AFRO DESIGN & CONTEMPORARY ARTS
JUIN / JUILLET / AOUT
N° 5
AFRO FUTUR —ISM 1
Couverture: From the “C-stunner’s”, 2011 Cyrus Kabiru Crédit photo: Shiramwangi Merci à tous ceux qui ont contribué à ce numero: Jay One Ramier, Julie Crenn, Anna Djigo, Cecilia Tripp, Cyrus Kabiru, Anne Gregory, Kapwani Kiwanga,Julie Crenn, Emily Goedde, Edem Allado, Yinka Shonibare, Jean-Ulrick Désert, Mohamed Bourouissa, Jean Pierre Bekolo Obama, Chassol, Janluk Stanislas, Mamadou Cissé, Holly Bass, Kool Koor, Ntone Edjabe, Paul D. Miller (DJ Spooky), Landry Mbassi, Paul Sika, Mukwae Wabei Siyolwe, Marion Louisgrand Sylla Direction de publication Carole Diop Pascale Obolo Rédactrice en Chef Pascale Obolo Direction de projet Louisa Babari Direction Artistique antistatiq™ Graphisme antistatiq™ Comité de rédaction Frieda Ekotto Kemi Bassene Olivia Anani Camille Moulonguet Michèle Magema Patrick de Lassagne Djenaba Kane Sonia Recasens Photographe Afrikadaa Jean-Michel Quionquion (makrovision.carbonmade.com) Tous droits de reproduction réservés. Contact: info@afrikadaa.com Juin 2013 www.afrikadaa.com www.facebook.com/Afrikadaapage www.twitter.com/afrikadaa
2
EDITO : Le mouvement AFRO-FUTURISM est-il un mirage artistique adressé aux communautés noires pour fuir un espace corrompu qui les a enchaînés physiquement et mentalement sous forme d’Alien-nation vis-à-vis de la société occidentale ? Chercher d’autres planètes comme le musicien et artiste Sun Ra, fils de Saturne, qui voulait se désaliéner de son passé tout en y inscrivant son immortalité. Ce numéro restitue un éventail de médiums et d’artistes qui ont une vision novatrice des expériences afro diasporiques révolutionnaires et avant-gardistes d’un futur réel et imaginaire. Les articles témoignent de l’ère numérique, de fragments d’histoire, essais fictifs et mythes, sous une perception immersive en 6.0 des arts contemporains. L’Afro-Futurisme serait - il un mythe ou une métaphore avec laquelle nous irions à la rencontre de la légende de Sun Ra avec Frieda Ekotto, Anne Gregory et Kemi Bassene en passant par le Next narrative de Jean-Pierre Bekolo Obama et la plateforme Pananafricanspacestation de Ntoné Edjabe fondateur de la revue Chimurenga à Johannesburg.Nous tenterons ainsi d’explorer l’élargissement des( im)possibles grâce aux travaux d’ artistes rencontrés dans ce numéro. Essayons de penser l’Im-possible en interrogeant la notion d’Afro-futurisme ? Nous avons voulu à travers le temps et l’espace révéler une épopée surprenante où les éléments visuels et les récits liés à la science-fiction, aux voyages interstellaires, interplanétaires et à l’identité noire comme étant un « alien » traversant le mouvement des droits civiques, des luttes décisives contre l’esclavage et le colonialisme sur des milliers d’années pour nous conduire vers de nouveaux espaces spatiaux temporaires. Cherchant dans les différentes disciplines artistiques, l’histoire et les mythologies, nous voilà à la re- découverte d’un monde fantastique et futuriste dans lequel l’artiste fusionne avec la machine pour recréer un imaginaire singulier, en rupture avec tout effet de réalité. L’espace se substitue au ghetto, le voyage interstellaire au récit des origines. Le futur comme allégorie politique pour revisiter l’histoire de la diaspora africaine et redéfinir par la même occasion le devenir de l’espèce humaine. Dans ce numéro, interrogeons la notion de l’Im-possible, qui pour Sun Ra conduit à la déréalité de son être et à la mythification de la réalité pour rationaliser un futur fictif. «l’impossible m’attire car toutes les choses possibles ont été faites et le monde n’a pas changé.» Ces bouillonnements hétéroclites du passé à l’aune du futur ne peuvent manquer de trouver un écho dans la production artistique contemporaine. La thématique Afro-futuriste est une occasion de fouiller le passé, d’explorer le présent, et d’imaginer le futur grâce à la sélection d’artistes que nous avons choisis dans ce numéro spatialement cosmique.. Dans l’univers globalisé, AFRIKADAA réinvente son imaginaire et propose une relecture futuriste de l’art contemporain. Sun Ra, Alice Coltrane, Lee Scrach Perry, Rammelzee, Afrika Bambataa sont les artistes qui m’ont porté dans l’écriture de ce cet édito. The AFRO-FUTURISM movement is an artistic mirage addressed to black communities as an escape from a polluted world that physically and mentally enchains them in an alien-nation vis-à-vis western society. In his search for other planets, musician Sun Ra, son of Saturn, wanted to alienate himself from his past even as he wrote his own immortality. This edition displays a spectrum of genres and artists, all of which demonstrate innovative visions of African-diasporic experiences, a revolutionary vanguard of real and imaginary futures. We discover their work through articles in the digital age, fragments of history, which test fictional myths in an immersive 6.0 perception of contemporary art. Afro-Futurism is a myth or a metaphor wherein we discover the legend of Sun Ra with Frieda Ekotto, Anne Gregory, Kemi Bassene, via the next narrative with Jean-Pierre Bekolo Obama and the pananafricanspace station platform with Ntoné Edjabe, the founder of the South African magazine Chimurenga. Through the work of the artists interviewed in this issue, we propose to explore the expansion of the (Im)possible. Can we contemplate the impossible by questioning the very concept of Afro-futurism? By moving across time and space, our intent is to reveal an unexpected epic of visual elements and stories linked together by their affinity to science fiction, to interstellar and interplanetary journeys, and to black identity as “alien.” We travel through diverse and pivotal human and civil rights movements, as well as struggles against slavery and colonialism; we travel for thousands of years and traverses countless miles, ultimately leading us to new spaces and temporalities. Searching within different artistic disciplines, histories and mythologies, we have re-discovered a world of fantasia, of the future. Here artists merge with machines creating singular imaginaries without a trace of reality. Space replaces the ghetto; interstellar travel takes the place of stories of origins. The future becomes a political allegory through which to revisit the history of the African diaspora and redefine the future of the human species. In this issue, we interrogate for ourselves the concept of impossibility just as Sun Ra rejected the fantasy of his being as that of an American myth, which had been imagined by the oppressor-other: “The Impossible attracts me because everything possible has been done, and the world did not change.” All the disparate bubblings of the past in the future cannot fail to find an echo in contemporary artistic production. With the works of the artists we have chosen to travel with in this spatially cosmic issue, the theme of Afro-futurism can be an opportunity for us to dig into the past, to explore the present and imagine the future together. AFRIKADAA must reinvent its conceptualization of globalization in order to propose a new futuristic re-reading of contemporary art. Sun Ra, Alice Coltrane, Lee Perry Scrach, Rammelzee, Afrika Bambataa are the artists who inspired me to concoct this editorial. Pascale OBOLO
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AFRIKADAA AFROFUTUR—ISM ART TALK 06 08 10 14 18 20 22 28 32 34 40 42 44 48 52 58 62
AFROFUTURISM : UNE DÉCONSTRUCTION MÉTAPHYSIQUE, UNE ÉQUATION ORIGINELLE - PAR KEMI BASSENE WHO RA ? - BY ANNE GREGORY THE MYTH OF SUN RA : SPACE IS THE PLACE CRIES AFROTURISM - BY FRIEDA EKOTTO THE NEXT NARRATIVE - BY JEAN PIERRE BEKOLO OBAMA WHAT ACHEBE CONTINUES TO TEACH US - BY EMILY GOEDDE PEUT-ON PARLER D’UNE PRATIQUE FUTURISTE DE L’ART CONTEMPORAIN AU CAMEROUN? - PAR LANDRY MBASSI YINKA SHONIBARE : A(RT)LIEN - PAR JULIE CRENN DESTINS NOIRS – DYNASTIES BLANCHES - PAR PATRICK DE LASSAGNE CHASSOL, DANS CETTE VIE ANTÉRIEURE - PAR CAMILLE MOULONGUET UTOPIE... ANONYME - PAR LOUISA BABARI REMIX AFRICANA: COMPUTATIONAL CODE IN THE GENERATION OF “ART” - BY MUKWAE WABEI SIYOLWE LOWTECH SOLUTIONS FOR HIGH TECH CHALENGES - BY OLIVIA ANANI LA PHOTOGRAPHIE AFRICAINE - PAR CAMILLE MOULONGUET LES PARTICULES PICTURALES D’ EDEM ALLADO - PAR PASCALE OBOLO THE MAN WHO DISCOVERED THE WORLD - BY LOUISA BABARI KOOL KOOR LOOKING FOR THE PERFECT BEAT - BY JAY ONE RAMIER TRAFIK D’INFO : FROM THE SLAVE SHIP TO THE SPACE SHIP - BY CECILIA TRIPP
PLACES 66
PANAFRICANSPACESTATION, DEMATERIALIZED ART SPACE - BY PASCALE OBOLO
CONCEPT 68 72
TRIBUTE TO A SHOOTING STAR - BY HOLLY BASS DUPLICITY : « VISIONS COSMIQUES » - PAR MICHÈLE MAGEMA
PORTFOLIO 74 4
MARC JOHNSON : L’ALCHIMISTE - PAR CAROLE DIOP
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PAUL SIKA : LE PHOTOMAKER 2.0 - PAR ANNA DJIGO
FOCUS 82
KAPWANI KIWANGA : UNE ARTISTE STELLAIRE - PAR CAROLE DIOP
ARCHITECTURE 86
MAMADOU CISSÉ : CITIES UPGRADER - PAR CAROLE DIOP
DESIGN 90
YRUS KABIRU: FROM DREAMER TO VISIONARY
EXHIBITION REVIEW 94 98 100 102
THUS SPOKE WANGECHI - BY ANNE GREGORY ROM BIRTH TO I-DENTITY - PAR SONIA RECASENS SAMTA BENYAHIA TRANSCENDE « LE DRAP » - PAR SONIA RECASENS POLITIQUEMENT INCORRECT ? - PAR SONIA RECASENS
CARNET DE BORD 106
DJ SPOOKY THAT SUBLIMINAL KID - PAR CECILIA TRIPP
AFRIKADAA’S LIBRARY 108
AGENDA 110
AFRIKADAA PLAYLIST 119
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ART TALK
AFROFUTURISM !"#$%&'(")*+!'*,("$-&*./01),2!#3 !"#$&2!.*,("$(+,4,"#55#6 Aucune définition n’est finalement valide pour sonder les contours d’un mouvement qui pratique la distanciation comme en philosophie ou encore refuse les codes industriels artistiques pré dictés par le marché. Le penseur afro futuriste est par définition un traumatisé culturel en construction qui très souvent se renomme comme pour mieux choisir sa naissance. Il regarde le monde tel un postulat mathématique et choisit la formule logique adéquate pour trouver ses “vérités esthétiques”. Les cosmogonies africaines, notamment antique égyptienne et yoruba sont empruntées pour résoudre les “équations” posées par les conditions d’existence. Cette distance par rapport aux valeurs préétablies telles la philosophie occidentale ou son esthétique écarte les religions et laisse à la place, dédiée à la foi, un empirisme rationnel. L’approche métaphysique se retrouve ainsi dans l’imaginaire et les créations qui en découlent. Afrofuturism: une esthétique de résilience ? Il n’est cependant pas vérifié d’attribuer ce concept sociologique uniquement à une partie des communautés noires. En quoi les troubles émotionnels subis par Abel Meroopol, enseignant juif à New York,
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Texte et photo de Kemi Bassene
lorsqu’il vit des photos de lynchage de noirs et répondit par le poème Strange Fruit, différent des troubles qui ont conduit Sun Ra à repenser son immortalité et à quitter sa condition d’homme ? De même, la musique de John Cage avec qui il partage l’approche abstraite et métaphysique pourrait alors être renommée euro futuriste et résiliente.
communautés noires. Si tel est le cas le
cosmogonies et en sciences fictions. Cette
conservatisme serait le ver qui ronge le fruit
philosophie de prolonger l’existence
de la pensée ? Les troubles émotionnels issus
humaine dans le futur ne peut s’assimiler
de la Seconde Guerre Mondiale combinés
avec l’héritage colonial et offre tout comme
aux sévices subis en Alabama ont été
la réincarnation bouddhiste ou la renaissance
déclencheurs d’une conscience nouvelle:
afro futuriste une nouvelle palette de
une vision et une volonté de se défaire
créativité et de rupture, quant aux formes
De la même façon que les musiciens de la renaissance se sont émancipés de l’église, Sun Ra a bousculé les compositions classiques orchestrales en doublant certains instruments ou en rajoutant des sonorités électriques et parfois «chaotiques»: un double madrigal futuriste.
des chaines invisibles qui contiennent la
d’asservissements esthétiques inhérentes
créativité et entretiennent le mythe. Comme
aux peuples minoritairement représentés, de
Jean-Michel Basquiat ou Fanon, Sun Ra
par leurs cultures.
déconstruit les codes de la pensée pour trouver les remèdes de l’esthétique et de la
Le deejaying, un acte de
sociologie de demain. Le silence devient une
déconstructivisme au service des
“Celui qui contrôle le passé contrôle le futur ; celui qui contrôle le présent contrôle le passé.” Georges Orwell
musique. Le chaos trouve son harmonie et
musiques urbaines ?
l’espace est une terre promise.
Le futurisme artistique moderne bien
Une troisième composante s’invite au côté
que gangréné par l’industrie transporte le
des éternelles corruptrices de la pensée
passé à travers le futur par le remix musical.
que sont la vie et la mort pour Sun Ra :
La technologie moderne est la clé de
l’immortalité.
l’évasion esthétique. Cependant les festivals
Le concept Afro futuriste incarne t-il la
jours sponsorisés par de grands groupes
Sun Ra, l’ange venu de Saturne
branche abstraite, fictive du Black Art
industriels, pour parfaire son image auprès
Du bateau qui accoste à la navette spatiale
Movement ?
du large public qu’ils déplacent. En littérature
qui s’apprête à décoller, la théorie chez
Le modèle assimilationniste américain a
ou en cinéma, les mythes du passé offrent
Sun Ra investit une destination future pour
trouvé avec les artistes qui ont inspiré le
des situations de chaos modernes libérées
mieux visiter le passé. L’exode par la pensée
Black Art Movement des résistants contre la
de toute forme de restriction. Un samouraï
et par l’esthétique est le remède pour sortir
pensée unique et l’esthétique imposée.
devient ainsi afro, un Thor devient noir.
de créations afro futuristes sont de nos
L’antinomie de la théorie afro futuriste réside
du mythe et de l’aliénation mentale. L’espace remplace la terre et son infinité est à l’image
«Une fiction spéculative qui traite des
dans la projection vers le futur de peuples
de la créativité.
thèmes africains américains et qui implique
en en recherche de leur passé occulté.
les intérêts des africains américains dans la
Comment penser le futur tout en ignorant
technoculture du vingtième siècle », Mark
le passé est encore l’axiome de départ de
Dery.
l’application Afrofutiriste ?
«I came from somewhere else.» Sun Ra Le mouvement Afrofuturism est-il une dérision adressée aux communautés noires
Au Ghana, la foi en la continuité de l’activité
elles-mêmes pour questionner leur peu
après la mort conduit à préparer le défunt de
d’intérêt pour les sciences fictions ? Un
sorte qu’il ait ses outils pour poursuivre son
domaine exploité quasi exclusivement par
existence. Il n’existe nulle dernière demeure,
des auteurs blancs et qui, comme le décrit
la vie étant éternelle. Le personnage
le critique d’art Samuel R. Delaney dans
mythique de Njeddo Dewal dans les contes
Racisme et Sciences Fiction écarte toute
initiatiques Peuls de Amadou Hampaté
possibilité de changer leurs conditions aux
Ba témoigne de la richesse africaine en
7
ART TALK
Long before Jean Michel Basquiat
followed (which earned her a
wowed the art world with his
Macarthur genius grant); and way
trademark bad boy, Afro centric,
before house music, hip hop, and
sly, self effacing, emancipating
rap; there was Sun Ra.
paintings; before George Clinton could say “Parliament” and “Funkadelics”; before Rammellzee
Who was Sun Ra? For starters, he was a brilliant jazz keyboardist, composer, pioneer of electronic
suited up to battle the Word;
music, and bandleader
before Renee Cox flipped the
extraordinaire, categorically
script with her disturbingly
off the chain. Like a court jester,
beautiful photographs that de/
he vacillated between zany
reconstruct the socio cultural
and profound usually in the
myths stifling black females; even
same sentence. A freethinking
before Octavia Butler wrote her
intellectual, Ra rejected textbook
first sci fi story (at age 12) and
history and created an Astro
all the books that eventually
Black Mythology connecting “Sun, the pope of Afrofuturism” Design © Peter Dennett. Art Yard Ltd 2013
WHO RA? .$"#7$*.8#$("$."$(5%$)*.+
Par Anne Gregory
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The Sun Ra phenomenon can be viewed as a metaphor for liberating the African Diaspora from its history of oppression into a future of cosmic possibilities and infinite freedom. Indeed, Sun Ra felt the burden of saving all humanity. He said he hated people because he loved them so much. That if they weren’t in such a mess he could have skipped his earth gig and been a free spirit floating around the universe. But he shared the love through his music and his musings. The 1959 letterhead for his Le Saturn Records label read: “Beta Music For Beta People for a
“Of the Sun”, acrylic on canvas. Sending it out to Sun Ra. © 2013 Anne Gregory
ancient Egypt with outer space. He
Born Herman Poole Blount, in Birmingham,
concocted a fate of the universe based on
Alabama, in 1914, he discarded his past
the Bible, the Quran, and Flash Gordon
like some ill-fitting suit, got rid of his slave
comics and concluded “the only way this
name, too. He claimed to be from Saturn
world can be saved from being completely
and he was here with a message from
destroyed is through music.” 1 So he
higher beings. “Space is the Place” was
proceeded to make music that was out of
his mantra. He touched down in Chicago,
this world for 60 years.
New York, and Philadelphia and spread that message through his music. Known
“The only way this world can be saved from being completely destroyed is through music.”
for his wacky Afro/techno attire, sparkly robes and bedazzled crowns with whirly gigs were worn as a uniform. Behind this amusing façade (Ra had a wry sense of
1
Cotter, Holland. (2009, April 30).
Beamed From Tomorrow, New York Times. A quote attributed to Sun Ra. attribute
9
humor and said he was the biggest joke ever played on the world) there was a sincere man on a serious moral mission.
Anne Gregory is an artist living in Durham NC, USA. Currently she is working on a series of paintings called Uprising which
Beta World”.
explores conflict
Once in a while you come across
and resolution in
an artist who blows your mind and
the context of world
touches your spirit -- someone
events focusing
who reaches for the highest human
on Africa, the Arab
potential instead of aiming for
Spring, and Wom-
commercial success. That’s Sun Ra.
en’s Issues.
His example inspires me to make paintings that send out strong positive energy – like his music. In my painting “Of the Sun” a radial pattern suggests an offbeat version of a mandala – an ancient motif that represents the universe and gives a symbolic offering. Like Ra, artists across all media tell and retell events as a way of revising the past and holding the present accountable in order to fix the future. After all, the survival of the planet may depend on it!
THE MYTH OF SUN RA
)9:;<$=>$?@<$/A:;<$;B=<>$.CBDCE?EB=>F By Frieda Ekotto Professor of Afroamerican and African Studies - French and Comparative Literature - The University of Michigan, Ann Arbor
“If we continuously allow white people to define our space as artists - we don’t deserve to occupy that space as artists.” Mtume The Cricket This reflection by Mtume illuminates a
aged black
both myths. I do not come to you as a reality,
man, dressed
I come to you as a myth, because that’s
extravagantly in
what black people are, myths. I come to you
flowing robes and
from a dream that the black man dreamed
a gilded crown
long ago. Sun Ra’s answer presents some of
and flanked by
the central issues that his work considers.
two attendants in
The first being, “What is reality?” This might
Egyptian masks,
sound trite, but Sun Ra was extremely
appears suddenly,
serious in his approach to the real. For him
materializing
“real” is a creation of racist and classist
fragment of Afrofuturist philosophy that is
out of nowhere, in the middle of a teenage
ideologies. And it need only be reality if you
embodied in Space Is the Place, an 82-minute
youth center in Oakland, California. One of
accept it as such—he does not. In this deep
film produced by Jim Newman in 1974.1 The
the teenagers, out of the many who regard
skepticism, we find resonances with another
product of a course, which Sun Ra taught in
the man with a mixture of disbelief and
post-war artist
1971 at the University of California, Berkeley
I’ve-seen-everything indifference, steps up
and thinker from
entitled: “The Black Man in the Cosmos,” the
and asks the only question that makes sense:
the francophone
film stresses the importance Sun Ra placed
“Are you for real?” He gets more than he
sphere, namely
on the transmission of knowledge to young
bargained for, however, with this yes-or-no
Jean Genet. Both he
people. Two scenes crystalize this: Sun Ra’s
question. After all, he is asking Sun Ra, who,
and Sun Ra worked
discussions with teenagers on the concept
even if we describe him as musician, poet,
intensely towards
of reality and his final selection of the people
philosopher and activist, we don’t begin to
a total revision of
who will travel with him in space in order to
say it all. This is what he replies:
our assessment of
learn about the cosmos and the future.
I’m not real; I’m just like you. You don’t
reality and other abstractions that are taken
The first scene goes like this: A middle-
exist in this society. If you did, your people
as givens but which are actually creations of
wouldn’t be seeking equal rights. You’re not
racist ideologies. As I’ve written elsewhere,
real. If you were, you’d have some status
“Genet profoundly intervenes into the
among the nations of the world. So we’re
question of race by introducing it within the
1
This film was directed by John Convey
and written by Sun Ra and Joshua Smith. It featured the musician Sun Ra with his group, the Arkestra.
10
framework of the philosophical skepticism
from a powerful African past. In this way, Ra,
this in Space is the Place (1974) itself, which
of postwar European thought” (9). In
like many other black activists since the 50s,
challenges the notion of genre by mixing
Genet’s work Les Nègres we find “a critique
demonstrates how black history and culture
different genres such as documentary,
of rational thinking that took the form of
have been erased from official histories.
science fiction, Blaxploitation, musicals and
a critique of the tyranny of abstractions”
There is no such a thing as a black culture or
biblical dramas. Therein lies the power of Sun
(12).2 Sun Ra essentially does the same. In
history unless they create it.
Ra’s work: the ability to simultaneously reject
his music, political work, as well as in the history he created for himself, Ra dismantles Enlightenment-driven practices of reason and truth, instead insisting upon opening up reality. The fact that he claimed not to be earthly at all, but a member of the Angel Race from Saturn, only seems crazy until we stop and think about the way black men are constructed in dominant discourses. But Sun Ra was doing more than deconstructing, he was creating a new history as part of his cosmology, both of which were Afro-centrist at their cores. “I come to you from a dream that the black man dreamed long ago” reminds us that history, just like reality, is constructed, and Sun Ra is going to have to
and to create, to expose and destroy the
“ I do not come to you as a reality, I come to you as a myth, because that’s what black people are, myths.” It is in his creative work that Sun Ra’s philosophical approach is made manifest. Taking what white dominant culture offered, and completely rejecting its power over his reality, he transforms its historical and creative apparatuses by intentionally misusing them, bending and melding them music, of which he wrote, “The only way this
2
destroyed is through music.”3 And we find
world can be saved from being completely
and film and takes the disempowerment of slavery and turns it into a creative situation in which the absolute identity of African Americans is unknown to anyone but African-American themselves. As Brent Edwards writes, music helps black people to redefine themselves all the time: “the true voices of Black Liberation have been the Black musicians...the history of Black Music is a history of a people’s attempt to define the world in their own terms.”4
4
Edwards, Brent Hayes. “The Race For
Space: Sun Ra’s Poetry.” The Immeasurable Equation: The Collected Poetry and Prose of Sun Ra. Eds. James
the French Atlantic: The Color of Black in Literary, Philosophical and Theater Discourse. Lanham,
3
Maryland: Lexington Books, 2011.
New York Times. April 30, 2009.
11
discourses. He combines music, writing
into his own creative vision. We find this is his
create a new history too, one that he draws Ekotto, Frieda. Race and Sex Across
constructed power at the heart of dominant
Cotter, Holland. “Beamed From Time.”
L. Wolf and Hartmut Geerken. Norderstedt: Waitawhile, 2005:29-57
Sun Ra’s approach to reality, to history, to
and Revisions of the Past in the Work of
Recommended film: The last Angel of History
cosmology and to creativity has come to
Sun Ra, Duke Ellington, and Anthony
by John Akomfrah (1996)
be called afro-futurist (the term was coined
Braxton. Durham: Duke University Press,
retroactively in 1994 by the critic Mark
1999.
Dery). 1 Ra’s use of mixture as a source of
Szwed, John. F. Space is the Place: The Lives
For the Sun Ra fans ‘Look out for the
power was surely prescient if not completely
and Times of Sun Ra. New York: Pantheon,
forthcoming Sun Ra release In The
revolutionary. In Space is the Place, we find,
1997.
Orbit of Ra presented by Marshall Allen
for example, that his future, in addition to
Director of The Sun Ra Arkestra and the
being created by his music, which plays
Szwed, John. F. “Sun Ra, 1914-1993.”
extended release of Sun Ra’s cult Philly Jazz
with multiple genres, is also multi-cultural.
Crossovers: Essays on Race, Music, and
album Lanquidity cut from the original
This is exemplified by his final selection
American Culture. Philadelphia: University of
master tapes’ plus some amazing previously
of people for the future, which includes,
Pennsylvania Press, 2005: 209-210.
unknown and unreleased recordings
in addition to African Americans, a young
from Sun Ra’s first tour of Europe in 1971,
Latina woman. This selection is powerful:
Zuberi, Nabeel. “The Transmolecularization
he’s demonstrating what reality actually is,
of [Black] Folk: Space is the Place, Sun Ra
multitudinous, and what the future could
and Afrofuturism.” Off the Planet: Music,
be if we are brave enough, creative enough,
Sound and Science Fiction Cinema. VII
and maybe even crazy enough to entirely
(2004): 77-95.
reconsider our present and our historical realities.
Exhibition Catalogue: Pathways to Unknown Worlds: Sun Ra, El Saturn and Chicago’s
“Sun Ra was doing more than deconstructing, he was creating a new history as part of his cosmology, both of which were Afrocentrist at their cores.”
Afro-Futurist Underground, 1954-68, ed. Anthony Elms (2007). This book documents an exhibition presented at the Hyde Park Art Center in Chicago from October 1, 2006 through January 14, 2007. Sun Ra syllabus (according to this person who claims Jim Johnson gave him this information):https://sites.google.com/site/
Further Reading
intergalacticresearch/coursesyllabus
Corbett, John. “Brothers From Another
Blog post about Sun Ra’s syllabus: http://
Planet: The Space Madness of Lee “Scratch”
worldwithwords.blogspot.com/2009/03/sun-
Perry, Sun Ra, and George Clinton.” Extended
ras-syllabus.html
Play: Sounding Off From John Cage To Dr. Funkenstein. Durham: Duke University Press,
Websites about Sun Ra: http://weblog.
1994: 7-24.
liberatormagazine.com/2011/01/space-isplace-val-wilmer-photographs.html, http://
Lock, Graham. Blutopia: Visions of the Future 1
We find this beautifully illustrated in John
Akomfrah’s 1996 film The Last Angel of History.
12
sensitiveskinmagazine.com/professorsun-ra/
Intergalactic-ly Art Yard.
13
ART TALK
THE NEXT NARRATIVE By Jean Pierre Bekolo obama
Pictures courtesy of : Eyidi Nicolas & JPBekolo
We are narrative-beings. Our past, present
the transmission of a narrative written by
and future lives are narratives. In the same
others for you? The world is full of wrong-
way that we are oppressed by narratives,
narratives. I am not sure that there is another
so are we liberated by them. What if living
place that has been the victim of wrong-
were just producing a narrative? This is not
narratives as much as Africa. Imagine all the
an easy task, as we can be led astray in the
narratives produced to make slave trade and
process by parasite narratives that distract us
colonialism possible. Imagine all the clichés
from connecting with our real identity—if
and stereotypes. How can we continue to
there is such a thing. Is it a quest, or just
live with them? How do we make our way
14
through them?
“Our past, present and future lives are narratives.” In the same way that there are individual narratives and destinies, so are there collective narratives. Some are passive;
others call for action. France, for example,
president is black, but who would return if a
Africa being portrayed in the media today?
has been clear about its “civilizing mission,”
white president again took office.
Since his time, Africa has been a place to be
its role in bringing culture to other parts
Because novelty and innovation come from
interpreted, a story to be translated for (and
of the world. A. Renan says: “Perhaps one
the unexpected, we must leave behind old
by) Europeans and Americans. So when we
day France, having completed its role and
narratives and begin to generate ones that
make films on Africa in Africa, we still work in
having now becoming an obstacle to human
will help us produce a great future.
translation, interpreting what is happening.
progress, will have to disappear.” We are now aware of dysfunctional-narratives, but we must become narrative savvy and rewrite the narratives in which we live when they doesn’t produce the results we expect. We see this in many African countries today where, for example, the State—the independent state, which people fought for and liberated from the colonizer, oppressor etc.—didn’t produce the narrative of well being Africans expected once the “white man” had been kicked out! There must be something wrong with the narratives of these African states that is not being addressed and that is crippling the dreams of Africans running their own countries. It is the same kind of wrong-narrative we might find between brothers or sisters who were separated by force and who cannot find a way to connect now that the constraints are gone. There is also the narrative of black people who leave aside their causes because the
15
As with most narratives today, Stanley
“There must be something wrong with the narratives of these African states that is not being addressed and that is crippling the dreams of Africans running their own countries.” African Cinema of the Future In my book Africa For the Future1 I talk about the fact that Africa is its own narrative. Do you remember Stanley going to Africa looking for Livingstone and sending all those articles to the equivalent of the New York Times? Stanley’s articles created the Africa that still exists in Europeans’ minds today. How different is Stanley’s Africa from the 1
I write in French, although I have chosen an
English title.
speaks “for” an audience while Ntone Edjabe (editor of Chimurenga) tells “from” a place and “from” the people living there. The African cinema of the future shouldn’t be about translating, interpreting or explicating. Nor should it be about speaking to “ourselves,” as this doesn’t produce what Ntone is looking for; it is just another manipulation of language. African cinema of the future will be about places with people living in them. Telling “from” somebody and not telling “for” somebody. African cinema of the future will be a cinema of the unknown, the unfamiliar and the unexpected. It won’t be about bridging to the new with the familiar as an escort to the unknown. Films now do not bring us tastes of the unknown; they rely so heavily upon explanations, translations and interpretations that there is no quest for meaning. They train
16
us to only accept content whose meaning
that act as a kind of insurance against all
Jean-Luc Godard, Bertolucci and George
we know in advance. This comes from our
risks of ambiguity, misunderstanding or
Miller, among others. His new book Africa
tendency to bend everything to the reality
disagreement. All of this prevents cinema
for the Future was published by Editions
we know by using metaphors and similes,
from becoming a human adventure.
Dagan, Paris in 2009. He recently released
like when we say: “It tastes like chicken.” Why can’t we accept the idea of different tastes? We must learn that there are many places from which we can experience the world. Cinema as we practice it leads to the distrust of any adventure of understanding that could involve the slightest risk of difficulty and failure. Each filmmaker should be asking his audience this question: “Will
the film Les Saignantes, which premiered
“African cinema of the future will be about places with people living in them. Telling “from” somebody and not telling “for” somebody.”
you understand me?” Nothing is assured
at the Toronto film festival, and which won the Silver Stallion and the Best Actress Awards at Fespaco 2007 in Ouagadougou. His video installation An African Woman in Space was exhibited at the Musée du Quai Branly in Paris in 2008. He has studied film semiotics in Paris with Christian Metz and has taught at the University of North Carolina, Chapel Hill and Duke University. While at
from the outset, nothing is initially given.
Biography:
The Clinton School of Public Service, he
Everything is to be taken, or at least
Jean-Pierre Bekolo Obama: writer, producer,
developed a media teaching method called
understood. We must make efforts to learn
director, editor, lecturer
“Auteur Learning,” which has been used at
about characters and predict their behavior.
Bekolo Obama has won a number of
the Philander Smith College in Arkansas. He’s
What initially was unknown and perhaps
international awards for his directing and
also the Secretary General of the Guild of
disturbing becomes a place of recognition.
editing. His debut film Quartier Mozart
African Filmmakers and founding member of
Predictability is the problem of cinema today
received the Prix Afrique en Creation at the
the World Cinema Alliance.
because it is used for seduction. This kind
1992 Cannes Film Festival. His second film
of cinema diminishes human boldness, the
Aristotle’s Plot was commissioned by the
Links
courage and the desire to follow meaning
British Film Institute to celebrate the 100th
http://www.jeanpierrebekolo.com
constructed by someone else. It has
anniversary of cinema. Other works for this
https://www.facebook.com/pages/
insidiously installed cultural expectations
event were created by Martin Scorsese,
Le-President/417533488266249
17
ART TALK
What Achebe continues to teach us By Emily Goedde
This past February—Oscar season—a piece
Africans: Either silent or frenzied, they were
created and perpetuated by assumptions that
in the New York Times by filmmaker and critic
inarticulate and therefore inhuman. This,
cloud our use of language and our practices of
Nelson George caught my eye. It reminded me
Achebe writes, is racism disguised as literature,
reading. In the first, a friendly, elderly gentle-
of Chinua Achebe’s classic essay “An Image of
and reading the novel without fully appreciat-
man remarks that he’d never thought of Africa
Africa: Racism in Conrad’s Heart of Darkness,”
ing this is to continue to ignore the harm this
as having either literature or history—that
although George’s piece, “Still Too Good, Too
causes to the present (344). Achebe draws our
“kind of stuff” (336). What it does have, we
Bad or Invisible,” was focused upon a few of the
attention to the racist inaccuracy of the gaze
implicitly understand, is articulated by the sec-
films that had been nominated for this year’s
and implies how it obscures at least two impor-
ond example, wherein an earnest high school
Oscars. “For the first time in recent memory
tant kinds of knowledge. First, of course, the
student thanks Achebe for writing in Things
race is central to several Oscar conversations”,
dichotomy between silence and frenzy is false.
Fall Apart about “the customs and superstitions
George writes, but because the black charac-
Was it not Achebe’s project in his own novels
of an African tribe” (337), a comment which,
ters are only imagined as either very good or
to make sure that we see this fact? Second, in
Achebe points put, only suggests the young
very bad, “Their humanity is hit or miss. These
seeing African people as silent and frenzied we
man’s ignorance “of his own tribesmen in Yon-
films raise the age-old question of whether or
miss the actual complexities of real people—in
kers.” This is important, because not only does
not white filmmakers are ready to grant black
other words, their humanity. Conrad’s Marlow
the young man read Achebe’s novel in such a
characters agency in their own screen lives.”
misses them because he is too busy thinking
way that it can fit into his own narrow world
This “age-old question,” was, of course, one
about himself, but also because it never occurs
view—thereby missing the point of the work
that Achebe first brought to our attention in
to think of them otherwise.
entirely—he also fails draw from it, as we can
his biting critique of Conrad’s rendering of
But the real trouble is that the ignorance is
from all great literature, something new about
not limited to Marlow or even to Conrad. As
the world that immediately surrounds us.
Achebe makes clear by opening his essay with
This pair of men, despite their goodwill—
two examples in action, racism continues to be
Achebe makes clear these aren’t stereotyped
1
1 - Published in 1977 as “An Image of Africa” in The Massachusetts Review it was first delivered as a lecture at the University of Massachusetts, Amherst, in 1974.
18
“Black characters are only imagined as either very good or very bad their humanity is hit or miss” “We continue to travel heedlessly through both the present and our collective history”
racists, just the ordinary, unreflective kind—
somehow not human much could be gained.
Works Cited :
remains caught with Marlow in a web of
Because without Africa and its forms and
Achebe, Chinua. “An Image of Africa: Racism in
ignorance, one that is perhaps, but not neces-
modes of knowledge, there is no complete
Conrad’s Heart of Darkness. Heart of Darkness.
sarily, willfully created. And Achebe is deeply
sense of the world as it is. As Achebe puts it,
Ed. Paul B. Armstrong. New York: W.W. Norton
aware that its sticky power will not lose its grip
“Travellers with closed minds can tell us little
& Company Ltd., 2006. 336-349. Print.
anytime soon:
except about themselves” (347). Which makes
In my original conception of this essay I had
me wonder what Achebe’s old man and high
George, Nelson. “Still Too Good, Too Bad or
thought to conclude it nicely on an appropri-
school reader could learn from the Oscar films
Invisible.” The New York Times. 13 February
ate positive note in which I would suggest…
this season. I’m afraid not much. It seems we
2013. Web. 3 April 2013.
some advantages the West might derive from
continue to travel heedlessly through both the
Africa once it rid its mind of old prejudices and
present and our collective history.
began to look at Africa … simply as a continent of people. But as I thought more about
Note : Chinua Achebe was a Nigerian novelist,
the stereotype image… I realized that no
poet, professor, and critic. He was best known
easy optimism was possible. And there was, in
for his first novel and magnum opus, Things
any case, something totally wrong in offering
Fall Apart, which is the most widely read book
bribes to the West in return for its good opin-
in modern African literature.
ion of Africa. Ultimately the abandonment of unwholesome thoughts must be its own and only reward. (348) If the West were able to face its own history
* PhD Candidate, Department of Comparative
and the recurrent fantasy that Africans are
Literature, University of Michigan, Ann Arbor
19
ART TALK
PEUT-ON PARLER D’UNE PRATIQUE FUTURISTE DE L’ART CONTEMPORAIN AU CAMEROUN? Par Landry Mbassi
La question de la divergence du flux de la
le contenu de l’art contemporain aujourd’hui
rares occasions d’expositions, des créations
création dans l’art contemporain gagne de plus
mais encore, détourné des réalités profondes
artistiques traduisant une plus ou moins
en plus du terrain. Soutenue par des avis de
et souvent ignorées du marché (mondial) ?
assimilation des arts dits moteurs.
plus en plus contraires, parfois complètement
Pourrait-on, par exemple parler d’une certaine
réfractaires aux techniques dites traditionnelles
notion de futurisme dans l’art contemporain
Néanmoins, certains artistes, incités par les
(au profit des arts dits moteurs). Tant au niveau
camerounais. Quel le place faut-il finalement
rencontres, les voyages et une désormais plus
des établissements tels que les galeries qui en
accorder au « jeu du marché » qui suppose
nette ouverture au monde, se démarquent
influencent très souvent la tendance – quand
assez souvent de suivre la tendance ?
par les choix et les propositions esthétiques
elles n’en créent pas la « référence » le temps
Il est assez escarpé de dire, en prenant
qu’ils soumettent à des regards, pas toujours
d’un règne, selon qu’elles aient pignon sur rue
l’exemple du Cameroun - un environnement
convaincus par ces prouesses technico-
ou non - qu’au sein même des foyers artistiques
en général, pourtant assez bien imprégné
(collectifs, squats, espaces-laboratoires
de l’avancée technologique ambiante et de
d’expérimentations…etc.) et autres lieux de
tout ce qu’elle permet - que les artistes sont
production-diffusion culturels, la physionomie
en harmonie, de part leur pratiques et les
que donnent à voir les divers partis pris
questionnements qu’ils soulèvent, avec la
esthétiques - somme toute complexes - actuels
notion de futurisme telle qu’elle est appliquée
de production de « pièces » ou d’œuvres
aujourd’hui à travers le globe. Il convient
d’art connaît en effet une considérable
déjà de souligner que l’art contemporain au
explosion. Comment appréhender ce total
Cameroun, quoique jouissant d’une côte de célébrité non négligeable à l’international grâce aux artistes de la diaspora, peine encore à s’exprimer via les canaux « usuels » qu’offre le vaste univers de la créativité. Faute d’une
Sans titre ©Joel Mpah Dooh
certaine implication tant revendiquée des
cérébrales, mais somme toute charmés par tant
pouvoirs publics, l’art contemporain souffre
d’ingéniosité. Au rang de ceux-ci, se trouvent
d’un vide pressant en matière de contenus
aux premières loges, Em’kal Eyongakpa et
esthétiques et techniques et d’absence de
Joël Mpah Dooh, deux artistes – et deux
véritables formations. Le milieu est caractérisé
générations distinctes - dont les démarches,
branle-bas quand on est un artiste vivant sur
par une carence criarde de plateformes de
antithétiques mais saisissantes, font
le territoire africain ; sous l’emprise de forces
discussions où artistes et critiques – quand
l’unanimité, autant pour ce qu’elles dégagent
socio-économiques incommodes et donc
il y en a - pourraient échanger leurs points
comme émotions que pour leur capacité à
bien en marge de toutes ces réflexions qui
de vue et amender leurs positions. Il est
rentrer dans le moule du marché.
nourrissent les débats (intellectualistes) sur
ainsi assez exceptionnel de trouver, lors des
Mais pour tenter de saisir et de mieux cerner
A suivre! (2012 - 2013), video installation © Em’kal Eyongakpa
20
aujourd’hui difficilement critiquables – selon le contexte - mais pas forcément compatibles justement et on le dénote bien, avec la Performance à la fondation Blachère ©Joel Mpah Dooh
cette situation, il ne faut pas simplement s’en tenir à cette présentation sommaire des faits, la réalité ayant des souches encore plus complexes et profondes que cela. En effet, au Cameroun, comme dans certains pays dits du Sud, les arts en général sont essentiellement longtemps restés et le demeurent, perçus comme un instrument de dénonciation des maux qui minent la société dans laquelle évoluent les artistes. Les artistes plasticiens, pour parler de ceux-ci, sont très souvent associés à cette notion de « justiciers » qui, de part les thèmes (paix, égalité sociale, pauvreté et bien-être…) récurrents dans leurs travaux, se voient souvent attribuer le rôle de détracteurs, de « haut-parleurs » de ces malheurs qui n’ont point de bouche. Rendant par conséquent presque inconcevable aux yeux du public, le fait que l’art puisse aussi être le moyen d’exprimer des thèmes, des sujets ou des faits moins graves, mais avec autant de sérieux et beaucoup de poésie. Par le moyen de canaux inhabituels tels que la
perception de l’art actuel tel qu’il se consomme aujourd’hui à travers le monde. C’est ainsi qu’à une exposition, on observera qu’une attention sera plus largement accordée à une œuvre dont le contenu et la forme rappelle tout de
artistes, pour juguler avec le contexte, somme
suite quelque chose de communément (dans
toute exécrable.
le sens de vulgaire) partagé, une réalité qui
Landry Mbassi est un artiste plasticien dont
prend racine dans la mémoire collective. Un
la pratique est essentiellement orientée
fait divers, le portrait (bien réussi, donc à la
aujourd’hui vers la photographie, la vidéo,
limite, hyperréaliste) d’une personnalité, un
l’installation et les nouveaux médias.
paysage pittoresque soigneusement exécuté
Créateur multifacettes, manipulateur
sur une magnifique toile et etc. Les artistes, la
infatigable du concept, il développe au sein
plupart du temps, conscients de cet enjeu, ne
du collectif ATAC (autres territoires de l’art
s’essaient pas ou plutôt, ne se donnent pas la
contemporain) depuis 3 ans, une action
peine de franchir ses frontières esthétiques,
militante pour le développement de nouveaux
de peur de ne plus être appréciés (à leur
lieux d’expression, de création et de diffusion
« juste valeur ») et d’êtres ainsi, bannis de la
de l’art contemporain.
« communauté artistique officielle ».
En 2011, il participe à la création du collectif Kamera (un regroupement de jeunes
“Au Cameroun, les arts moteurs sont parfois perçus comme une déloyauté visà-vis de l’art traditionnel.”
vidéo, la performance ou l’installation. C’est ce que nous pourrons qualifier de pratiques
Dès lors, au Cameroun, les arts moteurs ou
reacto-situationnelles à l’opposé de ce que
les pratiques artistiques qui s’y rapprochent,
l’on a la possibilité d’observer dans le monde
sont parfois perçus, et c’est Paul Virilio1 qui
occidental où règne plutôt aujourd’hui
s’en réjouirait, comme une déloyauté vis-à-vis
le média, l’information – consommée et
de l’art traditionnel. Il en résulte une situation
consumée à la vitesse du 4.G - qui prime sur la
de catalogage (au sens souvent péjoratif) des
situation, même si en substance, l’une – l’info -
artistes au sein même de la communauté.
a l’aptitude de modifier/contenir l’autre.
Mais, objectivement, cet état de choses ne
L’art contemporain au Cameroun est donc aussi
saurait pour autant discréditer la pertinence
et surtout teinté de cette identité là, bâtie sur
des dynamiques collectives et des démarches
une longue tradition de « manières-de-faire »
plurielles déployées sur le terrain par ces
et de « manières-de-voir » qui ont consolidé les pratiques de plus d’un et légitimé des acquis
1
Paul Virilio, écrivain philosophe et urbaniste,
co-auteur de « Discours sur l’horreur de l’art ».
21
photographes camerounais) avec pour objectif de promouvoir cette discipline peu en vue dans les réseaux de diffusion au Cameroun. Actif dans le milieu des arts visuels et du secteur culturel camerounais de manière générale, il co-crée en 2010 l’association Cultures Tous Azimuts dont il est le directeur artistique, dans le but de mener des activités de démocratisation de la Culture et d’intéresser les populations locales souvent écartées des problématiques de développement par l’art à la chose culturelle. Landry Mbassi est commissaire associé des RAVY (rencontres d’Arts Visuels de Yaoundé) et l’initiateur des Journées Photographiques de Yaoundé (Ya-photo). Il anime également la plateforme Art’frica-curate (sur facebook), un espace virtuel qui se veut un lieu de rencontres et de partage d’informations sur des projets de jeunes artistes-curateurs d’origine africaine.
ART TALK
Yinka Shonibare Par Julie Crenn, docteure en histoire de l’art et critique d’art
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Depuis les années 1990, Yinka Shonibare produit des sculptures, des installations et des vidéos mettant en scène une période historique : le XVIIIème siècle en Europe. Pour cela, il s’attache à la reconstitution des costumes, du mobilier et des objets extraits d’une époque symbole non seulement d’un âge d’or économique, mais aussi d’une expansion coloniale. Au socle historique s’ajoute une lecture de son expérience personnelle. Né au Royaume-Uni en 1962, il grandit au Nigeria et revient faire ses études à Londres au début des années 1980. Depuis les années 1990, il développe une pratique artistique s’appuyant sur une utilisation des stéréotypes liés au continent africain pour produire un discours critique, politique et poétique. 22
au contraire il se fournit à Brixton, un quartier multiculturel de Londres. Un quartier comme un miroir à la fois de son identité multiculturelle et de ses aspirations sociales : un vivre ensemble sans stigmatisation et une décomplexification par rapport à l’histoire coloniale. « Dessinés et produits par des gens en Hollande et dans des usines anglaises, vous réalisez que c’est cela détruit complètement la méthodologie de ce séduisant objet africain. Cependant, c’est important, je ne vais pas en Afrique pour les acheter, de cette manière toute implication exotique devient fausse. Et, en fait, j’aime cette fausseté. »1 En les introduisant pour ‘Alien man on flying machine’ 2011, Steel, aluminum, brass, batik and rubber, 250 x 450 x 450cm
la première fois dans son travail au début des années 1990, Shonibare s’approprie les valeurs esthétiques, symboliques et
Lorsqu’il revient au Royaume-Uni, Shonibare
et pour conserver son indépendance
éprouve un véritable choc de civilisation.
critique. L’artiste renverse et déconstruit avec
Il subit de plein fouet la séparation,
pertinence et non sans humour le concept
découvre les notions d’altérité et de
d’altérité. Il pose la question : Qui est cet
discrimination. Aux yeux des « autres » il
« autre » ?
incarne la différence. Il est l’étranger. Il est
Shonibare se tourne alors vers le Dutch
alors confronté à des problèmes liés à la
Wax, un tissu résistant imprimé de motifs
couleur de sa peau, à ses origines et à une
variés et colorés. Un tissu qui a une histoire
certaine idée de « l’authenticité africaine ».
singulière. S’il est, dans l’imaginaire
C’est d’ailleurs cette dernière notion, que le
collectif, immédiatement associé au
jeune artiste va extrapoler. Sa réflexion sur
continent africain, il est au départ une
Aliénations
la question de l’identité débute alors qu’il
invention hollandaise. Initialement fabriqué
À travers une réflexion sur l’histoire coloniale
est étudiant à la Byam Shaw School en 1984
pour inonder le marché indonésien, les
européenne et ses conséquences actuelles,
où il suit une formation en peinture. Ses
marchands hollandais ont dû se rabattre
il développe un questionnement autour
professeurs lui suggèrent de mettre en avant
sur le marché ouest africain. L’appropriation
de la figure de « l’autre ». Si « l’autre » est
ses racines africaines pour ainsi « africaniser »
a été immédiate et fulgurante. Les tissus,
un étranger pour soi, il est alors considéré
son style. Ils attendent de lui un art qui soit
dessinés et fabriqués en Europe, sont
comme un inconnu, un être provoquant
« authentiquement » africain. Voyaient-ils
devenus un symbole africain. Ce qui devait
toutes sortes de peurs, de réticences. Cet
en lui un représentant de « l’authenticité
être une marchandise imposée par les colons
« autre » va se matérialiser de manière à la
africaine » ? La couleur de sa peau, sa double
s’est adaptée et s’est transformée en un
fois ironique et radicale sous les traits d’êtres
nationalité font-elles de lui un « pur produit
bien continental, national, en un symbole
extra-terrestres. Depuis la fin des années
africain » ? Pourquoi devait-il se conformer
culturel et identitaire fort. Shonibare croise
aux attentes de l’expression d’un exotisme ?
ainsi une iconographie victorienne avec un
1
Une posture à laquelle il se refuse, pour ne
tissu généré par une politique marchande et
Yinka Shonibare : Double Dutch. Rotterdam : NAI
pas être piégé dans une catégorie prédéfinie
coloniale. Il ne l’achète pas en Afrique, bien
Publishers : Wien : Kunsthalle, 2004, p.41.
23
historiques, de tissus considérés comme « authentiquement » africains.
“Yinka explore le passé, les utopies et le futur pour en extraire les contradictions, les aberrations et les failles.”
GULDEMOND, Jaap ; MACKERT, Gabriele.
1990, des aliens ou bien des spationautes
un regard vide, des antennes, des membres
expliquent que dans l’imaginaire collectif
peuplent son univers foisonnant. Il explore
longs et maigres. L’extraterrestre est l’être
des années 1950-1960, la peur de l’« autre »
ainsi un vocabulaire futuriste, où l’espace,
exotique par excellence, il est inidentifiable
était incarnée par des figures monstrueuses
l’inconnu, est entré dans notre quotidien.
et il se situe en dehors de la Terre et en
et fantaisistes, des extraterrestres
Les humains se déplacent entre la terre et
dehors du genre humain. Il est l’étranger
hollywoodiens et autres personnages issus
l’espace, les extraterrestres s’humanisent, les
absolu. Les membres de cette famille venue
de la science-fiction. Aujourd’hui et plus
différences s’estompent.
d’ailleurs, sont chacun recouverts de Dutch
particulièrement depuis le 11 septembre
En 1998, il réalise deux installations, Alien
wax constituant leurs peaux multicolores,
2001, cette peur collective est associée « à la
‘Dysfunctional Family’ 1999. Wax printed cotton textile. Four figures (w x h x d) Father: 52 x 148 x 37cm, Mother: 40 x 150 x 36cm, Boy: 54 x 89 x 46cm, Girl: 36 x 69 x 30cm
imprimées de motifs
figure du migrant, le chercheur d’asile », le
géométriques
terroriste ou encore le kamikaze.2 Dans une
et végétaux. Les
totale aliénation collective, nous avons assisté
personnages
à un déplacement de nos propres peurs,
extraterrestres de
amenant une série de décisions politiques
Shonibare nous
prônant une exclusion intolérante. Jens
ramènent à des
Hoffmann écrit :
questions liées
“En tant que membre d’un groupe minoritaire
non seulement à
au Royaume-Uni, je me suis souvent identifié
l’altérité mais aussi
aux extraterrestres dans le cinéma populaire.
à la recherche
[…] Je suis fasciné par l’anthropomorphisme
d’une place dans la
de l’extraterrestre. Au cinéma et dans les
société. La figure
photographies de mises en scène de rencontres
extraterrestre est
extraterrestres, les extraterrestres nous
une métaphore de
ressemblent et pourtant sont distinctement
la menace que peut
différents : longs cous, grosses têtes, gros yeux
représenter l’étranger
etc. L’idée de l’espace est liée à l’instinct humain
dans les sociétés
pour l’exploration à des fins économiques ainsi
occidentales. Si
qu’à la curiosité. […] L’étrangeté est aussi la
Obsessives, Mum, Dad and the Kids et
nous nous référons aux discours politiques
source de ma créativité, elle est donc un atout
Dysfonctional Family (1999). Huit individus
actuels et les scores grimpants des partis
valable : la différence est géniale.”3
sont mis en scène, deux d’entre eux sont
nationalistes (en France comme partout
Un instinct d’explorateur que Shonibare
placés au centre et en retrait, ils sont
en Europe et dans le reste du monde),
développe avec Vacation (2000), une
remarquables du fait de leur plus grande
les familles immigrées ne sont pas les
installation présentant une famille humaine
taille. Il s’agit de la mère et du père d’une
bienvenues. L’étranger serait la cause
composée de quatre personnes : deux
famille nombreuse puisqu’autour d’eux
de tous les maux de nos sociétés. Des
adultes et deux enfants, tous vêtus de
gravitent six individus de plus petite taille.
politiques et mentalités effrayées par une
combinaisons spatiales fabriquées à partir
Nous notons immédiatement qu’il s’agit
soudaine invasion d’une horde de personnes
de Dutch wax. Ici, ce sont les humains qui
d’êtres extra-terrestres, tels qu’ils sont
immigrées qui viendrait mettre en péril la
pensés de manière collective. Une figure
sécurité, l’économie, l’emploi ou le logement.
devenue universelle qui s’est développée à partir des années 1950 dans la bande-
Dysfonctional Family met l’accent sur
dessinée, le cinéma, le dessin animé ou
l’absurdité et l’hypocrisie liées à cette peur
encore la publicité : une tête proéminente,
de la différence. Gilane Tawadros et John Gill
24
2
TAWADROS, Gilane ; GILL, John. « We Are
The Martians », in Alien Nation. London : ICA : inIVA, 2006, p.11.
3
HOFFMANN, Jens. « The Truth is Out
There », in Alien Nation. London : ICA : inIVA, 2006, p.39.
partent en vacances dans l’espace. L’artiste
regardeur d’identifier leurs visages et leurs
tel est son souhait le plus cher. Pour cela, il
fait aussi référence à une nouvelle forme
expressions. L’œuvre est présentée accrochée
explore le passé, les utopies et le futur pour
de colonisation. Il explique : « L’exploration
au plafond, surplombant le public qui se doit
en extraire les contradictions, les aberrations
de l’espace est l’expression d’une nouvelle
de lever la tête pour observer l’étrange scène
et les failles.
forme de colonialisme tant qu’elle fournit
flottante. L’installation aérienne interroge le
une profusion de nouvelles possibilités, de
besoin insatiable des hommes de conquête
Julie Crenn est docteure en histoire
la même manière que l’ivoire de l’Afrique
et d’une fascination pour l’ailleurs. Pourtant,
de l’art et critique d’art. Elle collabore
au XIX
le fait que les combinaisons et accessoires
régulièrement avec les revues Artpress,
possibilités de richesse. Les gens sont
matériels soient fabriqués à partir de Dutch
Africultures, Laura, Ligeia, Inferno, N.
gourmands et veulent des territoires
Wax, nous laisse penser que ces futures
Paradoxa, Slicker ou encore Inter-Art-
à explorer pour trouver de nouvelles
conquêtes ne seront pas irrémédiablement
Actuel.
ème
siècle a fourni de nouvelles
ressources qu’ils peuvent changer en argent et en capitalisme. »4 Il est intéressant de retourner le discours et de penser que lorsque Christophe Colomb a accosté sur les rives du Nouveau Monde avec son équipage, ou bien lorsque les premiers missionnaires européens se sont installés en Afrique, ils ont été perçus comme des extraterrestres par les populations autochtones. Nous sommes tous les étrangers de ceux que nous considérons comme les étrangers. Avec humour et subtilité, l’artiste inverse les points de vue en déplaçant le regard du prétendu « dominant » et ouvrant le champ de la perception afin qu’il ne soit plus envisagé d’une manière unilatérale.
Various installation images from the ‘Invasion, Escape; Aliens Do It Right!’ exhibition at Anna Schwartz Gallery, Sydney.
En 2002, il réalise Space Walk, une
blanches/occidentales. Les personnages
installation composée de deux spationautes
portent des casques spatiaux dont les
dont les combinaisons sont conçues à partir
visières noires et opaques, ne nous
de Dutch wax, ainsi que d’une capsule
permettent pas de les identifier (âge, race,
spatiale sur laquelle est inscrit le nom de
sexe, traits de personnalité). Des indices
Martin Luther King. Les deux personnages
auxquels il nous faut ajouter la capsule qui
sont reliés par deux cordons en Dutch
porte le nom du célèbre pasteur Africain-
wax à la capsule. Ils portent des casques
Américain, ce dernier implique la disparition
totalement noirs et opaques, empêchant le
des barrières raciales entre les hommes.
4
BRUSCHI, Valentina. « Interview with
Yinka Shonibare », in Yinka Shonibare : Be-Muse. Roma : Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea : Museo Hendrick Chrtistian Andersens, 2001, p.101.
25
À travers une iconographie futuriste et un héritage (historique, culturel et théorique), Yinka Shonibare réclame un avenir multiculturel, ouvert et libre. Être visible et ne pas être considéré comme un étranger
â&#x20AC;&#x2DC;Space Walkâ&#x20AC;&#x2122; 2002. Screen printed cotton fabric, fibreglass, plywood, vinyl, plastic, steel Astronauts each: 212 x 63 x 56cm. Spaceship ca. 370 length x 153cm diameter
26
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ART TALK
DESTINS NOIRS/ DYNASTIES BLANCHES Par Patrick de Lassagne
(Toutes ressemblances avec des faits ou
noire et africaine. Je suis donc mulâtre. Mais
après la mort de Robert de Normandie, les
évènements s’étant produits seraient
ce terme, disons cette nuance n’a plus cours
barons trahirent. Ils tentèrent d’assassiner
purement fortuites…)
depuis Obama. En effet, considéré comme
Guillaume, ce petit Duc de huit ans. Ils le
noir aux Etats Unis, Obama était assimilé
jugeaient illégitime, car bâtard, puisque
Je fus le premier Prince Nègre régnant
à un mulâtre en Europe. En accédant aux
né hors mariage d’Arlette, la maîtresse de
d’Occident. Je règne sur une principauté
plus hautes fonctions en 2007, il a brisé un
Robert.
sise sur un rocher. Il n’y a aucun précédent
tabou concernant la condition noire. Que
d’un Prince Nègre dans l’Histoire. Bien
peut bien faire la couleur de la peau dans
Guillaume, vous vous en doutez fut choqué
sûr il y eut des rois nègres, mais ils ne
toutes ces matières ? Comme le dit alors
par cette tentative de meurtre orchestrée
furent pas affiliés aux grandes familles
un journaliste, certains virent en Obama
par les barons félons, et à laquelle il
royales d’Europe. La constitution de ma
un noir sublimé, quand d’autres voyaient
réchappa miraculeusement. D’autant
principauté fut modifiée à mon avantage
un blanc bronzé. Et puis regardez tous ces
que son père Robert de Normandie, avait
en 2033 (j’avais 33 ans… 33 ans, cela ne
visages d’enfants si divers et variés dans les
aussi pris la précaution de mettre son
vous rappelle rien ?), lorsque mon père, âgé
cours de récréation de maternelle de nos
fils Guillaume sous la protection d’Henri
de 75 ans et sans descendance masculine
années 2050, vous me comprendrez j’en
1er le Roi de France. La vengeance de
autre que moi-même, dut se résoudre à
suis sûr.
Guillaume contre les barons fut implacable.
me légitimer et me désigner comme son
Maintenant rendez vous compte que ce
successeur. Mon père revenait ainsi sur
A ce titre vous pourriez me reprocher de
bâtard, allié au puissant Comte de Flandres
la décision de son propre père. En effet
me dire prince nègre alors que je suis métis.
par son mariage avec Mathilde de Flandres,
celui-ci avait fait modifier la constitution en
Mais vous remarquerez que je dis nègre
fut couronné trente et un ans plus tard Roi
faveur d’une éventuelle succession par les
et non noir. Et bien je m’explique : il fut
d’Angleterre à l’abbaye de Westminster lors
femmes (ses deux filles) en cas d’absence
un roi, l’un des plus grands peut-être, dit
du Noël 1066 ! Il devint ainsi le fondateur
d’héritier mâle légitime qui serait issu de
Guillaume le Conquérant, fils de Robert de
de l’empire anglo-normand.
mon père.
Normandie et d’Arlette sa maîtresse. Né en
A l’exception de certaines dynasties
1027, Guillaume perdit son père lors de sa
J’en viens donc au fait : Guillaume fut
(anglaise notamment) depuis Clovis, la
huitième année lorsque celui-ci partit en
surnommé : « Guillaume le bâtard ». Et il
loi salique a toujours prévalu. C’est-à-
pèlerinage à Jérusalem pour se recueillir
l’assuma. Car ce mot bâtard, qu’on lui avait
dire la descendance par les mâles et leur
sur le tombeau du Christ. Avant son départ
jeté à la face avec mépris et pour l’humilier,
sang. Ainsi que la primogéniture : le droit
pour le Saint Sépulcre, le duc Robert de
il le ramassa dans le ruisseau pour en tirer
d’aînesse pour schématiser.
Normandie avait fait jurer aux barons
la plus grande gloire. Et ce mot, nègre, dont
sur leur honneur que Guillaume serait
Césaire disait qu’on le lui avait jeté à la face
Je suis né hors mariage, donc bâtard
l’héritier du Duché de Normandie. Ce fils lui
comme un crachat, et bien à mon tour,
comme on disait autrefois. Et ma mère est
succéderait donc s’il venait à mourir. Mais
moi bâtard, mais aussi nègre, à l’image de
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Guillaume et de Césaire, je les revendique
Mais cela peut-être tout aussi bien l’indien
du terrible tsar de Russie Alexandre 1er.
pour ma plus grande fierté. Mais je veux
ou le russe qui sont en mon fils ou en ma
Condamné à l’exil, puis gracié par Nicolas
surtout conférer ses lettres de noblesse au
fille! Puisque ma femme, la Princesse,
1er, il en reviendra auréolé de gloire. Mythe
mot nègre. Car Guillaume pour qui le mot
est née d’une mère de l’ethnie Lakota
vivant, Pouchkine achèvera d’écrire sa
bâtard fut le problème de l’Histoire (autant
d’Amérique du Nord et d’un père russe.
légende au pistolet, durant ce fatal duel
que l’histoire du problème) s’est plus
contre un officier français où il perdra la
que bien occupé de ce mot. Il lui a légué
Bref, il fallut donc à cette si petite, et
vie à 37 ans pour sauver l’honneur de sa
sa noblesse et son propre prestige. Puis,
pourtant si célèbre principauté de bord
femme. La mort de Pouchkine affligera la
avouons-le, ce mot n’a plus vraiment cours
de mer vieille de sept siècles, admettre
Russie.
de nos jours. J’ai donc contribué à mon tour
l’inadmissible : un prince nègre.
Comme le dira l’un de ses proches : « Le
et à ma manière à dorer le blason du mot
Mais tout cela est déjà du passé…
soleil est percé d’une balle ».
(Toutes ressemblances avec des faits ou
Pouchkine, par son métissage racial, social,
évènements s’étant produits ne sont pas
culturel était un trait d’union, un passeur
fortuites…)
entre les extrêmes. Entre sa vaste culture
nègre. D’où Prince… Nègre ! N’est-ce pas deux beaux mots accolés l’un à l’autre ?
“Ainsi avec cette terminologie, Prince Nègre, j’aidais donc le noir, grâce aux forces du blanc qui sont en moi” Cependant que l’on me comprenne bien : personne n’est vierge de l’autre. Pas plus vous que moi. Donc je ne suis pas sans ignorer le blanc qui est en moi, et qui n’est autre que mon père… Et voyez-vous, du noir et du blanc, j’aide tantôt l’un, tantôt l’autre. En tout les cas celui qui est le plus opprimé des deux. Ainsi avec cette terminologie, Prince Nègre, j’aidais donc le noir, grâce aux forces du blanc qui sont en moi. Et par conséquent le nègre, qui est donc mon descendant par ma mère. Ne peut-il s’aider lui-même me direz-vous ? N’a-t-il pas assez de puissance et de forces pour cela ? Et bien moi je vous répondrai simplement que l’union fait la force. Donc l’inverse est tout aussi vrai : lorsqu’on opprime le blanc, et bien avec les forces du noir qui sont en moi, je l’aide.
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française (celle des Lumières, nec plus ultra pour l’aristocratie et l’intelligentsia russes Pouchkine est en quelque sorte le
de l’époque), base de son instruction, et sa
prototype du personnage précédent. Il fut
connaissance du petit peuple russe auprès
aussi un prodigieux visionnaire…
duquel il vécût en exil, deux extrêmes se rejoignirent, s’affrontèrent et s’unirent en lui
Né en 1799, Alexandre Pouchkine, russe
pour forger sa création littéraire.
et noble par son père, descendait par sa
Comme il l’affirme :
mère d’un camerounais, Abraham Hanibal.
« Je veux que chacun me comprenne,
Ses riches contrastes firent de lui une
du plus humble jusqu’au plus grand. »
extraordinaire synthèse : organique, sociale, intellectuelle, entre Afrique et Europe, Orient et Occident. Pouchkine est sans conteste le plus grand poète russe. Devant ce soleil noir de la littérature, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, Tourgueniev, Gorki, Tchéckov s’inclinèrent. Sa poésie révolutionnaire et sa prose unique créeront littéralement la langue et
“ Pouchkine est en quelque sorte le prototype du personnage précédent. Il fut aussi un prodigieux visionnaire…” Tout en intégrant ces oppositions de
la littérature russe moderne.
classe, Pouchkine eût au plus haut point
Sa vie fût une tumultueuse odyssée :
sur sa filiation africaine (Hanibal, son aïeul
noceur, joueur, séducteur, débauché, buveur, solitaire, mondain, bretteur, révolté… Rien n’arrêta Pouchkine. Pas même de défier le pouvoir en la personne
une conscience de race. Par ses recherches camerounais était le favori du tsar Pierre le Grand) son écriture s’enrichit de ses racines
nègres et de sa communauté d’esprit et
pétersbourgeoise, la connaissance des serfs
Nombres de personnages emblématiques
de sensibilité avec le peuple noir luttant
des provinces reculées, leurs folklores, ses
des poèmes, nouvelles et pièces de
pour son affranchissement. Exprimant son
origines mêlées, les luttes de classes, de
théâtre, romans en vers ou en proses
appartenance à l’Afrique, Pouchkine parle
races, blanche, noire et jaune etc. furent
de Pouchkine deviendront les icônes du
de « ses frères nègres » dont il souhaite « la
autant d’influences contradictoires qui
patrimoine littéraire et populaire russes.
délivrance d’un esclavage intolérable ».
nourrirent, enrichirent et bâtirent la savante
Ils seront repris par les plus grands auteurs
dialectique de cet extra-ordinaire métissage
qui immortaliseront et prolongeront la
oriental et occidental.
postérité du plus grand des hommes de
Dans la Russie autocratique et blanche d’alors, Pouchkine sait aussi se jouer des pièges tendus. Extrait :
lettres russe. Ce melting-pot forgera une fulgurante transmutation littéraire. Dostoïevski dira :
Au panthéon de la littérature mondiale,
- A propos Mr Pouchkine, vous et votre
« Pouchkine, a toujours été, pour ainsi dire,
le mulâtre Pouchkine, ce héros national
sœur vous avez donc du sang nègre dans
un organisme intégral et achevé, portant en
russe, se tient aux côtés de Goethe, Dante,
vos veines ?
lui intrinsèquement tous ses principes, sans
Cervantès, Shakespeare ou Rousseau…
- Certainement, répondit le poète.
avoir à les recevoir du dehors. L’extérieur n’a
- Est-ce votre aïeul qui était nègre ?
fait qu’éveiller en lui ce qui était déjà latent
- Non il ne l’était plus.
au plus profond de son âme». Cette vision
- Alors c’était votre bisaïeul ?
se doublait de l’acuité de sa conscience de
Comme la lampe qui pâlit
- Oui, c’était mon bisaïeul.
classe et de race. L’alchimie pouchkinienne,
Devant l’aurore éblouissante
- Ainsi il était nègre. Oui, c’est cela… Mais
synthèse singulière, unique et originale
Ainsi le faux savoir palpite et se consume
alors, qui était donc son père à lui ?
était une vision organique et aigüe du
Devant le soleil de l’esprit.
- Un singe, Madame, trancha pour finir
monde.
Que vive le soleil ! Et que meure la nuit.
Pouchkine.
Mais si Pouchkine eut la conscience de son
Laissons à Pouchkine le mot de la fin :
temps, il eut aussi celle des temps à venir.
Patrick de Lassagne est écrivain et
La définition de Victor Hugo : « Un poète
En effet, comment ne pas songer, déjà, ne
scénariste. « Périph’ » son dernier roman
est un monde enfermé dans un homme »
serait-ce qu’à l’Europe, lorsqu’on lit sous la
paraîtra fin Septembre aux Editions de La
s’applique tout particulièrement au
plume de Dostoïevski : « Pouchkine seul,
manufacture de livres. « Sang bleu, sang
poête russe. Elle est l’exact reflet de son
parmi tous les grands poètes universels,
noir » son prochain roman est en cours
cosmopolitisme inné, de sa faculté à unir
possède la capacité de se réincarner
d’achèvement.
le divers, de sa propension à élaborer une
totalement dans une autre nationalité. Il
vision universelle. Pouchkine contient le
devenait bourguignon dans Le Chevalier
monde parce qu’il le « comprend». Il le
avare, espagnol dans Le convive de pierre,
perçoit comme un tout dont il faut unir
anglais dans Le banquet pendant la
les parties. Accomplir sa mission de poète,
peste, italien dans Angelo, arabe dans les
consistait à saisir le singulier et l’universel,
imitations du Coran, allemand dans la scène
à tendre vers la totalité, à rêver une
du Faust. Il n’est pas d’autres poètes qui ait
authentique communauté humaine.
eu la capacité de résonnance universelle de Pouchkine, la faculté de réincarnation
L’oralité africaine, les régionalismes
de son génie dans le génie des autres
russes, les langues slave et latine, les
peuples ».
dialectes locaux, l’histoire antique, les contes africains, la culture de l’aristocratie
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Eloge et exemple à méditer…
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ART TALK
Chassol, dans cette vie antérieure Par Camille Moulonguet images courtesy of Chassol
Le compositeur Chassol joue entre l’image et le son, et crée une oeuvre pénétrante et puissante dont les inspirations de notre époque ouvrent un monde inclassable, nonfantasmé mais dont les obsessions rejoignent tous les mondes possibles. AFRIKADAA : Dans tes films musicaux tout se passe comme si tu utilisais l’image comme un instrument de musique et la musique comme un instrument d’image. Comment vois-tu cette relation entre l’image et la musique ? Chassol : J’utilise l’image comme un matériau musical, bien plus que l’inverse. Lorsque j’ai commencé mes ultrascores, mon souci était tellement musical que je ne me souciais parfois absolument pas de la qualité du montage ou des accidents de l’image. D’un mauvais zoom en fin de loop pouvait justement naître l’intérêt d’une séquence. J’ai su que je voulais être compositeur de musiques de films vers l’adolescence. Les westerns de Sergio Leone, les séries
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télévisées américaines et leurs scores avant-gardistes, mélanges savants de musique contemporaine, électronique, jazz, disco ou funk, les Walt Disney et
A: La Nouvelle Orléans, puis l’Inde,
autres mangas, West Side Story et sa
territoires divers mais dont les musiques
synchronisation parfaite image-danse-chant-
sont dans une puissante continuité, t’
orchestre symphonique m’y ont largement
inspirent. Est ce de la pop ? De la musique
poussé. Je suis né en 76 et j’imagine que
contemporaine ? Comment les définir ?
j’ai très rarement vu une image sans son. D’ailleurs, cela existe t-il ? Lorsqu’en 1952
C: Interessant, c’est que les sujets finissent
Cage nous dit que le silence n’existe pas,
souvent par nous trouver...Et non l’inverse.
cela nous dit aussi qu’aucune image (même
Pour « Nola Chérie » et la Nouvelle Orléans,
muette) n’est regardée dans le silence :
c’est le musée d’art contemporain de New
les bruits environnants sont toujours là.
Orleans qui est venu me trouver. J’ai réalisé
La relation image / musique ou si l’on
des mois plus tard le lien que je pouvais
préfère vision/audition existe toujours, je
entretenir avec la créolité, le fait que mon
la vois comme une permanence. Michel
père dirigeait deux fanfares aux Antilles et
Chion décrit l’audio-vision comme un
même l’idée que la ville soit un berceau du
illusionnisme dont le cinéma, l’art vidéo et
jazz. Pour l’Inde, même si j’aime la musique
le clip ont su exploiter les 1000 ressources.
indienne depuis mon adolescence (via
J’essaie de créer de nouveaux rapports, de
Shakti et John mac Laughlin), j’ai réalisé
nouveaux liens, de nouveaux « trucs » dans
après le tournage que ma mère m’avait dit
ce rapport permanent, multidimensionnel et
avoir ¼ de sang indien et à quel point elle
transversal.
ressemblait à une indienne…Comme une
groupe Phoenix). À l’époque
quelques morceaux d’Idlewild.
du lycée (j’ai grandi dans une banlieue blanche ) tout le monde
A : Quelle serait ta vision science fiction du
écoutait Parliament-Funkadelic
peuple noir dans le futur?
et mes amis montaient des couli. Il y a toujours beaucoup plus de nous dans notre travail que l’on ne le pense et le lien ou le liant entre ces deux films est pour moi une chose assez simple : mes obsessions harmoniques. J’ai depuis l’adolescence, voire l’enfance les mêmes envies d’entendre, les mêmes addictions harmoniques et elles sont très semblables de Nola Chérie à Indiamore. Je veux dire que j’aurais pu filmer n’importe où, les suites harmoniques, les grilles d’accords auraient sans doute été les mêmes…. Ces deux mondes m’ont apporté de connaître un peu mieux encore mes obsessions et de les enrichir de nouvelles propositions apportées par les différents protagonistes (sitaristes, brass bands, chanteurs, poètes, danseurs etc…). Cette musque que j’essaie de développer est j’imagine un mélange de tout ce que j’aime... Du jazz (Miles Davis, Chick Corea) à la musique classique française (Ravel/Debussy) américaine (Bernstein, Copland), minimaliste (Reich, Riley) à la pop (The Cure, Beach Boys...) au Hip-hop (Busta Rhymes, Jay-Dilla), à la soul (Minnie Ripperton, Marvin Gaye, D’Angelo…) etc… A : Le psychédélisme de Sun Ra t’inspires-t-il ? Et celui d’Andre 3000 ? C: Lorsque j’entends ce terme, je pense évidemment à Sun Ra que j’écoutais pas mal adolescent et surtout à George Clinton dont j’ai eu la chance de faire l’ouverture il y a 10 ans au festival de Montreux dans le Hall Strawinsky (j’étais alors clavier du
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groupes comme Frisco ou Jam
C: Je n’ai jamais pensé qu’il y avait un
et 203 inspirés de nos aînés
« peuple noir ». C’est la vérité.
de Sèvres la Mano Négra, la Malka Family ou 13 NRV… Je me souviens avoir été un
A: As-tu déjà un autre projet en tête?
peu en retrait de ces groupes, n’ayant à cause des tenues extravagantes de Bootsy
C: Oui. L’adaptation au Brésil de « Narcisse et
Collins ou Clinton jamais pris cette musique
Goldmund » d’Herman Hesse en ultrascore
au sérieux…un élitisme qui m’a poussé
d’animation (avec orchestre) et les idiomes
vers d’autres négritudes musicales comme
de la musique symphoniques américaines
Herbie Hancock et les headhunters, Miles
que l’on trouve dans « Rodéo » ou « Billy the
Davis électrique, Tony Williams Lifetime par
Kid » d’Aaron Copland.
exemple. J’avais à l’époque l’impression qu’on ne pouvait être déguisé sur scène
Chassol sera prochainement en concert :
et être pris au sérieux (j’écoutais pourtant Zappa, les Béruriers noirs etc..).
Le 20 juin 2013
J’ai depuis revu mon jugement,
à New York (USA)- River to River - Pear 15
heureusement. Sun Ra me semblait bien
Les 28,29,30 juin 2013
différent à l’époque et même si je n’ai jamais
à Montréal (CA)- Montréal Jazz - Musée
réellement plongé dans sa musique, je le
d’Art Contemporain de Montréal -
respectais car il dégageait quelque chose
Berverly-Rolph- Webster
de profond qui fédérait et son souci du beat
Le 21 septembre 2013
n’était le même que dans le P-funk. Pour ce
à Lyon (FR) - Festival Les Subsistances
qui est de Paul Miller (Spooky)…J’avoue ne
Le 07 novembre 2013
pas trop comprendre sa démarche, même si
à Bordeaux (FR) - Rocher de Palmer
j’aime bien la personne. J’ai l’impression qu’il
Le 11 novembre 2013
n’y a pas grand chose de futuriste dans ses
à Bruxelles (FR) - Bozar
collages de beats et de quatuors à cordes sur
Le 28 novembre 2013
des images de Martin Luther King. Son travail
à Paris (FR) - Les Bouffes du Nord
m’apparaît plutôt comme une célébration
Le 12 décembre 2013
du passé, une sorte d’Afro-Passéisme. Par
à Colombes (FR) - L’avant Seine
ailleurs, et pour dire vrai, le psychédélisme ne m’inspire pas vraiment…À part peut être pour trouver de nouveaux rapports d’Audio-vision en ayant ouvert les portes de la perception. Quant à André 3000…Je le trouve beau et classe…Mais ne connais pas vraiment son œuvre à part Hey Ya et
ART TALK
L’Utopie (De l’anglais utopia, mot inventé, en 1516, par Thomas More
dans son livre Utopia construit avec le préfixe grec οҏ- ou- de sens privatif et noté à la latine au moyen de la seule lettre u, et τόπος, tόpos (« lieu »), signifiant donc « (qui n’est) en aucun lieu »). Anonyme (XVI e siècle) Du latin anonymus (« sans nom ») issu du grec ancien чνώνυμος, anônymos (« sans nom »).
Par louisa Babari photos : tous droits réservés à Mohamed Bourouissa et la galerie kamel mennour Portrait de Mohamed Bourouissa Par Jean-Michel Quionquion
Choisissant d’inscrire son travail dans une relation à l’oeuvre du photographe allemand du XIX e siècle, August Sander, Mohamed Bourouissa crée un protocole artistique qui consiste à réaliser des statuettes en résine de personnes en recherche d’emploi et affiliées aux Pôles emploi des villes et de leur banlieues. Un fab-lab mobile, permet à Mohamed Bourouissa de numériser la silhouette de ces anonymes à l’aide d’un scanner et d’une imprimante 3D et de produire une nouvelle représentation de cette population catégorisée. La production de cette statuaire questionne autant le statut des demandeurs d’emploi que le rapport que la société entretient avec la communauté des anonymes. Une partie de la production sera vendue par l’artiste sur les marchés des quartiers. Né à Blida en Algérie, Mohamed Bourouissa vit et travaille à Paris. Il est représenté par la galerie kamel mennour. 34
AFRIKADAA: “ L’utopie d’August Sander”
Cette technique va beaucoup se développer.
imprimantes 3D, il y a eu un rapport direct
donne l’impression d’entrer dans une
Le projet en soi parle aussi de cet aspect,
à la photographie qui m’a tout de suite
dimension futuriste de la représentation
de ce “non-travail”, avec de plus en plus de
parlé. Une sorte de genèse comme pouvait
de l’Homme notamment dans un rapport
gens qui ne travailleront pas. Il y a donc deux
l’être une genèse de la photographie, il y
ambigu à l’individualité et à la production
lignes phares dans ce travail.
a un siècle et demi. J’ai été évidemment
de masse.
séduit et intéressé par ce médium, dans la AFRIKADAA : Vous avez travaillé le
mesure où je pouvais toucher au portrait
Mohamed Bourouissa: Je ne sais pas dans
médium photo pendant des années
et aux personnes par le volume. Il peut
quelle mesure elle aborde une thématique
et l’on entend souvent dire que cette
effectivement y avoir une sorte de mutation,
futuriste, mais il y a une réflexion autour
nouvelle génération d’imprimantes, cette
mais je ne pense finalement pas que cela en
des procédés techniques qui sont des
technique de reproduction représente une
soit une. Nous sommes sur cette même idée
procédés qui coûtent assez cher comme la
mutation de la photographie.
de la naissance de la photographie puis du
stéréophotographie, procédé qui, dans les
cinéma, comme une mutation de l’image
années 80, était hors de prix et qui servait
Mohamed Bourouissa: C’est une mutation de
fixe à l’image en mouvement.
à réaliser des sculptures. Aujourd’hui, la
l’image. Je viens du monde la photographie,
C’est juste un médium de plus qui s’intègre
technique part sur l’impression 3D à très
puisque j’ai commencé mes travaux en
aux possibilités de création. La photographie
bas coût, disponible pour tous et accessible
tant que photographe. Mes expositions ont
a des spécificités que la représentation en
à chacun. Cela touche dans un sens une
été liées à ce médium et j’ai été reconnu
volume n’a pas. C’est un amoncellement de
dimension contemporaine ou future de
avec lui. Quand j’ai pu accéder à cette
plusieurs médiums, comme pourrait l’être le
cette technologie liée au plus grand nombre.
technique, notamment avec les scans et les
moulage, la photographie et tout d’un coup
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il y a cette énième possibilité.
projet, peuvent aussi rentrer en contradiction
AFRIKADAA : August Sander voulait
ou dialoguer entre eux.
créer une cartographie de « L’homme
Afrikadaa: Votre travail sur cette statuaire
allemand ». A-t-il été dans cette mesure
3D rend hommage à des individus
AFIKADAA : Il y a dans le mouvement
un précurseur, un pionnier avec le début
anonymes qui sont affiliés à une agence
afrofuturiste, une relecture du passé à
d’une photographie conceptuelle au
de recherche pour l’emploi. Ce travail ne
l’aune du futur. Pourquoi avoir intitulé
sens où l’idéologie du concept était plus
crée t-il- finalement pas un profil type
le travail sur la statuaire 3D « L’utopie
importante que la production artistique
d’individus, deux fois catégorisés, puis
d’August Sander », August Sander étant
elle-même ?
dans une vision d’anticipation, clonés à
l’un des pionniers de la photographie au
l’envi, comme les fameux “répliquants” de
XIX ème ? Quel est donc dans votre travail,
Mohamed Bourouissa: Oui, il y a le début
“ Blade Runner “ le film de Ridley Scott ?
ce lien entre passé et futur ?
d’une conceptualisation et surtout le début
Cet hommage ne produit-il pas à son insu un homme - type déshumanisé ?
de toute une histoire de la photographie Mohamed Bourouissa : Il y a déjà une
allemande. D’une école de la photographie
dimension affective et personnelle vis-à-
allemande très forte. Il a été le premier à dire
Mohamed Bourouissa: Ce travail est très
vis de ce photographe. Je trouvais dans sa
que la photographie servait davantage un
lié à l’expérience. C’est vrai que j’ai pensé
pratique, les mêmes prémisses liées à une
propos qu’une esthétique. Ça n’enlève rien à
au début à mettre en place une certaine
technologie naissante. Ce qui s’est passé
la beauté et à la force de ses photos.
typologie liée à cette représentation. Mais
pour la photographie est en train de se
ce qui m’intéressait c’était de rendre lisible la
rejouer pour ce type de technologie. C’est
AFRIKADAA : Dans ce projet utopique,
violence de la catégorisation des personnes.
une technique qui va se développer et qui va
ce qui vous intéresse en tant qu’artiste,
Rendre lisible la mécanique produite par
prendre de la place un peu partout. Quant
est-ce l’antichambre du projet, sa
le Pôle Emploi. Parce que tout d’un coup, il
à la question de l’anonymat, plus le coût
conceptualisation ou la production de
faut archiver, rentrer des types d’individus,
de fabrication est élevé plus ce qui va être
l’œuvre en elle-même ?
des types de représentation. En numérisant
représenté va avoir de l’importance. Si les
les gens et en travaillant directement avec
coûts sont moindres et la technique plus
Mohamed Bourouissa: Ce qui m’intéressait
eux, on se rend très vite compte que chaque
facile à aborder, des sujets plus anonymes
le plus c’était ce qui était « en devenir ».
sculpture, chaque pièce représentée dans
vont être pris en compte. Quand August
Concept et production sont de même
le projet a sa propre spécificité. Chaque
Sander photographie des anonymes, ce qui
nature. Les éléments que je présente enfin
pièce est unique et ne ressemble à aucune
fait œuvre c’est la photographie et non plus
sont des comptes-rendus. Je les appelle
autre. Quand elles étaient revendues au
simplement le modèle. Ce qui n’était pas le
des hamburgers parce que ce sont des
marché, elles étaient vendues comme
cas, trente ou quarante ans avant ses débuts,
empilements d’idées, de choses posées qui
pièces uniques. Evidemment, c’est un
quand on photographie essentiellement les
n’ont pas une finalité de l’ordre du discours.
projet très contradictoire. Très négatif par
sujets de la bourgeoisie. Dans mon travail,
Ce sont des éléments qui sont ouverts dans
la catégorisation des personnes que je
c’est la sculpture qui fait œuvre et non ce qui
le projet. Ni temps, ni futur, ni passé. Un
numérise mais qui a rendu hommage à
se place autour d’elle. Il y a donc un aspect
élément constamment « en cours de ».
chaque personne stéréophotographiée
similaire entre ce qui se faisait à l’époque et
comme étant un individu à part entière. En
ce qui se produit aujourd’hui et ce qui va se
aucun cas la machine, ou le système que j’ai
retrouver plus tard. Des ponts, un parallèle se
AFRIKADAA : J’ai regardé l’ensemble de
produit rendra la complexité d’un individu.
construisaient entre August Sander et mon
votre œuvre et notamment le travail
Il rend compte d’un instant « t » dans un
travail. S’il faut parler d’Afrofuturisme en ce
photographique que vous avez intitulé
lieu particulier qui est le Pôle Emploi. Des
sens, il y a effectivement une construction
« Temps mort ».
éléments qui sont inscrits dans un même
qui se joue là.
36
Il y a certains éléments de ce travail
portable donne cette transversalité aux
qui m’ont fait penser à des passages de
deux temporalités, le temps intérieur d’un
« Solaris », le livre que Stanislas Lem a écrit
espace d’enfermement et le temps extérieur.
en 1962. Dans cette oeuvre, vous utilisez
Ces images sont la jonction entre ces deux
fréquemment la notion d’espace-temps.
dimensions .
C’est aussi une notion bidimensionnelle qu’aborde Lem avec la description de cette planète, qui est une base de recherche située entre deux soleils et qui reste une énigme pour les scientifiques. Il décrit la présence d’une entité intelligente (l’océan Intelligent) qui conditionne l’espace-temps et le cerveau des hommes. Le dispositif mis en place dans ces photographies produit à mon sens un effet semblable de conditionnement très fort du temps, des lieux et des sujets. Une matière intelligente et autonome qui échapperait à toute représentation et qui transpose les contenus vers un ailleurs, un espacetemps totalement dématérialisé. Mohamed Bourouissa : Cette notion de matière intelligente, je la conçois en terme de « grille » et je crois que le choix dans ce projet est un choix de surface même de l’image. C’est cette grille qui donne cette lecture de l’image. Je me suis retrouvé face à deux choix. Sur un projet réalisé en prison, il y a un type de grille officielle, lié à la qualité de l’image, avec laquelle je pourrai avoir une image très photographique ou le filtre, la grille de lecture sera liée à la censure d’une autorité. J’avais choisi pour ce projet un autre type de grille, qui était pour moi davantage émancipateur, celle de la technologie du téléphone portable. Cette matière que tu définis comme intelligente est liée à l’outil même de réalisation du projet et à deux temps différents. Le temps extérieur, qui s’aborde différemment du temps de la prison. La technologie du téléphone
37
Sans titre (Temps mort), 2008-2009. Photographie couleur, 98,5 x 80 cm, © Mohamed Bourouissa
Pages 35, 38 et 39 : “L’utopie d’August Sander”, © Mohamed Bourouissa
38
39
ART TALK
Remix Africana 'DF9E?:?=DI:A$'DJ<$=I$ ?@<$4<I<B:?=DI$DC$K .B? L by Mukwae Wabei Siyolwe All images © Mukwae Wabei Siyolwe
Makishi Unmasked by Mukwae Wabei Siyolwe
There is no debate when it comes to the
replace? Is hyper-reality the grandest of
the sci-fi genre Star Wars and Star Trek.
influence of Africa on modernity. In the art
magical illusions. Or is it the ghosts and
Avatar, with its virtual blue people with
world, this is most evident in the Cubist
shadows of the ever-present past? The
braids, who have languages, customs and
movement of the School of Paris – especially
ultimate remix could be the encounters
landscapes with limitless boundaries, are to
in the works of Picasso and Matisse. Africa
with Ogotemmêli, a blind, hunter Griot from
my de-colonized mind, simply appropriated
inspired early modernism. The first “Modern
Mali, who told the French anthropologist
constructed images that hold no fascination.
Art” was previously something of African
Griaule (1965), that there were rings on
These narratives tell us we have indeed
origins that had ritual, spiritual, or decorative
Saturn, moons orbiting Jupiter, and that
crossed over, but from where ? Africa
significance. Paris manipulated the originals,
Sirius, the brightest star in the sky, had at
perhaps? The implication suspiciously smacks
stripped and re-configured them. Remixed.
least one companion star. He knew these
of a remixed colonial project. We can take
things without ever having seen or heard
the development of interface back to the
In his essay, The Work of Art in the Age of
of a Hubble telescope! This remix has spun
phantasmagoric force of alchemy, Al-Chemi
Mechanical Reproduction (1936), Walter
countless UFO conspiracy theories and pieces
of Kemet or ancient Persian visionaries like
Benjamin makes me ask what is African
of art.
Alghebra. We can look at how the internal
futurism when what is considered modern
drama of allowing a number, a beat, to
and new was already there in a previous
According to Marxist political theorist
replace a letter has unfolded over time into
manifestation in Africa? Have we completed
Jameson [1991], we have completed Post-
programming and computational code. The
a full circle several times over? What does
Modernisms “spatial turn”. The final frontier,
future western messianic trope tells us that
computer generated art re-present and
the colonization of space is predicted by
there is no going back since an apocalypse
40
is coming -- take cover and be very afraid.
them or heralding rites of passage or just for
Mukwae Wabei Siyolwe is a Princess from
No going back not even to analog, vhs,
passing into a trance on a long hot night in
the Kingdom of Barotseland, an artist and a
for goodness sake, even cd’s are already
the bush for the !Kung of the Kgalahari. Or
social scientist who likes to travel, compose
obsolete. But wait...they will come back. Like
is it something that just sprang from itself,
music, meditate, write, create hybrid
the platform heel or the bustle, we cannot
from the genius of the western mind? I
experiences, cook, dance and live in the
resist taking what was already there and
don’t think so. Who would have thought
moment.
remixing it even if that manifests as silicone
that the simple movement of a hand with
buttock implants thanks to the Hottentot
a stick could become what we now know
Venus. The market insists it will come back
as a digital code and is now the dominant
and be remixed.
system of communication that mediates all exchanges and expresses some sort of
Even if the science of computer code
meaning for all participants?
has traditionally been associated with western, modern, post-industrial, time-
What is happening when an artist like me is
based statistical techniques that allow the
moved to impress her vision on a previous
extraction and addition of defined flows
piece of utilitarian or ritualistic object like a
of information to be drawn, allowing for
Makishi mask from Barotseland or maybe
the configuration of coherent systems and
even a nuclear fallout on a kids t-shirt by
structures. This is what the authorities
the Lyambai (Zambezi River)? Reproduce
say yet we all know it all started with a
it. Such is the logic and imperfection of
drumbeat. Code has always been a flexible,
generating art in the digital age. Every image
fluid yet complex structure founded
has a reference of something else, nothing is
on ancient philosophical and aesthetic
original. It’s all a remix.
principles. The resilience of code shows us it is a far more open reality and offers participatory action creating opportunities to build real communities. We go from being consumers to producers and narrators of or own worlds and realities through barcodes, micro chips, instagrams, twitter, facebook, blogs, websites, pod casts, posts, likes,
“What is African futurism when what is considered modern and new was already there in a previous manifestation in Africa?”
shares, hash tags and more. All are evidence of code as a democraticising tool. To many, including the author, code is seen as emerging from its former cognitive knowledge base in oral mythology from drum rhythms whose symbolic world stood in for realities known only to the participants. Perhaps this code came about out of ecological necessity to signal the annual imminent flood for the Barotse during Kuomboka or as a way of marking time for
41
Unf#$k the W@rld by Mukwae Wabei Siyolwe
ART TALK
LOW-TECH SOLUTIONS FOR HIGH TECH CHALENGES By Olivia Anani
What can we say about digital arts in
Just like him, many artists working with
for artistic purposes is also increasing. While
Africa? First of all, we have no intention of
digital technology are self-taught, and for
we believe that the self-teaching culture
rambling on about whether the average
producing their craft they have to rely on cre-
will remain a strong trend, these collectives,
farmer on the continent, or even the young
ativity over technical or academic training.
schools and institutions are already the
IT student can afford the west’s latest digital
Consequently, their practice often involves
breeding ground of new talent.
toy. We know most of them cannot. But we
technology, materials and mediums that are
can state with assurance, that the inability to
easy to find in their immediate environment.
Just like Emeka Ogboh’s work on the sounds
purchase new, high technology equipment
They come from IT schools, Internet cafes,
of Lagos, Africa’s new digital artists have
and update it regularly through global distri-
classic fine art academies and even electric
made the deliberate choice to maintain a
bution channels, does not in any case, imply
engineering…
close relation with Africa’s daily concerns and
that the continent’s artists would not be able to play a part on the global digital scene.
contribute their unique view of the places Luckily, creativity doesn’ t have to be an
they live in, all while exploring aesthetic
individual pursuit and as a result, digital
pursuits of their own. In the near future, art
Indeed, one thing we do know for sure about
collectives, art spaces, festivals and resource
and innovative applications using smart
the continent, is it’s people’s ability to sail
centers have been critical in hosting work-
phone technology, widely available to urban
beyond limitations of all sorts to discover
shops, sharing skills, raising resources and
as well as rural populations, will also be a big
through creativity a new, unique and effi-
creating exposure for young and more
trend. In a non-flashy way, Africa has already
cient way of doing things. The work of Jean
established artists. Among them, Kër Thios-
crossed the technology divide by using
Katambayi Mukendi for example, illustrates
sane in Dakar and its Afro-Pixel Festival, the
low-tech solutions to solve high tech chal-
that idea very well. Born to an electrician
Trinity Session in South Africa, the E-Fest in
lenges… it’s own way.
father and a mother from whom he learns
Tunis, the African Digital Art website and
the art of DIY (Do It Yourself), the young man
platform based in Kenya are some of the
found his inspiration and earliest experiences
most active on the continent. Inter-
with cardboard, mathematics and electronic
national platforms in the field such
systems not in school, but at home. Recipi-
as the TED Conference on innovation,
ent of the “Prix de la Découverte” – Best New
the magazines MCD (Digital Music
Artist – hosted by the Blachère Foundation
and Culture) and Digitalarti have also
at the Dakar Biennial in 2010, the young artist
shown their support to the continent’s
creates impressive electric systems, calcula-
booming digital art production. The
tions and educational machines addressing
number of academic institutions in
the question of power supply and life in
Africa offering specific training on the
Congo.
use of digital and technological tools
42
Right page : atelier Defko Yaw Rek - Usinette Afropixel #3 2012 Below : Hobss Neustetter et en légende “Entracte - Afropixel 2010”
PRINCIPAL ACTORS OF DIGITAL ART IN AFRICA :
theupgrade.net -With Upgrade! Dakar and Upgrade!
Trinity Session (Joburg, South Africa) - http://www. onair.co.za - founded by Stephen Hobbs and Marcus Neustetter,
Joburg. The international network on art, technologies and culture.
The E-FEST festival (Tunis, Tunisia) - http://www.lefest. org – First digital art festival in Maghreb founded by Afif Riahi ; Kër Thiossane, House for multimedia art (Dakar, Senegal) - http://www.ker-thiossane.org RAVY (Yaounde, Cameroon) - http://ravy2010.blogspot.com – Visual arts festival in Yaounde; Jepchumba (Naïrobi, Kenya) : Kenya artist, founder of the platform African Digital Art (http://www.africandigitalart.com) The network Upgrade! International - http://www.
43
International Festival of Visual art and new medias (Casablanca, Maroco)
ART TALK
La photographie africaine dans le marché de l’art international Auteur : Camille Moulonguet
Sammy Baloji, Femme Urua sur fond d’acquarelle de Dardenne (Luba woman against watercolor by Dardenne), Série : Congo Far West: Retracing Charles Lemaire’s expedition, 2011, épreuve numérique archivique sur papier Hahnemühle PhotoRag, 308 gr/m3, 100 x 231 cm, Courtesy de l’artiste et Imane Farès.
Le marché de l’art africain a une histoire très
de la photographie africaine commence
singulière. Après n’avoir existé que pour ses
avant tout en Afrique, avec une offre et
objets rituels, l’art contemporain africain
une demande cohérente. Seydou Keita
a littéralement surgi sur le marché entre
avec sa chambre 13x18 réalise des dizaines
2002 et 2007, période durant laquelle sa
de portraits par jour pour les habitants de
cote augmente de 370% selon les chiffres
Bamako et aujourd’hui les tirages grands
de Artprice. Depuis 2010 elle a augmenté
formats signés de sa main se vendent à
d’un peu plus de 20%. Dans ce contexte
60 000€. C’est dans les années 90 que le
pour le moins singulier, où se situe la
marché de l’art international commence à
photographie ? La photographie africaine
s’intéresser à cette photographie jusqu’à
n’a pas tout à fait la même histoire puisque
décerner le prix Hasselblad en 2003 à Malick
son existence a commencé totalement
Sidibe, en 2007 il recevra le Lion d’Or de la
en dehors du marché international. Les
biennale de Venise. Et c’est à partir de là que
photographes comme Malick Sidibe,
son histoire a rejoint celle du marché de l’art
Seydou Keita, Jean Depara vendaient
contemporain africain, avec des cotations
leurs clichés à la population locale, des
qui n’ont cessées d’augmenter depuis 10
portraits de rue ou en studio. Le marché
ans.
44
Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand de la galerieMagnin-A
Pour les collectionneurs cyniques ce
autour des thèmes de la colonisation et
disparaît littéralement et surgit alors le
marché est une aubaine! Pourtant s’il
des mutations qu’elle a entrainé dans ses
personnage qu’il évoque. « J’emprunte une
s’est ouvert aux portraitistes des années
montages photographiques qui mêlent
identité. Pour y réussir, je me plonge dans
50-70, le marché a du mal à donner une
archives et photographie actuelle. Son
l’état physique et mental nécessaire. C’est
place forte aux jeunes photographes du
œuvre a été présenté en Afrique, aux
une façon d’échapper à moi-même. Un
continent. Il y a Baudouin Mouanda, jeune
Etats-Unis, en France et est présente dans
passage solitaire. » explique Samuel Fosso.
congolais originaire de Brazzaville, dont
de nombreuses collections privées et
Il réalise notamment une série intitulée
le travail le plus connu sur la « sapologie »
publiques à travers le monde. Ses tirages
« African Spirit » où les grandes icones de
lui a donné une certaine visibilité sur la
récents sont vendus à 18 000 euros et sont
Césaire à Lumumba en passant par Malcolm
scène internationale. Et puis le camerounais
exposés jusqu’au 30 Juin 2013 à la galerie
X traversent son corps, le temps de la mise
Rodrigue Mbock présente sa vision de
Imane Farès à Paris.
en scène.
intelligence qui présagent d’un travail très
Samuel Fosso, lui-même comme un autre
Le point de vue de Jean Loup Pivin
fécond. Les autoportraits troublants du très
Samuel Fosso est né à Kumba au Cameroun
co-fondateur de la Revue Noire et de la
jeune Kinois Alain Polo placent d’emblée
en 1962, il commence son travail artistique
Maison Revue Noire.
son travail dans une démarche artistique
en finissant les pellicules entamées pour ses
puissante. Mais finalement celui qui s’en
clients dans son studio de Bangui qu’il avait
Afrikadaa : Pouvez vous nous parler de
sort le mieux du point de vue du marché
ouvert à l’âge de 13 ans. Profondément
l’évolution du marché ces vingt dernières
c’est Sammy Baloji, représenté par la galerie
immergé dans la photographie de studio,
années concernant la photographie
sud-africaine Momo Gallery et dont le
il pousse le genre à l’extrême jusqu’à
africaine ?
travail suscite beaucoup l’intérêt. La galerie
transformer son studio en espace de
Peut-on parler de marché de la
l’Afrique avec une sensibilité et une
n’a d’ailleurs aucun tirage disponible à la
photographie africaine quand on voit
vente de cet artiste.
les quelques ventes spécialisées sur
Le marché de la photographie africaine
la photographie africaine faire de si
existe, mais il reste très fermé avec une
piètres résultats ! Et de voir se réduire la
petite dizaine de noms qui tournent en
connaissance de la photographie africaine à
boucle dans la bouche des marchands et
moins de 10 noms. Pour le “marché” et son
des collectionneurs. Sa perspective est dans
public elle n’existe pas encore.
sa diversification et son ouverture. Afrikadaa : La création contemporaine Sammy Baloji, un discours et une œuvre
africaine et la photographie ont elles eu le
Il arrive souvent que l’œuvre ne soit pas à
même parcours ?
la hauteur du discours qui l’accompagne et
Oui et non. Néanmoins leur reconnaissance
une démarche passionnante qui n’est pas
a été simultanée dés le début des années
sublimée par l’œuvre manque le champ
1990 avec la conjonction du travail de
des arts plastiques. Chez Sammy Baloji,
Revue Noire qui a révélé plus de 3500
l’œuvre transforme la pensée avec une puissance exceptionnelle. Né en 1978 à
Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand “Walther Collection”
artistes en dix ans dont 600 photographes, la création de la Biennale de Dakar
Lubumbashi en République démocratique
théâtralisation et d’idéalisation. Il réalise des
« Dak’art », puis plus tard, en 1994 la
du Congo, Sammy Baloji vit et travaille
auto-portraits dans lesquels il incarne des
création des Rencontres de Bamako et
entre Lubumbashi et Bruxelles. Il réussit à
personnages familiers ou publics.
deux premières tentatives de Biennale
faire vivre l’histoire de sa région, le Katanga,
Au cours de ces prises de vue Samuel Fosso
à Johannesburg. Au même moment, la
45
collection pionnière de Jean Pigozzi avec
milliers d’image de plusieurs centaines
continent africain, et puis les rencontres de
le travail d’André Magnin se concentrait
de photographes qui représentent tout
Bamako ont joué un rôle prometteur. Tout
principalement sur l’art actuel et inspiré
le spectre qualitatif des photographes
cela a contribué à la reconnaissance des
africain. Dans la lignée de l’exposition
africains, afin qu’un jour il y ait une place
photographes africains en Europe.
« Les Magiciens de la Terre », l’exposition
plus grande qui leur soit réservée dans le
itinérante “l’Afrique par Elle-Même”
marché.
Afrikadaa : La création contemporaine africaine et la photographie ont elles eu le
associée à son catalogue « Anthologie de la Photographie Africaine » montée par
Le point de vue d’Imane Farès, fondatrice
même parcours ?
Revue Noire et dont le périple mondial a
en 2010 de la galerie Imane Farès qui
Leur parcours est un peu
commencé à la MEP à Paris en 1998 reste
représente des artistes du Moyen-Orient et
différent. Néanmoins, je pense qu’il y a
fondatrice d’une histoire de la photographie
d’ Afrique.
de plus en plus des artistes africains qui
africaine et de sa pluralité, ne la concentrant
trouvent leur place dans le monde de l’art
pas uniquement sur la photographie de
occidental, à la fois des photographes
studio. Ensuite se sont agrégés d’autres
africains et des artistes plasticiens. En plus
acteurs. Les années 2000 seront marquées
il y a aussi une nouvelle génération des
par l’ambitieuse et itinérante exposition
chercheurs et des commissaires africains
« Africa Remix » du Centre Pompidou de
qui sont spécialisés dans l’art africain
Paris, puis au Musée de Dusseldorf en
d’aujourd’hui. Pour l’art contemporain,
passant par le Mori Museum de Tokyo
le commissaire Okwui Enwezor a joué
et par le premier pavillon africain de la
un rôle important avec la Documenta
Biennale de Venise.
XI en 2002 et plus récemment il était le Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand de la galerieMagnin-A
Afrikadaa : Quels sont les artistes qui sont
commissaire général de l’édition de la triennale d’art contemporain qui a eu lieu
pour vous les plus prometteurs ?
Afrikadaa : Pouvez vous nous parler de
au Palais de Tokyo. L’exposition « Africa
Pour les anciens, il y a malgré sa rareté,
l’évolution du marché ces vingt dernières
Remix » (Centre Pompidou, 2005) était
probablement le plus grand et celui qui
années concernant la photographie
précurseur, elle a voyagé à plusieurs
aura eu une influence dans toute l’Afrique
africaine ?
institutions européennes dont la Hayward
de l’Ouest : Mama Casset. Et puis Jean
La photographie africaine a reçu beaucoup
Gallery de Londres, et à Tokyo au Mori Art
Depara, le pendant de Kinshasa de Malick
d’attention ces dernières années. Depuis
Museum. Ensuite plusieurs expositions de
SIdibé. Pour les jeunes il y a Alain Polo
peu, il est apparu
avec sa photographie d’auteur ambigüe et
une nouvelle vague
intime et Sammy Baloji qui présente une
très intéressée par
photographie de montage prenant parti.
la photographie africaine. Les
Afrikadaa: A la Maison Revue Noire, quel est
nombreux festivals
votre rôle dans ce marché ?
de photographie
Le continent africain ne peut se résumer
(Les rencontres
à moins de dix noms et deux tendances
d’Arles ; Mois de
“exotiques”. Notre travail est de continuer à
la Photo ; etc.) se
promouvoir la diversité de la photographie
sont également
africaine dans son invention avec aussi
ouvert aux artistes
notre fonds constitué de plusieurs
provenant du
46
Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand de la galerie Baudoin Lebon
actuellement au 40 ans du CAPC, musée d’art contemporain de Bordeaux et au National Museum of African Art à Washington. James Webb qu’on montre actuellement à la galerie dans une exposition de groupe dédiée au thème de NO LIMIT 2 avec Sammy Baloji et Mohamed El baz, représente l’Afrique du Sud à la Biennale de Venise cette année.
Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand de la Maison Revue Noire
l’art africain contemporain ont vu le jour.
de la dernière édition de la foire d’art Dubaï
L’ouverture du Musée de Quai Branly qui
par exemple, les pays africains étaient à
présente également des expositions d’art
l’honneur.
contemporain thématiques ou dédiées aux artistes du continent africain est devenu un
Afrikadaa : Avec votre galerie, quel rôle
lieu de rencontre et de dialogue.
jouez-vous dans ce marché ? Je suis très heureuse de pouvoir présenter
Afrikadaa : Quels sont les artistes qui sont
mes artistes du Moyen-Orient et de
pour vous les plus prometteurs ?
l’Afrique à Paris, une ville qui à mon avis
Sammy Baloji (1978, vit et travaille entre
reste un centre de l’art contemporain. Le
Lubumbashi, RDC et Bruxelles), Younès
milieu de l’art contemporain à Paris est à la
Rahmoun (1975, vit et travaille à Tétouan)
fois très développé et très dense et tout le
et Mohamed El baz (1967, vit et travaille à
monde se connaît. J’ai inauguré la galerie à
Casablanca)
Paris en mai 2010, cela va faire maintenant trois ans que la galerie existe. La galerie
Afrikadaa : Où se passent les transactions
devient de plus en plus connue et j’en suis
pour ce marché, Paris, Londres, Dubaï,
ravie.
Hong-Kong ?
Je présente à la fois des artistes émergeants
Paris, Londres et Dubaï et même Hong
et confirmés, comme entre autres James
Kong sont tous des centres très importants,
Webb (1975, vit et travaille à Capetown),
mais aussi à New York où il y a plusieurs
Younès Rahmoun. Ils font partie d’une
collections d’art africain et des musées
jeune génération déjà très établie,
dédiées aux arts africains, comme par
reconnue et exposée dans des grandes
exemple The Museum for African Art. Lors
institutions. Younès Rahmoun expose
Maison Revue Noire 8 rue Cels 75014 Paris MAGNIN-A 32 boulevard Voltaire 75011 Paris Galerie Imane Farès 41 rue Mazarine 75006 Paris Jean-Marc Patras 8, rue Sainte-Anastase 75003 Paris Galerie du Jour 44 rue Quincampoix 75004 Paris Fondation Blachère 384, avenue des argiles 84400 Apt
“Publié dans le magazine Fisheye de juin 2013”
47
ART TALK
Les particules picturales d’ Edem Allado Par Pascale Obolo images courtesy of Edem Allado
Edem Allado “ le physicien de la peinture particulaire”, est un artiste aux multiples facettes issu de la région parisiènne. Je le rencontre pour la premiere fois à la Gaité lyrique avec son agent pour parler de sa nouvelle performance au sein du projet collectif Play me I’m yours. le 15 Juin 2013 au Forum des Halles, l’artiste revisitera dans la mouvance du “Particularisme” l’un des 40 pianos exposés. C’est dans un cadre temporel numérique que je vais découvrir l’ univers artistique de ce jeune peintre qui se considère plus comme un plasticien-graphiste. 48
Annihilation 65 x 50 cm
Afrikadaa : Quel est votre parcours ?
vous découvert vos aptitudes artistiques ?
du XIXe siècle mettant en avant la couleur et
Je suis un artiste autodidacte ayant eu une
Il m’est impossible de dater cela. Je dirais que
la force optique du point, de la touche.
solide formation scientifique et médicale. J’ai
ceci s’est fait naturellement. De réalisations
commencé par des expositions mineures puis
en réalisations. Ayant eu la chance de pouvoir
Ces particules représentent ainsi les plus
de fil en aiguille aux détours de rencontres
conserver la plupart de mes travaux, j’ai très
petits éléments graphiques et physiques,
j’ai été amené à me professionnaliser.
rapidement pu faire un retour sur mon travail
constants et indivisibles, propres à chaque
Néanmoins, J’ai surtout toujours apprécié
et ainsi construire ma personne à partir de
échelle de notre environnement. Des entités
expérimenter et organiser les formes dans
ces bases.
trouvant à travers une temporalité et un
l’espace comme un enfant et ainsi m’étonner
Je pratique aussi la photographie ainsi que la
espace, un contexte de mouvement et par
des résultats obtenus.
scénographie, cependant faute de temps je
cela une certaine liberté.
Sinon je ne pense pas être devenu à
dirais que j’ai plus une passion juvénile pour
proprement dit artiste. De mon point de vu,
ces arts. Peut être un jour, je l’assumerai.
Afrikadaa : Comment décririez-vous votre style ? Quel est l’objet de votre travail ?
j’ai juste accepté le fait que j’exprimais par le visuel, avec plus d’aisance qu’à l’écrit, mes
Afrikadaa : Où travaillez-vous ?
Je décrirais mon approche comme étant
émotions.
Depuis 2 ans dans un atelier.
expérimentale et conceptuelle. Je me placerais plus dans un style d’art théorique
Afrikadaa : Pourquoi avoir choisi la
Afrikadaa : Pouvez-vous nous parler de
où le particulisme se présenterait comme la
peinture ?
votre travail artistique - Parlez nous de
vision spatio-temporelle de particules, dans
Je me considère plus comme un plasticien–
votre concept artistique.
un espace précis, à des instants ‘t’ donnés.
graphiste, qu’un peintre. La place accordée
Mon paradigme artistique est le particulisme.
Les particules, étant par analogie, l’univers,
à la composition de mes images est très
Vu comme une simple condensation de
les atomes, les hommes se mouvant sous la
importante. Il en découle une obsession à
particules ne cherchant qu’à se diffuser,
contrainte d’une force : la société, ses valeurs,
rendre ces dernières toujours plus épurées.
cette série utilise une répétition de points,
sa culture…
Ainsi la gestion de l’espace prend une place
visant à véhiculer des sensations d’ordre et
prépondérante dans mon approche, plaçant
de désordre. Se développant sur plusieurs
Afrikadaa : Quelles sont vos sources
de ce fait la couleur sur un second plan – d’où
années, ce projet a pour dessein de
d’inspirations ?
mon affinité pour le graphisme.
retranscrire une vision d’un microcosme basé
Ayant eu le plaisir de découvrir de par mon
sur les principes de la physique particulaire.
cursus : la physique particulaire et quantique
Afrikadaa : Depuis combien de temps
De ce fait découle les divergences de
exercez-vous votre art ? Comment avez-
conception avec le mouvement pointilliste
49
Afrikadaa :Quelle est l’étape que vous
pictural plaçant la réalisation en axiome.
préférez dans la réalisation d’une œuvre ?
Cette peinture audacieuse possède à mes
La mise à plat des idées en croquis. Les
yeux une des visions les plus proches de la
études. En quelques mots, l’élaboration de
représentation de l’origine de l’art pictural.
la réalisation. À mes yeux c’est le moment le plus intense … La sensation de voir les lignes
Afrikadaa : Qu’ y a t-il de meilleur quand
les points s’imposer à nous, quel plaisir !
on est artiste ? Les rencontres.
Afrikadaa : Utilisez-vous les nouvelles technologies ?
Afrikadaa : Qu’ y a t-il de pire quand on est
Je pense que les nouvelles technologies
artiste ?
nous offrent une surface supplémentaire
Ne susciter aucune émotion.
d’expression à l’image d’une dimension s’ajoutant aux ‘3’ de notre espace. Surpeuplement 65 x 50 cm
Afrikadaa : La vie d’artiste est-elle solitaire ?
Afrikadaa : Si vous deviez envoyer un
Je ne pense pas qu’un artiste doit être
ainsi que la thermodynamique ; je fus frappé
morceau de musique dans l’espace, quel
solitaire. Certes, il est important de s’accorder
par la force et l’écho que ces propos eurent
serait ce morceau ?
des moments particuliers, intimistes de
sur moi. Modélisant une représentation de
Black Canary de Mister Bibal du projet “Beat
création. Toutefois si on part du principe
la statique et du mouvement à l’échelle de
Heroes volume 9”. Assez cosmique il m’a
que l’art puise son énergie dans l’étude
l’infiniment petit, ces domaines se trouvaient
toujours fait voyager. Un voyage spatial en
du « moi » du « toi » (autrui) et du « nous »
être capables de représenter en partie les
solitaire. Un vrai coup de cœur.
(environnement). Ce dernier se doit d’être en interaction avec ces éléments que se soit
comportements humains en société. Afrikadaa : Et si c’était une oeuvre
en synergie ou en opposition. Au fond nous
Afrikadaa : Parmi vos œuvres laquelle
picturale ? Quelle serait-elle?
réagissons toujours à un contact extérieur à
préférez-vous ?
Carré blanc sur fond blanc de Malevitch
notre univers.
Surpeuplement – (2009). Tout d’abord
afin de construire une nouvelle forme d’art
pour sa valeur symbolique car elle représente la première réalisation déclinant le particulisme. Mais également pour son dynamisme prenant, entrainant, m’emportant à chaque regard. Cela est un peu comme une illusion d’optique dont je n’arrive à me défaire. Afrikadaa : Êtes-vous libre dans votre travail ? Totalement libre, du moins libre de jouer avec mes limites. Je me permets d’offrir à chaque réalisation les dimensions qu’elle mérite afin d’exprimer au mieux son message.
50
Etude de l’état d’équilibre 3 fois 220x90 cm
Afrikadaa : Qu’est ce qui vous déplait dans le monde l’art aujourd’hui ? Ce « Fast Food artistique» où on ne prend plus le temps de sentir, de s’enivrer de l’essence de l’art. Cette surconsommation des images pousse ainsi le public à une boulimie, non où partiellement consentie. Cela représente à mes yeux une perte de qualité, de substance dans le milieu, malgré le fait que ce processus décuple les possibilités d‘échange. Fuite des cerveaux 65 x 50 cm
Afrikadaa : Sans contrainte de temps, de lieu et de moyens, comment envisageriez-vous votre prochaine oeuvre ? Certainement l’œuvre d’une vie, représenter chaque instant de mon existence par des particules sur une route. En cette œuvre unique je vois un témoignage, un abandon complet pour l’Art, loin des spéculations, un don de soi à l’environnement, notre espace. Afrikadaa : Que signifie pour vous être créatif ? Quel est selon vous le rôle de l’artiste dans la société ? Etre créatif représente pour moi, la capacité à exprimer les différents aspects d’une idée et ses associations à l’état brut. En effet, si on admet qu’une idée est un cube, la créativité serait la capacité à retranscrire les six faces de ce cube dans différentes associations. L’artiste devient ainsi une interface, un traducteur entre l’idée et la société. Link : http://www.edemallado.com/
51
ART TALK
“ THE MAN WHO DISCOVERED THE WORLD ”
By Louisa Babari All Images courtesy of Jean-Ulrick Désert
AFRIKADAA: You were part of Who More
Constellation/5:00.12.04.1975.48°51N2°21E”,
look at. I needed to investigate different
Sci-Fi Than Us, the first exhibition in the
you use scientific terminology. Is this a
ways of looking at beauty and define it for
Netherlands to present contemporary
means for you to question and anticipate
myself. But in a way it was also not very new,
Caribbean art and artists. It focused on
your relationship to the future ?
because it is already there in philosophy and
“shared identity, shared history and shared
literature. One can look at Hugo, who has
socio-economic conditions: a combination
JUD: I am not a scientist but an artist,
a conversation about beauty and ugliness
of factors that has produced a certain
and I am very invested in using research
in The Hunchback of Notre Dame, for
surreal way of communicating, both in
from both analogue libraries and digital
instance. This is a way of reentering into
words and images. Or, as Dominican-
libraries. I want to make a connection
something that is alien from yourself, if you
American writer and Pulitzer Prize-winner
between the things that we see as being
are not transgendered and wish to consider
Junot Diaz so beautifully puts it, ‘It might
old and historical and our new ways to
it—enter into it—without prejudice. The
have been a consequence of being
access information. “Science of Beauty”
simplest thing for me seemed to be to access
Antillean”. (Who More Sci-Fi Than Us)
is a project that stems from having been
my school experience—scientific charts you
asked to participate in an exhibition on
normally see when you are a child show you
Jean-Ulrick Désert: The curator Nancy
the topic of being transgender. This was a
flowers, maybe frogs, but they do not show
Offman, who developed this exhibition,
rather surprising and new topic for me to
you transgendered sex! I felt that something
borrowed the term from a text by Juno Diaz in which he asks, who can be more alien in America than we are. When I was asked to be in the exhibition, its funny title prompted me to think of a project that I was working on, which had to do with science and fiction with a question mark at the end. It was a perfect moment to create this particular piece of art. Fiction and nonfiction, or I might also say narration or narratives, interest me very much, as does science—science through the eyes of an artist not a scientist. AFRIKADAA: In “The Science of Beauty”, “Piece”, “Codex”, “Metamorphoses” and “The Goddess
52
Negerhosen 2000
was missing, and so I began to create it.
of this. As individuals, we have it in lives; it is
Encountered My Double’s Ghost”. This piece
I tried to present what I think is obvious and
also present in our cultures, in our world. In
was important because like so many people
what is perhaps also missing.
my artistic practice, I try to put my finger on
I experienced the attacks on New York
what I think is the most obvious. It’s really a
through the media. I was living in France at
The “Codex” piece that you mentioned, also
large piece of my work, this effort to find the
that time. Because the attacks were filtered
called “Codex Testimoniorum Amoris”, is an
obvious. For me a successful piece of art is so
through the media, it had a very profound
artwork that is created digitally. It copies
obvious it looks easy. The hard part is in fact
and very different type of effect than other
very old book-like conventions, but it takes
trying to figure out what don’t we see and
things that happen out of sight. I felt this was
its text from digital research by presenting
then expressing it in a way that awakens the
a very serious moment for me and my artistic
different people from different parts of the
ability to see it.
practice. I need to interrogate the relevance
world who perform self-confessions on the
of my work. Was I creating decorative art
internet in a sort of semi-anonymous way. I
AFRIKADAA: Thinking about what you
or was I creating art that echoed details of
wanted to bring what technology from the
just said in terms of “what is obviously
the world in which we live? Because I grew
digital world offers and return it to a form
already there”, have you heard about the
up in New York, and because as a teenager
that is hundreds of years old. It is this mixture
scientists from the University of Texas
I saw the World Trade Center being built,
of old sciences and new sciences in an artistic
who recently discovered an “Invisibility
I saw it go up and then I saw it go down, I
way that interests me in some of my work.
Cloak”? Researchers have developed a
knew instinctively that making a piece of art
cloak that is just micrometers thick and
about those buildings was silly. This was not
AFRIKADAA: I noticed in your art a very
can hide three-dimensional objects from
the real story. The real story was much more
futuristic back-and-forth between the
microwaves in their natural environment
invisible. How might this be expressed in a
elements of the past and the element of
in all directions and from all of the
neutral way? If we believe in the possibility
the future. This is, I think, a very modern
observers’ positions. The researchers have
that History can be neutral. I am not sure that
aspect of your artistic process. Does your
created a new, ultrathin layer called a
it can. This particular piece that I created was
relationship to the future encourage the
“metascreen”. Researchers say the same
very much about relatively invisible History,
birth of a new identity? A new human
principle could be transferred to a range of
but it was also in the form of what one could
gender ?
perceptible light. You said, “My work may
consider a “mask of invisibility”. Each of the
be viewed as a desire to reconstruct and
pieces are made with national symbols, flags,
JUD: I would say no, in the sense that I am
defy fixed identity in my artistic practice—
very old fashioned, and I think that it’s
to be ‘present’ and to be invisible by choice
not that there are new genders, it’s has
and circumstances”. The description of
more to do with recognizing what has
the “metascreen” discovery sounds to
already existed for hundred of thousand
me like a piece of Jean Ulrick Desert art!
of years. The new thing is to engage with
(Laughter)
emotions and empathy as well as scientific understandings of the reality around us,
JUD: I do remember this. It was, of course,
whether it has to do with human gender or
big news in the science world. You can be
the rest of the natural world, of which we are
100% sure that it will be used for warfare.
only a piece. My vision of the future has to do not with newness but with considering
I created one artwork in 2002, which was
what already exists but which we have not
very important to me—not for the world,
been able to see—essentially to expose
for me personally. This was “The Burqua
our nearsightedness. There is a great deal
Project: On the Borders of My Dreams, I
53
Codex Testimoniorum Amoris
which themselves are ephemeral things. We
surprised that this piece was not made by
AFRIKADAA: We clearly can now say that
have a funny expression in English about
a woman. That is why I say that it’s not an
you discovered the Invisibility Cloak long
immateriality, “There is no there there,”
artwork about women. I ask them if they
before the scientific community!
which in the context of this artwork means
would really, really believe that in the last
you must have this material in order to access
ten, fifty, hundred years a person who didn’t
JUD: That’s a sweet thought! (Laughing)
this idea of invisibility. Very few people
have a vagina actually spent some time
Though, I imagine that what I created will
have been allowed to try on these burquas.
wearing a burqua. I would think that it’s
not be able to be exploited in the same way
The experience of actually wearing them
probably more than once, twice, more than
that unfortunately other scientists’ works
is extremely profound for those who do,
a hundred times. These skins that we wear
have been, whether it’s Einstein or even
because when they look in the mirror, first,
are not always compelled to be part of social
the great Leonardo da Vinci, whose brilliant
they can’t see themselves. Second, because
rituals that are connected to gender. There
mind was contracted by the French king for
it’s not a normal burqua, they also don’t see
always have been and always will be excep-
creative war affairs.
a normal costume. But they see the symbols
tions. We all saw James Bond movies, and we
that they are made highly aware of, whether
know that there are many complex results in
AFRIKADAA: Do artists have a role to
it is Great Britain, the United States, France
biology. It is not about being fixed but about
play in building an image of the Future
or Germany, each of which suggests other
being very fluid, and the topic of invisibility
Imaginary? Do artists contribute to our
things. There is this kind of complicated
is very much at the top—at the forefront
understanding of this invented notion of
double invisibility thing going on. They
of this particular artwork. Some kinds of
the Future?
look in the mirror and they have a kind of
invisibility we already intuitively know, you
vampire moment when they see nothing.
don’t need a PhD to sense this. You just need
JUD: The role of the artist is continuously in
It was a way for me to express complicated
to stop thinking in the very fixed ways that
flux, in change. I think that the role of the
ideas of colonial history, of empire, which
the society in which you live is forcing you to
artist necessarily must change, particularly
are outside the standard narratives that we
think. We must not hold onto any one way of
if we look at the last eight years and the cur-
read in grade school. Is this about the West
thinking, whether you are from the West, the
rent world financial mess in which we find
entering into the corner called East? Or is
East, or Christian, Muslim. It doesn’t matter,
ourselves. This is not of course the fault of
it the East entering into the West? Or is it,
as far as I am concerned.
artists, but artists, like farmers, are tangled
in this particular case, actually happening
within it. There is no choice—the roles of
somehow simultaneously? The moment that we in the West “discover the East”; they have also simultaneously conquered us. This is a dialogue or narrative that is not often really talked about. We are touched by the other as much as the other is touched by us. It’s a double highway in this regard. This is often never really presented to us by teachers, by our parents, by our governments and so on. This piece was an effort to create a “concrete ambiguity”, if I can use a bizarre mix of words. My intention was not to create an artwork about women. Some people have been
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The goddess constellations / sky above port-au-prince Haiti 12 january 2010, 21:53 utc
nection to something very human in all of us, and it’s precisely the qualities of art that allow the ideas and emotions to be accessed in strong and powerful ways. This kind of artistic practice in the future will hopefully keep illuminating us. The more irresponsible will perhaps be in support of propaganda. AFRIKADAA: In regards to what you said about the status of the artist and how it’s difficult to be considered properly if you come 300 years before or after, how can you escape from being a product of your time and background ? JUD: It’s a very interesting question. My The burqa project: on the borders of my dreams I encountered my double’s ghost, exhibition view at the Brooklyn Museum
instinctive answer would be this: the way to
artists must change. How will they change?
government or by a corporation. What kind
escape is not to escape but to go deeper into
I am not exactly sure, but what I am abso-
of journalism do you get? To some degree
the moment and epoch, to understand the
lutely 100% sure about is that artists do need
the roles of the artist, and the methods by
DNA of that period. To develop and create
to be relevant to the environments around
which they create, continuously change.
the tools and ways of seeing, hearing and feeling that are inside of this soup that you
them. The romantic notion of the artist, like the madness of the genius of Van Gogh and
Their role is constantly important, but in
are in! To enter deeply is a way to escape
many others, is an antiquated model that will
the same way that we cannot define the
by understanding. It’s as if you become the
continue to be used and abused by multi-
empires of the future by the empires of the
therapist for your own time. This is the great,
ple powers, whether the power structure
past. What they look like will not necessarily
complicated effort that is necessary. I think
of some sort of social construct or by even
be clear to us, from our perspective today, in
a good example of this, I don’t like him as
artists themselves. “There is no copyright,” I
terms of what they will be in the future. One
a person because I met him a number of
like to say, “on stupidity or brilliance”. So you
can easily argue that there is a certain type of
times, was Andy Warhol. He was a product of
will have many artists who will choose the
artistic practice today, maybe mine included,
his time and was a part of what created that
path of Judas. I do think that the role of the
which would not be understood by many
time. I know that he is celebrated in France
artist in any case is a dangerous one. And
people here in the West 300 years ago. Just
and of course he is celebrated in America,
it’s one that is recognized as being danger-
imagine how Duchamp or even the Modern-
but this is also because he became a prod-
ous by the multiple “gate keepers” that are
ists would have been viewed 300 years ago.
uct himself. He recognized at the moment
out there. This is why fundamentally it’s a
It wouldn’t register.
when newspapers would have car crashes so he will put these disasters on his canvas.
questionable issue when artistic practice becomes hijacked by corporate power, when
Artists will always be an important figure
He was repeating and creating these images
a corporation or even a government is pay-
because they will somehow transmit com-
that were from the newspapers, when in fact
ing for artistic production. This is not to say
plex ideas. Some of the work will be hired by
we should have been concerned with these
that I don’t believe in funding for art produc-
different organizations, institutions, etc. We
disasters, he was turning it into decoration,
tion, but there is a complicated dance going
don’t know where that will go. Through art,
and making it very much something not to
on. It’s like the journalist who is paid by the
whether it’s poetry, music, there is a con-
worry about and not to deal with. He was
55
also recreating what was happening at that moment, which was that society was becoming very “blasé” in terms of the horrors that were occurring right in its midst. Where I differ from him is that the horror he would look at is different from the horror I would look at. He may have shown an American civil rights worker being attacked by a police dog or an electric chair. I would be interested in things that looked like decoration, which in fact were very profound. I am opposed to using things that are profound and turning them into decoration—hence my own method of looking at the reality around me. What seems superficial in fact is not. AFRIKADAA: In your work “Goddess Project” there is a triangular relationship between the earth, science and prophecy. Do you believe in prophecy ? JUD: I believe in prophecy and I believe in luck. I can clearly say that there are many corners of the world in which there are geniuses who are born, who mean a great deal to the planet and the global reality in which we live. Except that these future artists, geniuses, scientists are born in situations where perhaps members of the family have AIDS or no money. They will essentially starve that baby by mistake, by chance, by bad luck. Before that child is even three-years old and has ever having the opportunity of knowing what the prophecy would have offered. I think that mixed within this idea of prophecy is random chaos and luck. I am a person who was born on a little island in the Caribbean, which 200 or so years before violently liberated itself from its oppressor. This is part of my history. As a part of the Haitian “middle
Codex Testimoniorum Amoris
very elite, Ivy League level schools. I am very
AFRIKADAA: You said, “We accept racial
privileged. I am very lucky. Because, if there
exclusivity with white culture or Negri-
are any pieces of my life that are connected
tude”.
with any destiny and prophecy, it’s sheer luck that I have been able to do this! If my
JUD: It’s a very complicated subject. Negri-
family had stayed in Haiti, judging from what
tude in the English-speaking world is
was happening to a certain part of the mid-
basically equal to “Blackness”. It’s in that
dle class in Haiti in the 1960s, there a great
direction. It served a critically important
chance we would have been murdered. I
historical function to react to the global
want to constantly recognize this piece of my
situation. Unfortunately, both sides also
invisible reality—I am privileged. I may have
have abused it. And many people who are
my own financial struggles, but I prioritize
deeply invested in this concept have been
and know that the passion that I have is my
too. To me it’s become very problematic. If
artistic practice, and there is a great effort to
we decide to have this conversation, because
constantly find relevance in what I do and
this is a bit like a laboratory, a scientific con-
how I do it. It’s not a luxury; it is a privilege.
versation, within the context of this idea of
We all loose in situations where there is
Blackness, then we have to turn the table in
someone somewhere whose prophetic
this binary situation to look at Blackness and
future is never allowed to express itself to
Whiteness. Then the argument goes, that
us as a species on this planet. It’s kind of like
what is not within Negritude and Blackness
this strange thing of white privilege. There
is the opposite of the other, of the Whiteness.
has been for a certain amount of time a kind
If you have in your DNA an intuitive rhythm
of white, Eurocentric domination, and there
and dancing (laughs) and singing and etc., I
are so many people who are just unwilling
am the boring mathematician, a scientist of
to recognize this, because they don’t realize
imperial and empiric logic. You stay in your
they are privileged, they don’t want to. Most
territory as the entertainer, Michael Jackson
people behave like sheep.
etc., and I stay in my corner and everybody is happy. This is ultimately bullshit. I refuse to
class”, I would then become a refugee in the
accept that. I also refuse to accept that you
United States, and eventually I would go to
don’t think that you have any rhythm and
56
that you can’t dance and there is no poetry
I am not sure whether it’s a good thing or
in your body and in your soul. That is abso-
a bad thing that people now can get their
lute madness as well. We should all embrace
PhDs in Whiteness studies. It has a name but
each other in our full humanity. This is why
it’s always existed. You cannot go profoundly
I take issue with these ideas. I understand it
into Hegel or Kant without basically eth-
functions strategically as a reaction to a very
nologizing Whiteness studies. It was there.
deep oppression that was happening at a
It is good that things are named, but of
certain moment in time. There was a need
course those names need to be constantly
to articulate this idea that James Brown says
questioned, because the dialectic between
so well, when he sings, “I am black and I am
Blackness and Whiteness leaves everybody
proud”. He is benefiting from an idea that
else out. The argument doesn’t stay strong
came from the twenties, the time of Césaire
when it leaves two-thirds of the world out.
and Senghor, but it isn’t until the fifties and
It’s productive to a certain degree and then
sixties that you’ve got an American which is
it’s unproductive. I remember when I studied
able to express that through the language
calculus in college. I was really bad at it, but
of pop culture, and who now has so much
one of the most fascinating concepts within
power to send out that message thanks
higher mathematics was this concept of
Born in Port-au-prince Haiti, Jean-Ulrick Désert
to new technologies and media. But what
defining something that was undefined,
received his degrees at Cooper Union and Colum-
often happens and what has happened with
beyond algebra. I remember loving this
bia University (New York). He has lived in Paris and
Negritude and Blackness is that it’s become
idea of as H = 0, goes towards zero. This
currently works in Berlin.
fossilized. It has been fossilized and is used
idea of a number that is constantly not
Désert’s visual-art spans many mediums and
against people of color because it relegates
fixed. This is for me is the way in which
methods. Emerging from a tradition of concep-
them to that corner. When someone sees
we need to understand how large ideas
tual-work engaged with social/cultural practices,
my face they are not willing to look at me as
function in order to work through math-
his artworks vary in forms such as billboards,
either a scientist or a banker or a whole list
ematical problems. But we are still on a
actions, paintings, site-specific sculptures, video
of things. Ultimately, that time has passed,
road, on a journey that has to continue.
and objects. Known for his “Negerhosen 2000”
and we need to begin to say, “Yes, it worked;
I view my art practice a bit in this way as
and his provocative “Burqa Project”, he often
it was important, but we now must continue
well. I have a series of art projects that
combines cultural iconographies and historical
to move forward into the future”. And going
I created, which are like a constellation
metaphor to disrupt, alter and shift pre-supposed
into the future means bringing the whole
connected to each other in a relatively
meaning.
human family, so even this binary of black/
unpredictable way. There is “The Codex”,
He has said his practice may be characterized as
white needs to essentially to be destroyed
“The Gender”, “The Burqua”, “Negerho-
visualizing “conspicuous invisibility”. Désert has
because the human family is much more
sen 2000”. They all have a connection
exhibited widely at such venues as The Brooklyn
diversified than that. We have to recognize,
to each other, but it’s not linear. It’s like
Museum, Cité Internationale des Arts, The NGBK
through those strange logics of love and lust,
a kind of spider web. It’s nevertheless a
in galleries and public venues in Munich, Amster-
the wonderfulness, which can become what
journey of I myself, a human being, and
dam, Rotterdam, Ghent, Brussels.
the French call “metissage”. This is the kind of
I am learning on the way. The successful
He is the recipient of awards, public commis-
richness we need to embrace, to celebrate.
projects are the ones that create ele-
sions, private philanthropy, including LMCC, Villa
There never has been a reason to have to
ments that are greater that anything I
Waldberta/Muenchen-kulturreferat and Cité des
define the opposite of Negritude or Black-
could consciously think about.
Arts (France).
Negerhosen2000 / Paint-by-Numbers
ness. It emerged out of a reaction against
Désert represented Haiti and Germany in the 2009
something that was pervasive and powerful.
Havana Biennial.
57
ART TALK
Kool Koor
5DDM=IN$CDB$ ?@<$9<BC<;?$O<:?
By Jay One Ramier Photos courtesy of Chuck Koor Hargrove and Jay One Ramier
When I was teenager, my older brother
that would create from nothing something
buildings sitting on benches while the kids
used to scare me a night by using that high
incredibly unexpected. Kool Koor is one
ran around having fun playing inner city
modulatory note you may hear on radio to
of these artists who witnessed the birth of
street games and learning about life the old
signify the end of the stations. I still don’t
this ubër-culture, he is also a disciple of the
fashioned way…. (the hard way!) I loved
know why he was doing that. Cause I was
Afro-Futurism movement who manage to
every moment of it.
indeed scared. Or maybe he was trying to
carrying the legacy musically and visually—
create some music out f that high pitchy
let’s listen to his perfect beat…
Did the end of the world seem close? Especially with the 20th Century’s end nearing ?
sound. My mother used to think He was “crazy” or on drugs or something. He would
In the South Bronx in the 70s and 80s? Look-
listen to Heavy Metal one day and Kraft-
ing back at some images the area seemed
It’s funny you ask this because in the media
werk the next day or Return to Forever and
pretty devastated, quite apocalyptic in
the talk was of this imminent end of the
Headhunters. He was trying to catch the
some parts ?
world due to this or the other country
British radio station to expend is knowledge
threatening our democratic way of life. As a
of modern music _ That’s when just before
kid I indeed did think the world would end
going to sleep he would play with the high
in an atomic explosion during a new world
frequency sound and safer me. That’s dur-
war.
ing one of his audition that I first heard a
The perspective was clear for me. I wanted
Rap song, The Sugar hill Gang >>> Rapper’s
something different. As a youngster I
Delight.
somehow thought that one day I would
Frightening and frightened. Since I always
be an architect. My days where filled with
identify rap music and Hip Hop to the
long hours drawing very technical crea-
Avant-garde expression of everything “Future”. Electrifying sounds of the turnta-
tions. Interiors of cars futuristic space ships ROBOT (drawing) / 1978
bles, the scrrr! scrrrr!! cut of the scratches,
and mobile homes. I wanted to be part of the creation of something very unique
Kids dressing and dancing like Robots,
Growing up in the south bronx in the 70s
and new. I was a direct product of the race
wearing cyborg glasses. and the writers/
and 80s was very over stimulating for me.
for (outer) space. Science was my favorite
graffiti artists painting on trains, with spray-
The neighborhood where I grew up was a
subject in school. However the most impact
paint who seems as their super power rays,
cultural melting pot. My best friends were
came from the inundation of science fiction
just like super-heroes. That is still my out-
Latino, African American, Greek and Irish.
on TV. I used run home every day to see my
look of this movment. I had the chance to
So you can imagine the sounds drifting
favorite programs after school.
meet many actor of that early scene. those I
in the air every evening as various fami-
was the most impressed by was those com-
lies rounded up their children for dinner.
Pre- 2000 was the moment in time when I
ing from the Bronx. They had that energy
Especially in the summer time. Parents
asked myself lots of questions about who I
and creativity of those teenagers in Africa
conversing and laughing outside of their
am and where am I going. What is my rea-
58
son for being here on this planet and why
As a youngster Sun Ra was not on my radar,
composer and lyricist. My music was a mir-
should I care.
but Star trek was! The idea that other worlds
ror of my paintings. The topics and choice of
On an artistic level I was pushing to find
may exist was enough to get my wheels
words are meant to take the audience on a
myself. The real core of Kool Koor. This
turning. I started asking questions and
voyage through time and space.
was not easy because at the same time
doing the research. Media helped in open-
there was this ECO conscious state of mind
ing the doors. It was a taste thing. If your
You are one of the few artists that kept
developing world wide. My artistic materi-
family was into jazz then you knew about
building on those concept? Is there a reason
als where not very ECO friendly. As a result I
Ra early. I got into him when I was about 17.
for that? is it because you’re still into writing
started recycling in as many projects as pos-
Again the hunger to know more got me to
music? The theme of Futurism was much
sible. My subject matter remained cosmic
the point where I was absorbing info from
addressed in early Hip Hop records ?
but there was a change in the making. A
many different sources. Movies on the big
change on the inside and the outside. It was
I think I am what I am, an explorer. I’m
starting to become more and more clear
always looking for something new to do
that I would be taking again another impor-
and sound is a major part of this process.
tant turn in my way of working and seeing
Music is in everything around us. Every
the big picture.
sound in nature and our surroundings can be described as an element in a huge
K ;DF9E?<B$:N<$=>$IDP
orchestra. Every day we are the blessed with
<Q<BRDI<$FE>?$@:Q<$:$ F:;@=I< ?@<R$>:R$=? S >$NDII:$ F:M<$A=C<$<:>=<B666 =$MIDP$?@<$ADBJ$;:I$ ID?$T<$?DD$NA:J =I$C:;?$=$>EB<$@<$ FE>?$T<$UE=?<$F:J$ ?D$><<$E>$?:M<$?@=>$ BDA<$CBDF$DEB$A=Q<> :IJ$N=Q<$=?$?D$;DFV 9E?<B> CDB$@<B<$P<$>=?$=I$ DEB$<:>R$;@:=B> :>$DEB$F:;@=I<>$ J<>=NI$DEB$:CC:=B P@D$P=AA$>ECC<B$P@D$ P=AA$>EBQ=Q< =? S >$E9$?D$?@<$;DFV 9E?<B> L
“Computer Age (Push the Button) “ Newcleus Were you familiar with previous concepts such as Sun Rah’s cosmology or any other writings, books (be it comics), movies and how popular were these concepts in the community ?
a new composition. A master work. All we have to do is stop, breath and discover. Futurism was for sure a way of letting the people know that the musician was “awake” and “aware” of the bigger picture in our daily lives. It was their role, their obligation to transmit this needed info to help wake up the mentally dead out there just listening to music for fun. Yeah the fun was in there, but the key to success was knowing the downfalls to avoid. African American music of the 70’s and 80’s spoke to the masses about being the captain of their own “space ship” Capture from Looking for the perfect beat video courtesy of Jay One Ramier
the use of political, social economical and cultural topics of the time. In the mid to late
screen at that time kept us all looking to the
80s the birth of consciousness in Hip Hop
heavens waiting to catch that falling star of
opened a new arena. The game again was
better yet that UFO flying in the night sky.
changing and a few artist devoted their
I wanted to be able to explain realistically
careers to being a tool for uplifting and
what I was painting and drawing. So, over
enlightening the masses. The number one
the years I developed my own language
poet of this arena was and is KRS One.
and symbols to exist in my art work. This translated seamlessly into my sound as a
59
into their own personal future. Through
K$5DDM=IN$CDB$?@<$ 9<BC<;?$T<:?$9:B?R3$ ?@<$DI<$P=?@$?@<$ ?D9$>EB<$>@D?$F=W )?D9$:$CE?EB=>V ?=;$@=?$J:I;<3$XE>?$ 9:B?R$G4<?$ADD><3$ N<?$ADD><H #Q<BR$?=F<$P<$N<?$ =I?D$=?3$F:M<>$E>$ P@<<A$:IJ$J<:A OB=IN>$DE?$?@<$Q<BR$ T<>?$=I$E>3$?@:?$=>$ CDB$B<:A666 "DP$?@=>$=>$P@:?$ RDE$ND??:$JD$G*@=>$ =>$P@:?$RDE$ND??:$ JDH *@=>$=>$:$?@=IN$RDE$ FE>?$?D3$BDEIJ$E9Y$K
“Looking for the perfect beat” Afrika Bambaataa & the Soulsonic Force. How influential was Planet Rock to modern music? ( Chicago House, Detroit Techno,Latin Hip Hop, Miami Bass…) Why did Hip Hop artist ( BDP, T la Rock,excepted) neglect the genre ?
clubs around the world. During and after the dance it was up to you to decide what you wanted to do with this new found musical common ground. How did the Gothic Futurism theory come about? Who was part of the project, was it a crew? Was it also a musical project? Can you break down the different pseudonyms for me ? Gothic Futurism was a theory written and architected by The Rammellzee. He was busy creating his theories and formulas as a young teenager in the Far Rockaway section of NYC. It was and is what it is. A realm where things happen exactly as they should. It’s all documented. Tag Master Killers was the name of his crew. Created with the aim of eventually having every letter mastered by a different artist. To be a member first you had to be asked by The Rammellzee. Then you had to draft a perfect letter that you wanted to master. His demands were simple. Perfection =
Planet Rock gave birth to electro music (with a Rap voice in it) in my opinion. The beat was there the voice was there. The only thing missing was the bridge. “PLANET ROCK” was that bridge! Like I said before KRS One with his crew (BDP), Stayed true to the streets of the inner cities. They wanted
election. If you fail you have to try again. But if you still can’t get it you just might not get another chance. The original members of this crew was “A-One” who designed a letter A and myself “B-One” who designed a lefter K. This was interesting because with
Capture from Jonzun crew - Pack Jam video courtesy of Jay One Ramier
the title B-One I held the B,R and the letter K. I added the 13 to complete the cipher. C-One was the third member of this crew and designed a C. Music was an important part of Gothic Futurism for The Rammellzee. His compositions where also mirrors of is artistic worlds. I thought Ghetto Vets was an extension of Gothic Futurism. It’s all connected. Ghetto Vets was for me like a visual arts/urban equivalent of the early Parliament albums. I was not involved in the Ghetto Vets album but I did compose the last three soundtracks The Rammellzee performed on. They will come to light in the not too distant future. Tell me about your music, what is your source of inspiration? is there any message or intention of any sort in your music ?
to get the youths to open their eyes and ask questions. Daily questions that might
The future has no date for me. It has already
change their future outlook on life and the
happened and is about to. Today I still build
choices they are truly free to make. Afrika
in the same direction. I am trying to find the
Bambaataa was bringing us a sound that
source of it all, the “essence”, of my mission
helped us take that journey while in party
here. Symbolically my wore has become
mode. His message was more subliminal.
more pure. If you take a look at what I
Again, he was the bridge. He got different
created back in the 70’s and 80’s those ele-
cultures together on the dance floors of
ments are there. They were always there.
The return of Dr. Octogon
60
I just needed 30 plus years to turn the key
and unlock the next door. Musically I have the exact same sources for inspiration, the cosmos and it’s endless possibilities. When I compose I imaging giving sound space to breathe and interact with others. They intertwine and blend into something different sonically each time you listen to them. Optimism is what I am trying to transmit. Even in the most simple tracks you can always find something in it that gives it that signature Kool Koor sound.
,V,V,V, S F$:I$ :A=<I$CBDF$DE?<B$ >9:;< , S F$:$;RT<BN=BA$ P=?@DE?$:$C:;<3 :$@<:B?3$DB$:$ F=IJ6 G.$9BDJE;?$DC$ F<?:AH (:VD@ G.$9BDJE;?$DC$ F<?:AH (DVDVDDD@ G, S F$:$9BDJE;?666$ DC$?@<$F:I6H “Violet Stars Happy huntig” Janelle Monae Black artist seems to be unable to stop referring to the past… Many artist do refer to the past. Those are the humble ones that understand that without the blood sweat and tears of our musical predecessors, there would be no “us”. Knowing where you are is knowing where you came from and where you want to go is a thought… a dream. Indeed we have to live in the present moment. and build from the things we already lived and experienced.
61
Is space a better place for blacks or any
unknown place. So, who knows?..
struggling group of people ? To finish can you name a few avand-Garde That is the $64,000 question. No one really
Futuristic artists ?
knows. We are all dreaming of that better place where things are a lot nicer, cleaner
That would be a very long list and I will
and safer. A place where opportunities
upset people by not listing everyone so…
are easier to grasp because we think it will be about pure talent and merit. Through struggle comes strength. Strength to survive, strength to see a brighter day on the horizon. That being said, space is that
Top The Symbolian / 2009 Bottom Knight Night / 2009
ART TALK
TrafiK d’info
KZBDF$?@<$)A:Q<$)@=9$ ?D$?@<$)9:;<$)@=9L !"#$%&'()*"#+%#)&%+,(#-./+0)(#*'-('1+2*#3(')%+4%+5.(4%-".6%+%)+!(%2*-*(+7&*66 89(:%'+2".&)%';++"<++,(#-./+0)(#*'-('
“Penser la pensée revient le plus souvent à se retirer dans un lieu sans dimension où l’idée seule de la pensée s’obstine. Mais la pensée s’espace réellement au monde. Elle informe l’imaginaire des peuples, leurs poètiques diversifiées, qu’à son tour elle transforme, c’est à dire, dans lesquels se réalise son risqué.” 1 CT: Ton film Trafik d’Info fait partie des 1
!"#$$%&'()*+,-%.+/)0,1'#2-3)+3)"%)43"%'#,&()!%""#5%.+)
6778
62
rares films de science-fiction caraïbéens.
caribéen avait déjà sa propre spiritualité, à
Est-ce que tu vois un lien entre le
laquelle s’ajouteront des histoires de vies
mouvement afro-futuriste et les
différentes. Depuis les premiers voyages
Caraïbes ?
d’esclaves (captifs, arrachés de force à la terre d’Afrique), une réflexion s’opère dans
JS: Bien avant les premiers voyages des
les esprits des premiers africains rescapés;
esclaves d’Afrique vers les Amériques,
survie, adaptation, compréhension,
qui vont contribuer fortement à
transmission et renaissance sont les thèmes
l’établissement d’une société caribéenne,
qui font partie de la création d’un « esprit
les différentes îles Caraïbe étaient déjà
caraïbe ». Le tumulte et la mixité culturelle
fortement marquées de l’empreinte des
qui forment les sociétés, les histoires de
civilisations précolombiennes et de leurs
vie qui ont poussé l’être caribéen à se
coutumes. La terre, soi-disant découverte
réinventer, la nécessité existentielle de
par Christophe Colomb, détenait déjà son
s’auto définir dans un espace de création
propre esprit et l’air qu’on y respire a ses
perpétuel, contribuent à l’établissement
propres moeurs et coutumes. Cet espace
d’un courant de pensée, d’un mouvement
archipélique d’Edouard Glissant dans ce contexte? Est-ce que le “moi”, jusqu’ici confiné dans notre espace -temps terrestre peut trouver son écho dans une infinité ? JS: La Caraïbe est un espace qui regroupe en lui-même différents territoires, anglophones, hispanophones, francophones, créolophones. La pensée archipélique -vision de Glissant est une invitation à la mobilité de pensées en opposition à la verticalité et à la rigidité des blocs. La pensée de Glissant traite, culturel, d’une esthétique caribéenne qui
1802, (suite au rétablissement de l’esclavage
s’apparentent au mouvement afro-futuriste.
dans les colonies par Napoléon Bonaparte)
Le simple fait que des esclaves africains
sont les points clés du film. Son premier
s’offrent des perspectives de vie dans des
lien avec le concept d’Afro-futurisme
territoires inconnus forme déjà les prémisses
se trouve dans son écriture futuriste,
d’une pensée afro-futuriste.
écriture qui incite à un questionnement du présent. C’est avant tout une quête pour
CT: Dans ton film, la transmission du
comprendre la société guadeloupéenne,
savoir et de la mémoire s’effectue par des
comme étant une création de l’histoire. Une
flashs disons « cosmiques ». Y-a-t-il une
quête permettant de questionner et de
philosophie afro-futuriste derrière ce
réexaminer les fondements de cette histoire
choix ?
de la Caraïbe francophone. Le lien spirituel avec la matrice africaine, l’appartenance
JS: Trafik d’info s’appuie sur la maxime
à cette zone géographique où la nature
“Nonm jòdi, sé yè a nonm dèmen”
est abondante, ainsi que l’influence des
(L’Homme d’aujourd’hui est l’homme d’hier
héritages culturels multiples ont été des
qui devient l’homme de demain). C’est
sources d’inspiration, de réflexion et de
un film qui a été réalisé en 2005 et qui
projection pour la création du film. Trafik
s’inscrit dans le travail de mémoire, engagé
d’Info s’inscrit avant tout dans une quête
depuis1998, lors du cent cinquantième
de re-connection avec les énergies du
anniversaire de l’abolition de l’esclavage.
passé, dans une optique de liberté, dans
C’est un manifeste qui cristallise la nécessité
la recherche d’une esthétique caribéenne,
de transmission de la mémoire collective
qui nous interpelle sur la globalisation du
et qui questionne le devenir des identités
monde et son impact sur nos consciences et
futures. La découverte, en Guadeloupe, de
nos esprits.
faits historiques et la commémoration du bicentenaire de la guerre de Guadeloupe de
63
CT: Comment vois-tu la pensée
selon moi, la question du moi, l’identité première et l’interactivité des différentes cultures. L’espace Caribéen – création de l’histoire - est, en ce sens, un vaste terrain d’investigation psychologique, philosophique, artistique et économique. Cet espace nous invite avec humilité à une réflexion sur l’être en perpétuel mouvement et sur sa capacité à se ré-inventer. CT: Est-ce que tu peux nous parler de ta bande sonore qui est explicitement futuriste ? JS: La musique de Trafik d’Info a été composée par Exxòs et Staniski, deux compositeurs guadeloupéens de musique électronique. Il est intéressant de constater que ces deux compositeurs ont été beaucoup influencés par le mouvement Hip Hop et par les influences musicales de la zone. Nous avons été bercés, dès notre plus jeune âge par toute une palette de musiques caraibéenes avec le Gwoka, la Cadence, le Compas, la Salsa, le Reggae, le Calypso et le Zouk ainsi que par les mouvements musicaux d’Amériques du Nord avec les Negro spiritual, Blues, Jazz,
Soul, Funk, R&B, et Hip Hop sans oublier les
à son époque. Il est encore difficile pour
musiques du continent africain (notamment
certains de voir des musiciens jouer de
l’Afro-Beat et le Soukous) et les musiques
la musique sur des claviers d’ordinateurs
de variété françaises. Je pense que cela
surtout quand ils ont été éduqués à la
fait partie de notre proximité avec la zone
musique traditionnelle. Mais nous devons
et de la particularité de la France pour
croire en la capacité de fusion sonore de
les cultures du monde. Ces différentes
l’art musical.
influences ont forcément nourri l’esprit de ces deux compositeurs au niveau du
CT: Merci Janluk pour cette interview et
mélange des sonorités et de la combinaison
finissons avec cette citation de Sun RA:
des formes musicales. La combinaison de ce
“The satellites are spinning,
qui relève de la tradition et des techniques
a better day is breaking.
de composition modernes, offre un inouï
The galaxies are waiting
champs des possibles. Le genre science-
For planet Earth’s awakening”.
fictionnel du film nous a permis de pénétrer cette exploration, vers un monde tant fusionnel et ancré qu’expérimental. Exxòs continue ses recherches en ce sens, et il
SYNOPSIS
est à l’origine d’un mouvement original qu’il a nommé “Kako Mizik”. D’un parcours
« trafik d’info » : court métrage de fiction,
différent, Staniski est l’un des compositeurs
11 min.
les plus fusionnels de sa génération. En ce 21 siècle l’information est l’enjeu CT: Est-ce que tu vois une relation avec la
de tous les trafics. Dans une petite ïle
musique de Sun Ra ?
de la Caraïbes vivant au rythme de la mondialisation, l’information circule sous
JS: Il m’est difficile de trouver des relations
toutes ses formes et se deale à coin de rue,
avec la musique de Sun Ra et celle de Trafik
ce malgré la censure imposée par le haut
d’Info. Certes, elles sont futuristes dans
conseil, détenteur de l’information officielle.
leurs sonorités mais la musique de Sun Ra
La milice de ce haut conseil est chargée
est emplie d’une virtuosité d’improvisation,
de démanteler un réseau d’opposants à
d’une énergie de groupe et surtout d’un
l’information officielle.
aspect “musique live”. Exxòs et Staniski
Jouwa, le jeune officier de cette
sont des compositeurs de musiques
organisation rebelle doit livrer en cette nuit
électroniques, des compositeurs “Home
de pleine lune une information capitale.
Studio”. Nous pouvons peut être trouver des
Traqué par la milice, il essaye de dissimuler
liens par la volonté de vouloir transcender
son « info »
la musique au niveau des rythmiques, de bousculer les formats établis et dans le format de recherche qu’offre le monde de l’électronique. Sun Ra, lui - même était l’un des premiers adeptes du “Keyboarding”
64
65
PLACES
PANAFRICANSPACESTATION %<F:?<B=:A=[<J$:B?$>9:;< By Pascale Obolo Pictures courtesy of Chimurenga
“PLACES” is a space in which we talk about new areas of artistic creation. In the near future, online platforms will embody new sites for creation. By virtue of its operating mode and its ingenuity, Panafricanspacestation is a place for dematerialized art; it is another way to live and support art, to consume it and to disseminate it. But “PASS is also the cross-cultural and cyber-spatial exploration, bringing together diverse pan-African sounds from ancient techno to future roots. Panafriacanspacestation play the roles of a living archive as well as generate content and act as a valuable platform for interaction for music communities around the continent.” The project is an initiative of Chimurenga and is curated by Ntone Edjabe and Neo Muyanga.
How was born Panafricanspacestation ?
work – artists and musicians would be
month-long music festival, usually from
invited from all over the world to present
September 12 to October 12, in venues
The project follows our work with
their work annually. In addition we set
across Cape Town and on the internet.
Chimurenga Magazine. Initially every
up an online radio to document and
Now, in an attempt to move away from
issue of Chimurenga was followed by a
broadcast the process. This is how PASS1
the predictability of festivals, we’ve
performance of the ideas and histories
(panafricanspacestation) was born in 2008.
progressively re-centred the project around
discussed in the issue. For instance,
The acronym refers to the dompass, the
a freeform radio station, which streams
we launched the issue titled “We’re All
document that controlled the movement
word-sound live online 24/7. We stream live
Nigerian” with a tribute to Fela Kuti
of black people in apartheid South Africa,
performances from ‘studios’ at Tagore’s Jazz
called “Felasophy”. To launch the issue
as well as to an inclusive platform for
Bar in Cape Town as well as satellite studios
titled “Everyone has their Indian”, we
experimentation through nostalgia for the
in Limbe, Cameroon and Kisangani in the
re-presented Duke Ellington’s “Afro-
space age, which promised new knowledge
DRC. Throughout the year we also host
Eurasian Eclipse”. For our sci-fi edition we
of the self and the world.
themed, live performances in Cape Town
revisited Abullah Ibrahim’s “African Space Program”, etc.
and abroad. How does PASS work ?
Eventually we decided to create an ongoing platform for this performance
66
What is your role ? In its first years, PASS took the form of a
I program the live performances and invite
albums are “Angels and Demons at Play”
artists and musicians to submit content for
(1965) and “Landiquity” (1978).
the online radio. How do you see Africa in a distant future ? What type of music do you defend on this I live and work on the continent, so I cannot
station ?
see the whole of Africa. Africa is something I look for genre-busting music from
one only sees from the diaspora.
Africa worldwide and music dedicated to exploring new aesthetic territory, from Sun Ra to kuduru concoctions from Luanda.
“Futurism in black music has often been about addressing an experience of alienation.“
PASS: Panafricanspacestation we’re based. People would physically come to the space to listen, creating a sense of community long before we decided to stream on the Internet. We deconstructed the ‘radio studio’ from an inaccessible glass cage to an open space where everyone who walked in the building was part of the performance—they were both the
How do you use new technology ? And are
performer and the audience. This is not
they important in your creations ?
done with new gadgets but through
I am more interested in ‘black secret technology’— the way the street finds its own uses for things. Historically this is how musical language has expanded across the black world, whether it’s in the use of the mixing console as instrument in Kingston in the 60s or the turntable in the Bronx in
the desire to break out of structural and infrastructural limits. Give us the name of the artist you referred to, your mentor ? Fela Kuti
the 70s or the cellphone in Abidjan and
what do you think about Sun Ra the father
Luanda today. When initially confronted
of Afrofuturism ?
with administrative and financial barriers we imagined PASS as a ‘radio’ by simply
I imagine that Alabama, where Sun Ra came
broadcasting music via live speakers on all
of age in the 1930s, was a stranger place
3 floors of the Pan-African Market where
than Saturn – a place that would make Saturn feel as his home. Futurism in black music has often been about addressing an experience of alienation, uprootedness, the irretrievability of home. The whole body of Sun Ra’s work, from writing, performing and recording is so unified that it’s difficult to pick out highlights. However my favourite Sun Ra
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Ntone Edjabe, originally from Cameroon, is a Cape Town based publisher, journalist, writer and DJ. In 2002 he became founder and director of the maverick Chimurenga Magazine and co-curator of PASS in 2008. In 2011 Edjabe won the Principal Award of the Prince Claus awards with Chimurenga plateform.
www.chimurengachronic.co.za www.chimurenga.co.za www.chimurengalibrary.co.za www.africancitiesreader.org.za www.panafricanspacestation.org.za
CONCEPT
TRIBUTE TO A SHOOTING STAR By Holly Bass Art work © Holly Bass (www.hollybass.com) photo : Rosinna photography
Picture extracted from Holly’s performance « African futures DC. This performance highlights the form and function of the black body in space.
Holly Bass is a writer, performer and director. Her performance work, which combines dance, theater and creative writing, has been presented at respected regional theaters and performance spaces such as the Kennedy Center in DC, the Whitney Museum in New York and the Seattle Art Museum and the Smithsonian. At Sarah Lawrence College she studied modern dance under Viola Farber and creative writing before earning a Master’s in Journalism from Columbia University. A Cave Canem fellow, her poems have appeared in Callaloo, nocturnes (re)view, Role Call, Beltway and The Ringing Ear. She has received several grants from the DC Commission on the Arts and was one of twenty artists nationwide to receive the Future Aesthetics grant from the Ford Foundation/Hip Hop Theater Festival. In 2011, she was named one of the “Top 30 Black Performance Poets” in an international list compiled by The Root. She was voted 2012 Best Performance Artist in the Washington CityPaper. For this Issue of Afrikadaa she proposed 2 poems as a tribute to Betty Davis* *Note: Betty Davis is a funk musician and ex-wife of Miles Davis, for whom she was a significant musical influence.
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>DEIJ$>R>?<F “Aretha Franklin is a singer. I consider myself more of a projector. I’m into sound.” –Betty Davis, 1975 betty steps to the mic
the mic is terrified and ecstatic
launches into sound
right now, she could easily
the device can’t handle her
take the head into her loud mouth
full, grown woman moans
swallow it whole, python-like
the mic politely lowers its head
let the mic amplify her womb
but she grabs it by the neck
let the mic slip down her love canal
tears it from the stand
a newborn sound amniotic and complete
the air has left the room the light got up and walked out three hours ago in the corner, a blown speaker
she drops low, knees spread wide cord dangling between her legs
she kisses its tangled head
hisses staccato morse code
she doesn’t care who sees
coos baby, baby
issss… thissss… mussssic?
screams, I don’t want to love you
there’s a mess on the floor
her lips halo the head, pulsing
blood and sweat and something
sound hurtles down into the wire mesh
unnamed
snakes through the trembling cord
she reaches down, fingers the cord
emerging out the other side
gives a good hard tug
amplified
then cuts it with her teeth the mic, exhausted, drops between her breasts
mussssic? a hush falls over the room the floor is still a mess for the first time the mic knows what it feels
suckling sound that leaks
to be alive
from her twisting nipples
and deeply loved
stereo dials turned high as they can go
69
there is no applause
.$ADQ<$>DIN $
a stylus skips off with a groove (whereabouts unknown) love takes many forms desire can’t account for everything sometimes luck is tough do I regret the records that’ve slipped through my hands the signature warp of sounds left too long on the back seat the slick sensation the broken repeat reading between the lines fingernails sliding along memory, needling the barely scratched surface I played you one time, two time heavy rotation was it ever me turning tables, ineluctably spun you got me going in lyrical elision ring this alarm another sound is
70
leaving the building when I hold you in my arms you turn to dust your vinyl ashes covering me with gilt I sparkle sounds bounce off my skin sinners genuflect at my feet Betty Davis is a star fourteen-hundred light-years southwest of Pluto I’m a star, too in my royal suit of armor my body of sound And it’s all because of you. I owe you one. Next time I’m in the booth slip me your request, a torn scrap, anything I promise to play our song
Betty Davis, They Say Iâ&#x20AC;&#x2122;m Different, 1974, cover designed by Ron Levine
71
CONCEPT
DUPLICITY « Duplicity » est un espace d’expression ou Michèle Magéma
propose à un artiste, un échange autour de la thématique du numéro en cours. Michèle donne son point de vue et l’artiste invité s’exprime par trois propositions visuelles. Pour “Afro-futurism”, Michèle a invité l’artiste Vitshois Mwilambwe à nous faire partager « ses visions cosmiques »
Par Michèle Magema All images are courtesy of Gallery MOMO (www.gallerymomo.com)
Silence, 2011 Mixed media on canvas
\,),(")$'()-,2!#)
Défini comme futur en devenir, l’afro futurisme, fait le pont entre technologie et racines. Ce courant a un lien étroit avec la science – fiction. En effet, Mark Dery auteur, conférencier et critique culturel américain, premier à avoir employé l’expression “Afro-Futurisme”, fait un parallèle entre les esclaves enlevés par des êtres “étrangers à leur propres terres » et les extras terrestres qui enlèvent les humains. De ce fait, là où les afrocentristes proposent un retour à la terre originelle l’afro futurisme prône un retour vers Jupiter. Sans conteste, je suis interpellée par l’afro- futurisme, car il réinvente
72
l’histoire de « la communauté noire »
partager « ses visions cosmiques ». En
dans son acception métaphysique. L’afro
effet, l’artiste réalise de grands collages
futurisme insiste donc sur la “modernité”
sur toiles, de créatures étranges. Ces corps
dont les diverses cultures noires font
composés de têtes, d’ yeux, de bouches
sans cesse preuve. S’il s’agit d’avoir un
découpées apparaissent suspendus dans
regard constamment tourné vers le futur,
l’espace du tableau, comme une vision
comment cette vision futuriste peut-elle
d’êtres en mutation. En apesanteur, elles
se manifester pour un artiste dans les arts
sont hors temps. L’artiste propose un
visuels ?
travail où le spectateur fait l’expérience d’un métissage organique fantastique.
Le mot extra, associé à terre, m’évoque
l’idée d’un hors sol, d’un déracinement
Ainsi, je me laisse séduire par ces visions
et d’un déplacement. Aussi, je tente,
et je rêve de ce futur où tels les étoiles
pour ce numéro, de déplacer mon
scintillantes dans le ciel, « les artistes
regard vers des œuvres que je perçois
Afros », se rependront et scintilleront de
comme futuristes. C’est pourquoi, j’invite
milles feux dans le monde.
l’artiste Vitshois Mwilambwe à nous faire
De haut en bas : CRASH 2011 Mixed media on canvas 160 x 130 cm
Untitled 2011 Mixed media on canvas 200 x 180 cm
73
PORTFOLIO
Marc Johnson A’ :A;@=F=>?< Par Carole Diop
Crédits : Oeuvres © Marc Johnson
Sa carrière n’en est qu’à ses balbutiements,
d’une formule dont lui seul a le secret,
construction réalisée au moyen de dix
mais déjà Marc Johnson impressionne par
réunissant dans ses œuvres les domaines
kilomètres de bambous attachés avec quinze
son parcours.
qu’il affectionne. Arts visuels, mausique,
kilomètres de chambres à air, oeuvre avec
Diplômé de l’École Nationale Supérieure des
danse, arts martiaux, architecture,
laquelle le jeune artiste prenait possession
Beaux-Arts de Paris et de L’École Nationale
littérature, anthropologie, histoire naturelle,
de la cour vitrée des Beaux Arts en 2011.
Supérieure d’Architecture Paris-Malaquais en
biologie et mathématiques. Île : « L’île déserte Acte 1, Fondation » est le
2012, il fut également lauréat du prestigieux Prix LVMH des jeunes créateurs. Ce jeune
Inspiration : Influence qu’il puise dans ses
nom donné à la performance qui dialogue
artiste de 27 ans à plusieurs cordes à son
voyages, ses lectures mais aussi dans l’oeuvre
avec l’oeuvre Atlas. Cette performance est
arc et la sculpture et les performances sont
d’artistes référents : Albrecht Dürer, le sud
un savant mélange de danse, musique, jeux
ses modes d’expression privilégiés. A la fois
africain William Kentridge, le photographe
de lumière et de poésie. Ce ballet fugace
artiste, architecte et danseur, il sait mettre
Santu Mofokeng, Janet Cardiff & George
interprété par des danseurs du Conservatoire
cette polyvalence à profit dans ses œuvres.
Bures Miller et leurs installations sonores ou
National de Danse de Paris lui a été inspiré
Caractérisation de l’artiste et de son œuvre
encore Anri Sala pour ne citer qu’eux.
par Gilles Deleuze. Il y répond à une
en six termes. Alchimie : Phénomène qu’il crée, à partir
74
question célèbre : “Qu’emporteriez-vous sur Atlas (personnage de la mythologie
une île déserte et quels êtres y vivent ? “
grecque) : Désigne ici une impressionnante
Rêve de fondation, de séparation et
de récréation ; car l’île déserte est
hyènes » au Nigéria, sont en cours de
une performance au Louvre avec les œuvres
avant tout comme l’écrit Deleuze:
préparation. L’architecture n’est pas en
du musée. Un rêve inaccessible ?
« Re-commencement. Elle est l’origine
reste puisqu’il travaille sur un projet
L’avenir nous le dira.
mais l’origine seconde. A partir d’elle tout
d’aménagement d’espace public à Los
recommence. L’île déserte est le minimum
Angeles. Mais ce dont, ce passionné
nécessaire à ce recommencement, le
d’histoire rêve par-dessus tout, c’est de créer
matériel survivant de la première origine, le noyau ou l’œuf irradiant qui doit suffire à tout re-produire […] Une telle créature sur l’île déserte serait l’île déserte elle- même en tant qu’elle s’imagine et se réfléchit dans son mouvement premier. Conscience de la terre et de l’océan, telle est l’île déserte, prête à recommencer le monde. » Surface de Boy : Inventée par Werner Boy en 1902, la surface de Boy présente une topologie régie par la géométrie différentielle qui trouve sa principale application physique dans la théorie de la Relativité où elle permet la modélisation d’une courbure de l’espace-temps. Cette figure génératrice a servi de base au diagramme créé pour l’acte 1 du ballet, et sera réinvestie dans l’acte 2 : L’ile déserte /Acte 2/ Séparation en 2014, est un pavillon monumental en dialogue avec un court-métrage multimédia et numérique expérimental. Expérimenter : Johnson s’empare des nouvelles technologies. Il a récemment produit une série d’artefacts à l’aide d’une imprimante 3D. L’artiste enchaîne les projets. Un livre, qui sera accompagné d’une exposition itinérante et un projet de film documentaire qui le mènera sur les traces des « Hommes
75
Page de Gauche : « Tinnitus », Atelier Marc Johnson. 2013. Ci- dessus : Portrait de l’artiste en totem
Ci- dessus : Détail de « L’île déserte Acte 1, Fondation », Cour vitrée, Beaux-Arts de Paris, 2011. Page de droite: ATLAS, Installation in-situ, 18m x 18 m x 16m, Cour vitrée, Beaux-Arts de Paris, 2011.
76
77
Paul Sika
5<$/@D?DF:M<B$
]6^
Par Anna Djigo (Culture Concepts) œuvres © Paul Sika
Entrer dans l’univers de Paul Sika, c’est découvrir une œuvre artistique d’un tout autre genre : celle d’un « photographe-conteur » des temps modernes. Photographiecinématographie-storytelling, Paul Sika nous offre le tout, telle une invitation-mystère dans son imaginaire. Un imaginaire qui nous transporte vers un ailleurs, où la primeur va à l’instinct, aux sensations visuelles, à l’éveil des sens… Tout cela, dans ce délicieux mirage technicolor qu’il appelle le « photomaking ». UN POP-CULTURISTE,
en passant par les contes
INFLUENCÉ PAR SON
et séries télévisées de son
ENVIRONNEMENT
enfance (Les Contes de la Forêt,
Paul Sika. Artiste, photographe,
Mensonges d’un soir), aux films
mais surtout « maker » créateur.
des réalisateurs cultes de son
Un artiste de son temps, qui
adolescence (Spielberg, Lucas).
s’approprie les médias et
Paul Sika se nourrit de tout, il
technologies qui l’entourent
observe tout, il emmagasine
pour donner voie à sa voix, à
tout… « Je suis comme une
son regard. « Si la technologie
éponge » dit l’artiste, avec un
en place ne me permettait pas
sourire. Son imaginaire est,
de matérialiser mon imagination
en effet, le fruit d’influences
dans sa plénitude, je n’aurais pas
multiples qui ont contribué à
fait de la photo » explique-t-il.
ce qu’il appelle son « canon de
Son univers à lui, c’est celui
la beauté ». Paul Sika n’a pas de
d’un pop-culturiste, avec
modèles, plutôt de l’admiration
pour influence première, son
pour le talent de création
environnement. Tout ce à quoi
de ceux qu’ils considèrent
son regard a été exposé, tout ce
comme des maîtres dans leur
qui a éveillé sa curiosité visuelle,
domaine respectif. Avec une
son imagination : des jeux
affection particulière pour ces
vidéos et BD de Miyazaki,
créations de la Pop Culture qui
78
définissent sa génération. Des
son amour pour le cinéma.
sources d’influence colorées
Une passion qui mûrit durant
qui peuplent son esprit, se
ces années universitaires où
nourrissent, se parlent, se font
il se plonge dans l’univers du
écho… Et qui contribueront,
grand écran. De ces séances
plus tard, à la naissance de Paul
interminables de films, émerge
Sika, le « Photomaker ». Il n’est
une sorte de fascination pour
pas un fruit de l’école Warhol, et
l’image, sous ses multiples
pourtant…
facettes. Une fascination qui l’emmène à développer une
UNE CURIOSITÉ POUR L’IMAGE,
connaissance poussée de
SOUS SES MULTIPLES FACETTES
l’art de la mise en scène, du
Né à Abidjan en 1985, après un
storytelling… telle que perçus,
l’obtention de son baccalauréat,
exprimés, à travers l’image.
Paul Sika se rend en Angleterre pour y réaliser des études en informatique à l’Université de Westminster. Et c’est au cœur de cette ville cosmopolite, dans cette capitale de la mode connue pour sa jeunesse ultrabranchée que le photographe qui sommeille en lui fait son entrée sur la scène de son imaginaire. Une « scène », oui, car l’œuvre de Paul Sika, c’est avant tout, un travail de mise en scène, en image statique. Et pourtant, si vivante. Cette énergie que l’on retrouve dans son travail, elle découle de
LE DÉCLIC QUI MET AU PREMIER « CLIC ». Il survient dans les rues de Londres. Un moment spécial entre l’homme et son regard. Un regard intrigué par des campagnes de mode visuellement attrayantes, mais lassantes, car pour lui, limitées à un palier créatif, et… la vision d’une séquence du film « The Matrix Reloaded » qui elle, le saisit et captive son jeune esprit de techno-intello-rêveur. Paul Sika est immédiatement séduit
par l’ingéniosité avec laquelle ce
du réel, dans un autre registre,
parce que « malléable »
du processus photographique
film semble repousser les limites
comme celles des BD et jeux
… « Expansible » … « Aux
dans sa forme traditionnelle.
du réel. Puis, une voix : « Paul,
vidéos de son enfance ; elles
possibilités infinies ». Et c’est
Ce qui importe pour lui, c’est
c’est moi que tu cherches depuis
virevoltent dans son imaginaire
en cela que l’image le séduit
le résultat, l’habileté à pouvoir
si longtemps ! ». Et enfin, le
et se posent dans ses créations.
car pour lui, même statique,
retranscrire sa vision. Et la
déclic : « J’avais envie de faire du
Pur autodidacte, Paul Sika ne
dans son résultat, elle demeure
photo, constitue pour lui, ce qu’il
cinéma sur photo ».
se fixe ni règles, ni limites ; il y
« malléable ».
appelle la « matière première du
Naît ainsi « l’éveil artistico-
va à l’instinct. Son processus
Et ainsi prend forme l’idée d’un
mix ».
visuel » du jeune photographe,
de création, c’est toujours celui
«mix». Un mix de médias, de
Sa dernière exposition, « L’Appel
avec une envie presque
d’une aventure, d’un voyage au
genres. Le jeune photographe
de Lillian », à la Galerie Cécile
instinctive de capturer
cœur de son imagination où,
fait alors appel au graphisme,
Fakhoury d’Abidjan (fin 2012),
son environnement, de le
dit-il, il se surprend lui-même,
à l’illustration, pour traduire sa
témoigne de la maîtrise de
représenter et surtout, de le
ne connaissant jamais la
vision.
« son » art par l’artiste.
remodeler, de le mettre en
« destination finale ». « Je suis
Et naît ainsi, Paul Sika, le
A travers cette série, Paul Sika
scène.
nous offrait, en effet, dans
Pour faire son entrée dans le
ce genre de pop-surréalisme
monde de la photographie,
qui lui est propre, des
Paul Sika choisit le numérique.
œuvres photographiques
Et le jeune homme qui avait,
tout à la fois captivantes,
un temps, souhaité réaliser
séduisantes et intrigantes…
des études de cinéma, se voit
Des photographies où le sujet
très vite surpris par le vaste
participait activement à la
champ de création qu’offre la
vie de l’œuvre – les poses,
photographie.
hautement expressives révélant un dialogue entre des sujets
FROM BLACK & WHITE… TO
incarnant des personnages, et
COLORFUL DREAMS.
donc, devenus « acteurs » et
« A mes débuts, je shootais
comme un enfant qui découvre
tout ; j’étais un photographe
une nouvelle attraction…Where
‘trigger-happy’ » explique Paul
are we going today ? Show me
PHOTOGRAPHE.
Paul Sika, le « photomaker »
Sika, en riant. Il commence
something great ! » se dit-il, à
METTEUR EN SCÈNE.
applique les règles du cinéma
par le noir et blanc, puis
chaque fois qu’il retrouve son
CONTEUR…« PHOTOMAKER ».
à la photographie : scénario,
évolue, naturellement, de la
fidèle compagnon - son appareil
Inventif, curieux, Paul Sika
acteurs, travail de mise en
monochromie à la couleur…
photo, of course.
nous invite dans un univers
scène et vernaculaire. Comme il
Comme un « appel » se
Parlant de sa vision de la
ultra-visuel, où mise en scène,
l’explique, il ne « traite » pas ses
souvient-il. La couleur,
créativité, il explique que
imagerie et émotions se parlent
photos, il les « édite » comme
élément intrinsèque à l’œuvre
pour lui, « c’est la science de
dans un langage qui est sien :
en postproduction, au cinéma;
de l’artiste ; la couleur qu’il
l’imprévisible ». La liberté totale.
le « photomaking ». Son art :
Car il n’est pas simplement
s’approprie et transforme…
Et cette liberté, il la traduit par
celui de mêler photographie,
photographe, Paul Sika. Et son
Car avec Paul Sika, la couleur
un concept original, comme
graphisme et conte, en images.
art, le « photomaking » reflète
est en perpétuelle mutation.
lui : celui de « l’imagination
Cet artiste des temps modernes
parfaitement cela.
Celles qu’il aime sont au-delà
plastique ». « Plastique »
n’est cependant pas amoureux
79
« Photomaker ».
Paul Sika, non pas photographe, mais metteur en scène. Car
UN JOYEUX RÊVEUR, ANIMÉ D’UNE QUÊTE
contribue à faire de Paul Sika, un artiste de
de son livre, que notre joyeux rêveur a
Optimiste, passionné, rêveur, Paul Sika est
son temps.
publié lui-même. « Ma discussion se fait
un artiste qui se sent animé d’une quête :
avec la masse. Je ne conte pas mes histoires
“Si la technologie en place ne me permettait pas de matérialiser mon imagination ... Je n’aurais pas fait de la photo”
en privé » dit Paul Sika, avec un sourire. A
là, d’une histoire que nous contait l’artiste.
PAUL SIKA, 2.0
belles son imaginaire et ses créations. Et une
Chaque photographie faisant le lien avec la
Artiste de son époque, la technologie
touche d’optimisme telle qu’on en ressent
suivante. Chaque détail participant au travail
l’accompagne en tout. Des réseaux sociaux
toujours, après une conversation avec lui
de narration. Tel un conte photographique
à son site Web, Paul Sika échange avec son
- toujours très lumineuse… comme ses
avant-gardiste, Paul Sika, dans la série
public et use de la toile comme outil de
œuvres.
« L’Appel de Lillian » nous présentait, dans
transmission. Constamment, librement. Pas
Paul Sika est un joyeux rêveur qui nous
un savant mélange d’imagerie, de narration
étonnant qu’il soit le chouchou des jeunes,
fait du bien. Et son imaginaire sans limites,
et de commentaire social, un regard tout à la
des amateurs d’art et des médias : de CNN
nous réserve, c’est certain, de délicieuses
fois inquisiteur et inventif sur notre société,
(qui l’a interviewé après que le public l’ait
surprises.
telle une interrogation-observation sur les
voté leur artiste africain contemporain
Let’s continue dreaming with him.
codes et mœurs de la jeunesse urbaine
favori) à Amazon.com où le premier ouvrage
abidjanaise. Tel un appel quelque peu
photographique de l’artiste, At the heart
Pour entrer pleinement dans l’univers de Paul :
spirituel, donnant une dimension autre à
of me, paru en Mars 2013, est déjà No. 1
www. paulsika.com
l’homme et à son art… Comme pour nous
des ventes dans sa catégorie. Son objectif,
faire partager sa quête, ses découvertes.
que son travail « appartienne au plus de
Et c’est cette démarche de partage qui
personnes possible ». D’où le prix abordable
découvrir « le sens de la vie ». « Ce qui m’intéresse, c’est de vivre selon le ‘bien universel’. Quel est le but de la vie ? C’est ça qui m’intéresse, au-delà de tout ». Et cette quête se traduit dans son œuvre. Une œuvre qui, comme l’a révélée sa dernière série, contient un message. Car il s’agissait,
Ci- dessus, de gauche à droite : Mister tout mignon, 2012 / Mami - Mommi, 2012 Page précédente : La barbe d’Alphabet , 2012 Page de droite: Dandelia, 2012
80
travers cet ouvrage, Paul Sika souhaite, en effet, créer un dialogue avec son public - un ouvrage où l’artiste se dévoile dans cette forme d’expression qui lui sied si bien : celle de l’image et du storytelling. Le tout, avec une générosité qui n’en rend que plus
81
FOCUS
Kapwani Kiwanga !I<$:B?=>?<$>?<AA:=B< Par Carole Diop
Oeuvres © Kapwani Kiwanga
C’est dans un café parisien que nous avons rencontré Kapwani Kiwanga. La jeune artiste (sa carrière débute en 2008) vit et travaille à Paris depuis une dizaine d’années. Kapwani a développé une pratique artistique très personnelle empruntant ou détournant des méthodologies scientifiques au service de réalités alternatives. Quel est votre parcours ? Comment avez
recherche que je me suis progressivement
différents médiums (vidéos, installations,
vous démarré votre carrière d’artiste ?
éloignée du format documentaire, sans
performances) où va votre préférence ?
Je suis née au Canada, dans la petite ville
pour autant l’abandonner, pour explorer
Ça dépend du moment. Actuellement
de Hamilton, une petite ville ouvrière au
d’autres formes d’expressions (Installations,
ce sont les performances, les vidéos et
sud-ouest de Toronto. J’ai fait des études
performances, …). Le documentaire est
les projets basés sur des notions que j’ai
d’Anthropologie et de religions comparées
aujourd’hui pour moi un medium de
étudiées auparavant (sciences sociales,
à l’Université McGill (Montréal). Au cours de
réflexion parmi d’autres.
anthropologie) qui priment dans mon travail.
mes études, j’ai réalisé que je ne souhaitais pas rester dans le circuit académique
Pourquoi avoir choisi
car c’est un milieu trop restrictif, pas
Paris ?
suffisamment démocratique et très élitiste.
C’est une succession
Je me suis tournée vers la réalisation de films
d’opportunités qui
documentaires. Je suis partie pour L’Europe
m’ont conduites
ou j’ai commencé en free-lance pour des
à Paris. J’ai eu la
chaines comme BBC et ITV en Ecosse. A ce
chance d’intégrer
point de ma carrière, j’ai réalisé que le format
le programme « La
télévisuel était trop limité, j’avais envie
Seine » qui n’existe
d’explorer de nouveaux formats. En 2005, je
plus aujourd’hui
suis donc venue à Paris pour participer à un
et c’est comme ça
programme de recherche (le programme
que mon aventure
« La Seine » de l’Ecole Nationale Supérieure
parisienne a
des Beaux-Arts de Paris ). L’idée de devenir
commencé.
artiste a ainsi commencé à germer en moi. Ce n’est qu’après 3 ans de réflexion et de
82
Vous utilisez
Video still / The sun Ra Repatriation Project (2009) Video, color, Sound 43 minutes
un portrait-robot par la
En créant son propre mythe, il a
gendarmerie de Lille.
trouvé sa propre façon de parler de ce
Chose surprenante le
qu’expérimentait la communauté noire au
portrait-robot obtenu été
Etats-Unis. Il poussait les gens à croire à
loin de ressembler à Sun
l’impossible, à voir au-delà de leur présent
Ra. J’aurais pu montrer
pour imaginer un futur plein de promesses.
au gendarme une vidéo
Video still The sun Ra Repatriation Project (2009) Video, color, Sound 43 minutes
ou une photo de Sun
En 2011 vous avez produit « Afrogalactica:
Ra, j’aurais ainsi obtenu
un abrégé du futur » une performance là
un résultat plus proche
encore d’inspiration afrofuturiste.
de la réalité. Mais ce qui
Pour cette lecture performative de
m’intéresse vraiment c’est
45 minutes qui prend la forme d’une
l’oralité, la manière dont
conférence, j’endosse le rôle d’une
une information est transmise, la différence
anthropologue du futur. J’ai créé ma propre
L’Afrofuturisme a été une source d’inspiration pour le docu-fiction « The Sun Ra Repatriation Project .» Dites nous
entre notre perception, le souvenir que l’on
« Bio-mythologie » où la vie vient d’un
conserve et la réalité. Je cherchais à savoir
futur lointain. Dans cette performance je
en plus sur ce projet ?
qui était vraiment Sun Ra et à rester fidèle
« recompose » notre présent mais aussi notre
au souvenir qu’en avaient ses proches. Le
passé. J’ai travaillé sur la base d’archives,
portrait-robot a ensuite été traduit en un
tous les évènements que j’évoque sont
code binaire pour être transmis sous forme
factuels hormis bien entendu les projections
d’ondes radio vers Saturne le 16 mai 2009.
dans le futur qui appartiennent à la fiction
Des personnes d’horizons différents ont
spéculative que j’ai créé. Afrogalactica est
été réunis autour de ce projet (musiciens,
un projet composé de plusieurs chapitres,
scientifiques …). Réunir des personnes que
le premier était en quelque sorte une
tout oppose
introduction où je revenais sur l’Afrofuturism.
« The Sun Ra Repatriation Project » (Ndlr : Le Projet de Rapatriement de Sun Ra) est un « document vidéo » réalisé entre 2008 - 2009 qui fait partie d’un ensemble comprenant installation sonore, textes et vidéo. A travers ce film j’essaie de trouver une forme de rituel contemporain, une manière de rendre hommage à Sun Ra, cet artiste mythique qui prétendait être un extraterrestre venu de Saturne. Sa légende a été une source
de prime abord, c’est ce qui motive mon travail.
d’inspiration pas seulement pour moi mais
Pourquoi avoir
pour toute une communauté. Et quoi de
choisi Sun Ra ?
mieux pour honorer sa mémoire que de
Si j’ai choisi de
le renvoyer symboliquement sur sa terre
travailler sur Sun
d’origine. Pas à Birmingham (Alabama) où
Ra c’est parce que
il serait né mais sur Saturne sa « vraie »
je m’intéresse
patrie. Ce projet a été le fruit d’une longue
aux mythes
réflexion et m’a conduit à faire beaucoup de
contemporains. C’est
recherches notamment en astrophysique
au cours de mes
et en radio-astronomie , afin de trouver
recherches pour un
comment communiquer avec Saturne. J’ai
autre projet que j’ai
commencé par recueillir les témoignages
découvert Sun Ra. Ce
de musiciens qui ont côtoyé Sun Ra et sur
qui m’a plu chez ce
la base de ces témoignages j’ai fait réaliser
personnage c’est son charisme.
83
Creation of composite sketch of Sun Ra based on testimonies Video still / The sun Ra Repatriation Project (2009)Video, color, Sound 43 minutes
éclectique de personnalités, qui
Parmi vos œuvres, laquelle a votre préférence ?
travaillent dans des domaines
Afrogalatica, car ce travail m’a permis d’allier
différents, mais qui partagent une
mon goût pour la recherche et mon envie de
certaine esthétique.
partage.
moi il s‘agit plus d’un mélange
Afrogalactica: Un abrégé du futur, 2011 - Lecture performative à Paris Photo, 2011
Qu’appréciez-vous le plus dans votre vie
chapitre où j’aborderai la question du genre,
La science-fiction est également une source d’inspiration, quel est votre film SF préféré ?
la sexualité et la reproduction. La première
Mon travail est plus inspiré par des faits
Je rencontre beaucoup de monde, d’autres
lecture ne m’avait pas laissé le temps de
historiques que par la science-fiction en
artistes, des gens d’horizons divers et cela
traiter ces sujets qui sont pourtant présents
réalité. Ce que j’aime dans la science-fiction
m’enrichit énormément. La notion de
dans la science-fiction.
c’est que c’est un format qui permet de
partage est très importante pour moi.
J’ai choisi de faire ces lectures performatives
revisiter l’histoire et le présent et d’imaginer
sous la forme de conférences tout en restant
le futur, cela offre une liberté totale. Je suis
Votre travail a- t-il été diffusé en Afrique ?
simple je voulais que ça ressemble à une
une grande fan de films et livres de science-
Mes films ont été projetés Au Rwanda, en
conférence académique durant laquelle je
fiction, j’ai beaucoup lu Octavia Butler, un
Tanzanie, en Algérie. En revanche, mon
réciterai mon texte avec mes notes à la main.
auteur américain décédé il y a peu. J’apprécie
travail artistique n’a jamais été exposé
Car mon propos est bien évidemment moins
aussi occasionnellement de regarder de films
hormis à Dakar au mois de mars dernier,
« sérieux », j’y apporte beaucoup d’humour
de genre allant du classique film de vampires
dans le cadre d’une exposition de groupe
et de dérision. Les archives utilisées
aux films de zombies. Pour moi ce sont des
organisée par le collectif On the roof.
proviennent de l’imagerie populaire funk et
mythes et contes contemporains.
"Je ne pense pas que l’on puisse qualifier l’Afrofuturisme de mouvement"
Utilisez-vous les nouvelles technologies ? Sont-elles importantes dans votre travail ?
d’argent, quel serait votre projet rêvé ?
Pas beaucoup en fait. J’utilise ce dont j’ai
j’aimerai mener à bien un projet film en
besoin quand j’en ai besoin. Je travaille avec
Tanzanie sur lequel je travaille actuellement.
ce que j’ai sur mon ordinateur ce que je peux
Il portera sur la rébellion des Maji-Maji, un
me procurer facilement.
soulèvement de plusieurs peuples d’Afrique
Je travaille actuellement sur le deuxième
d’artiste ? Le fait d’être en perpétuel apprentissage.
Sans contrainte de temps, de lieu ou Dans ces conditions de liberté absolue
orientale allemande contre les autorités de l’Afrofuturism, mais aussi les mouvements politiques du 20e siècle. La série Afrogalactica permet de s’interroger sur la production de connaissances. Qui crée la connaissance ? Qui la diffuse ? Qui a autorité pour parler ? Comment se transmet le savoir ? Ce sont toutes ces questions qui ont guidé ma démarche. Que pensez-vous du mouvement afrofuturiste ? Je ne pense pas que l’on puisse qualifier l’Afrofuturisme de mouvement, selon
84
Où travaillez-vous ?
coloniales, entre 1905 et 1907.
Partout où je peux utiliser mon ordinateur le plus souvent chez moi dans mon salon. Actuellement je suis en résidence à Bourges et il y a un studio à disposition et c’est particulièrement agréable pour moi de travailler dans ces conditions car je n’ai pas toujours cette chance. Vous sentez vous libre dans votre travail ? La plus grosse contrainte pour moi c’est le temps, j’aimerai avoir plus de temps, autrement je me sens plutôt libre.
En 2009, vous avez envoyé un portrait robot de Sun Ra vers Saturne. Si vous le pouviez aujourd’hui qu’enverriez vous dans l’espace? Si c’était un jour possible, j’aimerais aller moi même dans l’espace et y créer une oeuvre. Link : www.kapwanikiwanga.org
Haut : “The Sun Ra Repatriation Project” (installation view), 2009 Bas : Afrogalactica: Un abrégé du futur, 2011 Texte extrait de la performance
85
ARCHITECTURE
Mamadou Cissé '=?=<>$!9NB:J<B Par Carole Diop Crédits : œuvres de Mamadou cissé, photos de Umberto Appa
Les villes, voilà plus d’une dizaine d’années
Les dessins de Cissé bien qu’utopistes et
que Mamadou Cissé les dessinent. Ce
disproportionnés sont d’une
« jeune » artiste arrivé en France en 78
incroyable précision, chaque
a toujours dessiné aussi loin qu’il s’en
bâtiment y est unique et
souvienne, mais c’est en 2001 qu’il a eu,
se distingue des autres
comme il le dit lui même « le déclic ».
par sa couleur. Même si
Après avoir reçu en cadeau un cahier et
leurs habitants ne sont pas
des feutres, il entreprend de reproduire
représentés, les villes de
le pont de Normandie à partir d’une
l’artiste vivent, en témoignent
carte postale, et n’a eu de cesse depuis
le flux de véhicules qui
de remplir des feuilles blanches, de façon
noircissent leurs artères.
quasi obsessionnelle. Agent de sécurité de son état, Mamadou Cissé profite de ses longues heures de veille pour dessiner. C’est à l’aide de feutres, de stylos et de crayons que cet artiste autodidacte créé « ses » villes qu’il
“ C’est à l’aide de feutres, de stylos et de crayons que cet artiste autodidacte créé ses villes qu’il veut denses, colorées“
veut denses, colorées et vertigineuses.
!
Pour lui la verticalité est une nécessité. Il rêve de villes « intelligentes » pour
« Il faut des monuments aux cités de
les générations futures. Ses dessins
l’homme, autrement où serait la
s’inspirent de ses voyages et des
différence entre la ville et la fourmilière ? »
cartes postales collectionnées. Dakar,
disait VictorHugo. Une citation que l’artiste
Paris, Amsterdam, New York, Moscou,
sénégalais fait sienne, accordant dans
Le Caire, ou encore Sidney se glissent dans
ses créations une place prépondérante
ses œuvres. Il se les approprie afin, de les
aux monuments. Quand on lui
« améliorer », « d’en corriger les erreurs ».
demande son avis sur l’avenir des villes
86
africaines, Mamadou Cissé est optimiste. « Afro- optimiste » dit-il. Tout est à faire. Il est persuadé qu’architectes et urbanistes sauront un jour trouver le moyen de créer des villes, modernisant des concepts existants, villes agréables où les gens vivraient en harmonie. Et ne lui dites pas que c’est impossible. Mamadou Cissé a été exposé l’an dernier à la Fondation Cartier et a participé à de nombreux évènements internationaux parmi lesquels la Biennale de Dakar 2012, Art Paris, Art Fair 2013, Draw Now 2013, salon du dessin contemporain. Il sera prochainement exposé à la galerie Bernard Jordan à Zurich et participera à la prochaine Biennale de Lyon.
87
88
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DESIGN
Cyrus Kabiru
By Djenaba Kane Art work © Cyrus Kabiru Photos : Amunga and Antony Washira.
ZBDF$JB<:F<B$?D$ Q=>=DI:BR
Artist Cyrus Kabiru, 28, was born in Nairobi, Kenya. He is a visual artist who explores the mediums of painting, sculpture and recycled items. He completed high school, but he never studied art. He is a self-taught artist. He shared a small house with his parents and five brothers and sisters until he was 22. Their crowded three-room house was surrounded by trash. “Every day, I woke up, the first thing I would see is junk”. His father wanted him to be an electrician. However, Cyrus refused. He wanted to study art so he went to art school briefly. He didn’t want to study or to follow the teacher’s point of view. He deeply wanted and needed to follow his own way to be creative. Consequently, his father told him to move from their home to find another place to live. Cyrus developed his art and creativity thanks to his ability to remain optimistic in spite of many trials. Those difficulties changed into a source of motivation. Since 2006, he has maintained a studio in KuonaTrust (kuona means “to see” in Swahili) which is an art incubator for the promotion of Kenyan visual artists. This talented, forward-thinking, nonconformist artist is always on the lookout for innovation. He wants to push aside the rules. As he likes to say, it’s important to « think out of the box ».
90
Why and how did you find the way to
were interested in my
become an artist ?
work, so I worked on it harder and harder. Now, I
Sincerely, I don’t know exactly how I
can’t imagine living with-
became an artist; I just started being one.
out my art…It’s my life!
I think I have always been very sensitive to what surrounds me. I am inspired by
Why did you choose this
walking, it develops and liberates my
kind of expression ?
imagination and I allow myself to think about crazy things. My paintings are joking:
Most of my work is made
the humor takes an important place in
with recycled materials.
my work and my life…I am shy, but my
This is an important
family and my close friends know me also
choice for me because I
as a joker! I didn’t grow up in a family of
really love and respect
artists, and when I started I didn’t know
nature. Working with
any Kenyan artists. I think it’s more a state
recycled materials is a way
of mind. Indeed, since I was young I didn’t
to save nature and above
follow what people wanted. I do what I
all it ‘gives trash a second
want because I have always wanted to go
chance’. I don’t consider
my own way. Although my entourage didn’t
rubbish trash or waste; on the contrary, I
understand what I was doing, I prefer to live
just see it as an opportunity to be creative.
in harmony with myself. You are a talented sculptor and painter, When did you first discover your creative
but you are especially well known for your
talents ?
whimsical “C-Stunners”. Could you tell us their story ?
I grew up being a good toy maker: I used to trade for everything with my art...Indeed,
My inspiration came from my dad who used
when I was at school, I was like a rebel. I
to wear glasses when he was young. One
didn’t do homework, or exams. All my class-
day, he inadvertently crushed them. He
mates were more clever than me, so I made
was beaten by my grandmother who had
a deal with them; “You do the exam for me
bought him these expensive glasses. From
and I will pay you in a sketch, sculpture or
that day forward, he has hated wearing
glasses”. I never thought what I did was art
glasses.
since I thought real art is portraits. So, in
I became obsessed with eyewear because
time, most of the people used to call me
of this episode. But my father wouldn’t
msanii (Swahili word for artist) whereas I
buy me glasses. He said to me “If you want
never understood why they considered me
glasses, find a way to make your own”. From
an artist.
that moment, I was about seven years old, I
For a long time, my art was like a hobby.
decided to put his advice into practice.
When I sold my first painting I realized I
I got the idea to name them “C-Stunners”:
could be an artist. I noticed that people
the “C” is for Cyrus and “Stunners” is of
91
course because they are stunning! Some of these glasses have a story behind them like the “Mandela Prison” ones. Consequently, I choose specific materials that fit the story. Even though there is increased interest in my C-Stunners, I prefer to make only one to three pairs a month. I don’t want to mass produce them or sell them at an exorbitant price. I just aim to live in normal conditions. I don’t want to be a rock-star! My purpose is to be a good model for Kenyan youth. I don’t want to be changed because of being rich; I want to keep my state of mind and have a normal life. What memorable positive reactions have you had during your career ? First, I was very proud to be invited, in April, to the TED 2013 Fellows talk, in California. This program aims to bring together young innovators from around the world to
What about your distribution
We still don’t have a large annual event that
network ?
celebrates our art.
I do everything on my own. For
Could you inform us about your upcoming
international sales, people view
projects ?
my portfolio and place an order.
promote their projects and activities.
Then I send it by DHL. I can also
In June, I am going to participate in a three
make paintings or glasses on
week residency in Nigeria. Then in August I
demand.
will attend a TED talk in Vancouver.
Are Kenyan people interested in
To finish, what does the theme
your work ?
“AFROFUTURISM” evoke to you ?
Not really. I think that is because
According to me, Afrofuturism evokes
it’s difficult to explain the purpose
the feeling of excitement to be able to
and the importance of having art
discuss challenges within the African art and
Then, I was also invited the last month
in Africa. I am taking part in an “Outreach”
design context. Moreover, it’s also the idea
to the Afrofuturist exhibition during the
program that promotes and teaches
of bringing top African artists and designers
Milan Fashion week.
grandmothers creativity and ecological
together to have critical conversations and
issues in our country.
to show that our work is worthy.
Do you use new technologies in your work,
Next year, I plan to organize a residence in
are they important ?
Kenya to gather local young designers. African artists have two important
No I don’t use new technology. They aren’t
responsibilities: we have to “educate” local
so important in my work. I like to do it my
people about our art because it totally takes
own way with normal tools (scissors, wire,
part in our culture and history. Then, we
gloves, plastic, bottle caps…) in order to be
have to show to natives and foreigners that
in touch with my art.
in Africa there is something unique and good existing.
How do you market your work ?
In my case, I have received at least ten requests to form foreign designer
I use traditional tools for my work, but in
partnerships, but I refused these offers
order to promote it on a large scale, I think
because I only want to work with Kenyan
we absolutely have to use the internet. So,
designers.
I have a website, a Facebook page, and a Tumblr page.
What does your government do for the
This way I can present my work to tourists
promotion of arts ?
who come to the KuonaTrust art center. Also, I have more invitations to international
Our government plans art programs and
events -- an exhibition in Los Angeles and in
gets financial support from different
Holland.
corporations. However, the artists never get these funds. So we can’t rely on them.
92
“ African artists have two important responsibilities: we have to “educate” local people about our art because it totally takes part in our culture and history.“ We would like to thank you for your time…It was sawa sawa (Swahili word for cool)! For further information on Cyrus’ work, please visit these following websites: http://www.ckabiruart.daportfolio.com/ http://cyruskabiruart.tumblr.com/ https://www.facebook.com/pages/CyrusKabiru-Art/136040723101586 http://kuonatrust.org/
93
EXHIBITION REVIEW
THUS SPOKE WANGECHI By Anne Gregory, artist, Durham, NC USA
The End of eating Everything (still), 2013. Animated video (color, sound), 8:00 minute loop, edition of 6. Courtesy of the artist. Commissioned by the Nasher Museum of Art at Duke University, Durham, North Carolina. Š Wangechi Mutu.
Originally from Kenya, and now based in Brooklyn, Mutu uses her singular Afrofuturist vision to confront issues of race, colonialism, consumption, and the objectification of the black female body. Her large scale collages combine images clipped from fashion and porn magazines, medical books, hunting catalogs and machine manuals, as well as found objects, bling, and her distinctive paint splotched paper. The emotional content of these mixed media works can be overwhelming. She serves rage, female sexploitation, brutality, indulgence, and repulsion in unbearably large doses. Her work is not easy to look at; however, itâ&#x20AC;&#x2122;s impossible not to stare. 94
In the diptych Yo Mama, Mutu gives a
Viewing this video is like watching a feral
shout out to Funmilayo Ransome-Kuti,
animal consume something it doesn’t need.
the trailblazing Nigerian women’s rights advocate who fought against British
In her first animation, The end of eating
colonialism. A female with luminous,
Everything, an Egyptian–eyed woman
mottled skin, kneels, legs splayed, on a
(played by recording artist Santigold) with
planet. She holds the body of a white snake
medusa hair and a body as big as an island,
entangled on a distant sphere. Her stiletto
lumbers through space. Her characteristic
heel jabs its decapitated head. Little black
mottled skin glows like molten lava.
orbs, representing the African Diaspora, float
Straining from her bulk, she gorges on a
off into the pink sky. She knows how to tell
flock of birds until she explodes into lots of
a story.
little heads that spiral away. Is it the end of a cycle or the exponential beginning of
Family Tree is a series of 13 collaged portraits
more?
arranged to show the lineage of a couple. In this family, all the members are female –
Wangechi Mutu’s work can be read as an
including the original parents. Behind these
epic Afro-feminist manifesto. Wrestling
strange amalgamated faces the message is
with one political and cultural stereotype
loud and clear -- a feeling of empowerment
after another she rewrites the script and
is palpable.
the victim becomes the victor. We are not
From left to right 1 Family Tree, 2012. Suite of 13, mixed-media collage on paper, 41.28 x 31.12 cm. Collection of the Nasher Museum of Art at Duke University. Image courtesy of Susanne Vielmetter Los Angeles Projects. © Wangechi Mutu. Photo by Robert Wedemyer. 2 Once upon a time she said, I’m not afraid and her enemies became afraid of her The End, 2013. Mixed media, dimensions variable. Courtesy of the artist. © Wangechi Mutu. Image courtesy of the Nasher Museum of Art at Duke University, Durham, NC, USA. Photo by Peter Paul Geoffrion.
spared the terrible struggle, the blood, the anguish, but in looking we share in the triumph. WANGECHI MUTU : A FANTASTIC JOURNEY, will run at the Nasher Museum of Art at Duke University, March 21, 2013 – July 21, 2013. The exhibit travels to the Brooklyn Museum of Art in September 2013, the Museum of Contemporary Art, North Miami in April 2014 and the Mary and Leigh Block Museum of Art at Northwestern University in September 2014. The Museum of Contemporary Art, Sydney, Australia will host the largest international survey of Mutu’s work May 23 – August 14, 2013. Mutu explores the theme of over consumption in two films. The video Eat Cake shows her sitting in a swamp setting. Her hair is wild. Her fingernails are like claws. She eats a chocolate cake with her hands.
95
Artist Wangechi Mutu in her Brooklyn studio, 2012. Photo by Kathryn Parker Almanas.
96
Yo Mama, 2003. Ink, mica flakes, pressure-sensitive synthetic polymer sheeting, cut-and-pasted printed paper, painted paper, and synthetic polymer paint on paper; overall: 150.2 x 215.9 cm. The Museum of Modern Art, New York.. Š Wangechi Mutu. Digital Image Š The Museum of Modern Art/Licensed by SCALA/Art Resource, New York. Photo by David Allison.
EXHIBITION REVIEW
FROM BIRTH TO I-DENTITY
Par Sonia Recasens Crédits photos : © Pascale Obolo
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$
Le 14 mars 2013 célèbre les 1 an de la revue
4 premiers numéros. Placé sous le signe de
La programmation, aussi riche que vivante,
Afrikadaa et pour l’occasion le collectif
la création, de la poésie et de l’engagement,
éclectique que vibrante, élaborée par le
d’artistes convie les lecteurs à un acte
l’acte éditorial live se fait plateforme de
collectif Afrikadaa se déroule en deux
éditorial live organisé au Lavoir Moderne
dialogue entre les arts et les territoires, à
actes. Dans un premier temps « Images
Parisien. Intitulée From Birth To I-Dentity,
l’image de la revue qui a su s’imposer sur
en mouvement » fait la part belle à une
la soirée met à l’honneur les plasticiens,
la scène culturelle contemporaine comme
sélection exigeante de films. Au premier
vidéastes, photographes, écrivains, musiciens
référence et force de propositions artistiques
rang desquels figure le très hypnotique
et performeurs qui rythment les pages des
et critiques.
Rebirth. Ce dernier est extrait du film musical
98
Haut : Gérald Bloncourt Bas : Patrick de Lassagne
Haut : Kemi Bassene et Jean-Michel Quionquion Bas Christiane Prince
réalisé à la Nouvelle Orléans par Christophe
de la mort, du deuil et de la filiation.
puissante mise à l’épreuve des limites
Chassol, Nola Chérie, Fanfharmonization
La deuxième partie de la soirée met à
physiques et psychique, le corps de l’artiste
of a city. Rebirth nous entraîne dans une
l’honneur Les performances et lectures
exulte les tabous et stéréotypes opprimant le
spirale labyrinthique de notes et d’images
performatives avec notamment une lecture
corps de la femme.
formant des boucles samplées à l’infini.
très passionnée et enlevée de Gérard
Pianiste et arrangeur de talent, Christophe
Bloncourt. Ce poète, peintre et photographe,
Transcendant la dématérialisation du digital,
Chassol compose une partition originale
né en 1926 à Haïti embrase le public avec
l’acte éditorial live From Birth To I-Dentity
et multisensorielle de sons et d’images
sa verve fougueuse et chaleureuse en
imaginé par Afrikadaa s’inscrit au cœur d’une
répétées, superposées, sublimées. Quant
interprétant deux de ses poèmes Le Rebel et
actualité créative et donne in situ la parole
au très poétique et touchant film de Louisa
Je Hurle à la lutte, qui crie son amour pour
à une scène artistique bouillonnante et
Babari, Père, il nous entraîne sur un chemin
une Haïti meurtrie. De meurtrissures, il en
plurielle tissant avec poésie des liens entre
tortueux d’images et de sons empruntés
est aussi question dans la performance de
intimité, politique, identité, mémoire et
au cinéma et à la musique. L’artiste russo-
l’artiste franco-gabonaise Myriam Mihindou.
corps.
algérienne met en image un paysage sonore
Comme toutes les performances de l’artiste,
d’une grande sensibilité qui enveloppe le
No Sensibility est une action corporelle
spectateur pour le plonger dans un voyage
soigneusement ritualisée pour questionner
allégorique et philosophique sur les sentiers
de manière radicale le corps. Dans une
99
EXHIBITION REVIEW
Samta Benyahia transcende Par Sonia Recasens Crédits : © Samta Benyahia et la Galerie Martine et Thibault de la Châtre, Paris.
5<$%B:9 C’est en mars dernier que se tenait à la Galerie Martine et Thibault de la Châtre, l’exposition Le Drap de Samta Benyahia. Née à Constantine, l’artiste explore ses racines multiples à travers notamment des signes et symboles ancestraux berbères, arabes, andalou. Au moyen des principaux leitmotivs de son langage plastique, que sont le moucharabieh et la rosace Fatima, l’artiste
“Samta Benyahia explore avec poésie les entrelacs mythologiques, symboliques et historiques dont sont imprégnés les multiples plis du drap”
d’origine algérienne sonde les mémoires et les imaginaires de ces motifs sculpturaux, pour les déplacer et les détourner. Elle se plaît à jouer inlassablement avec ces symboles pour habilement subvertir les limites établies entre hommes/ femmes, intérieur/extérieur, plein/vide, jour/nuit. De cette façon, de nouveaux espaces architecturaux et mentaux se font jour comme dans l’exposition Le Drap. Constituée d’une installation textile, d’une installation vidéo et de toiles sérigraphiées, l’exposition reproduit les motifs du moucharabieh et de la rosace Fatima sur un drap, mettant en exergue la connivence de ces objets. Le drap comme le moucharabieh renvoie à
100
première salle de la galerie créant ainsi de nouvelles modalités de circulation et de perception. Le spectateur est invité à pénétrer dans l’intimité du drap, et à voir au travers du moucharabieh. Les frontières entre visible/invisible, public/privé s’estompent et se troublent Samta Benyahia explore avec poésie les entrelacs mythologiques, symboliques et historiques dont sont imprégnés les
l’univers clos du gynécée ou du harem. Transcendé de ses fonctions domestiques et décoratives, le drap de Samta Benyahia trône au milieu de la
multiples plis du drap. Enveloppe textile, enveloppe charnelle, le drap accompagne des générations de femmes dans leurs rites de passages : de la naissance à la nuit de
noce, de la maternité au repos éternel.
espaces d’exposition. Dans l’installation
Étendard de la science du fil, le drap
vidéo située dans la deuxième salle, les
entretient une complicité millénaire entre
youyous résonnent pour célébrer une
intimité, féminité, sexualité et tissage.
nouvelle histoire du drap : non plus celui
Activité diurne et savoir faire matrilinéaire, le
tâché de sang qui scelle la femme à son
fil du drap tisse rêveries, mémoires et paroles
destin d’épouse, mais le drap témoin du
infinies des femmes. Cette sublimation du
savoir faire de générations de tisserandes
matriarcat est d’autant plus criante que
et fileuses, héritières de Pénélope. Ces
des toiles sérigraphiées avec le portrait
traditions habituellement cachées au
de la mère de l’artiste rythment les deux
regard, cantonnées à l’espace domestique et
101
dénigrées, sont ici réhabilitées et honorées.
EXHIBITION REVIEW
POLITIQUEMENT INCORRECT ?
Par Sonia Recasens
Matthieu Boucherit GOOGLE.WAR : LE POIDS DES IMAGES. Série «Peintures d’Histoire» : «#1_HOMS». Acrylique sur toile. 4 x 6 cm, 2012
Un an après la première édition de leur
vision commune de l’art comme acte de
Sénégal, Palestine…), prenant ainsi une
exposition au Centre d’Art Vivant de
résistance et de libération face à des discours
dimension plus universelle. Par exemple les
Tunis anciennement lieu de censure et
et des situations politiques, économiques
pérégrinations du sociologue Jaune Morpion
de corruption sous le règne de Ben Ali, le
et sociales violentes, oppressantes et
dans la vidéo de l’artiste sénégalais Iba
collectif d’artistes tunisiens Politiques à pris
incertaines. Cette exposition permet de
Wane nous plonge non sans humour dans
ses quartiers à la Galerie Talmart à Paris le 21
prendre le pouls d’une scène artistique en
l’intimité de la vie métropolitaine parisienne.
mars et le 4 mai dernier, avant de réinvestir
pleine effervescence, motivée par une soif
L’œil acéré de l’artiste palestinien Shadi
Tunis et de voyager à Beyrouth en septembre
d’expression plastique et esthétique pour
Al Zaqzouq, sonde sans ménagement les
2013.
trouver du sens à un présent et un avenir
travers et tabous qui sclérosent la société.
Issus de la même génération, Nidhal
trouble.
Ces toiles font le portrait de l’altérité, de la
Chamekh, Ymène Chetouane, Fakhri
Avec ces nouvelles éditions, le collectif en
marge, comme si finalement c’était dans
El Ghezal, Maher Gnaoui, Ismaël, Atef
profite pour s’enrichir et inviter des artistes
la périphérie que se trouvait la liberté.
Maatallah, Ibrahim Màtouss partagent une
d’autres aires géographiques (France,
Son tondo After Washing (2012), présente
102
Haut de gauche à droite 1- Malek Gnaoui Vs Sheep, Installation : céramique émaillée, sérigraphie et lumière. 170*59 cm, 2012
4- Nidhal Chamekh «A5ralou fih», Encres et impression sur papier. 24 x 30 cm, 2013 Idées noires, Encres et transfert sur papier. 40 x 40 cm, 2013 « Fais-moi stresser », Encre, crayon et impression sur papier. 24 x 30 cm, 2013
2- Maher Gnaoui ID GAZ, Bouteille de gaz, techniques mixtes. 56*30cm, 2012
5- Convertissez-vous, huile sur toile. 41 x 33 cm, 2013 6- Ymène Chetouane Reality, céramique et peinture. 15 x 9 cm x 6. 2012
3- Shadi Al Zaqzouq After Washing, huile sur toile. 60 x 60 cm, 2011
une femme, bandana sur le visage, yeux
Cette petite culotte en apparence innocente
émotion à des images de deuil et de mort
perçant, exhibant une culotte affublée du
avec son nœud rose, interroge la place
froidement vulgarisées et banalisées par
slogan du Printemps Arabe scandé à tous les
des femmes dans les mouvements de
nos écrans de télévision. La miniaturisation
dictateurs : « Dégage ! ».
contestation et notamment les représailles
attire l’attention du spectateur, créant une
sexistes et les violences sexuelles dont elles
intimité avec ces tranches de vie violemment
sont victimes. Il est à noter que la culotte
basculées dans la douleur et la peine. L’artiste
révolutionnaire fut censurée lors de la
met en exergue les expressions des figures
6
qui retrouvent toute leur humanité.
"Une scène artistique en pleine effervescence, motivée par une soif d'expression plastique et esthétique"
ème
édition d’Art Dubaï 2012, le comité de
censure jugeant certainement inconvenant de nettoyer son linge sale en public. Au moyen d’un processus particulièrement judicieux et puissant de miniaturisation, l’artiste Matthieu Boucherit insuffle vie et
103
CARNET DE BORD
%`$)9DDMR$
By Cecilia Tripp Pictures courtesy of Paul D. Miller
THAT SUBLIMINAL KID Filmaker Cecila Tripp takes us to New York where composer, writer, artist and DJ, Paul Miller, best known by his stage name DJ Spooky shared with her his own unique view on art, music and politics. CecilIa met Paul During her residency at Brooklyn College this spring. He was himself in residency at the Metropolitan Museum of New York. They had previously worked together in 2004 on her re-enactment film “The Making Of Americans”, at the same time Paul D. Miller was creating his Remix of “Birth of a Nation” by D.W. Griffith. 104
CT: You are the first African-American artist to be invited for a residency at the MET. How do you see this in regards to the legacy of the Civil Rights Movement up to now, considering that your father has been one of the lawyers of Angela Davis? We see in this day and age, how the civil disobedience movement is out in the streets with a young generation of activists reclaiming change, asking for action towards various issues, including global warming, which is the theme of your new piece “Of Water and Ice ” ? PDM: I always think that some of the most progressive things happen in some of the most unexpected ways. Look at the history of Civil Rights - President Lyndon Johnson was able to pass Civil Rights over the resistance from The South, and see what that did! The South of the US and Apartheid Era South Africa are not much different - the prison industrial complex, the callous sense of numbness on the part of the population... This hasn't changed much. My art represents a permutation on these themes. The Metropolitan Museum is one of the most important establishment museums going.
Sreen shot
Water and ice are reflections of one another
1932-2013 ?
in every way. I love the idea of comparing the
PDM: Melvin Van Peebles is an old friend,
idea of music to water, nothing stays the same
and he has been very supportive of my work.
- all is flow.
I wanted to show some of the continuity
between some of the older artists involved
CT: You have been invited by the Venice
with progressive African American culture
Biennale this year. What is the project you
and contemporary digital media - Melvin
will present and which pavilion will you be
edited his films, acted in them, and wrote
representing ?
the music scores. So I did a dialog with him
about total media, and how art responds to
PDM: The idea for my Maldives Project is to
these changing contexts of what it means to
look at all aspects of the way the islands are
be "authentic" in an era where identity is in so
being erased by the rising currents of the
much flux.
ocean. Basically I look at the process of how data can be turned into music compositions.
CT: There is this other conference on
It’s a string quartet work that I'm running
soundscapes and territories…
through my iPad software and will have
I was thinking of your latest work in regards
the whole thing presented at Venice as an
to this, because in recent years you have
"acoustic portrait".
worked a lot with archival sound material as a sort of history mixer and now you have
CT: We also would love to hear about your
moved on to score different landscapes and
Romare Bearden project, you presented
territories like in your “Ice” project…
this for Performa last month at GET READY
AI Weiwei with Paul D. MILLER and his Magazine Origin he coedites with Yoko Ono
105
FOR THE MARVELOUS: BLACK SURREALISM
PDM: Composers like Debussy and Varese
IN DAKAR, FORT-DE-FRANCE, HAVANA,
are my big heroes for this kind of thing, but
JOHANNESBURG,
my favorite composer is probably Iannis
NEW YORK CITY, PARIS, PORT-AU-PRINCE,
Xenakis. When you look at how composers
Dj’s Spooky concert at the MET Museum
soundscapes inspired Afrofuturism as a
like John Cage and Steve Reich have handled landscape, there's a deep connection to "chance operations" but with Steve Reich, there's more of a deep relationship: he wrote the introduction to my last book. I think we have to look at science with more than open eyes - we need to feel the evidence of global warming. That is the tragedy of global warming and storms like Sandy - they affect everyone, but the poor and people of color are even more affected because of the way
"The world is changing more quickly than any scientist anticipated, but artists always knew..." CT: You’ve said that “Music is the Mirror we hold up to society”, tell me a little more about that.
class and social justice have been distorted
PDM: I'm a big fan Frantz Fanon, Samuel
by our post-colonial system. Right now, there
Delaney, William Gibson, Neal Stevenson,
are more slaves than at the peak of the African
Bruce Sterling, Pat Cadigan, Octavia Butler...
slave trade. It’s a tragedy that global warming
The mirror is always changing. Society is the
and human trafficking don't get the attention
static image of our poetry written in coded
they should. Art has such an important role
language. You just have to learn the cipher and
to play in reframing the way we think about
make it all evolve.
nature. The world is changing more quickly
than any scientist anticipated, but artists
CT: How do you see your work in relation
always knew...
to Sun Ra, whose triggering music and
106
utopia to build a new era that he predicted would lead to the liberation of the mind; a borderless place beyond identities to revise the past from the future ?
PDM: My work is a direct response to what’s going on in tech, science fiction, contemporary art, philosophy, and literature. It’s all about reflecting some of the ways we could and should have been, and the loss of so many great teachers like Sun Ra or Jimi Hendrix means that we need to sometimes just look to ourselves as the solution. I have never said I shape or mold the future or past, I simply believe that there’s a dialectical process at work with the way electronic music relates to our sense of pattern recognition. Quantum physicists like Brian Greene, firmly believe in the existence of infinite parallel universes. So do I. When you
look at African American science fiction writers like Samuel Delaney, Octavia Butler, or even George Schuyler (who people tend to forget became really conservative late in life) always tended to have a kind of “biological surrealism” at work mixing race metaphors with science etc. I tend to wander through the corridors of history with an irreverent attitude and just say “fuck it, its all a mix.” People tend to get too caught up on the specifics of anything. That’s boring. Life should be wild and filled with beauty, and the unexpected destruction of received wisdom. That’s the only way things change. And that’s what I think Afrofuturism is about.
means to be “black.” So many people accept limitations on “blackness” - I do not. CT: Thank you Paul that’s a beautiful way to leave this conversation to be continued.
Here are some links to Paul D. Miller’s work http://www.djspooky.com/antarctica His recent work « Ghostworld » will be presented at the Maldives Pavillon at the Venice Biennal 2013 http://www.djspooky.com/articles/ venice_2007.php
CT: What you think of the Afrofuturism Mouvement ?
PDM: It exists as a virtual space in a culture rapidly evolving towards full digital immersion. Africa was already there. The rest of the world is catching up. This is retro-future. CT: Do you consider yourself being a part of it ?
PDM: All is abstraction. CT: If you send a sound piece in space which one would you send ?
PDM:Frequency of the ocean currents of the South Pacific, mixed with the electromagnetic patterns of the Earth’s magnetosphere. Or DNA sequence of human genetic code, but made into sound. CT: Have you been influenced by Afrofuturism in your artistic production ?
PDM:Yes, from the viewpoint of infinite potential in Black Culture, and the denial of all limits towards what it
107
Below : Paul D. Miller ‘s book cover
AFRIKADAA’S LIBRARY monde », accompagnée du militarisme, du
L’Afrofuturisme est un courant qui couvre
patriotisme, du mépris de la femme, et de
à la fois la culture pop underground et
l’éloge de la vitesse.
de masse. Avec un double objectif qui
L’histoire se déroule en Afrique du Nord,
est de divertir et d’éclairer les esprits, les
et parle de Mafarka el-Bar, anti-héro par
Afrofuturistes s’efforcent de briser toutes les
excellence, roi de Tell el-Kibir qui aime la
barrières raciales, ethniques, et sociales qui
guerre, méprise les femmes et se tourne
empêcheraient les individus d’être libres.
vers le soleil lorsqu’il a besoin de conseil.
Ce livre présente aux lecteurs les artistes qui
Afin d’assurer sa postérité, il décide de
ont pris part à l’essor de l’Afrofuturisme.
construire un fils : un oiseau mécanique,
Les sujets abordés vont de la littérature de
gigantesque et invincible, se passant de
science-fiction de Samuel Delany, Octavia
l’intervention d’une femme. D’un baiser qui
Butler, et NK Jemisin, en passant par les
lui causera la mort, Mafarka insufflera son
univers musicaux de Sun Ra, George Clinton,
âme à cette créature pour qu’elle défie le
et le Will.I.Am des Black Eyed Peas, et les
“MAFARKA LE FUTURISTE, ROMAN
soleil.
arts visuels et multimédias de différents
AFRICAIN” DE FILIPPO TOMMASO
Dans ce roman, Marinetti nous peint une
artistes inspirés par les mythes africains
MARINETTI, PUBLIÉ EN 1910 CHEZ SANSOT.
vision cauchemardesque d’une planète
Dogon et des divinités égyptiennes.
plongée dans l’obscurité une fois que
Cet ouvrage comprend des entretiens
Filippo Tommaso Marinetti est un écrivain
Gazourmah, l’oiseau mécanique, a remplacé
avec des rappeurs, des compositeurs, des
italien, né le 22 décembre 1876 à Alexandrie,
le soleil.
musiciens, des chanteurs, des auteurs, des
Égypte, et mort le 2 décembre 1944 à
illustrateurs, des peintres, des comiques,
Bellagio.
des DJs, ainsi que des professeurs de
Profasciste, et ami proche de Mussolini, il
l’Afrofuturisme, donnant ainsi, un aperçu de
est surtout reconnu comme étant l'initiateur
première main de ce mouvement fascinant.
du mouvement littéraire du Futurisme. Ainsi, c'est en janvier 1909 qu'il publie en
Ytasha L. Womack est journaliste, auteur,
Italie son célèbre "Manifeste du Futurisme",
réalisatrice et chorégraphe primée. Elle
véritable acte précurseur de cette culture
est l’auteur de la nouvelle afro futuriste
des avant-gardes qui marquera le XXe siècle.
« 2212:Book of Rayla », première de la série
En énumérant onze objectifs, il y proclame
révolutionnaire de Rayla 2212.
l'avènement d'une nouvelle esthétique de la
Ses autres livres comprennent le livre
vitesse et de la modernité industrielle.
acclamé par la critique Post Black : « How a New Generation is Redefining African
Mafarka le futuriste, son premier roman, qui
American Identity ».
reste à ce jour le plus connu, met en scène une sorte de surhomme mécanique et ailé, qui s'envole vers le soleil. Ce roman illustre de façon romanesque les onze « commandements » de son « Manifeste du Futurisme ». Parmi
“AFROFUTURISM: THE WORLD OF BLACK
ces principes, nous pouvons citer : la
SCI-FI AND FANTASY CULTURE”, D’YTASHA
glorification de la guerre, « seule hygiène au
L. WOMACK, PUBLIÉ
108
AFRIKADAA’S LIBRARY
JAZZ ET VIN DE PALME, DE EMMANUEL B. DONGALA, ÉD. LE SERPENT À PLUMES, COLL.
Emmanuel Dongala a dix-sept ans en 1958, quand le Congo devient une république indépendante. Dans huit longues nouvelles au rythme balancé et à l’humour corrosif, il fait revivre la Révolution rouge de Brazzaville, qu’il considère avec un profond pessimisme, et promène son blues dans les boîtes de jazz de New York, où il se repaît des sonorités inspirées de John Coltrane. Sous la naïveté burlesque des sujets, tels ces extraterrestres prenant possession de la planète et qui ne peuvent être détruits que par le vin de palme et la musique de Sun Ra, cet ouvrage nous livre quelques-unes des plus belles pages sur la défaite du rêve des jeunes États africains, évoquée comme en écho par la tragédie d’un saxophoniste de génie en quête de l’absolu.
109
AFRIQUE
FRANCE & EUROPE
Ce parcours sera complété par des propositions d’acteurs du milieu artistique de Johannesburg.
. « Ondes de Perturbation » -
Ont ainsi été invitées Bettina
NESTOR DA
Malcomness, commissaire
12 Avril au 1er Juin 2013
indépendante, et Dorothee
Galerie Cécile Fakhoury - Abidjan,
Kreuzfeldt, artiste, qui proposent
www.cecilefakhoury.com
un accrochage en écho à leur ouvrage NOT UTOPIA (à paraître en avril 2013) – une vision très
BILI BIDJOCKA
personnelle de leur ville. Cette manifestation s’inscrit dans
De nombreux artistes, depuis plus
le cadre de la saison sud-africaine
de deux mille ans, ont été inspirés
en France, en partenariat avec
par la Cène, le denier repas du
l’Institut Français et le National
Christ pendant lequel le fils de
Council for the Arts of South
Dieu livre son testament. Ils sont treize à table, comme dans
MY JOBURG
une pièce de théâtre parfaitement réglée. Ce que nous propose
L’exposition My Joburg présentera
l’artiste camerounais avec son «…Do
un panorama de la scène artistique
Not Take It, Do Not Eat It, This Is
de Johannesburg, en mettant plus
Not My Body…» est en quelque sorte
particulièrement l’accent sur une
une anti-Cène. Une proposition
jeune génération d’artistes, encore
profane dans laquelle Dieu, dans sa
largement méconnue en France
conception judéo-chrétienne, est
tels que Kudzanai Chiurai, Zanele
absent. L’événement, il vaut mieux
Muholi, Mary Sibande, ou Mikhael
employer ce terme plutôt que celui
Subotsky, ainsi que la jeune
d’»exposition» qui ne correspond
génération de photographes formée
pas tout à fait au propos, se
par le Market Photo Workshop,
déroule en deux volets.
fameuse école de photographie fondée en 1986, à laquelle une
« Bili Bidjocka »
section de l’exposition a été
Juin-Septembre 2013
confiée.
Fondation Charles Donwahi pour
Aujourd’hui Johannesburg occupe
l’art contemporain
une place essentielle pour l’art
06 BP 228 Abidjan 06
contemporain africain.
Boulevard Latrille, face Eglise
L’exposition rendra compte de la
Saint Jacques
diversité et de la richesse de sa
Abidjan II Plateaux
création artistique en dévoilant
Tel: +225 22 41 45 49
les récentes créations de plus
http://fondationdonwahi.org/
de 40 artistes couvrant les trois dernières générations Joburgeoises.
110
Africa.
« My Joburg » 20 juin - 22 septembre 2013 Vernissage presse mercredi 19 juin de 9h30 à 11h Vernissage mercredi 19 juin de 18h à 21h
La maison rouge Fondation Antoine de Galbert 10 bd de la bastille – 75012 Paris www.lamaisonrouge.org - info@ lamaisonrouge.org t : +33 (0)1 40 01 08 81
DIGITALE AFRIQUE
A travers une exposition, une publication, des ateliers et des débats, Digitale Afrique croise les regards sur les relations tissées
entre l’Afrique et le numérique.
contact@planetemergences.org
des résidences, des expositions
Quel est le rapport entre une
http://www.mp2013.fr/
sous forme de deux expositions qui
guerre régionale au Congo, la
retracent les 5 premières années
vieille histoire du pillage des
et les 5 suivantes.
ressources africaines et nos
Sur le plan de la scénographie,
nouveaux jouets technologiques :
chaque exposition, 20 au total,
téléphones portables, ordinateurs,
sera évoquée sous forme de
Playstation... ?
salon invitant les spectateurs
Comment les artistes africains
à revivre fragmentairement les
s’emparent-ils des outils
rencontres avec les œuvres. Une
numériques pour repenser l’idée
fresque composée de textes et
de frontière, la poésie des flux
d›images complétera le cheminement
électriques, la pensée soufie ou
historique et ludique.
le bruit de fond des villes du
Cette rétrospective en deux temps
Nigéria ? Digitale Afrique nous
est l›occasion de revoir certaines
invite à penser les relations de
œuvres, de mesurer le parcours
l’Afrique à l’innovation et, par
de ce geste culturel exemplaire
un effet retour, à questionner
qui est devenu une référence dans
notre relation consumériste aux
le domaine culturel et un lieu
nouvelles technologies.De Dakar à
LA FONDATION S’EXPOSE
Johannesburg, en passant par Tunis,
artistique incontournable du Pays d›Apt.
Lubumbashi et Lagos, l’exposition
Lorsque la fondation est née
invite à découvrir ce paysage en
en 2003, la scène contemporaine
« 10 ans, la fondation s’expose ! »
pleine effervescence illustré par
africaine frémissait et l’on
15 mars – 16 juin 2013
les détournements électroniques,
pouvait notamment découvrir en
La Fondation Bachère
les installations sonores ou vidéo
France
384, avenue des argiles
d’Ammar Bourras, Dineo Bopape
de la politique du ministère
Zone Industrielle des bourguignons
Jean Katambayi Mukendi, Marcus
des affaires étrangères avec
84400 Apt
Neustetter & Stephen Hobbs, Emeka
l’exposition de la Biennale de
France
Ogboh et Haythem Zakaria.
Dakar à Lille!
Tél: 00 33 (0)4 32 52 06 15
Ce projet sera présenté dans
10 années plus tard, la fondation
Fax: 00 33 (0)4 32 52 94 88
le cadre de la manifestation
est un acteur culturel clé en
http://www.fondation-blachere.org
Marseille-Provence 2013, Capitale
France, en Europe. Cette initiative
européenne de la culture.
est à l’honneur de son fondateur
à cette époque le fruit
qui a su mettre à disposition les Digitale Afrique /«Marseille-
moyens et un outil adéquat pour la
Provence 2013»
mise en valeur des artistes et des
Du 14 mai au 5 juillet
œuvres.
Bastide Saint-Joseph
À l’occasion de ces 10 années
72, Rue Paul Coxe
d’exercice, la fondation Bachère
13014 Marseille
souhaite mettre en scène les
T : 04 91 60 58 14
mémoires des actions, des ateliers,
111
SENTIMENTAL: JOËL ANDRIANOMEARISOA
AGENDA « SENTIMENTAL » est une exploration
Une grande fierté pour son
une résidence de production
sensorielle, en interaction avec
directeur-fondateur, Brian Elliott
durant deux mois. Le travail de
chacun, une expérimentation.
ROWE, américain d’origine, qui est
cette jeune
Un laboratoire en constante
heureux de présenter une dizaine
du prix pour les arts visuels
évolution avec des éléments en
d’œuvres de cet artiste poly-
de la Standard Art Bank permet
mouvance et des rendez-vous.
identitaire, mondialement connu.
de découvrir un aspect de la
Un monde, propre à l’artiste,
Peskine affirme la diversité de
scène artistique sud-africaine
empreint d’une dualité où douceur
ses origines et la revendication
d’aujourd’hui.
et caresse se confrontent parfois
de chacune d’entre elles à travers
Première de sa famille à avoir
avec froideur et fragilité.
son expression artistique. Et il
fait des études alors que sa
Il est question de sentiment, de
enfonce le clou de sa philosophie
mère et sa grand-mère étaient
désir et de corps même !
comme les clous de son acu-
employées de maison, Mary Sibande
peinture. Chaque œuvre est un
évoque les notions d’identité et
manifeste, un appel à une autre
de progrès social à travers le
« Sentimental
société où le noir et le blanc
personnage de Sophie, son « clone
Joël Andrianomearisoa »
seraient terres de contrastes et
» sculpté et habillé en employée
1er mai - 31 déc 2013
faces d’une même humanité.
de maison, les yeux fermés, rêvant
Maison Revue Noire
artiste, lauréate
à un autre possible. Elle réalise
8 rue Cels, 75014 paris
« Tellement au-dessus de la
également des photographies de
http://www.revuenoire.com/
France »
ses performances où elle revêt les
21 mai – 21 juin 2013
costumes de ses rêves les plus
Galerie BE-ESPACE
extravagants.
57, rue Amelot Paris 11ème
« Mary Sibande Residence » - @
T : 01.42.71.09.03
MACVAL
www.galerie-be-espace.com
Mai 2013 – Octobre 2013
be@conceptmania.com
Musée d’Art Contemporain du Val de Marne Place de la Libération 94404 Vitry-sur-Seine cedex http://www.macval.fr
TELLEMENT AU-DESSUS DE LA FRANCE
Alexis PESKINE expose, enfin, de
MARY SIBANDE RESIDENCE
nouveau à Paris. Il prend, cette fois, la Bastille et s’arrête à la
Dans le cadre des saisons croisées
Galerie BE-ESPACE, du 21 mai au 21
France/Afrique du Sud, le MAC/
juin 2013.
VAL invite Mary Sibande pour
112
AU-DELÀ DE LA PENSÉE RATIONNELLE
L’Agence a le plaisir de présenter
66 Evelyn Street
www.tiwani.co.uk
deux expositions simultanées
London
info@tiwani.co.uk
« Au-delà de la pensée rationnelle»,
SE8 5DD
mettant en vedette Shahidul
T : +44208 692 0734
Alam (Bangladesh), Andrew Esiebo
info@theagencygallery.co.uk
(Nigeria), Julio Etchart (Uruguay), Karl Ohiri (Nigeria / UK), Rike Kassinen (Finland/ Royaume-Uni) co-organisée par Marie George et Bea de Sousa et une installation vidéo « The Amateurs » par l’artiste américain Maria Antelman «Au-delà de la pensée rationnelle»
DAVID MZUGUNO & SONS
réunit quatre artistes mondiaux dont les œuvres retracent des
Une sélection de quelques-unes des
situations émotivement chargées
dernières peintures de l’artiste
dans un contexte spirituel et
David Mzuguno. Présentant les
politique. Esiebo et Alam nous
œuvres de deux de ses fils: Kipara
présentent des rassemblements de
et Rashidi Mzuguno.
masse organisés dans des contextes
DROWING WORLD
religieux et politiques. Esiebo
Environ six semaines avant le décès de David Mzuguno, il a dit au Daily
traite sur le Mouvement de l݃glise
La galerie Tiwani est heureuse
Monitor, le journal ougandais:
pentecôtiste en Afrique, et Alam
de présenter « Drowing World »,
«J’ai aussi enseigné à trois de mes
décrit une militante engagée
une exposition du photographe
enfants à peindre et je l›espère,
des droits de l›homme, lors des
sud-africain Gideon Mendel,
ils vont continuer cette activité
soulèvements au Bangladesh menant à
organisée par l’historien de l’art,
quand j›ai quitterai ce monde»
la démocratie et luttes politiques
critique et commissaire Christine
Lorsqu’ ils ont eu leur première
qui en résulteront. Cette
Eyene. « Drowing World », est
grande exposition à l›Ecole
exposition est complétée par les
une représentation poignante du
Internationale de l›Ouganda en
observations de Julio Etchart sur
changement climatique, à travers
2011, les réservations pour
l’accaparement des terres par les
des portraits et des vidéos de
l’exposition étaient closes au
paysans en Équateur et la fin du
victimes des inondations dans le
bout de trente minutes après
régime militaire au Brésil, et le
silence de lieux autrefois vivants.
l›ouverture.
unique de l’artiste Karl Ohiri
« Drowing World » Gideon Mendel
« David Mzuguno & Sons »
dans «Medicine Man» (avec Rike
07 juin – 27 juillet 2013 /
15 mai – 30 juin
Kassinen).
Vernissage le 06 juin 2013 (18.30 à
Galerie Lumières d’Afrique
20.30) en présence de l’artiste et
200 Chaussée de Wavre,
« Au-delà de la pensée
du commissaire de l’exposition.
1050 Bruxelles
rationnelle »
Tiwani Contemporary
T +32 (0) 484 95 26 94
14 May - 13 June 2013
16 Little Portland Street
http://www.lumieresdafrique.eu/
The Agency
London W1W 8BP
très contrasté portrait spirituel
113
AGENDA «au moment où il travaillait pour
WORD! Issa Samb et le formulaire
le magazine Life), en plus d’être
indéchiffrable, la première
photographe, Parks était aussi un
exposition personnelle en Europe
réalisateur, scénariste, musicien,
de l’artiste sénégalais Issa
poète.
Samb. L’exposition rassemble une
Tout au long de sa carrière,
sélection d’œuvres emblématiques
Gordon Parks a tenté de raconter
réalisés par Samb au cours des 25
de nombreuses histoires, en
dernières années, y compris les
les illustrant avec des images
peintures, dessins, sculptures,
exemplaires. Les histoires de
assemblages et installations,
groupes qui luttent pour leur
ainsi que des objets, œuvres d’art
survie, de petites communautés
réalisées par des tiers et des
isolées du monde, les marginaux
matériaux divers qu’il a amassé
GORDON PARKS : UNE HISTOIRE
ou ceux déjà sous les feux des
dans son atelier de la rue de Dakar
AMÉRICAINE
projecteurs qui ont besoin,
Jules Ferry.
cependant, dݐtre mieux compris.
Il s’agit d’un ensemble de travaux
Gordon Parks est un narrateur
qui, malgré son caractère avant-
unique en Amérique, capable avec sa
« Gordon Parks : Une histoire
gardiste, est solidement ancrée
caméra et sa capacité à comprendre
américaine »
dans les traditions africaines
et à creuser profondément dans les
25 avril – 23 juin 2013
de la multiplicité artistique et
recoins de la société, de révéler
FORMA GALLERIA
la simultanéité des formes et
les injustices et les abus de
Piazza Tito Lucrezio Caro 1
des actions, où la parole et des
pouvoir, de mettre en lumière les
20136 Milano
actions performatives sont très
histoires de ceux qui n’ont pas de
Tel 02.89075420
appréciées.
voix.
Fax 02.89075418
L’exposition est organisée en
C’est l’un des photographes les
www.formagalleria.com
collaboration avec Raw Material
plus importants du XXe siècle,
formagalleria@formafoto.it
Company à Dakar, où il se rendra
des années 1940 jusqu’à sa mort
à la fin de 2013. Une publication
en 2006, Parcs a montré au monde,
monographique sur le travail d’Issa
notamment à travers les pages du
Samb sera publiée en même temps
magazine Life, la difficulté d’être
que l’ouverture à Dakar.
noir dans un monde de blancs,
Ce projet d’exposition fait suite
de la ségrégation, pauvreté, les
à la participation de la Samb au
préjugés. Mais aussi quelques-
Programme international du studio
uns des grands protagonistes du
de l’OCA en 2012, et à une série
XXe siècle, le monde de la mode
de conférences qui sont consacrés
et même les grandes figures d’un
WORD! WORD? WORD!
au mouvement de la négritude et de
monde qui était radicalement en
Issa Samb and the Undecipherable
son influence sur l›art, la culture
train de changer, notamment Malcolm
Form
et la politique en Afrique.
King. Très éclectique (il était
Le Bureau pour l’art contemporain
“WORD! WORD? WORD! - Issa Samb and
déjà dénommé « Renaissance Man
de Norvège présente WORD! WORD?
the Undecipherable Form”
X, Muhammad Ali et Martin Luther
114
04 mai – 23 juin 2013
religion et écrivain a inventé
Office for Contemporary Art Norway
son alphabet personnel. Il est
(OCA)
considéré comme un chasseur de
Nedre Gate 7
signes : les signes de la nature
0551 Oslo, Norway
sur des êtres humains, des traces
www.oca.no
de l’homme sur la nature. D’un
info@oca.no
petit dessin à l’autre avec un style direct et essentiel, il réinterprète le monde et transcrit par ses œuvres une vision déconnectée de ce monde.
“WALL SPEECH”: SHUCK ONE
Tamsir Dia est également un
LA BIENNALE DE VENISE
explorateur des signes. La tonalité
Après l’exposition en duo avec
générale ocre de ses tableaux
Fury en décembre 2012, Shuck
expose l’atmosphère mêlant l’aspect
One revient pour une exposition
latéritique routes et paysages de
personnelle. Une série d’oeuvres
la zone subsaharienne.
exceptionnelles et jamais
Jems Koko Bi est une figure
présentées à découvrir dans le
montante dans l’art contemporain
magnifique espace du 24Beaubourg.
en Côte d’Ivoire. Il est à l’aise Le gouvernement ivoirien, à
avec les formes figuratives,
“WALL SPEECH”
travers le ministère de la Culture,
ainsi qu’avec les constructions
06 juin – 13 juillet 2013
participe à la 55 ième exposition
abstraites et conceptuelles. Les
Vernissage le 06 juin
internationale d’Art – la Biennale
œuvres qu’il présente traitent à la
Galerie Estace
de Venise. Il s’agit d’une première
fois de la lutte pour le pouvoir,
participation individuelle non
et des « cerveaux ».
seulement pour la Côte d’Ivoire,
Franck Fanny, à travers ses
à l’Espace 24BEAUBOURG 24 rue Beaubourg
mais également pour les nations
photographies, capte subtilement
75003 Paris - France
africaines occidentales dont le
la crudité et le réalisme de
tél/ 00 33 (0) 6 61 19 89 17
Nigeria. Le pavillon ivoirien à
différentes scènes de vie.
http://www.estace.fr
Venise se donne à la fois pour
contact@estace.fr
but de promouvoir le talent et le
La Biennale de Venise – « Des
génie des artistes africains, et
Traces et des signes » - Pavillon
également de démontrer l’intérêt
Côte d’Ivoire
grandissant de ces pays pour les
01 juin 2013 – 24 novembre 2013
domaines de la créativité et des
Spiazzi, Arsenale,
valeurs culturelles.
Castello 3865
Intitulé « des Traces et des
30122 Venice
signes », le pavillon de la Côte
http://www.labiennale.org
d’Ivoire présentera les œuvres de quatre artistes. Frédéric Bruly Bouabré, fondateur de sa propre
115
œuvres récentes. Ses travaux
pas de nom », une exposition de
seront repris dans le cadre du
dessins à l’encre de stylo sur
colloque « Afrofuturism’s Others ».
le papier, dessins de marqueurs
A travers l’oeuvre de Gallagher,
métalliques, encre sur tableau
les orateurs vont explorer
noir et de nouvelles lithographies
et décortiquer l’influence de
de Toyin Odutola.
l’Afrofuturisme sur les pratiques
Cet éventail d’œuvres représente la
des artistes contemporains, la
pratique d’Odutola qui est fondée
création d’une compréhension
sur une demande obsessionnelle
complexe du genre et de ses
fine et minutieuse de la ligne
évolutions.
qui est devenu le langage visuel spécifique à travers lequel
Colloque Afrofuturism’s Others
elle explore la forme humaine
15/06/2013
comme un paysage. Mon pays n’a pas de nom est une exploration
“AFROFUTURISM’S OTHERS”
Tate Modern
de l’identité enracinée dans la
Bankside
friction créée par nationalités
London SE1 9TG
trait d’union et une étude sur ce
Ellen Gallagher entremêle des
United Kingdom
qui vient d’un rapprochement des
images empruntées des thématiques
T: +44 (0)20 7887 8888
maisons de la culture apparemment
du mythe, de la nature, de l’art
http://www.tate.org.uk/
éloignés et divergents pour former
et de l’histoire sociale afin de
visiting.britain&modern@tate.org.uk
une nouvelle réalité multicouche.
créer des œuvres complexes, dans une grande variété de supports, tels que la peinture, le dessin, le
USA
« Mon pays n’a pas de nom - Toyin Odutola
relief, le collage, la sculpture, le
16 May - 29 Juin, 2013
cinéma et l’animation. Son travail
Jack Shainman Gallery
déconstruit les vérités reçues et
513 West 20th Street,
tisse des récits propositionnels,
New York, NY 10011
habitant des espaces où l’avenir
Tél. +1 212 645 1701
s’effondre dans le passé,
info@jackshainman.com
l’obsolescence dans la technologie
http://www.jackshainman.com/home.
et de l’image en texte. Ce sont des
html
espaces sculptés par l’esthétique culturelle de l’Afrofuturism. Ainsi, l’exposition que l’on pouvait voir à la Tate jusqu’au 1 juin, explore les thèmes
MON PAYS N’A PAS DE NOM -
récurrents qui ont marqué sa
TOYIN ODUTOLA
carrière, de ses premières toiles séminales jusqu’aux installations
La galerie Jack Shainman est
cinématographiques et autres
heureux d’annoncer « Mon pays n’a
116
Elle a également créé des œuvres sonores innovants qui recomposent des enregistrements historiques de compositeurs noirs et les artistes à travers des micro-prélèvements. Higher Resonance est une installation immersive qui reflète l’extension de la pratique de Jones pour inclure l’acoustique et l’architecture. Sa série de tableaux Acoustic Paintings, font à la fois référence à la notation musicale et à l’art minimaliste. La composante sonore du projet “DIRECTIONS: JENNIE C. JONES:
explorera les connotations
HIGHER RESONANCE”
culturelles innombrables de la transcendance de l›abstraction à
Musique, histoire de l’art et
travers des échantillons de musique
de la culture afro-américaine
d’avant-garde afro-américaine des
se mêlent dans l’art de Jennie
années 1970 à nos jours, y compris
“AYÉ A. ATON - SPACE-TIME
C. Jones qui vit et travaille à
le travail des compositeurs et des
CONTINUUM”
Brooklyn. Elle crée audio collages,
interprètes tels que Olly Wilson,
peintures, sculptures et œuvres
Alvin Singleton, Wendell Logan, the
À la fin des années 60 et au début
sur papier qui explorent les
Art Ensemble of Chicago, Rahsaan
des années 70, Ayé A. Aton (né en
moments formels et conceptuels
Roland Kirk, et Alice Coltrane.
1940) peint des fresques murales
entre abstraction moderniste
dans des maisons de Chicago et
et la musique d’avant-garde
du Kentucky, sa ville natale. Il
noire, en particulier le jazz.
“Directions: Jennie C. Jones:
est disciple et collaborateur du
Re-cibler ce qu’elle appelle «le
Higher Resonance”
compositeur, poète, et pionner
résidu physique de la musique» :
16 mai – 27 octobre 2013
de l’Afrofuturisme, Sun Ra. Aton
les appareils et les emballages
Hirshhorn Museum and Sculpture
créé des fresques combinant
que la structure d’écoute, tels
Garden
les références et l’imagerie de
que casque, cassettes audio et
National Mall (at the corner of 7th
l’Egypte antique, le christianisme
cassettes Jennie Jones a produit
Street and Independence Avenue SW)
et l’espace.
des sculptures « readymade »
Washington, DC 20013-7012
Cette collection, organisée par
qui reflètent le passage de
http://www.hirshhorn.si.edu/
Thomas J. Lax, de plus de 200
l’analogique au numérique tout en
collection/home/#collection=home
diapositives de peintures murales,
mettant en évidence un vocabulaire
de documents mêlant images et son,
abstrait qui relie ces objets
offrent un aperçu intime de la
fonctionnels à l›art moderne
vie domestique d’une communauté
allant du constructivisme russe au
afro-américaine à l’aube d’une
minimalisme.
transformation culturelle.
117
AGENDA imposante fabriquée à partir de chaises, “Ayé A. Aton - Space-Time
sacs en plastique, ruban, cassette et plumes
Continuum”
reflétant la «tonnelle du silence» - une zone
28 mars – 30 juin 2013
entourée d’arbres où les esclaves afro-
The Studio Museum in Harlem
américains se réunissaient pour pleurer
144 West 125th Street
leurs morts.
New York, New York 10027
WANGECHI MUTU 23/05 – 14/08/2013
OCEANIE
MCA 140 George Street The Rocks Sydney NSW 2000 http://www.mca.com.au
WANGECHI MUTU
Wangechi Mutu est une artiste née au Kenya et actuellement basée à Brooklyn. Dans cette importante exposition au Musée d’art contemporain de l’Australie à Sydney, on retrouve différents supports et techniques : le collage, le dessin, la sculpture, et la vidéo. Parcourir cette exposition, c’est se laisser entraîner dans des méditations sur la beauté, le consumérisme, le colonialisme, la question des races et du sexe. Elle combine parfaitement des éléments et des fragments d’image tirés à partir d’une variété de médias, y compris les magazines de mode, et les revues ethnographiques, ainsi que des représentations du corps féminin dans la pornographie. Une des œuvres phares, l’inquiétant « Black Thrones» (2011-12) est une construction
118
AFRIKADAA’S PLAYLIST
.Z+,8.%..$/5.1$.Z+(VZ!*!+,)-
Chuck “Kool Koor” Hargrove Work s and lives in Bruxelles.
This play-list shows the diversity of Afro-futurism and
His career star ted as early as the 70s, transiting from Subway
other Cosmology and Spirited music. It shows that this
graf f iti to canvases, galleries and museums. He is a a pillar
movement is still alive and it follows its own path. The
of the Ikonoklast Panzerism and Gothic Futurism a concept
genre as taken dif ferent form since. From Electro- Funk
based on the graf f iti lettering st ylus, he helped put together
to Chicago House or Detroit tech and Hip hop, many
with Rammellzee ( R.I.P). With crew member A- One and Toxic,
have recognized in this concept an artistic expression
they have greatly inf luenced the graf f iti ar t scene f ighting
that goes beyond music and they’re perpetuating the
for its acceptance in galleries. He as work with Jean Michel
legacy of Sun Ra, Parliament or Bambaataa, taking it
Basquiat.
further to the next level… clic on the song title to listen to the track Sun Ra - What planet is this? KRS One - The Godess Set / Strickly for da Emcees Kool Keith - The return of Dr Octagon The Rammellzee- Bi Conicals Of The Rammellzee RZA - Bobby Dgital Glenn Underground - May Datroit janelle Monae - Cold War Hashim - We rocking the Planet Doug Carn - Spirit of the New Land GZA feat. Killer Priest - B.I.B.L.E (Basic instruction before leaving ear th) Larr y Heard - 25 years before Alpha Aux 88 - Phantom Power Mad Mike - Hi Tech Dreams
119
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