AFRIKADAA #5 AFROFUTURISM

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AFRO DESIGN & CONTEMPORARY ARTS

JUIN / JUILLET / AOUT

N° 5

AFRO FUTUR —ISM 1


Couverture: From the “C-stunner’s”, 2011 Cyrus Kabiru Crédit photo: Shiramwangi Merci à tous ceux qui ont contribué à ce numero: Jay One Ramier, Julie Crenn, Anna Djigo, Cecilia Tripp, Cyrus Kabiru, Anne Gregory, Kapwani Kiwanga,Julie Crenn, Emily Goedde, Edem Allado, Yinka Shonibare, Jean-Ulrick Désert, Mohamed Bourouissa, Jean Pierre Bekolo Obama, Chassol, Janluk Stanislas, Mamadou Cissé, Holly Bass, Kool Koor, Ntone Edjabe, Paul D. Miller (DJ Spooky), Landry Mbassi, Paul Sika, Mukwae Wabei Siyolwe, Marion Louisgrand Sylla Direction de publication Carole Diop Pascale Obolo Rédactrice en Chef Pascale Obolo Direction de projet Louisa Babari Direction Artistique antistatiq™ Graphisme antistatiq™ Comité de rédaction Frieda Ekotto Kemi Bassene Olivia Anani Camille Moulonguet Michèle Magema Patrick de Lassagne Djenaba Kane Sonia Recasens Photographe Afrikadaa Jean-Michel Quionquion (makrovision.carbonmade.com) Tous droits de reproduction réservés. Contact: info@afrikadaa.com Juin 2013 www.afrikadaa.com www.facebook.com/Afrikadaapage www.twitter.com/afrikadaa

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EDITO : Le mouvement AFRO-FUTURISM est-il un mirage artistique adressé aux communautés noires pour fuir un espace corrompu qui les a enchaînés physiquement et mentalement sous forme d’Alien-nation vis-à-vis de la société occidentale ? Chercher d’autres planètes comme le musicien et artiste Sun Ra, fils de Saturne, qui voulait se désaliéner de son passé tout en y inscrivant son immortalité. Ce numéro restitue un éventail de médiums et d’artistes qui ont une vision novatrice des expériences afro diasporiques révolutionnaires et avant-gardistes d’un futur réel et imaginaire. Les articles témoignent de l’ère numérique, de fragments d’histoire, essais fictifs et mythes, sous une perception immersive en 6.0 des arts contemporains. L’Afro-Futurisme serait - il un mythe ou une métaphore avec laquelle nous irions à la rencontre de la légende de Sun Ra avec Frieda Ekotto, Anne Gregory et Kemi Bassene en passant par le Next narrative de Jean-Pierre Bekolo Obama et la plateforme Pananafricanspacestation de Ntoné Edjabe fondateur de la revue Chimurenga à Johannesburg.Nous tenterons ainsi d’explorer l’élargissement des( im)possibles grâce aux travaux d’ artistes rencontrés dans ce numéro. Essayons de penser l’Im-possible en interrogeant la notion d’Afro-futurisme ? Nous avons voulu à travers le temps et l’espace révéler une épopée surprenante où les éléments visuels et les récits liés à la science-fiction, aux voyages interstellaires, interplanétaires et à l’identité noire comme étant un « alien » traversant le mouvement des droits civiques, des luttes décisives contre l’esclavage et le colonialisme sur des milliers d’années pour nous conduire vers de nouveaux espaces spatiaux temporaires. Cherchant dans les différentes disciplines artistiques, l’histoire et les mythologies, nous voilà à la re- découverte d’un monde fantastique et futuriste dans lequel l’artiste fusionne avec la machine pour recréer un imaginaire singulier, en rupture avec tout effet de réalité. L’espace se substitue au ghetto, le voyage interstellaire au récit des origines. Le futur comme allégorie politique pour revisiter l’histoire de la diaspora africaine et redéfinir par la même occasion le devenir de l’espèce humaine. Dans ce numéro, interrogeons la notion de l’Im-possible, qui pour Sun Ra conduit à la déréalité de son être et à la mythification de la réalité pour rationaliser un futur fictif. «l’impossible m’attire car toutes les choses possibles ont été faites et le monde n’a pas changé.» Ces bouillonnements hétéroclites du passé à l’aune du futur ne peuvent manquer de trouver un écho dans la production artistique contemporaine. La thématique Afro-futuriste est une occasion de fouiller le passé, d’explorer le présent, et d’imaginer le futur grâce à la sélection d’artistes que nous avons choisis dans ce numéro spatialement cosmique.. Dans l’univers globalisé, AFRIKADAA réinvente son imaginaire et propose une relecture futuriste de l’art contemporain. Sun Ra, Alice Coltrane, Lee Scrach Perry, Rammelzee, Afrika Bambataa sont les artistes qui m’ont porté dans l’écriture de ce cet édito. The AFRO-FUTURISM movement is an artistic mirage addressed to black communities as an escape from a polluted world that physically and mentally enchains them in an alien-nation vis-à-vis western society. In his search for other planets, musician Sun Ra, son of Saturn, wanted to alienate himself from his past even as he wrote his own immortality. This edition displays a spectrum of genres and artists, all of which demonstrate innovative visions of African-diasporic experiences, a revolutionary vanguard of real and imaginary futures. We discover their work through articles in the digital age, fragments of history, which test fictional myths in an immersive 6.0 perception of contemporary art. Afro-Futurism is a myth or a metaphor wherein we discover the legend of Sun Ra with Frieda Ekotto, Anne Gregory, Kemi Bassene, via the next narrative with Jean-Pierre Bekolo Obama and the pananafricanspace station platform with Ntoné Edjabe, the founder of the South African magazine Chimurenga. Through the work of the artists interviewed in this issue, we propose to explore the expansion of the (Im)possible. Can we contemplate the impossible by questioning the very concept of Afro-futurism? By moving across time and space, our intent is to reveal an unexpected epic of visual elements and stories linked together by their affinity to science fiction, to interstellar and interplanetary journeys, and to black identity as “alien.” We travel through diverse and pivotal human and civil rights movements, as well as struggles against slavery and colonialism; we travel for thousands of years and traverses countless miles, ultimately leading us to new spaces and temporalities. Searching within different artistic disciplines, histories and mythologies, we have re-discovered a world of fantasia, of the future. Here artists merge with machines creating singular imaginaries without a trace of reality. Space replaces the ghetto; interstellar travel takes the place of stories of origins. The future becomes a political allegory through which to revisit the history of the African diaspora and redefine the future of the human species. In this issue, we interrogate for ourselves the concept of impossibility just as Sun Ra rejected the fantasy of his being as that of an American myth, which had been imagined by the oppressor-other: “The Impossible attracts me because everything possible has been done, and the world did not change.” All the disparate bubblings of the past in the future cannot fail to find an echo in contemporary artistic production. With the works of the artists we have chosen to travel with in this spatially cosmic issue, the theme of Afro-futurism can be an opportunity for us to dig into the past, to explore the present and imagine the future together. AFRIKADAA must reinvent its conceptualization of globalization in order to propose a new futuristic re-reading of contemporary art. Sun Ra, Alice Coltrane, Lee Perry Scrach, Rammelzee, Afrika Bambataa are the artists who inspired me to concoct this editorial. Pascale OBOLO

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AFRIKADAA AFROFUTUR—ISM ART TALK 06 08 10 14 18 20 22 28 32 34 40 42 44 48 52 58 62

AFROFUTURISM : UNE DÉCONSTRUCTION MÉTAPHYSIQUE, UNE ÉQUATION ORIGINELLE - PAR KEMI BASSENE WHO RA ? - BY ANNE GREGORY THE MYTH OF SUN RA : SPACE IS THE PLACE CRIES AFROTURISM - BY FRIEDA EKOTTO THE NEXT NARRATIVE - BY JEAN PIERRE BEKOLO OBAMA WHAT ACHEBE CONTINUES TO TEACH US - BY EMILY GOEDDE PEUT-ON PARLER D’UNE PRATIQUE FUTURISTE DE L’ART CONTEMPORAIN AU CAMEROUN? - PAR LANDRY MBASSI YINKA SHONIBARE : A(RT)LIEN - PAR JULIE CRENN DESTINS NOIRS – DYNASTIES BLANCHES - PAR PATRICK DE LASSAGNE CHASSOL, DANS CETTE VIE ANTÉRIEURE - PAR CAMILLE MOULONGUET UTOPIE... ANONYME - PAR LOUISA BABARI REMIX AFRICANA: COMPUTATIONAL CODE IN THE GENERATION OF “ART” - BY MUKWAE WABEI SIYOLWE LOWTECH SOLUTIONS FOR HIGH TECH CHALENGES - BY OLIVIA ANANI LA PHOTOGRAPHIE AFRICAINE - PAR CAMILLE MOULONGUET LES PARTICULES PICTURALES D’ EDEM ALLADO - PAR PASCALE OBOLO THE MAN WHO DISCOVERED THE WORLD - BY LOUISA BABARI KOOL KOOR LOOKING FOR THE PERFECT BEAT - BY JAY ONE RAMIER TRAFIK D’INFO : FROM THE SLAVE SHIP TO THE SPACE SHIP - BY CECILIA TRIPP

PLACES 66

PANAFRICANSPACESTATION, DEMATERIALIZED ART SPACE - BY PASCALE OBOLO

CONCEPT 68 72

TRIBUTE TO A SHOOTING STAR - BY HOLLY BASS DUPLICITY : « VISIONS COSMIQUES » - PAR MICHÈLE MAGEMA

PORTFOLIO 74 4

MARC JOHNSON : L’ALCHIMISTE - PAR CAROLE DIOP


78

PAUL SIKA : LE PHOTOMAKER 2.0 - PAR ANNA DJIGO

FOCUS 82

KAPWANI KIWANGA : UNE ARTISTE STELLAIRE - PAR CAROLE DIOP

ARCHITECTURE 86

MAMADOU CISSÉ : CITIES UPGRADER - PAR CAROLE DIOP

DESIGN 90

YRUS KABIRU: FROM DREAMER TO VISIONARY

EXHIBITION REVIEW 94 98 100 102

THUS SPOKE WANGECHI - BY ANNE GREGORY ROM BIRTH TO I-DENTITY - PAR SONIA RECASENS SAMTA BENYAHIA TRANSCENDE « LE DRAP » - PAR SONIA RECASENS POLITIQUEMENT INCORRECT ? - PAR SONIA RECASENS

CARNET DE BORD 106

DJ SPOOKY THAT SUBLIMINAL KID - PAR CECILIA TRIPP

AFRIKADAA’S LIBRARY 108

AGENDA 110

AFRIKADAA PLAYLIST 119

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ART TALK

AFROFUTURISM !"#$%&'(")*+!'*,("$-&*./01),2!#3 !"#$&2!.*,("$(+,4,"#55#6 Aucune définition n’est finalement valide pour sonder les contours d’un mouvement qui pratique la distanciation comme en philosophie ou encore refuse les codes industriels artistiques pré dictés par le marché. Le penseur afro futuriste est par définition un traumatisé culturel en construction qui très souvent se renomme comme pour mieux choisir sa naissance. Il regarde le monde tel un postulat mathématique et choisit la formule logique adéquate pour trouver ses “vérités esthétiques”. Les cosmogonies africaines, notamment antique égyptienne et yoruba sont empruntées pour résoudre les “équations” posées par les conditions d’existence. Cette distance par rapport aux valeurs préétablies telles la philosophie occidentale ou son esthétique écarte les religions et laisse à la place, dédiée à la foi, un empirisme rationnel. L’approche métaphysique se retrouve ainsi dans l’imaginaire et les créations qui en découlent. Afrofuturism: une esthétique de résilience ? Il n’est cependant pas vérifié d’attribuer ce concept sociologique uniquement à une partie des communautés noires. En quoi les troubles émotionnels subis par Abel Meroopol, enseignant juif à New York,

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Texte et photo de Kemi Bassene


lorsqu’il vit des photos de lynchage de noirs et répondit par le poème Strange Fruit, différent des troubles qui ont conduit Sun Ra à repenser son immortalité et à quitter sa condition d’homme ? De même, la musique de John Cage avec qui il partage l’approche abstraite et métaphysique pourrait alors être renommée euro futuriste et résiliente.

communautés noires. Si tel est le cas le

cosmogonies et en sciences fictions. Cette

conservatisme serait le ver qui ronge le fruit

philosophie de prolonger l’existence

de la pensée ? Les troubles émotionnels issus

humaine dans le futur ne peut s’assimiler

de la Seconde Guerre Mondiale combinés

avec l’héritage colonial et offre tout comme

aux sévices subis en Alabama ont été

la réincarnation bouddhiste ou la renaissance

déclencheurs d’une conscience nouvelle:

afro futuriste une nouvelle palette de

une vision et une volonté de se défaire

créativité et de rupture, quant aux formes

De la même façon que les musiciens de la renaissance se sont émancipés de l’église, Sun Ra a bousculé les compositions classiques orchestrales en doublant certains instruments ou en rajoutant des sonorités électriques et parfois «chaotiques»: un double madrigal futuriste.

des chaines invisibles qui contiennent la

d’asservissements esthétiques inhérentes

créativité et entretiennent le mythe. Comme

aux peuples minoritairement représentés, de

Jean-Michel Basquiat ou Fanon, Sun Ra

par leurs cultures.

déconstruit les codes de la pensée pour trouver les remèdes de l’esthétique et de la

Le deejaying, un acte de

sociologie de demain. Le silence devient une

déconstructivisme au service des

“Celui qui contrôle le passé contrôle le futur ; celui qui contrôle le présent contrôle le passé.” Georges Orwell

musique. Le chaos trouve son harmonie et

musiques urbaines ?

l’espace est une terre promise.

Le futurisme artistique moderne bien

Une troisième composante s’invite au côté

que gangréné par l’industrie transporte le

des éternelles corruptrices de la pensée

passé à travers le futur par le remix musical.

que sont la vie et la mort pour Sun Ra :

La technologie moderne est la clé de

l’immortalité.

l’évasion esthétique. Cependant les festivals

Le concept Afro futuriste incarne t-il la

jours sponsorisés par de grands groupes

Sun Ra, l’ange venu de Saturne

branche abstraite, fictive du Black Art

industriels, pour parfaire son image auprès

Du bateau qui accoste à la navette spatiale

Movement ?

du large public qu’ils déplacent. En littérature

qui s’apprête à décoller, la théorie chez

Le modèle assimilationniste américain a

ou en cinéma, les mythes du passé offrent

Sun Ra investit une destination future pour

trouvé avec les artistes qui ont inspiré le

des situations de chaos modernes libérées

mieux visiter le passé. L’exode par la pensée

Black Art Movement des résistants contre la

de toute forme de restriction. Un samouraï

et par l’esthétique est le remède pour sortir

pensée unique et l’esthétique imposée.

devient ainsi afro, un Thor devient noir.

de créations afro futuristes sont de nos

L’antinomie de la théorie afro futuriste réside

du mythe et de l’aliénation mentale. L’espace remplace la terre et son infinité est à l’image

«Une fiction spéculative qui traite des

dans la projection vers le futur de peuples

de la créativité.

thèmes africains américains et qui implique

en en recherche de leur passé occulté.

les intérêts des africains américains dans la

Comment penser le futur tout en ignorant

technoculture du vingtième siècle », Mark

le passé est encore l’axiome de départ de

Dery.

l’application Afrofutiriste ?

«I came from somewhere else.» Sun Ra Le mouvement Afrofuturism est-il une dérision adressée aux communautés noires

Au Ghana, la foi en la continuité de l’activité

elles-mêmes pour questionner leur peu

après la mort conduit à préparer le défunt de

d’intérêt pour les sciences fictions ? Un

sorte qu’il ait ses outils pour poursuivre son

domaine exploité quasi exclusivement par

existence. Il n’existe nulle dernière demeure,

des auteurs blancs et qui, comme le décrit

la vie étant éternelle. Le personnage

le critique d’art Samuel R. Delaney dans

mythique de Njeddo Dewal dans les contes

Racisme et Sciences Fiction écarte toute

initiatiques Peuls de Amadou Hampaté

possibilité de changer leurs conditions aux

Ba témoigne de la richesse africaine en

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ART TALK

Long before Jean Michel Basquiat

followed (which earned her a

wowed the art world with his

Macarthur genius grant); and way

trademark bad boy, Afro centric,

before house music, hip hop, and

sly, self effacing, emancipating

rap; there was Sun Ra.

paintings; before George Clinton could say “Parliament” and “Funkadelics”; before Rammellzee

Who was Sun Ra? For starters, he was a brilliant jazz keyboardist, composer, pioneer of electronic

suited up to battle the Word;

music, and bandleader

before Renee Cox flipped the

extraordinaire, categorically

script with her disturbingly

off the chain. Like a court jester,

beautiful photographs that de/

he vacillated between zany

reconstruct the socio cultural

and profound usually in the

myths stifling black females; even

same sentence. A freethinking

before Octavia Butler wrote her

intellectual, Ra rejected textbook

first sci fi story (at age 12) and

history and created an Astro

all the books that eventually

Black Mythology connecting “Sun, the pope of Afrofuturism” Design © Peter Dennett. Art Yard Ltd 2013

WHO RA? .$"#7$*.8#$("$."$(5%$)*.+

Par Anne Gregory

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The Sun Ra phenomenon can be viewed as a metaphor for liberating the African Diaspora from its history of oppression into a future of cosmic possibilities and infinite freedom. Indeed, Sun Ra felt the burden of saving all humanity. He said he hated people because he loved them so much. That if they weren’t in such a mess he could have skipped his earth gig and been a free spirit floating around the universe. But he shared the love through his music and his musings. The 1959 letterhead for his Le Saturn Records label read: “Beta Music For Beta People for a

“Of the Sun”, acrylic on canvas. Sending it out to Sun Ra. © 2013 Anne Gregory

ancient Egypt with outer space. He

Born Herman Poole Blount, in Birmingham,

concocted a fate of the universe based on

Alabama, in 1914, he discarded his past

the Bible, the Quran, and Flash Gordon

like some ill-fitting suit, got rid of his slave

comics and concluded “the only way this

name, too. He claimed to be from Saturn

world can be saved from being completely

and he was here with a message from

destroyed is through music.” 1 So he

higher beings. “Space is the Place” was

proceeded to make music that was out of

his mantra. He touched down in Chicago,

this world for 60 years.

New York, and Philadelphia and spread that message through his music. Known

“The only way this world can be saved from being completely destroyed is through music.”

for his wacky Afro/techno attire, sparkly robes and bedazzled crowns with whirly gigs were worn as a uniform. Behind this amusing façade (Ra had a wry sense of

1

Cotter, Holland. (2009, April 30).

Beamed From Tomorrow, New York Times. A quote attributed to Sun Ra. attribute

9

humor and said he was the biggest joke ever played on the world) there was a sincere man on a serious moral mission.

Anne Gregory is an artist living in Durham NC, USA. Currently she is working on a series of paintings called Uprising which

Beta World”.

explores conflict

Once in a while you come across

and resolution in

an artist who blows your mind and

the context of world

touches your spirit -- someone

events focusing

who reaches for the highest human

on Africa, the Arab

potential instead of aiming for

Spring, and Wom-

commercial success. That’s Sun Ra.

en’s Issues.

His example inspires me to make paintings that send out strong positive energy – like his music. In my painting “Of the Sun” a radial pattern suggests an offbeat version of a mandala – an ancient motif that represents the universe and gives a symbolic offering. Like Ra, artists across all media tell and retell events as a way of revising the past and holding the present accountable in order to fix the future. After all, the survival of the planet may depend on it!


THE MYTH OF SUN RA

)9:;<$=>$?@<$/A:;<$;B=<>$.CBDCE?EB=>F By Frieda Ekotto Professor of Afroamerican and African Studies - French and Comparative Literature - The University of Michigan, Ann Arbor

“If we continuously allow white people to define our space as artists - we don’t deserve to occupy that space as artists.” Mtume The Cricket This reflection by Mtume illuminates a

aged black

both myths. I do not come to you as a reality,

man, dressed

I come to you as a myth, because that’s

extravagantly in

what black people are, myths. I come to you

flowing robes and

from a dream that the black man dreamed

a gilded crown

long ago. Sun Ra’s answer presents some of

and flanked by

the central issues that his work considers.

two attendants in

The first being, “What is reality?” This might

Egyptian masks,

sound trite, but Sun Ra was extremely

appears suddenly,

serious in his approach to the real. For him

materializing

“real” is a creation of racist and classist

fragment of Afrofuturist philosophy that is

out of nowhere, in the middle of a teenage

ideologies. And it need only be reality if you

embodied in Space Is the Place, an 82-minute

youth center in Oakland, California. One of

accept it as such—he does not. In this deep

film produced by Jim Newman in 1974.1 The

the teenagers, out of the many who regard

skepticism, we find resonances with another

product of a course, which Sun Ra taught in

the man with a mixture of disbelief and

post-war artist

1971 at the University of California, Berkeley

I’ve-seen-everything indifference, steps up

and thinker from

entitled: “The Black Man in the Cosmos,” the

and asks the only question that makes sense:

the francophone

film stresses the importance Sun Ra placed

“Are you for real?” He gets more than he

sphere, namely

on the transmission of knowledge to young

bargained for, however, with this yes-or-no

Jean Genet. Both he

people. Two scenes crystalize this: Sun Ra’s

question. After all, he is asking Sun Ra, who,

and Sun Ra worked

discussions with teenagers on the concept

even if we describe him as musician, poet,

intensely towards

of reality and his final selection of the people

philosopher and activist, we don’t begin to

a total revision of

who will travel with him in space in order to

say it all. This is what he replies:

our assessment of

learn about the cosmos and the future.

I’m not real; I’m just like you. You don’t

reality and other abstractions that are taken

The first scene goes like this: A middle-

exist in this society. If you did, your people

as givens but which are actually creations of

wouldn’t be seeking equal rights. You’re not

racist ideologies. As I’ve written elsewhere,

real. If you were, you’d have some status

“Genet profoundly intervenes into the

among the nations of the world. So we’re

question of race by introducing it within the

1

This film was directed by John Convey

and written by Sun Ra and Joshua Smith. It featured the musician Sun Ra with his group, the Arkestra.

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framework of the philosophical skepticism

from a powerful African past. In this way, Ra,

this in Space is the Place (1974) itself, which

of postwar European thought” (9). In

like many other black activists since the 50s,

challenges the notion of genre by mixing

Genet’s work Les Nègres we find “a critique

demonstrates how black history and culture

different genres such as documentary,

of rational thinking that took the form of

have been erased from official histories.

science fiction, Blaxploitation, musicals and

a critique of the tyranny of abstractions”

There is no such a thing as a black culture or

biblical dramas. Therein lies the power of Sun

(12).2 Sun Ra essentially does the same. In

history unless they create it.

Ra’s work: the ability to simultaneously reject

his music, political work, as well as in the history he created for himself, Ra dismantles Enlightenment-driven practices of reason and truth, instead insisting upon opening up reality. The fact that he claimed not to be earthly at all, but a member of the Angel Race from Saturn, only seems crazy until we stop and think about the way black men are constructed in dominant discourses. But Sun Ra was doing more than deconstructing, he was creating a new history as part of his cosmology, both of which were Afro-centrist at their cores. “I come to you from a dream that the black man dreamed long ago” reminds us that history, just like reality, is constructed, and Sun Ra is going to have to

and to create, to expose and destroy the

“ I do not come to you as a reality, I come to you as a myth, because that’s what black people are, myths.” It is in his creative work that Sun Ra’s philosophical approach is made manifest. Taking what white dominant culture offered, and completely rejecting its power over his reality, he transforms its historical and creative apparatuses by intentionally misusing them, bending and melding them music, of which he wrote, “The only way this

2

destroyed is through music.”3 And we find

world can be saved from being completely

and film and takes the disempowerment of slavery and turns it into a creative situation in which the absolute identity of African Americans is unknown to anyone but African-American themselves. As Brent Edwards writes, music helps black people to redefine themselves all the time: “the true voices of Black Liberation have been the Black musicians...the history of Black Music is a history of a people’s attempt to define the world in their own terms.”4

4

Edwards, Brent Hayes. “The Race For

Space: Sun Ra’s Poetry.” The Immeasurable Equation: The Collected Poetry and Prose of Sun Ra. Eds. James

the French Atlantic: The Color of Black in Literary, Philosophical and Theater Discourse. Lanham,

3

Maryland: Lexington Books, 2011.

New York Times. April 30, 2009.

11

discourses. He combines music, writing

into his own creative vision. We find this is his

create a new history too, one that he draws Ekotto, Frieda. Race and Sex Across

constructed power at the heart of dominant

Cotter, Holland. “Beamed From Time.”

L. Wolf and Hartmut Geerken. Norderstedt: Waitawhile, 2005:29-57


Sun Ra’s approach to reality, to history, to

and Revisions of the Past in the Work of

Recommended film: The last Angel of History

cosmology and to creativity has come to

Sun Ra, Duke Ellington, and Anthony

by John Akomfrah (1996)

be called afro-futurist (the term was coined

Braxton. Durham: Duke University Press,

retroactively in 1994 by the critic Mark

1999.

Dery). 1 Ra’s use of mixture as a source of

Szwed, John. F. Space is the Place: The Lives

For the Sun Ra fans ‘Look out for the

power was surely prescient if not completely

and Times of Sun Ra. New York: Pantheon,

forthcoming Sun Ra release In The

revolutionary. In Space is the Place, we find,

1997.

Orbit of Ra presented by Marshall Allen

for example, that his future, in addition to

Director of The Sun Ra Arkestra and the

being created by his music, which plays

Szwed, John. F. “Sun Ra, 1914-1993.”

extended release of Sun Ra’s cult Philly Jazz

with multiple genres, is also multi-cultural.

Crossovers: Essays on Race, Music, and

album Lanquidity cut from the original

This is exemplified by his final selection

American Culture. Philadelphia: University of

master tapes’ plus some amazing previously

of people for the future, which includes,

Pennsylvania Press, 2005: 209-210.

unknown and unreleased recordings

in addition to African Americans, a young

from Sun Ra’s first tour of Europe in 1971,

Latina woman. This selection is powerful:

Zuberi, Nabeel. “The Transmolecularization

he’s demonstrating what reality actually is,

of [Black] Folk: Space is the Place, Sun Ra

multitudinous, and what the future could

and Afrofuturism.” Off the Planet: Music,

be if we are brave enough, creative enough,

Sound and Science Fiction Cinema. VII

and maybe even crazy enough to entirely

(2004): 77-95.

reconsider our present and our historical realities.

Exhibition Catalogue: Pathways to Unknown Worlds: Sun Ra, El Saturn and Chicago’s

“Sun Ra was doing more than deconstructing, he was creating a new history as part of his cosmology, both of which were Afrocentrist at their cores.”

Afro-Futurist Underground, 1954-68, ed. Anthony Elms (2007). This book documents an exhibition presented at the Hyde Park Art Center in Chicago from October 1, 2006 through January 14, 2007. Sun Ra syllabus (according to this person who claims Jim Johnson gave him this information):https://sites.google.com/site/

Further Reading

intergalacticresearch/coursesyllabus

Corbett, John. “Brothers From Another

Blog post about Sun Ra’s syllabus: http://

Planet: The Space Madness of Lee “Scratch”

worldwithwords.blogspot.com/2009/03/sun-

Perry, Sun Ra, and George Clinton.” Extended

ras-syllabus.html

Play: Sounding Off From John Cage To Dr. Funkenstein. Durham: Duke University Press,

Websites about Sun Ra: http://weblog.

1994: 7-24.

liberatormagazine.com/2011/01/space-isplace-val-wilmer-photographs.html, http://

Lock, Graham. Blutopia: Visions of the Future 1

We find this beautifully illustrated in John

Akomfrah’s 1996 film The Last Angel of History.

12

sensitiveskinmagazine.com/professorsun-ra/

Intergalactic-ly Art Yard.


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ART TALK

THE NEXT NARRATIVE By Jean Pierre Bekolo obama

Pictures courtesy of : Eyidi Nicolas & JPBekolo

We are narrative-beings. Our past, present

the transmission of a narrative written by

and future lives are narratives. In the same

others for you? The world is full of wrong-

way that we are oppressed by narratives,

narratives. I am not sure that there is another

so are we liberated by them. What if living

place that has been the victim of wrong-

were just producing a narrative? This is not

narratives as much as Africa. Imagine all the

an easy task, as we can be led astray in the

narratives produced to make slave trade and

process by parasite narratives that distract us

colonialism possible. Imagine all the clichés

from connecting with our real identity—if

and stereotypes. How can we continue to

there is such a thing. Is it a quest, or just

live with them? How do we make our way

14

through them?

“Our past, present and future lives are narratives.” In the same way that there are individual narratives and destinies, so are there collective narratives. Some are passive;


others call for action. France, for example,

president is black, but who would return if a

Africa being portrayed in the media today?

has been clear about its “civilizing mission,”

white president again took office.

Since his time, Africa has been a place to be

its role in bringing culture to other parts

Because novelty and innovation come from

interpreted, a story to be translated for (and

of the world. A. Renan says: “Perhaps one

the unexpected, we must leave behind old

by) Europeans and Americans. So when we

day France, having completed its role and

narratives and begin to generate ones that

make films on Africa in Africa, we still work in

having now becoming an obstacle to human

will help us produce a great future.

translation, interpreting what is happening.

progress, will have to disappear.” We are now aware of dysfunctional-narratives, but we must become narrative savvy and rewrite the narratives in which we live when they doesn’t produce the results we expect. We see this in many African countries today where, for example, the State—the independent state, which people fought for and liberated from the colonizer, oppressor etc.—didn’t produce the narrative of well being Africans expected once the “white man” had been kicked out! There must be something wrong with the narratives of these African states that is not being addressed and that is crippling the dreams of Africans running their own countries. It is the same kind of wrong-narrative we might find between brothers or sisters who were separated by force and who cannot find a way to connect now that the constraints are gone. There is also the narrative of black people who leave aside their causes because the

15

As with most narratives today, Stanley

“There must be something wrong with the narratives of these African states that is not being addressed and that is crippling the dreams of Africans running their own countries.” African Cinema of the Future In my book Africa For the Future1 I talk about the fact that Africa is its own narrative. Do you remember Stanley going to Africa looking for Livingstone and sending all those articles to the equivalent of the New York Times? Stanley’s articles created the Africa that still exists in Europeans’ minds today. How different is Stanley’s Africa from the 1

I write in French, although I have chosen an

English title.

speaks “for” an audience while Ntone Edjabe (editor of Chimurenga) tells “from” a place and “from” the people living there. The African cinema of the future shouldn’t be about translating, interpreting or explicating. Nor should it be about speaking to “ourselves,” as this doesn’t produce what Ntone is looking for; it is just another manipulation of language. African cinema of the future will be about places with people living in them. Telling “from” somebody and not telling “for” somebody. African cinema of the future will be a cinema of the unknown, the unfamiliar and the unexpected. It won’t be about bridging to the new with the familiar as an escort to the unknown. Films now do not bring us tastes of the unknown; they rely so heavily upon explanations, translations and interpretations that there is no quest for meaning. They train


16


us to only accept content whose meaning

that act as a kind of insurance against all

Jean-Luc Godard, Bertolucci and George

we know in advance. This comes from our

risks of ambiguity, misunderstanding or

Miller, among others. His new book Africa

tendency to bend everything to the reality

disagreement. All of this prevents cinema

for the Future was published by Editions

we know by using metaphors and similes,

from becoming a human adventure.

Dagan, Paris in 2009. He recently released

like when we say: “It tastes like chicken.” Why can’t we accept the idea of different tastes? We must learn that there are many places from which we can experience the world. Cinema as we practice it leads to the distrust of any adventure of understanding that could involve the slightest risk of difficulty and failure. Each filmmaker should be asking his audience this question: “Will

the film Les Saignantes, which premiered

“African cinema of the future will be about places with people living in them. Telling “from” somebody and not telling “for” somebody.”

you understand me?” Nothing is assured

at the Toronto film festival, and which won the Silver Stallion and the Best Actress Awards at Fespaco 2007 in Ouagadougou. His video installation An African Woman in Space was exhibited at the Musée du Quai Branly in Paris in 2008. He has studied film semiotics in Paris with Christian Metz and has taught at the University of North Carolina, Chapel Hill and Duke University. While at

from the outset, nothing is initially given.

Biography:

The Clinton School of Public Service, he

Everything is to be taken, or at least

Jean-Pierre Bekolo Obama: writer, producer,

developed a media teaching method called

understood. We must make efforts to learn

director, editor, lecturer

“Auteur Learning,” which has been used at

about characters and predict their behavior.

Bekolo Obama has won a number of

the Philander Smith College in Arkansas. He’s

What initially was unknown and perhaps

international awards for his directing and

also the Secretary General of the Guild of

disturbing becomes a place of recognition.

editing. His debut film Quartier Mozart

African Filmmakers and founding member of

Predictability is the problem of cinema today

received the Prix Afrique en Creation at the

the World Cinema Alliance.

because it is used for seduction. This kind

1992 Cannes Film Festival. His second film

of cinema diminishes human boldness, the

Aristotle’s Plot was commissioned by the

Links

courage and the desire to follow meaning

British Film Institute to celebrate the 100th

http://www.jeanpierrebekolo.com

constructed by someone else. It has

anniversary of cinema. Other works for this

https://www.facebook.com/pages/

insidiously installed cultural expectations

event were created by Martin Scorsese,

Le-President/417533488266249

17


ART TALK

What Achebe continues to teach us By Emily Goedde

This past February—Oscar season—a piece

Africans: Either silent or frenzied, they were

created and perpetuated by assumptions that

in the New York Times by filmmaker and critic

inarticulate and therefore inhuman. This,

cloud our use of language and our practices of

Nelson George caught my eye. It reminded me

Achebe writes, is racism disguised as literature,

reading. In the first, a friendly, elderly gentle-

of Chinua Achebe’s classic essay “An Image of

and reading the novel without fully appreciat-

man remarks that he’d never thought of Africa

Africa: Racism in Conrad’s Heart of Darkness,”

ing this is to continue to ignore the harm this

as having either literature or history—that

although George’s piece, “Still Too Good, Too

causes to the present (344). Achebe draws our

“kind of stuff” (336). What it does have, we

Bad or Invisible,” was focused upon a few of the

attention to the racist inaccuracy of the gaze

implicitly understand, is articulated by the sec-

films that had been nominated for this year’s

and implies how it obscures at least two impor-

ond example, wherein an earnest high school

Oscars. “For the first time in recent memory

tant kinds of knowledge. First, of course, the

student thanks Achebe for writing in Things

race is central to several Oscar conversations”,

dichotomy between silence and frenzy is false.

Fall Apart about “the customs and superstitions

George writes, but because the black charac-

Was it not Achebe’s project in his own novels

of an African tribe” (337), a comment which,

ters are only imagined as either very good or

to make sure that we see this fact? Second, in

Achebe points put, only suggests the young

very bad, “Their humanity is hit or miss. These

seeing African people as silent and frenzied we

man’s ignorance “of his own tribesmen in Yon-

films raise the age-old question of whether or

miss the actual complexities of real people—in

kers.” This is important, because not only does

not white filmmakers are ready to grant black

other words, their humanity. Conrad’s Marlow

the young man read Achebe’s novel in such a

characters agency in their own screen lives.”

misses them because he is too busy thinking

way that it can fit into his own narrow world

This “age-old question,” was, of course, one

about himself, but also because it never occurs

view—thereby missing the point of the work

that Achebe first brought to our attention in

to think of them otherwise.

entirely—he also fails draw from it, as we can

his biting critique of Conrad’s rendering of

But the real trouble is that the ignorance is

from all great literature, something new about

not limited to Marlow or even to Conrad. As

the world that immediately surrounds us.

Achebe makes clear by opening his essay with

This pair of men, despite their goodwill—

two examples in action, racism continues to be

Achebe makes clear these aren’t stereotyped

1

1 - Published in 1977 as “An Image of Africa” in The Massachusetts Review it was first delivered as a lecture at the University of Massachusetts, Amherst, in 1974.

18


“Black characters are only imagined as either very good or very bad their humanity is hit or miss” “We continue to travel heedlessly through both the present and our collective history”

racists, just the ordinary, unreflective kind—

somehow not human much could be gained.

Works Cited :

remains caught with Marlow in a web of

Because without Africa and its forms and

Achebe, Chinua. “An Image of Africa: Racism in

ignorance, one that is perhaps, but not neces-

modes of knowledge, there is no complete

Conrad’s Heart of Darkness. Heart of Darkness.

sarily, willfully created. And Achebe is deeply

sense of the world as it is. As Achebe puts it,

Ed. Paul B. Armstrong. New York: W.W. Norton

aware that its sticky power will not lose its grip

“Travellers with closed minds can tell us little

& Company Ltd., 2006. 336-349. Print.

anytime soon:

except about themselves” (347). Which makes

In my original conception of this essay I had

me wonder what Achebe’s old man and high

George, Nelson. “Still Too Good, Too Bad or

thought to conclude it nicely on an appropri-

school reader could learn from the Oscar films

Invisible.” The New York Times. 13 February

ate positive note in which I would suggest…

this season. I’m afraid not much. It seems we

2013. Web. 3 April 2013.

some advantages the West might derive from

continue to travel heedlessly through both the

Africa once it rid its mind of old prejudices and

present and our collective history.

began to look at Africa … simply as a continent of people. But as I thought more about

Note : Chinua Achebe was a Nigerian novelist,

the stereotype image… I realized that no

poet, professor, and critic. He was best known

easy optimism was possible. And there was, in

for his first novel and magnum opus, Things

any case, something totally wrong in offering

Fall Apart, which is the most widely read book

bribes to the West in return for its good opin-

in modern African literature.

ion of Africa. Ultimately the abandonment of unwholesome thoughts must be its own and only reward. (348) If the West were able to face its own history

* PhD Candidate, Department of Comparative

and the recurrent fantasy that Africans are

Literature, University of Michigan, Ann Arbor

19


ART TALK

PEUT-ON PARLER D’UNE PRATIQUE FUTURISTE DE L’ART CONTEMPORAIN AU CAMEROUN? Par Landry Mbassi

La question de la divergence du flux de la

le contenu de l’art contemporain aujourd’hui

rares occasions d’expositions, des créations

création dans l’art contemporain gagne de plus

mais encore, détourné des réalités profondes

artistiques traduisant une plus ou moins

en plus du terrain. Soutenue par des avis de

et souvent ignorées du marché (mondial) ?

assimilation des arts dits moteurs.

plus en plus contraires, parfois complètement

Pourrait-on, par exemple parler d’une certaine

réfractaires aux techniques dites traditionnelles

notion de futurisme dans l’art contemporain

Néanmoins, certains artistes, incités par les

(au profit des arts dits moteurs). Tant au niveau

camerounais. Quel le place faut-il finalement

rencontres, les voyages et une désormais plus

des établissements tels que les galeries qui en

accorder au « jeu du marché » qui suppose

nette ouverture au monde, se démarquent

influencent très souvent la tendance – quand

assez souvent de suivre la tendance ?

par les choix et les propositions esthétiques

elles n’en créent pas la « référence » le temps

Il est assez escarpé de dire, en prenant

qu’ils soumettent à des regards, pas toujours

d’un règne, selon qu’elles aient pignon sur rue

l’exemple du Cameroun - un environnement

convaincus par ces prouesses technico-

ou non - qu’au sein même des foyers artistiques

en général, pourtant assez bien imprégné

(collectifs, squats, espaces-laboratoires

de l’avancée technologique ambiante et de

d’expérimentations…etc.) et autres lieux de

tout ce qu’elle permet - que les artistes sont

production-diffusion culturels, la physionomie

en harmonie, de part leur pratiques et les

que donnent à voir les divers partis pris

questionnements qu’ils soulèvent, avec la

esthétiques - somme toute complexes - actuels

notion de futurisme telle qu’elle est appliquée

de production de « pièces » ou d’œuvres

aujourd’hui à travers le globe. Il convient

d’art connaît en effet une considérable

déjà de souligner que l’art contemporain au

explosion. Comment appréhender ce total

Cameroun, quoique jouissant d’une côte de célébrité non négligeable à l’international grâce aux artistes de la diaspora, peine encore à s’exprimer via les canaux « usuels » qu’offre le vaste univers de la créativité. Faute d’une

Sans titre ©Joel Mpah Dooh

certaine implication tant revendiquée des

cérébrales, mais somme toute charmés par tant

pouvoirs publics, l’art contemporain souffre

d’ingéniosité. Au rang de ceux-ci, se trouvent

d’un vide pressant en matière de contenus

aux premières loges, Em’kal Eyongakpa et

esthétiques et techniques et d’absence de

Joël Mpah Dooh, deux artistes – et deux

véritables formations. Le milieu est caractérisé

générations distinctes - dont les démarches,

branle-bas quand on est un artiste vivant sur

par une carence criarde de plateformes de

antithétiques mais saisissantes, font

le territoire africain ; sous l’emprise de forces

discussions où artistes et critiques – quand

l’unanimité, autant pour ce qu’elles dégagent

socio-économiques incommodes et donc

il y en a - pourraient échanger leurs points

comme émotions que pour leur capacité à

bien en marge de toutes ces réflexions qui

de vue et amender leurs positions. Il est

rentrer dans le moule du marché.

nourrissent les débats (intellectualistes) sur

ainsi assez exceptionnel de trouver, lors des

Mais pour tenter de saisir et de mieux cerner

A suivre! (2012 - 2013), video installation © Em’kal Eyongakpa

20


aujourd’hui difficilement critiquables – selon le contexte - mais pas forcément compatibles justement et on le dénote bien, avec la Performance à la fondation Blachère ©Joel Mpah Dooh

cette situation, il ne faut pas simplement s’en tenir à cette présentation sommaire des faits, la réalité ayant des souches encore plus complexes et profondes que cela. En effet, au Cameroun, comme dans certains pays dits du Sud, les arts en général sont essentiellement longtemps restés et le demeurent, perçus comme un instrument de dénonciation des maux qui minent la société dans laquelle évoluent les artistes. Les artistes plasticiens, pour parler de ceux-ci, sont très souvent associés à cette notion de « justiciers » qui, de part les thèmes (paix, égalité sociale, pauvreté et bien-être…) récurrents dans leurs travaux, se voient souvent attribuer le rôle de détracteurs, de « haut-parleurs » de ces malheurs qui n’ont point de bouche. Rendant par conséquent presque inconcevable aux yeux du public, le fait que l’art puisse aussi être le moyen d’exprimer des thèmes, des sujets ou des faits moins graves, mais avec autant de sérieux et beaucoup de poésie. Par le moyen de canaux inhabituels tels que la

perception de l’art actuel tel qu’il se consomme aujourd’hui à travers le monde. C’est ainsi qu’à une exposition, on observera qu’une attention sera plus largement accordée à une œuvre dont le contenu et la forme rappelle tout de

artistes, pour juguler avec le contexte, somme

suite quelque chose de communément (dans

toute exécrable.

le sens de vulgaire) partagé, une réalité qui

Landry Mbassi est un artiste plasticien dont

prend racine dans la mémoire collective. Un

la pratique est essentiellement orientée

fait divers, le portrait (bien réussi, donc à la

aujourd’hui vers la photographie, la vidéo,

limite, hyperréaliste) d’une personnalité, un

l’installation et les nouveaux médias.

paysage pittoresque soigneusement exécuté

Créateur multifacettes, manipulateur

sur une magnifique toile et etc. Les artistes, la

infatigable du concept, il développe au sein

plupart du temps, conscients de cet enjeu, ne

du collectif ATAC (autres territoires de l’art

s’essaient pas ou plutôt, ne se donnent pas la

contemporain) depuis 3 ans, une action

peine de franchir ses frontières esthétiques,

militante pour le développement de nouveaux

de peur de ne plus être appréciés (à leur

lieux d’expression, de création et de diffusion

« juste valeur ») et d’êtres ainsi, bannis de la

de l’art contemporain.

« communauté artistique officielle ».

En 2011, il participe à la création du collectif Kamera (un regroupement de jeunes

“Au Cameroun, les arts moteurs sont parfois perçus comme une déloyauté visà-vis de l’art traditionnel.”

vidéo, la performance ou l’installation. C’est ce que nous pourrons qualifier de pratiques

Dès lors, au Cameroun, les arts moteurs ou

reacto-situationnelles à l’opposé de ce que

les pratiques artistiques qui s’y rapprochent,

l’on a la possibilité d’observer dans le monde

sont parfois perçus, et c’est Paul Virilio1 qui

occidental où règne plutôt aujourd’hui

s’en réjouirait, comme une déloyauté vis-à-vis

le média, l’information – consommée et

de l’art traditionnel. Il en résulte une situation

consumée à la vitesse du 4.G - qui prime sur la

de catalogage (au sens souvent péjoratif) des

situation, même si en substance, l’une – l’info -

artistes au sein même de la communauté.

a l’aptitude de modifier/contenir l’autre.

Mais, objectivement, cet état de choses ne

L’art contemporain au Cameroun est donc aussi

saurait pour autant discréditer la pertinence

et surtout teinté de cette identité là, bâtie sur

des dynamiques collectives et des démarches

une longue tradition de « manières-de-faire »

plurielles déployées sur le terrain par ces

et de « manières-de-voir » qui ont consolidé les pratiques de plus d’un et légitimé des acquis

1

Paul Virilio, écrivain philosophe et urbaniste,

co-auteur de « Discours sur l’horreur de l’art ».

21

photographes camerounais) avec pour objectif de promouvoir cette discipline peu en vue dans les réseaux de diffusion au Cameroun. Actif dans le milieu des arts visuels et du secteur culturel camerounais de manière générale, il co-crée en 2010 l’association Cultures Tous Azimuts dont il est le directeur artistique, dans le but de mener des activités de démocratisation de la Culture et d’intéresser les populations locales souvent écartées des problématiques de développement par l’art à la chose culturelle. Landry Mbassi est commissaire associé des RAVY (rencontres d’Arts Visuels de Yaoundé) et l’initiateur des Journées Photographiques de Yaoundé (Ya-photo). Il anime également la plateforme Art’frica-curate (sur facebook), un espace virtuel qui se veut un lieu de rencontres et de partage d’informations sur des projets de jeunes artistes-curateurs d’origine africaine.


ART TALK

Yinka Shonibare Par Julie Crenn, docteure en histoire de l’art et critique d’art

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Depuis les années 1990, Yinka Shonibare produit des sculptures, des installations et des vidéos mettant en scène une période historique : le XVIIIème siècle en Europe. Pour cela, il s’attache à la reconstitution des costumes, du mobilier et des objets extraits d’une époque symbole non seulement d’un âge d’or économique, mais aussi d’une expansion coloniale. Au socle historique s’ajoute une lecture de son expérience personnelle. Né au Royaume-Uni en 1962, il grandit au Nigeria et revient faire ses études à Londres au début des années 1980. Depuis les années 1990, il développe une pratique artistique s’appuyant sur une utilisation des stéréotypes liés au continent africain pour produire un discours critique, politique et poétique. 22


au contraire il se fournit à Brixton, un quartier multiculturel de Londres. Un quartier comme un miroir à la fois de son identité multiculturelle et de ses aspirations sociales : un vivre ensemble sans stigmatisation et une décomplexification par rapport à l’histoire coloniale. « Dessinés et produits par des gens en Hollande et dans des usines anglaises, vous réalisez que c’est cela détruit complètement la méthodologie de ce séduisant objet africain. Cependant, c’est important, je ne vais pas en Afrique pour les acheter, de cette manière toute implication exotique devient fausse. Et, en fait, j’aime cette fausseté. »1 En les introduisant pour ‘Alien man on flying machine’ 2011, Steel, aluminum, brass, batik and rubber, 250 x 450 x 450cm

la première fois dans son travail au début des années 1990, Shonibare s’approprie les valeurs esthétiques, symboliques et

Lorsqu’il revient au Royaume-Uni, Shonibare

et pour conserver son indépendance

éprouve un véritable choc de civilisation.

critique. L’artiste renverse et déconstruit avec

Il subit de plein fouet la séparation,

pertinence et non sans humour le concept

découvre les notions d’altérité et de

d’altérité. Il pose la question : Qui est cet

discrimination. Aux yeux des « autres » il

« autre » ?

incarne la différence. Il est l’étranger. Il est

Shonibare se tourne alors vers le Dutch

alors confronté à des problèmes liés à la

Wax, un tissu résistant imprimé de motifs

couleur de sa peau, à ses origines et à une

variés et colorés. Un tissu qui a une histoire

certaine idée de « l’authenticité africaine ».

singulière. S’il est, dans l’imaginaire

C’est d’ailleurs cette dernière notion, que le

collectif, immédiatement associé au

jeune artiste va extrapoler. Sa réflexion sur

continent africain, il est au départ une

Aliénations

la question de l’identité débute alors qu’il

invention hollandaise. Initialement fabriqué

À travers une réflexion sur l’histoire coloniale

est étudiant à la Byam Shaw School en 1984

pour inonder le marché indonésien, les

européenne et ses conséquences actuelles,

où il suit une formation en peinture. Ses

marchands hollandais ont dû se rabattre

il développe un questionnement autour

professeurs lui suggèrent de mettre en avant

sur le marché ouest africain. L’appropriation

de la figure de « l’autre ». Si « l’autre » est

ses racines africaines pour ainsi « africaniser »

a été immédiate et fulgurante. Les tissus,

un étranger pour soi, il est alors considéré

son style. Ils attendent de lui un art qui soit

dessinés et fabriqués en Europe, sont

comme un inconnu, un être provoquant

« authentiquement » africain. Voyaient-ils

devenus un symbole africain. Ce qui devait

toutes sortes de peurs, de réticences. Cet

en lui un représentant de « l’authenticité

être une marchandise imposée par les colons

« autre » va se matérialiser de manière à la

africaine » ? La couleur de sa peau, sa double

s’est adaptée et s’est transformée en un

fois ironique et radicale sous les traits d’êtres

nationalité font-elles de lui un « pur produit

bien continental, national, en un symbole

extra-terrestres. Depuis la fin des années

africain » ? Pourquoi devait-il se conformer

culturel et identitaire fort. Shonibare croise

aux attentes de l’expression d’un exotisme ?

ainsi une iconographie victorienne avec un

1

Une posture à laquelle il se refuse, pour ne

tissu généré par une politique marchande et

Yinka Shonibare : Double Dutch. Rotterdam : NAI

pas être piégé dans une catégorie prédéfinie

coloniale. Il ne l’achète pas en Afrique, bien

Publishers : Wien : Kunsthalle, 2004, p.41.

23

historiques, de tissus considérés comme « authentiquement » africains.

“Yinka explore le passé, les utopies et le futur pour en extraire les contradictions, les aberrations et les failles.”

GULDEMOND, Jaap ; MACKERT, Gabriele.


1990, des aliens ou bien des spationautes

un regard vide, des antennes, des membres

expliquent que dans l’imaginaire collectif

peuplent son univers foisonnant. Il explore

longs et maigres. L’extraterrestre est l’être

des années 1950-1960, la peur de l’« autre »

ainsi un vocabulaire futuriste, où l’espace,

exotique par excellence, il est inidentifiable

était incarnée par des figures monstrueuses

l’inconnu, est entré dans notre quotidien.

et il se situe en dehors de la Terre et en

et fantaisistes, des extraterrestres

Les humains se déplacent entre la terre et

dehors du genre humain. Il est l’étranger

hollywoodiens et autres personnages issus

l’espace, les extraterrestres s’humanisent, les

absolu. Les membres de cette famille venue

de la science-fiction. Aujourd’hui et plus

différences s’estompent.

d’ailleurs, sont chacun recouverts de Dutch

particulièrement depuis le 11 septembre

En 1998, il réalise deux installations, Alien

wax constituant leurs peaux multicolores,

2001, cette peur collective est associée « à la

‘Dysfunctional Family’ 1999. Wax printed cotton textile. Four figures (w x h x d) Father: 52 x 148 x 37cm, Mother: 40 x 150 x 36cm, Boy: 54 x 89 x 46cm, Girl: 36 x 69 x 30cm

imprimées de motifs

figure du migrant, le chercheur d’asile », le

géométriques

terroriste ou encore le kamikaze.2 Dans une

et végétaux. Les

totale aliénation collective, nous avons assisté

personnages

à un déplacement de nos propres peurs,

extraterrestres de

amenant une série de décisions politiques

Shonibare nous

prônant une exclusion intolérante. Jens

ramènent à des

Hoffmann écrit :

questions liées

“En tant que membre d’un groupe minoritaire

non seulement à

au Royaume-Uni, je me suis souvent identifié

l’altérité mais aussi

aux extraterrestres dans le cinéma populaire.

à la recherche

[…] Je suis fasciné par l’anthropomorphisme

d’une place dans la

de l’extraterrestre. Au cinéma et dans les

société. La figure

photographies de mises en scène de rencontres

extraterrestre est

extraterrestres, les extraterrestres nous

une métaphore de

ressemblent et pourtant sont distinctement

la menace que peut

différents : longs cous, grosses têtes, gros yeux

représenter l’étranger

etc. L’idée de l’espace est liée à l’instinct humain

dans les sociétés

pour l’exploration à des fins économiques ainsi

occidentales. Si

qu’à la curiosité. […] L’étrangeté est aussi la

Obsessives, Mum, Dad and the Kids et

nous nous référons aux discours politiques

source de ma créativité, elle est donc un atout

Dysfonctional Family (1999). Huit individus

actuels et les scores grimpants des partis

valable : la différence est géniale.”3

sont mis en scène, deux d’entre eux sont

nationalistes (en France comme partout

Un instinct d’explorateur que Shonibare

placés au centre et en retrait, ils sont

en Europe et dans le reste du monde),

développe avec Vacation (2000), une

remarquables du fait de leur plus grande

les familles immigrées ne sont pas les

installation présentant une famille humaine

taille. Il s’agit de la mère et du père d’une

bienvenues. L’étranger serait la cause

composée de quatre personnes : deux

famille nombreuse puisqu’autour d’eux

de tous les maux de nos sociétés. Des

adultes et deux enfants, tous vêtus de

gravitent six individus de plus petite taille.

politiques et mentalités effrayées par une

combinaisons spatiales fabriquées à partir

Nous notons immédiatement qu’il s’agit

soudaine invasion d’une horde de personnes

de Dutch wax. Ici, ce sont les humains qui

d’êtres extra-terrestres, tels qu’ils sont

immigrées qui viendrait mettre en péril la

pensés de manière collective. Une figure

sécurité, l’économie, l’emploi ou le logement.

devenue universelle qui s’est développée à partir des années 1950 dans la bande-

Dysfonctional Family met l’accent sur

dessinée, le cinéma, le dessin animé ou

l’absurdité et l’hypocrisie liées à cette peur

encore la publicité : une tête proéminente,

de la différence. Gilane Tawadros et John Gill

24

2

TAWADROS, Gilane ; GILL, John. « We Are

The Martians », in Alien Nation. London : ICA : inIVA, 2006, p.11.

3

HOFFMANN, Jens. « The Truth is Out

There », in Alien Nation. London : ICA : inIVA, 2006, p.39.


partent en vacances dans l’espace. L’artiste

regardeur d’identifier leurs visages et leurs

tel est son souhait le plus cher. Pour cela, il

fait aussi référence à une nouvelle forme

expressions. L’œuvre est présentée accrochée

explore le passé, les utopies et le futur pour

de colonisation. Il explique : « L’exploration

au plafond, surplombant le public qui se doit

en extraire les contradictions, les aberrations

de l’espace est l’expression d’une nouvelle

de lever la tête pour observer l’étrange scène

et les failles.

forme de colonialisme tant qu’elle fournit

flottante. L’installation aérienne interroge le

une profusion de nouvelles possibilités, de

besoin insatiable des hommes de conquête

Julie Crenn est docteure en histoire

la même manière que l’ivoire de l’Afrique

et d’une fascination pour l’ailleurs. Pourtant,

de l’art et critique d’art. Elle collabore

au XIX

le fait que les combinaisons et accessoires

régulièrement avec les revues Artpress,

possibilités de richesse. Les gens sont

matériels soient fabriqués à partir de Dutch

Africultures, Laura, Ligeia, Inferno, N.

gourmands et veulent des territoires

Wax, nous laisse penser que ces futures

Paradoxa, Slicker ou encore Inter-Art-

à explorer pour trouver de nouvelles

conquêtes ne seront pas irrémédiablement

Actuel.

ème

siècle a fourni de nouvelles

ressources qu’ils peuvent changer en argent et en capitalisme. »4 Il est intéressant de retourner le discours et de penser que lorsque Christophe Colomb a accosté sur les rives du Nouveau Monde avec son équipage, ou bien lorsque les premiers missionnaires européens se sont installés en Afrique, ils ont été perçus comme des extraterrestres par les populations autochtones. Nous sommes tous les étrangers de ceux que nous considérons comme les étrangers. Avec humour et subtilité, l’artiste inverse les points de vue en déplaçant le regard du prétendu « dominant » et ouvrant le champ de la perception afin qu’il ne soit plus envisagé d’une manière unilatérale.

Various installation images from the ‘Invasion, Escape; Aliens Do It Right!’ exhibition at Anna Schwartz Gallery, Sydney.

En 2002, il réalise Space Walk, une

blanches/occidentales. Les personnages

installation composée de deux spationautes

portent des casques spatiaux dont les

dont les combinaisons sont conçues à partir

visières noires et opaques, ne nous

de Dutch wax, ainsi que d’une capsule

permettent pas de les identifier (âge, race,

spatiale sur laquelle est inscrit le nom de

sexe, traits de personnalité). Des indices

Martin Luther King. Les deux personnages

auxquels il nous faut ajouter la capsule qui

sont reliés par deux cordons en Dutch

porte le nom du célèbre pasteur Africain-

wax à la capsule. Ils portent des casques

Américain, ce dernier implique la disparition

totalement noirs et opaques, empêchant le

des barrières raciales entre les hommes.

4

BRUSCHI, Valentina. « Interview with

Yinka Shonibare », in Yinka Shonibare : Be-Muse. Roma : Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea : Museo Hendrick Chrtistian Andersens, 2001, p.101.

25

À travers une iconographie futuriste et un héritage (historique, culturel et théorique), Yinka Shonibare réclame un avenir multiculturel, ouvert et libre. Être visible et ne pas être considéré comme un étranger


‘Space Walk’ 2002. Screen printed cotton fabric, fibreglass, plywood, vinyl, plastic, steel Astronauts each: 212 x 63 x 56cm. Spaceship ca. 370 length x 153cm diameter

26


27


ART TALK

DESTINS NOIRS/ DYNASTIES BLANCHES Par Patrick de Lassagne

(Toutes ressemblances avec des faits ou

noire et africaine. Je suis donc mulâtre. Mais

après la mort de Robert de Normandie, les

évènements s’étant produits seraient

ce terme, disons cette nuance n’a plus cours

barons trahirent. Ils tentèrent d’assassiner

purement fortuites…)

depuis Obama. En effet, considéré comme

Guillaume, ce petit Duc de huit ans. Ils le

noir aux Etats Unis, Obama était assimilé

jugeaient illégitime, car bâtard, puisque

Je fus le premier Prince Nègre régnant

à un mulâtre en Europe. En accédant aux

né hors mariage d’Arlette, la maîtresse de

d’Occident. Je règne sur une principauté

plus hautes fonctions en 2007, il a brisé un

Robert.

sise sur un rocher. Il n’y a aucun précédent

tabou concernant la condition noire. Que

d’un Prince Nègre dans l’Histoire. Bien

peut bien faire la couleur de la peau dans

Guillaume, vous vous en doutez fut choqué

sûr il y eut des rois nègres, mais ils ne

toutes ces matières ? Comme le dit alors

par cette tentative de meurtre orchestrée

furent pas affiliés aux grandes familles

un journaliste, certains virent en Obama

par les barons félons, et à laquelle il

royales d’Europe. La constitution de ma

un noir sublimé, quand d’autres voyaient

réchappa miraculeusement. D’autant

principauté fut modifiée à mon avantage

un blanc bronzé. Et puis regardez tous ces

que son père Robert de Normandie, avait

en 2033 (j’avais 33 ans… 33 ans, cela ne

visages d’enfants si divers et variés dans les

aussi pris la précaution de mettre son

vous rappelle rien ?), lorsque mon père, âgé

cours de récréation de maternelle de nos

fils Guillaume sous la protection d’Henri

de 75 ans et sans descendance masculine

années 2050, vous me comprendrez j’en

1er le Roi de France. La vengeance de

autre que moi-même, dut se résoudre à

suis sûr.

Guillaume contre les barons fut implacable.

me légitimer et me désigner comme son

Maintenant rendez vous compte que ce

successeur. Mon père revenait ainsi sur

A ce titre vous pourriez me reprocher de

bâtard, allié au puissant Comte de Flandres

la décision de son propre père. En effet

me dire prince nègre alors que je suis métis.

par son mariage avec Mathilde de Flandres,

celui-ci avait fait modifier la constitution en

Mais vous remarquerez que je dis nègre

fut couronné trente et un ans plus tard Roi

faveur d’une éventuelle succession par les

et non noir. Et bien je m’explique : il fut

d’Angleterre à l’abbaye de Westminster lors

femmes (ses deux filles) en cas d’absence

un roi, l’un des plus grands peut-être, dit

du Noël 1066 ! Il devint ainsi le fondateur

d’héritier mâle légitime qui serait issu de

Guillaume le Conquérant, fils de Robert de

de l’empire anglo-normand.

mon père.

Normandie et d’Arlette sa maîtresse. Né en

A l’exception de certaines dynasties

1027, Guillaume perdit son père lors de sa

J’en viens donc au fait : Guillaume fut

(anglaise notamment) depuis Clovis, la

huitième année lorsque celui-ci partit en

surnommé : « Guillaume le bâtard ». Et il

loi salique a toujours prévalu. C’est-à-

pèlerinage à Jérusalem pour se recueillir

l’assuma. Car ce mot bâtard, qu’on lui avait

dire la descendance par les mâles et leur

sur le tombeau du Christ. Avant son départ

jeté à la face avec mépris et pour l’humilier,

sang. Ainsi que la primogéniture : le droit

pour le Saint Sépulcre, le duc Robert de

il le ramassa dans le ruisseau pour en tirer

d’aînesse pour schématiser.

Normandie avait fait jurer aux barons

la plus grande gloire. Et ce mot, nègre, dont

sur leur honneur que Guillaume serait

Césaire disait qu’on le lui avait jeté à la face

Je suis né hors mariage, donc bâtard

l’héritier du Duché de Normandie. Ce fils lui

comme un crachat, et bien à mon tour,

comme on disait autrefois. Et ma mère est

succéderait donc s’il venait à mourir. Mais

moi bâtard, mais aussi nègre, à l’image de

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Guillaume et de Césaire, je les revendique

Mais cela peut-être tout aussi bien l’indien

du terrible tsar de Russie Alexandre 1er.

pour ma plus grande fierté. Mais je veux

ou le russe qui sont en mon fils ou en ma

Condamné à l’exil, puis gracié par Nicolas

surtout conférer ses lettres de noblesse au

fille! Puisque ma femme, la Princesse,

1er, il en reviendra auréolé de gloire. Mythe

mot nègre. Car Guillaume pour qui le mot

est née d’une mère de l’ethnie Lakota

vivant, Pouchkine achèvera d’écrire sa

bâtard fut le problème de l’Histoire (autant

d’Amérique du Nord et d’un père russe.

légende au pistolet, durant ce fatal duel

que l’histoire du problème) s’est plus

contre un officier français où il perdra la

que bien occupé de ce mot. Il lui a légué

Bref, il fallut donc à cette si petite, et

vie à 37 ans pour sauver l’honneur de sa

sa noblesse et son propre prestige. Puis,

pourtant si célèbre principauté de bord

femme. La mort de Pouchkine affligera la

avouons-le, ce mot n’a plus vraiment cours

de mer vieille de sept siècles, admettre

Russie.

de nos jours. J’ai donc contribué à mon tour

l’inadmissible : un prince nègre.

Comme le dira l’un de ses proches : « Le

et à ma manière à dorer le blason du mot

Mais tout cela est déjà du passé…

soleil est percé d’une balle ».

(Toutes ressemblances avec des faits ou

Pouchkine, par son métissage racial, social,

évènements s’étant produits ne sont pas

culturel était un trait d’union, un passeur

fortuites…)

entre les extrêmes. Entre sa vaste culture

nègre. D’où Prince… Nègre ! N’est-ce pas deux beaux mots accolés l’un à l’autre ?

“Ainsi avec cette terminologie, Prince Nègre, j’aidais donc le noir, grâce aux forces du blanc qui sont en moi” Cependant que l’on me comprenne bien : personne n’est vierge de l’autre. Pas plus vous que moi. Donc je ne suis pas sans ignorer le blanc qui est en moi, et qui n’est autre que mon père… Et voyez-vous, du noir et du blanc, j’aide tantôt l’un, tantôt l’autre. En tout les cas celui qui est le plus opprimé des deux. Ainsi avec cette terminologie, Prince Nègre, j’aidais donc le noir, grâce aux forces du blanc qui sont en moi. Et par conséquent le nègre, qui est donc mon descendant par ma mère. Ne peut-il s’aider lui-même me direz-vous ? N’a-t-il pas assez de puissance et de forces pour cela ? Et bien moi je vous répondrai simplement que l’union fait la force. Donc l’inverse est tout aussi vrai : lorsqu’on opprime le blanc, et bien avec les forces du noir qui sont en moi, je l’aide.

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française (celle des Lumières, nec plus ultra pour l’aristocratie et l’intelligentsia russes Pouchkine est en quelque sorte le

de l’époque), base de son instruction, et sa

prototype du personnage précédent. Il fut

connaissance du petit peuple russe auprès

aussi un prodigieux visionnaire…

duquel il vécût en exil, deux extrêmes se rejoignirent, s’affrontèrent et s’unirent en lui

Né en 1799, Alexandre Pouchkine, russe

pour forger sa création littéraire.

et noble par son père, descendait par sa

Comme il l’affirme :

mère d’un camerounais, Abraham Hanibal.

« Je veux que chacun me comprenne,

Ses riches contrastes firent de lui une

du plus humble jusqu’au plus grand. »

extraordinaire synthèse : organique, sociale, intellectuelle, entre Afrique et Europe, Orient et Occident. Pouchkine est sans conteste le plus grand poète russe. Devant ce soleil noir de la littérature, Tolstoï, Gogol, Dostoïevski, Tourgueniev, Gorki, Tchéckov s’inclinèrent. Sa poésie révolutionnaire et sa prose unique créeront littéralement la langue et

“ Pouchkine est en quelque sorte le prototype du personnage précédent. Il fut aussi un prodigieux visionnaire…” Tout en intégrant ces oppositions de

la littérature russe moderne.

classe, Pouchkine eût au plus haut point

Sa vie fût une tumultueuse odyssée :

sur sa filiation africaine (Hanibal, son aïeul

noceur, joueur, séducteur, débauché, buveur, solitaire, mondain, bretteur, révolté… Rien n’arrêta Pouchkine. Pas même de défier le pouvoir en la personne

une conscience de race. Par ses recherches camerounais était le favori du tsar Pierre le Grand) son écriture s’enrichit de ses racines


nègres et de sa communauté d’esprit et

pétersbourgeoise, la connaissance des serfs

Nombres de personnages emblématiques

de sensibilité avec le peuple noir luttant

des provinces reculées, leurs folklores, ses

des poèmes, nouvelles et pièces de

pour son affranchissement. Exprimant son

origines mêlées, les luttes de classes, de

théâtre, romans en vers ou en proses

appartenance à l’Afrique, Pouchkine parle

races, blanche, noire et jaune etc. furent

de Pouchkine deviendront les icônes du

de « ses frères nègres » dont il souhaite « la

autant d’influences contradictoires qui

patrimoine littéraire et populaire russes.

délivrance d’un esclavage intolérable ».

nourrirent, enrichirent et bâtirent la savante

Ils seront repris par les plus grands auteurs

dialectique de cet extra-ordinaire métissage

qui immortaliseront et prolongeront la

oriental et occidental.

postérité du plus grand des hommes de

Dans la Russie autocratique et blanche d’alors, Pouchkine sait aussi se jouer des pièges tendus. Extrait :

lettres russe. Ce melting-pot forgera une fulgurante transmutation littéraire. Dostoïevski dira :

Au panthéon de la littérature mondiale,

- A propos Mr Pouchkine, vous et votre

« Pouchkine, a toujours été, pour ainsi dire,

le mulâtre Pouchkine, ce héros national

sœur vous avez donc du sang nègre dans

un organisme intégral et achevé, portant en

russe, se tient aux côtés de Goethe, Dante,

vos veines ?

lui intrinsèquement tous ses principes, sans

Cervantès, Shakespeare ou Rousseau…

- Certainement, répondit le poète.

avoir à les recevoir du dehors. L’extérieur n’a

- Est-ce votre aïeul qui était nègre ?

fait qu’éveiller en lui ce qui était déjà latent

- Non il ne l’était plus.

au plus profond de son âme». Cette vision

- Alors c’était votre bisaïeul ?

se doublait de l’acuité de sa conscience de

Comme la lampe qui pâlit

- Oui, c’était mon bisaïeul.

classe et de race. L’alchimie pouchkinienne,

Devant l’aurore éblouissante

- Ainsi il était nègre. Oui, c’est cela… Mais

synthèse singulière, unique et originale

Ainsi le faux savoir palpite et se consume

alors, qui était donc son père à lui ?

était une vision organique et aigüe du

Devant le soleil de l’esprit.

- Un singe, Madame, trancha pour finir

monde.

Que vive le soleil ! Et que meure la nuit.

Pouchkine.

Mais si Pouchkine eut la conscience de son

Laissons à Pouchkine le mot de la fin :

temps, il eut aussi celle des temps à venir.

Patrick de Lassagne est écrivain et

La définition de Victor Hugo : « Un poète

En effet, comment ne pas songer, déjà, ne

scénariste. « Périph’ » son dernier roman

est un monde enfermé dans un homme »

serait-ce qu’à l’Europe, lorsqu’on lit sous la

paraîtra fin Septembre aux Editions de La

s’applique tout particulièrement au

plume de Dostoïevski : « Pouchkine seul,

manufacture de livres. « Sang bleu, sang

poête russe. Elle est l’exact reflet de son

parmi tous les grands poètes universels,

noir » son prochain roman est en cours

cosmopolitisme inné, de sa faculté à unir

possède la capacité de se réincarner

d’achèvement.

le divers, de sa propension à élaborer une

totalement dans une autre nationalité. Il

vision universelle. Pouchkine contient le

devenait bourguignon dans Le Chevalier

monde parce qu’il le « comprend». Il le

avare, espagnol dans Le convive de pierre,

perçoit comme un tout dont il faut unir

anglais dans Le banquet pendant la

les parties. Accomplir sa mission de poète,

peste, italien dans Angelo, arabe dans les

consistait à saisir le singulier et l’universel,

imitations du Coran, allemand dans la scène

à tendre vers la totalité, à rêver une

du Faust. Il n’est pas d’autres poètes qui ait

authentique communauté humaine.

eu la capacité de résonnance universelle de Pouchkine, la faculté de réincarnation

L’oralité africaine, les régionalismes

de son génie dans le génie des autres

russes, les langues slave et latine, les

peuples ».

dialectes locaux, l’histoire antique, les contes africains, la culture de l’aristocratie

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Eloge et exemple à méditer…


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ART TALK

Chassol, dans cette vie antérieure Par Camille Moulonguet images courtesy of Chassol

Le compositeur Chassol joue entre l’image et le son, et crée une oeuvre pénétrante et puissante dont les inspirations de notre époque ouvrent un monde inclassable, nonfantasmé mais dont les obsessions rejoignent tous les mondes possibles. AFRIKADAA : Dans tes films musicaux tout se passe comme si tu utilisais l’image comme un instrument de musique et la musique comme un instrument d’image. Comment vois-tu cette relation entre l’image et la musique ? Chassol : J’utilise l’image comme un matériau musical, bien plus que l’inverse. Lorsque j’ai commencé mes ultrascores, mon souci était tellement musical que je ne me souciais parfois absolument pas de la qualité du montage ou des accidents de l’image. D’un mauvais zoom en fin de loop pouvait justement naître l’intérêt d’une séquence. J’ai su que je voulais être compositeur de musiques de films vers l’adolescence. Les westerns de Sergio Leone, les séries

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télévisées américaines et leurs scores avant-gardistes, mélanges savants de musique contemporaine, électronique, jazz, disco ou funk, les Walt Disney et

A: La Nouvelle Orléans, puis l’Inde,

autres mangas, West Side Story et sa

territoires divers mais dont les musiques

synchronisation parfaite image-danse-chant-

sont dans une puissante continuité, t’

orchestre symphonique m’y ont largement

inspirent. Est ce de la pop ? De la musique

poussé. Je suis né en 76 et j’imagine que

contemporaine ? Comment les définir ?

j’ai très rarement vu une image sans son. D’ailleurs, cela existe t-il ? Lorsqu’en 1952

C: Interessant, c’est que les sujets finissent

Cage nous dit que le silence n’existe pas,

souvent par nous trouver...Et non l’inverse.

cela nous dit aussi qu’aucune image (même

Pour « Nola Chérie » et la Nouvelle Orléans,

muette) n’est regardée dans le silence :

c’est le musée d’art contemporain de New

les bruits environnants sont toujours là.

Orleans qui est venu me trouver. J’ai réalisé

La relation image / musique ou si l’on

des mois plus tard le lien que je pouvais

préfère vision/audition existe toujours, je

entretenir avec la créolité, le fait que mon

la vois comme une permanence. Michel

père dirigeait deux fanfares aux Antilles et

Chion décrit l’audio-vision comme un

même l’idée que la ville soit un berceau du

illusionnisme dont le cinéma, l’art vidéo et

jazz. Pour l’Inde, même si j’aime la musique

le clip ont su exploiter les 1000 ressources.

indienne depuis mon adolescence (via

J’essaie de créer de nouveaux rapports, de

Shakti et John mac Laughlin), j’ai réalisé

nouveaux liens, de nouveaux « trucs » dans

après le tournage que ma mère m’avait dit

ce rapport permanent, multidimensionnel et

avoir ¼ de sang indien et à quel point elle

transversal.

ressemblait à une indienne…Comme une


groupe Phoenix). À l’époque

quelques morceaux d’Idlewild.

du lycée (j’ai grandi dans une banlieue blanche ) tout le monde

A : Quelle serait ta vision science fiction du

écoutait Parliament-Funkadelic

peuple noir dans le futur?

et mes amis montaient des couli. Il y a toujours beaucoup plus de nous dans notre travail que l’on ne le pense et le lien ou le liant entre ces deux films est pour moi une chose assez simple : mes obsessions harmoniques. J’ai depuis l’adolescence, voire l’enfance les mêmes envies d’entendre, les mêmes addictions harmoniques et elles sont très semblables de Nola Chérie à Indiamore. Je veux dire que j’aurais pu filmer n’importe où, les suites harmoniques, les grilles d’accords auraient sans doute été les mêmes…. Ces deux mondes m’ont apporté de connaître un peu mieux encore mes obsessions et de les enrichir de nouvelles propositions apportées par les différents protagonistes (sitaristes, brass bands, chanteurs, poètes, danseurs etc…). Cette musque que j’essaie de développer est j’imagine un mélange de tout ce que j’aime... Du jazz (Miles Davis, Chick Corea) à la musique classique française (Ravel/Debussy) américaine (Bernstein, Copland), minimaliste (Reich, Riley) à la pop (The Cure, Beach Boys...) au Hip-hop (Busta Rhymes, Jay-Dilla), à la soul (Minnie Ripperton, Marvin Gaye, D’Angelo…) etc… A : Le psychédélisme de Sun Ra t’inspires-t-il ? Et celui d’Andre 3000 ? C: Lorsque j’entends ce terme, je pense évidemment à Sun Ra que j’écoutais pas mal adolescent et surtout à George Clinton dont j’ai eu la chance de faire l’ouverture il y a 10 ans au festival de Montreux dans le Hall Strawinsky (j’étais alors clavier du

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groupes comme Frisco ou Jam

C: Je n’ai jamais pensé qu’il y avait un

et 203 inspirés de nos aînés

« peuple noir ». C’est la vérité.

de Sèvres la Mano Négra, la Malka Family ou 13 NRV… Je me souviens avoir été un

A: As-tu déjà un autre projet en tête?

peu en retrait de ces groupes, n’ayant à cause des tenues extravagantes de Bootsy

C: Oui. L’adaptation au Brésil de « Narcisse et

Collins ou Clinton jamais pris cette musique

Goldmund » d’Herman Hesse en ultrascore

au sérieux…un élitisme qui m’a poussé

d’animation (avec orchestre) et les idiomes

vers d’autres négritudes musicales comme

de la musique symphoniques américaines

Herbie Hancock et les headhunters, Miles

que l’on trouve dans « Rodéo » ou « Billy the

Davis électrique, Tony Williams Lifetime par

Kid » d’Aaron Copland.

exemple. J’avais à l’époque l’impression qu’on ne pouvait être déguisé sur scène

Chassol sera prochainement en concert :

et être pris au sérieux (j’écoutais pourtant Zappa, les Béruriers noirs etc..).

Le 20 juin 2013

J’ai depuis revu mon jugement,

à New York (USA)- River to River - Pear 15

heureusement. Sun Ra me semblait bien

Les 28,29,30 juin 2013

différent à l’époque et même si je n’ai jamais

à Montréal (CA)- Montréal Jazz - Musée

réellement plongé dans sa musique, je le

d’Art Contemporain de Montréal -

respectais car il dégageait quelque chose

Berverly-Rolph- Webster

de profond qui fédérait et son souci du beat

Le 21 septembre 2013

n’était le même que dans le P-funk. Pour ce

à Lyon (FR) - Festival Les Subsistances

qui est de Paul Miller (Spooky)…J’avoue ne

Le 07 novembre 2013

pas trop comprendre sa démarche, même si

à Bordeaux (FR) - Rocher de Palmer

j’aime bien la personne. J’ai l’impression qu’il

Le 11 novembre 2013

n’y a pas grand chose de futuriste dans ses

à Bruxelles (FR) - Bozar

collages de beats et de quatuors à cordes sur

Le 28 novembre 2013

des images de Martin Luther King. Son travail

à Paris (FR) - Les Bouffes du Nord

m’apparaît plutôt comme une célébration

Le 12 décembre 2013

du passé, une sorte d’Afro-Passéisme. Par

à Colombes (FR) - L’avant Seine

ailleurs, et pour dire vrai, le psychédélisme ne m’inspire pas vraiment…À part peut être pour trouver de nouveaux rapports d’Audio-vision en ayant ouvert les portes de la perception. Quant à André 3000…Je le trouve beau et classe…Mais ne connais pas vraiment son œuvre à part Hey Ya et


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L’Utopie (De l’anglais utopia, mot inventé, en 1516, par Thomas More

dans son livre Utopia construit avec le préfixe grec οҏ- ou- de sens privatif et noté à la latine au moyen de la seule lettre u, et τόπος, tόpos (« lieu »), signifiant donc « (qui n’est) en aucun lieu »). Anonyme (XVI e siècle) Du latin anonymus (« sans nom ») issu du grec ancien чνώνυμος, anônymos (« sans nom »).

Par louisa Babari photos : tous droits réservés à Mohamed Bourouissa et la galerie kamel mennour Portrait de Mohamed Bourouissa Par Jean-Michel Quionquion

Choisissant d’inscrire son travail dans une relation à l’oeuvre du photographe allemand du XIX e siècle, August Sander, Mohamed Bourouissa crée un protocole artistique qui consiste à réaliser des statuettes en résine de personnes en recherche d’emploi et affiliées aux Pôles emploi des villes et de leur banlieues. Un fab-lab mobile, permet à Mohamed Bourouissa de numériser la silhouette de ces anonymes à l’aide d’un scanner et d’une imprimante 3D et de produire une nouvelle représentation de cette population catégorisée. La production de cette statuaire questionne autant le statut des demandeurs d’emploi que le rapport que la société entretient avec la communauté des anonymes. Une partie de la production sera vendue par l’artiste sur les marchés des quartiers. Né à Blida en Algérie, Mohamed Bourouissa vit et travaille à Paris. Il est représenté par la galerie kamel mennour. 34


AFRIKADAA: “ L’utopie d’August Sander”

Cette technique va beaucoup se développer.

imprimantes 3D, il y a eu un rapport direct

donne l’impression d’entrer dans une

Le projet en soi parle aussi de cet aspect,

à la photographie qui m’a tout de suite

dimension futuriste de la représentation

de ce “non-travail”, avec de plus en plus de

parlé. Une sorte de genèse comme pouvait

de l’Homme notamment dans un rapport

gens qui ne travailleront pas. Il y a donc deux

l’être une genèse de la photographie, il y

ambigu à l’individualité et à la production

lignes phares dans ce travail.

a un siècle et demi. J’ai été évidemment

de masse.

séduit et intéressé par ce médium, dans la AFRIKADAA : Vous avez travaillé le

mesure où je pouvais toucher au portrait

Mohamed Bourouissa: Je ne sais pas dans

médium photo pendant des années

et aux personnes par le volume. Il peut

quelle mesure elle aborde une thématique

et l’on entend souvent dire que cette

effectivement y avoir une sorte de mutation,

futuriste, mais il y a une réflexion autour

nouvelle génération d’imprimantes, cette

mais je ne pense finalement pas que cela en

des procédés techniques qui sont des

technique de reproduction représente une

soit une. Nous sommes sur cette même idée

procédés qui coûtent assez cher comme la

mutation de la photographie.

de la naissance de la photographie puis du

stéréophotographie, procédé qui, dans les

cinéma, comme une mutation de l’image

années 80, était hors de prix et qui servait

Mohamed Bourouissa: C’est une mutation de

fixe à l’image en mouvement.

à réaliser des sculptures. Aujourd’hui, la

l’image. Je viens du monde la photographie,

C’est juste un médium de plus qui s’intègre

technique part sur l’impression 3D à très

puisque j’ai commencé mes travaux en

aux possibilités de création. La photographie

bas coût, disponible pour tous et accessible

tant que photographe. Mes expositions ont

a des spécificités que la représentation en

à chacun. Cela touche dans un sens une

été liées à ce médium et j’ai été reconnu

volume n’a pas. C’est un amoncellement de

dimension contemporaine ou future de

avec lui. Quand j’ai pu accéder à cette

plusieurs médiums, comme pourrait l’être le

cette technologie liée au plus grand nombre.

technique, notamment avec les scans et les

moulage, la photographie et tout d’un coup

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il y a cette énième possibilité.

projet, peuvent aussi rentrer en contradiction

AFRIKADAA : August Sander voulait

ou dialoguer entre eux.

créer une cartographie de « L’homme

Afrikadaa: Votre travail sur cette statuaire

allemand ». A-t-il été dans cette mesure

3D rend hommage à des individus

AFIKADAA : Il y a dans le mouvement

un précurseur, un pionnier avec le début

anonymes qui sont affiliés à une agence

afrofuturiste, une relecture du passé à

d’une photographie conceptuelle au

de recherche pour l’emploi. Ce travail ne

l’aune du futur. Pourquoi avoir intitulé

sens où l’idéologie du concept était plus

crée t-il- finalement pas un profil type

le travail sur la statuaire 3D « L’utopie

importante que la production artistique

d’individus, deux fois catégorisés, puis

d’August Sander », August Sander étant

elle-même ?

dans une vision d’anticipation, clonés à

l’un des pionniers de la photographie au

l’envi, comme les fameux “répliquants” de

XIX ème ? Quel est donc dans votre travail,

Mohamed Bourouissa: Oui, il y a le début

“ Blade Runner “ le film de Ridley Scott ?

ce lien entre passé et futur ?

d’une conceptualisation et surtout le début

Cet hommage ne produit-il pas à son insu un homme - type déshumanisé ?

de toute une histoire de la photographie Mohamed Bourouissa : Il y a déjà une

allemande. D’une école de la photographie

dimension affective et personnelle vis-à-

allemande très forte. Il a été le premier à dire

Mohamed Bourouissa: Ce travail est très

vis de ce photographe. Je trouvais dans sa

que la photographie servait davantage un

lié à l’expérience. C’est vrai que j’ai pensé

pratique, les mêmes prémisses liées à une

propos qu’une esthétique. Ça n’enlève rien à

au début à mettre en place une certaine

technologie naissante. Ce qui s’est passé

la beauté et à la force de ses photos.

typologie liée à cette représentation. Mais

pour la photographie est en train de se

ce qui m’intéressait c’était de rendre lisible la

rejouer pour ce type de technologie. C’est

AFRIKADAA : Dans ce projet utopique,

violence de la catégorisation des personnes.

une technique qui va se développer et qui va

ce qui vous intéresse en tant qu’artiste,

Rendre lisible la mécanique produite par

prendre de la place un peu partout. Quant

est-ce l’antichambre du projet, sa

le Pôle Emploi. Parce que tout d’un coup, il

à la question de l’anonymat, plus le coût

conceptualisation ou la production de

faut archiver, rentrer des types d’individus,

de fabrication est élevé plus ce qui va être

l’œuvre en elle-même ?

des types de représentation. En numérisant

représenté va avoir de l’importance. Si les

les gens et en travaillant directement avec

coûts sont moindres et la technique plus

Mohamed Bourouissa: Ce qui m’intéressait

eux, on se rend très vite compte que chaque

facile à aborder, des sujets plus anonymes

le plus c’était ce qui était « en devenir ».

sculpture, chaque pièce représentée dans

vont être pris en compte. Quand August

Concept et production sont de même

le projet a sa propre spécificité. Chaque

Sander photographie des anonymes, ce qui

nature. Les éléments que je présente enfin

pièce est unique et ne ressemble à aucune

fait œuvre c’est la photographie et non plus

sont des comptes-rendus. Je les appelle

autre. Quand elles étaient revendues au

simplement le modèle. Ce qui n’était pas le

des hamburgers parce que ce sont des

marché, elles étaient vendues comme

cas, trente ou quarante ans avant ses débuts,

empilements d’idées, de choses posées qui

pièces uniques. Evidemment, c’est un

quand on photographie essentiellement les

n’ont pas une finalité de l’ordre du discours.

projet très contradictoire. Très négatif par

sujets de la bourgeoisie. Dans mon travail,

Ce sont des éléments qui sont ouverts dans

la catégorisation des personnes que je

c’est la sculpture qui fait œuvre et non ce qui

le projet. Ni temps, ni futur, ni passé. Un

numérise mais qui a rendu hommage à

se place autour d’elle. Il y a donc un aspect

élément constamment « en cours de ».

chaque personne stéréophotographiée

similaire entre ce qui se faisait à l’époque et

comme étant un individu à part entière. En

ce qui se produit aujourd’hui et ce qui va se

aucun cas la machine, ou le système que j’ai

retrouver plus tard. Des ponts, un parallèle se

AFRIKADAA : J’ai regardé l’ensemble de

produit rendra la complexité d’un individu.

construisaient entre August Sander et mon

votre œuvre et notamment le travail

Il rend compte d’un instant « t » dans un

travail. S’il faut parler d’Afrofuturisme en ce

photographique que vous avez intitulé

lieu particulier qui est le Pôle Emploi. Des

sens, il y a effectivement une construction

« Temps mort ».

éléments qui sont inscrits dans un même

qui se joue là.

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Il y a certains éléments de ce travail

portable donne cette transversalité aux

qui m’ont fait penser à des passages de

deux temporalités, le temps intérieur d’un

« Solaris », le livre que Stanislas Lem a écrit

espace d’enfermement et le temps extérieur.

en 1962. Dans cette oeuvre, vous utilisez

Ces images sont la jonction entre ces deux

fréquemment la notion d’espace-temps.

dimensions .

C’est aussi une notion bidimensionnelle qu’aborde Lem avec la description de cette planète, qui est une base de recherche située entre deux soleils et qui reste une énigme pour les scientifiques. Il décrit la présence d’une entité intelligente (l’océan Intelligent) qui conditionne l’espace-temps et le cerveau des hommes. Le dispositif mis en place dans ces photographies produit à mon sens un effet semblable de conditionnement très fort du temps, des lieux et des sujets. Une matière intelligente et autonome qui échapperait à toute représentation et qui transpose les contenus vers un ailleurs, un espacetemps totalement dématérialisé. Mohamed Bourouissa : Cette notion de matière intelligente, je la conçois en terme de « grille » et je crois que le choix dans ce projet est un choix de surface même de l’image. C’est cette grille qui donne cette lecture de l’image. Je me suis retrouvé face à deux choix. Sur un projet réalisé en prison, il y a un type de grille officielle, lié à la qualité de l’image, avec laquelle je pourrai avoir une image très photographique ou le filtre, la grille de lecture sera liée à la censure d’une autorité. J’avais choisi pour ce projet un autre type de grille, qui était pour moi davantage émancipateur, celle de la technologie du téléphone portable. Cette matière que tu définis comme intelligente est liée à l’outil même de réalisation du projet et à deux temps différents. Le temps extérieur, qui s’aborde différemment du temps de la prison. La technologie du téléphone

37

Sans titre (Temps mort), 2008-2009. Photographie couleur, 98,5 x 80 cm, © Mohamed Bourouissa


Pages 35, 38 et 39 : “L’utopie d’August Sander”, © Mohamed Bourouissa

38


39


ART TALK

Remix Africana 'DF9E?:?=DI:A$'DJ<$=I$ ?@<$4<I<B:?=DI$DC$K .B? L by Mukwae Wabei Siyolwe All images © Mukwae Wabei Siyolwe

Makishi Unmasked by Mukwae Wabei Siyolwe

There is no debate when it comes to the

replace? Is hyper-reality the grandest of

the sci-fi genre Star Wars and Star Trek.

influence of Africa on modernity. In the art

magical illusions. Or is it the ghosts and

Avatar, with its virtual blue people with

world, this is most evident in the Cubist

shadows of the ever-present past? The

braids, who have languages, customs and

movement of the School of Paris – especially

ultimate remix could be the encounters

landscapes with limitless boundaries, are to

in the works of Picasso and Matisse. Africa

with Ogotemmêli, a blind, hunter Griot from

my de-colonized mind, simply appropriated

inspired early modernism. The first “Modern

Mali, who told the French anthropologist

constructed images that hold no fascination.

Art” was previously something of African

Griaule (1965), that there were rings on

These narratives tell us we have indeed

origins that had ritual, spiritual, or decorative

Saturn, moons orbiting Jupiter, and that

crossed over, but from where ? Africa

significance. Paris manipulated the originals,

Sirius, the brightest star in the sky, had at

perhaps? The implication suspiciously smacks

stripped and re-configured them. Remixed.

least one companion star. He knew these

of a remixed colonial project. We can take

things without ever having seen or heard

the development of interface back to the

In his essay, The Work of Art in the Age of

of a Hubble telescope! This remix has spun

phantasmagoric force of alchemy, Al-Chemi

Mechanical Reproduction (1936), Walter

countless UFO conspiracy theories and pieces

of Kemet or ancient Persian visionaries like

Benjamin makes me ask what is African

of art.

Alghebra. We can look at how the internal

futurism when what is considered modern

drama of allowing a number, a beat, to

and new was already there in a previous

According to Marxist political theorist

replace a letter has unfolded over time into

manifestation in Africa? Have we completed

Jameson [1991], we have completed Post-

programming and computational code. The

a full circle several times over? What does

Modernisms “spatial turn”. The final frontier,

future western messianic trope tells us that

computer generated art re-present and

the colonization of space is predicted by

there is no going back since an apocalypse

40


is coming -- take cover and be very afraid.

them or heralding rites of passage or just for

Mukwae Wabei Siyolwe is a Princess from

No going back not even to analog, vhs,

passing into a trance on a long hot night in

the Kingdom of Barotseland, an artist and a

for goodness sake, even cd’s are already

the bush for the !Kung of the Kgalahari. Or

social scientist who likes to travel, compose

obsolete. But wait...they will come back. Like

is it something that just sprang from itself,

music, meditate, write, create hybrid

the platform heel or the bustle, we cannot

from the genius of the western mind? I

experiences, cook, dance and live in the

resist taking what was already there and

don’t think so. Who would have thought

moment.

remixing it even if that manifests as silicone

that the simple movement of a hand with

buttock implants thanks to the Hottentot

a stick could become what we now know

Venus. The market insists it will come back

as a digital code and is now the dominant

and be remixed.

system of communication that mediates all exchanges and expresses some sort of

Even if the science of computer code

meaning for all participants?

has traditionally been associated with western, modern, post-industrial, time-

What is happening when an artist like me is

based statistical techniques that allow the

moved to impress her vision on a previous

extraction and addition of defined flows

piece of utilitarian or ritualistic object like a

of information to be drawn, allowing for

Makishi mask from Barotseland or maybe

the configuration of coherent systems and

even a nuclear fallout on a kids t-shirt by

structures. This is what the authorities

the Lyambai (Zambezi River)? Reproduce

say yet we all know it all started with a

it. Such is the logic and imperfection of

drumbeat. Code has always been a flexible,

generating art in the digital age. Every image

fluid yet complex structure founded

has a reference of something else, nothing is

on ancient philosophical and aesthetic

original. It’s all a remix.

principles. The resilience of code shows us it is a far more open reality and offers participatory action creating opportunities to build real communities. We go from being consumers to producers and narrators of or own worlds and realities through barcodes, micro chips, instagrams, twitter, facebook, blogs, websites, pod casts, posts, likes,

“What is African futurism when what is considered modern and new was already there in a previous manifestation in Africa?”

shares, hash tags and more. All are evidence of code as a democraticising tool. To many, including the author, code is seen as emerging from its former cognitive knowledge base in oral mythology from drum rhythms whose symbolic world stood in for realities known only to the participants. Perhaps this code came about out of ecological necessity to signal the annual imminent flood for the Barotse during Kuomboka or as a way of marking time for

41

Unf#$k the W@rld by Mukwae Wabei Siyolwe


ART TALK

LOW-TECH SOLUTIONS FOR HIGH TECH CHALENGES By Olivia Anani

What can we say about digital arts in

Just like him, many artists working with

for artistic purposes is also increasing. While

Africa? First of all, we have no intention of

digital technology are self-taught, and for

we believe that the self-teaching culture

rambling on about whether the average

producing their craft they have to rely on cre-

will remain a strong trend, these collectives,

farmer on the continent, or even the young

ativity over technical or academic training.

schools and institutions are already the

IT student can afford the west’s latest digital

Consequently, their practice often involves

breeding ground of new talent.

toy. We know most of them cannot. But we

technology, materials and mediums that are

can state with assurance, that the inability to

easy to find in their immediate environment.

Just like Emeka Ogboh’s work on the sounds

purchase new, high technology equipment

They come from IT schools, Internet cafes,

of Lagos, Africa’s new digital artists have

and update it regularly through global distri-

classic fine art academies and even electric

made the deliberate choice to maintain a

bution channels, does not in any case, imply

engineering…

close relation with Africa’s daily concerns and

that the continent’s artists would not be able to play a part on the global digital scene.

contribute their unique view of the places Luckily, creativity doesn’ t have to be an

they live in, all while exploring aesthetic

individual pursuit and as a result, digital

pursuits of their own. In the near future, art

Indeed, one thing we do know for sure about

collectives, art spaces, festivals and resource

and innovative applications using smart

the continent, is it’s people’s ability to sail

centers have been critical in hosting work-

phone technology, widely available to urban

beyond limitations of all sorts to discover

shops, sharing skills, raising resources and

as well as rural populations, will also be a big

through creativity a new, unique and effi-

creating exposure for young and more

trend. In a non-flashy way, Africa has already

cient way of doing things. The work of Jean

established artists. Among them, Kër Thios-

crossed the technology divide by using

Katambayi Mukendi for example, illustrates

sane in Dakar and its Afro-Pixel Festival, the

low-tech solutions to solve high tech chal-

that idea very well. Born to an electrician

Trinity Session in South Africa, the E-Fest in

lenges… it’s own way.

father and a mother from whom he learns

Tunis, the African Digital Art website and

the art of DIY (Do It Yourself), the young man

platform based in Kenya are some of the

found his inspiration and earliest experiences

most active on the continent. Inter-

with cardboard, mathematics and electronic

national platforms in the field such

systems not in school, but at home. Recipi-

as the TED Conference on innovation,

ent of the “Prix de la Découverte” – Best New

the magazines MCD (Digital Music

Artist – hosted by the Blachère Foundation

and Culture) and Digitalarti have also

at the Dakar Biennial in 2010, the young artist

shown their support to the continent’s

creates impressive electric systems, calcula-

booming digital art production. The

tions and educational machines addressing

number of academic institutions in

the question of power supply and life in

Africa offering specific training on the

Congo.

use of digital and technological tools

42

Right page : atelier Defko Yaw Rek - Usinette Afropixel #3 2012 Below : Hobss Neustetter et en légende “Entracte - Afropixel 2010”


PRINCIPAL ACTORS OF DIGITAL ART IN AFRICA :

theupgrade.net -With Upgrade! Dakar and Upgrade!

Trinity Session (Joburg, South Africa) - http://www. onair.co.za - founded by Stephen Hobbs and Marcus Neustetter,

Joburg. The international network on art, technologies and culture.

The E-FEST festival (Tunis, Tunisia) - http://www.lefest. org – First digital art festival in Maghreb founded by Afif Riahi ; Kër Thiossane, House for multimedia art (Dakar, Senegal) - http://www.ker-thiossane.org RAVY (Yaounde, Cameroon) - http://ravy2010.blogspot.com – Visual arts festival in Yaounde; Jepchumba (Naïrobi, Kenya) : Kenya artist, founder of the platform African Digital Art (http://www.africandigitalart.com) The network Upgrade! International - http://www.

43

International Festival of Visual art and new medias (Casablanca, Maroco)


ART TALK

La photographie africaine dans le marché de l’art international Auteur : Camille Moulonguet

Sammy Baloji, Femme Urua sur fond d’acquarelle de Dardenne (Luba woman against watercolor by Dardenne), Série : Congo Far West: Retracing Charles Lemaire’s expedition, 2011, épreuve numérique archivique sur papier Hahnemühle PhotoRag, 308 gr/m3, 100 x 231 cm, Courtesy de l’artiste et Imane Farès.

Le marché de l’art africain a une histoire très

de la photographie africaine commence

singulière. Après n’avoir existé que pour ses

avant tout en Afrique, avec une offre et

objets rituels, l’art contemporain africain

une demande cohérente. Seydou Keita

a littéralement surgi sur le marché entre

avec sa chambre 13x18 réalise des dizaines

2002 et 2007, période durant laquelle sa

de portraits par jour pour les habitants de

cote augmente de 370% selon les chiffres

Bamako et aujourd’hui les tirages grands

de Artprice. Depuis 2010 elle a augmenté

formats signés de sa main se vendent à

d’un peu plus de 20%. Dans ce contexte

60 000€. C’est dans les années 90 que le

pour le moins singulier, où se situe la

marché de l’art international commence à

photographie ? La photographie africaine

s’intéresser à cette photographie jusqu’à

n’a pas tout à fait la même histoire puisque

décerner le prix Hasselblad en 2003 à Malick

son existence a commencé totalement

Sidibe, en 2007 il recevra le Lion d’Or de la

en dehors du marché international. Les

biennale de Venise. Et c’est à partir de là que

photographes comme Malick Sidibe,

son histoire a rejoint celle du marché de l’art

Seydou Keita, Jean Depara vendaient

contemporain africain, avec des cotations

leurs clichés à la population locale, des

qui n’ont cessées d’augmenter depuis 10

portraits de rue ou en studio. Le marché

ans.

44

Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand de la galerieMagnin-A


Pour les collectionneurs cyniques ce

autour des thèmes de la colonisation et

disparaît littéralement et surgit alors le

marché est une aubaine! Pourtant s’il

des mutations qu’elle a entrainé dans ses

personnage qu’il évoque. « J’emprunte une

s’est ouvert aux portraitistes des années

montages photographiques qui mêlent

identité. Pour y réussir, je me plonge dans

50-70, le marché a du mal à donner une

archives et photographie actuelle. Son

l’état physique et mental nécessaire. C’est

place forte aux jeunes photographes du

œuvre a été présenté en Afrique, aux

une façon d’échapper à moi-même. Un

continent. Il y a Baudouin Mouanda, jeune

Etats-Unis, en France et est présente dans

passage solitaire. » explique Samuel Fosso.

congolais originaire de Brazzaville, dont

de nombreuses collections privées et

Il réalise notamment une série intitulée

le travail le plus connu sur la « sapologie »

publiques à travers le monde. Ses tirages

« African Spirit » où les grandes icones de

lui a donné une certaine visibilité sur la

récents sont vendus à 18 000 euros et sont

Césaire à Lumumba en passant par Malcolm

scène internationale. Et puis le camerounais

exposés jusqu’au 30 Juin 2013 à la galerie

X traversent son corps, le temps de la mise

Rodrigue Mbock présente sa vision de

Imane Farès à Paris.

en scène.

intelligence qui présagent d’un travail très

Samuel Fosso, lui-même comme un autre

Le point de vue de Jean Loup Pivin

fécond. Les autoportraits troublants du très

Samuel Fosso est né à Kumba au Cameroun

co-fondateur de la Revue Noire et de la

jeune Kinois Alain Polo placent d’emblée

en 1962, il commence son travail artistique

Maison Revue Noire.

son travail dans une démarche artistique

en finissant les pellicules entamées pour ses

puissante. Mais finalement celui qui s’en

clients dans son studio de Bangui qu’il avait

Afrikadaa : Pouvez vous nous parler de

sort le mieux du point de vue du marché

ouvert à l’âge de 13 ans. Profondément

l’évolution du marché ces vingt dernières

c’est Sammy Baloji, représenté par la galerie

immergé dans la photographie de studio,

années concernant la photographie

sud-africaine Momo Gallery et dont le

il pousse le genre à l’extrême jusqu’à

africaine ?

travail suscite beaucoup l’intérêt. La galerie

transformer son studio en espace de

Peut-on parler de marché de la

l’Afrique avec une sensibilité et une

n’a d’ailleurs aucun tirage disponible à la

photographie africaine quand on voit

vente de cet artiste.

les quelques ventes spécialisées sur

Le marché de la photographie africaine

la photographie africaine faire de si

existe, mais il reste très fermé avec une

piètres résultats ! Et de voir se réduire la

petite dizaine de noms qui tournent en

connaissance de la photographie africaine à

boucle dans la bouche des marchands et

moins de 10 noms. Pour le “marché” et son

des collectionneurs. Sa perspective est dans

public elle n’existe pas encore.

sa diversification et son ouverture. Afrikadaa : La création contemporaine Sammy Baloji, un discours et une œuvre

africaine et la photographie ont elles eu le

Il arrive souvent que l’œuvre ne soit pas à

même parcours ?

la hauteur du discours qui l’accompagne et

Oui et non. Néanmoins leur reconnaissance

une démarche passionnante qui n’est pas

a été simultanée dés le début des années

sublimée par l’œuvre manque le champ

1990 avec la conjonction du travail de

des arts plastiques. Chez Sammy Baloji,

Revue Noire qui a révélé plus de 3500

l’œuvre transforme la pensée avec une puissance exceptionnelle. Né en 1978 à

Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand “Walther Collection”

artistes en dix ans dont 600 photographes, la création de la Biennale de Dakar

Lubumbashi en République démocratique

théâtralisation et d’idéalisation. Il réalise des

« Dak’art », puis plus tard, en 1994 la

du Congo, Sammy Baloji vit et travaille

auto-portraits dans lesquels il incarne des

création des Rencontres de Bamako et

entre Lubumbashi et Bruxelles. Il réussit à

personnages familiers ou publics.

deux premières tentatives de Biennale

faire vivre l’histoire de sa région, le Katanga,

Au cours de ces prises de vue Samuel Fosso

à Johannesburg. Au même moment, la

45


collection pionnière de Jean Pigozzi avec

milliers d’image de plusieurs centaines

continent africain, et puis les rencontres de

le travail d’André Magnin se concentrait

de photographes qui représentent tout

Bamako ont joué un rôle prometteur. Tout

principalement sur l’art actuel et inspiré

le spectre qualitatif des photographes

cela a contribué à la reconnaissance des

africain. Dans la lignée de l’exposition

africains, afin qu’un jour il y ait une place

photographes africains en Europe.

« Les Magiciens de la Terre », l’exposition

plus grande qui leur soit réservée dans le

itinérante “l’Afrique par Elle-Même”

marché.

Afrikadaa : La création contemporaine africaine et la photographie ont elles eu le

associée à son catalogue « Anthologie de la Photographie Africaine » montée par

Le point de vue d’Imane Farès, fondatrice

même parcours ?

Revue Noire et dont le périple mondial a

en 2010 de la galerie Imane Farès qui

Leur parcours est un peu

commencé à la MEP à Paris en 1998 reste

représente des artistes du Moyen-Orient et

différent. Néanmoins, je pense qu’il y a

fondatrice d’une histoire de la photographie

d’ Afrique.

de plus en plus des artistes africains qui

africaine et de sa pluralité, ne la concentrant

trouvent leur place dans le monde de l’art

pas uniquement sur la photographie de

occidental, à la fois des photographes

studio. Ensuite se sont agrégés d’autres

africains et des artistes plasticiens. En plus

acteurs. Les années 2000 seront marquées

il y a aussi une nouvelle génération des

par l’ambitieuse et itinérante exposition

chercheurs et des commissaires africains

« Africa Remix » du Centre Pompidou de

qui sont spécialisés dans l’art africain

Paris, puis au Musée de Dusseldorf en

d’aujourd’hui. Pour l’art contemporain,

passant par le Mori Museum de Tokyo

le commissaire Okwui Enwezor a joué

et par le premier pavillon africain de la

un rôle important avec la Documenta

Biennale de Venise.

XI en 2002 et plus récemment il était le Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand de la galerieMagnin-A

Afrikadaa : Quels sont les artistes qui sont

commissaire général de l’édition de la triennale d’art contemporain qui a eu lieu

pour vous les plus prometteurs ?

Afrikadaa : Pouvez vous nous parler de

au Palais de Tokyo. L’exposition « Africa

Pour les anciens, il y a malgré sa rareté,

l’évolution du marché ces vingt dernières

Remix » (Centre Pompidou, 2005) était

probablement le plus grand et celui qui

années concernant la photographie

précurseur, elle a voyagé à plusieurs

aura eu une influence dans toute l’Afrique

africaine ?

institutions européennes dont la Hayward

de l’Ouest : Mama Casset. Et puis Jean

La photographie africaine a reçu beaucoup

Gallery de Londres, et à Tokyo au Mori Art

Depara, le pendant de Kinshasa de Malick

d’attention ces dernières années. Depuis

Museum. Ensuite plusieurs expositions de

SIdibé. Pour les jeunes il y a Alain Polo

peu, il est apparu

avec sa photographie d’auteur ambigüe et

une nouvelle vague

intime et Sammy Baloji qui présente une

très intéressée par

photographie de montage prenant parti.

la photographie africaine. Les

Afrikadaa: A la Maison Revue Noire, quel est

nombreux festivals

votre rôle dans ce marché ?

de photographie

Le continent africain ne peut se résumer

(Les rencontres

à moins de dix noms et deux tendances

d’Arles ; Mois de

“exotiques”. Notre travail est de continuer à

la Photo ; etc.) se

promouvoir la diversité de la photographie

sont également

africaine dans son invention avec aussi

ouvert aux artistes

notre fonds constitué de plusieurs

provenant du

46

Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand de la galerie Baudoin Lebon


actuellement au 40 ans du CAPC, musée d’art contemporain de Bordeaux et au National Museum of African Art à Washington. James Webb qu’on montre actuellement à la galerie dans une exposition de groupe dédiée au thème de NO LIMIT 2 avec Sammy Baloji et Mohamed El baz, représente l’Afrique du Sud à la Biennale de Venise cette année.

Photo prise lors de “Paris Photo” 2011 au stand de la Maison Revue Noire

l’art africain contemporain ont vu le jour.

de la dernière édition de la foire d’art Dubaï

L’ouverture du Musée de Quai Branly qui

par exemple, les pays africains étaient à

présente également des expositions d’art

l’honneur.

contemporain thématiques ou dédiées aux artistes du continent africain est devenu un

Afrikadaa : Avec votre galerie, quel rôle

lieu de rencontre et de dialogue.

jouez-vous dans ce marché ? Je suis très heureuse de pouvoir présenter

Afrikadaa : Quels sont les artistes qui sont

mes artistes du Moyen-Orient et de

pour vous les plus prometteurs ?

l’Afrique à Paris, une ville qui à mon avis

Sammy Baloji (1978, vit et travaille entre

reste un centre de l’art contemporain. Le

Lubumbashi, RDC et Bruxelles), Younès

milieu de l’art contemporain à Paris est à la

Rahmoun (1975, vit et travaille à Tétouan)

fois très développé et très dense et tout le

et Mohamed El baz (1967, vit et travaille à

monde se connaît. J’ai inauguré la galerie à

Casablanca)

Paris en mai 2010, cela va faire maintenant trois ans que la galerie existe. La galerie

Afrikadaa : Où se passent les transactions

devient de plus en plus connue et j’en suis

pour ce marché, Paris, Londres, Dubaï,

ravie.

Hong-Kong ?

Je présente à la fois des artistes émergeants

Paris, Londres et Dubaï et même Hong

et confirmés, comme entre autres James

Kong sont tous des centres très importants,

Webb (1975, vit et travaille à Capetown),

mais aussi à New York où il y a plusieurs

Younès Rahmoun. Ils font partie d’une

collections d’art africain et des musées

jeune génération déjà très établie,

dédiées aux arts africains, comme par

reconnue et exposée dans des grandes

exemple The Museum for African Art. Lors

institutions. Younès Rahmoun expose

Maison Revue Noire 8 rue Cels 75014 Paris MAGNIN-A 32 boulevard Voltaire 75011 Paris Galerie Imane Farès 41 rue Mazarine 75006 Paris Jean-Marc Patras 8, rue Sainte-Anastase 75003 Paris Galerie du Jour 44 rue Quincampoix 75004 Paris Fondation Blachère 384, avenue des argiles 84400 Apt

“Publié dans le magazine Fisheye de juin 2013”

47


ART TALK

Les particules picturales d’ Edem Allado Par Pascale Obolo images courtesy of Edem Allado

Edem Allado “ le physicien de la peinture particulaire”, est un artiste aux multiples facettes issu de la région parisiènne. Je le rencontre pour la premiere fois à la Gaité lyrique avec son agent pour parler de sa nouvelle performance au sein du projet collectif Play me I’m yours. le 15 Juin 2013 au Forum des Halles, l’artiste revisitera dans la mouvance du “Particularisme” l’un des 40 pianos exposés. C’est dans un cadre temporel numérique que je vais découvrir l’ univers artistique de ce jeune peintre qui se considère plus comme un plasticien-graphiste. 48


Annihilation 65 x 50 cm

Afrikadaa : Quel est votre parcours ?

vous découvert vos aptitudes artistiques ?

du XIXe siècle mettant en avant la couleur et

Je suis un artiste autodidacte ayant eu une

Il m’est impossible de dater cela. Je dirais que

la force optique du point, de la touche.

solide formation scientifique et médicale. J’ai

ceci s’est fait naturellement. De réalisations

commencé par des expositions mineures puis

en réalisations. Ayant eu la chance de pouvoir

Ces particules représentent ainsi les plus

de fil en aiguille aux détours de rencontres

conserver la plupart de mes travaux, j’ai très

petits éléments graphiques et physiques,

j’ai été amené à me professionnaliser.

rapidement pu faire un retour sur mon travail

constants et indivisibles, propres à chaque

Néanmoins, J’ai surtout toujours apprécié

et ainsi construire ma personne à partir de

échelle de notre environnement. Des entités

expérimenter et organiser les formes dans

ces bases.

trouvant à travers une temporalité et un

l’espace comme un enfant et ainsi m’étonner

Je pratique aussi la photographie ainsi que la

espace, un contexte de mouvement et par

des résultats obtenus.

scénographie, cependant faute de temps je

cela une certaine liberté.

Sinon je ne pense pas être devenu à

dirais que j’ai plus une passion juvénile pour

proprement dit artiste. De mon point de vu,

ces arts. Peut être un jour, je l’assumerai.

Afrikadaa : Comment décririez-vous votre style ? Quel est l’objet de votre travail ?

j’ai juste accepté le fait que j’exprimais par le visuel, avec plus d’aisance qu’à l’écrit, mes

Afrikadaa : Où travaillez-vous ?

Je décrirais mon approche comme étant

émotions.

Depuis 2 ans dans un atelier.

expérimentale et conceptuelle. Je me placerais plus dans un style d’art théorique

Afrikadaa : Pourquoi avoir choisi la

Afrikadaa : Pouvez-vous nous parler de

où le particulisme se présenterait comme la

peinture ?

votre travail artistique - Parlez nous de

vision spatio-temporelle de particules, dans

Je me considère plus comme un plasticien–

votre concept artistique.

un espace précis, à des instants ‘t’ donnés.

graphiste, qu’un peintre. La place accordée

Mon paradigme artistique est le particulisme.

Les particules, étant par analogie, l’univers,

à la composition de mes images est très

Vu comme une simple condensation de

les atomes, les hommes se mouvant sous la

importante. Il en découle une obsession à

particules ne cherchant qu’à se diffuser,

contrainte d’une force : la société, ses valeurs,

rendre ces dernières toujours plus épurées.

cette série utilise une répétition de points,

sa culture…

Ainsi la gestion de l’espace prend une place

visant à véhiculer des sensations d’ordre et

prépondérante dans mon approche, plaçant

de désordre. Se développant sur plusieurs

Afrikadaa : Quelles sont vos sources

de ce fait la couleur sur un second plan – d’où

années, ce projet a pour dessein de

d’inspirations ?

mon affinité pour le graphisme.

retranscrire une vision d’un microcosme basé

Ayant eu le plaisir de découvrir de par mon

sur les principes de la physique particulaire.

cursus : la physique particulaire et quantique

Afrikadaa : Depuis combien de temps

De ce fait découle les divergences de

exercez-vous votre art ? Comment avez-

conception avec le mouvement pointilliste

49


Afrikadaa :Quelle est l’étape que vous

pictural plaçant la réalisation en axiome.

préférez dans la réalisation d’une œuvre ?

Cette peinture audacieuse possède à mes

La mise à plat des idées en croquis. Les

yeux une des visions les plus proches de la

études. En quelques mots, l’élaboration de

représentation de l’origine de l’art pictural.

la réalisation. À mes yeux c’est le moment le plus intense … La sensation de voir les lignes

Afrikadaa : Qu’ y a t-il de meilleur quand

les points s’imposer à nous, quel plaisir !

on est artiste ? Les rencontres.

Afrikadaa : Utilisez-vous les nouvelles technologies ?

Afrikadaa : Qu’ y a t-il de pire quand on est

Je pense que les nouvelles technologies

artiste ?

nous offrent une surface supplémentaire

Ne susciter aucune émotion.

d’expression à l’image d’une dimension s’ajoutant aux ‘3’ de notre espace. Surpeuplement 65 x 50 cm

Afrikadaa : La vie d’artiste est-elle solitaire ?

Afrikadaa : Si vous deviez envoyer un

Je ne pense pas qu’un artiste doit être

ainsi que la thermodynamique ; je fus frappé

morceau de musique dans l’espace, quel

solitaire. Certes, il est important de s’accorder

par la force et l’écho que ces propos eurent

serait ce morceau ?

des moments particuliers, intimistes de

sur moi. Modélisant une représentation de

Black Canary de Mister Bibal du projet “Beat

création. Toutefois si on part du principe

la statique et du mouvement à l’échelle de

Heroes volume 9”. Assez cosmique il m’a

que l’art puise son énergie dans l’étude

l’infiniment petit, ces domaines se trouvaient

toujours fait voyager. Un voyage spatial en

du « moi » du « toi » (autrui) et du « nous »

être capables de représenter en partie les

solitaire. Un vrai coup de cœur.

(environnement). Ce dernier se doit d’être en interaction avec ces éléments que se soit

comportements humains en société. Afrikadaa : Et si c’était une oeuvre

en synergie ou en opposition. Au fond nous

Afrikadaa : Parmi vos œuvres laquelle

picturale ? Quelle serait-elle?

réagissons toujours à un contact extérieur à

préférez-vous ?

Carré blanc sur fond blanc de Malevitch

notre univers.

Surpeuplement – (2009). Tout d’abord

afin de construire une nouvelle forme d’art

pour sa valeur symbolique car elle représente la première réalisation déclinant le particulisme. Mais également pour son dynamisme prenant, entrainant, m’emportant à chaque regard. Cela est un peu comme une illusion d’optique dont je n’arrive à me défaire. Afrikadaa : Êtes-vous libre dans votre travail ? Totalement libre, du moins libre de jouer avec mes limites. Je me permets d’offrir à chaque réalisation les dimensions qu’elle mérite afin d’exprimer au mieux son message.

50

Etude de l’état d’équilibre 3 fois 220x90 cm


Afrikadaa : Qu’est ce qui vous déplait dans le monde l’art aujourd’hui ? Ce « Fast Food artistique» où on ne prend plus le temps de sentir, de s’enivrer de l’essence de l’art. Cette surconsommation des images pousse ainsi le public à une boulimie, non où partiellement consentie. Cela représente à mes yeux une perte de qualité, de substance dans le milieu, malgré le fait que ce processus décuple les possibilités d‘échange. Fuite des cerveaux 65 x 50 cm

Afrikadaa : Sans contrainte de temps, de lieu et de moyens, comment envisageriez-vous votre prochaine oeuvre ? Certainement l’œuvre d’une vie, représenter chaque instant de mon existence par des particules sur une route. En cette œuvre unique je vois un témoignage, un abandon complet pour l’Art, loin des spéculations, un don de soi à l’environnement, notre espace. Afrikadaa : Que signifie pour vous être créatif ? Quel est selon vous le rôle de l’artiste dans la société ? Etre créatif représente pour moi, la capacité à exprimer les différents aspects d’une idée et ses associations à l’état brut. En effet, si on admet qu’une idée est un cube, la créativité serait la capacité à retranscrire les six faces de ce cube dans différentes associations. L’artiste devient ainsi une interface, un traducteur entre l’idée et la société. Link : http://www.edemallado.com/

51


ART TALK

“ THE MAN WHO DISCOVERED THE WORLD ”

By Louisa Babari All Images courtesy of Jean-Ulrick Désert

AFRIKADAA: You were part of Who More

Constellation/5:00.12.04.1975.48°51N2°21E”,

look at. I needed to investigate different

Sci-Fi Than Us, the first exhibition in the

you use scientific terminology. Is this a

ways of looking at beauty and define it for

Netherlands to present contemporary

means for you to question and anticipate

myself. But in a way it was also not very new,

Caribbean art and artists. It focused on

your relationship to the future ?

because it is already there in philosophy and

“shared identity, shared history and shared

literature. One can look at Hugo, who has

socio-economic conditions: a combination

JUD: I am not a scientist but an artist,

a conversation about beauty and ugliness

of factors that has produced a certain

and I am very invested in using research

in The Hunchback of Notre Dame, for

surreal way of communicating, both in

from both analogue libraries and digital

instance. This is a way of reentering into

words and images. Or, as Dominican-

libraries. I want to make a connection

something that is alien from yourself, if you

American writer and Pulitzer Prize-winner

between the things that we see as being

are not transgendered and wish to consider

Junot Diaz so beautifully puts it, ‘It might

old and historical and our new ways to

it—enter into it—without prejudice. The

have been a consequence of being

access information. “Science of Beauty”

simplest thing for me seemed to be to access

Antillean”. (Who More Sci-Fi Than Us)

is a project that stems from having been

my school experience—scientific charts you

asked to participate in an exhibition on

normally see when you are a child show you

Jean-Ulrick Désert: The curator Nancy

the topic of being transgender. This was a

flowers, maybe frogs, but they do not show

Offman, who developed this exhibition,

rather surprising and new topic for me to

you transgendered sex! I felt that something

borrowed the term from a text by Juno Diaz in which he asks, who can be more alien in America than we are. When I was asked to be in the exhibition, its funny title prompted me to think of a project that I was working on, which had to do with science and fiction with a question mark at the end. It was a perfect moment to create this particular piece of art. Fiction and nonfiction, or I might also say narration or narratives, interest me very much, as does science—science through the eyes of an artist not a scientist. AFRIKADAA: In “The Science of Beauty”, “Piece”, “Codex”, “Metamorphoses” and “The Goddess

52

Negerhosen 2000


was missing, and so I began to create it.

of this. As individuals, we have it in lives; it is

Encountered My Double’s Ghost”. This piece

I tried to present what I think is obvious and

also present in our cultures, in our world. In

was important because like so many people

what is perhaps also missing.

my artistic practice, I try to put my finger on

I experienced the attacks on New York

what I think is the most obvious. It’s really a

through the media. I was living in France at

The “Codex” piece that you mentioned, also

large piece of my work, this effort to find the

that time. Because the attacks were filtered

called “Codex Testimoniorum Amoris”, is an

obvious. For me a successful piece of art is so

through the media, it had a very profound

artwork that is created digitally. It copies

obvious it looks easy. The hard part is in fact

and very different type of effect than other

very old book-like conventions, but it takes

trying to figure out what don’t we see and

things that happen out of sight. I felt this was

its text from digital research by presenting

then expressing it in a way that awakens the

a very serious moment for me and my artistic

different people from different parts of the

ability to see it.

practice. I need to interrogate the relevance

world who perform self-confessions on the

of my work. Was I creating decorative art

internet in a sort of semi-anonymous way. I

AFRIKADAA: Thinking about what you

or was I creating art that echoed details of

wanted to bring what technology from the

just said in terms of “what is obviously

the world in which we live? Because I grew

digital world offers and return it to a form

already there”, have you heard about the

up in New York, and because as a teenager

that is hundreds of years old. It is this mixture

scientists from the University of Texas

I saw the World Trade Center being built,

of old sciences and new sciences in an artistic

who recently discovered an “Invisibility

I saw it go up and then I saw it go down, I

way that interests me in some of my work.

Cloak”? Researchers have developed a

knew instinctively that making a piece of art

cloak that is just micrometers thick and

about those buildings was silly. This was not

AFRIKADAA: I noticed in your art a very

can hide three-dimensional objects from

the real story. The real story was much more

futuristic back-and-forth between the

microwaves in their natural environment

invisible. How might this be expressed in a

elements of the past and the element of

in all directions and from all of the

neutral way? If we believe in the possibility

the future. This is, I think, a very modern

observers’ positions. The researchers have

that History can be neutral. I am not sure that

aspect of your artistic process. Does your

created a new, ultrathin layer called a

it can. This particular piece that I created was

relationship to the future encourage the

“metascreen”. Researchers say the same

very much about relatively invisible History,

birth of a new identity? A new human

principle could be transferred to a range of

but it was also in the form of what one could

gender ?

perceptible light. You said, “My work may

consider a “mask of invisibility”. Each of the

be viewed as a desire to reconstruct and

pieces are made with national symbols, flags,

JUD: I would say no, in the sense that I am

defy fixed identity in my artistic practice—

very old fashioned, and I think that it’s

to be ‘present’ and to be invisible by choice

not that there are new genders, it’s has

and circumstances”. The description of

more to do with recognizing what has

the “metascreen” discovery sounds to

already existed for hundred of thousand

me like a piece of Jean Ulrick Desert art!

of years. The new thing is to engage with

(Laughter)

emotions and empathy as well as scientific understandings of the reality around us,

JUD: I do remember this. It was, of course,

whether it has to do with human gender or

big news in the science world. You can be

the rest of the natural world, of which we are

100% sure that it will be used for warfare.

only a piece. My vision of the future has to do not with newness but with considering

I created one artwork in 2002, which was

what already exists but which we have not

very important to me—not for the world,

been able to see—essentially to expose

for me personally. This was “The Burqua

our nearsightedness. There is a great deal

Project: On the Borders of My Dreams, I

53

Codex Testimoniorum Amoris


which themselves are ephemeral things. We

surprised that this piece was not made by

AFRIKADAA: We clearly can now say that

have a funny expression in English about

a woman. That is why I say that it’s not an

you discovered the Invisibility Cloak long

immateriality, “There is no there there,”

artwork about women. I ask them if they

before the scientific community!

which in the context of this artwork means

would really, really believe that in the last

you must have this material in order to access

ten, fifty, hundred years a person who didn’t

JUD: That’s a sweet thought! (Laughing)

this idea of invisibility. Very few people

have a vagina actually spent some time

Though, I imagine that what I created will

have been allowed to try on these burquas.

wearing a burqua. I would think that it’s

not be able to be exploited in the same way

The experience of actually wearing them

probably more than once, twice, more than

that unfortunately other scientists’ works

is extremely profound for those who do,

a hundred times. These skins that we wear

have been, whether it’s Einstein or even

because when they look in the mirror, first,

are not always compelled to be part of social

the great Leonardo da Vinci, whose brilliant

they can’t see themselves. Second, because

rituals that are connected to gender. There

mind was contracted by the French king for

it’s not a normal burqua, they also don’t see

always have been and always will be excep-

creative war affairs.

a normal costume. But they see the symbols

tions. We all saw James Bond movies, and we

that they are made highly aware of, whether

know that there are many complex results in

AFRIKADAA: Do artists have a role to

it is Great Britain, the United States, France

biology. It is not about being fixed but about

play in building an image of the Future

or Germany, each of which suggests other

being very fluid, and the topic of invisibility

Imaginary? Do artists contribute to our

things. There is this kind of complicated

is very much at the top—at the forefront

understanding of this invented notion of

double invisibility thing going on. They

of this particular artwork. Some kinds of

the Future?

look in the mirror and they have a kind of

invisibility we already intuitively know, you

vampire moment when they see nothing.

don’t need a PhD to sense this. You just need

JUD: The role of the artist is continuously in

It was a way for me to express complicated

to stop thinking in the very fixed ways that

flux, in change. I think that the role of the

ideas of colonial history, of empire, which

the society in which you live is forcing you to

artist necessarily must change, particularly

are outside the standard narratives that we

think. We must not hold onto any one way of

if we look at the last eight years and the cur-

read in grade school. Is this about the West

thinking, whether you are from the West, the

rent world financial mess in which we find

entering into the corner called East? Or is

East, or Christian, Muslim. It doesn’t matter,

ourselves. This is not of course the fault of

it the East entering into the West? Or is it,

as far as I am concerned.

artists, but artists, like farmers, are tangled

in this particular case, actually happening

within it. There is no choice—the roles of

somehow simultaneously? The moment that we in the West “discover the East”; they have also simultaneously conquered us. This is a dialogue or narrative that is not often really talked about. We are touched by the other as much as the other is touched by us. It’s a double highway in this regard. This is often never really presented to us by teachers, by our parents, by our governments and so on. This piece was an effort to create a “concrete ambiguity”, if I can use a bizarre mix of words. My intention was not to create an artwork about women. Some people have been

54

The goddess constellations / sky above port-au-prince Haiti 12 january 2010, 21:53 utc


nection to something very human in all of us, and it’s precisely the qualities of art that allow the ideas and emotions to be accessed in strong and powerful ways. This kind of artistic practice in the future will hopefully keep illuminating us. The more irresponsible will perhaps be in support of propaganda. AFRIKADAA: In regards to what you said about the status of the artist and how it’s difficult to be considered properly if you come 300 years before or after, how can you escape from being a product of your time and background ? JUD: It’s a very interesting question. My The burqa project: on the borders of my dreams I encountered my double’s ghost, exhibition view at the Brooklyn Museum

instinctive answer would be this: the way to

artists must change. How will they change?

government or by a corporation. What kind

escape is not to escape but to go deeper into

I am not exactly sure, but what I am abso-

of journalism do you get? To some degree

the moment and epoch, to understand the

lutely 100% sure about is that artists do need

the roles of the artist, and the methods by

DNA of that period. To develop and create

to be relevant to the environments around

which they create, continuously change.

the tools and ways of seeing, hearing and feeling that are inside of this soup that you

them. The romantic notion of the artist, like the madness of the genius of Van Gogh and

Their role is constantly important, but in

are in! To enter deeply is a way to escape

many others, is an antiquated model that will

the same way that we cannot define the

by understanding. It’s as if you become the

continue to be used and abused by multi-

empires of the future by the empires of the

therapist for your own time. This is the great,

ple powers, whether the power structure

past. What they look like will not necessarily

complicated effort that is necessary. I think

of some sort of social construct or by even

be clear to us, from our perspective today, in

a good example of this, I don’t like him as

artists themselves. “There is no copyright,” I

terms of what they will be in the future. One

a person because I met him a number of

like to say, “on stupidity or brilliance”. So you

can easily argue that there is a certain type of

times, was Andy Warhol. He was a product of

will have many artists who will choose the

artistic practice today, maybe mine included,

his time and was a part of what created that

path of Judas. I do think that the role of the

which would not be understood by many

time. I know that he is celebrated in France

artist in any case is a dangerous one. And

people here in the West 300 years ago. Just

and of course he is celebrated in America,

it’s one that is recognized as being danger-

imagine how Duchamp or even the Modern-

but this is also because he became a prod-

ous by the multiple “gate keepers” that are

ists would have been viewed 300 years ago.

uct himself. He recognized at the moment

out there. This is why fundamentally it’s a

It wouldn’t register.

when newspapers would have car crashes so he will put these disasters on his canvas.

questionable issue when artistic practice becomes hijacked by corporate power, when

Artists will always be an important figure

He was repeating and creating these images

a corporation or even a government is pay-

because they will somehow transmit com-

that were from the newspapers, when in fact

ing for artistic production. This is not to say

plex ideas. Some of the work will be hired by

we should have been concerned with these

that I don’t believe in funding for art produc-

different organizations, institutions, etc. We

disasters, he was turning it into decoration,

tion, but there is a complicated dance going

don’t know where that will go. Through art,

and making it very much something not to

on. It’s like the journalist who is paid by the

whether it’s poetry, music, there is a con-

worry about and not to deal with. He was

55


also recreating what was happening at that moment, which was that society was becoming very “blasé” in terms of the horrors that were occurring right in its midst. Where I differ from him is that the horror he would look at is different from the horror I would look at. He may have shown an American civil rights worker being attacked by a police dog or an electric chair. I would be interested in things that looked like decoration, which in fact were very profound. I am opposed to using things that are profound and turning them into decoration—hence my own method of looking at the reality around me. What seems superficial in fact is not. AFRIKADAA: In your work “Goddess Project” there is a triangular relationship between the earth, science and prophecy. Do you believe in prophecy ? JUD: I believe in prophecy and I believe in luck. I can clearly say that there are many corners of the world in which there are geniuses who are born, who mean a great deal to the planet and the global reality in which we live. Except that these future artists, geniuses, scientists are born in situations where perhaps members of the family have AIDS or no money. They will essentially starve that baby by mistake, by chance, by bad luck. Before that child is even three-years old and has ever having the opportunity of knowing what the prophecy would have offered. I think that mixed within this idea of prophecy is random chaos and luck. I am a person who was born on a little island in the Caribbean, which 200 or so years before violently liberated itself from its oppressor. This is part of my history. As a part of the Haitian “middle

Codex Testimoniorum Amoris

very elite, Ivy League level schools. I am very

AFRIKADAA: You said, “We accept racial

privileged. I am very lucky. Because, if there

exclusivity with white culture or Negri-

are any pieces of my life that are connected

tude”.

with any destiny and prophecy, it’s sheer luck that I have been able to do this! If my

JUD: It’s a very complicated subject. Negri-

family had stayed in Haiti, judging from what

tude in the English-speaking world is

was happening to a certain part of the mid-

basically equal to “Blackness”. It’s in that

dle class in Haiti in the 1960s, there a great

direction. It served a critically important

chance we would have been murdered. I

historical function to react to the global

want to constantly recognize this piece of my

situation. Unfortunately, both sides also

invisible reality—I am privileged. I may have

have abused it. And many people who are

my own financial struggles, but I prioritize

deeply invested in this concept have been

and know that the passion that I have is my

too. To me it’s become very problematic. If

artistic practice, and there is a great effort to

we decide to have this conversation, because

constantly find relevance in what I do and

this is a bit like a laboratory, a scientific con-

how I do it. It’s not a luxury; it is a privilege.

versation, within the context of this idea of

We all loose in situations where there is

Blackness, then we have to turn the table in

someone somewhere whose prophetic

this binary situation to look at Blackness and

future is never allowed to express itself to

Whiteness. Then the argument goes, that

us as a species on this planet. It’s kind of like

what is not within Negritude and Blackness

this strange thing of white privilege. There

is the opposite of the other, of the Whiteness.

has been for a certain amount of time a kind

If you have in your DNA an intuitive rhythm

of white, Eurocentric domination, and there

and dancing (laughs) and singing and etc., I

are so many people who are just unwilling

am the boring mathematician, a scientist of

to recognize this, because they don’t realize

imperial and empiric logic. You stay in your

they are privileged, they don’t want to. Most

territory as the entertainer, Michael Jackson

people behave like sheep.

etc., and I stay in my corner and everybody is happy. This is ultimately bullshit. I refuse to

class”, I would then become a refugee in the

accept that. I also refuse to accept that you

United States, and eventually I would go to

don’t think that you have any rhythm and

56


that you can’t dance and there is no poetry

I am not sure whether it’s a good thing or

in your body and in your soul. That is abso-

a bad thing that people now can get their

lute madness as well. We should all embrace

PhDs in Whiteness studies. It has a name but

each other in our full humanity. This is why

it’s always existed. You cannot go profoundly

I take issue with these ideas. I understand it

into Hegel or Kant without basically eth-

functions strategically as a reaction to a very

nologizing Whiteness studies. It was there.

deep oppression that was happening at a

It is good that things are named, but of

certain moment in time. There was a need

course those names need to be constantly

to articulate this idea that James Brown says

questioned, because the dialectic between

so well, when he sings, “I am black and I am

Blackness and Whiteness leaves everybody

proud”. He is benefiting from an idea that

else out. The argument doesn’t stay strong

came from the twenties, the time of Césaire

when it leaves two-thirds of the world out.

and Senghor, but it isn’t until the fifties and

It’s productive to a certain degree and then

sixties that you’ve got an American which is

it’s unproductive. I remember when I studied

able to express that through the language

calculus in college. I was really bad at it, but

of pop culture, and who now has so much

one of the most fascinating concepts within

power to send out that message thanks

higher mathematics was this concept of

Born in Port-au-prince Haiti, Jean-Ulrick Désert

to new technologies and media. But what

defining something that was undefined,

received his degrees at Cooper Union and Colum-

often happens and what has happened with

beyond algebra. I remember loving this

bia University (New York). He has lived in Paris and

Negritude and Blackness is that it’s become

idea of as H = 0, goes towards zero. This

currently works in Berlin.

fossilized. It has been fossilized and is used

idea of a number that is constantly not

Désert’s visual-art spans many mediums and

against people of color because it relegates

fixed. This is for me is the way in which

methods. Emerging from a tradition of concep-

them to that corner. When someone sees

we need to understand how large ideas

tual-work engaged with social/cultural practices,

my face they are not willing to look at me as

function in order to work through math-

his artworks vary in forms such as billboards,

either a scientist or a banker or a whole list

ematical problems. But we are still on a

actions, paintings, site-specific sculptures, video

of things. Ultimately, that time has passed,

road, on a journey that has to continue.

and objects. Known for his “Negerhosen 2000”

and we need to begin to say, “Yes, it worked;

I view my art practice a bit in this way as

and his provocative “Burqa Project”, he often

it was important, but we now must continue

well. I have a series of art projects that

combines cultural iconographies and historical

to move forward into the future”. And going

I created, which are like a constellation

metaphor to disrupt, alter and shift pre-supposed

into the future means bringing the whole

connected to each other in a relatively

meaning.

human family, so even this binary of black/

unpredictable way. There is “The Codex”,

He has said his practice may be characterized as

white needs to essentially to be destroyed

“The Gender”, “The Burqua”, “Negerho-

visualizing “conspicuous invisibility”. Désert has

because the human family is much more

sen 2000”. They all have a connection

exhibited widely at such venues as The Brooklyn

diversified than that. We have to recognize,

to each other, but it’s not linear. It’s like

Museum, Cité Internationale des Arts, The NGBK

through those strange logics of love and lust,

a kind of spider web. It’s nevertheless a

in galleries and public venues in Munich, Amster-

the wonderfulness, which can become what

journey of I myself, a human being, and

dam, Rotterdam, Ghent, Brussels.

the French call “metissage”. This is the kind of

I am learning on the way. The successful

He is the recipient of awards, public commis-

richness we need to embrace, to celebrate.

projects are the ones that create ele-

sions, private philanthropy, including LMCC, Villa

There never has been a reason to have to

ments that are greater that anything I

Waldberta/Muenchen-kulturreferat and Cité des

define the opposite of Negritude or Black-

could consciously think about.

Arts (France).

Negerhosen2000 / Paint-by-Numbers

ness. It emerged out of a reaction against

Désert represented Haiti and Germany in the 2009

something that was pervasive and powerful.

Havana Biennial.

57


ART TALK

Kool Koor

5DDM=IN$CDB$ ?@<$9<BC<;?$O<:?

By Jay One Ramier Photos courtesy of Chuck Koor Hargrove and Jay One Ramier

When I was teenager, my older brother

that would create from nothing something

buildings sitting on benches while the kids

used to scare me a night by using that high

incredibly unexpected. Kool Koor is one

ran around having fun playing inner city

modulatory note you may hear on radio to

of these artists who witnessed the birth of

street games and learning about life the old

signify the end of the stations. I still don’t

this ubër-culture, he is also a disciple of the

fashioned way…. (the hard way!) I loved

know why he was doing that. Cause I was

Afro-Futurism movement who manage to

every moment of it.

indeed scared. Or maybe he was trying to

carrying the legacy musically and visually—

create some music out f that high pitchy

let’s listen to his perfect beat…

Did the end of the world seem close? Especially with the 20th Century’s end nearing ?

sound. My mother used to think He was “crazy” or on drugs or something. He would

In the South Bronx in the 70s and 80s? Look-

listen to Heavy Metal one day and Kraft-

ing back at some images the area seemed

It’s funny you ask this because in the media

werk the next day or Return to Forever and

pretty devastated, quite apocalyptic in

the talk was of this imminent end of the

Headhunters. He was trying to catch the

some parts ?

world due to this or the other country

British radio station to expend is knowledge

threatening our democratic way of life. As a

of modern music _ That’s when just before

kid I indeed did think the world would end

going to sleep he would play with the high

in an atomic explosion during a new world

frequency sound and safer me. That’s dur-

war.

ing one of his audition that I first heard a

The perspective was clear for me. I wanted

Rap song, The Sugar hill Gang >>> Rapper’s

something different. As a youngster I

Delight.

somehow thought that one day I would

Frightening and frightened. Since I always

be an architect. My days where filled with

identify rap music and Hip Hop to the

long hours drawing very technical crea-

Avant-garde expression of everything “Future”. Electrifying sounds of the turnta-

tions. Interiors of cars futuristic space ships ROBOT (drawing) / 1978

bles, the scrrr! scrrrr!! cut of the scratches,

and mobile homes. I wanted to be part of the creation of something very unique

Kids dressing and dancing like Robots,

Growing up in the south bronx in the 70s

and new. I was a direct product of the race

wearing cyborg glasses. and the writers/

and 80s was very over stimulating for me.

for (outer) space. Science was my favorite

graffiti artists painting on trains, with spray-

The neighborhood where I grew up was a

subject in school. However the most impact

paint who seems as their super power rays,

cultural melting pot. My best friends were

came from the inundation of science fiction

just like super-heroes. That is still my out-

Latino, African American, Greek and Irish.

on TV. I used run home every day to see my

look of this movment. I had the chance to

So you can imagine the sounds drifting

favorite programs after school.

meet many actor of that early scene. those I

in the air every evening as various fami-

was the most impressed by was those com-

lies rounded up their children for dinner.

Pre- 2000 was the moment in time when I

ing from the Bronx. They had that energy

Especially in the summer time. Parents

asked myself lots of questions about who I

and creativity of those teenagers in Africa

conversing and laughing outside of their

am and where am I going. What is my rea-

58


son for being here on this planet and why

As a youngster Sun Ra was not on my radar,

composer and lyricist. My music was a mir-

should I care.

but Star trek was! The idea that other worlds

ror of my paintings. The topics and choice of

On an artistic level I was pushing to find

may exist was enough to get my wheels

words are meant to take the audience on a

myself. The real core of Kool Koor. This

turning. I started asking questions and

voyage through time and space.

was not easy because at the same time

doing the research. Media helped in open-

there was this ECO conscious state of mind

ing the doors. It was a taste thing. If your

You are one of the few artists that kept

developing world wide. My artistic materi-

family was into jazz then you knew about

building on those concept? Is there a reason

als where not very ECO friendly. As a result I

Ra early. I got into him when I was about 17.

for that? is it because you’re still into writing

started recycling in as many projects as pos-

Again the hunger to know more got me to

music? The theme of Futurism was much

sible. My subject matter remained cosmic

the point where I was absorbing info from

addressed in early Hip Hop records ?

but there was a change in the making. A

many different sources. Movies on the big

change on the inside and the outside. It was

I think I am what I am, an explorer. I’m

starting to become more and more clear

always looking for something new to do

that I would be taking again another impor-

and sound is a major part of this process.

tant turn in my way of working and seeing

Music is in everything around us. Every

the big picture.

sound in nature and our surroundings can be described as an element in a huge

K ;DF9E?<B$:N<$=>$IDP

orchestra. Every day we are the blessed with

<Q<BRDI<$FE>?$@:Q<$:$ F:;@=I< ?@<R$>:R$=? S >$NDII:$ F:M<$A=C<$<:>=<B666 =$MIDP$?@<$ADBJ$;:I$ ID?$T<$?DD$NA:J =I$C:;?$=$>EB<$@<$ FE>?$T<$UE=?<$F:J$ ?D$><<$E>$?:M<$?@=>$ BDA<$CBDF$DEB$A=Q<> :IJ$N=Q<$=?$?D$;DFV 9E?<B> CDB$@<B<$P<$>=?$=I$ DEB$<:>R$;@:=B> :>$DEB$F:;@=I<>$ J<>=NI$DEB$:CC:=B P@D$P=AA$>ECC<B$P@D$ P=AA$>EBQ=Q< =? S >$E9$?D$?@<$;DFV 9E?<B> L

“Computer Age (Push the Button) “ Newcleus Were you familiar with previous concepts such as Sun Rah’s cosmology or any other writings, books (be it comics), movies and how popular were these concepts in the community ?

a new composition. A master work. All we have to do is stop, breath and discover. Futurism was for sure a way of letting the people know that the musician was “awake” and “aware” of the bigger picture in our daily lives. It was their role, their obligation to transmit this needed info to help wake up the mentally dead out there just listening to music for fun. Yeah the fun was in there, but the key to success was knowing the downfalls to avoid. African American music of the 70’s and 80’s spoke to the masses about being the captain of their own “space ship” Capture from Looking for the perfect beat video courtesy of Jay One Ramier

the use of political, social economical and cultural topics of the time. In the mid to late

screen at that time kept us all looking to the

80s the birth of consciousness in Hip Hop

heavens waiting to catch that falling star of

opened a new arena. The game again was

better yet that UFO flying in the night sky.

changing and a few artist devoted their

I wanted to be able to explain realistically

careers to being a tool for uplifting and

what I was painting and drawing. So, over

enlightening the masses. The number one

the years I developed my own language

poet of this arena was and is KRS One.

and symbols to exist in my art work. This translated seamlessly into my sound as a

59

into their own personal future. Through


K$5DDM=IN$CDB$?@<$ 9<BC<;?$T<:?$9:B?R3$ ?@<$DI<$P=?@$?@<$ ?D9$>EB<$>@D?$F=W )?D9$:$CE?EB=>V ?=;$@=?$J:I;<3$XE>?$ 9:B?R$G4<?$ADD><3$ N<?$ADD><H #Q<BR$?=F<$P<$N<?$ =I?D$=?3$F:M<>$E>$ P@<<A$:IJ$J<:A OB=IN>$DE?$?@<$Q<BR$ T<>?$=I$E>3$?@:?$=>$ CDB$B<:A666 "DP$?@=>$=>$P@:?$ RDE$ND??:$JD$G*@=>$ =>$P@:?$RDE$ND??:$ JDH *@=>$=>$:$?@=IN$RDE$ FE>?$?D3$BDEIJ$E9Y$K

“Looking for the perfect beat” Afrika Bambaataa & the Soulsonic Force. How influential was Planet Rock to modern music? ( Chicago House, Detroit Techno,Latin Hip Hop, Miami Bass…) Why did Hip Hop artist ( BDP, T la Rock,excepted) neglect the genre ?

clubs around the world. During and after the dance it was up to you to decide what you wanted to do with this new found musical common ground. How did the Gothic Futurism theory come about? Who was part of the project, was it a crew? Was it also a musical project? Can you break down the different pseudonyms for me ? Gothic Futurism was a theory written and architected by The Rammellzee. He was busy creating his theories and formulas as a young teenager in the Far Rockaway section of NYC. It was and is what it is. A realm where things happen exactly as they should. It’s all documented. Tag Master Killers was the name of his crew. Created with the aim of eventually having every letter mastered by a different artist. To be a member first you had to be asked by The Rammellzee. Then you had to draft a perfect letter that you wanted to master. His demands were simple. Perfection =

Planet Rock gave birth to electro music (with a Rap voice in it) in my opinion. The beat was there the voice was there. The only thing missing was the bridge. “PLANET ROCK” was that bridge! Like I said before KRS One with his crew (BDP), Stayed true to the streets of the inner cities. They wanted

election. If you fail you have to try again. But if you still can’t get it you just might not get another chance. The original members of this crew was “A-One” who designed a letter A and myself “B-One” who designed a lefter K. This was interesting because with

Capture from Jonzun crew - Pack Jam video courtesy of Jay One Ramier

the title B-One I held the B,R and the letter K. I added the 13 to complete the cipher. C-One was the third member of this crew and designed a C. Music was an important part of Gothic Futurism for The Rammellzee. His compositions where also mirrors of is artistic worlds. I thought Ghetto Vets was an extension of Gothic Futurism. It’s all connected. Ghetto Vets was for me like a visual arts/urban equivalent of the early Parliament albums. I was not involved in the Ghetto Vets album but I did compose the last three soundtracks The Rammellzee performed on. They will come to light in the not too distant future. Tell me about your music, what is your source of inspiration? is there any message or intention of any sort in your music ?

to get the youths to open their eyes and ask questions. Daily questions that might

The future has no date for me. It has already

change their future outlook on life and the

happened and is about to. Today I still build

choices they are truly free to make. Afrika

in the same direction. I am trying to find the

Bambaataa was bringing us a sound that

source of it all, the “essence”, of my mission

helped us take that journey while in party

here. Symbolically my wore has become

mode. His message was more subliminal.

more pure. If you take a look at what I

Again, he was the bridge. He got different

created back in the 70’s and 80’s those ele-

cultures together on the dance floors of

ments are there. They were always there.

The return of Dr. Octogon

60

I just needed 30 plus years to turn the key


and unlock the next door. Musically I have the exact same sources for inspiration, the cosmos and it’s endless possibilities. When I compose I imaging giving sound space to breathe and interact with others. They intertwine and blend into something different sonically each time you listen to them. Optimism is what I am trying to transmit. Even in the most simple tracks you can always find something in it that gives it that signature Kool Koor sound.

,V,V,V, S F$:I$ :A=<I$CBDF$DE?<B$ >9:;< , S F$:$;RT<BN=BA$ P=?@DE?$:$C:;<3 :$@<:B?3$DB$:$ F=IJ6 G.$9BDJE;?$DC$ F<?:AH (:VD@ G.$9BDJE;?$DC$ F<?:AH (DVDVDDD@ G, S F$:$9BDJE;?666$ DC$?@<$F:I6H “Violet Stars Happy huntig” Janelle Monae Black artist seems to be unable to stop referring to the past… Many artist do refer to the past. Those are the humble ones that understand that without the blood sweat and tears of our musical predecessors, there would be no “us”. Knowing where you are is knowing where you came from and where you want to go is a thought… a dream. Indeed we have to live in the present moment. and build from the things we already lived and experienced.

61

Is space a better place for blacks or any

unknown place. So, who knows?..

struggling group of people ? To finish can you name a few avand-Garde That is the $64,000 question. No one really

Futuristic artists ?

knows. We are all dreaming of that better place where things are a lot nicer, cleaner

That would be a very long list and I will

and safer. A place where opportunities

upset people by not listing everyone so…

are easier to grasp because we think it will be about pure talent and merit. Through struggle comes strength. Strength to survive, strength to see a brighter day on the horizon. That being said, space is that

Top The Symbolian / 2009 Bottom Knight Night / 2009


ART TALK

TrafiK d’info

KZBDF$?@<$)A:Q<$)@=9$ ?D$?@<$)9:;<$)@=9L !"#$%&'()*"#+%#)&%+,(#-./+0)(#*'-('1+2*#3(')%+4%+5.(4%-".6%+%)+!(%2*-*(+7&*66 89(:%'+2".&)%';++"<++,(#-./+0)(#*'-('

“Penser la pensée revient le plus souvent à se retirer dans un lieu sans dimension où l’idée seule de la pensée s’obstine. Mais la pensée s’espace réellement au monde. Elle informe l’imaginaire des peuples, leurs poètiques diversifiées, qu’à son tour elle transforme, c’est à dire, dans lesquels se réalise son risqué.” 1 CT: Ton film Trafik d’Info fait partie des 1

!"#$$%&'()*+,-%.+/)0,1'#2-3)+3)"%)43"%'#,&()!%""#5%.+)

6778

62

rares films de science-fiction caraïbéens.

caribéen avait déjà sa propre spiritualité, à

Est-ce que tu vois un lien entre le

laquelle s’ajouteront des histoires de vies

mouvement afro-futuriste et les

différentes. Depuis les premiers voyages

Caraïbes ?

d’esclaves (captifs, arrachés de force à la terre d’Afrique), une réflexion s’opère dans

JS: Bien avant les premiers voyages des

les esprits des premiers africains rescapés;

esclaves d’Afrique vers les Amériques,

survie, adaptation, compréhension,

qui vont contribuer fortement à

transmission et renaissance sont les thèmes

l’établissement d’une société caribéenne,

qui font partie de la création d’un « esprit

les différentes îles Caraïbe étaient déjà

caraïbe ». Le tumulte et la mixité culturelle

fortement marquées de l’empreinte des

qui forment les sociétés, les histoires de

civilisations précolombiennes et de leurs

vie qui ont poussé l’être caribéen à se

coutumes. La terre, soi-disant découverte

réinventer, la nécessité existentielle de

par Christophe Colomb, détenait déjà son

s’auto définir dans un espace de création

propre esprit et l’air qu’on y respire a ses

perpétuel, contribuent à l’établissement

propres moeurs et coutumes. Cet espace

d’un courant de pensée, d’un mouvement


archipélique d’Edouard Glissant dans ce contexte? Est-ce que le “moi”, jusqu’ici confiné dans notre espace -temps terrestre peut trouver son écho dans une infinité ? JS: La Caraïbe est un espace qui regroupe en lui-même différents territoires, anglophones, hispanophones, francophones, créolophones. La pensée archipélique -vision de Glissant est une invitation à la mobilité de pensées en opposition à la verticalité et à la rigidité des blocs. La pensée de Glissant traite, culturel, d’une esthétique caribéenne qui

1802, (suite au rétablissement de l’esclavage

s’apparentent au mouvement afro-futuriste.

dans les colonies par Napoléon Bonaparte)

Le simple fait que des esclaves africains

sont les points clés du film. Son premier

s’offrent des perspectives de vie dans des

lien avec le concept d’Afro-futurisme

territoires inconnus forme déjà les prémisses

se trouve dans son écriture futuriste,

d’une pensée afro-futuriste.

écriture qui incite à un questionnement du présent. C’est avant tout une quête pour

CT: Dans ton film, la transmission du

comprendre la société guadeloupéenne,

savoir et de la mémoire s’effectue par des

comme étant une création de l’histoire. Une

flashs disons « cosmiques ». Y-a-t-il une

quête permettant de questionner et de

philosophie afro-futuriste derrière ce

réexaminer les fondements de cette histoire

choix ?

de la Caraïbe francophone. Le lien spirituel avec la matrice africaine, l’appartenance

JS: Trafik d’info s’appuie sur la maxime

à cette zone géographique où la nature

“Nonm jòdi, sé yè a nonm dèmen”

est abondante, ainsi que l’influence des

(L’Homme d’aujourd’hui est l’homme d’hier

héritages culturels multiples ont été des

qui devient l’homme de demain). C’est

sources d’inspiration, de réflexion et de

un film qui a été réalisé en 2005 et qui

projection pour la création du film. Trafik

s’inscrit dans le travail de mémoire, engagé

d’Info s’inscrit avant tout dans une quête

depuis1998, lors du cent cinquantième

de re-connection avec les énergies du

anniversaire de l’abolition de l’esclavage.

passé, dans une optique de liberté, dans

C’est un manifeste qui cristallise la nécessité

la recherche d’une esthétique caribéenne,

de transmission de la mémoire collective

qui nous interpelle sur la globalisation du

et qui questionne le devenir des identités

monde et son impact sur nos consciences et

futures. La découverte, en Guadeloupe, de

nos esprits.

faits historiques et la commémoration du bicentenaire de la guerre de Guadeloupe de

63

CT: Comment vois-tu la pensée

selon moi, la question du moi, l’identité première et l’interactivité des différentes cultures. L’espace Caribéen – création de l’histoire - est, en ce sens, un vaste terrain d’investigation psychologique, philosophique, artistique et économique. Cet espace nous invite avec humilité à une réflexion sur l’être en perpétuel mouvement et sur sa capacité à se ré-inventer. CT: Est-ce que tu peux nous parler de ta bande sonore qui est explicitement futuriste ? JS: La musique de Trafik d’Info a été composée par Exxòs et Staniski, deux compositeurs guadeloupéens de musique électronique. Il est intéressant de constater que ces deux compositeurs ont été beaucoup influencés par le mouvement Hip Hop et par les influences musicales de la zone. Nous avons été bercés, dès notre plus jeune âge par toute une palette de musiques caraibéenes avec le Gwoka, la Cadence, le Compas, la Salsa, le Reggae, le Calypso et le Zouk ainsi que par les mouvements musicaux d’Amériques du Nord avec les Negro spiritual, Blues, Jazz,


Soul, Funk, R&B, et Hip Hop sans oublier les

à son époque. Il est encore difficile pour

musiques du continent africain (notamment

certains de voir des musiciens jouer de

l’Afro-Beat et le Soukous) et les musiques

la musique sur des claviers d’ordinateurs

de variété françaises. Je pense que cela

surtout quand ils ont été éduqués à la

fait partie de notre proximité avec la zone

musique traditionnelle. Mais nous devons

et de la particularité de la France pour

croire en la capacité de fusion sonore de

les cultures du monde. Ces différentes

l’art musical.

influences ont forcément nourri l’esprit de ces deux compositeurs au niveau du

CT: Merci Janluk pour cette interview et

mélange des sonorités et de la combinaison

finissons avec cette citation de Sun RA:

des formes musicales. La combinaison de ce

“The satellites are spinning,

qui relève de la tradition et des techniques

a better day is breaking.

de composition modernes, offre un inouï

The galaxies are waiting

champs des possibles. Le genre science-

For planet Earth’s awakening”.

fictionnel du film nous a permis de pénétrer cette exploration, vers un monde tant fusionnel et ancré qu’expérimental. Exxòs continue ses recherches en ce sens, et il

SYNOPSIS

est à l’origine d’un mouvement original qu’il a nommé “Kako Mizik”. D’un parcours

« trafik d’info » : court métrage de fiction,

différent, Staniski est l’un des compositeurs

11 min.

les plus fusionnels de sa génération. En ce 21 siècle l’information est l’enjeu CT: Est-ce que tu vois une relation avec la

de tous les trafics. Dans une petite ïle

musique de Sun Ra ?

de la Caraïbes vivant au rythme de la mondialisation, l’information circule sous

JS: Il m’est difficile de trouver des relations

toutes ses formes et se deale à coin de rue,

avec la musique de Sun Ra et celle de Trafik

ce malgré la censure imposée par le haut

d’Info. Certes, elles sont futuristes dans

conseil, détenteur de l’information officielle.

leurs sonorités mais la musique de Sun Ra

La milice de ce haut conseil est chargée

est emplie d’une virtuosité d’improvisation,

de démanteler un réseau d’opposants à

d’une énergie de groupe et surtout d’un

l’information officielle.

aspect “musique live”. Exxòs et Staniski

Jouwa, le jeune officier de cette

sont des compositeurs de musiques

organisation rebelle doit livrer en cette nuit

électroniques, des compositeurs “Home

de pleine lune une information capitale.

Studio”. Nous pouvons peut être trouver des

Traqué par la milice, il essaye de dissimuler

liens par la volonté de vouloir transcender

son « info »

la musique au niveau des rythmiques, de bousculer les formats établis et dans le format de recherche qu’offre le monde de l’électronique. Sun Ra, lui - même était l’un des premiers adeptes du “Keyboarding”

64


65


PLACES

PANAFRICANSPACESTATION %<F:?<B=:A=[<J$:B?$>9:;< By Pascale Obolo Pictures courtesy of Chimurenga

“PLACES” is a space in which we talk about new areas of artistic creation. In the near future, online platforms will embody new sites for creation. By virtue of its operating mode and its ingenuity, Panafricanspacestation is a place for dematerialized art; it is another way to live and support art, to consume it and to disseminate it. But “PASS is also the cross-cultural and cyber-spatial exploration, bringing together diverse pan-African sounds from ancient techno to future roots. Panafriacanspacestation play the roles of a living archive as well as generate content and act as a valuable platform for interaction for music communities around the continent.” The project is an initiative of Chimurenga and is curated by Ntone Edjabe and Neo Muyanga.

How was born Panafricanspacestation ?

work – artists and musicians would be

month-long music festival, usually from

invited from all over the world to present

September 12 to October 12, in venues

The project follows our work with

their work annually. In addition we set

across Cape Town and on the internet.

Chimurenga Magazine. Initially every

up an online radio to document and

Now, in an attempt to move away from

issue of Chimurenga was followed by a

broadcast the process. This is how PASS1

the predictability of festivals, we’ve

performance of the ideas and histories

(panafricanspacestation) was born in 2008.

progressively re-centred the project around

discussed in the issue. For instance,

The acronym refers to the dompass, the

a freeform radio station, which streams

we launched the issue titled “We’re All

document that controlled the movement

word-sound live online 24/7. We stream live

Nigerian” with a tribute to Fela Kuti

of black people in apartheid South Africa,

performances from ‘studios’ at Tagore’s Jazz

called “Felasophy”. To launch the issue

as well as to an inclusive platform for

Bar in Cape Town as well as satellite studios

titled “Everyone has their Indian”, we

experimentation through nostalgia for the

in Limbe, Cameroon and Kisangani in the

re-presented Duke Ellington’s “Afro-

space age, which promised new knowledge

DRC. Throughout the year we also host

Eurasian Eclipse”. For our sci-fi edition we

of the self and the world.

themed, live performances in Cape Town

revisited Abullah Ibrahim’s “African Space Program”, etc.

and abroad. How does PASS work ?

Eventually we decided to create an ongoing platform for this performance

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What is your role ? In its first years, PASS took the form of a


I program the live performances and invite

albums are “Angels and Demons at Play”

artists and musicians to submit content for

(1965) and “Landiquity” (1978).

the online radio. How do you see Africa in a distant future ? What type of music do you defend on this I live and work on the continent, so I cannot

station ?

see the whole of Africa. Africa is something I look for genre-busting music from

one only sees from the diaspora.

Africa worldwide and music dedicated to exploring new aesthetic territory, from Sun Ra to kuduru concoctions from Luanda.

“Futurism in black music has often been about addressing an experience of alienation.“

PASS: Panafricanspacestation we’re based. People would physically come to the space to listen, creating a sense of community long before we decided to stream on the Internet. We deconstructed the ‘radio studio’ from an inaccessible glass cage to an open space where everyone who walked in the building was part of the performance—they were both the

How do you use new technology ? And are

performer and the audience. This is not

they important in your creations ?

done with new gadgets but through

I am more interested in ‘black secret technology’— the way the street finds its own uses for things. Historically this is how musical language has expanded across the black world, whether it’s in the use of the mixing console as instrument in Kingston in the 60s or the turntable in the Bronx in

the desire to break out of structural and infrastructural limits. Give us the name of the artist you referred to, your mentor ? Fela Kuti

the 70s or the cellphone in Abidjan and

what do you think about Sun Ra the father

Luanda today. When initially confronted

of Afrofuturism ?

with administrative and financial barriers we imagined PASS as a ‘radio’ by simply

I imagine that Alabama, where Sun Ra came

broadcasting music via live speakers on all

of age in the 1930s, was a stranger place

3 floors of the Pan-African Market where

than Saturn – a place that would make Saturn feel as his home. Futurism in black music has often been about addressing an experience of alienation, uprootedness, the irretrievability of home. The whole body of Sun Ra’s work, from writing, performing and recording is so unified that it’s difficult to pick out highlights. However my favourite Sun Ra

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Ntone Edjabe, originally from Cameroon, is a Cape Town based publisher, journalist, writer and DJ. In 2002 he became founder and director of the maverick Chimurenga Magazine and co-curator of PASS in 2008. In 2011 Edjabe won the Principal Award of the Prince Claus awards with Chimurenga plateform.

www.chimurengachronic.co.za www.chimurenga.co.za www.chimurengalibrary.co.za www.africancitiesreader.org.za www.panafricanspacestation.org.za


CONCEPT

TRIBUTE TO A SHOOTING STAR By Holly Bass Art work © Holly Bass (www.hollybass.com) photo : Rosinna photography

Picture extracted from Holly’s performance « African futures DC. This performance highlights the form and function of the black body in space.

Holly Bass is a writer, performer and director. Her performance work, which combines dance, theater and creative writing, has been presented at respected regional theaters and performance spaces such as the Kennedy Center in DC, the Whitney Museum in New York and the Seattle Art Museum and the Smithsonian. At Sarah Lawrence College she studied modern dance under Viola Farber and creative writing before earning a Master’s in Journalism from Columbia University. A Cave Canem fellow, her poems have appeared in Callaloo, nocturnes (re)view, Role Call, Beltway and The Ringing Ear. She has received several grants from the DC Commission on the Arts and was one of twenty artists nationwide to receive the Future Aesthetics grant from the Ford Foundation/Hip Hop Theater Festival. In 2011, she was named one of the “Top 30 Black Performance Poets” in an international list compiled by The Root. She was voted 2012 Best Performance Artist in the Washington CityPaper. For this Issue of Afrikadaa she proposed 2 poems as a tribute to Betty Davis* *Note: Betty Davis is a funk musician and ex-wife of Miles Davis, for whom she was a significant musical influence.

68


>DEIJ$>R>?<F “Aretha Franklin is a singer. I consider myself more of a projector. I’m into sound.” –Betty Davis, 1975 betty steps to the mic

the mic is terrified and ecstatic

launches into sound

right now, she could easily

the device can’t handle her

take the head into her loud mouth

full, grown woman moans

swallow it whole, python-like

the mic politely lowers its head

let the mic amplify her womb

but she grabs it by the neck

let the mic slip down her love canal

tears it from the stand

a newborn sound amniotic and complete

the air has left the room the light got up and walked out three hours ago in the corner, a blown speaker

she drops low, knees spread wide cord dangling between her legs

she kisses its tangled head

hisses staccato morse code

she doesn’t care who sees

coos baby, baby

issss… thissss… mussssic?

screams, I don’t want to love you

there’s a mess on the floor

her lips halo the head, pulsing

blood and sweat and something

sound hurtles down into the wire mesh

unnamed

snakes through the trembling cord

she reaches down, fingers the cord

emerging out the other side

gives a good hard tug

amplified

then cuts it with her teeth the mic, exhausted, drops between her breasts

mussssic? a hush falls over the room the floor is still a mess for the first time the mic knows what it feels

suckling sound that leaks

to be alive

from her twisting nipples

and deeply loved

stereo dials turned high as they can go

69

there is no applause


.$ADQ<$>DIN $

a stylus skips off with a groove (whereabouts unknown) love takes many forms desire can’t account for everything sometimes luck is tough do I regret the records that’ve slipped through my hands the signature warp of sounds left too long on the back seat the slick sensation the broken repeat reading between the lines fingernails sliding along memory, needling the barely scratched surface I played you one time, two time heavy rotation was it ever me turning tables, ineluctably spun you got me going in lyrical elision ring this alarm another sound is

70

leaving the building when I hold you in my arms you turn to dust your vinyl ashes covering me with gilt I sparkle sounds bounce off my skin sinners genuflect at my feet Betty Davis is a star fourteen-hundred light-years southwest of Pluto I’m a star, too in my royal suit of armor my body of sound And it’s all because of you. I owe you one. Next time I’m in the booth slip me your request, a torn scrap, anything I promise to play our song


Betty Davis, They Say I’m Different, 1974, cover designed by Ron Levine

71


CONCEPT

DUPLICITY « Duplicity » est un espace d’expression ou Michèle Magéma

propose à un artiste, un échange autour de la thématique du numéro en cours. Michèle donne son point de vue et l’artiste invité s’exprime par trois propositions visuelles. Pour “Afro-futurism”, Michèle a invité l’artiste Vitshois Mwilambwe à nous faire partager « ses visions cosmiques »

Par Michèle Magema All images are courtesy of Gallery MOMO (www.gallerymomo.com)

Silence, 2011 Mixed media on canvas

\,),(")$'()-,2!#)

Défini comme futur en devenir, l’afro futurisme, fait le pont entre technologie et racines. Ce courant a un lien étroit avec la science – fiction. En effet, Mark Dery auteur, conférencier et critique culturel américain, premier à avoir employé l’expression “Afro-Futurisme”, fait un parallèle entre les esclaves enlevés par des êtres “étrangers à leur propres terres » et les extras terrestres qui enlèvent les humains. De ce fait, là où les afrocentristes proposent un retour à la terre originelle l’afro futurisme prône un retour vers Jupiter. Sans conteste, je suis interpellée par l’afro- futurisme, car il réinvente

72

l’histoire de « la communauté noire »

partager « ses visions cosmiques ». En

dans son acception métaphysique. L’afro

effet, l’artiste réalise de grands collages

futurisme insiste donc sur la “modernité”

sur toiles, de créatures étranges. Ces corps

dont les diverses cultures noires font

composés de têtes, d’ yeux, de bouches

sans cesse preuve. S’il s’agit d’avoir un

découpées apparaissent suspendus dans

regard constamment tourné vers le futur,

l’espace du tableau, comme une vision

comment cette vision futuriste peut-elle

d’êtres en mutation. En apesanteur, elles

se manifester pour un artiste dans les arts

sont hors temps. L’artiste propose un

visuels ?

travail où le spectateur fait l’expérience d’un métissage organique fantastique.

Le mot extra, associé à terre, m’évoque

l’idée d’un hors sol, d’un déracinement

Ainsi, je me laisse séduire par ces visions

et d’un déplacement. Aussi, je tente,

et je rêve de ce futur où tels les étoiles

pour ce numéro, de déplacer mon

scintillantes dans le ciel, « les artistes

regard vers des œuvres que je perçois

Afros », se rependront et scintilleront de

comme futuristes. C’est pourquoi, j’invite

milles feux dans le monde.

l’artiste Vitshois Mwilambwe à nous faire


De haut en bas : CRASH 2011 Mixed media on canvas 160 x 130 cm

Untitled 2011 Mixed media on canvas 200 x 180 cm

73


PORTFOLIO

Marc Johnson A’ :A;@=F=>?< Par Carole Diop

Crédits : Oeuvres © Marc Johnson

Sa carrière n’en est qu’à ses balbutiements,

d’une formule dont lui seul a le secret,

construction réalisée au moyen de dix

mais déjà Marc Johnson impressionne par

réunissant dans ses œuvres les domaines

kilomètres de bambous attachés avec quinze

son parcours.

qu’il affectionne. Arts visuels, mausique,

kilomètres de chambres à air, oeuvre avec

Diplômé de l’École Nationale Supérieure des

danse, arts martiaux, architecture,

laquelle le jeune artiste prenait possession

Beaux-Arts de Paris et de L’École Nationale

littérature, anthropologie, histoire naturelle,

de la cour vitrée des Beaux Arts en 2011.

Supérieure d’Architecture Paris-Malaquais en

biologie et mathématiques. Île : « L’île déserte Acte 1, Fondation » est le

2012, il fut également lauréat du prestigieux Prix LVMH des jeunes créateurs. Ce jeune

Inspiration : Influence qu’il puise dans ses

nom donné à la performance qui dialogue

artiste de 27 ans à plusieurs cordes à son

voyages, ses lectures mais aussi dans l’oeuvre

avec l’oeuvre Atlas. Cette performance est

arc et la sculpture et les performances sont

d’artistes référents : Albrecht Dürer, le sud

un savant mélange de danse, musique, jeux

ses modes d’expression privilégiés. A la fois

africain William Kentridge, le photographe

de lumière et de poésie. Ce ballet fugace

artiste, architecte et danseur, il sait mettre

Santu Mofokeng, Janet Cardiff & George

interprété par des danseurs du Conservatoire

cette polyvalence à profit dans ses œuvres.

Bures Miller et leurs installations sonores ou

National de Danse de Paris lui a été inspiré

Caractérisation de l’artiste et de son œuvre

encore Anri Sala pour ne citer qu’eux.

par Gilles Deleuze. Il y répond à une

en six termes. Alchimie : Phénomène qu’il crée, à partir

74

question célèbre : “Qu’emporteriez-vous sur Atlas (personnage de la mythologie

une île déserte et quels êtres y vivent ? “

grecque) : Désigne ici une impressionnante

Rêve de fondation, de séparation et


de récréation ; car l’île déserte est

hyènes » au Nigéria, sont en cours de

une performance au Louvre avec les œuvres

avant tout comme l’écrit Deleuze:

préparation. L’architecture n’est pas en

du musée. Un rêve inaccessible ?

« Re-commencement. Elle est l’origine

reste puisqu’il travaille sur un projet

L’avenir nous le dira.

mais l’origine seconde. A partir d’elle tout

d’aménagement d’espace public à Los

recommence. L’île déserte est le minimum

Angeles. Mais ce dont, ce passionné

nécessaire à ce recommencement, le

d’histoire rêve par-dessus tout, c’est de créer

matériel survivant de la première origine, le noyau ou l’œuf irradiant qui doit suffire à tout re-produire […] Une telle créature sur l’île déserte serait l’île déserte elle- même en tant qu’elle s’imagine et se réfléchit dans son mouvement premier. Conscience de la terre et de l’océan, telle est l’île déserte, prête à recommencer le monde. » Surface de Boy : Inventée par Werner Boy en 1902, la surface de Boy présente une topologie régie par la géométrie différentielle qui trouve sa principale application physique dans la théorie de la Relativité où elle permet la modélisation d’une courbure de l’espace-temps. Cette figure génératrice a servi de base au diagramme créé pour l’acte 1 du ballet, et sera réinvestie dans l’acte 2 : L’ile déserte /Acte 2/ Séparation en 2014, est un pavillon monumental en dialogue avec un court-métrage multimédia et numérique expérimental. Expérimenter : Johnson s’empare des nouvelles technologies. Il a récemment produit une série d’artefacts à l’aide d’une imprimante 3D. L’artiste enchaîne les projets. Un livre, qui sera accompagné d’une exposition itinérante et un projet de film documentaire qui le mènera sur les traces des « Hommes

75

Page de Gauche : « Tinnitus », Atelier Marc Johnson. 2013. Ci- dessus : Portrait de l’artiste en totem


Ci- dessus : Détail de « L’île déserte Acte 1, Fondation », Cour vitrée, Beaux-Arts de Paris, 2011. Page de droite: ATLAS, Installation in-situ, 18m x 18 m x 16m, Cour vitrée, Beaux-Arts de Paris, 2011.

76


77


Paul Sika

5<$/@D?DF:M<B$

]6^

Par Anna Djigo (Culture Concepts) œuvres © Paul Sika

Entrer dans l’univers de Paul Sika, c’est découvrir une œuvre artistique d’un tout autre genre : celle d’un « photographe-conteur » des temps modernes. Photographiecinématographie-storytelling, Paul Sika nous offre le tout, telle une invitation-mystère dans son imaginaire. Un imaginaire qui nous transporte vers un ailleurs, où la primeur va à l’instinct, aux sensations visuelles, à l’éveil des sens… Tout cela, dans ce délicieux mirage technicolor qu’il appelle le « photomaking ». UN POP-CULTURISTE,

en passant par les contes

INFLUENCÉ PAR SON

et séries télévisées de son

ENVIRONNEMENT

enfance (Les Contes de la Forêt,

Paul Sika. Artiste, photographe,

Mensonges d’un soir), aux films

mais surtout « maker » créateur.

des réalisateurs cultes de son

Un artiste de son temps, qui

adolescence (Spielberg, Lucas).

s’approprie les médias et

Paul Sika se nourrit de tout, il

technologies qui l’entourent

observe tout, il emmagasine

pour donner voie à sa voix, à

tout… « Je suis comme une

son regard. « Si la technologie

éponge » dit l’artiste, avec un

en place ne me permettait pas

sourire. Son imaginaire est,

de matérialiser mon imagination

en effet, le fruit d’influences

dans sa plénitude, je n’aurais pas

multiples qui ont contribué à

fait de la photo » explique-t-il.

ce qu’il appelle son « canon de

Son univers à lui, c’est celui

la beauté ». Paul Sika n’a pas de

d’un pop-culturiste, avec

modèles, plutôt de l’admiration

pour influence première, son

pour le talent de création

environnement. Tout ce à quoi

de ceux qu’ils considèrent

son regard a été exposé, tout ce

comme des maîtres dans leur

qui a éveillé sa curiosité visuelle,

domaine respectif. Avec une

son imagination : des jeux

affection particulière pour ces

vidéos et BD de Miyazaki,

créations de la Pop Culture qui

78

définissent sa génération. Des

son amour pour le cinéma.

sources d’influence colorées

Une passion qui mûrit durant

qui peuplent son esprit, se

ces années universitaires où

nourrissent, se parlent, se font

il se plonge dans l’univers du

écho… Et qui contribueront,

grand écran. De ces séances

plus tard, à la naissance de Paul

interminables de films, émerge

Sika, le « Photomaker ». Il n’est

une sorte de fascination pour

pas un fruit de l’école Warhol, et

l’image, sous ses multiples

pourtant…

facettes. Une fascination qui l’emmène à développer une

UNE CURIOSITÉ POUR L’IMAGE,

connaissance poussée de

SOUS SES MULTIPLES FACETTES

l’art de la mise en scène, du

Né à Abidjan en 1985, après un

storytelling… telle que perçus,

l’obtention de son baccalauréat,

exprimés, à travers l’image.

Paul Sika se rend en Angleterre pour y réaliser des études en informatique à l’Université de Westminster. Et c’est au cœur de cette ville cosmopolite, dans cette capitale de la mode connue pour sa jeunesse ultrabranchée que le photographe qui sommeille en lui fait son entrée sur la scène de son imaginaire. Une « scène », oui, car l’œuvre de Paul Sika, c’est avant tout, un travail de mise en scène, en image statique. Et pourtant, si vivante. Cette énergie que l’on retrouve dans son travail, elle découle de

LE DÉCLIC QUI MET AU PREMIER « CLIC ». Il survient dans les rues de Londres. Un moment spécial entre l’homme et son regard. Un regard intrigué par des campagnes de mode visuellement attrayantes, mais lassantes, car pour lui, limitées à un palier créatif, et… la vision d’une séquence du film « The Matrix Reloaded » qui elle, le saisit et captive son jeune esprit de techno-intello-rêveur. Paul Sika est immédiatement séduit


par l’ingéniosité avec laquelle ce

du réel, dans un autre registre,

parce que « malléable »

du processus photographique

film semble repousser les limites

comme celles des BD et jeux

… « Expansible » … « Aux

dans sa forme traditionnelle.

du réel. Puis, une voix : « Paul,

vidéos de son enfance ; elles

possibilités infinies ». Et c’est

Ce qui importe pour lui, c’est

c’est moi que tu cherches depuis

virevoltent dans son imaginaire

en cela que l’image le séduit

le résultat, l’habileté à pouvoir

si longtemps ! ». Et enfin, le

et se posent dans ses créations.

car pour lui, même statique,

retranscrire sa vision. Et la

déclic : « J’avais envie de faire du

Pur autodidacte, Paul Sika ne

dans son résultat, elle demeure

photo, constitue pour lui, ce qu’il

cinéma sur photo ».

se fixe ni règles, ni limites ; il y

« malléable ».

appelle la « matière première du

Naît ainsi « l’éveil artistico-

va à l’instinct. Son processus

Et ainsi prend forme l’idée d’un

mix ».

visuel » du jeune photographe,

de création, c’est toujours celui

«mix». Un mix de médias, de

Sa dernière exposition, « L’Appel

avec une envie presque

d’une aventure, d’un voyage au

genres. Le jeune photographe

de Lillian », à la Galerie Cécile

instinctive de capturer

cœur de son imagination où,

fait alors appel au graphisme,

Fakhoury d’Abidjan (fin 2012),

son environnement, de le

dit-il, il se surprend lui-même,

à l’illustration, pour traduire sa

témoigne de la maîtrise de

représenter et surtout, de le

ne connaissant jamais la

vision.

« son » art par l’artiste.

remodeler, de le mettre en

« destination finale ». « Je suis

Et naît ainsi, Paul Sika, le

A travers cette série, Paul Sika

scène.

nous offrait, en effet, dans

Pour faire son entrée dans le

ce genre de pop-surréalisme

monde de la photographie,

qui lui est propre, des

Paul Sika choisit le numérique.

œuvres photographiques

Et le jeune homme qui avait,

tout à la fois captivantes,

un temps, souhaité réaliser

séduisantes et intrigantes…

des études de cinéma, se voit

Des photographies où le sujet

très vite surpris par le vaste

participait activement à la

champ de création qu’offre la

vie de l’œuvre – les poses,

photographie.

hautement expressives révélant un dialogue entre des sujets

FROM BLACK & WHITE… TO

incarnant des personnages, et

COLORFUL DREAMS.

donc, devenus « acteurs » et

« A mes débuts, je shootais

comme un enfant qui découvre

tout ; j’étais un photographe

une nouvelle attraction…Where

‘trigger-happy’ » explique Paul

are we going today ? Show me

PHOTOGRAPHE.

Paul Sika, le « photomaker »

Sika, en riant. Il commence

something great ! » se dit-il, à

METTEUR EN SCÈNE.

applique les règles du cinéma

par le noir et blanc, puis

chaque fois qu’il retrouve son

CONTEUR…« PHOTOMAKER ».

à la photographie : scénario,

évolue, naturellement, de la

fidèle compagnon - son appareil

Inventif, curieux, Paul Sika

acteurs, travail de mise en

monochromie à la couleur…

photo, of course.

nous invite dans un univers

scène et vernaculaire. Comme il

Comme un « appel » se

Parlant de sa vision de la

ultra-visuel, où mise en scène,

l’explique, il ne « traite » pas ses

souvient-il. La couleur,

créativité, il explique que

imagerie et émotions se parlent

photos, il les « édite » comme

élément intrinsèque à l’œuvre

pour lui, « c’est la science de

dans un langage qui est sien :

en postproduction, au cinéma;

de l’artiste ; la couleur qu’il

l’imprévisible ». La liberté totale.

le « photomaking ». Son art :

Car il n’est pas simplement

s’approprie et transforme…

Et cette liberté, il la traduit par

celui de mêler photographie,

photographe, Paul Sika. Et son

Car avec Paul Sika, la couleur

un concept original, comme

graphisme et conte, en images.

art, le « photomaking » reflète

est en perpétuelle mutation.

lui : celui de « l’imagination

Cet artiste des temps modernes

parfaitement cela.

Celles qu’il aime sont au-delà

plastique ». « Plastique »

n’est cependant pas amoureux

79

« Photomaker ».

Paul Sika, non pas photographe, mais metteur en scène. Car


UN JOYEUX RÊVEUR, ANIMÉ D’UNE QUÊTE

contribue à faire de Paul Sika, un artiste de

de son livre, que notre joyeux rêveur a

Optimiste, passionné, rêveur, Paul Sika est

son temps.

publié lui-même. « Ma discussion se fait

un artiste qui se sent animé d’une quête :

avec la masse. Je ne conte pas mes histoires

“Si la technologie en place ne me permettait pas de matérialiser mon imagination ... Je n’aurais pas fait de la photo”

en privé » dit Paul Sika, avec un sourire. A

là, d’une histoire que nous contait l’artiste.

PAUL SIKA, 2.0

belles son imaginaire et ses créations. Et une

Chaque photographie faisant le lien avec la

Artiste de son époque, la technologie

touche d’optimisme telle qu’on en ressent

suivante. Chaque détail participant au travail

l’accompagne en tout. Des réseaux sociaux

toujours, après une conversation avec lui

de narration. Tel un conte photographique

à son site Web, Paul Sika échange avec son

- toujours très lumineuse… comme ses

avant-gardiste, Paul Sika, dans la série

public et use de la toile comme outil de

œuvres.

« L’Appel de Lillian » nous présentait, dans

transmission. Constamment, librement. Pas

Paul Sika est un joyeux rêveur qui nous

un savant mélange d’imagerie, de narration

étonnant qu’il soit le chouchou des jeunes,

fait du bien. Et son imaginaire sans limites,

et de commentaire social, un regard tout à la

des amateurs d’art et des médias : de CNN

nous réserve, c’est certain, de délicieuses

fois inquisiteur et inventif sur notre société,

(qui l’a interviewé après que le public l’ait

surprises.

telle une interrogation-observation sur les

voté leur artiste africain contemporain

Let’s continue dreaming with him.

codes et mœurs de la jeunesse urbaine

favori) à Amazon.com où le premier ouvrage

abidjanaise. Tel un appel quelque peu

photographique de l’artiste, At the heart

Pour entrer pleinement dans l’univers de Paul :

spirituel, donnant une dimension autre à

of me, paru en Mars 2013, est déjà No. 1

www. paulsika.com

l’homme et à son art… Comme pour nous

des ventes dans sa catégorie. Son objectif,

faire partager sa quête, ses découvertes.

que son travail « appartienne au plus de

Et c’est cette démarche de partage qui

personnes possible ». D’où le prix abordable

découvrir « le sens de la vie ». « Ce qui m’intéresse, c’est de vivre selon le ‘bien universel’. Quel est le but de la vie ? C’est ça qui m’intéresse, au-delà de tout ». Et cette quête se traduit dans son œuvre. Une œuvre qui, comme l’a révélée sa dernière série, contient un message. Car il s’agissait,

Ci- dessus, de gauche à droite : Mister tout mignon, 2012 / Mami - Mommi, 2012 Page précédente : La barbe d’Alphabet , 2012 Page de droite: Dandelia, 2012

80

travers cet ouvrage, Paul Sika souhaite, en effet, créer un dialogue avec son public - un ouvrage où l’artiste se dévoile dans cette forme d’expression qui lui sied si bien : celle de l’image et du storytelling. Le tout, avec une générosité qui n’en rend que plus


81


FOCUS

Kapwani Kiwanga !I<$:B?=>?<$>?<AA:=B< Par Carole Diop

Oeuvres © Kapwani Kiwanga

C’est dans un café parisien que nous avons rencontré Kapwani Kiwanga. La jeune artiste (sa carrière débute en 2008) vit et travaille à Paris depuis une dizaine d’années. Kapwani a développé une pratique artistique très personnelle empruntant ou détournant des méthodologies scientifiques au service de réalités alternatives. Quel est votre parcours ? Comment avez

recherche que je me suis progressivement

différents médiums (vidéos, installations,

vous démarré votre carrière d’artiste ?

éloignée du format documentaire, sans

performances) où va votre préférence ?

Je suis née au Canada, dans la petite ville

pour autant l’abandonner, pour explorer

Ça dépend du moment. Actuellement

de Hamilton, une petite ville ouvrière au

d’autres formes d’expressions (Installations,

ce sont les performances, les vidéos et

sud-ouest de Toronto. J’ai fait des études

performances, …). Le documentaire est

les projets basés sur des notions que j’ai

d’Anthropologie et de religions comparées

aujourd’hui pour moi un medium de

étudiées auparavant (sciences sociales,

à l’Université McGill (Montréal). Au cours de

réflexion parmi d’autres.

anthropologie) qui priment dans mon travail.

mes études, j’ai réalisé que je ne souhaitais pas rester dans le circuit académique

Pourquoi avoir choisi

car c’est un milieu trop restrictif, pas

Paris ?

suffisamment démocratique et très élitiste.

C’est une succession

Je me suis tournée vers la réalisation de films

d’opportunités qui

documentaires. Je suis partie pour L’Europe

m’ont conduites

ou j’ai commencé en free-lance pour des

à Paris. J’ai eu la

chaines comme BBC et ITV en Ecosse. A ce

chance d’intégrer

point de ma carrière, j’ai réalisé que le format

le programme « La

télévisuel était trop limité, j’avais envie

Seine » qui n’existe

d’explorer de nouveaux formats. En 2005, je

plus aujourd’hui

suis donc venue à Paris pour participer à un

et c’est comme ça

programme de recherche (le programme

que mon aventure

« La Seine » de l’Ecole Nationale Supérieure

parisienne a

des Beaux-Arts de Paris ). L’idée de devenir

commencé.

artiste a ainsi commencé à germer en moi. Ce n’est qu’après 3 ans de réflexion et de

82

Vous utilisez

Video still / The sun Ra Repatriation Project (2009) Video, color, Sound 43 minutes


un portrait-robot par la

En créant son propre mythe, il a

gendarmerie de Lille.

trouvé sa propre façon de parler de ce

Chose surprenante le

qu’expérimentait la communauté noire au

portrait-robot obtenu été

Etats-Unis. Il poussait les gens à croire à

loin de ressembler à Sun

l’impossible, à voir au-delà de leur présent

Ra. J’aurais pu montrer

pour imaginer un futur plein de promesses.

au gendarme une vidéo

Video still The sun Ra Repatriation Project (2009) Video, color, Sound 43 minutes

ou une photo de Sun

En 2011 vous avez produit « Afrogalactica:

Ra, j’aurais ainsi obtenu

un abrégé du futur » une performance là

un résultat plus proche

encore d’inspiration afrofuturiste.

de la réalité. Mais ce qui

Pour cette lecture performative de

m’intéresse vraiment c’est

45 minutes qui prend la forme d’une

l’oralité, la manière dont

conférence, j’endosse le rôle d’une

une information est transmise, la différence

anthropologue du futur. J’ai créé ma propre

L’Afrofuturisme a été une source d’inspiration pour le docu-fiction « The Sun Ra Repatriation Project .» Dites nous

entre notre perception, le souvenir que l’on

« Bio-mythologie » où la vie vient d’un

conserve et la réalité. Je cherchais à savoir

futur lointain. Dans cette performance je

en plus sur ce projet ?

qui était vraiment Sun Ra et à rester fidèle

« recompose » notre présent mais aussi notre

au souvenir qu’en avaient ses proches. Le

passé. J’ai travaillé sur la base d’archives,

portrait-robot a ensuite été traduit en un

tous les évènements que j’évoque sont

code binaire pour être transmis sous forme

factuels hormis bien entendu les projections

d’ondes radio vers Saturne le 16 mai 2009.

dans le futur qui appartiennent à la fiction

Des personnes d’horizons différents ont

spéculative que j’ai créé. Afrogalactica est

été réunis autour de ce projet (musiciens,

un projet composé de plusieurs chapitres,

scientifiques …). Réunir des personnes que

le premier était en quelque sorte une

tout oppose

introduction où je revenais sur l’Afrofuturism.

« The Sun Ra Repatriation Project » (Ndlr : Le Projet de Rapatriement de Sun Ra) est un « document vidéo » réalisé entre 2008 - 2009 qui fait partie d’un ensemble comprenant installation sonore, textes et vidéo. A travers ce film j’essaie de trouver une forme de rituel contemporain, une manière de rendre hommage à Sun Ra, cet artiste mythique qui prétendait être un extraterrestre venu de Saturne. Sa légende a été une source

de prime abord, c’est ce qui motive mon travail.

d’inspiration pas seulement pour moi mais

Pourquoi avoir

pour toute une communauté. Et quoi de

choisi Sun Ra ?

mieux pour honorer sa mémoire que de

Si j’ai choisi de

le renvoyer symboliquement sur sa terre

travailler sur Sun

d’origine. Pas à Birmingham (Alabama) où

Ra c’est parce que

il serait né mais sur Saturne sa « vraie »

je m’intéresse

patrie. Ce projet a été le fruit d’une longue

aux mythes

réflexion et m’a conduit à faire beaucoup de

contemporains. C’est

recherches notamment en astrophysique

au cours de mes

et en radio-astronomie , afin de trouver

recherches pour un

comment communiquer avec Saturne. J’ai

autre projet que j’ai

commencé par recueillir les témoignages

découvert Sun Ra. Ce

de musiciens qui ont côtoyé Sun Ra et sur

qui m’a plu chez ce

la base de ces témoignages j’ai fait réaliser

personnage c’est son charisme.

83

Creation of composite sketch of Sun Ra based on testimonies Video still / The sun Ra Repatriation Project (2009)Video, color, Sound 43 minutes


éclectique de personnalités, qui

Parmi vos œuvres, laquelle a votre préférence ?

travaillent dans des domaines

Afrogalatica, car ce travail m’a permis d’allier

différents, mais qui partagent une

mon goût pour la recherche et mon envie de

certaine esthétique.

partage.

moi il s‘agit plus d’un mélange

Afrogalactica: Un abrégé du futur, 2011 - Lecture performative à Paris Photo, 2011

Qu’appréciez-vous le plus dans votre vie

chapitre où j’aborderai la question du genre,

La science-fiction est également une source d’inspiration, quel est votre film SF préféré ?

la sexualité et la reproduction. La première

Mon travail est plus inspiré par des faits

Je rencontre beaucoup de monde, d’autres

lecture ne m’avait pas laissé le temps de

historiques que par la science-fiction en

artistes, des gens d’horizons divers et cela

traiter ces sujets qui sont pourtant présents

réalité. Ce que j’aime dans la science-fiction

m’enrichit énormément. La notion de

dans la science-fiction.

c’est que c’est un format qui permet de

partage est très importante pour moi.

J’ai choisi de faire ces lectures performatives

revisiter l’histoire et le présent et d’imaginer

sous la forme de conférences tout en restant

le futur, cela offre une liberté totale. Je suis

Votre travail a- t-il été diffusé en Afrique ?

simple je voulais que ça ressemble à une

une grande fan de films et livres de science-

Mes films ont été projetés Au Rwanda, en

conférence académique durant laquelle je

fiction, j’ai beaucoup lu Octavia Butler, un

Tanzanie, en Algérie. En revanche, mon

réciterai mon texte avec mes notes à la main.

auteur américain décédé il y a peu. J’apprécie

travail artistique n’a jamais été exposé

Car mon propos est bien évidemment moins

aussi occasionnellement de regarder de films

hormis à Dakar au mois de mars dernier,

« sérieux », j’y apporte beaucoup d’humour

de genre allant du classique film de vampires

dans le cadre d’une exposition de groupe

et de dérision. Les archives utilisées

aux films de zombies. Pour moi ce sont des

organisée par le collectif On the roof.

proviennent de l’imagerie populaire funk et

mythes et contes contemporains.

"Je ne pense pas que l’on puisse qualifier l’Afrofuturisme de mouvement"

Utilisez-vous les nouvelles technologies ? Sont-elles importantes dans votre travail ?

d’argent, quel serait votre projet rêvé ?

Pas beaucoup en fait. J’utilise ce dont j’ai

j’aimerai mener à bien un projet film en

besoin quand j’en ai besoin. Je travaille avec

Tanzanie sur lequel je travaille actuellement.

ce que j’ai sur mon ordinateur ce que je peux

Il portera sur la rébellion des Maji-Maji, un

me procurer facilement.

soulèvement de plusieurs peuples d’Afrique

Je travaille actuellement sur le deuxième

d’artiste ? Le fait d’être en perpétuel apprentissage.

Sans contrainte de temps, de lieu ou Dans ces conditions de liberté absolue

orientale allemande contre les autorités de l’Afrofuturism, mais aussi les mouvements politiques du 20e siècle. La série Afrogalactica permet de s’interroger sur la production de connaissances. Qui crée la connaissance ? Qui la diffuse ? Qui a autorité pour parler ? Comment se transmet le savoir ? Ce sont toutes ces questions qui ont guidé ma démarche. Que pensez-vous du mouvement afrofuturiste ? Je ne pense pas que l’on puisse qualifier l’Afrofuturisme de mouvement, selon

84

Où travaillez-vous ?

coloniales, entre 1905 et 1907.

Partout où je peux utiliser mon ordinateur le plus souvent chez moi dans mon salon. Actuellement je suis en résidence à Bourges et il y a un studio à disposition et c’est particulièrement agréable pour moi de travailler dans ces conditions car je n’ai pas toujours cette chance. Vous sentez vous libre dans votre travail ? La plus grosse contrainte pour moi c’est le temps, j’aimerai avoir plus de temps, autrement je me sens plutôt libre.

En 2009, vous avez envoyé un portrait robot de Sun Ra vers Saturne. Si vous le pouviez aujourd’hui qu’enverriez vous dans l’espace? Si c’était un jour possible, j’aimerais aller moi même dans l’espace et y créer une oeuvre. Link : www.kapwanikiwanga.org


Haut : “The Sun Ra Repatriation Project” (installation view), 2009 Bas : Afrogalactica: Un abrégé du futur, 2011 Texte extrait de la performance

85


ARCHITECTURE

Mamadou Cissé '=?=<>$!9NB:J<B Par Carole Diop Crédits : œuvres de Mamadou cissé, photos de Umberto Appa

Les villes, voilà plus d’une dizaine d’années

Les dessins de Cissé bien qu’utopistes et

que Mamadou Cissé les dessinent. Ce

disproportionnés sont d’une

« jeune » artiste arrivé en France en 78

incroyable précision, chaque

a toujours dessiné aussi loin qu’il s’en

bâtiment y est unique et

souvienne, mais c’est en 2001 qu’il a eu,

se distingue des autres

comme il le dit lui même « le déclic ».

par sa couleur. Même si

Après avoir reçu en cadeau un cahier et

leurs habitants ne sont pas

des feutres, il entreprend de reproduire

représentés, les villes de

le pont de Normandie à partir d’une

l’artiste vivent, en témoignent

carte postale, et n’a eu de cesse depuis

le flux de véhicules qui

de remplir des feuilles blanches, de façon

noircissent leurs artères.

quasi obsessionnelle. Agent de sécurité de son état, Mamadou Cissé profite de ses longues heures de veille pour dessiner. C’est à l’aide de feutres, de stylos et de crayons que cet artiste autodidacte créé « ses » villes qu’il

“ C’est à l’aide de feutres, de stylos et de crayons que cet artiste autodidacte créé ses villes qu’il veut denses, colorées“

veut denses, colorées et vertigineuses.

!

Pour lui la verticalité est une nécessité. Il rêve de villes « intelligentes » pour

« Il faut des monuments aux cités de

les générations futures. Ses dessins

l’homme, autrement où serait la

s’inspirent de ses voyages et des

différence entre la ville et la fourmilière ? »

cartes postales collectionnées. Dakar,

disait VictorHugo. Une citation que l’artiste

Paris, Amsterdam, New York, Moscou,

sénégalais fait sienne, accordant dans

Le Caire, ou encore Sidney se glissent dans

ses créations une place prépondérante

ses œuvres. Il se les approprie afin, de les

aux monuments. Quand on lui

« améliorer », « d’en corriger les erreurs ».

demande son avis sur l’avenir des villes

86


africaines, Mamadou Cissé est optimiste. « Afro- optimiste » dit-il. Tout est à faire. Il est persuadé qu’architectes et urbanistes sauront un jour trouver le moyen de créer des villes, modernisant des concepts existants, villes agréables où les gens vivraient en harmonie. Et ne lui dites pas que c’est impossible. Mamadou Cissé a été exposé l’an dernier à la Fondation Cartier et a participé à de nombreux évènements internationaux parmi lesquels la Biennale de Dakar 2012, Art Paris, Art Fair 2013, Draw Now 2013, salon du dessin contemporain. Il sera prochainement exposé à la galerie Bernard Jordan à Zurich et participera à la prochaine Biennale de Lyon.

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DESIGN

Cyrus Kabiru

By Djenaba Kane Art work © Cyrus Kabiru Photos : Amunga and Antony Washira.

ZBDF$JB<:F<B$?D$ Q=>=DI:BR

Artist Cyrus Kabiru, 28, was born in Nairobi, Kenya. He is a visual artist who explores the mediums of painting, sculpture and recycled items. He completed high school, but he never studied art. He is a self-taught artist. He shared a small house with his parents and five brothers and sisters until he was 22. Their crowded three-room house was surrounded by trash. “Every day, I woke up, the first thing I would see is junk”. His father wanted him to be an electrician. However, Cyrus refused. He wanted to study art so he went to art school briefly. He didn’t want to study or to follow the teacher’s point of view. He deeply wanted and needed to follow his own way to be creative. Consequently, his father told him to move from their home to find another place to live. Cyrus developed his art and creativity thanks to his ability to remain optimistic in spite of many trials. Those difficulties changed into a source of motivation. Since 2006, he has maintained a studio in KuonaTrust (kuona means “to see” in Swahili) which is an art incubator for the promotion of Kenyan visual artists. This talented, forward-thinking, nonconformist artist is always on the lookout for innovation. He wants to push aside the rules. As he likes to say, it’s important to « think out of the box ».

90


Why and how did you find the way to

were interested in my

become an artist ?

work, so I worked on it harder and harder. Now, I

Sincerely, I don’t know exactly how I

can’t imagine living with-

became an artist; I just started being one.

out my art…It’s my life!

I think I have always been very sensitive to what surrounds me. I am inspired by

Why did you choose this

walking, it develops and liberates my

kind of expression ?

imagination and I allow myself to think about crazy things. My paintings are joking:

Most of my work is made

the humor takes an important place in

with recycled materials.

my work and my life…I am shy, but my

This is an important

family and my close friends know me also

choice for me because I

as a joker! I didn’t grow up in a family of

really love and respect

artists, and when I started I didn’t know

nature. Working with

any Kenyan artists. I think it’s more a state

recycled materials is a way

of mind. Indeed, since I was young I didn’t

to save nature and above

follow what people wanted. I do what I

all it ‘gives trash a second

want because I have always wanted to go

chance’. I don’t consider

my own way. Although my entourage didn’t

rubbish trash or waste; on the contrary, I

understand what I was doing, I prefer to live

just see it as an opportunity to be creative.

in harmony with myself. You are a talented sculptor and painter, When did you first discover your creative

but you are especially well known for your

talents ?

whimsical “C-Stunners”. Could you tell us their story ?

I grew up being a good toy maker: I used to trade for everything with my art...Indeed,

My inspiration came from my dad who used

when I was at school, I was like a rebel. I

to wear glasses when he was young. One

didn’t do homework, or exams. All my class-

day, he inadvertently crushed them. He

mates were more clever than me, so I made

was beaten by my grandmother who had

a deal with them; “You do the exam for me

bought him these expensive glasses. From

and I will pay you in a sketch, sculpture or

that day forward, he has hated wearing

glasses”. I never thought what I did was art

glasses.

since I thought real art is portraits. So, in

I became obsessed with eyewear because

time, most of the people used to call me

of this episode. But my father wouldn’t

msanii (Swahili word for artist) whereas I

buy me glasses. He said to me “If you want

never understood why they considered me

glasses, find a way to make your own”. From

an artist.

that moment, I was about seven years old, I

For a long time, my art was like a hobby.

decided to put his advice into practice.

When I sold my first painting I realized I

I got the idea to name them “C-Stunners”:

could be an artist. I noticed that people

the “C” is for Cyrus and “Stunners” is of

91

course because they are stunning! Some of these glasses have a story behind them like the “Mandela Prison” ones. Consequently, I choose specific materials that fit the story. Even though there is increased interest in my C-Stunners, I prefer to make only one to three pairs a month. I don’t want to mass produce them or sell them at an exorbitant price. I just aim to live in normal conditions. I don’t want to be a rock-star! My purpose is to be a good model for Kenyan youth. I don’t want to be changed because of being rich; I want to keep my state of mind and have a normal life. What memorable positive reactions have you had during your career ? First, I was very proud to be invited, in April, to the TED 2013 Fellows talk, in California. This program aims to bring together young innovators from around the world to


What about your distribution

We still don’t have a large annual event that

network ?

celebrates our art.

I do everything on my own. For

Could you inform us about your upcoming

international sales, people view

projects ?

my portfolio and place an order.

promote their projects and activities.

Then I send it by DHL. I can also

In June, I am going to participate in a three

make paintings or glasses on

week residency in Nigeria. Then in August I

demand.

will attend a TED talk in Vancouver.

Are Kenyan people interested in

To finish, what does the theme

your work ?

“AFROFUTURISM” evoke to you ?

Not really. I think that is because

According to me, Afrofuturism evokes

it’s difficult to explain the purpose

the feeling of excitement to be able to

and the importance of having art

discuss challenges within the African art and

Then, I was also invited the last month

in Africa. I am taking part in an “Outreach”

design context. Moreover, it’s also the idea

to the Afrofuturist exhibition during the

program that promotes and teaches

of bringing top African artists and designers

Milan Fashion week.

grandmothers creativity and ecological

together to have critical conversations and

issues in our country.

to show that our work is worthy.

Do you use new technologies in your work,

Next year, I plan to organize a residence in

are they important ?

Kenya to gather local young designers. African artists have two important

No I don’t use new technology. They aren’t

responsibilities: we have to “educate” local

so important in my work. I like to do it my

people about our art because it totally takes

own way with normal tools (scissors, wire,

part in our culture and history. Then, we

gloves, plastic, bottle caps…) in order to be

have to show to natives and foreigners that

in touch with my art.

in Africa there is something unique and good existing.

How do you market your work ?

In my case, I have received at least ten requests to form foreign designer

I use traditional tools for my work, but in

partnerships, but I refused these offers

order to promote it on a large scale, I think

because I only want to work with Kenyan

we absolutely have to use the internet. So,

designers.

I have a website, a Facebook page, and a Tumblr page.

What does your government do for the

This way I can present my work to tourists

promotion of arts ?

who come to the KuonaTrust art center. Also, I have more invitations to international

Our government plans art programs and

events -- an exhibition in Los Angeles and in

gets financial support from different

Holland.

corporations. However, the artists never get these funds. So we can’t rely on them.

92

“ African artists have two important responsibilities: we have to “educate” local people about our art because it totally takes part in our culture and history.“ We would like to thank you for your time…It was sawa sawa (Swahili word for cool)! For further information on Cyrus’ work, please visit these following websites: http://www.ckabiruart.daportfolio.com/ http://cyruskabiruart.tumblr.com/ https://www.facebook.com/pages/CyrusKabiru-Art/136040723101586 http://kuonatrust.org/


93


EXHIBITION REVIEW

THUS SPOKE WANGECHI By Anne Gregory, artist, Durham, NC USA

The End of eating Everything (still), 2013. Animated video (color, sound), 8:00 minute loop, edition of 6. Courtesy of the artist. Commissioned by the Nasher Museum of Art at Duke University, Durham, North Carolina. Š Wangechi Mutu.

Originally from Kenya, and now based in Brooklyn, Mutu uses her singular Afrofuturist vision to confront issues of race, colonialism, consumption, and the objectification of the black female body. Her large scale collages combine images clipped from fashion and porn magazines, medical books, hunting catalogs and machine manuals, as well as found objects, bling, and her distinctive paint splotched paper. The emotional content of these mixed media works can be overwhelming. She serves rage, female sexploitation, brutality, indulgence, and repulsion in unbearably large doses. Her work is not easy to look at; however, it’s impossible not to stare. 94


In the diptych Yo Mama, Mutu gives a

Viewing this video is like watching a feral

shout out to Funmilayo Ransome-Kuti,

animal consume something it doesn’t need.

the trailblazing Nigerian women’s rights advocate who fought against British

In her first animation, The end of eating

colonialism. A female with luminous,

Everything, an Egyptian–eyed woman

mottled skin, kneels, legs splayed, on a

(played by recording artist Santigold) with

planet. She holds the body of a white snake

medusa hair and a body as big as an island,

entangled on a distant sphere. Her stiletto

lumbers through space. Her characteristic

heel jabs its decapitated head. Little black

mottled skin glows like molten lava.

orbs, representing the African Diaspora, float

Straining from her bulk, she gorges on a

off into the pink sky. She knows how to tell

flock of birds until she explodes into lots of

a story.

little heads that spiral away. Is it the end of a cycle or the exponential beginning of

Family Tree is a series of 13 collaged portraits

more?

arranged to show the lineage of a couple. In this family, all the members are female –

Wangechi Mutu’s work can be read as an

including the original parents. Behind these

epic Afro-feminist manifesto. Wrestling

strange amalgamated faces the message is

with one political and cultural stereotype

loud and clear -- a feeling of empowerment

after another she rewrites the script and

is palpable.

the victim becomes the victor. We are not

From left to right 1 Family Tree, 2012. Suite of 13, mixed-media collage on paper, 41.28 x 31.12 cm. Collection of the Nasher Museum of Art at Duke University. Image courtesy of Susanne Vielmetter Los Angeles Projects. © Wangechi Mutu. Photo by Robert Wedemyer. 2 Once upon a time she said, I’m not afraid and her enemies became afraid of her The End, 2013. Mixed media, dimensions variable. Courtesy of the artist. © Wangechi Mutu. Image courtesy of the Nasher Museum of Art at Duke University, Durham, NC, USA. Photo by Peter Paul Geoffrion.

spared the terrible struggle, the blood, the anguish, but in looking we share in the triumph. WANGECHI MUTU : A FANTASTIC JOURNEY, will run at the Nasher Museum of Art at Duke University, March 21, 2013 – July 21, 2013. The exhibit travels to the Brooklyn Museum of Art in September 2013, the Museum of Contemporary Art, North Miami in April 2014 and the Mary and Leigh Block Museum of Art at Northwestern University in September 2014. The Museum of Contemporary Art, Sydney, Australia will host the largest international survey of Mutu’s work May 23 – August 14, 2013. Mutu explores the theme of over consumption in two films. The video Eat Cake shows her sitting in a swamp setting. Her hair is wild. Her fingernails are like claws. She eats a chocolate cake with her hands.

95

Artist Wangechi Mutu in her Brooklyn studio, 2012. Photo by Kathryn Parker Almanas.


96


Yo Mama, 2003. Ink, mica flakes, pressure-sensitive synthetic polymer sheeting, cut-and-pasted printed paper, painted paper, and synthetic polymer paint on paper; overall: 150.2 x 215.9 cm. The Museum of Modern Art, New York.. Š Wangechi Mutu. Digital Image Š The Museum of Modern Art/Licensed by SCALA/Art Resource, New York. Photo by David Allison.


EXHIBITION REVIEW

FROM BIRTH TO I-DENTITY

Par Sonia Recasens Crédits photos : © Pascale Obolo

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$

Le 14 mars 2013 célèbre les 1 an de la revue

4 premiers numéros. Placé sous le signe de

La programmation, aussi riche que vivante,

Afrikadaa et pour l’occasion le collectif

la création, de la poésie et de l’engagement,

éclectique que vibrante, élaborée par le

d’artistes convie les lecteurs à un acte

l’acte éditorial live se fait plateforme de

collectif Afrikadaa se déroule en deux

éditorial live organisé au Lavoir Moderne

dialogue entre les arts et les territoires, à

actes. Dans un premier temps « Images

Parisien. Intitulée From Birth To I-Dentity,

l’image de la revue qui a su s’imposer sur

en mouvement » fait la part belle à une

la soirée met à l’honneur les plasticiens,

la scène culturelle contemporaine comme

sélection exigeante de films. Au premier

vidéastes, photographes, écrivains, musiciens

référence et force de propositions artistiques

rang desquels figure le très hypnotique

et performeurs qui rythment les pages des

et critiques.

Rebirth. Ce dernier est extrait du film musical

98


Haut : Gérald Bloncourt Bas : Patrick de Lassagne

Haut : Kemi Bassene et Jean-Michel Quionquion Bas Christiane Prince

réalisé à la Nouvelle Orléans par Christophe

de la mort, du deuil et de la filiation.

puissante mise à l’épreuve des limites

Chassol, Nola Chérie, Fanfharmonization

La deuxième partie de la soirée met à

physiques et psychique, le corps de l’artiste

of a city. Rebirth nous entraîne dans une

l’honneur Les performances et lectures

exulte les tabous et stéréotypes opprimant le

spirale labyrinthique de notes et d’images

performatives avec notamment une lecture

corps de la femme.

formant des boucles samplées à l’infini.

très passionnée et enlevée de Gérard

Pianiste et arrangeur de talent, Christophe

Bloncourt. Ce poète, peintre et photographe,

Transcendant la dématérialisation du digital,

Chassol compose une partition originale

né en 1926 à Haïti embrase le public avec

l’acte éditorial live From Birth To I-Dentity

et multisensorielle de sons et d’images

sa verve fougueuse et chaleureuse en

imaginé par Afrikadaa s’inscrit au cœur d’une

répétées, superposées, sublimées. Quant

interprétant deux de ses poèmes Le Rebel et

actualité créative et donne in situ la parole

au très poétique et touchant film de Louisa

Je Hurle à la lutte, qui crie son amour pour

à une scène artistique bouillonnante et

Babari, Père, il nous entraîne sur un chemin

une Haïti meurtrie. De meurtrissures, il en

plurielle tissant avec poésie des liens entre

tortueux d’images et de sons empruntés

est aussi question dans la performance de

intimité, politique, identité, mémoire et

au cinéma et à la musique. L’artiste russo-

l’artiste franco-gabonaise Myriam Mihindou.

corps.

algérienne met en image un paysage sonore

Comme toutes les performances de l’artiste,

d’une grande sensibilité qui enveloppe le

No Sensibility est une action corporelle

spectateur pour le plonger dans un voyage

soigneusement ritualisée pour questionner

allégorique et philosophique sur les sentiers

de manière radicale le corps. Dans une

99


EXHIBITION REVIEW

Samta Benyahia transcende Par Sonia Recasens Crédits : © Samta Benyahia et la Galerie Martine et Thibault de la Châtre, Paris.

5<$%B:9 C’est en mars dernier que se tenait à la Galerie Martine et Thibault de la Châtre, l’exposition Le Drap de Samta Benyahia. Née à Constantine, l’artiste explore ses racines multiples à travers notamment des signes et symboles ancestraux berbères, arabes, andalou. Au moyen des principaux leitmotivs de son langage plastique, que sont le moucharabieh et la rosace Fatima, l’artiste

“Samta Benyahia explore avec poésie les entrelacs mythologiques, symboliques et historiques dont sont imprégnés les multiples plis du drap”

d’origine algérienne sonde les mémoires et les imaginaires de ces motifs sculpturaux, pour les déplacer et les détourner. Elle se plaît à jouer inlassablement avec ces symboles pour habilement subvertir les limites établies entre hommes/ femmes, intérieur/extérieur, plein/vide, jour/nuit. De cette façon, de nouveaux espaces architecturaux et mentaux se font jour comme dans l’exposition Le Drap. Constituée d’une installation textile, d’une installation vidéo et de toiles sérigraphiées, l’exposition reproduit les motifs du moucharabieh et de la rosace Fatima sur un drap, mettant en exergue la connivence de ces objets. Le drap comme le moucharabieh renvoie à

100

première salle de la galerie créant ainsi de nouvelles modalités de circulation et de perception. Le spectateur est invité à pénétrer dans l’intimité du drap, et à voir au travers du moucharabieh. Les frontières entre visible/invisible, public/privé s’estompent et se troublent Samta Benyahia explore avec poésie les entrelacs mythologiques, symboliques et historiques dont sont imprégnés les

l’univers clos du gynécée ou du harem. Transcendé de ses fonctions domestiques et décoratives, le drap de Samta Benyahia trône au milieu de la

multiples plis du drap. Enveloppe textile, enveloppe charnelle, le drap accompagne des générations de femmes dans leurs rites de passages : de la naissance à la nuit de


noce, de la maternité au repos éternel.

espaces d’exposition. Dans l’installation

Étendard de la science du fil, le drap

vidéo située dans la deuxième salle, les

entretient une complicité millénaire entre

youyous résonnent pour célébrer une

intimité, féminité, sexualité et tissage.

nouvelle histoire du drap : non plus celui

Activité diurne et savoir faire matrilinéaire, le

tâché de sang qui scelle la femme à son

fil du drap tisse rêveries, mémoires et paroles

destin d’épouse, mais le drap témoin du

infinies des femmes. Cette sublimation du

savoir faire de générations de tisserandes

matriarcat est d’autant plus criante que

et fileuses, héritières de Pénélope. Ces

des toiles sérigraphiées avec le portrait

traditions habituellement cachées au

de la mère de l’artiste rythment les deux

regard, cantonnées à l’espace domestique et

101

dénigrées, sont ici réhabilitées et honorées.


EXHIBITION REVIEW

POLITIQUEMENT INCORRECT ?

Par Sonia Recasens

Matthieu Boucherit GOOGLE.WAR : LE POIDS DES IMAGES. Série «Peintures d’Histoire» : «#1_HOMS». Acrylique sur toile. 4 x 6 cm, 2012

Un an après la première édition de leur

vision commune de l’art comme acte de

Sénégal, Palestine…), prenant ainsi une

exposition au Centre d’Art Vivant de

résistance et de libération face à des discours

dimension plus universelle. Par exemple les

Tunis anciennement lieu de censure et

et des situations politiques, économiques

pérégrinations du sociologue Jaune Morpion

de corruption sous le règne de Ben Ali, le

et sociales violentes, oppressantes et

dans la vidéo de l’artiste sénégalais Iba

collectif d’artistes tunisiens Politiques à pris

incertaines. Cette exposition permet de

Wane nous plonge non sans humour dans

ses quartiers à la Galerie Talmart à Paris le 21

prendre le pouls d’une scène artistique en

l’intimité de la vie métropolitaine parisienne.

mars et le 4 mai dernier, avant de réinvestir

pleine effervescence, motivée par une soif

L’œil acéré de l’artiste palestinien Shadi

Tunis et de voyager à Beyrouth en septembre

d’expression plastique et esthétique pour

Al Zaqzouq, sonde sans ménagement les

2013.

trouver du sens à un présent et un avenir

travers et tabous qui sclérosent la société.

Issus de la même génération, Nidhal

trouble.

Ces toiles font le portrait de l’altérité, de la

Chamekh, Ymène Chetouane, Fakhri

Avec ces nouvelles éditions, le collectif en

marge, comme si finalement c’était dans

El Ghezal, Maher Gnaoui, Ismaël, Atef

profite pour s’enrichir et inviter des artistes

la périphérie que se trouvait la liberté.

Maatallah, Ibrahim Màtouss partagent une

d’autres aires géographiques (France,

Son tondo After Washing (2012), présente

102


Haut de gauche à droite 1- Malek Gnaoui Vs Sheep, Installation : céramique émaillée, sérigraphie et lumière. 170*59 cm, 2012

4- Nidhal Chamekh «A5ralou fih», Encres et impression sur papier. 24 x 30 cm, 2013 Idées noires, Encres et transfert sur papier. 40 x 40 cm, 2013 « Fais-moi stresser », Encre, crayon et impression sur papier. 24 x 30 cm, 2013

2- Maher Gnaoui ID GAZ, Bouteille de gaz, techniques mixtes. 56*30cm, 2012

5- Convertissez-vous, huile sur toile. 41 x 33 cm, 2013 6- Ymène Chetouane Reality, céramique et peinture. 15 x 9 cm x 6. 2012

3- Shadi Al Zaqzouq After Washing, huile sur toile. 60 x 60 cm, 2011

une femme, bandana sur le visage, yeux

Cette petite culotte en apparence innocente

émotion à des images de deuil et de mort

perçant, exhibant une culotte affublée du

avec son nœud rose, interroge la place

froidement vulgarisées et banalisées par

slogan du Printemps Arabe scandé à tous les

des femmes dans les mouvements de

nos écrans de télévision. La miniaturisation

dictateurs : « Dégage ! ».

contestation et notamment les représailles

attire l’attention du spectateur, créant une

sexistes et les violences sexuelles dont elles

intimité avec ces tranches de vie violemment

sont victimes. Il est à noter que la culotte

basculées dans la douleur et la peine. L’artiste

révolutionnaire fut censurée lors de la

met en exergue les expressions des figures

6

qui retrouvent toute leur humanité.

"Une scène artistique en pleine effervescence, motivée par une soif d'expression plastique et esthétique"

ème

édition d’Art Dubaï 2012, le comité de

censure jugeant certainement inconvenant de nettoyer son linge sale en public. Au moyen d’un processus particulièrement judicieux et puissant de miniaturisation, l’artiste Matthieu Boucherit insuffle vie et

103


CARNET DE BORD

%`$)9DDMR$

By Cecilia Tripp Pictures courtesy of Paul D. Miller

THAT SUBLIMINAL KID Filmaker Cecila Tripp takes us to New York where composer, writer, artist and DJ, Paul Miller, best known by his stage name DJ Spooky shared with her his own unique view on art, music and politics. CecilIa met Paul During her residency at Brooklyn College this spring. He was himself in residency at the Metropolitan Museum of New York. They had previously worked together in 2004 on her re-enactment film “The Making Of Americans”, at the same time Paul D. Miller was creating his Remix of “Birth of a Nation” by D.W. Griffith. 104


CT: You are the first African-American artist to be invited for a residency at the MET. How do you see this in regards to the legacy of the Civil Rights Movement up to now, considering that your father has been one of the lawyers of Angela Davis? We see in this day and age, how the civil disobedience movement is out in the streets with a young generation of activists reclaiming change, asking for action towards various issues, including global warming, which is the theme of your new piece “Of Water and Ice ” ? PDM: I always think that some of the most progressive things happen in some of the most unexpected ways. Look at the history of Civil Rights - President Lyndon Johnson was able to pass Civil Rights over the resistance from The South, and see what that did! The South of the US and Apartheid Era South Africa are not much different - the prison industrial complex, the callous sense of numbness on the part of the population... This hasn't changed much. My art represents a permutation on these themes. The Metropolitan Museum is one of the most important establishment museums going.

Sreen shot

Water and ice are reflections of one another

1932-2013 ?

in every way. I love the idea of comparing the

PDM: Melvin Van Peebles is an old friend,

idea of music to water, nothing stays the same

and he has been very supportive of my work.

- all is flow.

I wanted to show some of the continuity

between some of the older artists involved

CT: You have been invited by the Venice

with progressive African American culture

Biennale this year. What is the project you

and contemporary digital media - Melvin

will present and which pavilion will you be

edited his films, acted in them, and wrote

representing ?

the music scores. So I did a dialog with him

about total media, and how art responds to

PDM: The idea for my Maldives Project is to

these changing contexts of what it means to

look at all aspects of the way the islands are

be "authentic" in an era where identity is in so

being erased by the rising currents of the

much flux.

ocean. Basically I look at the process of how data can be turned into music compositions.

CT: There is this other conference on

It’s a string quartet work that I'm running

soundscapes and territories…

through my iPad software and will have

I was thinking of your latest work in regards

the whole thing presented at Venice as an

to this, because in recent years you have

"acoustic portrait".

worked a lot with archival sound material as a sort of history mixer and now you have

CT: We also would love to hear about your

moved on to score different landscapes and

Romare Bearden project, you presented

territories like in your “Ice” project…

this for Performa last month at GET READY

AI Weiwei with Paul D. MILLER and his Magazine Origin he coedites with Yoko Ono

105

FOR THE MARVELOUS: BLACK SURREALISM

PDM: Composers like Debussy and Varese

IN DAKAR, FORT-DE-FRANCE, HAVANA,

are my big heroes for this kind of thing, but

JOHANNESBURG,

my favorite composer is probably Iannis

NEW YORK CITY, PARIS, PORT-AU-PRINCE,

Xenakis. When you look at how composers


Dj’s Spooky concert at the MET Museum

soundscapes inspired Afrofuturism as a

like John Cage and Steve Reich have handled landscape, there's a deep connection to "chance operations" but with Steve Reich, there's more of a deep relationship: he wrote the introduction to my last book. I think we have to look at science with more than open eyes - we need to feel the evidence of global warming. That is the tragedy of global warming and storms like Sandy - they affect everyone, but the poor and people of color are even more affected because of the way

"The world is changing more quickly than any scientist anticipated, but artists always knew..." CT: You’ve said that “Music is the Mirror we hold up to society”, tell me a little more about that.

class and social justice have been distorted

PDM: I'm a big fan Frantz Fanon, Samuel

by our post-colonial system. Right now, there

Delaney, William Gibson, Neal Stevenson,

are more slaves than at the peak of the African

Bruce Sterling, Pat Cadigan, Octavia Butler...

slave trade. It’s a tragedy that global warming

The mirror is always changing. Society is the

and human trafficking don't get the attention

static image of our poetry written in coded

they should. Art has such an important role

language. You just have to learn the cipher and

to play in reframing the way we think about

make it all evolve.

nature. The world is changing more quickly

than any scientist anticipated, but artists

CT: How do you see your work in relation

always knew...

to Sun Ra, whose triggering music and

106

utopia to build a new era that he predicted would lead to the liberation of the mind; a borderless place beyond identities to revise the past from the future ?

PDM: My work is a direct response to what’s going on in tech, science fiction, contemporary art, philosophy, and literature. It’s all about reflecting some of the ways we could and should have been, and the loss of so many great teachers like Sun Ra or Jimi Hendrix means that we need to sometimes just look to ourselves as the solution. I have never said I shape or mold the future or past, I simply believe that there’s a dialectical process at work with the way electronic music relates to our sense of pattern recognition. Quantum physicists like Brian Greene, firmly believe in the existence of infinite parallel universes. So do I. When you


look at African American science fiction writers like Samuel Delaney, Octavia Butler, or even George Schuyler (who people tend to forget became really conservative late in life) always tended to have a kind of “biological surrealism” at work mixing race metaphors with science etc. I tend to wander through the corridors of history with an irreverent attitude and just say “fuck it, its all a mix.” People tend to get too caught up on the specifics of anything. That’s boring. Life should be wild and filled with beauty, and the unexpected destruction of received wisdom. That’s the only way things change. And that’s what I think Afrofuturism is about.

means to be “black.” So many people accept limitations on “blackness” - I do not. CT: Thank you Paul that’s a beautiful way to leave this conversation to be continued.

Here are some links to Paul D. Miller’s work http://www.djspooky.com/antarctica His recent work « Ghostworld » will be presented at the Maldives Pavillon at the Venice Biennal 2013 http://www.djspooky.com/articles/ venice_2007.php

CT: What you think of the Afrofuturism Mouvement ?

PDM: It exists as a virtual space in a culture rapidly evolving towards full digital immersion. Africa was already there. The rest of the world is catching up. This is retro-future. CT: Do you consider yourself being a part of it ?

PDM: All is abstraction. CT: If you send a sound piece in space which one would you send ?

PDM:Frequency of the ocean currents of the South Pacific, mixed with the electromagnetic patterns of the Earth’s magnetosphere. Or DNA sequence of human genetic code, but made into sound. CT: Have you been influenced by Afrofuturism in your artistic production ?

PDM:Yes, from the viewpoint of infinite potential in Black Culture, and the denial of all limits towards what it

107

Below : Paul D. Miller ‘s book cover


AFRIKADAA’S LIBRARY monde », accompagnée du militarisme, du

L’Afrofuturisme est un courant qui couvre

patriotisme, du mépris de la femme, et de

à la fois la culture pop underground et

l’éloge de la vitesse.

de masse. Avec un double objectif qui

L’histoire se déroule en Afrique du Nord,

est de divertir et d’éclairer les esprits, les

et parle de Mafarka el-Bar, anti-héro par

Afrofuturistes s’efforcent de briser toutes les

excellence, roi de Tell el-Kibir qui aime la

barrières raciales, ethniques, et sociales qui

guerre, méprise les femmes et se tourne

empêcheraient les individus d’être libres.

vers le soleil lorsqu’il a besoin de conseil.

Ce livre présente aux lecteurs les artistes qui

Afin d’assurer sa postérité, il décide de

ont pris part à l’essor de l’Afrofuturisme.

construire un fils : un oiseau mécanique,

Les sujets abordés vont de la littérature de

gigantesque et invincible, se passant de

science-fiction de Samuel Delany, Octavia

l’intervention d’une femme. D’un baiser qui

Butler, et NK Jemisin, en passant par les

lui causera la mort, Mafarka insufflera son

univers musicaux de Sun Ra, George Clinton,

âme à cette créature pour qu’elle défie le

et le Will.I.Am des Black Eyed Peas, et les

“MAFARKA LE FUTURISTE, ROMAN

soleil.

arts visuels et multimédias de différents

AFRICAIN” DE FILIPPO TOMMASO

Dans ce roman, Marinetti nous peint une

artistes inspirés par les mythes africains

MARINETTI, PUBLIÉ EN 1910 CHEZ SANSOT.

vision cauchemardesque d’une planète

Dogon et des divinités égyptiennes.

plongée dans l’obscurité une fois que

Cet ouvrage comprend des entretiens

Filippo Tommaso Marinetti est un écrivain

Gazourmah, l’oiseau mécanique, a remplacé

avec des rappeurs, des compositeurs, des

italien, né le 22 décembre 1876 à Alexandrie,

le soleil.

musiciens, des chanteurs, des auteurs, des

Égypte, et mort le 2 décembre 1944 à

illustrateurs, des peintres, des comiques,

Bellagio.

des DJs, ainsi que des professeurs de

Profasciste, et ami proche de Mussolini, il

l’Afrofuturisme, donnant ainsi, un aperçu de

est surtout reconnu comme étant l'initiateur

première main de ce mouvement fascinant.

du mouvement littéraire du Futurisme. Ainsi, c'est en janvier 1909 qu'il publie en

Ytasha L. Womack est journaliste, auteur,

Italie son célèbre "Manifeste du Futurisme",

réalisatrice et chorégraphe primée. Elle

véritable acte précurseur de cette culture

est l’auteur de la nouvelle afro futuriste

des avant-gardes qui marquera le XXe siècle.

« 2212:Book of Rayla », première de la série

En énumérant onze objectifs, il y proclame

révolutionnaire de Rayla 2212.

l'avènement d'une nouvelle esthétique de la

Ses autres livres comprennent le livre

vitesse et de la modernité industrielle.

acclamé par la critique Post Black : « How a New Generation is Redefining African

Mafarka le futuriste, son premier roman, qui

American Identity ».

reste à ce jour le plus connu, met en scène une sorte de surhomme mécanique et ailé, qui s'envole vers le soleil. Ce roman illustre de façon romanesque les onze « commandements » de son « Manifeste du Futurisme ». Parmi

“AFROFUTURISM: THE WORLD OF BLACK

ces principes, nous pouvons citer : la

SCI-FI AND FANTASY CULTURE”, D’YTASHA

glorification de la guerre, « seule hygiène au

L. WOMACK, PUBLIÉ

108


AFRIKADAA’S LIBRARY

JAZZ ET VIN DE PALME, DE EMMANUEL B. DONGALA, ÉD. LE SERPENT À PLUMES, COLL.

Emmanuel Dongala a dix-sept ans en 1958, quand le Congo devient une république indépendante. Dans huit longues nouvelles au rythme balancé et à l’humour corrosif, il fait revivre la Révolution rouge de Brazzaville, qu’il considère avec un profond pessimisme, et promène son blues dans les boîtes de jazz de New York, où il se repaît des sonorités inspirées de John Coltrane. Sous la naïveté burlesque des sujets, tels ces extraterrestres prenant possession de la planète et qui ne peuvent être détruits que par le vin de palme et la musique de Sun Ra, cet ouvrage nous livre quelques-unes des plus belles pages sur la défaite du rêve des jeunes États africains, évoquée comme en écho par la tragédie d’un saxophoniste de génie en quête de l’absolu.

109


AFRIQUE

FRANCE & EUROPE

Ce parcours sera complété par des propositions d’acteurs du milieu artistique de Johannesburg.

. « Ondes de Perturbation » -

Ont ainsi été invitées Bettina

NESTOR DA

Malcomness, commissaire

12 Avril au 1er Juin 2013

indépendante, et Dorothee

Galerie Cécile Fakhoury - Abidjan,

Kreuzfeldt, artiste, qui proposent

www.cecilefakhoury.com

un accrochage en écho à leur ouvrage NOT UTOPIA (à paraître en avril 2013) – une vision très

BILI BIDJOCKA

personnelle de leur ville. Cette manifestation s’inscrit dans

De nombreux artistes, depuis plus

le cadre de la saison sud-africaine

de deux mille ans, ont été inspirés

en France, en partenariat avec

par la Cène, le denier repas du

l’Institut Français et le National

Christ pendant lequel le fils de

Council for the Arts of South

Dieu livre son testament. Ils sont treize à table, comme dans

MY JOBURG

une pièce de théâtre parfaitement réglée. Ce que nous propose

L’exposition My Joburg présentera

l’artiste camerounais avec son «…Do

un panorama de la scène artistique

Not Take It, Do Not Eat It, This Is

de Johannesburg, en mettant plus

Not My Body…» est en quelque sorte

particulièrement l’accent sur une

une anti-Cène. Une proposition

jeune génération d’artistes, encore

profane dans laquelle Dieu, dans sa

largement méconnue en France

conception judéo-chrétienne, est

tels que Kudzanai Chiurai, Zanele

absent. L’événement, il vaut mieux

Muholi, Mary Sibande, ou Mikhael

employer ce terme plutôt que celui

Subotsky, ainsi que la jeune

d’»exposition» qui ne correspond

génération de photographes formée

pas tout à fait au propos, se

par le Market Photo Workshop,

déroule en deux volets.

fameuse école de photographie fondée en 1986, à laquelle une

« Bili Bidjocka »

section de l’exposition a été

Juin-Septembre 2013

confiée.

Fondation Charles Donwahi pour

Aujourd’hui Johannesburg occupe

l’art contemporain

une place essentielle pour l’art

06 BP 228 Abidjan 06

contemporain africain.

Boulevard Latrille, face Eglise

L’exposition rendra compte de la

Saint Jacques

diversité et de la richesse de sa

Abidjan II Plateaux

création artistique en dévoilant

Tel: +225 22 41 45 49

les récentes créations de plus

http://fondationdonwahi.org/

de 40 artistes couvrant les trois dernières générations Joburgeoises.

110

Africa.

« My Joburg » 20 juin - 22 septembre 2013 Vernissage presse mercredi 19 juin de 9h30 à 11h Vernissage mercredi 19 juin de 18h à 21h

La maison rouge Fondation Antoine de Galbert 10 bd de la bastille – 75012 Paris www.lamaisonrouge.org - info@ lamaisonrouge.org t : +33 (0)1 40 01 08 81

DIGITALE AFRIQUE

A travers une exposition, une publication, des ateliers et des débats, Digitale Afrique croise les regards sur les relations tissées


entre l’Afrique et le numérique.

contact@planetemergences.org

des résidences, des expositions

Quel est le rapport entre une

http://www.mp2013.fr/

sous forme de deux expositions qui

guerre régionale au Congo, la

retracent les 5 premières années

vieille histoire du pillage des

et les 5 suivantes.

ressources africaines et nos

Sur le plan de la scénographie,

nouveaux jouets technologiques :

chaque exposition, 20 au total,

téléphones portables, ordinateurs,

sera évoquée sous forme de

Playstation... ?

salon invitant les spectateurs

Comment les artistes africains

à revivre fragmentairement les

s’emparent-ils des outils

rencontres avec les œuvres. Une

numériques pour repenser l’idée

fresque composée de textes et

de frontière, la poésie des flux

d›images complétera le cheminement

électriques, la pensée soufie ou

historique et ludique.

le bruit de fond des villes du

Cette rétrospective en deux temps

Nigéria ? Digitale Afrique nous

est l›occasion de revoir certaines

invite à penser les relations de

œuvres, de mesurer le parcours

l’Afrique à l’innovation et, par

de ce geste culturel exemplaire

un effet retour, à questionner

qui est devenu une référence dans

notre relation consumériste aux

le domaine culturel et un lieu

nouvelles technologies.De Dakar à

LA FONDATION S’EXPOSE

Johannesburg, en passant par Tunis,

artistique incontournable du Pays d›Apt.

Lubumbashi et Lagos, l’exposition

Lorsque la fondation est née

invite à découvrir ce paysage en

en 2003, la scène contemporaine

« 10 ans, la fondation s’expose ! »

pleine effervescence illustré par

africaine frémissait et l’on

15 mars – 16 juin 2013

les détournements électroniques,

pouvait notamment découvrir en

La Fondation Bachère

les installations sonores ou vidéo

France

384, avenue des argiles

d’Ammar Bourras, Dineo Bopape

de la politique du ministère

Zone Industrielle des bourguignons

Jean Katambayi Mukendi, Marcus

des affaires étrangères avec

84400 Apt

Neustetter & Stephen Hobbs, Emeka

l’exposition de la Biennale de

France

Ogboh et Haythem Zakaria.

Dakar à Lille!

Tél: 00 33 (0)4 32 52 06 15

Ce projet sera présenté dans

10 années plus tard, la fondation

Fax: 00 33 (0)4 32 52 94 88

le cadre de la manifestation

est un acteur culturel clé en

http://www.fondation-blachere.org

Marseille-Provence 2013, Capitale

France, en Europe. Cette initiative

européenne de la culture.

est à l’honneur de son fondateur

à cette époque le fruit

qui a su mettre à disposition les Digitale Afrique /«Marseille-

moyens et un outil adéquat pour la

Provence 2013»

mise en valeur des artistes et des

Du 14 mai au 5 juillet

œuvres.

Bastide Saint-Joseph

À l’occasion de ces 10 années

72, Rue Paul Coxe

d’exercice, la fondation Bachère

13014 Marseille

souhaite mettre en scène les

T : 04 91 60 58 14

mémoires des actions, des ateliers,

111

SENTIMENTAL: JOËL ANDRIANOMEARISOA


AGENDA « SENTIMENTAL » est une exploration

Une grande fierté pour son

une résidence de production

sensorielle, en interaction avec

directeur-fondateur, Brian Elliott

durant deux mois. Le travail de

chacun, une expérimentation.

ROWE, américain d’origine, qui est

cette jeune

Un laboratoire en constante

heureux de présenter une dizaine

du prix pour les arts visuels

évolution avec des éléments en

d’œuvres de cet artiste poly-

de la Standard Art Bank permet

mouvance et des rendez-vous.

identitaire, mondialement connu.

de découvrir un aspect de la

Un monde, propre à l’artiste,

Peskine affirme la diversité de

scène artistique sud-africaine

empreint d’une dualité où douceur

ses origines et la revendication

d’aujourd’hui.

et caresse se confrontent parfois

de chacune d’entre elles à travers

Première de sa famille à avoir

avec froideur et fragilité.

son expression artistique. Et il

fait des études alors que sa

Il est question de sentiment, de

enfonce le clou de sa philosophie

mère et sa grand-mère étaient

désir et de corps même !

comme les clous de son acu-

employées de maison, Mary Sibande

peinture. Chaque œuvre est un

évoque les notions d’identité et

manifeste, un appel à une autre

de progrès social à travers le

« Sentimental

société où le noir et le blanc

personnage de Sophie, son « clone

Joël Andrianomearisoa »

seraient terres de contrastes et

» sculpté et habillé en employée

1er mai - 31 déc 2013

faces d’une même humanité.

de maison, les yeux fermés, rêvant

Maison Revue Noire

artiste, lauréate

à un autre possible. Elle réalise

8 rue Cels, 75014 paris

« Tellement au-dessus de la

également des photographies de

http://www.revuenoire.com/

France »

ses performances où elle revêt les

21 mai – 21 juin 2013

costumes de ses rêves les plus

Galerie BE-ESPACE

extravagants.

57, rue Amelot Paris 11ème

« Mary Sibande Residence » - @

T : 01.42.71.09.03

MACVAL

www.galerie-be-espace.com

Mai 2013 – Octobre 2013

be@conceptmania.com

Musée d’Art Contemporain du Val de Marne Place de la Libération 94404 Vitry-sur-Seine cedex http://www.macval.fr

TELLEMENT AU-DESSUS DE LA FRANCE

Alexis PESKINE expose, enfin, de

MARY SIBANDE RESIDENCE

nouveau à Paris. Il prend, cette fois, la Bastille et s’arrête à la

Dans le cadre des saisons croisées

Galerie BE-ESPACE, du 21 mai au 21

France/Afrique du Sud, le MAC/

juin 2013.

VAL invite Mary Sibande pour

112

AU-DELÀ DE LA PENSÉE RATIONNELLE


L’Agence a le plaisir de présenter

66 Evelyn Street

www.tiwani.co.uk

deux expositions simultanées

London

info@tiwani.co.uk

« Au-delà de la pensée rationnelle»,

SE8 5DD

mettant en vedette Shahidul

T : +44208 692 0734

Alam (Bangladesh), Andrew Esiebo

info@theagencygallery.co.uk

(Nigeria), Julio Etchart (Uruguay), Karl Ohiri (Nigeria / UK), Rike Kassinen (Finland/ Royaume-Uni) co-organisée par Marie George et Bea de Sousa et une installation vidéo « The Amateurs » par l’artiste américain Maria Antelman «Au-delà de la pensée rationnelle»

DAVID MZUGUNO & SONS

réunit quatre artistes mondiaux dont les œuvres retracent des

Une sélection de quelques-unes des

situations émotivement chargées

dernières peintures de l’artiste

dans un contexte spirituel et

David Mzuguno. Présentant les

politique. Esiebo et Alam nous

œuvres de deux de ses fils: Kipara

présentent des rassemblements de

et Rashidi Mzuguno.

masse organisés dans des contextes

DROWING WORLD

religieux et politiques. Esiebo

Environ six semaines avant le décès de David Mzuguno, il a dit au Daily

traite sur le Mouvement de l݃glise

La galerie Tiwani est heureuse

Monitor, le journal ougandais:

pentecôtiste en Afrique, et Alam

de présenter « Drowing World »,

«J’ai aussi enseigné à trois de mes

décrit une militante engagée

une exposition du photographe

enfants à peindre et je l›espère,

des droits de l›homme, lors des

sud-africain Gideon Mendel,

ils vont continuer cette activité

soulèvements au Bangladesh menant à

organisée par l’historien de l’art,

quand j›ai quitterai ce monde»

la démocratie et luttes politiques

critique et commissaire Christine

Lorsqu’ ils ont eu leur première

qui en résulteront. Cette

Eyene. « Drowing World », est

grande exposition à l›Ecole

exposition est complétée par les

une représentation poignante du

Internationale de l›Ouganda en

observations de Julio Etchart sur

changement climatique, à travers

2011, les réservations pour

l’accaparement des terres par les

des portraits et des vidéos de

l’exposition étaient closes au

paysans en Équateur et la fin du

victimes des inondations dans le

bout de trente minutes après

régime militaire au Brésil, et le

silence de lieux autrefois vivants.

l›ouverture.

unique de l’artiste Karl Ohiri

« Drowing World » Gideon Mendel

« David Mzuguno & Sons »

dans «Medicine Man» (avec Rike

07 juin – 27 juillet 2013 /

15 mai – 30 juin

Kassinen).

Vernissage le 06 juin 2013 (18.30 à

Galerie Lumières d’Afrique

20.30) en présence de l’artiste et

200 Chaussée de Wavre,

« Au-delà de la pensée

du commissaire de l’exposition.

1050 Bruxelles

rationnelle »

Tiwani Contemporary

T +32 (0) 484 95 26 94

14 May - 13 June 2013

16 Little Portland Street

http://www.lumieresdafrique.eu/

The Agency

London W1W 8BP

très contrasté portrait spirituel

113


AGENDA «au moment où il travaillait pour

WORD! Issa Samb et le formulaire

le magazine Life), en plus d’être

indéchiffrable, la première

photographe, Parks était aussi un

exposition personnelle en Europe

réalisateur, scénariste, musicien,

de l’artiste sénégalais Issa

poète.

Samb. L’exposition rassemble une

Tout au long de sa carrière,

sélection d’œuvres emblématiques

Gordon Parks a tenté de raconter

réalisés par Samb au cours des 25

de nombreuses histoires, en

dernières années, y compris les

les illustrant avec des images

peintures, dessins, sculptures,

exemplaires. Les histoires de

assemblages et installations,

groupes qui luttent pour leur

ainsi que des objets, œuvres d’art

survie, de petites communautés

réalisées par des tiers et des

isolées du monde, les marginaux

matériaux divers qu’il a amassé

GORDON PARKS : UNE HISTOIRE

ou ceux déjà sous les feux des

dans son atelier de la rue de Dakar

AMÉRICAINE

projecteurs qui ont besoin,

Jules Ferry.

cependant, dݐtre mieux compris.

Il s’agit d’un ensemble de travaux

Gordon Parks est un narrateur

qui, malgré son caractère avant-

unique en Amérique, capable avec sa

« Gordon Parks : Une histoire

gardiste, est solidement ancrée

caméra et sa capacité à comprendre

américaine »

dans les traditions africaines

et à creuser profondément dans les

25 avril – 23 juin 2013

de la multiplicité artistique et

recoins de la société, de révéler

FORMA GALLERIA

la simultanéité des formes et

les injustices et les abus de

Piazza Tito Lucrezio Caro 1

des actions, où la parole et des

pouvoir, de mettre en lumière les

20136 Milano

actions performatives sont très

histoires de ceux qui n’ont pas de

Tel 02.89075420

appréciées.

voix.

Fax 02.89075418

L’exposition est organisée en

C’est l’un des photographes les

www.formagalleria.com

collaboration avec Raw Material

plus importants du XXe siècle,

formagalleria@formafoto.it

Company à Dakar, où il se rendra

des années 1940 jusqu’à sa mort

à la fin de 2013. Une publication

en 2006, Parcs a montré au monde,

monographique sur le travail d’Issa

notamment à travers les pages du

Samb sera publiée en même temps

magazine Life, la difficulté d’être

que l’ouverture à Dakar.

noir dans un monde de blancs,

Ce projet d’exposition fait suite

de la ségrégation, pauvreté, les

à la participation de la Samb au

préjugés. Mais aussi quelques-

Programme international du studio

uns des grands protagonistes du

de l’OCA en 2012, et à une série

XXe siècle, le monde de la mode

de conférences qui sont consacrés

et même les grandes figures d’un

WORD! WORD? WORD!

au mouvement de la négritude et de

monde qui était radicalement en

Issa Samb and the Undecipherable

son influence sur l›art, la culture

train de changer, notamment Malcolm

Form

et la politique en Afrique.

King. Très éclectique (il était

Le Bureau pour l’art contemporain

“WORD! WORD? WORD! - Issa Samb and

déjà dénommé « Renaissance Man

de Norvège présente WORD! WORD?

the Undecipherable Form”

X, Muhammad Ali et Martin Luther

114


04 mai – 23 juin 2013

religion et écrivain a inventé

Office for Contemporary Art Norway

son alphabet personnel. Il est

(OCA)

considéré comme un chasseur de

Nedre Gate 7

signes : les signes de la nature

0551 Oslo, Norway

sur des êtres humains, des traces

www.oca.no

de l’homme sur la nature. D’un

info@oca.no

petit dessin à l’autre avec un style direct et essentiel, il réinterprète le monde et transcrit par ses œuvres une vision déconnectée de ce monde.

“WALL SPEECH”: SHUCK ONE

Tamsir Dia est également un

LA BIENNALE DE VENISE

explorateur des signes. La tonalité

Après l’exposition en duo avec

générale ocre de ses tableaux

Fury en décembre 2012, Shuck

expose l’atmosphère mêlant l’aspect

One revient pour une exposition

latéritique routes et paysages de

personnelle. Une série d’oeuvres

la zone subsaharienne.

exceptionnelles et jamais

Jems Koko Bi est une figure

présentées à découvrir dans le

montante dans l’art contemporain

magnifique espace du 24Beaubourg.

en Côte d’Ivoire. Il est à l’aise Le gouvernement ivoirien, à

avec les formes figuratives,

“WALL SPEECH”

travers le ministère de la Culture,

ainsi qu’avec les constructions

06 juin – 13 juillet 2013

participe à la 55 ième exposition

abstraites et conceptuelles. Les

Vernissage le 06 juin

internationale d’Art – la Biennale

œuvres qu’il présente traitent à la

Galerie Estace

de Venise. Il s’agit d’une première

fois de la lutte pour le pouvoir,

participation individuelle non

et des « cerveaux ».

seulement pour la Côte d’Ivoire,

Franck Fanny, à travers ses

à l’Espace 24BEAUBOURG 24 rue Beaubourg

mais également pour les nations

photographies, capte subtilement

75003 Paris - France

africaines occidentales dont le

la crudité et le réalisme de

tél/ 00 33 (0) 6 61 19 89 17

Nigeria. Le pavillon ivoirien à

différentes scènes de vie.

http://www.estace.fr

Venise se donne à la fois pour

contact@estace.fr

but de promouvoir le talent et le

La Biennale de Venise – « Des

génie des artistes africains, et

Traces et des signes » - Pavillon

également de démontrer l’intérêt

Côte d’Ivoire

grandissant de ces pays pour les

01 juin 2013 – 24 novembre 2013

domaines de la créativité et des

Spiazzi, Arsenale,

valeurs culturelles.

Castello 3865

Intitulé « des Traces et des

30122 Venice

signes », le pavillon de la Côte

http://www.labiennale.org

d’Ivoire présentera les œuvres de quatre artistes. Frédéric Bruly Bouabré, fondateur de sa propre

115


œuvres récentes. Ses travaux

pas de nom », une exposition de

seront repris dans le cadre du

dessins à l’encre de stylo sur

colloque « Afrofuturism’s Others ».

le papier, dessins de marqueurs

A travers l’oeuvre de Gallagher,

métalliques, encre sur tableau

les orateurs vont explorer

noir et de nouvelles lithographies

et décortiquer l’influence de

de Toyin Odutola.

l’Afrofuturisme sur les pratiques

Cet éventail d’œuvres représente la

des artistes contemporains, la

pratique d’Odutola qui est fondée

création d’une compréhension

sur une demande obsessionnelle

complexe du genre et de ses

fine et minutieuse de la ligne

évolutions.

qui est devenu le langage visuel spécifique à travers lequel

Colloque Afrofuturism’s Others

elle explore la forme humaine

15/06/2013

comme un paysage. Mon pays n’a pas de nom est une exploration

“AFROFUTURISM’S OTHERS”

Tate Modern

de l’identité enracinée dans la

Bankside

friction créée par nationalités

London SE1 9TG

trait d’union et une étude sur ce

Ellen Gallagher entremêle des

United Kingdom

qui vient d’un rapprochement des

images empruntées des thématiques

T: +44 (0)20 7887 8888

maisons de la culture apparemment

du mythe, de la nature, de l’art

http://www.tate.org.uk/

éloignés et divergents pour former

et de l’histoire sociale afin de

visiting.britain&modern@tate.org.uk

une nouvelle réalité multicouche.

créer des œuvres complexes, dans une grande variété de supports, tels que la peinture, le dessin, le

USA

« Mon pays n’a pas de nom - Toyin Odutola

relief, le collage, la sculpture, le

16 May - 29 Juin, 2013

cinéma et l’animation. Son travail

Jack Shainman Gallery

déconstruit les vérités reçues et

513 West 20th Street,

tisse des récits propositionnels,

New York, NY 10011

habitant des espaces où l’avenir

Tél. +1 212 645 1701

s’effondre dans le passé,

info@jackshainman.com

l’obsolescence dans la technologie

http://www.jackshainman.com/home.

et de l’image en texte. Ce sont des

html

espaces sculptés par l’esthétique culturelle de l’Afrofuturism. Ainsi, l’exposition que l’on pouvait voir à la Tate jusqu’au 1 juin, explore les thèmes

MON PAYS N’A PAS DE NOM -

récurrents qui ont marqué sa

TOYIN ODUTOLA

carrière, de ses premières toiles séminales jusqu’aux installations

La galerie Jack Shainman est

cinématographiques et autres

heureux d’annoncer « Mon pays n’a

116


Elle a également créé des œuvres sonores innovants qui recomposent des enregistrements historiques de compositeurs noirs et les artistes à travers des micro-prélèvements. Higher Resonance est une installation immersive qui reflète l’extension de la pratique de Jones pour inclure l’acoustique et l’architecture. Sa série de tableaux Acoustic Paintings, font à la fois référence à la notation musicale et à l’art minimaliste. La composante sonore du projet “DIRECTIONS: JENNIE C. JONES:

explorera les connotations

HIGHER RESONANCE”

culturelles innombrables de la transcendance de l›abstraction à

Musique, histoire de l’art et

travers des échantillons de musique

de la culture afro-américaine

d’avant-garde afro-américaine des

se mêlent dans l’art de Jennie

années 1970 à nos jours, y compris

“AYÉ A. ATON - SPACE-TIME

C. Jones qui vit et travaille à

le travail des compositeurs et des

CONTINUUM”

Brooklyn. Elle crée audio collages,

interprètes tels que Olly Wilson,

peintures, sculptures et œuvres

Alvin Singleton, Wendell Logan, the

À la fin des années 60 et au début

sur papier qui explorent les

Art Ensemble of Chicago, Rahsaan

des années 70, Ayé A. Aton (né en

moments formels et conceptuels

Roland Kirk, et Alice Coltrane.

1940) peint des fresques murales

entre abstraction moderniste

dans des maisons de Chicago et

et la musique d’avant-garde

du Kentucky, sa ville natale. Il

noire, en particulier le jazz.

“Directions: Jennie C. Jones:

est disciple et collaborateur du

Re-cibler ce qu’elle appelle «le

Higher Resonance”

compositeur, poète, et pionner

résidu physique de la musique» :

16 mai – 27 octobre 2013

de l’Afrofuturisme, Sun Ra. Aton

les appareils et les emballages

Hirshhorn Museum and Sculpture

créé des fresques combinant

que la structure d’écoute, tels

Garden

les références et l’imagerie de

que casque, cassettes audio et

National Mall (at the corner of 7th

l’Egypte antique, le christianisme

cassettes Jennie Jones a produit

Street and Independence Avenue SW)

et l’espace.

des sculptures « readymade »

Washington, DC 20013-7012

Cette collection, organisée par

qui reflètent le passage de

http://www.hirshhorn.si.edu/

Thomas J. Lax, de plus de 200

l’analogique au numérique tout en

collection/home/#collection=home

diapositives de peintures murales,

mettant en évidence un vocabulaire

de documents mêlant images et son,

abstrait qui relie ces objets

offrent un aperçu intime de la

fonctionnels à l›art moderne

vie domestique d’une communauté

allant du constructivisme russe au

afro-américaine à l’aube d’une

minimalisme.

transformation culturelle.

117


AGENDA imposante fabriquée à partir de chaises, “Ayé A. Aton - Space-Time

sacs en plastique, ruban, cassette et plumes

Continuum”

reflétant la «tonnelle du silence» - une zone

28 mars – 30 juin 2013

entourée d’arbres où les esclaves afro-

The Studio Museum in Harlem

américains se réunissaient pour pleurer

144 West 125th Street

leurs morts.

New York, New York 10027

WANGECHI MUTU 23/05 – 14/08/2013

OCEANIE

MCA 140 George Street The Rocks Sydney NSW 2000 http://www.mca.com.au

WANGECHI MUTU

Wangechi Mutu est une artiste née au Kenya et actuellement basée à Brooklyn. Dans cette importante exposition au Musée d’art contemporain de l’Australie à Sydney, on retrouve différents supports et techniques : le collage, le dessin, la sculpture, et la vidéo. Parcourir cette exposition, c’est se laisser entraîner dans des méditations sur la beauté, le consumérisme, le colonialisme, la question des races et du sexe. Elle combine parfaitement des éléments et des fragments d’image tirés à partir d’une variété de médias, y compris les magazines de mode, et les revues ethnographiques, ainsi que des représentations du corps féminin dans la pornographie. Une des œuvres phares, l’inquiétant « Black Thrones» (2011-12) est une construction

118


AFRIKADAA’S PLAYLIST

.Z+,8.%..$/5.1$.Z+(VZ!*!+,)-

Chuck “Kool Koor” Hargrove Work s and lives in Bruxelles.

This play-list shows the diversity of Afro-futurism and

His career star ted as early as the 70s, transiting from Subway

other Cosmology and Spirited music. It shows that this

graf f iti to canvases, galleries and museums. He is a a pillar

movement is still alive and it follows its own path. The

of the Ikonoklast Panzerism and Gothic Futurism a concept

genre as taken dif ferent form since. From Electro- Funk

based on the graf f iti lettering st ylus, he helped put together

to Chicago House or Detroit tech and Hip hop, many

with Rammellzee ( R.I.P). With crew member A- One and Toxic,

have recognized in this concept an artistic expression

they have greatly inf luenced the graf f iti ar t scene f ighting

that goes beyond music and they’re perpetuating the

for its acceptance in galleries. He as work with Jean Michel

legacy of Sun Ra, Parliament or Bambaataa, taking it

Basquiat.

further to the next level… clic on the song title to listen to the track Sun Ra - What planet is this? KRS One - The Godess Set / Strickly for da Emcees Kool Keith - The return of Dr Octagon The Rammellzee- Bi Conicals Of The Rammellzee RZA - Bobby Dgital Glenn Underground - May Datroit janelle Monae - Cold War Hashim - We rocking the Planet Doug Carn - Spirit of the New Land GZA feat. Killer Priest - B.I.B.L.E (Basic instruction before leaving ear th) Larr y Heard - 25 years before Alpha Aux 88 - Phantom Power Mad Mike - Hi Tech Dreams

119


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120


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121


122


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