Export
Melon charentais Diversifier pour relever les nombreux défis
Les Italiens croquent le cantaloup quand les Espagnols craquent pour le Piel de Sapo, (peau de crapaud). Les Français, eux, réclament du charentais et ils sont bien les seuls au monde à aimer sa chair orangée, sucrée et odorante. Mais, si le melon charentais peut encore venir de Charente (région en France), il a le plus souvent poussé dans le sud de la France, voire en Andalousie, au Maroc, au Sénégal et même aux Antilles. Le cercle des pérégrinations du fruit rond s’est élargi au gré du désir des supermarchés de le désaisonnaliser. D’ailleurs, la France en a importé 180.400 tonnes en 2018.
D
epuis dix ans, les surfaces de melon en France diminuent chaque année. Alors qu’il y en avait 14 750 ha en 2012, il n’en restait plus que 12 450 ha en 2019.En 2019, 246 000 t de melons charentais ont été produites sur le sol français, soit 9 % de moins que la moyenne quinquennale. Dans ce contexte, avec des prix qui n’ont pas augmenté depuis vingt ans, d’importantes restructurations ont été engagées ces dernières années. Il y a d’abord eu, à partir de 2016, le rachat de Soldive par le groupe les Vergers du Sud, puis l’arrêt de Teradelis en 2017 et celui de Fondor en 2018. Fin 2019, Rouge-Gorge a à son tour arrêté la production de melons pour se concentrer sur la pomme. Et d’autres petites structures ont arrêté. Plusieurs opérateurs importants, produisant également du melon au Maroc, en Espagne et pour certains au Sénégal ou aux Antilles, persistent toutefois. Force Sud, basé dans l’Hérault, produit en France, Maroc et Espagne. Soldive, désormais intégré au groupe Vergers du Sud, produit des melons en France, ainsi qu’au au Maroc, au Sénégal et en Espagne. Boyer SAS (marque Philibon)
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Agriculture du Maghreb N° 130 - Septembre/octobre 2020
prévoit de produire des melons en France métropolitaine avec un complément auMaroc, au Sénégal, aux Antilleset en Espagne. Val de Sérigny, entreprise basée dans la Vienne, produit des melons dans le CentreOuest de la France, auxquels s’ajoutent les productions du Maroc et d’Espagne.
La précocité :
clé de réussite de la campagne
Au Maroc, la précocité du melon est déterminante dans la réussite de la campagne export car les acheteurs sont toujours à la recherche de la production la plus précoce. La France reste le principal marché pour le melon charentais marocain (80%) suivie de l’Espagne. « Nous exportons le melon Charentais à 90 % en France,explique le gérant d’une alliance de producteurs qui travaillent sur les marchés internationaux sous forme de contrats de collaboration. Et comme le critère le plus important dans la production est la précocité, beaucoup de producteurs ont tendance à aller vers les régions du sud qui bénéficient d’un climat plus chaud. Les melons peuvent alors être récoltés plus tôt que dans d’autres
régions.Plus tôt la production marocaine précèdera l’espagnole et la française, et plus le marché sera porteur : « Nous essayons d’arriver sur le marché fin mars. Dans le sud, dans la région de Dakhla, les fruits peuvent même être prêts mi-février. Puis, nous enchaînons avec la région de Marrakech, commençant généralement fin mars début avril. Là, nous avons un bon mois de travail relativement acharné puisque des quantités importantes sont produites dans cette vaste région qui cultive le charentais depuis une cinquantaine d’années ». Au début des exportations, les conditions sont en général satisfaisantes, mais dès que l’Espagne entre en production les prix dégringolent et les volumes exportés du Maroc diminuent en conséquence. Ainsi, la saison marocaine se termine en général au milieu du mois de mai. « Nous faisons tout ce qu’il faut pour écouler notre marchandise d’ici-là, puisque le melon Charentais vendu début avril à un minimum 2 euros sur le marché français chute à 20-30 centimes à la mimai. Un prix qui ne couvre même pas les frais d’emballage et de transport ». Il faut savoir que la production espagnole gagne en précocité etse rapproche progres-
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