RWANDA RÉSURRECTION ET MAIN DE FER
Le pays commémore le 30e anniversaire du génocide.
PARTITIONS
NOUR AYADI
L’AMOUR DE L’HARMONIE
CINÉMA MOHAMED BEN ATTIA
DANS LES NUAGES
GASTRONOMIE
LES ÉTOILES DE MORY SACKO
BUSINESS
À QUI PROFITE L’OR DE L’AFRIQUE ?
BASSIROU DIOMAYE FAYE devient le plus jeune président du pays. Soutenu par son mentor OUSMANE SONKO, il doit acter la rupture, répondre aux immenses attentes, prouver que le changement est possible. Un défi historique.
N° 45 1 - AV RI L 20 24 L 13888 - 451 - F: 4,90 € - RD Fr ance 4, 90 € – Af riqu e du Sud 49 ,9 5 ra nds (t ax es incl .) – Alg ér ie 32 0 DA – All em ag ne 6, 90 € – Au trich e 6, 90 € – Be lg iq ue 6, 90 € – Canada 9, 99 $C DO M 6, 90 € – Es pagn e 6, 90 € – Ét at s- Un is 8, 99 $ – Gr èce 6, 90 € – It ali e 6, 90 € – Lu xe mb our g 6, 90 € – Mar oc 39 DH – Pa ys -B as 6, 90 € – Po rt ug al con t. 6, 90 € Royaume- Uni 5,50 £ – Suisse 8,90 FS – TOM 990 F CFP – Tunisie 7,50 DT – Zone CFA 3 000 FCFA ISSN 0998- 9307X0
REVOLUTION
LA
SENEGAL
Paris 107.5 | Melun 92.3 | Mantes-La-Jolie 87.6 | Abigjan 91.1 Africa RADIO
La nouvelle application est disponible
PA R ZYAD LI MAM
UNE NOUVELLE FRONTIÈRE VERTE édito
L’Afrique est au cœur des enjeux stratégiques de ce siècle. Un continent immense, peuplé de près de 1,2 milliard d’habitants, avec une perspective de 2 milliards à l’horizon 2050. Un continent émergent, mais où la lutte contre la pauvreté reste une urgence permanente. Un continent marqué par une urbanisation révolutionnaire, qui bouleverse les schémas sociaux traditionnels, les flux commerciaux, les demandes de la population. Un continent, enfin, en première ligne face au changement climatique, qui d’ores et déjà impacte la vie et le travail de millions d’Africains.
Dans ce continent de plus en plus peuplé et urban isé, la questi on agric ole reste pourtan t secondaire, alors qu’elle devrait s’imposer comme une priorité majeure En Afrique, l’agriculture est au cœur de tout, du pacte soc ial, le pivot des socié tés. C’est la princip ale sourc e de reve nus. Près de 60 % de la population travaillent la terre, au moins 300 millions de personnes, dont de très nombreuses femmes.
L’Afrique subsaharienne est la région qui connaît la plus forte croissance agricole au monde. La production a plus que triplé en valeur au cours des trente dernières années. Mais ce progrès se fait par l’extension continue des surfaces cultivées et l’au gm entation de la main-d’œuvre. Avec des conséquences sur un environnement déjà fragile. La productivité et la production restent faibles, bien en deçà du potentiel et des besoins. En fin de compte, 60 % de la population active travaillent pour un secteur qui génère moins de 20 % du PIB de l’Afrique subsaharienne (400 milliards de dollars sur les 2 000 milliards du PIB). Le niveau de productivité de l’agriculture africaine équivaut en moyenne à un tiers de celui de l’Asie. Moins de 10 % des terres sont irriguées, contre plus de 40 % en Asie.
Le continent est également devenu dépendant des importations. Leur valeur pourrait dépasser, à l’échelle continentale, la barre des 110 milliards en 2025. Une affaire qui pèse lourdement sur les comptes publics. L’héritage colonial a incité au développement des cultures de rente (café, cacao, coton…), aux dépens des cultures vivrières. Ces « rentes », particulièrement sensibles aux variations des marchés, ne participent pas à la sécurité alimentaire du continent. En parallèle, les modes
de consommation ont été bouleversés avec l’apparition de produits « non africains », comme le blé, le riz, le soja, devenus incontournables Et l’urbanisation crée une demande pour une alimentation différente, rapide, souvent à base de produits… importés.
Avec cette dépendance, l’Afrique subsaharienne s’expose dangereusement aux fluctuations des marchés mondiaux et aux crises internationales. L’exemple le plus récent a été l’impact de la guerre en Ukraine sur l’approvisionnement et le prix du blé. Les tensions sur le marché du riz (devenu un aliment de base) et le protectionnisme possible de certains grands producteurs, tels que l’Inde, illustrent le risque. Le tout provoquant de fortes inflations et son corollaire de subventions publiques…
L’ag ricu lture rest e don c un enj eu maj eur, stratégique. Au XXIe siècle, en 2024, malgré le labeur de millions d’Africaines et d’Africains, les questions de la souveraineté et de la sécurité alimentaire restent encore une urgence publique. La malnutrition, la sous-nutrition, les famines sont encore une réalité inacceptable. Près de 300 millions de personnes seraient à risque en 2025, selon la Banque africaine de développement (BAD).
Il faut sortir de cette si tuatio n généra le de précarité. Placer l’agriculture au centre de politiques publiqu es de dévelop peme nt. S’appu yer, d’abo rd, sur le petit exploitant, pivot de l’agriculture africaine d’aujourd’hui, et favoriser son écosystème. Agir sur la protection et la compréhension des sols, l’utilisation des engrais. Promouvoir les partenariats public-privé, inciter à l’entrepreneuriat. Imaginer l’avenir, soutenir les produits et les cultures adaptés aux changements climatiques, penser à ce que cherchent, enfin, les consommateurs du monde riche – le bio, la nature, l’authenticité…
Les acteurs de la filière sont conscients de l’urgence de cette révolution agricole africaine. De la nécessité d’atteindre et de dépasser cette nouvelle frontière verte. Le potentiel en matière d’emplois et de cercles positifs de croissance est réel, avec le développement des hinterlands et des filières agro-industrielles compétitives L’agriculture, c’est aussi un business rentable, avec la promotion de produits « grown in Africa » attractifs et compétitifs. L’Afrique peut se nourrir et nourrir une partie du monde. ■
AF RI QU E MA GA ZINE I 45 1 – AV RI L 20 24 3
3 ÉDITO
Une nouvel le frontière verte par Zyad Limam
6 ON EN PARLE
C’EST DE L’A RT, DE LA CU LT UR E, DE LA MODE ET DU DESIGN
Chez Hawa Paris, l’émancipation a du st yle
24 PA RCOURS
Karine Pédu rand par Astr id Kr ivian
27 C’EST COMMENT ?
Vive les scruti ns ! par Emmanuelle Pontié
52 LE DOCUMENT
Méditerranée, au cent re du monde par Catherine Faye
78 CE QU E J’AI APPRIS
Patricia Essong par Astr id Kr ivian
80 PORT FOLIO
Désirey Minkoh : Les espr its du Bwiti par Emmanuelle Pontié
96 VI VR E MIEUX
Cancer : le combattre su r tous les fronts par Annick Beaucou sin
98 VI NGT QU ESTIONS À…
Fidèle Ntoogue par Astr id Kr ivian
44
rrection et main de fer par Cédr ic Gouver neur 56
Ayadi :
r de l’harmon ie par Astr id Kr ivian 62
l’étoile de Mor y Sacko par Luisa Nannipieri
68 Hemley Boum :
« La vie n’est pas facile pour les rêveurs » par Astr id Kr ivian
74 Mohamed Ben Attia :
« L’hom me dans les nuages, ça m’intéresse » par Jean-Mar ie Chazeau
Afrique Magazine est interd it de diffusion en Algér ie depuis mai 2018. Une décision sa ns aucu ne just ifcation. Cette grande nation africaine est la seule du continent (et de toute notre zone de lect ure) à exercer une mesure de censure d’un autre temps. Le maintien de cette interd iction pénalise nos lecteu rs algériens avant tout, au moment où le pays s’engage dans un grand mouvement de renouvellement. Nos am is algér iens peuvent nous retrouver su r notre site Internet : www.afriquemagazine.com
4 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 1 – AV RI L 20 24
PHOTOS DE COUVERTURE : ANDREA FERRO/REDUX-REA
DRSYL VA IN CHERKAOUI N° 45 1 AV RI L 20 24 TEMPS FORTS 28 La révolution Sénégal par Zyad Limam
Boubacar Boris
:
Le
par Astr
Kr
38
Diop
«
langage est politique »
id
ivian
Rwanda : résu
Nour
L’amou
Sous
P.06 P.38
FONDÉ EN 1983 (40e ANNÉE)
31, RUE POUSSIN – 75016 PARIS – FRANCE
Tél. : (33) 1 53 84 41 81 – Fax : (33) 1 53 84 41 93 redaction@afriquemagazine.com
Zyad Limam
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
DIRECTEUR DE LA RÉDACTION zlimam@afriquemagazine.com
Assisté de Lau re nce Lim ou si n llimousin@afriquemagazine.com
RÉDACTI ON
Em manu el le Po nt ié
DIRECTRICE ADJOINTE DE LA RÉDACTION epontie@afriquemagazine.com
Isabella Meomartini
DIR ECTR ICE ARTISTIQUE imeomartini@afriquemagazine.com
Camille Lefèvre
PREMIÈRE SECRÉTAIRE DE RÉDACTION sr@afriquemagazine.com
Amanda Rougier PHOTO arougier@afriquemagazine.com
ON T CO LL ABO RÉ À CE NU MÉ RO
Jean- Marie Chazeau, Catherine Faye, Cédric Gouverneur, Dominique Jouenne, Astrid Krivian, Luisa Nannipieri, Sophie Rosemont
VIV RE MI EUX
Danielle Ben Yahmed
RÉDACTRICE EN CHEF avec Annick Beaucousin.
VE NT ES
EXPORT Laurent Boin
TÉL. : (33) 6 87 31 88 65
FRANCE Destination Media
66, rue des Cévennes - 75015 Paris
TÉL. : (33) 1 56 82 12 00
ABO NNE M EN TS
ABONN ’E SCIE NT – TB S GROUP
20 rue Rouget de Lisle
92130 Issy-les -Moulineaux
Tél. : (33) 1 40 94 22 22
Fax : (33) 1 40 94 22 32 afriquemagazine@cometcom.fr
CO MMU NI CATI ON ET PU BL ICI TÉ regie@afriquemagazine.com
AM International
31 rue Poussin - 75016 Paris
Tél. : (33) 1 53 84 41 81
Fax : (33) 1 53 84 41 93
AF RI QU E MAGA ZI NE
ES T UN ME NSU EL ÉD IT É PA R
31 rue Poussin - 75016 Paris
SAS au capital de 768 20 0 euros
PRÉSIDENT : Zyad Limam.
Photogravure : Philippe Martin
Imprimeur : Léonce Deprez ZI, Secteur du Moulin, 62620 Ruitz.
Commission paritaire : 0229 D 85602
Dépôt légal : avril 2024.
AF RI QU E MA GA ZINE I 45 1 – AV RI L 20 24 5 SHUTTERST OCKCHRIS SAUNDERSPHILIPPE QUAISSE / PA SCOFRANCESCA MANT OV ANI/ÉDITIONS GALLIMARD
La ré dacti on n’e st pas re spons able des te xt es et des photo s re çus Les indications de mar que et les adr esses figura nt dans les page s ré dact ionn elle s sont donné es à ti tr e d’informat ion , sans au cun but publ icit air e. La re pr oduct ion, même par tielle, des ar ticles et illustrations pris dans Afrique Magazine est strictement interdite, sauf accord de la rédaction. © Afrique Magazine 2024. 86 À qui profte l’or afr icain ? 90 Fran k Dixon Mugyenyi : « Des pays voisins pourraient créer des zones minières régionales » 92 L’Ég ypte poussée à la vente 93 Genesis Energy Group se déploie en Afrique francophone 94 Face à la dette, le retour des eu robonds 95 Au Kenya, succès du revenu universel garanti par Cédr ic Gouver neur
P.62 P.68 P.44 P.74
BUSINESS
ON EN PA RL E
C’est ma inte na nt, et c’es t de l’ar t, de la cu lt ur e, de la mode, du de sig n et du voyag e
Prés entati on de la co ll ecti on Ha wa Pa ri s, à l’Hôte l de Vi ll e, dans la ca pi ta le, en févri er 20 24
6 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 1 – AV RI L 20 24
FA SH ION
CHEZ HAWA PARIS,L’ÉMANCIPATION A DU STYLE
Le la bel imag iné pa r HAWA SA NGAR É allie économie ci rculai re et solida rité pour créer des pièces versat iles de ca ractère.
CE N’EST pas tous les jours que l’on a l’occasion de présenter sa première collection dans les beaux salons de l’Hôtel de Ville de Paris. Pour l’équipe de Hawa, qui accueille 26 personnes en insertion, le défilé du 1er février dernier a été l’occasion de dévoiler les premiers résultats d’un projet qui associe avec style la lutte pour l’émancipation et celle contre le gaspillage vestimentaire « La mode est un support d’activité idéal pour faire avancer ces deux combats qui me tiennent à cœur », explique Hawa Sangaré, 48 ans, une formation en ethnopsychiatrie et des décennies d’expérience dans l’accompagnement des personnes. Elle a créé la marque en janvier 2023 pour offrir un débouché naturel aux couturiers et couturières de son chantier d’insertion, H.A.W.A au féminin. Dans les ateliers installés au sein de la Manufacture Berlier, propriété de la ville, on apprend à upcycler des tissus de haute qualité récupérés dans les grandes maisons de couture. Encadrées par la directrice artistique Nicole Moore et deux expertes cheffes d’atelier, les équipes ont brodé et cousu des vêtements adaptés aux exigences les plus variées. Certaines pièces, comme la combinaison, sont unisexes. D’autres, comme cette jupe qui se remonte et se descend,
peuvent se porter avec des talons ou des baskets, à vélo comme en soirée. Et les coloris, du bleu électrique aux bleus, gris et noirs plus sobres, parlent tant aux personnalités les plus exubérantes qu’à celles plus classiques Le processus créatif est collaboratif et tire profit de la multiculturalité des employés. Une vraie valeur ajoutée, d’après Hawa Sangaré, qui prône le métissage et se décrit fièrement comme une Franco-Parisienne d’origine malienne. Elle pense déjà à la prochaine collection, une ode à la sensualité masculine et féminine matérialisée en satins, soies et dentelles issus des chutes de la marque de lingerie Chantelle. Et elle ne cache pas son envie d’ouvrir un jour des ateliers sur le continent et de participer à la valorisation des savoir-faire africains. hawaparis. com ■ Luisa Nannipieri
Ha wa Sa ng aré lor s du dé fil é du 1er févri er
AF RI QU E MA GA ZINE I 45 1 – AV RI L 20 24 7
DR (2)
AG EN DA
ALLERSRETOURS
L’AFRICA MUSEUM se penche su rl ’origi ne de sescol lect ions acqu ises pendantlacolonisation.
ALORSQUE LA QUESTION DE L’OR IGINE, de la trajectoire et de l’avenir descollectionsgagnées dans descontextestroubles fait l’objetd’une attention croissante dans lesdébatssociétaux et politiques,l’exposition« ReThinking Collections» (« Repenserles collections»)s’attache éclairer lesenjeuxactuels et lesmultipl approchesdelarecherche de provena Masques, fétiches,instruments de musique, trophéesdechasseetphoto d’explorateurs interrogentles archives du passécolonial, en lesconfrontantà l’histoire oraledes peuples spoliés. PrésentéeàBruxelles et menéeen collaboration étroiteavecdes cherche et desartistescongolais,ladémarche permet ainsi de saisir lesdimensions politiqueousacrée desobjetscollectés volés, au traversdecarnets,delettres, d’inventaires et de témoignages vidéos.Mais, par-delà cesnouvelles perspectives, quel avenir pour lescollections, provenant essentiellement de l’actuelle Républiquedémocratique du Congo,dansethorsles murs desmusées? ■ Catherine Faye
Gyelal uZau li Ma squ eT ib eita, Côte d’Ivoi re Créé par Sab u bi Boti
«RETHINKING COLLECTIONS», Africa Museum, Tervuren (Belgique), jusqu’au 29septembre 2024 africamuseum.be
SO UN DS
Àécouter maintenant !
OU M
Dakchi , Su rella. En concer t les23et24avr il au Ca fé de la Da nse.
L’unedes plus grandes figuresdelamusique marocaineactuelle, nourriedesouletde gospel commedemusique soufie, célèbreune décennie de carrière internationale avec un album live enregistré àMarrakech.Baptisé Dakchi,habitépar sesfidèles musiciens, àl’oud,ausaxo, àlatrompette,à la basseetaux percussions, il rev isite sestrois premiers disquesavecautant de fidélité qued’inventivité
Abou Tall
Monsieur Saudade , Play Two. En concer tle30avr il au Tr ia non.
C’estlabossa-nova qu’honoresur cetalbum
Abou Tall,musicienparisien d’originecongolaise, quis’est fait connaître àtravers le duoformé avec sonfrère Dadju, TheShinSekaï. Profondément attachéàses origines africaines commeàlamélancoliesonore brésilienne, il livreici de l’acoustique, dessentimentsetune sérénitéretrouvée
Un biennommé MonsieurSaudade !
S.Pr iNoi r
La Cour des miracles, Believe.
Fort de plus de quinze ans de carrière,lerappeur parisien revientavecun nouvel album, La Cour desmiracles,qui raconte l’effervescenceàhautrisque de sesdébuts artistiques et commerciaux,oùileut biendumal àsedéfaire de sesdémons. Laissant la part belle auxmélodies, le disque estsansdoute sonplusréussi, imaginé entrelaFranceetleSénégal,puis enregistré àBruxelles ■ SophieRosemont
ON EN PA RL E 8A FR IQU EM AGA ZINE I 45 1–A VR IL 20 24
❶ ❷ ❸ DR -J .-M. VA NDYCK/CC-BY 4.0 -D R-D R-D R
Le 2
DO CU
DAHOMEY (Bén in-Sénégal-France), de Mati Diop. En sa lles le 24 septem bre.
MATI DIOP,OURSD’ORÀBERLIN
La rest it ut ionde26des 7000 objets royaux du Béni npar la France estaucœu rde Dahome y,DOCUM EN TA IR ECONSACR ÉPAR
LE JU RY DE LA 74E BERLINALE, présidépar Lupita Nyong’o.
LA BERLINALEEST l’un desplusgrandsfestivals internationauxdecinéma,etaussil’undes plus politiques. Pasétonnantque lefilmdeMatiDiop aittouchélejur y, présidépourlapremière fois parune femmenoire (et première AfricaineàrecevoirunOscar en 2014 pour 12 Years ASlave), Lupita Nyong’o. Dahomey,secondlong-métrage de la cinéaste franco-sénégalaise après Atlantique (Grand Prix du jury àCannesen2019),adécroché l’Ours d’or le 24 février. Ce documentaireaccompagne le retour au pays d’unetoutepetitepartiedes collectionsroyales béninoises rafléeslorsdelacolonisation françaiseetconservéesau musée du Quai Branly.Les politiques sont tenusà distance : ni lesprésidentsTalon et Macron,àl’origine de cetaccord, ni lesspécialisteseuropéens et lesresponsablesdumusée ne sont interrogés.MaisMatiDiop redonne unevoixàces trésorsenfermésdansdes caissesàParis et quiretrouvent la lumière du continent, en faisantentendreenvoixoff quatre comédiens quiincarnent leur âme. Unevision poétique,qui donneaussi la parole auxjeunesBéninois: àl’occasion de ce retour en grande pompe(tapisrouge et coupsdecanon), un débatétait ouvert àCotonou surla
notion de restitution.Échangespassionnantsetvertigineux : pourquoi seulement26objetssur 7000 ?Pourquoi ceux-là? Commentles accueillir,les préser ver, lesmontrer en Afrique? Faut-illes enfermer ?Lemusée,inventé parles Européens, peut-ilv raimentêtretransposé ici? Faut-iltout récupérer ?Àquelquesstationsdemétro de la Berlinale, dans lescollectionsafricaines exposées au Humboldt Forum, lesconditionsdupillagedechaqueobjet sont désormais affichées, et despiècesprestigieuses prêtes àêtrerestituées au Nigeria. En conférence de presse, Mati Diop constataitque «l’emprise de l’Occident n’opère plus du tout », heureuse qu’à travers Dahomey,« s’entendecette bascule irréversible ». Son film sort en salles en France le 24 septembre, et la cinéaste, quin’a pasmanquéderappelerqu’elle étaitafro-descendante (déclarant en recevant sonprix: «Jemetiens iciensolidarité avec monpeupleduSénégal,qui se batpourladémocratie, pour la justice, et en solidarité avec la Palestine»), entend diff user sondocumentairepartout en Afrique, dans lescinémascommedansles universitésetdansles villages.Comme uneréappropriation,après ce débutde restitution ■ Jean -Marie Chazeau(envoyéspécial àBerlin)
AF RI QU EM AGA ZINE I 45 1– AV RI L2 02 4 9 XINHUA/REN PENGFEI/2024 ICON SPOR TDR
4fév ri er 2024 , l aréa li satri ce décroch e l’Our sd ’o ràl aB er l inal e pour son nouvea u documenta ire.
AT IBA JEFFERSON
RY TH ME S
SHABAKA FLÛTEENCHANTÉE
Aprèsq uelq uessaisons de réflex ion, le JA ZZMA NBRI TA NN IQUE propose un prem iera lbum,à la fois solo et collaborat if,d ’u ne ra re beauté contemplat ive.
EN 1959,quelquesannéesaprès ses débuts au seindu prestigieuxlabel Blue Note, dont il acontribuéàlapatte sonore,RudyVan Gelder aconstruit sonproprestudio– quia vu défiler John Coltrane (pour ALoveSupreme, tout de même), Herbie Hancock, SonnyRollins ou encore MilesDav is.
Autant d’idoles hantantces murs entre lesquels estvenuenregistrer Shabaka Hutchings.Figuredelanéo-scène jazz londonienne, où il s’estfaitconnaître grâceàson groupe Sons of Kemet, il apassé unepartie de sonenfance àlaBarbade,terre d’originedeses parents,avant de se dévouertrèstôt àlamusique classiqueetaujazz, via la clarinette et surtout le saxophone. En 2024,c’est un nouveaudépart qu’ils’offre avec Perceiveits Beaut y, Acknowledgeits Grace (« Percevez sa beauté,reconnaissezsagrâce ») –ne
fût-ce queletitre estprometteur! S’écartant du saxo au profit des flûtes,Shabaka,qui ne gardeici queson prénom,enexploretoutle potentielmélodique et ry thmique, du shakuhachi nippon auxf lûtes drones mayas de Teotihuacan, en passantpar lespifanos brésiliens et lesquenassud-américaines
Autour de ce postulat,lemusicien invite au studio Rudy VanGelder descomplices artistesletemps de onze morceaux,dont l’humilité n’efface guèreladextérité déployée au gré du pouvoirhypnotiquedes flûtes enchantées.Onentenddoncles voix ou les instrumentsdeLianneLaHavas, la bassiste et contrebassiste Esperanza Spalding,A ndré 3000 d’OutKast, Floating Points,lemaîtredel’ambient Laraaji,lechanteurMosesSumney, le poète touche-à-toutSaulWilliams
SHABAKA, Perceive itsBeauty, Acknowledgeits Grace, Impu lse! Sort ie le 12 av ri l.
Si le casting estétoilé, le résultat brilled’unminimalisme convoquant tant l’afrocentrismedecertainsde sesmodèles quenotre propre vécu émotionnel. De la beauté et de la grâce, il s’agit bien de cela. ■ S.R.
AF RI QU EM AGA ZINE I 45 1– AV RI L2 02 4 11
DR
RÉ CI T
LE CHOIX DU PARDON
Grande figu re de la mode,FAR IDAK HELFA lève le voilesur son en fa nce. Sa ns pathos.
OLLECTIF, bidjan, idd’artistes, Mali ka Éd it ions.
ÇA SWINGUE ÀBABI!
Un voyagedansl ’effer vescence ar tsy DE LA PERLEDES LAGU NES.
L’ÉDITRICE MAROC AINE Malika Slaoui se passionnepourl’art, l’Afriqueetses grandesmétropoles. Un tript yquecréatif et vivace quil’a amenée àcréer la collection «nid d’artistes », soutenue par la fondationBankof Africa.Après Ca sablanca (2018) et Dakar (janvier 2023), le troisièmeopusnousemmèneàAbidjan–Babi,pour reprendrelediminutif consacré –avecses 6millionsd’habitants,ses villes dans la ville, sa scèneculturelleetintellectuellebouillonnante. Plasticiens, photographes, designers, st ylistes, écrivains, musiciens, danseurs,slameurs,venus d’icietd’ailleurs,partagent leurs émotions et lesliens quiles unissent àlaPerle deslagunes.Leliv re estpréfacé parl’écrivaineVéroniqueTadjo,etles textes signés parleplasticien et sculpteurCélestinKoffi Yaos’intercalentavecles images du photographeR icky Lavern Martin.Aufil despages,secroisentprès de 80 personnalités, d’AboudiaàA mani,deJacobleuàMeiway, de Laetitia Ky àGeorges MomboyeetLafalaise Dion.Legraphisme résolument contemporain accompagne cetteeffer vescence éditoriale quipermetderessentiraussiàquelpoint Abidjans’est imposée surlacarte desculturesdumonde ■ Zyad Limam
POUR LA PR EMIÈRE FOIS,l’ancienne mannequin, réalisatrice et productrice de filmsdocumentaires racontelechaos de sonenfance, parcouruedev iolences, mais aussid’unformidableinstinctdesur vie. Néedeparents algériens, élevée dans la cité desMinguettesàLyon, à16ans,ellef uità Parispourv iv re en femmelibre. Extravagante,àlafois bad girl etglamour, Farida Khelfa estsublime.Habituée desnuits du Palace au débutdes années1980, elle ne tardepas àtaper dans l’œildeJean-Paul Gaultier.Trèsv ite, c’estlaconsécration Quatre décenniesplustard, àlamortdesa mère,l’heure estvenue d’«écrire [son] histoire,avoir l’usagedes mots. Construire un pont surlaMéditerranéeentre la France et l’Algérie. »Unrécit autobiographique lucide et poignant,à l’aune desmotsde Frantz Fanon, citésenexergue :« Je ne suis pasprisonnierdel’histoire.Jenedoispas y chercherlesensdemadestinée. » ■ C.F.
FAR IDA
K HELFA, Une enfance française, Albin Michel, 256 pages, 19,90 €
12 AF RI QU EM AGA ZINE I 45 1–A VR IL 20 24 AMINA LAHRACH -D R-D R
BE AU XL IV RE S
C
n
A
LE PAYS DESOISEAUX
Su rles hauteu rs de Ta nger,u ne matriarcheveutvendre la ma ison fa mi lialeetu nter ra in convoitépar despromoteurs, qu iest aussiu nref ugeorn it hologique… UN EPRODUCT ION FÉBR ILEETENVOÛ TA NT E, au ry th me d’uneado qu i ne communiqueq u’àt ravers lesréseaux sociau x.
«C’EST UNESHÉHÉR AZADE2.0 quiraconte milleetune histoires»,résumeLeïla Kilani quandelleparle de sonnouveau film,r ythmépar la voix off(en arabe) d’une adolescentedont lesincessantspostsetSMS s’affichent(en français)ensurimpression àl’écran.Linaest volontairementmuettedepuis la mort de sa mère,cequi ajoute à l’étrangetédecette jeunefilleetàl’atmosphère dans laquelle baigne la grande maison bourgeoise où elle habiteavecson père et sa grand-mère.Unpromoteurjurederendre la famille milliardaire, et la matriarche profited’une noce familialedansses murs pour fairesigner àtout le mondelavente de l’indivision.Seullepère de Lina refuse,préférant tout céder auxoiseaux quipeuplentlevaste terrain, dont descentaines de cigognes blancetnoir. Sa fillelance l’alerte surInternet. Un bidonvilles’est aussidéveloppé sur lespentesdecette collinetangéroise, et le promoteurnereculedevantrienpouren manipulerles habitants… La jeunebonne de la maison va se retrouveraucœurde l’affrontement. Fableécolo,drame social et politique, thriller policier :tout se mélange dans unefer veuraccentuée parlamiseenscène volontairementchaotique (unpeu trop «caméra àl’épaule»,çatanguesur grandécran…),maisqui déroulesubtilement un scénario fatalqui touche au fantastique. Commedans Surlaplanche (2012),qui l’avaitrévélée avec sesquatreouvrièrestangéroises àlatchatcheincomparable,la réalisatrice marocainemet en avantdes rôlesdefemmesfortes, icitrèsdifférentes, sur un rythmeeffréné, quipar vientpourtantàménagerune placeàlapoésie. ■ J.-M.C
IN DIVISION (BIR DLAN D) (Maroc-France), de LeïlaK ilan i. Avec If ha mMat het, Mustafa Sh imdat, Ba hiaBootia El Ou ma mi.Ensalles
AF RI QU EM AGA ZINE I 45 1– AV RI L2 02 4 13
DR (2)
FI CT ION
TERRITOIRE INTÉRIEUR
Au Cap, MAM E-DI AR RA NI ANG bouscu le lesconvent ions de la photog raph ie docu mentai re et du port ra it.
EX PLOR ATIONDEL’ESPACE, portraitsmétaphoriques la représentant, installation filmique multi-écran… L’œuvredelaphotographe autodidacte, néeàLyond’unpère sénégalais et d’unemère francoivoirienne,secaractérise parune approche exploratoire,abstraite et subversive àtravers la photographie et la création audiov isuelle immersive.EnA frique du Sud, «Selfasa ForgottenMonument» (« Le Soi commemonumentoublié»), sa première exposition personnelle muséale, proposeune chorégraphie spatiale,oùles paysages urbains, lesmises en scènethéâtrales, lesf lousrévèlentpar touchesl’identité toujours en mutation de l’artiste. Un mondeintimequi surprend, bouscule, interroge: «Comme uneespècedechasseautrésordansunterritoire, et ce territoire,onvadireque c’estmoi.» Plusencore, c’estunactede mémoiredontMame-Diarra Niangtémoigne. Telunédifice parlequel elle résisteàlacatégorisationetaux hy pothèses surles géographies et lesspécificités. Au fild’une métamorphose sans fin. ■ C.F.
MAME-DIARRANIANG,« Self as aForgotten Monument», ZeitzMOCAA,LeCap (Afrique du Sud),jusqu’au7juillet2024. zeitzmocaa.museum
AU FILDES CONFIDENCES
Ci nq ua nte-si xrécits de Tu nisiensa nony mes, sous la plume DE MA RI EN IM IER.
QUITTERSATABLE,voyager et se frotter àune formed’écriture, entrelanouvelle et le récit, la fiction et le document. C’estprèsdeTunis quel’autrice de Sirène, couronnépar l’Académie françaiseen1986, de La Reinedusilence,PrixMédicis 2004, et de Petite sœur,paruen2022, estpartie àlarencontre de parfaits inconnus,avides de partager leurs préoccupations, leurs aspirations, leurs combats. «Ils’agissaitau départ d’uneexpériencelittérairequi s’est transformée au fildutemps en aventure humaine. Puis en addiction.» Recueillir de manière fugace lesparoles de confidents secrets aquelque chosedepalpitant.Comme regarder parletroud’une serrure. Plus encore,ici,que ce soit partéléphone,par écrit ou dans un caféprèsdumarché, chacuneet chacun s’estlivré sans fard,afinque,quelque part,restent lestracesd’une histoire,petite ou grande.Etdevenant souvent, parlamagie de la plume, celledetouteune vie. ■ C.F.
MAR IE NIMIER, Confidences tunisiennes, Gallimard, 256pages,20,50 € NAR RA TI ON
ON EN PA RL E 14 AF RI QU EM AGA ZINE I 45 1–A VR IL 20 24 MAME-DIARRA NIANG (2) -F RANCESCA MANT OV ANI/© GALLIMARD -D R
AR T
S
Ma me -D iar ra Niang, 6. Untitl ed (2 013)
Ma me -D iarraN iang, 6. Vive nc ia (2 016)
ROM AN
ÀCORPS PERDU
SCHOLAST IQUE
MUK ASONGArev ient avec la na rrat ion d’unev ie poig na nte. L’ histoi re vraie de Ju lien ne,née en ex il au Rwanda, sonproprepays, venueaumonde pour vivreà la vie àlamor t.
«PUIS, UN JOUR,derrière sa barrière, il luiavait lancé: “Mademoiselle, voulezvous prendreunverre de Martini ?” »Il suffitparfois de quelques mots,depiquerla curiosité, et la rencontresefaitinévitable. Il en estainsi pour Julienne et «l’homme au Martini ». Un personnage addictif, réincarnésouslaplume de l’unedes grandesvoixdelalittérature rwandaise. Dans ce douzièmeouv rage,celle quiécrit depuis près de vingtans surles pagesles plus sombres de l’histoire du pays desmille collines délivrelatrajectoire enfouie d’une femmetroublante, dont leportraitennoir et blancirradie surle bandeauduliv re Unehistoirev raie,longtemps contenue,en gestation, enfinrévélée. La narration d’une destinée àl’exil, auxpassionsetblessures Telleune promesseque Scholastique Mukasongaseserait faiteà elle-même et àl’héroïnedecerécit romancé,où s’entremêlentnaïvetéettrahison, système colonial et patriarcat, contamination et sororité.Enexergue,quelquesmots, «pour toi, Julienne », saisissent d’emblée. Dèslors, commeJulienne dans la vie, le lecteurse jetteàcorps perdudansune histoire àla fois tragique et lumineuse. Sesillusions, sesdésillusions,safoi en quelquechose quiladépasse, la fatalité.Unécheveau traversépar un filrouge déterminant: dénoncer l’injustice. Et mettre enlumière la beauté de la sincérité. Distinguée parleprixRenaudot 2012 pour NotreDame du Nil,leGrand Prix SGDL de la nouvelle 2015 pour Ce quemurmurent lescollines et le prix Simone de Beauvoir pour la libertédes femmes 2021 pour Un si beau diplôme!,celle quiatémoigné avecfer veur de la persécutionvécue par sesproches jusqu’àleurextermination, lorsdugénocidedes Tutsi, met icienscène lesanfractuosités de l’humanité,ses fragilités et l’émotionqui la parcourt Àtravers unesublime solitude Funeste: «Lamorta pour tous un regard.Lamortv iendra et elle aura tesyeux. » ■ C.F.
SCHOLASTIQUE M UK ASONGA, Julienne, Ga llimard, 224 pages, 20,50 €.
15
FRANCESCA MANT OV ANI/© GALLIMARD -D R
ENTR E LA FIN DES ANNÉES 1960 et le début des années 2000, le photographe nigérian J.D. Ok hai Ojeikere a documenté, à travers ses emblématiques séries en noir et blanc « Hairst yles » et « Headdress », l’art éphémère des coiffures. Sensible à toutes les formes d’art, et notamment à celles qui s’intègrent à la vie quotidienne, l’artiste travaille sur les changements sociaux et culturels amenés par l’indépendance. Et l’effet de l’arrivée massive des perruques dans les années 1950 n’échappe pas à son regard. Dans un souci d’abord ethnographique, puis purement
De ga uche à droi te et de haut en ba s : Ba nke (« He address ») ; Ife Bronze (c a. 1970) ; Suku Si ne ro Ki kp (c a. 1970).
TÊTES SCULPTÉES
La prem ière ex position person nel le à Pa ris du photog raphe nigérian J.D. OK HA I OJ EI KERE est un hy mne à la beauté éphémère des coiffu res du pays.
artistique, il immortalise les drapements des coiffes et les détails des coiffures. Pour la première fois, la Galerie du jour d’agnès b. réunit dans une exposition personnelle saisissante une trentaine de tirages sur les 3 000 qui constituent les deux séries. L’objectif du photographe y sublime la puissance abstraite des géométries et des formes de ces « sculptures d’une journée », mais aussi le savoir-faire manuel des femmes et la richesse de la créativité et des traditions du pays. ■ L.N.
« SCULPTURES FOR A DAY », La Galerie du jour, Paris (France), jusqu’au 5 mai 2024 agnesb.eu
ON EN PA RL E 16 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 1 – AV RI L 20 24 J.D. OKHAI OJEIKERE (3)
EX PO
Tisser les racines
Le jeune designer ABREHAM BR IOSCHI et Nodus inscrivent da ns des tapis de lu xe doui llets et chaleu reux les paysages et la cu lt ure des peuples ét hiopiens.
L’ENTR EPRISE ITALIENNE de tapis haut de gamme Nodus Rug travaille avec des designers de renom pour concevoir des pièces de déco qui sont de véritables œuvres contemporaines Mais elle sait aussi faire confiance aux jeunes artistes émergents. C’est le cas pour la série réalisée en collaboration avec Abreham Brioschi à l’occasion de la Design Week milanaise. D’origine éthiopienne, celui-ci s’est fait connaître pour ses chaises en bois qui évoquent la culture de son pays de cœur Pour Nodus, il a conçu trois tapis très particuliers. Le premier, Dancalia, renvoie aux paysages spectaculaires de la dépression de Danakil, avec ses sources chaudes aux couleurs surréalistes, ses volcans actifs et sa géologie étrange. Arrondi et irrégulier, il est découpé par des lignes blanches, qui font écho aux corniches de sel des vasques acides du Dallol Ses tonalités chaudes transforment en accueillante pièce de design l’un des lieux les plus hostiles au monde. Les deux autres grands tapis rectangulaires de la série ont un aspect plus traditionnel, adouci par des angles courbes, et un coloris plus sobre, entre marron, beige et crème. Baptisés Mursi et Suri, ils tirent leurs motifs des scarifications traditionnelles des peuples homonymes abrehamdesign.com ■ L.N.
17
Les ta pis so nt ré al is és ar ti san al em ent avec la te chniq ue du nœud tib étai n. DR (2) Abreh am Br iosc hi
DE SI GN
CONTEMPORAINES DE NÎMES, Nîmes (France), jusqu’au 23 juin contemporainedenimes.com
NÎMES LANCE SES
CONTEMPORAINES
À travers des dialog ues intergénérat ionnels inéd its entre les ar t istes, cette PR EM IÈRE TR IENNALE pose la question de l’ héritage et de la transm ission. RE
L’ÉDITION INAUGURA LE des Contemporaines de Nîmes, une nouvelle triennale de création contemporaine diff usée dans toute la ville, a été officiellement lancée le 5 av ril dernier. La direction artistique de la manifestation a été confiée à Anna Labouze et Keimis Henni, déjà aux manettes des Magasins généraux à Pantin, qui font dialoguer des duos d’artistes émergents et établis, sur le thème « Une nouvelle jeunesse ». Parmi les artistes afrodescendants invités, on retrouve la jeune dessinatrice Neïla Czermak Ichti, qui met ses œuvres face à celles de l’icône de la peinture algérienne Baya, et le photographe belge Alassan Diawara, élève de Malick Sidibé, en binôme avec la Franco-A lgérienne Zineb Sedira Mais aussi Aïda Bruyère, née à Dakar, qui imbibe son travail d’influences postcoloniales et afroféministes Et les vidéastes Rayane Mcirdi, qui suit le quotidien des jeunes de banlieue, et Valentin Noujaïm, qui a récemment sorti le court-métrage documentaire Pacific Club, sur la première boîte de nuit parisienne à accueillir les Arabes de banlieue ■ L.N.
ON EN PA RL E 18 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 1 – AV RI L 20 24
ND EZ -V OU S
Aïda Br uyère et Ju dy Ch ica go, « Pl ei ns feux ».
STÉPHANE RAMILLONDRDR
Neïl a Czer mak Ichti et Baya, « Ri en ne me ma nque ». Delphine Dénéréaz et Sonia Chiambret to, « Cœur en flammes ».
LA BELLE PROMESSE
Révélée pa rl ’émission
TH EVOICE,lajeu ne chanteusef ra nçaise d’or ig ineivoir ienne s’affi rmeavecu ndeu xième
EP plus queprometteu r, AU TOLYSE.
COMME sonnom l’indique, il s’agit deparlerdesoi –sansimpudeur, mais avecsincérité.Des’appuyersur la beauté de la langue française, d’une structurepop urbaine, afin d’évoquer la dualitéamoureuse, mais aussi« la complexitédeseconstruireentièrement dans un pays quifinalementn’est que la moitié de moi-même ». Ce qu’elle expliciteclairementdanslemorceau «Nuages»: «Une partie de mois’est envoléeentre ParisetlaCôte d’Ivoire. Dans ce projet,j’aicherché certaines sonoritéset beats, certainsriffs de guitareetdes harmonies. Ayantgrandi en lisant de nombreuxlivres sur l’Afrique, j’ai conscience de l’importance qu’yont la musiqueetles textes,et je me suis ici dévouéeà cesmécanismes harmoniques, àcet artde manier lesmotsqui me fascinenttantdansl’art ivoirien.» Le tout rehaussé d’untimbresingulièrement mémorable. ■ S.R.
ILLA, Autolyse, TheOrchad
UE
ILLA MUS IQ
DARIO HOL TZ -D R
CR ÉATI FS, RA FFI NÉS ET AFROLO ND ON IENS
L’un récemment étoi lé, l’autre tout juste ouvert, AKOKO ET AK AR A décl inent en plusieurs nuances l’amou r d’Aji Akokom i pour la cu isine d’Af rique de l’Ouest.
AJI AKOKOMI, le fondateur de l’un des meilleurs restaurants afro-gastronomiques de Londres, a de quoi être fier Il vient d’obtenir sa première étoile Michelin pour Akoko (le nom d’un peuple yorouba), où il propose depuis 2020 une cuisine créative d’Afrique de l’Ouest, jouant avec des ingrédients de qualité et des techniques de cuisson ancestrales. Comme le feu alimenté avec du « kameeldoring », un bois très prisé en Namibie pour la préparation du braai. Le menu dégustation, créé avec son chef exécutif Ayo Adeyemi, comprend de l’etor, purée d’ignames du Ghana, frit et serv i avec œuf de caille fumé et avocat, du sauci yohoss, une soupe de moules
sénégambienne avec tomates anciennes, ou du riz wolof maison, avec bœuf et moelle du Lake District anglais. Même si le menu est disponible à prix réduit le midi, les chefs ont voulu offrir une expérience complète plus accessible, en ouvrant leur deuxième resto en octobre. Akara, du nom du traditionnel beignet frit à base de haricot à l’œil noir, offre un cadre plus informel et lumineux qu’Akoko, où la déco en terre cuite et argile évoque un éternel coucher de soleil Et son menu saisonnier à la carte envoie tout autant Parmi les plats phare, on a forcément les akaras, farcis au crabe et kuli kuli, au porc braisé, au céleri-rave ou aux gambas, mais aussi le poulet de Lagos avec sauce citron ou pimentée, et les plantains avec poulpe grillé et relish de piment. À tester avec les éclectiques cocktails maison, comme le Plantain Old Fashioned akoko.co.uk/akaralondon.co.uk
ON EN PA RL E 20 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 1 – AV RI L 20 24
SP OT S
■ L.N.
JOHNCAREY2020JODI HINDS PHOT OGRAPHY 2022CHARLIE MCKA YJODI HINDS 2024 À Aka ra , on se dé lecte, entre autre s mets , du dé lici eu x poulet de La gos.
Akoko, to ut ju ste étoil é, propose un
e cu isi ne af ro -g as tro no
mi qu e poi ntue
En Tanzanie, des maisons qui soignent
Le projet STAR HOM ES fa it pa rt ie d’une recherche promet teuse qu i touche à sa fi n et qu i permet tra d’évaluer l’impact su r la sa nté d’une ha bitation adaptée.
ET SI LE DESIGN d’une maison pouvait aider à prévenir le paludisme, les infections des voies respiratoires et la diarrhée ? Pour répondre à cette question sur la base de données solides, une équipe interdisciplinaire d’architectes, de spécialistes de la santé publique et d’entomologistes a lancé il y a plus de dix ans le projet Star Homes dans 60 villages de la région rurale de Mt wara, dans le sud de la Tanzanie. Ici, en 2021, sont sorties du sol 110 maisons individuelles à deux étages, bâties sur des fondations solides et résistant aux inondations, mais pour vues de murs constr uits avec 70 % de béton en moins et de façades perméables à l’air et à la lumière naturelle, protégées par des moustiquaires Chaque habitation, conçue par le cabinet danois Ingvar tsen, puis confiée à une famille tirée au sort, est dotée de panneaux solaires et comprend des portes qui se ferment automatiquement dans la zone nuit, des toilettes pensées pour réduire la prolifération des mouches, une cuve qui recueille l’eau de pluie tout en empêchant l’accès aux moustiques, et une cuisine ventilée avec poêle sans fumée. En attendant de lire les conclusions de la recherche, qui se termine cette année, on sait que les données partielles sont très prometteuses. L’équipe espère même élargir le projet aux quar tiers périurbains et informels de villes, comme Dar es Salam, où les effets positifs seraient considérables. ■ L.N.
Un e maison ty pe propo sé e dans le ca dre du proj et Star Ho me s, c on çu e pa r le cab in et In gvar ts en
AR CH I
JU L I E N LANOO
ÉLÉGANCE AU CŒUR DE LA VILLE OCRE
S’offr ir, au cent re de Ma rrakech, une escapade lu xueuse au sein de l’un des plus prestigieu x complexes de la vi lle. Su bl imés pa r l’ar t et l’ar t isanat locaux, les lieu x sauront ravi r les visiteurs les plus ex igea nts.
ON EN PA RL E
DE ST IN AT ION
SITUÉ DA NS LE QUARTIER de l’Hivernage, le Es Saadi Marrakech Resort est un havre de paix, un lieu d’exception résolument moderne et ancré dans l’histoire de la ville ocre Ici, le confort et le luxe s’allient au raffinement, à l’élégance de l’art et de l’artisanat traditionnel marocains, pour faire du séjour une expérience unique, magique – grâce, aussi, à l’hospitalité du personnel. Niché dans un jardin luxuriant de 8 hectares (composé de palmiers, orangers, bougainvillées, oliv iers, roses de Marrakech…), il réunit un palace, un hôtel cinq étoiles, huit ksars, dix villas avec piscine privée, sept restaurants, trois bars, deux spas et un Dior Institut, ainsi que d’incontournables temples de la fête : le casino, premier du pays, inauguré en 1952, et qui accueille les grands tournois de poker, le restaurant l’Épicurien et la discothèque Theatro, ancien music-hall (Joséphine Baker, parmi d’autres, a foulé sa scène). Depuis sa création en 1952, l’hôtel historique a notamment accueilli la princesse Margaret d’Angleterre et les Rolling Stones Érigé en 2009, le majestueux palace, doté d’une piscine lagon de 3 000 m2, est un époustouflant bijou architectural d’inspirations orientale et hispano-mauresque, qui cultive avec brio les jeux d’ombre et de lumière, l’harmonie des couleurs, la mise en avant des matières nobles. Sa vertigineuse coupole est un chef-d’œuv re de gebs, le plâtre marocain sculpté. La richesse du patrimoine culturel et le savoirfaire ancestral marocain sont mis à l’honneur à travers le mobilier, la décoration, les ornements (tapis, textiles, cuirs, portes en bois sculptées, ferronneries, céramiques, tadelakt, zellige…). On peut admirer sa collection d’œuv res contemporaines d’artistes issus du royaume, du monde arabe et d’Afrique, dans un espace d’exposition dédié, ainsi que dans le hall, les jardins, les suites, les couloirs, etc.
DR (3)
La présidente du complexe, Élisabeth Bauchet-Bouhlal, est une mécène, collectionneuse d’art passionnée, actrice majeure de la vie artistique et culturelle marocaine, décorée en 2014 du grade d’officier de l’ordre du Wissam Alaouite par le roi Mohammed VI. essaadi.com ■ L.N.
AF RI QU E MA GA ZINE I 45 1 – AV RI L 20 24 23
Le Es Sa adi Ma rrakech Resor t met à l’honn eu r une esth ét iqu e toute ma rocaine
Karine Pédurand
LA COMÉDIENNE FR ANÇAISE
d’origine guadeloupéenne incarne avec puissance les textes de Léonora Miano dans le spectacle Ce qu’il faut dire. Une performance saisissante qui explore l’histoire du colonialisme, son héritage, les assignations identitaires. propos recueillis par Astrid Krivian
La comédienne porte à incandescence les mots puissants de Léonora Miano dans le spectacle Ce qu’il faut dire, mis en scène par Catherine Vrignaud Cohen. En dialogue avec le jeu expérimental de la guitariste Triinu Tammsalu, Karine Pédurand incarne avec force et justesse ces textes explorant le colonialisme et son héritage, les assignations identitaires, la relation entre l’Af rique et l’Occident, l’altérité, les mémoires À travers une amplitude d’émotions, tantôt avec malice, révolte ou apaisement, elle navigue sur une ligne ténue, év itant l’écueil du didactisme et donnant vie à cette parole politique, consciente, spirituelle. « Les questions soulevées font écho à mes réf lexions sur ma position dans ce monde, en tant que femme guadeloupéenne, caribéenne, française. Partir de soi est nécessaire pour trouver la justesse. Le plateau impose une mise à nu : il faut donc proposer de l’intime », souligne l’actrice, qui s’interroge notamment sur le sens de cette classification des êtres selon leur couleur de peau « On nous impose des appellations, accompagnées de concepts de race, de couleur, d’idéologie, de caricatures, lesquels ne nous définissent pas, ne nous correspondent pas. » Sensible à la nécessité de fraterniser, elle insiste sur l’importance de réfléchir ensemble aux enjeux de mémoire collective, comme le déboulonnage des statues. « Les héros des uns sont parfois les bourreaux des autres On doit tous mener une réflexion sur ces questions de représentation, de mémoire à mettre en avant. » L’actrice grandit en Guadeloupe, dans un quar tier populaire de Pointe-à-Pitre À la maison, avec des parents ouverts sur le monde, on écoute du gwoka – une musique traditionnelle de l’île –, du zouk, du jazz, de la chanson française ou brésilienne. Marionnettiste, son père l’initie aux ar ts de la scène. Mais c’est une fois adulte que les planches s’imposent à elle, après une carrière dans la communication et l’événementiel, et à la télévision, en tant qu’animatrice. Lors d’un stage de théâtre, elle se sent dans son élément. Elle approfondit l’apprentissage auprès du metteur en scène et comédien Alain Verspan, qui lui apprend à respirer, à projeter sa voix, à maîtriser le placement de son corps dans l’espace – déjà amorcé grâce à la danse, qu’elle pratique en amateur. Après avoir donné une représentation de Pluie et vent sur Té lumée Miracle, de Simone Schwarz-Bart, qui laisse le public sans voix et saisi d’émotion par sa vibrante interprétation, la comédienne réalise la puissance de cet ar t. À l’école du TV I Actors Studio à New York, elle apprend plusieurs méthodes de jeu, puis se forme au conser vatoire Jean Wiéner de Bobigny, en France, dont elle sort diplômée avec les félicitations du jury. Depuis, elle multiplie les rôles au théâtre, au cinéma – notamment dans 3 Days To Kill, avec Kev in Costner –, et nourrit l’envie de travailler en Af rique. Elle a déjà foulé les planches au Bénin, en 2016. « Très émue, je me suis sentie à la maison, tout en étant très loin de chez moi », confie celle qui retrace aussi son histoire familiale faite de métissages. « Comme l’affirme Ce qu’il faut dire, nous sommes nos ancêtres et notre descendance. Ce devoir de mémoire, cet hommage à nos aïeux est indispensable. » ■ Ce qu’i l faut di re , du 14 au 15 av ri l 2024 , La Sc ène Europe (Sai nt-Q uent in , France).
PA
24 AF RI QU E MA GA ZINE I 45 1 – AV RI L 20 24
RC OU RS
«Les héros des uns sont parfois les bourreaux des autres. On doit tous mener une réfexion sur les questions de représentation.»
DR
Contem po ra in , en pr is e avec cetteAfr iq ue qui ch an ge, ouvert su rl em on de d’aujourd’hu i, es tvot re rendez- vous mens uel in di spen sabl e.
● Directementsur le site afriquemagazine.com
www.afriquemagazine.com/abonnement- papier
● Ou parlebiais denotre prestataireaveclebulletinci- dessous
BULLETIN ÀRETOURNER SOUSENVELOPPEAFFRANCHIE, ET ACCOMPAGNÉ DE VOTRERÈGLEMENT À : ABONN'ESCIENT - TBSGROUP
SERVICEABONNEMENT/AFRIQUEMAGAZINE 20 RUE ROUGETDE LISLE –92130 ISSY- LES -MOULINEAUX –FRANCE
TÉL.: (33) 140942222–FAX :(33)1 40 94 22 32 –E-MAIL : afriquemagazine@cometcom.fr
Je choisis montarif :
❏ FR AN CE (1 AN): 39 €
❏ ÉTRANGER (1 AN): 49 €
Je choisis monrèglement(en euros uniquement) àl ’ordre de AM Ipar :
❏ Chèquebancaire
❏ Virement:CIC ParisÉtoiles Entreprises
IBAN:FR763006 6109130002026140 277
BIC :CMCIFRPP
39
1AN
SEULEM ENT ABONNEZ-VOUS!
€
Nom: Société : Adresse: Code postal : Ville : Pays : Tél. mobile : Email : Signatureobligatoire
VIVE LES SCRUTINS !
Voter en Afrique, c’est toute une histoire. Les scrutins sont régulièrement entachés de fraudes et autres bourrages d’urnes massifs et bien basiques, ce qui décourage tout aussi massivement les citoyens. « Je vais aller prendre mes pieds pour mettre le papier dans une urne et, de toute façon, le président va repasser ! C’est pas la peine. » Des taux d’abstention abyssaux propulsent des chefs d’État sortants vers de nouveaux mandats, repassant et repassant encore avec des scores immenses On a entendu certains intellectuels africains militer, au vu de cet état de fait, pour une annulation des scrutins. D’autres encore évoquent une tradition de népotisme tellement ancrée dans les cultures qu’imaginer pouvoir faire fonctionner un système d’alternance démocratique sur le continent relève du doux rêve. D’autres, enfin, vont même jusqu’à plébisciter les coups d’État – seuls moyens, selon eux, de se débarrasser d’un président qui s’incruste. Certes, aucun pays, aucune histoire, n’est comparable
Et pour tant… Le Sénégal vient de donner une leçon magistrale, contrant toutes ces idées reçu es et au tr es im ag es d’Ép inal su r le s ur nes af ri ca ine s. On sa it que le pa ys de la Tera nga a un e tr ad iti on à pa rt. Celle de la démocratie À Dakar, on la respecte, on la nourrit, on la vénère et on s’enorgueillit d’organiser depuis des décennies des scrutins transparents Cette fois -ci, c’était chaud. Un vote repor té, un prés id ent qui dit qu’i l par t, puis qui fait mine d e rester un peu, des candidats en prison Eh bien, malgré les Cassandre to ut à co up su r le qui -v ive, la prési de nt ie ll e du 24 mars s’est déroulée dans le calme, avec un taux de participation à faire pâlir les voisins Et le résultat est sans app el : l’alternance a gagné Place à un candidat neuf, qui incarne la rupture. Et finalement, peu impor te que Bassirou Diomaye Faye, pratiquement inconnu hier, élevé dans l’ombre d’Ousmane Sonko, le vrai leader charismatique empêché de se présenter, réussisse son mandat, sa mission Peu impor te comment il gouverne et s’il répond au besoin de changement exprimé clairement par la plus grande partie du peuple. L’essentiel, c’est qu’il est bien placé pour savoir comment ça marche, au cas où il décevrait les espoirs que les votants ont mis en lui. Et c’est ça, la vraie « leçon de Dakar » ! ■
AF RI QU E MA GA ZINE I 45 1 – AV RI L 20 24 27
PA R EM MAN UE LL E PON TI É C’EST COMMENT ? DOM
AM vous a offert les premières pages de notre parution d’Avril
Profitez de nos offres d'abonnements pour accéder à la totalité de nos magazines et bien plus encore