Phyto-protection
Aleurodes
Adapter la protection aux stades de développement Deux aleurodes plutôt polyphages sont dommageables sur culture de tomate : Trialeurodes vaporariorum et Bemisia tabaci. Le premier, T. vaporariorum, appelé aussi « mouche blanche des serres », est originaire d’Amérique centrale et sévit en particulier sous abris. Quant à B. tabaci, l’aleurode du tabac, il est émergent depuis quelques décennies dans plusieurs régions du monde. Il est devenu problématique partout pour au moins trois raisons : - ses niveaux de population élevés sont responsables de dégâts importants ; - ses potentialités de vection lui permettent de transmettre de nombreux et redoutables virus, plus de 111, parmi lesquels le Virus de la chlorose de la tomate (ToCV) et le Virus des feuilles jaunes en cuillère de la tomate (TYLCV)) ; - la résistance de certaines de ses populations à un ou plusieurs insecticides remet en cause l’efficacité de la lutte chimique.
Nature des dégâts
Comme pour les pucerons, les nombreuses piqûres et succions alimentaires occasionnées par les aleurodes présents sur le feuillage (figure 1) provoquent un ralentissement du développement des plantes. Du miellat est aussi produit en grande quantité ; il est colonisé par la suite par de la Fumagine couvrant la surface des organes aériens de la tomate, à l’origine de jaunissements et d’altérations foliaires. En plus de réduire la photosynthèse et la respiration foliaire, la fumagine souille les fruits (figure 2) et perturbe leur coloration, les rendant impropres à la commercialisation. B. tabaci peut aussi être responsable de défauts de coloration (maturité irrégulière), ou de taches sur les fruits (figure 3).
68
Agriculture du Maghreb N° 130 - Septembre/octobre 2020
Œufs
Pupes
T. vaporariorum
Noirs
Présence d’une couronne de fils de cire. Forme allongée.
B. tabaci
Jaune vert
Absence d’une couronne de fils de cire. Partie antérieure effilée.
Biologie Ces 2 aleurodes ont 3 stades de développement qui se déroulent à la face inférieure des folioles de tomate : œuf, stades larvaires et adulte. La durée du cycle complet varie en fonction de la température. - Formes de conservation et/ou hôtes alternatifs : ces insectes n’ont pas de stade adapté à la phase hivernale. Ils ne se maintiennent que si leurs hôtes ne meurent pas. Notons que les œufs peuvent supporter des températures inférieures à 0°C du-
Adultes
Plus petit, plus jaune, avec des ailes plus accolées au corps.
rant plusieurs jours. Ces aleurodes se maintiennent aisément sur de nombreux hôtes cultivés, mais aussi sur diverses plantes adventices, qu’il conviendra donc d’éliminer soigneusement. - Stades de développement : les œufs sont surtout déposés à la face inférieure des folioles de l’apex. De couleur blanche, ils sont ovales et ont un diamètre de 0,25 mm. Dans les jours qui suivent la ponte, ils deviennent foncés. Entre 7 et 10 jours après, a lieu l’éclosion des larves ; celles-ci, ovales et plates, mesurent 0,3 mm et possèdent des antennes et des pattes bien développées. Perdant ces dernières par la suite, elles sont immobiles et se nourrissent avec leur rostre. Les larves de deuxième stade sont aplaties, transparentes et mesurent 0,37 mm. Les troisième et quatrième stades larvaires sont assez comparables, avec toutefois des longueurs respectives de 0,51 et 0,73 mm. Au dernier stade larvaire, l’insecte secrète de la cire. C’est à l’apparition de ses yeux rouges qu’il est qualifié de puparium. Par la suite, l’aleurode se développe et prend une teinte blanche. Les adultes ont 2 paires d’ailes, leur taille différente selon le sexe : 1,1 mm pour les femelles et 0,9 mm pour les mâles. Le corps et les ailes sont recouverts d’une poudre cireuse blanche caractéristique. De légers critères morphologiques (consultables dans le tableau plus haut) www.agri-mag.com