Protection
Moisissure grise
Alterner les familles chimiques pour éviter les résistances Ce champignon, omniprésent et très polyphage, est observé sur tomate dans pratiquement toutes ses zones de production dans le monde, où il peut être à l’origine de dégâts ponctuellement importants. S’il sévit aussi bien en plein champ que sous abris, il est particulièrement redouté dans ce dernier contexte, surtout pour les chancres qu’il occasionne sur les tiges. Ceux-ci ceinturent inexorablement la tige et sont à l’origine du dépérissement des parties distales de nombreuses plantes. Dans certaines serres, jusqu’à 25 % des plantes peuvent être affectées. Les pourritures sur fruits sont aussi très dommageables, aussi bien sous serre qu’en plein champ, en cours de culture qu’après récolte (durant le stockage, le transport et la commercialisation).
C
’est souvent sous abris serre que les attaques sont souvent les plus sévères, l’environnement y étant généralement plus humide. En plus des caractéristiques climatiques, la durée de culture dans ces systèmes de production est souvent très longue, jusqu’à couvrir parfois la quasi-totalité de l’année. Dans ces conditions, les plantes présentent de nombreuses blessures d’effeuillage, d’ébourgeonnage, très propices à l’installation de ce champignon opportuniste. De plus, ce dernier colonise très facilement les tissus sénescents ou affaiblis (constituant des bases nutritives), qui sont très présents dans ce type de cultures. Ils lui permettent de s’installer sur les plantes ou de se conserver et de se multiplier dans cet environnement. La variabilité biologique de B. cinerea est encore mal connue. Il convient de souligner que des souches résistantes à plusieurs fongicides ont été signalées dans de nombreux pays. Des travaux de biologie moléculaire plutôt récents ont révélé
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Agriculture du Maghreb N° 130 - Septembre/octobre 2020
une grande variabilité génétique au sein de l’espèce B. cinerea. Ce champignon serait en fait un complexe d’espèces pouvant être divisé en deux groupes.
Principaux symptômes Tous les organes aériens de la tomate peuvent être affectés, à tout moment de son développement. En effet, Botrytis cinerea peut sévir en pépinière, entraînant des manques à la levée ou des fontes de semis (figure 1). Les cotylédons sénescents lui permettent bien souvent de s’installer sur les jeunes tiges ; des chancres sur tige peuvent alors se développer (figure 2) et pénaliser le développement des jeunes plantes dans les semaines qui suivent la plantation. Les folioles présentent fréquemment des taches plutôt circulaires et humides dans un premier temps (figures 3 et 4). De teinte beigeâtre à brun clair, cellesci révèlent aussi un aspect parcheminé et laissent apparaître des arabesques
concentriques (figure 5). Elles évoluent rapidement et entraînent le dessèchement de secteurs importants du limbe (figure 6). Ces altérations peuvent donner lieu à une pourriture qui s’étend ensuite et finit par léser des feuilles entières, les tissus s’effondrant et se nécrosant progressivement. Ayant gagné les pétioles (figure 7), cette pourriture pourra ainsi s’installer sur la tige (figure 8). Une fois la tige touchée, que ce soit sur jeune plant ainsi qu’expliqué plus haut ou sur sujet plus âgé, celle-ci révèle une ou plusieurs lésions chancreuses débutant essentiellement à partir des plaies de taille et d’ébourgeonnage. Ces chancres sont dans un premier temps humides (figure 9) et ont tendance à sécher en évoluant. De contours bien délimités, ils prennent une teinte beigeâtre à brune (figure 10); ils finissent par altérer les tiges sur plusieurs centimètres de long et par les ceinturer. Par la suite, les feuilles des parties distales jaunissent, flétrissent, se dessèchent puis meurent . Les pétales sénescents sont particulièrement vulnérables. Ils permettent à B. cinerea de s’installer sur les inflorescences (figure 11) et de les faire pourrir, mais aussi de les utiliser comme base nutritive dans un premier temps, afin d’assurer des infections ultérieures sur folioles et sur fruits notamment. Les fruits verts, plus rarement les tomates matures, présentent de minces anneaux blanchâtres, de 2 à 10 mm de diamètre, encerclant une minuscule lésion nécrotique centrale. Ces anneaux, dénommés «taches fantômes » (ghost spot), sont plutôt jaunâtres sur les fruits mûrs (figures 12 et 13). Ils sont dus à une réaction des très jeunes fruits consécutive à des infections avortées, après que les spores aient germé puis que les filaments germinatifs aient pénétré dans les tissus. Une pourriture molle et humide peut www.agri-mag.com