Agriculture du Maghreb N°130 (Octobre 2020)

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Maladies de la tomate

Mildiou aérien

Traitements fongicides et mesures prophylactiques Le mildiou sévit avec gravité dans de nombreuses zones de production du monde. Il est particulièrement redoutable et destructeur dans les régions au climat humide, et ses dégâts peuvent être très importants lors d’épidémies fulgurantes mal contrôlées. Il n’est pas rare dans ce cas d’observer des cultures entièrement dévastées dans lesquelles le nombre de fruits commercialisables est très limité. Ce chromiste affecte aussi bien les tomates de plein champ que celles cultivées sous les abris au climat mal maîtrisé. Comme de nombreux agents de mildiou, P. infestans se manifeste surtout dans les zones de production qui connaissent des périodes prolongées d’humidité (pluies, brouillards, rosée) et de temps clément. Il constitue souvent une menace constante et nécessite des traitements fongicides préventifs.

Principaux symptômes

Mildiou de la tomate

Le mildiou peut s’attaquer à tous les organes aériens de la tomate. Il se caractérise par le développement de taches d’abord humides, voire de plages, sur les folioles (figures 1 et 2). Ces atteintes confèrent localement aux tissus touchés une teinte vert pâle à vert brun. Des portions importantes du limbe finissent par être affectées et ne tardent pas à brunir et se nécroser (figures 3 et 4). Ces taches sont fréquemment entourées d’une marge de tissus livide, mal définie, sur laquelle se forme parfois, à la face inférieure du limbe, un discret et fugace duvet blanc constitué par les sporocystophores et les sporocystes de P. infestans (figures 5 et 6). Lorsque les conditions sont particulièrement favorables, la progression des symptômes sur les folioles est fulgurante. Des feuilles, des rameaux, voire des plantes, finissent par se nécroser et se dessécher entièrement (figure 7).

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Agriculture du Maghreb N° 130 - Septembre/octobre 2020

Des lésions chancreuses plus ou moins étendues, brunes, au contour irrégulier, sont visibles sur les tiges (figure 8) et les pétioles (figure 9). Elles les ceinturent souvent plus ou moins. Des brunissements comparables peuvent être observés sur les bouquets floraux ; ils sont à l’origine de la chute de nombreuses fleurs. Les fruits atteints à un stade précoce présentent des marbrures brunes très caractéristiques (figures 10 à 13). Ils sont souvent bosselés. Dans ce cas, l’extension des marbrures est plutôt lente et leur marge irrégulière. Si les attaques surviennent plus tardivement, les plages marbrées sont plus homogènes et souvent réparties en cercles concentriques festonnés. Le même duvet blanchâtre que celui observé sur les folioles est de temps à autre visible à la surface des fruits (figure 14). Ces derniers restent relativement fermes quelle que soit la précocité de l’attaque. Dans cer-

tains cas, des micro-organismes secondaires peuvent envahir les tissus lésés et entraîner diverses pourritures plutôt molles. Signalons que certaines semences issues de fruits malades seraient à l’origine de la contamination de futures plantules. Rappelons que les plantes malades sont réparties en foyers dans les parcelles ; ceux-ci peuvent s’accroître rapidement si les conditions climatiques sont clémentes.

Méthodes de protection

En cours de culture L’extension du mildiou étant très rapide, il y a lieu de réagir promptement lorsqu’on observe les tout premiers symptômes, surtout si aucun traitement préventif n’a été effectué. Il convient donc de réaliser au plus tôt un traitement fongicide antimildiou. Les produits utilisés et les cadences adoptées seront définis avec le technicien en fonction des pratiques culturales locales. Il convient de se rappeler que le délai entre deux traitements ne devra pas dépasser 7 à 12 jours en fonction des matières actives. Plusieurs matières actives peuvent être utilisées, seules ou en associations, pour contrôler Phytophthora infestans. Notons que pour que les fongicides multisites soient relativement opérant, ils doivent être appliqués préventivement et chaque semaine. Malgré une efficacité limitée dans le temps, ils ont tout de même l’avantage d’être assez polyvalents et de ne pas être concernés par les phénomènes de résistance. Ce n’est pas le cas de certains fongicides unisites qui sont utilisés rarement seuls, souvent associés entre eux et/ou avec les fongicides multisites afin de limiter les risques d’apparition de résistances. Les spécialistes recommandent d’alterner des fongicides à modes d’acwww.agri-mag.com


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