTURE :

ISSOUF SANOGO/AFP - LUDOVIC/RÉA - PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE DU MALI - OLYMPIA DE MAISMONT/AFP - ORTN/TÉLÉ SAHEL/AFP - CHEDLY BEN IBRAHIM/HANS LUCAS - KAMAL AIT

34 PA RCOURS

Monika Kabasele par Astr id Kr ivian

37 C’EST COMMENT ?

Le sens du 8 mars par Emmanuelle Pont ié

84 CE QU E J’AI APPRIS Mok htar Samba par Astr id Kr ivian

96 VI VR E MIEUX

Affronter le diabĂšte par Annick Beaucousin

98 VI NGT QU ESTIONS À
 Puppa LĂ«k SĂšn par Astr id Kr ivian

TEMPS FORTS

38 À la recherche d’un nouveau Gabon par Emmanuelle PontiĂ©

46 Hamza Meddeb : Une fractu re entre les peuples et les pouvoirs par Fr ida Dahmani

52 Une alliance Ă  haut risq ue par CĂ©dr ic Gouver neur

60 Mahi Binebine : « L’A fr iq ue peut devenir une conscience pour le monde » par Astr id Kr ivian

68 Guslag ie Malanda : Au cƓur de son rîle par Astr id Kr ivian

74 Mamadou Diou f : Un continent des multiples par Astr id Kr ivian

80 Beata Umu byey i Mairesse : « Une journĂ©e si particuliĂšre, celle oĂč nous sommes devenus des su rv ivants » par Catherine Faye

Afrique Magazine est interd it de diffusion en AlgĂ©r ie depuis mai 2018. Une dĂ©cision sa ns aucu ne just ifcation. Cette grande nation africaine est la seule du continent (et de toute notre zone de lect ure) Ă  exercer une mesure de censure d’un autre temps.

Le maintien de cette interd iction pĂ©nalise nos lecteu rs algĂ©riens avant tout, au moment oĂč le pays s’engage dans un grand mouvement de renouvellement. Nos am is algĂ©r iens peuvent nous retrouver su r notre site Internet : www.afriquemagazine.com

8 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24
DRLUDOVIC/RÉA
P.10 P.38

BUSINESS

86 CrĂ©ditscarbone : l’heuredudoute

90 Jonathan Cook : «Quellesgaranties pour la population?»

92 La menace desHouthis redessinelacar te du fret

93 IntĂ©rĂȘtcroissant desÉtats-Unispou r lesm inĂ©rau xafr icains

94 Optimisme en RDC aprÚslarév ision du« contratdusiÚcle»

95 Riz: le Pakistan et la ThaĂŻlande concurrencent l’Inde parCĂ©dricGouver neur

FONDÉ EN 1983 (40e ANNÉE)

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Jean- MarieChazeau, FridaDahmani, Catherine Faye, CĂ©dric Gouverneur, Dominique Jouenne,Astrid Krivian, LuisaNannipieri, SophieRosemont.

VIV RE MI EUX

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P.46 P.74 P.68

ON EN PA RL E

C’est ma in te na nt , et c’est de l’ar t, de la cu ltu re , de la mo de , du de si gn et du vo ya ge

10 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24
DR
Denyse Gawu- Mensah, Golden Sun, Living with Sun (2023).

EX PO

SOUS LES ÉTOILES DU GHANA

À LONDRES, PU IS ACCR A, Ga ller y 1957 signe une ex po en deux pa rt ies, dĂ©diĂ©e Ă  la boui llon na nte communautĂ© ar tist iq ue qu i travai lle entre les deux pays.

LA GA LERIE LONDONIENNE 1957 fĂȘte son huitiĂšme anniversaire avec une double expo – dans la capitale britannique Ă  partir du 14 mars, et plus tard cette annĂ©e Ă  Accra. IntitulĂ© « Constellations – Part 1: Figures On Earth & Beyond » (« Formes sur la Terre et au-delĂ  »), ce premier volet accueille les travaux d’une quinzaine d’artistes, Ă©crivains, rĂ©alisateurs et commissaires d’art. Parmi les Ɠuvres commanditĂ©es pour l’occasion, on remarque celle d’Adelaide Damoah, pour sa premiĂšre collaboration avec la galerie. Elle y mĂ©lange rĂ©fĂ©rences aux monuments londoniens, images de sa famille ghanĂ©enne et dentelles victoriennes, sy mboles du lien entre colonialisme et hĂ©ritage Des artistes suivis de longue date par 1957, comme Modupeola Fadugba ou Amoako Boafo, qui exposent aujourd’hui aux quatre coins du globe, sont aussi de la partie. Avec des Ɠuvres inspirĂ©es de la Terre ou des Ă©toiles, de l’histoire ou de la science-fiction, « Constellations » propose d’entamer une conversation, de rĂ©imaginer radicalement la cohabitation entre humain et non-humain Ă  travers l’art, et met l’accent sur l’unicitĂ©, les similitudes entre les habitats naturels et artificiels de Londres et Accra. ■ Luisa Nannipieri

« CONSTELLATIONS – PART 1: FIGURES ON EARTH & BEYOND », Galler y 1957, Londres (Royaume-Uni), du 14 mars au 25 mai. gallery1957.com

AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MAR S 20 24 11 DR (3)
Rashaad Newsom, Self Inventions (2023) L’artiste nigĂ©riane Modupeola Fadugba. Adelaide Damoah, peintre et performeuse d’origine ghanĂ©enne

PA RL E

CARREFOUR DESIDÉES

LA SCÈN ELIT TÉRA IR E

DU CONT IN EN Tetdes

diasporas, àl ’hon neur àPar is.

AV EC 6000 VISITEURS l’annĂ©e derniĂšre,l’évĂ©nement tĂ©moigne du dy namismedecemonde du livreafricain francophone. ReprĂ©sentĂ©epar desauteurs tels que Charline Effah, EugĂšneÉbodĂ©, BeataUmubyey iMairesse ou encore Wilfried N’SondĂ©, la troisiĂšmeĂ©dition entend captiver un plus largepublic. Pendanttrois jours, 200Ă©crivains, 60 Ă©diteurs et librairesvenus d’Afrique, d’Europe,d’A mĂ©riqueetdes CaraĂŻbes brasseront quantitĂ© de rĂ©flexions et d’échanges.Que ce soit l’intelligence artificielleauser vice de la traduction dans leslangues localesafricaines ou un regard critique surleroman policier,les thĂ©matiquesabordĂ©eslorsdes rencontres promettent de «dĂ©cloisonner lesimaginaires »etde «repenserles futurs ». UnemaniĂšre de porter haut et fort la diversitĂ©delalittĂ©rature africaineetafro-descendante.

Notammentavecunhommage Ă l’effer vescence littĂ©raire de la CĂŽte d’Ivoire et Ă l’écrivain et hommepolitique congolais Henri Lopes,deuxremises de prix et l’intervention de slameurs,depoĂštes, de conteurs. ■ Catherine Faye

SALONDULIVRE AFRICAIN, Paris(France), du 15 au 17 mars 2024 salondulivreafricaindeparis.com

SO UN DS

Àécouter maintenant !

Ki ng Biscuit

Volt ageD iarr a, Joie’n’Re cord s/ Inou ïe Di st ri bution

Paru peuavant le premier conf inement, en 2020, le dernieralbum en date du trio français,formĂ© parleguitaristeSylvain Choinier,lebatteur JohanGuidou et la clav iĂ©risteA nnie Langlois, n’avaitpu dĂ©ployer touteson Ă©nergie.Une excellente raison pour rev isiter cescompositions aveclemulti-instr umentisteburkinabĂš Oua-A nouDiarra, dont le djĂ©lin’goni dĂ©ploie icitoutesses vertus

JoweeOmici l

Spir it ua lHea li ng:Bwa Kayi ma nFre ed om Sui te,Bash! Vi llageRecord s/ Modu lor

On ne prĂ©sente plus ce musicien canadien, fils de pasteurhaĂŻtien, fort d’unecarriĂšre intensĂ©mentspirituelle

En tĂ©moigne ce nouveau disquefascinant,tantpar sonpartipris instrumental (etque soufflentles vents!) quenarratif, explorantles stigmatesde la rĂ©volutionhaĂŻtienne de 1791.Ilfaut Ă tout prix se plongersansrĂ©ser ve dans cettemosaĂŻqued’une vingtainedepiĂšces musicales, Ă Ă©couter d’uneseule traite

Mali kAdouane

Af terR aĂŻ Part y, 19 92-2008, El mi rRecord s/ Ku roneko

D’origines saharaoui soufi, italienneetcelte,le musicien livredanscette copieusecompilation sa version arabedu cultissime Shaf t d’Isaac Hayes, et rappelle queson af terraĂŻ sous influencetechnoest unepotion magiquecapable de mĂȘlerleblues Ă la soul et au funk,sansjamaisoublier les sonoritĂ©sorientalestraditionnelles.Et c’est absolument irrĂ©sistible ! ■ SophieRosemont

ON EN
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❶ ❷ ❞ DR (4)
LI TT ÉR AT UR E

CI NÉ MA

L’ÉTERNELLEVOIXDUREGGAE

BOBMAR LEY: ON ELOV E (États-Unis), de Reinaldo MarcusGreen. Avec Ki ngsley Ben-Ad ir,Lasha na Ly nch, Ja mes Norton.Ensalles

Hollywoodaenf in trouvĂ© sonBob Ma rley !Unf il mq ui rest it ue LA PU ISSA NCEDECRÉAT IONdumusicienjamaĂŻca in, toujou rs aussiĂ©coutĂ©plusdeq ua ra ntea ns aprĂšssad ispa rition.

LE PR EMIERBIOPICsur le crĂ©ateur de «Could YouBe Loved»,coproduitpar Brad Pitt et la familleMarley, est portĂ©par Kingsley Ben-Adir, l’un desKen de Barbie (2023), assezcharismatique pour avoirdĂ©jĂ Ă©tĂ© MalcolmXetBarack ObamaĂ l’écran.DerriĂšre la camĂ©ra :ReinaldoMarcusGreen (La MĂ©thodeWilliams,2021),cinĂ©asteduBronx,qui tient Ă son deuxiĂšmeprĂ©nom –unhommage Ă MarcusGar vey, militantjamaĂŻcain,prĂ©curseurdupanafricanisme, dont Bob Marley s’estinspirĂ© pour lesparoles de «RedemptionSong»

L’Afriquen’est jamais loin. Le concertouvrant le film estdĂ©diĂ© Ă HailĂ©SĂ©lassiĂ©, empereur d’Éthiopie,dieudes rastafariens –mouvement rejointpar l’artisteen1966. Mais l’action est resserrĂ©esur la pĂ©riode1976-1978,quand le prodige mĂ©tis s’éloignedeson pays en proie Ă laviolencepolitique,aprĂšs avoir Ă©tĂ©blessĂ©par balledeuxjours avantde monter sur scĂšne. On le voit au travail, en Europe,soucieuxdecrĂ©erune musiqueporteuse d’un messagedepaixetd’antiracisme

Le scénariodonne aussitoute sa placeàson épouse :Lashana

Ly nchest uneRitaMarleyaussi forte queson personnage de guerriĂšre du Dahomeydans The WomanKing (2022).Tant pispourles sixautrescompagnesdeBob Marley (ilareconnu onze enfants)
LorsdelaprĂ©paration et du tournage du film,laprĂ©senceactive de sa veuve,deses deux aĂźnĂ©s et de sesmusiciens (trois fils desWailersincarnent leur pĂšre jeune et jouent en play-back!)garantitl’authenticitĂ©de ce qu’on voit.Des zonesd’ombresont Ă©voquĂ©es (letraumatisme d’un pĂšre blancqui l’aabandonnĂ©,sajalousie, sapartdeviolence) et nuancent leportraitdumythe.Lefilm Ă©voque unefuture tournĂ©eafricaine, entachĂ©e de dĂ©tournementsfinanciers, mais s’arrĂȘte avecleconcert historiqueenJamaĂŻque, qui parvient Ă faireserĂ©concilier lesdeuxchefs de partiqui ensanglantaientK ingston. Deux ansplustard, il chantait Ă Librevilleenpetit comitĂ© pour Omar Bongo,avant de cĂ©lĂ©brer Ă Hararel’indĂ©pendanceduZimbabwelorsdeses deux seulsconcertspublics en Afrique, quelques mois avant de mourir,Ă  seulement36ans ■ Jean -MarieChazeau

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CHIABELLA JAMES/2023 PA RAMOUNT PICTURES -D R

Le s crĂ©atio ns de l’ar ti ste es pagn ol (Ă  droi te) se mĂȘ le nt Ă  de s objets an cest ra ux (Ă  ga uc he).

RE ND EZ -V OU S

MATIÈRES VIVANTES

UN FACE-À-FACE EN TR E STAT UES, MASQUES AFRICA INS ET UN E SÉLECT ION D’ƒU VR ES du plasticien Miquel Ba rceló.

AU MUSÉE GENEVOIS, le nĂ©o-expressionniste espagnol Ă©labore un dialogue quasi charnel, oĂč la notion de scarification Ă©tablit un point de rencontre entre toiles, objets, sculptures et cĂ©ramiques Comme une trace ou une forme d’écriture en attente d’ĂȘtre lue. Une rencontre entre deux mondes. Proche des Ă©crivains-voyageurs infatigables, parcourant lui-mĂȘme la planĂšte, Miquel BarcelĂł incise, dĂ©forme, dĂ©chire. Un geste crĂ©atif cathar tique, rĂ©pondant au cheminement de celui qui, pendant une trentaine d’annĂ©es, a vĂ©cu Ă  mi-temps au Mali, Ɠuv rant et crĂ©ant auprĂšs des Dogon. « C’était l’endroit

oĂč faire une tabula ra sa », se souv ient-il Sa peinture et ses cĂ©ramiques se sont dĂšs lors transformĂ©es, dans une volontĂ© de se libĂ©rer autant de l’emprise du sujet que de celle des formes connues de l’ar t. De cette connivence entre ar tisanat, techniques millĂ©naires, cosmogonie, codes contemporains et explorations intimes, est nĂ© un mode d’expression protĂ©iforme, faisant Ă©cho aux divers traitements de la texture et du signifiant ■ C.F.

« SCARIFICATIONS », Miquel BarcelĂł et le musĂ©e Barbier-Mueller, GenĂšve (Suisse), jusqu’au 21 avril 2024 barbier- mueller.ch

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UN GARÇON ÀTOUTPRIX

En Jordan ie,u ne jeuneveuve estmenacée de tout perd re au prof it de la fa mi lledeson ma ri.L ADUR ELOI DU PATR IA RCAT RELIGI EU X


AU DÉCÈSSOUDA IN DE SONM AR I, Nawal, 30 ans, risque de perdre sonlogement, mĂȘme si sa dotavait serviĂ en payerlamoitié  Fautedecontrat de mariage, et en l’absence d’hĂ©ritier mĂąle,elleest menacĂ©ed’expulsion.Pire: si elle n’a plus de moyens,safillepeutlui ĂȘtre retirĂ©e pour ĂȘtre placĂ©e dans sa belle-famille. Àmoins qu’ellenesoitenceintedefeu sonmarietqu’elle attendeungarçon
 Cesloispatriarcales, quispolientles femmes en faveurdes hommes au nomdela religion,l’entraĂźnentdansune descente auxenfers, quiest aussi l’occasion de suivre sonpersonnage(parfaitement interprĂ©tĂ© par MounaHawa) d’un quartier Ă l’autre d’unevillepeu reprĂ©sentĂ©e au cinĂ©ma :A mman.Avecunvraisuspenseautourd’untestde grossesse
 Ce premierfilm du Jordanien AmjadA lRasheed (coĂ©crit avecdeuxfemmes) est« unehistoiredesur vie, de responsabilisation et d’espoir », explique le cinĂ©aste. C’estaussi un thriller social et sociĂ©tal limpideetefficace ■ J.-M.C

INCHALLAH

UN FILS (Jordan ie), de AmjadA l Rasheed. Avec MounaHawa, Seleena

Ra ba ba h, Ha it ha m Omari

En sa lles

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TH RI LL ER

TIKENJAH FAKOLY En mode acoustique

AUSSIENGAGÉQUE PROLIFIQUE,l ’a rt iste ivoi rien revientavec un al bu mrev isitantses composit ions en acoust iq ue.Une vĂ©rita blerĂ©ussite!

AM : Ce n’estpas rien,derevisiter desmorceauxdevotre propre rĂ©pertoire, de «Plusriennem’étonne» à« Justice»  TikenJah Fakoly : MĂȘme si ce sont deschansonsque j’ai Ă©critesilya un certain temps, j’étaisemballĂ© pendant l’enregistrement, carj’aitoujours rĂȘvĂ©defaireunalbum acoustique.Celafaitdes annĂ©esque j’en parle. C’est vraimentunrĂȘvequi,une fois rĂ©alisĂ©, permet de mettre la voix en avant, et doncles textes
Letimbreprendle pouvoirsur tous lesinstruments.J’aihĂątedefairevivre cesmorceauxrĂ©arrangĂ©slorsdela tournĂ©eĂ venir ! On entendd ’autres voix quelavĂŽtre surcet album. Comment avez-vousenvisagĂ©ces duos ?

Selon la vibrationdutitre Ă rĂ©interprĂ©ter !Sur «Les Mart yrs»,laperformance du rappeurTiggs Da Author estextraordinaire. J’avaisĂ©galement trĂšs envied’inviter le BrĂ©silienChico CĂ©sar, quej’apprĂ©ciebeaucoup, et le JamaĂŻcain Horace Andy,que j’ai rencontrĂ© Ă lafin des annĂ©es1990.Savoixest exceptionnelle. J’avaisaussiledĂ©sir de travailleravecNaĂąman,qui fait partie de la nouvelle gĂ©nĂ©ration de chanteurs reggae français.Ily aaussi Tapa,

l’hĂ©ritiĂšre de la grande cantatrice malienne Kandia KouyatĂ©, sur le titre« Alou MayĂ© », Bernard Lavilliers,unvieil ami quejerespectebeaucoup, M, toujours foisonnant d’idĂ©es
 En quoi Acoustic renoueavecvos racines, gĂ©ographiquescomme musicales?

Lesinstruments utilisĂ©s viennent de l’Afriquede l’Ouest. Le balafon, la kora,len’goni
 Ilsont bercĂ© monenfance et monadolescence, puisquemes parents Ă©coutaientdelamusique mandingue. Acoustic estunalbum Ă travers lequel je veuxmontrer d’oĂč je viens, mais aussi retracer macarriĂšre grĂąceaux chansons quiyfigurent. Et je suis trĂšs heureuxdurĂ©sultat! ■ propos recueillispar SophieRosemont

TIKENJAH FAKOLY, Acoustic, Chapter TwoRecords/ Wagram Music. En tour néedanstoute laFra ncedÚs le mois de ma rs.Enconcert àlaSallePleyelles 13 et 14 novem bre2024.

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JustineMasika Bihamba «Leviolcomme arme de guerre,c’est pour anĂ©antir »

Mi lita nte, prĂ©sidente de l’ONG Sy nerg ie desfem mes pour lesv icti mesdev iolences sexuel les(SF VS), celleq ui portesavoi xau-delĂ  desf ront iĂšressig ne un tĂ©moignagefondateur pour lesgĂ©nĂ©rat ions Ă ven ir.

AM : Pouvez-vousdresserunĂ©tatdes lieux de la situation gĂ©opolitique et humanitaireauNord- Kivu, Ă l ’est de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo ?

JustineMasika Bihamba: La situation estalarmante, surtoutpournousqui vivons Ă Goma. La ville, comptant 2millions d’habitants–tousles villages environnants l’ont rejointe pour fuir lescombats –, estencerclĂ©e, quasimenttoutesles voiesd’approv isionnementsont barrĂ©esetles bombardementsnecessentpas.Avecles conf lits en cours et l’escalade de la violence, c’esttoute la RDCqui estconfrontĂ©e Ă l’une desplusimportantes crises humanitaires et de dĂ©placements internes dans le monde (6,9 millions de personnes).Jepensais qu’une telleapocaly psenepouvait existerque dans la Bible, mais nous sommes en train de la vivre. En quoi la communautĂ© internationale manque -t -elleĂ ses engagements?

ÀGoma, tout le mondeest lĂ  :les Nationsunies,l’Union europĂ©enne
Mais cesinstances prĂ©sentesnefontqu’observer la misĂšre de la population et Ă©tablirdes rapports,sansjamaisinter venir pour faire cesser leshostilitĂ©s et sanctionnerles autoritĂ©s corrompues. Depuis quenoussommesen guerre,noussubissons despillages,des violsdemasse et desmassacres.Maintenant,s’ajoutentles affrontements rĂ©pĂ©tĂ©sentre lesforcesarmĂ©esdelaR DC,Ă©paulĂ©espar lessoldats hutu burundais, lesgroupes armĂ©s« patriotes » et la rĂ©bellion du M23, composĂ©majoritairementdeTutsi etsoutenu parleRwanda. Le pays n’estpas uneprioritĂ©. Pourtant,l’est estl’une desrĂ©gions lesplusstratĂ©giquesau monde, au vu desmatiĂšrespremiĂšresqu’elle abrite :cobalt, uranium,coltan,etc.Mes enfants, mespetits-enfantsn’ont jamais connulapaix. C’est, entreautres, pour cetteraison quej’aiĂ©crit ce livre. Pour quel’onentende nosvoix.

Le viol commearme de guerreenRDC estaucƓurdevotre action.

Lesv iols existaient avantles conf lits armĂ©s, mais gĂ©nĂ©ralement,unv ioleur Ă©taitchassĂ©duv illage. Il devait aller viv re ailleurs, dans la forĂȘt, carils’était comportĂ© «commeunanimal ». Le viol commearmedeguerre, c’est tout autrechose. Il apourbut de se venger, de dissuader, de dĂ©truire.Ilnes’agitplusdedĂ©sir sexuel.Lorsqu’on violeunbĂ©bĂ©ouque l’on introduitdes objets pointus dans lesorganesgĂ©nitauxdes femmes,c’est pour anĂ©antir.Lorsqu’on violeune femme, c’esttoutun villagequi estbrisĂ©. On sait la valeur desfemmes, surtoutdanslacommunautĂ©. En lesprofanant, c’esttoute la familleque l’on vise, lastructure et l’équilibrepsychologiquesetsociaux de chacun De quelle maniĂšre intervenez-vous ?

La SF VS,crĂ©Ă©een2002, estune plateforme qui prendenchargeetoriente lesv ictimesversl’aide dont ellesont besoin: mĂ©dicale,psychologique, juridique. Plusdetrente organisationsaccompagnent les femmes et lesfilles agressĂ©es, humiliĂ©eset rejetĂ©es parlasociĂ©tĂ©,etont dĂ©jĂ prĂ©sentĂ©plusieurs fois leurs revendicationsĂ l’ONU.Aveclareprise des affrontements, la situations’est aggravĂ©e, et le viol commearmedeguerreprend de nouvellesformes, commelaprostitution.Les adolescentsetadolescentes dont lesparents sont mortssousles bombes ou au combat n’ont pasd’autre issuepoursur vivreque de se prostituer, et ce sans protection.Aujourd’hui,nousavons comprisque sans associer leshommes, potentiels auteurs de viols, nous n’irons nullepart. Noussommesdoncentrain de travailler surlamasculinitĂ© positive,encheminantmain dans la main avecceuxpourqui la valeur,lerespect et lesdroitsdes femmes sont fondamentaux. Ce sont nosmeilleurs alliĂ©s. Pour fairepasseretentendreles messages.Pourconvaincre et allerde l’avant. ■ Propos recueillispar CatherineFaye

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Ju stin eM asika Bi ham ba , Fe mm ed eb out fa ce àla gu erre, Éd itio ns de l’Au be, 22 4p ag es,22 €

De hautenbas :

Pour une poignĂ©e de dollars, LosAngeles (2019) ; Sans titre (2023) ; l’ar tiste tenantl ’une de sesƓuvres

PAR- DELÀ LESFRONTIÈRES

Im mersiondansl ’intimeetleprocessus crĂ©ati fdeMOH AM ED BOUROU ISSA.

DEPUIS UNEV INGTAINE D’ANNÉES,leplasticienalgĂ©rofrançais n’en finitpas de surprendre. Devenuartiste un peupar hasard,ilest passĂ©d’unmĂ©diumĂ l’autre,delaphotographie Ă lav idĂ©o,dudessinĂ ladanse ou au rap, de la sculptureĂ  la mise en scĂšne. Mais,chezcet infatigablecrĂ©ateurd’espaces et explorateurdel’altĂ©ritĂ©, tout estliĂ©.Comme dans cette exposition quirassemble dessins, images,partitionssonores, plantes, aquarelles, ou encore Ă©crans projetantune sĂ©lection de filmsdĂ©filanttelle uneplaylistpendant plus d’uneheure Un ensemble sans ordreapparent, oĂč se rĂ©vĂšlentcependant l’esprit et lesengagements de MohamedBourouissa,nĂ©Ă  Blida, en AlgĂ©rie, en 1978.Àtravers unemultiplicitĂ©de domaines d’expĂ©rimentation, il dĂ©voileses expĂ©riences intimesetunparcoursmulticulturel.Sansjamaiscesser d’observer lesmargesdelasociĂ©tĂ© et lespratiques collectives. Toujours entrelequi-v iveet la rĂ©mission. ■ C. F. MOHAMED BOUROUISSA, «Sig nal», Palais de Tokyo, Paris(France), jusqu’au 30 juin 2024 palaisdetokyo.com

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DR -H EA THER RASMUSSEN -D R-D ANIEL ROCHÉ
Gropius Bau, Berlin (2022)

ABNOUSSE

SH ALMA NI, J’ai pĂ©chĂ©, pĂ©chĂ©dans le plaisir, Grasset, 198pages, 19,50 €.

LIBERTÉD’ÊTRE, LIBERTÉD’ÉCRIRE

UN HYMNE ÀLAFÉMINITÉ et Ă lasensualitĂ©,Ă travers le pouvoirdes mots et le dĂ©sirĂ vif.

«CHA NTER LA LIBERTÉentravĂ©edeForough,c’est

luifaire vivrelav ie de Marie, cettev ie quilui aurait Ă©tĂ©siadaptĂ©e.» Au fild’untexte charneletcaptivant, AbnousseShalmani s’inspire de deux femmes libres et intenses,Marie de RĂ©gnier(1875-1963) et Forough Farrok hzad (1935-1967). Pour cespoĂ©tessesv ivant dans desmondesaux antipodes l’un de l’autre, la passionf ut le filrouge d’existences hors normes et de choixabsolus.L’une,premiĂšre femmeĂ recevoirleprix de littĂ©raturedel’AcadĂ©miefrançaise,collectionne amants et maĂźtresses.Onlavoitsur le bandeaudu livre: de dosetnue,ellerefaitson chignonfaceĂ  un miroir. La voluptĂ©Ă  sonparox ysme.Ellesera un modĂšle pour la seconde, ForoughFarrokhzad, Ă©toile filanteenquĂȘted’affranchissement. AprĂšs Khomeiny, Sade et moi (2014), Lese xilĂ©smeurent au ssid’amour (2018), et Élogedu mĂ©tĂšque (2020),l’autrice iranienne ressuscite et entrelaceainsi l’ardeur de la filledu poĂšteJosĂ©-MariadeHeredia, reine subversive de la Belle Époque,etl’insoumission de l’égĂ©rie desmilieux littĂ©raires iraniens dans lesannĂ©es1950, mortedans un accident de voitureĂ  32 ans. Deux destins, un mĂȘme feu, queletitre du rĂ©cit,tirĂ©d’unpoĂšme de Foroughparudanslerecueil Le Mur,en1955, illustre de sescharmes libertins: «J ’aipĂ©chĂ©,pĂ©chĂ© dans le plaisir, dans desbraschaudsetenf lammĂ©s.» AnimĂ©e parladĂ©sinvolturedeson inspiratrice française, la scandaleusemet Ă nuses infidĂ©litĂ©setconfirmeĂ son ex-mariqu’elle estlibre.Toutesav ie,sanssesoucier du conformismeetdelamorale, elle chemineavec l’histoire de MariedeRĂ©gnier et de sonamant Pierre LouĂżs. Uneexistence dont elle aurait rĂȘvĂ©. ■ C.F.

ROM AN

Une place Ă par t

Le voyage initiatiqued’une jeunefemme franco-togolai se àlarecherche de sesorigines.

SURLES CHEMINSsinueux de la question de soi, RaphaĂ«lleRed fouilleles arcanesdumĂ©tissageetdu sentimentdehonteĂ travers Adikou,personnagefort animĂ© d’unecolĂšre puissante et d’unesensation de vide, celledelanon-appartenance. «Avant chaque dĂ©part,quand elle fait ça,ondiraitqu’elle s’entraĂźne Ă mourir: pour ne pass’encombrer,elledĂ©pose lessouvenirsles unsĂ cĂŽtĂ© desautres, lescontemple rapidementalorsque le tempss’étend.» ÀlafoisrĂ©cit

PO ÉS IE

Lestourments du passé

Roman-poĂšmed’undeuil tourmentĂ©,entre le CongoBrazzavilleetlaFrance.

«PUISSES-TUnejamais savoir quitues. »Sicette enseignante de latin,degrec ancien et de français cite Sophocle en exergue,c’est parceque sonpremierroman fait Ă©cho Ă l’ƒdiperoi du granddramaturge. Un ƒdipe coupable Ă lafoisdeparricide et d’inceste,faceĂ  sondestin DĂ©jĂ ,en2022, lespoĂšmes narratifsd’Ève Guerra,rĂ©unis dans Corpsprofond s, exploraientles blessures, l’ombreet la lumiĂšre.Moins de deux ansplustard, sa fiction mĂątinĂ©e de touches autobiographiques relate le cheminementd’une jeune

de transf uge etquĂȘte d’identitĂ© en formede road-trip, ce premierroman raconteleretourcontrariĂ© d’uneFrançaise mĂ©tissesur la terrepaternelle, oĂč,peu Ă peu,les objectifs s’évaporentpournedĂ©voiler quel’essentiel,dansun enchevĂȘtrementcontradictoiredeperceptions, d’émotionsetderĂ©f lexions. Car, aprĂšstout,l’origine et l’identitĂ© se doivent-elles d’ĂȘtre fixes ?EtoĂč se sent-on vraiment chez soi? ■ C.F.

ÈV EGUERR A, Rapatriement, Grasset, 216pages, 19,50 €

filleconfrontĂ©e au dĂ©cĂšsde sonpĂšre,qui rĂ©veillela violence dessouvenirs.Face Ă la question du rapatriement du corpsenFrance, elle questionne l’appartenance, la domination, le mensonge Affrontantses dĂ©mons,elle dĂ©mĂȘle un Ă©cheveau oĂč l’écriture libĂšre.Et le langage se fait poĂšte: «Ilest mort dans l’arrondid’uncrayon quicasse » ■ C.F.

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RAPH AËLLER ED, Adikou, Grasset, 224 pages, 19,50 €.
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RÉ CI T

UZI SUR LE BON CHEMIN!

Ce jeunerappeur d’or ig ine congolaise affi rmeson flow su ru nt roisiĂšme OPUS ENGAGÉ,fĂ©dĂ©rateu r
 et trĂšs entraĂź na nt.

«SIJ EMESENSV ISÉ, j’attaqueetje resteĂ maplace commeRosaParks », rappe-t-il,rendant hommageĂ  l’une desplusgrandes icĂŽnes de la lutte pour lesdroitsciv iquesamĂ©ricains. Avec ce troisiĂšmealbum,Uzi rappelle qu’en dĂ©pitdeson jeuneĂąge,24ans, il aconsciencedes dĂ©rivesdumonde Il Ă©voque aussibienlaguerreen RDCdans« MamanBobi Ladawa » queles paysages urbainsdans «CitĂ©s de France ». Rigueur, principe, boulot :telle estsaligne de conduite, dĂ©clinĂ©edanslaconclusion« RPB» S’entourantdepointures de la scĂšne actuelle,rap ou afrobeat,d’OboyĂ  Booba, Uzin’oubliejamaisses origines congolaises,bienqu’il soit nĂ© Ă Fontainebleau,et assĂšne sonindĂ©pendance artistique. Surlechemin sort d’ailleurs surson propre label, logiquement baptisĂ©R PB. La promesse se confirme,etelleest Ă suivredeprĂšs. ■ S.R.

UZI, Surlechemin, RPBMusic/ Believe.

LUK RA W
AL BU M

NOME

(GuinĂ©e-Bissau), de Sana Na N’Hada. Avec MarcelinoA ntĂłnio Ingira, BineteUndonque, MartaDabo. En salles

POUR QUISONNE LE BOMBOLONG?

SA NA NA N’HA DA afaitses armesdecinĂ©aste Ă Cuba dans lesannĂ©es1960avecplusieurs compatriotes, dont FloraGomes,avant de rentrerenGuinĂ©e-Bissau, filmer la guerre menĂ©econtre l’armĂ©eportugaisedans lesmangroves et lesforĂȘtsdeson pays
À73ans,il intĂšgreces images d’archives, rescapĂ©esparmi plusieurs kilomĂštresdepelliculesperdues,dansson nouveaulongmĂ©trage, en racontant l’histoire du jeuneNome, forcĂ©de rejoindrelaguĂ©rillaen1969. Il mĂ©lange,avecdes teintes trĂšs particuliĂšres,les Ă©poquesetles questionnementssur cetteguerredelibĂ©ration de onze ans. Elledevaitaboutir Ă lanaissance d’un État au serv icedetous, mais elle a tournĂ© au rĂšglementdecomptesentre combattants, avecla mort d’un leaderprometteur, AmĂ­lcarCabral, justeavant l’effondrementdupouvoir militaire colonialauPortugal.

«LaGuinĂ©eest-elleprĂȘte pour tant de bonheur?», s’interrogeunpersonnagefantomatique, esprit Ă lapeau noireetaumasqueblanc,qui parcourt le film tandis que rĂ©sonnentles bombolongs transmettant leurs messages de villageenv illage. Nome, rentrĂ©chezlui en hĂ©ros, va deveniramer, puis cy nique
 Le cinĂ©asteexplique: «Onmereprochedetoujoursparlerdela guerre [en GuinĂ©e-Bi ssau].Cef ut un moment terribleetjeneveux paspassermav ie Ă enfairelerĂ©cit.JelefaisnĂ©anmoins [
] caroncontinuede se haĂŻr et de s’entretuer. »Son film, quiallie superbementrĂ©alitĂ©,mĂ©moire et fantastique, n’estpas seulementuntĂ©moignagedepremiĂšre main, c’estaussi unetrĂšsbelle mise en scĂšneauser vice d’un pan oubliĂ© de l’histoire desindĂ©pendances africaines et de leur «espĂ©rancecontrelacupiditĂ©etlemal ». ■ J.-M.C

ON EN PA RL E 22 AF RI QU EM AGA ZINE I 45 0–M AR S2 024 DR (2)
UN VÉTÉRA NDUCIN ÉM AA FR ICAI Nraconte da ns un fi lm pu issa nt,mĂȘlanta rch ives et fict ion, uneg uerred ’indĂ©penda nce QUI N’APAS SU TENI RSES PROM ESSES

FI LM

L’ar tdu

Depu is un peuplus

LE LA BELM ARO &CHAOS propose ar tist iq uesétonnan ha bi ller lesespaces

haos

’ u n a n, A I N OR DER es meu bles s, pou r avec ca ractùre.

AU MOT« DESIGNER », il préfÚredeloincelui de «créatif ».

Le Marocain Abdou (Abderrahman) Diouri,42ans,un passĂ©dansl’industriemĂ©tallurgique et dans la gestion du personneld’une grande entreprise, souligne quecequ’il connaĂźtenmatiĂšre de design et de mobilier,ill’a appris en autodidacte. C’estpourcelaque,v ule succĂšsf ulgurant de sescrĂ©ations inĂ©dites et audacieuses, il s’estentourĂ© d’un Ă©bĂ©niste,d’unmenuisieretd’untapissier,qui donnent corpsĂ son imagination aveclaqualitĂ© qu’ellemĂ©rite. LancĂ© dĂ©but2023, le label Order&Chaos produitdes petitessĂ©riesetdes meubles sur-mesure dans un showroom laboratoiresur la routedel’aĂ©roport,Ă Casablanca. Parmi

sespiĂšcesphare,ontrouvel’étagĂšre en formed’A frique, recouvertede cuir colorĂ©tel un Mondrian,oulatable bassemodulaireentecketfrĂȘne, quiassocie lignes vives et souples,ouencorecet Ă©tonnant bararc-en-ciel en sept nuancesdebois, rĂ©cemmentreproposĂ© en velours rouge, fourrure blancheetmiroirs Ă l’intĂ©rieur.L’attention aux dĂ©tailsetaux finitions, commeles dĂ©corationssculptĂ©es utilisantducourant Ă©lectriquepourobtenir desfractales de Lichtenberg,faitdeses lampes et de sesmeubles de vĂ©ritables crĂ©ationsartistiques @order_andchaos ■ L.N.

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PHOT OGRAPHY -D R
MALAK CHAOUI
Toutejeu ne, la ma rq ue prop os e de sm eu ble s àl ’a lluret rù sp oi nt ue

FA SH ION

RĂ© ali sĂ© e en co ll ab oration avec l’ar ti ste Prin ce Gyasi la collecti on propose des sil houettes col orĂ©e s qui Ă©voq ue nt ses photos.

BALMAIN le défilé de la discorde

La dern iĂšre lignedelamaison, crĂ©Ă©eavecdes ar tistes afr icai ns et cl in d’Ɠi laux «SAPEU RS », rela nceledĂ©b su rlal im iteq ui sĂ©pa re INSPIR AT IONETI MI

TAT IO

«C’EST UN ÉV ÉNEMENTdifficile et douloureux,qui remet de nouveauenquestion le regard rĂ©el queles marques occidentales prĂ©tendent porter surlacrĂ©ativ itĂ©africaine, tout en affirmantouvertement s’en ĂȘtre “inspirĂ©es” Jusqu’àquand ?» Cettequestion,qui clĂŽtureunlongposten anglaisdelamarquesĂ©nĂ©galaise Tongoro,deSarah Diouf, a fait le tour du monde, il yaquelquessemaines.LacrĂ©atrice rĂ©agissait au trĂšs attendudĂ©filĂ©deBalmain,deretour aprĂšs quatre anssur lescat walksdelaFashion Week parisienne,avecune collection masculinesignĂ©eOlivier Rousteing, ouvertementinspirĂ©e parles impeccablesmises des« sapeurs »etrĂ©alisĂ©e en collaborationavecl’artiste ghanĂ©en Prince Gyasietledesignerbritannico-camerounais

Ibby Njoya. Parmiles accessoi dĂ©tailsspectaculaires –aux cĂŽ brassardsdorĂ©s,Ă mi-chemin gris-gris, desbracelets en cornedevache et desbijouxd’artiste hip-hop–,ilyavait unepiĂšce de visage qu’elle areconnu tout de suitecommelacopieconforme de CairodeTongoro.Unbijou inspirĂ©dumaquillage deshommeswoodabe, prĂ©sentĂ© en mai2019Ă Dakar et portĂ©par
cette mĂȘme NaomiCampbellqui dĂ©filait pour Balmain.LarĂ©actiondeSarah Diouflance le battage mĂ©diatique,avecquelquesrev irements.DanslafoulĂ©e,elle se voit accusĂ©e d’avoirvolĂ©le dessin de la bijoutiĂšre kĂ©nyane TheresiaKyalo,etrev ient surlaquestionpourprĂ©ciser :

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EN PA RL E DANIELE OBERRAUCH/GORUNW AY .COM (3)

puis aprobablement voyagĂ© ou Ă©tĂ©interprĂ©tĂ©plusieurs fois », notammentpar Dion Lee. Comment, alors, dĂ©mĂȘlerinspiration,imitation et influence, dans un milieuriche de zonesgrisescomm celuidelamode? La question du manqued protection juridiquede la crĂ©ativitĂ© africain quoi qu’ilensoit, bienrĂ©elleetil faudrait l’ sĂ©rieusement.MĂȘmelorsqu’elle vientĂ©clip collection quirendhommage au st yledes de Kinshasa, ParisouHarlem, et cĂ©lĂšbrel’e hy perchromatique desphotos de Prince Gy portraits, rĂ©solument modernes,des Africa

Le dĂ© fi lĂ© re nd homm a ge aux «s ap eu rs » de la RD Ce t d’aut re sp ay s.

Ci -c ontre, le bijouC airo de la marqu e To ng oro, en ba s, la ve rs ion de Balmain

AF RI QU EM AGA ZINE I 450 –M AR S2 024
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DANIELE
OBERRAUCH/GORUNW AY .COM (3) -D R-D

Ki n propose un e car te méti ssé e, qui s e re nouvel le toutes le s deux semaines

LES DÉLICES DE KINSHASA

Deux ad resses : l’une pour dĂ©couv rir les PA RFUMS DU CONGO dans les ruelles de MA RSEILLE, l’autre pour se faire plaisir dans la capitale de la RDC.

LE CHEF HUGUES MBENDA a connu les grandes cuisines de Paris et de Londres, mais il a choisi Marseille pour proposer des mets inspirĂ©s par sa RDC natale. AprĂšs l’OrphĂ©on, ouvert avec son frĂšre avant la pandĂ©mie, et Libala, axĂ© street-food, on le trouve dĂ©sormais Ă  quelques pas du marchĂ© de Noailles avec Kin, un restaurant gastronomique tout en vert malachite et bois – hommage Ă  la nature congolaise et Ă  Kinshasa Le midi, il propose la cuisine de Libala et, le soir, une carte mĂ©tissĂ©e en six Ă©tapes, qui change toutes les deux semaines Ici, c’est l’Af rique par petites touches, comme avec la sauce piment-pomme, ou celle hollandaise au baobab, dont le goĂ»t acidulĂ© Ă©voque les fruits qu’il croquait, gamin, en sortant de l’école. Ou les gauf res au manioc, les gnocchis de banane au topinambour (ou Ă  la tomate, selon la saison) et les jus maison. À dĂ©couv rir aussi, le rhum du Congo et l’étonnant gin du Kivu, Ă©picĂ© Ă  la vanille et au poiv re kin- restaurant.com

Ch ips de m a n io c et crĂšm e br Ă»l Ă©e d’oignons

Ta pas , pi zzas , ma is au ss i pla ts tradi ti onn els , le re sto de Go mb e va ri e le s pla is ir s.

Ch ez Ma lamu, Ă  Ki ns ha sa, au bo rd de la pi sci ne

Et Ă  Kinshasa ? Les nouveaux spots se multiplient, ces derniĂšres annĂ©es. Malamu (« ĂȘtre bien » en lingala), inaugurĂ© Ă  Gombe en 2020, a su attirer une clientĂšle locale et internationale, qui apprĂ©cie l’ambiance chaleureuse et la belle carte Ă©clectique – des tapas aux pizzas, en passant par le risotto Ă  la tr uffe ou le capitaine grillĂ© Ă  la sauce thaĂŻ, sans oublier les plats du pays Comme le poulet sauce barbecue maison ou le Baba Ntaba, la chĂšv re congolaise, façon Malamu Peu importe si l’on aime l’ambiance cĂŽtĂ© piscine, si l’on prĂ©fĂšre la terrasse pour un dĂźner en tĂȘteĂ -tĂȘte, si l’on cherche le calme du salon climatisĂ© ou si l’on rĂ©ser ve le salon privĂ© avec jardin, le tout est de se sentir bien, en bonne compagnie. malamu.co ■ L.N.

ON EN PA RL E 26 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24 DRBRUNO CHIAPPEDRDR
SP OT S

No n lo in de la cap ita le Ă©c onom iq ue, ce nouvea u qu ar ti er de 226 lo ge me nt s se veut durab le et re spectu eu x de l’environ ne m ent.

À Abatta, l’innovation urbaine

PrĂšs d’Abidja n, KOFFI & DI ABAT É font sort ir de terre un nouvel Ă©coq ua rt ier mi xte et proposent un autre modĂšle d’ ha bitat, adaptĂ© au x besoins locaux.

ON NE PEUT PAS REPENSER la façon d’habiter le continent sans changer le modĂšle urbanistique actuel Connus pour leurs projets durables et adaptĂ©s aux conditions climatiques de la rĂ©gion, les Ivoiriens Koffi & DiabatĂ© travaillent sur la question depuis des annĂ©es, et vont livrer dans quelques mois un Ă©coquartier rĂ©sidentiel, qui donne forme Ă  une partie de leurs rĂ©ponses Construit sur les rives de la baie d’Abatta, Ă  une demi-heure du Plateau d’Abidjan, Abatta Village comprend 226 logements Ă©purĂ©s et modernes, un complexe sportif avec salle de gym et piscine, une club-house dotĂ©e d’un restaurant et d’une garderie, une galerie commerçante et des bureaux. Le tout entourĂ© de trois hectares de verdure, soit 40 % du lot, et complĂ©tĂ© par une marina sur la baie, des pistes cyclables et une promenade piĂ©tonne. Conçu pour promouvoir la mutualisation des espaces communs et des serv ices, et livrĂ© avec fibre optique intĂ©grĂ©e, le projet favorise la mobilitĂ© douce, notamment en limitant la circulation des voitures et en dessinant des axes destinĂ©s aux piĂ©tons Les immeubles commerciaux et les logements, qui vont du deux-piĂšces (Ă  partir de 103 000 euros) au duplex (moins de 400 000 euros), ont Ă©tĂ© construits Ă  partir de matĂ©riaux locaux, favorisant l’éclairage et la ventilation naturels. Koffi & DiabatĂ© ont aussi prĂ©v u d’installer des toitures vĂ©gĂ©talisĂ©es, un systĂšme de rĂ©cupĂ©ration d’eau pluv iale et des Ă©quipements Ă  basse consommation, conjuguant confort des rĂ©sidents et valeurs environnementales. ■ L.N.

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LES YEUX SUR LE SERENGETI

Assister à LA MAGI E DE LA GR ANDE MIGR AT ION, qu i an ime chaq ue an née les plai nes ta nzanien nes, est une ex périence inou bl ia ble.

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DE ST IN AT IO N

LE DÉBU T du printemps est un moment unique, dans le nord de la Tanzanie. Avec les premiĂšres pluies, dans les immenses plaines du Serengeti, s’entassent prĂšs de deux millions d’animaux, qui donnent vie au spectacle magique de la Grande Migration Lions, lĂ©opards, chimpanzĂ©s, buff les, gnous et zĂšbres quittent la rĂ©gion du Ngorongoro en direction du Kenya, pour une boucle de plus de 3 000 km qui les ramĂšnera au point de dĂ©part Ă  la fin de l’automne. Le parc du Serengeti s’étendant sur plus de 24 000 kmÂČ â€“ il est le deuxiĂšme plus grand parc national du pays –, les voyageurs peuvent choisir oĂč sĂ©journer en fonction de la pĂ©riode, s’assurant une place au premier rang de ce spectacle extraordinaire, considĂ©rĂ© comme l’une des sept merveilles d’Afrique. L’offre de logements s’enrichit ce printemps d’un nouveau lodge de luxe, le premier sous le label Explorer de la chaĂźne hĂŽteliĂšre

Elewana, rĂ©putĂ©e pour ses structures Ă©coresponsables en Tanzanie et au Kenya NichĂ© dans les collines, Ă  la limite occidentale du parc, il est dotĂ© de 68 chambres et de six suites, toutes avec balcon privatif, d’une piscine et d’une galerie d’art. Construit sur le site de l’ancien Sopa Lodge, afin de minimiser l’impact sur l’écosystĂšme, l’établissement offre une vue imprenable sur le cortĂšge des troupeaux qui dĂ©filent en contrebas entre avril et juin Et il promet une expĂ©rience immersive, mĂȘme hors safari : les hĂŽtes pourront dĂźner dans la brousse, profiter du cinĂ©ma en plein air ou observer les Ă©toiles en compagnie d’un astronome. Les chambres sont Ă  partir de 300 euros la nuit en pension complĂšte. explorer.elewanacollection.com ■ L.N.

La ma qu et te du l u xu eu x lodg e de Se re ng eti Ex plorer, qui of frira un e vu e im pren ab le su r le parc nat iona l.

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Do mi niqu e Ouattara et so n hÎte De ni se Ts hisekedi , Premi Úre dam e de RD C, vi si te nt la Ca se de s en fa nt s ré nové e, au Pl atea u.

WE ARE AFRICA!

LA NEUVIÈME ÉDITION du dĂźner de bienfaisance Children of Africa s’est tenue Ă  Abidjan. L’occasion de prĂ©senter les actions de la Fondation de Dominique Ouattara. par Emmanuelle PontiĂ©

VENDREDI 1ER MARS, 11 heures Le soleil rayonne Ă  Abidjan. La PremiĂšre dame de CĂŽte d’Ivoire, Dominique Ouattara, accompagnĂ©e de son hĂŽte Denise Nyakeru Tshisekedi, PremiĂšre dame de RDC, vĂȘtues toutes les deux de tenues locales aux couleurs chatoyantes, visite la nouvelle Case des enfants devant un parterre d’invitĂ©s du monde politique local et du show-business, venus des quatre coins du monde, et sous les applaudissements fournis des petits pensionnaires Le foyer d’accueil, dans le quartier du Plateau, ouvert en 1998, l’annĂ©e du lancement de sa Fondation Children of Africa, a Ă©tĂ© rĂ©novĂ© et agrandi pour accueillir 80 enfants dans un Ă©tablissement Ă  l’architecture moderne. Il compte aujourd’hui douze bĂątiments rĂ©partis sur

6 700 m2 : un local administratif, deux salles d’étude, quatre dortoirs, une salle multimĂ©dia, comprenant une bibliothĂšque et des ordinateurs, une salle de tĂ©lĂ©vision, un rĂ©fectoire avec une grande cuisine, une villa des sƓurs avec une infirmerie, une maison du personnel. En extĂ©rieur : un grand prĂ©au, un espace de jeux et un terrain de sport. Des travaux de rĂ©habilitation rĂ©alisĂ©s grĂące aux dons rĂ©coltĂ©s par la Fondation, notamment Ă  l’occasion du gala de bienfaisance organisĂ© en 2022 par Dominique Ouattara Cette nouvelle rĂ©alisation en faveur des enfants en difficultĂ© s’ajoute aux trois autres structures lancĂ©es et gĂ©rĂ©es par la Fondation Ă  SoubrĂ©, BouakĂ© et FerkessĂ©dougou. Il y a six ans, la PremiĂšre dame inaugurait l’hĂŽpital MĂšre-Enfant de Binger ville, puis le Groupe scolaire d’excellence d’Abobo en 2022. Et depuis, une nouvelle unitĂ© est nĂ©e : le centre d’accueil pour les femmes victimes de violences, Ă  AdiakĂ©, dans le sud-est du pays. L’ensemble de ces Ă©tablissements, gĂ©rĂ©s par un personnel triĂ© sur le volet par la PremiĂšre dame de CĂŽte d’Ivoire, particuliĂšrement attentive au bon fonctionnement de chaque structure sur le long terme, s’ajoutent Ă  l’ensemble des actions menĂ©es au quotidien par la Fondation Children of Africa, qui opĂšre aujourd’hui dans douze pays en

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Le s pe nsio nn aires du foye r, en m ai llots orang e de s ÉlĂ©p hants , dansent su r le tu be « Le Coup du ma rtea u ».

Afrique. On peut citer, entre autres, pour le secteur de la santĂ©, l’équipement du service de nĂ©onatologie du CHU de Yopougon, ou l’organisation de caravanes ophtalmologiques ayant pris en charge 103 000 enfants et de campagnes de vaccination ayant immunisĂ© 94 129 enfants. Pour le secteur social : soutien aux initiatives entrepreneuriales des femmes, distribution de dĂ©cortiqueuses, de broyeuses et de matĂ©riels aux agricultrices. Et dans le domaine de l’éducation, la Fondation a construit le lycĂ©e de Kong dans le nord-est du pays, crĂ©Ă© et Ă©quipĂ© des salles multimĂ©dia Ă  travers la CĂŽte d’Ivoire, distribuĂ© 173 000 kits scolaires. Tous les deux ans, Dominique Ouattara organise une soirĂ©e de gala exceptionnelle et particuliĂšrement chaleureuse pour sa Fondation, en prĂ©sence de son Ă©poux le prĂ©sident Alassane Ouattara, au palais des CongrĂšs de l’hĂŽtel

Ivoire Cette annĂ©e, le soir du 2 mars, 900 invitĂ©s se sont retrouvĂ©s pour la neuviĂšme Ă©dition de l’évĂ©nement, dont le thĂšme Ă©tait « We Are Africa », autour d’un dĂźner raffinĂ© imaginĂ© par les chefs français Pierre Gagnaire et ivoirienne Vanessa Konan. Une soirĂ©e rehaussĂ©e par la prĂ©sence de personnalitĂ©s du monde des affaires, comme Martin et Olivier Bouygues (groupe Bouygues), Pierre Fakhoury (PFO Africa), Serge Varsano (Sucres et DenrĂ©es), Pascal de Izaguirre (Corsair), du domaine de la santĂ©, comme le professeur Marc Gentilini ou le chirurgien Éric Cheysson, prĂ©sident de La ChaĂźne de l’espoir. Beaucoup de comĂ©diens aussi, Ă  l’image, entre autres, de Sandrine Bonnaire, Elsa Zylberstein, Jean-Pascal Zadi, Samuel Le Bihan, Vincent Perez, BenoĂźt Magimel, MĂ©lanie Laurent, Isaach de BankolĂ© ou Claudia Tagbo, des stars du sport, comme Didier Drogba et Cheick CissĂ©, ou du show-biz, tels que Youssou Ndour, Alpha Blondy, Matt Pokora, MC Solaar, des reines de beautĂ©, comme Adriana Karembeu, accompagnĂ©e de son compagnon le rappeur Stomy Bugsy,

Da ns un dor to ir de l a nouvell e stru ct ure, avec l’épo us e du vic e- prĂ©si dent, Ma ĂŻmouna Ko nĂ©

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Photo de fa mi ll e avec, au prem i e r pl an (d e g. Ă  dr.), Stomy Bugsy, Cl au dy Si ar, Sa mu el Le Bi han, Ad ri ana Ka re mb eu , Sy lvi e Te lli er Et Ya min a Be ngu ig ui au se co nd p la n Ă  droi te

Ma rtin Bouygue s, le Prem ie r min is tre ivoir ie n Ro be rt Be ug ré Ma mb é et le com édie n Sa mu el L e Bi han

Se rg e Va rsano et Da niel le Be n Ya hm ed

Le mi ni stre Br uno Ko né (a u centre) son ép ou se Ma ss éré Touré, secréta ire gé né ra le de la présid en ce, et le pe intre Oua ttara Wa tt s.

BÀ la ta ble d’hon neur, au p re mier pla n, Ér i c Ch eyss on à g. et Pa sc al de Izagui rre à dr. Pi er re Fa kh ou ry au se co n d pla n à g.

Ci -c ontre, Gi ms et Carla Br un i.

« Le montant des enchÚres a pulvérisé les records ! »

Le joueur d e fo ot ba ll

Di di er Drog ba et sa com pagne Gabriel le Le mai re

ou encore la mannequin NoĂ©mie Lenoir, les Miss France Iris Mittenaere et Mareva Galanter, ainsi qu’Olivia YacĂ©, Miss CĂŽte d’Ivoire. Le spectacle, intitulĂ© LĂ©gendes d’Af rique, montĂ© sur les magnifiques chorĂ©graphies de Jean-Paul Mehansio et Georges Momboye, accueillait dans une ambiance assez chaude au lendemain de la victoire de l’équipe des ÉlĂ©phants Ă  la CA N les prestations sur scĂšne de Magic System et Yemi Alade, entonnant la chanson officielle de la Coupe d’Afrique ou encore le tube de Tam Sir, dĂ©sormais planĂ©taire, « Le Coup du marteau ». Applaudissements fournis aussi pour Gims, qui a chantĂ© avec Carla Bruni, Ă©pouse de l’ancien prĂ©sident français Nicolas Sarkozy, tous deux convives du dĂźner. La traditionnelle vente aux enchĂšres proposait ce soir-lĂ  deux tableaux contemporains d’Abdoulaye KonatĂ© et de Ouattara Watts, une paire de vases en lapis-lazuli signĂ©s par la princesse Ira von FĂŒrstenberg – illustre marraine de la Fondation, qui nous quittait le 18 fĂ©vrier dernier et Ă  laquelle Dominique Ouattara a rendu un hommage trĂšs Ă©mouvant –, un masque yohourĂ© de la collection de Serge HiĂ©, ainsi qu’un maillot des ÉlĂ©phants de CĂŽte d’Ivoire signĂ© par l’ensemble de l’équipe La totalitĂ© du produit des enchĂšres s’est Ă©levĂ©e Ă  452 millions de FCFA, pulvĂ©risant

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Le cha nteu r Alp ha Bl ondy et so n Ă©po us e Ae lyssa Da rrag i.

le record de l’édition prĂ©cĂ©dente De quoi soutenir la pĂ©rennitĂ© des actions de la Fondation. Des bĂ©nĂ©fices qui iront Ă  la construction et Ă  l’équipement d’une nouvelle aile Ă  l’hĂŽpital MĂšre-Enfant de Binger ville, afin de rĂ©aliser des opĂ©rations Ă  cƓur ouvert pour de jeunes patients. Le lendemain matin, Dominique Ouattara et tous ses invitĂ©s se sont rendus Ă  Assinie, pour un dĂ©jeuner en bord de plage Ă  la Maison d’Akoula. Orchestre live et danse endiablĂ©e pour tout le monde, notamment au son des prestations improv isĂ©es de Fally Ipupa ou de Singuila ! ■

Le grou pe Ma gic Syste m et Ye mi Alad e.

Au tour du c ou pl e prĂ©sidenti el , Au re At ika et Sa mu el Le Bi han Ă  ga uc he, et le vi ce -p rĂ© sid ent de CĂŽte d’Ivoire Ti Ă©moko Meyl iet Ko nĂ© et so n Ă©pous e Ă  droi te

Na tha lie Fo ll orou x et so n Ă©p ou x. Ma rc Socqu et

L’anc ie n Premi er minist re Pa tri c k Ac hi (Ă  droite), son Ă©pouse, et le docteur Je an -P ie rre La bl anchy.

Le c om édie n Jean -Pas cal Za di, entouré de Barba ra Beja ni et du ch anteur Ma tt Po ko ra

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PA RC OU RS

Monika Kabasele

DANS SON PREMIER ALBUM, GRÉCOFUTURISME, la chanteuse exprime son identitĂ© plurielle en conjuguant ses racines grecques et congolaises. Elle confectionne un jazz trĂšs personnel, suave et rythmĂ©, mĂȘlant ses propres compositions Ă  des reprises de standards ou de morceaux traditionnels. propos recu eillis par Astrid Krivian

Le titre de l’album, GrĂ©cof uturisme, est un clin d’Ɠil au courant afro-futuriste. NĂ©e en GrĂšce d’une mĂšre grecque et d’un pĂšre congolais, Monika Kabasele sublime en musique son identitĂ© plurielle, puise dans ses diverses appartenances Une afro-descendante qui honore ses racines, en restant ancrĂ©e dans le prĂ©sent. À travers le jazz, elle combine les ry thmes congolais avec des musiques traditionnelles de sa rĂ©gion natale, la Thrace, mais aussi avec la samba ou d’autres sonoritĂ©s africaines « Which is my identity? Am I African? Or Greek? », se demande-t-elle dans « Afro Blue », un standard qu’elle revisite : « GrĂące Ă  mon looper, j’ai crĂ©Ă© une boucle avec ma voix. Cette notion cyclique est trĂšs importante dans l’afro-futurisme, oĂč passĂ©, prĂ©sent et futur ne font qu’un », note l’artiste, qui reprend aussi la comptine congolaise « Cimwemwe Mwe » que lui chantait son pĂšre. En grec, en anglais, en français, sa musique aux couleurs suaves, oniriques, apaisĂ©es ne l’empĂȘche pas d’explorer des sentiments plus obscurs, tabous, tels que la jalousie, avec « Une mauvaise personne ». « On parle peu de ces ressentis, pourtant trĂšs forts, qui nous torturent, nous bousculent. C’est difficile de les exprimer dans la vie, alors j’aime les chanter. C’est libĂ©rateur. » L’artiste baigne dans la musique depuis son enfance Ă  Alexandroupoli. Amateur Ă©clairĂ©, son pĂšre joue de la guitare, du piano, des percussions. Quant Ă  sa mĂšre, elle chante du rebĂ©tiko, une forme d’expression musicale populaire du pays. Quand les amis viennent Ă  la maison, on entonne des piĂšces orthodoxes, des morceaux traditionnels et spirituels congolais qui cĂ©lĂšbrent le lien aux ancĂȘtres, aux Ă©lĂ©ments, mais aussi des chansons françaises (Brassens, Renaud
), ses parents ayant Ă©tudiĂ© en France. Comme la petite Monika compose dĂ©jĂ  des airs avec un xylophone, on l’inscrit Ă  des cours de piano. À l’adolescence, elle apprend la guitare et le chant au conser vatoire. Ensuite, Ă©tablie Ă  AthĂšnes pour ses Ă©tudes supĂ©rieures en littĂ©rature, elle intĂšgre diffĂ©rents groupes et se produit sur scĂšne « Je me sentais Ă  ma place. Je savais que j’avais quelque chose Ă  apporter aux autres » Elle quitte la filiĂšre littĂ©raire et s’oriente vers un master en musicologie, puis s’envole pour la France. Elle parfait sa technique du chant jazz au conser vatoire Ă  rayonnement rĂ©gional de Paris, ville oĂč elle habite dĂ©sormais. Actuellement, elle Ă©tudie au PĂŽle supĂ©rieur de musique Paris–Boulogne-Billancourt pour devenir enseignante et maĂźtriser les technologies musicales (enregistrement, mixage, etc.). Elle dispense aussi des cours de chant en musiques actuelles au conser vatoire de Malakoff Mais c’est lors des concerts que la chanteuse s’épanouit le plus, affectionnant ce partage avec le public et ses musiciens. « Seuls la musique et le moment prĂ©sent comptent alors. J’ai besoin de cette sensation, oĂč la course quotidienne s’arrĂȘte » Un projet qui lui tient Ă  cƓur ? Voyager en RDC, poursuivre la quĂȘte des origines « J’ai trĂšs envie de dĂ©couvrir mes racines, rencontrer ma famille paternelle Je sens un grand manque Cette distance avec le Congo ne peut plus durer Je dois faire ce pas. » ■

Mo ni ka Ka ba se l e, Gréc ofuturis me, 20 23, Ar t Di strict Musi c.

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«J’ai trĂšs envie de dĂ©couvrir mes racines, rencontrer ma famille paternelle. Cette distance avec le Congo ne peut plus durer.»
GIOT A EFREMIDOU

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Nom: Société

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LE SENS DU 8 MARS

ScĂšne ordinaire, un 8 mars, dans un bureau Ă  Ouagadougou : « Bonne fĂȘte, ma chĂšre ! Alors, ce soir, c’est monsieur qui va faire la vaisselle ? » RĂ©ponse de la collĂšgue : « Oui ! Hi, hi, hi
 » Plus tard, le mĂȘme jour, deux jeunes Ă©pouses devisent :

« Dis- moi, pour la fĂȘte de la femme, ton mari, il t’of fre quoi ? Les fleurs, ça va bien, hein Moi, j’ai demandĂ© un bijou !

Ah ben, tu as raison. C’est quand mĂȘme notre jour, non ? Donc il faut un beau cadeau. » Partout en Afrique, c’est la date convenue pour les Ă©changes gentillets, les petits rires Ă©touffĂ©s des dames, et le passage Ă  la caisse des maris et amants Mais de l’évolution de la condition fĂ©minine dans le monde, et en particulier en Afrique, point mot. Pour tant, c’était un peu le but de cette journĂ©e internationale. Elle rend hommage, certes, mais est aussi l’occasion de faire le point sur le statut du « genre », comme on dit sur le continent. ÉgalitĂ© hommes -femmes, scolarisation des filles, violences, etc.

Mal heur eu sement, les chif fres qui s’ Ă©talent dans les colonnes des Ă©tudes des organismes internationaux Ă  l’approche du jour J dĂ©montrent d’annĂ©e en annĂ©e Ă  peu prĂšs la mĂȘme tendance : une stagnation du statut des femmes dans nombre de domaines. La pandĂ©mie de Covid, les conflits gĂ©opolitiques, le rĂ©chauffement climatique et l’aggravation des situations Ă©conomiques dans le monde augurent, selon l’ONU, que plus de 342 millions de femmes et de filles pourraient vivre dans l’ex trĂȘme pauvretĂ© d’ici Ă  2030 Et la rĂ©duction globale des dĂ©penses publiques impacte en premier lieu la gent fĂ©minine.

Principalement en Afrique, bien sĂ»r. En 2023, une Ă©tude de l’Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques (OCDE) sur le continent rĂ©vĂ©lait que les deux pays oĂč le niveau de discriminations femmes-hommes est le plus Ă©levĂ© sont la Mauritanie et le Cameroun, la CĂŽte d’Ivoire et le Zimb abwe Ă©tant les meill eurs Ă©l Ăšves en la matiĂšre. 60 % des femmes africaines habitent des pays oĂč ce niveau est classĂ© Ă©levĂ©, voire trĂšs Ă©levĂ©. Et au -delĂ  de la discrimination sociale, Ă©conomique ou professionnelle, s’impose toujours le poids de traditions ancestrales dans la sphĂšre privĂ©e, comme le mariage prĂ©coce. Un tiers des femmes africaines ĂągĂ©es de 20 Ă  24 ans ont Ă©tĂ© mariĂ©es avant l’ñge de 18 ans. Et c’est le cas de plus de 60 % des filles au Niger ou en RĂ©publique centrafricaine Ces chiffres symbolisent un frein majeur Ă  l’évolution des femmes sur le continent. Encore en 2024. ■

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