AM 450 Free

Page 1

Fr an ce 4, 90 € – Afr ique du Sud 49 ,9 5 ra nd s (t ax es incl .) – Alg érie 32 0 DA – All em ag ne 6, 90 € – Au trich e 6, 90 € – Be lg iq ue 6, 90 € – Canada 9, 99 $C DOM 6,90 € – Esp ag ne 6,90 € – Ét at s- Uni s 8,99 $ – Gr èce 6,90 € – It ali e 6,90 € – Lu xe mbour g 6,90 € – Ma ro c 39 DH – Pa ys -B as 6,90 € – Po rt ug al con t. 6,90 € Royaume- Uni 5,50 £ – Suisse 8,90 FS – TOM 990 F CFP – Tunisie 7,50 DT – Zone CFA 3 000 FCFA ISSN 0998- 9307X0 N° 45 0 - MAR S 20 24 TUNISIE, MONDE ARABE : FRACTURES ET POUVOIRS MAHI BINEBINE, EN TOUTES LIBERTÉS CÔTE D’IVOIRE : ADO, LA CAN ET L’ÉMERGENCE MAMADOU DIOUF RACONTE SON AFRIQUE MULTIPLE L 13888 - 450 H - F: 4,90 € - RD À LA RECHERCHE D’UN NOUVEAU GABON SAHEL : LE PARI TRÈS RISQUÉ DE L’ALLIANCE L’interview de Hamza Meddeb par Zyad Limam
La nouvelle application est disponible
Paris 107.5 | Melun 92.3 | Mantes-La-Jolie 87.6 | Abigjan 91.1 Africa RADIO

UNE REMONTADA IVOIRIENNE

Fi nal e de l a Cou pe d ’A fr iq ue d e s n ati on s. Le stad e Al as sa ne O uat ta ra d’Eb im pé ch avire de jo ie dan s la nu it ch au de du 11 févri er de rn ie r. Le s Él épha nt s so nt ch ampio ns au te rm e d’un match maîtrisé face aux Green Eagles du Nigeria. Sébastien Haller, revenu de tout, du cancer et de la blessure, a marqué le but victorieux. Le président, ému presque aux larmes, remet la coupe à cette équipe de toutes les Côte d’Ivoire – du nord au sud, de l’est à l’ouest, sa ns ou bl ie r le s « di as po ». La nu it se ra d’aut an t plus be ll e qu e l’on revi ent de lo in Des tré fo nds de l’ hu mi li at ion et de la dé fa it e, av ec ce tris te me nt cé lè bre 4- 0 en cais sé en match de po ul es contre la Guinée équatoriale. On connaît tous l’histoire de cette remontada fabuleuse, de la révolte de cette équipe magnifique, de son audace et de son talent Cette hi stoire pu issa nte, sy mbolique, d’unité et de rassemblement pour tout le pays.

La Côte d’Ivoire a gagné la coupe. Mais elle a aussi gagné l’organisation de la Coupe. Le gouvernement, dirigé par Patrick Achi, puis dans la dernière ligne droite par le très efficace Robert Beugré Mambé, s’est mobilisé, tout comme le COCAN et les administrations concernées. Il y a certainement eu des « flous », mais à chaque fois, le coup de barre nécessaire a été donné. Il n’y a pas eu d’incidents majeurs, la sécurité a été assurée. Les stades étaient prêts, opérationnels. Les pelouses ont fait mieux que tenir. Après quelques bugs initiaux, le public était au rendez-vous et les visiteurs nombreux On aura fait le plein, et souvent la fête, dans les hôtels et les restaurants des villes organisatrices. Ça a été une très belle Coupe d’Afrique, sinon la plus belle. Les médias, les retransmissions télé et radio, les influenceurs, les visiteurs, les performances et le story telling de l’équipe ivoirienne ont renvoyé au monde l’image d’une Côte d’Ivoire dynamique, en mouvement, en confiance Ce n’était pas couru d’avance L’ef fort interne a dû être spectaculaire. Mais il est aussi révélateur de ce qu’est la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui.

Ra pide fl as h- back. Début 2011, ce n’est pas si loin, un peu plus d’une décennie. Le pays sort de la quasi- guerre civile, et de ce que l’on appelle assez pu di qu em ent la « cri se po st -é le ctoral e ». Al as sa ne Ou at ta ra arriv e au po uv oi r, mai s la tâ che est immense. L’État est à terre, l’économie dévastée, les blessures profondes, et chaqu e camp compte ses victimes Une force des Nations unies maintient le pays dans un équilibre précaire.

To ut ce la va ch an ge r, ra pide me nt . Gl obale me nt , la ri ch es se a do ublé d ep ui s, et devr ai t doubler encore d’ici 2030. Le PIB avoisine les 70 milliards de dollars, hissant la Côte d’Ivoire au rang de neuvi èm e puissanc e du continent, avec un e écono mi e qui pè se dorénavant autant qu e ce ll es du Cameroun et du Séné gal réunies. Ab idjan s’inscrit comme une cité globale et cosmopolite, une interface entre l’Afrique et le monde. Le PIB par habitant se place au -dessus de la moyenne globale des pays d’Afrique subsaharienne, et à la seconde place du bloc Cedeao (juste derrière le Cap-Vert, devant le Nigeria, le Ghana, le Sénégal…) Le pays est crédible sur les marchés internationaux, comme le montrent le su cc ès ré ce nt de l’eu ro bo nd de 2,6 milli ards de dollars et le plan de soutien du FMI signé l’année dernière. La Côte d’Ivoire se construit. On peut parler de la transformation parfois spectaculaire d’Abidjan, des ponts qui enjambent la lagune, des périphériques qui ceinturent la ville, des tours qui montent dans le ciel, du métro qui arrive Mais l’ef fort concerne aussi les hinterlands du pays, avec barrages, routes, électrification des communes rurales, construction d’hôpitaux, d’universités, et d’autres choses encore.

Mal gr é le s bl es su res de l a gu er re, l’hé ri ta ge de l’ivoirité et des années 20 00, malgré justement la pression migratoire, malgré les toujours actuelles instrumentalisations ethno -politiques de tous bords, et même si le processus de réconciliation a été complexe, souvent heur té, la Côte d’Ivoire retrouve, in fine,

AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24 3 édito
BAUDOUIN MOUANDA

un e fo rm e d ’u nité dans sa d ive rs ité. C ’e st f ra gil e, o ui, ré cent, mais l’urbanisation, la croissance favorisent la mixité, les mariages inter- ethniques, les intérêts communs. La CAN, aussi, l’a montré.

La dé mo cra ti sa ti on , mê me i mp ar fa ite, avan ce plus vite sous le RHDP que sous tous les autres régimes précédents, de Félix Houphouët-Boigny à Henri Konan Bé di é, en pa ssant par La urent Gb agb o. De pu is 2021, le pays a connu des élections législatives, puis municipales et régionales, largement ouvertes et compétitives Les at teintes flagrantes ou les plus brutales aux droits de l’Homme restent rares. Le président Alassane Ouattara est puissant, sa parole compte avant tout, mais le système a des entrées multiples La scène médiatique est dynamique, les télés privées (et publiques) animent le débat, pas uniquement politique, mais aussi sociétal Internet et les influenceurs montent en puissance

Au se in du par ti au pouvoi r, les am bi ti ons des uns et des autres ne manquent pas Et elles ne sont pas forcément caché es L’opposition est lo in d’ être aphon e. Guillaume Soro est en exil, résultat de ce qui est perçu comme une trahison du pouvoir. Mais Laurent Gbagbo est dorénavant un homme libre et son influence est bien réelle, tout comme celle de sa femme, Simone Le PDCI, grand parti historique, s’est doté d’un nouveau chef, affilié à la famille du président fondateur Félix Houphouët- Boigny. Tidjane Thiam peut s’appuyer sur un parcours international assez bluf fant. Il est relativement jeune (63 ans), il a le « drive », comme diraient nos amis anglo -saxons. Mais le par ti est à reconstruire de bas en haut. Et reste à voir si l’at tractivité de « TT » dépassera les élites d’Abidjan pour résonner dans les territoires historiques et agraires du pays, et aussi au-delà, au nord et à l’ouest (une extension nécessaire pour celui qui voudrait briguer la magistrature suprême) Bref, la Côte d’Ivoire, ce n’est pas la Suède ou le Danemark. Le chemin reste long, mais la scène politique est vivante Et vivace

Bien évidemment, les di ff icul tés et les im pa sses ne ma nque nt pa s. La dette et le fi nanc em ent de la croissance sont de vé ritables qu estions Pour honorer ses engagements, maintenir sa crédibilité, le pays devra maxi mis er se s pe rforman ce s, ex por te r pl us et mi eu x, mob ili se r au ssi le s re ss ou rc es inté ri eu re s. Le ch oc de mo de rnisation ex ig era un ef fo rt majeur de la par t de chacun, en particulier dans le secteur public La pauvreté diminue, mais elle est loin d’avoir disparu. Tout comme la corrupti on El le se retrou ve mê me alim enté e par le volume de l’économie nationale Les inégalités, qui sont

au ssi le frui t de la cro is sa nce ra pi de, se creu se nt. Le s zones de pauvreté posent un défi permanent, comme le montre l’actuelle crise des déguerpissements à Abidjan. Sur l’ensemble de la ville (5 à 6 millions d’habitants), on estime le nombre d’habitants en situation précaire ou ultra -précaire à 80 0 000

Pour la première fois depuis 30 ans, la Côte d’Ivoire est so rt ie de la ca té gor ie d es pay s à ID H fa ib le po ur rejo ind re ce ll e de s pay s à IDH moye n, mai s la pe rformance pourrait être nettement meilleure. Le dossier des égalités de genre, de l’égalité hommes -femmes, de la promotion et de la protection des jeunes filles reste une urgenc e. Les qu estions li ées à l’ éducation, au niveau général, à la formation restent aussi des préoccupations majeures.

Ce la ét an t di t, et sa ns so mb re r dan s l’ul tr a- opti mis me, la Côte d’Ivoir e res te, depuis le virag e des

4 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24
ÉD ITO

Le président Alass ane

Ou at ta ra , à Eb im pé, dans le stad e qui po rte son nom

années 2010, l’un des rares exemples africains d’émerge nc e ré el le. Une dy nam iq ue es t en pl ac e en C ôte d’Ivoire, et à Abidjan plus par ticulièrement. Mais les villes comptent de plus en plus dans le processus : on ne se se nt pas en pé riphé r ie du mond e, comm e as phyx ié par des problématiques ultra -locales. On sent un air de grand large. Et ça fait du bien.

Au cœur de cette dynamique, il y a une constance, un proj et Et le rô le du prési de nt, Alass an e Drama ne Ouat tara ADO gouverne à la fois de haut et de près Il fait, bien sûr, de la politique. Il est clairement patriarche, et parfois ombrageux. Il s’est battu pour accéder au pouvoir Il a créé un par ti, un courant, un mouvement en sa faveur, avec des lieutenants qui lui sont largement fidèles. Il es t ento uré, et ça compte Sa ga rd e ra pp ro ch ée le protège, et ça compte. Il est suivi par la technostructure, et ça compte

Mais ce qui est primordial pour lui, c’est le résultat. Intimement, ADO veut réussir, montrer qu’un pays africain peut réussir, montrer qu’un chef d’État africain peut changer la donne et sortir des clichés habituels. Il est soucieux de son héritage, de sa place dans l’histoire du pays, de l’image qu’il renvoie au monde.

Évi de mm ent , ri en n’es t ga gn é et le fu tu r es t à écrire. Il faut maintenir et accentuer les cercles vertueux du développement. Accentuer et maintenir les cercles vertueux de la démocratisation et de la modernisation. Tenir compte des nouvelles menaces, comme le changement climatique et les paramètres sécuritaires ré gi on au x. A ff ro nte r, en fi n, l’ éc hé anc e qui arrive. En octobre 2025, aura lieu l’élection présidentielle. ADO n’a pas fait part de sa décision ni de ses choix, mais il connaî t plus que tout autre les enjeux. Il sait que l’échéance l’engage, ainsi que toute la Côte d’Ivoire ■

AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MAR S 20 24 5
ANGE SER VA IS MAHOUENA/FLICKR GOUVERNEMENT DE CÔTE D’IVOIRE

N° 450 MA RS 20 24

3 ÉDITO

Une remontada ivoi rien ne par Zyad Limam

10 ON EN PARLE

C’EST DE L’A RT, DE LA CU LT UR E, DE LA MODE ET DU DESIGN Sous les étoiles du Ghana

PHOTOS DE COUVERTURE :

ISSOUF SANOGO/AFP - LUDOVIC/RÉA - PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE DU MALI - OLYMPIA DE MAISMONT/AFP - ORTN/TÉLÉ SAHEL/AFP - CHEDLY BEN IBRAHIM/HANS LUCAS - KAMAL AIT

34 PA RCOURS

Monika Kabasele par Astr id Kr ivian

37 C’EST COMMENT ?

Le sens du 8 mars par Emmanuelle Pont ié

84 CE QU E J’AI APPRIS Mok htar Samba par Astr id Kr ivian

96 VI VR E MIEUX

Affronter le diabète par Annick Beaucousin

98 VI NGT QU ESTIONS À… Puppa Lëk Sèn par Astr id Kr ivian

TEMPS FORTS

38 À la recherche d’un nouveau Gabon par Emmanuelle Pontié

46 Hamza Meddeb : Une fractu re entre les peuples et les pouvoirs par Fr ida Dahmani

52 Une alliance à haut risq ue par Cédr ic Gouver neur

60 Mahi Binebine : « L’A fr iq ue peut devenir une conscience pour le monde » par Astr id Kr ivian

68 Guslag ie Malanda : Au cœur de son rôle par Astr id Kr ivian

74 Mamadou Diou f : Un continent des multiples par Astr id Kr ivian

80 Beata Umu byey i Mairesse : « Une journée si particulière, celle où nous sommes devenus des su rv ivants » par Catherine Faye

Afrique Magazine est interd it de diffusion en Algér ie depuis mai 2018. Une décision sa ns aucu ne just ifcation. Cette grande nation africaine est la seule du continent (et de toute notre zone de lect ure) à exercer une mesure de censure d’un autre temps.

Le maintien de cette interd iction pénalise nos lecteu rs algériens avant tout, au moment où le pays s’engage dans un grand mouvement de renouvellement. Nos am is algér iens peuvent nous retrouver su r notre site Internet : www.afriquemagazine.com

8 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24
DRLUDOVIC/RÉA
P.10 P.38

BUSINESS

86 Créditscarbone : l’heuredudoute

90 Jonathan Cook : «Quellesgaranties pour la population?»

92 La menace desHouthis redessinelacar te du fret

93 Intérêtcroissant desÉtats-Unispou r lesm inérau xafr icains

94 Optimisme en RDC aprèslarév ision du« contratdusiècle»

95 Riz: le Pakistan et la Thaïlande concurrencent l’Inde parCédricGouver neur

FONDÉ EN 1983 (40e ANNÉE)

31,RUE POUSSIN–75016 PARIS–FRANCE

Tél. :(33)153844181–Fax :(33)153844193 redaction@afriquemagazine.com

Zyad Limam

DIRECTEURDELAPUBLICATION DIRECTEURDELARÉDACTION zlimam@afriquemagazine.com

Assisté de Lau re nce Li mo usi n llimousin@afriquemagazine.com

RÉDACT ION

Em manu el le Po nt ié DIRECTRICE ADJOINTE DE LA RÉDACTION epontie@afriquemagazine.com

IsabellaMeomartini

DIRECTRICE ARTISTIQUE imeomartini@afriquemagazine.com

Camille Lefèvre

PREMIÈRE SECRÉTAIRE DE RÉDACTION sr@afriquemagazine.com

Amanda Rougier PHOTO arougier@afriquemagazine.com

ON TCOL LA BO RÉ ÀC EN UM ÉR O

Jean- MarieChazeau, FridaDahmani, Catherine Faye, Cédric Gouverneur, Dominique Jouenne,Astrid Krivian, LuisaNannipieri, SophieRosemont.

VIV RE MI EUX

Danielle BenYahmed RÉDACTRICE EN CHEF avec Annick Beaucousin

VE NT ES

EXPORT Laurent Boin

TÉL. :(33)687318865

FRANCE Destination Media

66,rue desCévennes -75015 Paris

TÉL. :(33)1 56 82 12 00

ABO NN EM EN TS

ABONN ’E SCIE NT –TBS GROUP

20,rue Rouget de Lisle 92130Issy- les- Moulineaux

Tél. :(33)140942222

Fax: (33) 140942232 afriquemagazine@cometcom.fr

CO MMU NI CATI ON ET PU BL ICI TÉ regie@afriquemagazine.com

AM International

31,rue Poussin -75016 Paris

Tél. :(33)1 53 84 41 81

Fax: (33) 153844193

AF RI QU EM AGA ZI NE

ES TU NM EN SUE LÉ DI TÉ PA R

31,rue Poussin -75016 Paris.

SAS au capital de 768200 euros

PRÉSIDENT : ZyadLimam.

Photogravure: Philippe Martin

Imprimeur :LéonceDeprez,ZI, Secteur du Moulin, 62620Ruitz.

Commission paritaire: 0224 D85602

Dépôtlégal: novembre 2023

La ré dacti on n’e st pa sr espons able des te xt es et des photo sr eçu s. Les indications de mar que et les adr esses figura nt dans les page sr édact ionn elle ss ont donn ées àt itr e d’informat ion ,s ans aucun but publ icit air e. La re pr oduct ion, même par tielle,d es ar ticles et illustrations pris dans Afrique Magazineest strictementinterdite, sauf accorddelarédaction ©Afrique Magazine 2023.

AF RI QU EM AGA ZINE I 450 –M AR S2 024 9
CHEDL YB EN IBRAHIM/HANS LUCAS -A URÉLIE LAMACHÈRE -S YL VA IN CHERKAOUI/JEUNE AFRIQUE
P.46 P.74 P.68

ON EN PA RL E

C’est ma in te na nt , et c’est de l’ar t, de la cu ltu re , de la mo de , du de si gn et du vo ya ge

10 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24
DR
Denyse Gawu- Mensah, Golden Sun, Living with Sun (2023).

EX PO

SOUS LES ÉTOILES DU GHANA

À LONDRES, PU IS ACCR A, Ga ller y 1957 signe une ex po en deux pa rt ies, dédiée à la boui llon na nte communauté ar tist iq ue qu i travai lle entre les deux pays.

LA GA LERIE LONDONIENNE 1957 fête son huitième anniversaire avec une double expo – dans la capitale britannique à partir du 14 mars, et plus tard cette année à Accra. Intitulé « Constellations – Part 1: Figures On Earth & Beyond » (« Formes sur la Terre et au-delà »), ce premier volet accueille les travaux d’une quinzaine d’artistes, écrivains, réalisateurs et commissaires d’art. Parmi les œuvres commanditées pour l’occasion, on remarque celle d’Adelaide Damoah, pour sa première collaboration avec la galerie. Elle y mélange références aux monuments londoniens, images de sa famille ghanéenne et dentelles victoriennes, sy mboles du lien entre colonialisme et héritage Des artistes suivis de longue date par 1957, comme Modupeola Fadugba ou Amoako Boafo, qui exposent aujourd’hui aux quatre coins du globe, sont aussi de la partie. Avec des œuvres inspirées de la Terre ou des étoiles, de l’histoire ou de la science-fiction, « Constellations » propose d’entamer une conversation, de réimaginer radicalement la cohabitation entre humain et non-humain à travers l’art, et met l’accent sur l’unicité, les similitudes entre les habitats naturels et artificiels de Londres et Accra. ■ Luisa Nannipieri

« CONSTELLATIONS – PART 1: FIGURES ON EARTH & BEYOND », Galler y 1957, Londres (Royaume-Uni), du 14 mars au 25 mai. gallery1957.com

AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MAR S 20 24 11 DR (3)
Rashaad Newsom, Self Inventions (2023) L’artiste nigériane Modupeola Fadugba. Adelaide Damoah, peintre et performeuse d’origine ghanéenne

PA RL E

CARREFOUR DESIDÉES

LA SCÈN ELIT TÉRA IR E

DU CONT IN EN Tetdes

diasporas, àl ’hon neur àPar is.

AV EC 6000 VISITEURS l’année dernière,l’événement témoigne du dy namismedecemonde du livreafricain francophone. Représentéepar desauteurs tels que Charline Effah, EugèneÉbodé, BeataUmubyey iMairesse ou encore Wilfried N’Sondé, la troisièmeédition entend captiver un plus largepublic. Pendanttrois jours, 200écrivains, 60 éditeurs et librairesvenus d’Afrique, d’Europe,d’A mériqueetdes Caraïbes brasseront quantité de réflexions et d’échanges.Que ce soit l’intelligence artificielleauser vice de la traduction dans leslangues localesafricaines ou un regard critique surleroman policier,les thématiquesabordéeslorsdes rencontres promettent de «décloisonner lesimaginaires »etde «repenserles futurs ». Unemanière de porter haut et fort la diversitédelalittérature africaineetafro-descendante.

Notammentavecunhommage àl’effer vescence littéraire de la Côte d’Ivoire et àl’écrivain et hommepolitique congolais Henri Lopes,deuxremises de prix et l’intervention de slameurs,depoètes, de conteurs. ■ Catherine Faye

SALONDULIVRE AFRICAIN, Paris(France), du 15 au 17 mars 2024 salondulivreafricaindeparis.com

SO UN DS

Àécouter maintenant !

Ki ng Biscuit

Volt ageD iarr a, Joie’n’Re cord s/ Inou ïe Di st ri bution

Paru peuavant le premier conf inement, en 2020, le dernieralbum en date du trio français,formé parleguitaristeSylvain Choinier,lebatteur JohanGuidou et la clav iéristeA nnie Langlois, n’avaitpu déployer touteson énergie.Une excellente raison pour rev isiter cescompositions aveclemulti-instr umentisteburkinabè Oua-A nouDiarra, dont le djélin’goni déploie icitoutesses vertus

JoweeOmici l

Spir it ua lHea li ng:Bwa Kayi ma nFre ed om Sui te,Bash! Vi llageRecord s/ Modu lor

On ne présente plus ce musicien canadien, fils de pasteurhaïtien, fort d’unecarrière intensémentspirituelle

En témoigne ce nouveau disquefascinant,tantpar sonpartipris instrumental (etque soufflentles vents!) quenarratif, explorantles stigmatesde la révolutionhaïtienne de 1791.Ilfaut àtout prix se plongersansréser ve dans cettemosaïqued’une vingtainedepièces musicales, àécouter d’uneseule traite

Mali kAdouane

Af terR aï Part y, 19 92-2008, El mi rRecord s/ Ku roneko

D’origines saharaoui soufi, italienneetcelte,le musicien livredanscette copieusecompilation sa version arabedu cultissime Shaf t d’Isaac Hayes, et rappelle queson af terraï sous influencetechnoest unepotion magiquecapable de mêlerleblues àla soul et au funk,sansjamaisoublier les sonoritésorientalestraditionnelles.Et c’est absolument irrésistible ! ■ SophieRosemont

ON EN
12 AF RI QU EM AGA ZINE I 45 0–M AR S2 024
❶ ❷ ❸ DR (4)
LI TT ÉR AT UR E

CI NÉ MA

L’ÉTERNELLEVOIXDUREGGAE

BOBMAR LEY: ON ELOV E (États-Unis), de Reinaldo MarcusGreen. Avec Ki ngsley Ben-Ad ir,Lasha na Ly nch, Ja mes Norton.Ensalles

Hollywoodaenf in trouvé sonBob Ma rley !Unf il mq ui rest it ue LA PU ISSA NCEDECRÉAT IONdumusicienjamaïca in, toujou rs aussiécoutéplusdeq ua ra ntea ns aprèssad ispa rition.

LE PR EMIERBIOPICsur le créateur de «Could YouBe Loved»,coproduitpar Brad Pitt et la familleMarley, est portépar Kingsley Ben-Adir, l’un desKen de Barbie (2023), assezcharismatique pour avoirdéjàété MalcolmXetBarack Obamaàl’écran.Derrière la caméra :ReinaldoMarcusGreen (La MéthodeWilliams,2021),cinéasteduBronx,qui tient àson deuxièmeprénom –unhommage àMarcusGar vey, militantjamaïcain,précurseurdupanafricanisme, dont Bob Marley s’estinspiré pour lesparoles de «RedemptionSong»

L’Afriquen’est jamais loin. Le concertouvrant le film estdédié àHailéSélassié, empereur d’Éthiopie,dieudes rastafariens –mouvement rejointpar l’artisteen1966. Mais l’action est resserréesur la période1976-1978,quand le prodige métis s’éloignedeson pays en proie àlaviolencepolitique,après avoir étéblessépar balledeuxjours avantde monter sur scène. On le voit au travail, en Europe,soucieuxdecréerune musiqueporteuse d’un messagedepaixetd’antiracisme

Le scénariodonne aussitoute sa placeàson épouse :Lashana

Ly nchest uneRitaMarleyaussi forte queson personnage de guerrière du Dahomeydans The WomanKing (2022).Tant pispourles sixautrescompagnesdeBob Marley (ilareconnu onze enfants)…Lorsdelapréparation et du tournage du film,laprésenceactive de sa veuve,deses deux aînés et de sesmusiciens (trois fils desWailersincarnent leur père jeune et jouent en play-back!)garantitl’authenticitéde ce qu’on voit.Des zonesd’ombresont évoquées (letraumatisme d’un père blancqui l’aabandonné,sajalousie, sapartdeviolence) et nuancent leportraitdumythe.Lefilm évoque unefuture tournéeafricaine, entachée de détournementsfinanciers, mais s’arrête avecleconcert historiqueenJamaïque, qui parvient àfaireseréconcilier lesdeuxchefs de partiqui ensanglantaientK ingston. Deux ansplustard, il chantait àLibrevilleenpetit comité pour Omar Bongo,avant de célébrer àHararel’indépendanceduZimbabwelorsdeses deux seulsconcertspublics en Afrique, quelques mois avant de mourir,à seulement36ans ■ Jean -MarieChazeau

AF RI QU EM AGA ZINE I 450 –M AR S2 024 13
CHIABELLA JAMES/2023 PA RAMOUNT PICTURES -D R

Le s créatio ns de l’ar ti ste es pagn ol (à droi te) se mê le nt à de s objets an cest ra ux (à ga uc he).

RE ND EZ -V OU S

MATIÈRES VIVANTES

UN FACE-À-FACE EN TR E STAT UES, MASQUES AFRICA INS ET UN E SÉLECT ION D’ŒU VR ES du plasticien Miquel Ba rceló.

AU MUSÉE GENEVOIS, le néo-expressionniste espagnol élabore un dialogue quasi charnel, où la notion de scarification établit un point de rencontre entre toiles, objets, sculptures et céramiques Comme une trace ou une forme d’écriture en attente d’être lue. Une rencontre entre deux mondes. Proche des écrivains-voyageurs infatigables, parcourant lui-même la planète, Miquel Barceló incise, déforme, déchire. Un geste créatif cathar tique, répondant au cheminement de celui qui, pendant une trentaine d’années, a vécu à mi-temps au Mali, œuv rant et créant auprès des Dogon. « C’était l’endroit

où faire une tabula ra sa », se souv ient-il Sa peinture et ses céramiques se sont dès lors transformées, dans une volonté de se libérer autant de l’emprise du sujet que de celle des formes connues de l’ar t. De cette connivence entre ar tisanat, techniques millénaires, cosmogonie, codes contemporains et explorations intimes, est né un mode d’expression protéiforme, faisant écho aux divers traitements de la texture et du signifiant ■ C.F.

« SCARIFICATIONS », Miquel Barceló et le musée Barbier-Mueller, Genève (Suisse), jusqu’au 21 avril 2024 barbier- mueller.ch

ON EN PA RL E 14 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24 DRDRSTUDIO 68DR

UN GARÇON ÀTOUTPRIX

En Jordan ie,u ne jeuneveuve estmenacée de tout perd re au prof it de la fa mi lledeson ma ri.L ADUR ELOI DU PATR IA RCAT RELIGI EU X…

AU DÉCÈSSOUDA IN DE SONM AR I, Nawal, 30 ans, risque de perdre sonlogement, même si sa dotavait serviàen payerlamoitié… Fautedecontrat de mariage, et en l’absence d’héritier mâle,elleest menacéed’expulsion.Pire: si elle n’a plus de moyens,safillepeutlui être retirée pour être placée dans sa belle-famille. Àmoins qu’ellenesoitenceintedefeu sonmarietqu’elle attendeungarçon… Cesloispatriarcales, quispolientles femmes en faveurdes hommes au nomdela religion,l’entraînentdansune descente auxenfers, quiest aussi l’occasion de suivre sonpersonnage(parfaitement interprété par MounaHawa) d’un quartier àl’autre d’unevillepeu représentée au cinéma :A mman.Avecunvraisuspenseautourd’untestde grossesse… Ce premierfilm du Jordanien AmjadA lRasheed (coécrit avecdeuxfemmes) est« unehistoiredesur vie, de responsabilisation et d’espoir », explique le cinéaste. C’estaussi un thriller social et sociétal limpideetefficace ■ J.-M.C

INCHALLAH

UN FILS (Jordan ie), de AmjadA l Rasheed. Avec MounaHawa, Seleena

Ra ba ba h, Ha it ha m Omari

En sa lles

AF RI QU EM AGA ZINE I 450 –M AR S2 024 15
DR (2)
TH RI LL ER

TIKENJAH FAKOLY En mode acoustique

AUSSIENGAGÉQUE PROLIFIQUE,l ’a rt iste ivoi rien revientavec un al bu mrev isitantses composit ions en acoust iq ue.Une vérita bleréussite!

AM : Ce n’estpas rien,derevisiter desmorceauxdevotre propre répertoire, de «Plusriennem’étonne» à« Justice»… TikenJah Fakoly : Même si ce sont deschansonsque j’ai écritesilya un certain temps, j’étaisemballé pendant l’enregistrement, carj’aitoujours rêvédefaireunalbum acoustique.Celafaitdes annéesque j’en parle. C’est vraimentunrêvequi,une fois réalisé, permet de mettre la voix en avant, et doncles textes…Letimbreprendle pouvoirsur tous lesinstruments.J’aihâtedefairevivre cesmorceauxréarrangéslorsdela tournéeàvenir ! On entendd ’autres voix quelavôtre surcet album. Comment avez-vousenvisagéces duos ?

Selon la vibrationdutitre àréinterpréter !Sur «Les Mart yrs»,laperformance du rappeurTiggs Da Author estextraordinaire. J’avaiségalement très envied’inviter le BrésilienChico César, quej’appréciebeaucoup, et le Jamaïcain Horace Andy,que j’ai rencontré àlafin des années1990.Savoixest exceptionnelle. J’avaisaussiledésir de travailleravecNaâman,qui fait partie de la nouvelle génération de chanteurs reggae français.Ily aaussi Tapa,

l’héritière de la grande cantatrice malienne Kandia Kouyaté, sur le titre« Alou Mayé », Bernard Lavilliers,unvieil ami quejerespectebeaucoup, M, toujours foisonnant d’idées… En quoi Acoustic renoueavecvos racines, géographiquescomme musicales?

Lesinstruments utilisés viennent de l’Afriquede l’Ouest. Le balafon, la kora,len’goni… Ilsont bercé monenfance et monadolescence, puisquemes parents écoutaientdelamusique mandingue. Acoustic estunalbum àtravers lequel je veuxmontrer d’où je viens, mais aussi retracer macarrière grâceaux chansons quiyfigurent. Et je suis très heureuxdurésultat! ■ propos recueillispar SophieRosemont

TIKENJAH FAKOLY, Acoustic, Chapter TwoRecords/ Wagram Music. En tour néedanstoute laFra ncedès le mois de ma rs.Enconcert àlaSallePleyelles 13 et 14 novem bre2024.

ON EN PA RL E
RY TH ME S
YOURI LENQUETTE -D R
IN

TE RV IE W

JustineMasika Bihamba «Leviolcomme arme de guerre,c’est pour anéantir »

Mi lita nte, présidente de l’ONG Sy nerg ie desfem mes pour lesv icti mesdev iolences sexuel les(SF VS), celleq ui portesavoi xau-delà desf ront ièressig ne un témoignagefondateur pour lesgénérat ions àven ir.

AM : Pouvez-vousdresserunétatdes lieux de la situation géopolitique et humanitaireauNord- Kivu, àl ’est de la République démocratique du Congo ?

JustineMasika Bihamba: La situation estalarmante, surtoutpournousqui vivons àGoma. La ville, comptant 2millions d’habitants–tousles villages environnants l’ont rejointe pour fuir lescombats –, estencerclée, quasimenttoutesles voiesd’approv isionnementsont barréesetles bombardementsnecessentpas.Avecles conf lits en cours et l’escalade de la violence, c’esttoute la RDCqui estconfrontée àl’une desplusimportantes crises humanitaires et de déplacements internes dans le monde (6,9 millions de personnes).Jepensais qu’une telleapocaly psenepouvait existerque dans la Bible, mais nous sommes en train de la vivre. En quoi la communauté internationale manque -t -elleàses engagements?

ÀGoma, tout le mondeest là :les Nationsunies,l’Union européenne…Mais cesinstances présentesnefontqu’observer la misère de la population et établirdes rapports,sansjamaisinter venir pour faire cesser leshostilités et sanctionnerles autorités corrompues. Depuis quenoussommesen guerre,noussubissons despillages,des violsdemasse et desmassacres.Maintenant,s’ajoutentles affrontements répétésentre lesforcesarméesdelaR DC,épauléespar lessoldats hutu burundais, lesgroupes armés« patriotes » et la rébellion du M23, composémajoritairementdeTutsi etsoutenu parleRwanda. Le pays n’estpas unepriorité. Pourtant,l’est estl’une desrégions lesplusstratégiquesau monde, au vu desmatièrespremièresqu’elle abrite :cobalt, uranium,coltan,etc.Mes enfants, mespetits-enfantsn’ont jamais connulapaix. C’est, entreautres, pour cetteraison quej’aiécrit ce livre. Pour quel’onentende nosvoix.

Le viol commearme de guerreenRDC estaucœurdevotre action.

Lesv iols existaient avantles conf lits armés, mais généralement,unv ioleur étaitchasséduv illage. Il devait aller viv re ailleurs, dans la forêt, carils’était comporté «commeunanimal ». Le viol commearmedeguerre, c’est tout autrechose. Il apourbut de se venger, de dissuader, de détruire.Ilnes’agitplusdedésir sexuel.Lorsqu’on violeunbébéouque l’on introduitdes objets pointus dans lesorganesgénitauxdes femmes,c’est pour anéantir.Lorsqu’on violeune femme, c’esttoutun villagequi estbrisé. On sait la valeur desfemmes, surtoutdanslacommunauté. En lesprofanant, c’esttoute la familleque l’on vise, lastructure et l’équilibrepsychologiquesetsociaux de chacun De quelle manière intervenez-vous ?

La SF VS,crééeen2002, estune plateforme qui prendenchargeetoriente lesv ictimesversl’aide dont ellesont besoin: médicale,psychologique, juridique. Plusdetrente organisationsaccompagnent les femmes et lesfilles agressées, humiliéeset rejetées parlasociété,etont déjàprésentéplusieurs fois leurs revendicationsàl’ONU.Aveclareprise des affrontements, la situations’est aggravée, et le viol commearmedeguerreprend de nouvellesformes, commelaprostitution.Les adolescentsetadolescentes dont lesparents sont mortssousles bombes ou au combat n’ont pasd’autre issuepoursur vivreque de se prostituer, et ce sans protection.Aujourd’hui,nousavons comprisque sans associer leshommes, potentiels auteurs de viols, nous n’irons nullepart. Noussommesdoncentrain de travailler surlamasculinité positive,encheminantmain dans la main avecceuxpourqui la valeur,lerespect et lesdroitsdes femmes sont fondamentaux. Ce sont nosmeilleurs alliés. Pour fairepasseretentendreles messages.Pourconvaincre et allerde l’avant. ■ Propos recueillispar CatherineFaye

ON EN PA RL E 18 AF RI QU EM AGA ZINE I 45 0–M AR S2 024
DR (2)
Ju stin eM asika Bi ham ba , Fe mm ed eb out fa ce àla gu erre, Éd itio ns de l’Au be, 22 4p ag es,22 €

De hautenbas :

Pour une poignée de dollars, LosAngeles (2019) ; Sans titre (2023) ; l’ar tiste tenantl ’une de sesœuvres

PAR- DELÀ LESFRONTIÈRES

Im mersiondansl ’intimeetleprocessus créati fdeMOH AM ED BOUROU ISSA.

DEPUIS UNEV INGTAINE D’ANNÉES,leplasticienalgérofrançais n’en finitpas de surprendre. Devenuartiste un peupar hasard,ilest passéd’unmédiumàl’autre,delaphotographie àlav idéo,dudessinàladanse ou au rap, de la sculptureà la mise en scène. Mais,chezcet infatigablecréateurd’espaces et explorateurdel’altérité, tout estlié.Comme dans cette exposition quirassemble dessins, images,partitionssonores, plantes, aquarelles, ou encore écrans projetantune sélection de filmsdéfilanttelle uneplaylistpendant plus d’uneheure Un ensemble sans ordreapparent, où se révèlentcependant l’esprit et lesengagements de MohamedBourouissa,néà Blida, en Algérie, en 1978.Àtravers unemultiplicitéde domaines d’expérimentation, il dévoileses expériences intimesetunparcoursmulticulturel.Sansjamaiscesser d’observer lesmargesdelasociété et lespratiques collectives. Toujours entrelequi-v iveet la rémission. ■ C. F. MOHAMED BOUROUISSA, «Sig nal», Palais de Tokyo, Paris(France), jusqu’au 30 juin 2024 palaisdetokyo.com

ÉV ÉN EM EN
T
19
DR -H EA THER RASMUSSEN -D R-D ANIEL ROCHÉ
Gropius Bau, Berlin (2022)

ABNOUSSE

SH ALMA NI, J’ai péché, péchédans le plaisir, Grasset, 198pages, 19,50 €.

LIBERTÉD’ÊTRE, LIBERTÉD’ÉCRIRE

UN HYMNE ÀLAFÉMINITÉ et àlasensualité,àtravers le pouvoirdes mots et le désiràvif.

«CHA NTER LA LIBERTÉentravéedeForough,c’est

luifaire vivrelav ie de Marie, cettev ie quilui aurait étésiadaptée.» Au fild’untexte charneletcaptivant, AbnousseShalmani s’inspire de deux femmes libres et intenses,Marie de Régnier(1875-1963) et Forough Farrok hzad (1935-1967). Pour cespoétessesv ivant dans desmondesaux antipodes l’un de l’autre, la passionf ut le filrouge d’existences hors normes et de choixabsolus.L’une,première femmeàrecevoirleprix de littératuredel’Académiefrançaise,collectionne amants et maîtresses.Onlavoitsur le bandeaudu livre: de dosetnue,ellerefaitson chignonfaceà un miroir. La voluptéà sonparox ysme.Ellesera un modèle pour la seconde, ForoughFarrokhzad, étoile filanteenquêted’affranchissement. Après Khomeiny, Sade et moi (2014), Lese xilésmeurent au ssid’amour (2018), et Élogedu métèque (2020),l’autrice iranienne ressuscite et entrelaceainsi l’ardeur de la filledu poèteJosé-MariadeHeredia, reine subversive de la Belle Époque,etl’insoumission de l’égérie desmilieux littéraires iraniens dans lesannées1950, mortedans un accident de voitureà 32 ans. Deux destins, un même feu, queletitre du récit,tiréd’unpoème de Foroughparudanslerecueil Le Mur,en1955, illustre de sescharmes libertins: «J ’aipéché,péché dans le plaisir, dans desbraschaudsetenf lammés.» Animée parladésinvolturedeson inspiratrice française, la scandaleusemet ànuses infidélitésetconfirmeàson ex-mariqu’elle estlibre.Toutesav ie,sanssesoucier du conformismeetdelamorale, elle chemineavec l’histoire de MariedeRégnier et de sonamant Pierre Louÿs. Uneexistence dont elle aurait rêvé. ■ C.F.

ROM AN

Une place àpar t

Le voyage initiatiqued’une jeunefemme franco-togolai se àlarecherche de sesorigines.

SURLES CHEMINSsinueux de la question de soi, RaphaëlleRed fouilleles arcanesdumétissageetdu sentimentdehonteàtravers Adikou,personnagefort animé d’unecolère puissante et d’unesensation de vide, celledelanon-appartenance. «Avant chaque départ,quand elle fait ça,ondiraitqu’elle s’entraîne àmourir: pour ne pass’encombrer,elledépose lessouvenirsles unsàcôté desautres, lescontemple rapidementalorsque le tempss’étend.» Àlafoisrécit

PO ÉS IE

Lestourments du passé

Roman-poèmed’undeuil tourmenté,entre le CongoBrazzavilleetlaFrance.

«PUISSES-TUnejamais savoir quitues. »Sicette enseignante de latin,degrec ancien et de français cite Sophocle en exergue,c’est parceque sonpremierroman fait écho àl’Œdiperoi du granddramaturge. Un Œdipe coupable àlafoisdeparricide et d’inceste,faceà sondestin Déjà,en2022, lespoèmes narratifsd’Ève Guerra,réunis dans Corpsprofond s, exploraientles blessures, l’ombreet la lumière.Moins de deux ansplustard, sa fiction mâtinée de touches autobiographiques relate le cheminementd’une jeune

de transf uge etquête d’identité en formede road-trip, ce premierroman raconteleretourcontrarié d’uneFrançaise métissesur la terrepaternelle, où,peu àpeu,les objectifs s’évaporentpournedévoiler quel’essentiel,dansun enchevêtrementcontradictoiredeperceptions, d’émotionsetderéf lexions. Car, aprèstout,l’origine et l’identité se doivent-elles d’être fixes ?Etoù se sent-on vraiment chez soi? ■ C.F.

ÈV EGUERR A, Rapatriement, Grasset, 216pages, 19,50 €

filleconfrontée au décèsde sonpère,qui réveillela violence dessouvenirs.Face àla question du rapatriement du corpsenFrance, elle questionne l’appartenance, la domination, le mensonge Affrontantses démons,elle démêle un écheveau où l’écriture libère.Et le langage se fait poète: «Ilest mort dans l’arrondid’uncrayon quicasse…» ■ C.F.

ON EN PA RL E 20 AF RI QU EM AGA ZINE I 45 0–M AR S2 024
RAPH AËLLER ED, Adikou, Grasset, 224 pages, 19,50 €.
DR (3)
RÉ CI T

UZI SUR LE BON CHEMIN!

Ce jeunerappeur d’or ig ine congolaise affi rmeson flow su ru nt roisième OPUS ENGAGÉ,fédérateu r… et très entraî na nt.

«SIJ EMESENSV ISÉ, j’attaqueetje resteàmaplace commeRosaParks », rappe-t-il,rendant hommageà l’une desplusgrandes icônes de la lutte pour lesdroitsciv iquesaméricains. Avec ce troisièmealbum,Uzi rappelle qu’en dépitdeson jeuneâge,24ans, il aconsciencedes dérivesdumonde Il évoque aussibienlaguerreen RDCdans« MamanBobi Ladawa » queles paysages urbainsdans «Cités de France ». Rigueur, principe, boulot :telle estsaligne de conduite, déclinéedanslaconclusion« RPB» S’entourantdepointures de la scène actuelle,rap ou afrobeat,d’Oboyà Booba, Uzin’oubliejamaisses origines congolaises,bienqu’il soit né àFontainebleau,et assène sonindépendance artistique. Surlechemin sort d’ailleurs surson propre label, logiquement baptiséR PB. La promesse se confirme,etelleest àsuivredeprès. ■ S.R.

UZI, Surlechemin, RPBMusic/ Believe.

LUK RA W
AL BU M

NOME

(Guinée-Bissau), de Sana Na N’Hada. Avec MarcelinoA ntónio Ingira, BineteUndonque, MartaDabo. En salles

POUR QUISONNE LE BOMBOLONG?

SA NA NA N’HA DA afaitses armesdecinéaste àCuba dans lesannées1960avecplusieurs compatriotes, dont FloraGomes,avant de rentrerenGuinée-Bissau, filmer la guerre menéecontre l’arméeportugaisedans lesmangroves et lesforêtsdeson pays…À73ans,il intègreces images d’archives, rescapéesparmi plusieurs kilomètresdepelliculesperdues,dansson nouveaulongmétrage, en racontant l’histoire du jeuneNome, forcéde rejoindrelaguérillaen1969. Il mélange,avecdes teintes très particulières,les époquesetles questionnementssur cetteguerredelibération de onze ans. Elledevaitaboutir àlanaissance d’un État au serv icedetous, mais elle a tourné au règlementdecomptesentre combattants, avecla mort d’un leaderprometteur, AmílcarCabral, justeavant l’effondrementdupouvoir militaire colonialauPortugal.

«LaGuinéeest-elleprête pour tant de bonheur?», s’interrogeunpersonnagefantomatique, esprit àlapeau noireetaumasqueblanc,qui parcourt le film tandis que résonnentles bombolongs transmettant leurs messages de villageenv illage. Nome, rentréchezlui en héros, va deveniramer, puis cy nique… Le cinéasteexplique: «Onmereprochedetoujoursparlerdela guerre [en Guinée-Bi ssau].Cef ut un moment terribleetjeneveux paspassermav ie àenfairelerécit.Jelefaisnéanmoins […] caroncontinuede se haïr et de s’entretuer. »Son film, quiallie superbementréalité,mémoire et fantastique, n’estpas seulementuntémoignagedepremière main, c’estaussi unetrèsbelle mise en scèneauser vice d’un pan oublié de l’histoire desindépendances africaines et de leur «espérancecontrelacupiditéetlemal ». ■ J.-M.C

ON EN PA RL E 22 AF RI QU EM AGA ZINE I 45 0–M AR S2 024 DR (2)
UN VÉTÉRA NDUCIN ÉM AA FR ICAI Nraconte da ns un fi lm pu issa nt,mêlanta rch ives et fict ion, uneg uerred ’indépenda nce QUI N’APAS SU TENI RSES PROM ESSES…
FI LM

L’ar tdu

Depu is un peuplus

LE LA BELM ARO &CHAOS propose ar tist iq uesétonnan ha bi ller lesespaces

haos

’ u n a n, A I N OR DER es meu bles s, pou r avec ca ractère.

AU MOT« DESIGNER », il préfèredeloincelui de «créatif ».

Le Marocain Abdou (Abderrahman) Diouri,42ans,un passédansl’industriemétallurgique et dans la gestion du personneld’une grande entreprise, souligne quecequ’il connaîtenmatière de design et de mobilier,ill’a appris en autodidacte. C’estpourcelaque,v ule succèsf ulgurant de sescréations inédites et audacieuses, il s’estentouré d’un ébéniste,d’unmenuisieretd’untapissier,qui donnent corpsàson imagination aveclaqualité qu’ellemérite. Lancé début2023, le label Order&Chaos produitdes petitessériesetdes meubles sur-mesure dans un showroom laboratoiresur la routedel’aéroport,àCasablanca. Parmi

sespiècesphare,ontrouvel’étagère en formed’A frique, recouvertede cuir colorétel un Mondrian,oulatable bassemodulaireentecketfrêne, quiassocie lignes vives et souples,ouencorecet étonnant bararc-en-ciel en sept nuancesdebois, récemmentreproposé en velours rouge, fourrure blancheetmiroirs àl’intérieur.L’attention aux détailsetaux finitions, commeles décorationssculptées utilisantducourant électriquepourobtenir desfractales de Lichtenberg,faitdeses lampes et de sesmeubles de véritables créationsartistiques @order_andchaos ■ L.N.

AF RI QU EM AGA ZINE I 450 –M AR S2 024 23
PHOT OGRAPHY -D R
MALAK CHAOUI
Toutejeu ne, la ma rq ue prop os e de sm eu ble s àl ’a lluret rè sp oi nt ue

FA SH ION

Ré ali sé e en co ll ab oration avec l’ar ti ste Prin ce Gyasi la collecti on propose des sil houettes col orée s qui évoq ue nt ses photos.

BALMAIN le défilé de la discorde

La dern ière lignedelamaison, crééeavecdes ar tistes afr icai ns et cl in d’œi laux «SAPEU RS », rela nceledéb su rlal im iteq ui sépa re INSPIR AT IONETI MI

TAT IO

«C’EST UN ÉV ÉNEMENTdifficile et douloureux,qui remet de nouveauenquestion le regard réel queles marques occidentales prétendent porter surlacréativ itéafricaine, tout en affirmantouvertement s’en être “inspirées” Jusqu’àquand ?» Cettequestion,qui clôtureunlongposten anglaisdelamarquesénégalaise Tongoro,deSarah Diouf, a fait le tour du monde, il yaquelquessemaines.Lacréatrice réagissait au très attendudéfilédeBalmain,deretour après quatre anssur lescat walksdelaFashion Week parisienne,avecune collection masculinesignéeOlivier Rousteing, ouvertementinspirée parles impeccablesmises des« sapeurs »etréalisée en collaborationavecl’artiste ghanéen Prince Gyasietledesignerbritannico-camerounais

Ibby Njoya. Parmiles accessoi détailsspectaculaires –aux cô brassardsdorés,àmi-chemin gris-gris, desbracelets en cornedevache et desbijouxd’artiste hip-hop–,ilyavait unepièce de visage qu’elle areconnu tout de suitecommelacopieconforme de CairodeTongoro.Unbijou inspirédumaquillage deshommeswoodabe, présenté en mai2019àDakar et portépar…cette même NaomiCampbellqui défilait pour Balmain.LaréactiondeSarah Diouflance le battage médiatique,avecquelquesrev irements.Danslafoulée,elle se voit accusée d’avoirvoléle dessin de la bijoutière kényane TheresiaKyalo,etrev ient surlaquestionpourpréciser :

24 AF RI QU EM AGA ZINE I 450 –M AR S2 024
EN PA RL E DANIELE OBERRAUCH/GORUNW AY .COM (3)

puis aprobablement voyagé ou étéinterprétéplusieurs fois », notammentpar Dion Lee. Comment, alors, démêlerinspiration,imitation et influence, dans un milieuriche de zonesgrisescomm celuidelamode? La question du manqued protection juridiquede la créativité africain quoi qu’ilensoit, bienréelleetil faudrait l’ sérieusement.Mêmelorsqu’elle vientéclip collection quirendhommage au st yledes de Kinshasa, ParisouHarlem, et célèbrel’e hy perchromatique desphotos de Prince Gy portraits, résolument modernes,des Africa

Le dé fi lé re nd homm a ge aux «s ap eu rs » de la RD Ce t d’aut re sp ay s.

Ci -c ontre, le bijouC airo de la marqu e To ng oro, en ba s, la ve rs ion de Balmain

AF RI QU EM AGA ZINE I 450 –M AR S2 024
R
DANIELE
OBERRAUCH/GORUNW AY .COM (3) -D R-D

Ki n propose un e car te méti ssé e, qui s e re nouvel le toutes le s deux semaines

LES DÉLICES DE KINSHASA

Deux ad resses : l’une pour découv rir les PA RFUMS DU CONGO dans les ruelles de MA RSEILLE, l’autre pour se faire plaisir dans la capitale de la RDC.

LE CHEF HUGUES MBENDA a connu les grandes cuisines de Paris et de Londres, mais il a choisi Marseille pour proposer des mets inspirés par sa RDC natale. Après l’Orphéon, ouvert avec son frère avant la pandémie, et Libala, axé street-food, on le trouve désormais à quelques pas du marché de Noailles avec Kin, un restaurant gastronomique tout en vert malachite et bois – hommage à la nature congolaise et à Kinshasa Le midi, il propose la cuisine de Libala et, le soir, une carte métissée en six étapes, qui change toutes les deux semaines Ici, c’est l’Af rique par petites touches, comme avec la sauce piment-pomme, ou celle hollandaise au baobab, dont le goût acidulé évoque les fruits qu’il croquait, gamin, en sortant de l’école. Ou les gauf res au manioc, les gnocchis de banane au topinambour (ou à la tomate, selon la saison) et les jus maison. À découv rir aussi, le rhum du Congo et l’étonnant gin du Kivu, épicé à la vanille et au poiv re kin- restaurant.com

Ch ips de m a n io c et crèm e br ûl ée d’oignons

Ta pas , pi zzas , ma is au ss i pla ts tradi ti onn els , le re sto de Go mb e va ri e le s pla is ir s.

Ch ez Ma lamu, à Ki ns ha sa, au bo rd de la pi sci ne

Et à Kinshasa ? Les nouveaux spots se multiplient, ces dernières années. Malamu (« être bien » en lingala), inauguré à Gombe en 2020, a su attirer une clientèle locale et internationale, qui apprécie l’ambiance chaleureuse et la belle carte éclectique – des tapas aux pizzas, en passant par le risotto à la tr uffe ou le capitaine grillé à la sauce thaï, sans oublier les plats du pays Comme le poulet sauce barbecue maison ou le Baba Ntaba, la chèv re congolaise, façon Malamu Peu importe si l’on aime l’ambiance côté piscine, si l’on préfère la terrasse pour un dîner en têteà-tête, si l’on cherche le calme du salon climatisé ou si l’on réser ve le salon privé avec jardin, le tout est de se sentir bien, en bonne compagnie. malamu.co ■ L.N.

ON EN PA RL E 26 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24 DRBRUNO CHIAPPEDRDR
SP OT S

No n lo in de la cap ita le éc onom iq ue, ce nouvea u qu ar ti er de 226 lo ge me nt s se veut durab le et re spectu eu x de l’environ ne m ent.

À Abatta, l’innovation urbaine

Près d’Abidja n, KOFFI & DI ABAT É font sort ir de terre un nouvel écoq ua rt ier mi xte et proposent un autre modèle d’ ha bitat, adapté au x besoins locaux.

ON NE PEUT PAS REPENSER la façon d’habiter le continent sans changer le modèle urbanistique actuel Connus pour leurs projets durables et adaptés aux conditions climatiques de la région, les Ivoiriens Koffi & Diabaté travaillent sur la question depuis des années, et vont livrer dans quelques mois un écoquartier résidentiel, qui donne forme à une partie de leurs réponses Construit sur les rives de la baie d’Abatta, à une demi-heure du Plateau d’Abidjan, Abatta Village comprend 226 logements épurés et modernes, un complexe sportif avec salle de gym et piscine, une club-house dotée d’un restaurant et d’une garderie, une galerie commerçante et des bureaux. Le tout entouré de trois hectares de verdure, soit 40 % du lot, et complété par une marina sur la baie, des pistes cyclables et une promenade piétonne. Conçu pour promouvoir la mutualisation des espaces communs et des serv ices, et livré avec fibre optique intégrée, le projet favorise la mobilité douce, notamment en limitant la circulation des voitures et en dessinant des axes destinés aux piétons Les immeubles commerciaux et les logements, qui vont du deux-pièces (à partir de 103 000 euros) au duplex (moins de 400 000 euros), ont été construits à partir de matériaux locaux, favorisant l’éclairage et la ventilation naturels. Koffi & Diabaté ont aussi prév u d’installer des toitures végétalisées, un système de récupération d’eau pluv iale et des équipements à basse consommation, conjuguant confort des résidents et valeurs environnementales. ■ L.N.

AR CH I
DR

LES YEUX SUR LE SERENGETI

Assister à LA MAGI E DE LA GR ANDE MIGR AT ION, qu i an ime chaq ue an née les plai nes ta nzanien nes, est une ex périence inou bl ia ble.

ON EN PA RL E 28 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24
DE ST IN AT IO N

LE DÉBU T du printemps est un moment unique, dans le nord de la Tanzanie. Avec les premières pluies, dans les immenses plaines du Serengeti, s’entassent près de deux millions d’animaux, qui donnent vie au spectacle magique de la Grande Migration Lions, léopards, chimpanzés, buff les, gnous et zèbres quittent la région du Ngorongoro en direction du Kenya, pour une boucle de plus de 3 000 km qui les ramènera au point de départ à la fin de l’automne. Le parc du Serengeti s’étendant sur plus de 24 000 km² – il est le deuxième plus grand parc national du pays –, les voyageurs peuvent choisir où séjourner en fonction de la période, s’assurant une place au premier rang de ce spectacle extraordinaire, considéré comme l’une des sept merveilles d’Afrique. L’offre de logements s’enrichit ce printemps d’un nouveau lodge de luxe, le premier sous le label Explorer de la chaîne hôtelière

Elewana, réputée pour ses structures écoresponsables en Tanzanie et au Kenya Niché dans les collines, à la limite occidentale du parc, il est doté de 68 chambres et de six suites, toutes avec balcon privatif, d’une piscine et d’une galerie d’art. Construit sur le site de l’ancien Sopa Lodge, afin de minimiser l’impact sur l’écosystème, l’établissement offre une vue imprenable sur le cortège des troupeaux qui défilent en contrebas entre avril et juin Et il promet une expérience immersive, même hors safari : les hôtes pourront dîner dans la brousse, profiter du cinéma en plein air ou observer les étoiles en compagnie d’un astronome. Les chambres sont à partir de 300 euros la nuit en pension complète. explorer.elewanacollection.com ■ L.N.

La ma qu et te du l u xu eu x lodg e de Se re ng eti Ex plorer, qui of frira un e vu e im pren ab le su r le parc nat iona l.

AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MAR S 20 24 29
DR

Do mi niqu e Ouattara et so n hôte De ni se Ts hisekedi , Premi ère dam e de RD C, vi si te nt la Ca se de s en fa nt s ré nové e, au Pl atea u.

WE ARE AFRICA!

LA NEUVIÈME ÉDITION du dîner de bienfaisance Children of Africa s’est tenue à Abidjan. L’occasion de présenter les actions de la Fondation de Dominique Ouattara. par Emmanuelle Pontié

VENDREDI 1ER MARS, 11 heures Le soleil rayonne à Abidjan. La Première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, accompagnée de son hôte Denise Nyakeru Tshisekedi, Première dame de RDC, vêtues toutes les deux de tenues locales aux couleurs chatoyantes, visite la nouvelle Case des enfants devant un parterre d’invités du monde politique local et du show-business, venus des quatre coins du monde, et sous les applaudissements fournis des petits pensionnaires Le foyer d’accueil, dans le quartier du Plateau, ouvert en 1998, l’année du lancement de sa Fondation Children of Africa, a été rénové et agrandi pour accueillir 80 enfants dans un établissement à l’architecture moderne. Il compte aujourd’hui douze bâtiments répartis sur

6 700 m2 : un local administratif, deux salles d’étude, quatre dortoirs, une salle multimédia, comprenant une bibliothèque et des ordinateurs, une salle de télévision, un réfectoire avec une grande cuisine, une villa des sœurs avec une infirmerie, une maison du personnel. En extérieur : un grand préau, un espace de jeux et un terrain de sport. Des travaux de réhabilitation réalisés grâce aux dons récoltés par la Fondation, notamment à l’occasion du gala de bienfaisance organisé en 2022 par Dominique Ouattara Cette nouvelle réalisation en faveur des enfants en difficulté s’ajoute aux trois autres structures lancées et gérées par la Fondation à Soubré, Bouaké et Ferkessédougou. Il y a six ans, la Première dame inaugurait l’hôpital Mère-Enfant de Binger ville, puis le Groupe scolaire d’excellence d’Abobo en 2022. Et depuis, une nouvelle unité est née : le centre d’accueil pour les femmes victimes de violences, à Adiaké, dans le sud-est du pays. L’ensemble de ces établissements, gérés par un personnel trié sur le volet par la Première dame de Côte d’Ivoire, particulièrement attentive au bon fonctionnement de chaque structure sur le long terme, s’ajoutent à l’ensemble des actions menées au quotidien par la Fondation Children of Africa, qui opère aujourd’hui dans douze pays en

30 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24 ON EN PA RL E
GA LA
DR

Le s pe nsio nn aires du foye r, en m ai llots orang e de s Élép hants , dansent su r le tu be « Le Coup du ma rtea u ».

Afrique. On peut citer, entre autres, pour le secteur de la santé, l’équipement du service de néonatologie du CHU de Yopougon, ou l’organisation de caravanes ophtalmologiques ayant pris en charge 103 000 enfants et de campagnes de vaccination ayant immunisé 94 129 enfants. Pour le secteur social : soutien aux initiatives entrepreneuriales des femmes, distribution de décortiqueuses, de broyeuses et de matériels aux agricultrices. Et dans le domaine de l’éducation, la Fondation a construit le lycée de Kong dans le nord-est du pays, créé et équipé des salles multimédia à travers la Côte d’Ivoire, distribué 173 000 kits scolaires. Tous les deux ans, Dominique Ouattara organise une soirée de gala exceptionnelle et particulièrement chaleureuse pour sa Fondation, en présence de son époux le président Alassane Ouattara, au palais des Congrès de l’hôtel

Ivoire Cette année, le soir du 2 mars, 900 invités se sont retrouvés pour la neuvième édition de l’événement, dont le thème était « We Are Africa », autour d’un dîner raffiné imaginé par les chefs français Pierre Gagnaire et ivoirienne Vanessa Konan. Une soirée rehaussée par la présence de personnalités du monde des affaires, comme Martin et Olivier Bouygues (groupe Bouygues), Pierre Fakhoury (PFO Africa), Serge Varsano (Sucres et Denrées), Pascal de Izaguirre (Corsair), du domaine de la santé, comme le professeur Marc Gentilini ou le chirurgien Éric Cheysson, président de La Chaîne de l’espoir. Beaucoup de comédiens aussi, à l’image, entre autres, de Sandrine Bonnaire, Elsa Zylberstein, Jean-Pascal Zadi, Samuel Le Bihan, Vincent Perez, Benoît Magimel, Mélanie Laurent, Isaach de Bankolé ou Claudia Tagbo, des stars du sport, comme Didier Drogba et Cheick Cissé, ou du show-biz, tels que Youssou Ndour, Alpha Blondy, Matt Pokora, MC Solaar, des reines de beauté, comme Adriana Karembeu, accompagnée de son compagnon le rappeur Stomy Bugsy,

Da ns un dor to ir de l a nouvell e stru ct ure, avec l’épo us e du vic e- prési dent, Ma ïmouna Ko né

AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MAR S 20 24
DR
Photo de fa mi ll e avec, au prem i e r pl an (d e g. à dr.), Stomy Bugsy, Cl au dy Si ar, Sa mu el Le Bi han, Ad ri ana Ka re mb eu , Sy lvi e Te lli er Et Ya min a Be ngu ig ui au se co nd p la n à droi te

Ma rtin Bouygue s, le Prem ie r min is tre ivoir ie n Ro be rt Be ug ré Ma mb é et le com édie n Sa mu el L e Bi han

Se rg e Va rsano et Da niel le Be n Ya hm ed

Le mi ni stre Br uno Ko né (a u centre) son ép ou se Ma ss éré Touré, secréta ire gé né ra le de la présid en ce, et le pe intre Oua ttara Wa tt s.

BÀ la ta ble d’hon neur, au p re mier pla n, Ér i c Ch eyss on à g. et Pa sc al de Izagui rre à dr. Pi er re Fa kh ou ry au se co n d pla n à g.

Ci -c ontre, Gi ms et Carla Br un i.

« Le montant des enchères a pulvérisé les records ! »

Le joueur d e fo ot ba ll

Di di er Drog ba et sa com pagne Gabriel le Le mai re

ou encore la mannequin Noémie Lenoir, les Miss France Iris Mittenaere et Mareva Galanter, ainsi qu’Olivia Yacé, Miss Côte d’Ivoire. Le spectacle, intitulé Légendes d’Af rique, monté sur les magnifiques chorégraphies de Jean-Paul Mehansio et Georges Momboye, accueillait dans une ambiance assez chaude au lendemain de la victoire de l’équipe des Éléphants à la CA N les prestations sur scène de Magic System et Yemi Alade, entonnant la chanson officielle de la Coupe d’Afrique ou encore le tube de Tam Sir, désormais planétaire, « Le Coup du marteau ». Applaudissements fournis aussi pour Gims, qui a chanté avec Carla Bruni, épouse de l’ancien président français Nicolas Sarkozy, tous deux convives du dîner. La traditionnelle vente aux enchères proposait ce soir-là deux tableaux contemporains d’Abdoulaye Konaté et de Ouattara Watts, une paire de vases en lapis-lazuli signés par la princesse Ira von Fürstenberg – illustre marraine de la Fondation, qui nous quittait le 18 février dernier et à laquelle Dominique Ouattara a rendu un hommage très émouvant –, un masque yohouré de la collection de Serge Hié, ainsi qu’un maillot des Éléphants de Côte d’Ivoire signé par l’ensemble de l’équipe La totalité du produit des enchères s’est élevée à 452 millions de FCFA, pulvérisant

32 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24
DR

Le cha nteu r Alp ha Bl ondy et so n épo us e Ae lyssa Da rrag i.

le record de l’édition précédente De quoi soutenir la pérennité des actions de la Fondation. Des bénéfices qui iront à la construction et à l’équipement d’une nouvelle aile à l’hôpital Mère-Enfant de Binger ville, afin de réaliser des opérations à cœur ouvert pour de jeunes patients. Le lendemain matin, Dominique Ouattara et tous ses invités se sont rendus à Assinie, pour un déjeuner en bord de plage à la Maison d’Akoula. Orchestre live et danse endiablée pour tout le monde, notamment au son des prestations improv isées de Fally Ipupa ou de Singuila ! ■

Le grou pe Ma gic Syste m et Ye mi Alad e.

Au tour du c ou pl e présidenti el , Au re At ika et Sa mu el Le Bi han à ga uc he, et le vi ce -p ré sid ent de Côte d’Ivoire Ti émoko Meyl iet Ko né et so n épous e à droi te

Na tha lie Fo ll orou x et so n ép ou x. Ma rc Socqu et

L’anc ie n Premi er minist re Pa tri c k Ac hi (à droite), son épouse, et le docteur Je an -P ie rre La bl anchy.

Le c om édie n Jean -Pas cal Za di, entouré de Barba ra Beja ni et du ch anteur Ma tt Po ko ra

AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MAR S 20 24 33
DR

PA RC OU RS

Monika Kabasele

DANS SON PREMIER ALBUM, GRÉCOFUTURISME, la chanteuse exprime son identité plurielle en conjuguant ses racines grecques et congolaises. Elle confectionne un jazz très personnel, suave et rythmé, mêlant ses propres compositions à des reprises de standards ou de morceaux traditionnels. propos recu eillis par Astrid Krivian

Le titre de l’album, Grécof uturisme, est un clin d’œil au courant afro-futuriste. Née en Grèce d’une mère grecque et d’un père congolais, Monika Kabasele sublime en musique son identité plurielle, puise dans ses diverses appartenances Une afro-descendante qui honore ses racines, en restant ancrée dans le présent. À travers le jazz, elle combine les ry thmes congolais avec des musiques traditionnelles de sa région natale, la Thrace, mais aussi avec la samba ou d’autres sonorités africaines « Which is my identity? Am I African? Or Greek? », se demande-t-elle dans « Afro Blue », un standard qu’elle revisite : « Grâce à mon looper, j’ai créé une boucle avec ma voix. Cette notion cyclique est très importante dans l’afro-futurisme, où passé, présent et futur ne font qu’un », note l’artiste, qui reprend aussi la comptine congolaise « Cimwemwe Mwe » que lui chantait son père. En grec, en anglais, en français, sa musique aux couleurs suaves, oniriques, apaisées ne l’empêche pas d’explorer des sentiments plus obscurs, tabous, tels que la jalousie, avec « Une mauvaise personne ». « On parle peu de ces ressentis, pourtant très forts, qui nous torturent, nous bousculent. C’est difficile de les exprimer dans la vie, alors j’aime les chanter. C’est libérateur. » L’artiste baigne dans la musique depuis son enfance à Alexandroupoli. Amateur éclairé, son père joue de la guitare, du piano, des percussions. Quant à sa mère, elle chante du rebétiko, une forme d’expression musicale populaire du pays. Quand les amis viennent à la maison, on entonne des pièces orthodoxes, des morceaux traditionnels et spirituels congolais qui célèbrent le lien aux ancêtres, aux éléments, mais aussi des chansons françaises (Brassens, Renaud…), ses parents ayant étudié en France. Comme la petite Monika compose déjà des airs avec un xylophone, on l’inscrit à des cours de piano. À l’adolescence, elle apprend la guitare et le chant au conser vatoire. Ensuite, établie à Athènes pour ses études supérieures en littérature, elle intègre différents groupes et se produit sur scène « Je me sentais à ma place. Je savais que j’avais quelque chose à apporter aux autres » Elle quitte la filière littéraire et s’oriente vers un master en musicologie, puis s’envole pour la France. Elle parfait sa technique du chant jazz au conser vatoire à rayonnement régional de Paris, ville où elle habite désormais. Actuellement, elle étudie au Pôle supérieur de musique Paris–Boulogne-Billancourt pour devenir enseignante et maîtriser les technologies musicales (enregistrement, mixage, etc.). Elle dispense aussi des cours de chant en musiques actuelles au conser vatoire de Malakoff Mais c’est lors des concerts que la chanteuse s’épanouit le plus, affectionnant ce partage avec le public et ses musiciens. « Seuls la musique et le moment présent comptent alors. J’ai besoin de cette sensation, où la course quotidienne s’arrête » Un projet qui lui tient à cœur ? Voyager en RDC, poursuivre la quête des origines « J’ai très envie de découvrir mes racines, rencontrer ma famille paternelle Je sens un grand manque Cette distance avec le Congo ne peut plus durer Je dois faire ce pas. » ■

Mo ni ka Ka ba se l e, Gréc ofuturis me, 20 23, Ar t Di strict Musi c.

34 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24
DR
«J’ai très envie de découvrir mes racines, rencontrer ma famille paternelle. Cette distance avec le Congo ne peut plus durer.»
GIOT A EFREMIDOU

Nom: Société

Code

1AN 39 SEULEM ENT ABONNEZ-VOUS! BULLETIN ÀRETOURNER SOUSENVELOPPEAFFRANCHIE, ET ACCOMPAGNÉ DE VOTRERÈGLEMENT À : ABONN'ESCIENT - TBSGROUP SERVICEABONNEMENT/AFRIQUEMAGAZINE 20 RUE ROUGETDE LISLE –92130 ISSY- LES -MOULINEAUX –FRANCE TÉL.: (33) 140942222–FAX :(33)1 40 94 22 32 –E-MAIL : afriquemagazine@cometcom.fr
choisis montarif :
Je
FR AN CE (1 AN): 39 €
ÉTRANGER (1 AN): 49 € Je choisis monrèglement(en euros uniquement) àl ’ordre de AM Ipar : ● Directementsur le site afriquemagazine.com www.afriquemagazine.com/abonnement- papier ● Ou parlebiais denotre prestataireaveclebulletinci- dessous Contem po ra in , en pr is e avec cetteAfr iq ue qui ch an ge, ouvert su rl em on de d’aujourd’hu i, es tvot re rendez- vous mens uel in di spen sabl e. €
Chèquebancaire
Virement:CIC ParisÉtoiles Entreprises
6109130002026140 277 BIC :CMCIFRPP
IBAN:FR763006
: Adresse:
postal : Ville : Pays : Tél. mobile : Email : Signatureobligatoire

LE SENS DU 8 MARS

Scène ordinaire, un 8 mars, dans un bureau à Ouagadougou : « Bonne fête, ma chère ! Alors, ce soir, c’est monsieur qui va faire la vaisselle ? » Réponse de la collègue : « Oui ! Hi, hi, hi… » Plus tard, le même jour, deux jeunes épouses devisent :

« Dis- moi, pour la fête de la femme, ton mari, il t’of fre quoi ? Les fleurs, ça va bien, hein Moi, j’ai demandé un bijou !

Ah ben, tu as raison. C’est quand même notre jour, non ? Donc il faut un beau cadeau. » Partout en Afrique, c’est la date convenue pour les échanges gentillets, les petits rires étouffés des dames, et le passage à la caisse des maris et amants Mais de l’évolution de la condition féminine dans le monde, et en particulier en Afrique, point mot. Pour tant, c’était un peu le but de cette journée internationale. Elle rend hommage, certes, mais est aussi l’occasion de faire le point sur le statut du « genre », comme on dit sur le continent. Égalité hommes -femmes, scolarisation des filles, violences, etc.

Mal heur eu sement, les chif fres qui s’ étalent dans les colonnes des études des organismes internationaux à l’approche du jour J démontrent d’année en année à peu près la même tendance : une stagnation du statut des femmes dans nombre de domaines. La pandémie de Covid, les conflits géopolitiques, le réchauffement climatique et l’aggravation des situations économiques dans le monde augurent, selon l’ONU, que plus de 342 millions de femmes et de filles pourraient vivre dans l’ex trême pauvreté d’ici à 2030 Et la réduction globale des dépenses publiques impacte en premier lieu la gent féminine.

Principalement en Afrique, bien sûr. En 2023, une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur le continent révélait que les deux pays où le niveau de discriminations femmes-hommes est le plus élevé sont la Mauritanie et le Cameroun, la Côte d’Ivoire et le Zimb abwe étant les meill eurs él èves en la matière. 60 % des femmes africaines habitent des pays où ce niveau est classé élevé, voire très élevé. Et au -delà de la discrimination sociale, économique ou professionnelle, s’impose toujours le poids de traditions ancestrales dans la sphère privée, comme le mariage précoce. Un tiers des femmes africaines âgées de 20 à 24 ans ont été mariées avant l’âge de 18 ans. Et c’est le cas de plus de 60 % des filles au Niger ou en République centrafricaine Ces chiffres symbolisent un frein majeur à l’évolution des femmes sur le continent. Encore en 2024. ■

AF RI QU E MA GA ZINE I 45 0 – MA RS 20 24 37
TI É C’EST COMMENT ? DOM
PA R EM MAN UE LL E PON

AM vous a offert les premières pages de notre parution de mars

Profitez de nos offres d'abonnements pour accéder à la totalité de nos magazines et bien plus encore

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.