Améliorer la Production et la Commercialisation Les légumineuses offrent plusieurs avantages : l’efficience élevée d’utilisation de l’eau et des nutriments, la richesse en protéines et en micronutriments, la capacité de reconstitution des éléments nutritifs du sol et l’amélioration des systèmes de production à travers les rotations culturales. Toutefois, les superficies et les productions des différentes espèces de légumineuses alimentaires au Maroc stagnent et fluctuent fortement d’une année à l’autre, ces dernières décennies, et les importations ont augmenté progressivement. Le secteur des légumineuses est resté majoritairement dominé par un mode de gestion traditionnel bien que confronté à de nouveaux défis de taille.
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n effet, la filière vit des problèmes de fond auxquels les solutions se font attendre. Des sécheresses successives, un itinéraire technique peu adapté, une faible compétitivité due, entre autres, au manque de subventions, … sont parmi les causes avancées pour expliquer la régression marquée de ces cultures, pourtant vitales pour notre pays. D’après les données de l’ONICL : - les superficies des différentes espèces de légumineuses alimentaires au Maroc (hors haricots) fluctuent fortement d’une année à l’autre, ces dernières décennies, passant de 330.000 ha en 2001 à 195.000 en 2015 et 289.000ha en 2019, - les productions ont également varié au cours des 15 dernières campagnes entre 1,2 et 3 Mqx, selon les superficies et les conditions climatiques, - les importations (haricots inclus) ont augmenté progressivement (de 198.000 qx en 2009 à 538.000 qx en 2019). Lors d’une table ronde organisée par la Société Marocaine d’Agronomie et d’Horticulture (SMAHo) sur les ‘‘Défis pratiques de la production et commercialisation des légumineuses au Maroc’’, le débat entre professionnels, producteurs et chercheurs était orien-
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Agriculture du Maghreb N° 130 - Septembre/octobre 2020
té plus vers la pratique, de façon à dégager les contraintes de production et de commercialisation, et ainsi faire ressortir des recommandations en vue de la réhabilitation du secteur des légumineuses au Maroc. Il ressort des discussions que les principales contraintes de production et de commercialisation des légumineuses sont les suivantes:
1-Recherche, multiplication et disponibilité des semences, subventions
- L’adéquation recherche agronomique nationale-besoins des agriculteurs: les producteurs ont besoin i) de nouvelles variétés plus adaptées à nos conditions, productives, résistantes à la sécheresse, aux maladies, à l’orobanche et produisant des grains de bonne qualité et appréciées par les consommateurs ii) de nouvelles machines facilitant les opérations de semis, de binage, de récolte et de battage et iii) de nouvelles méthodes de contrôle des adventices, de l’orobanche, des insectes et des agents pathogènes; - La faible diversité variétale: le nombre de variétés disponibles est limité et le nombre des variétés multipliées au Maroc est faible; - Le nombre de multiplicateurs des légumineuses est faible par rapport au
nombre total des multiplicateurs (25 à 40 parmi 1.500 multiplicateurs). La disponibilité de semences certifiées de légumineuses alimentaires reste très faible (4.000 q/an soit 1% de la superficie totale cultivée); - Les variétés demandées par les multiplicateurs ne sont pas disponibles chez la SONACOS et autres sociétés semencières ; - Le prix des semences pré-bases (payé aux multiplicateurs) est jugé non intéressant et ne suit pas les prix très volatiles sur le marché du grain commun qui peut s’avérer être plus intéressant (ces trois dernières années les prix étaient plus faibles que ceux des semences au souk); - L’absence d’aides spécifiques de la part de l’Etat (incitations, subventions) pour encourager la production des légumineuses et un manque important de grands investisseurs.
2-Techniques de production et accompagnement des agriculteurs
- Le savoir-faire faible des petits agriculteurs, surtout en ce qui concerne les traitements phytosanitaires: la majorité des produits de protection des cultures existent sur le marché, pourtant les petits agriculteurs ne les connaissent pas, ou ne maitrisent pas les modalités de leur application, d’où la nécessité d’un travail de vulgarisation auprès des agriculteurs; - La très large utilisation des semences locales non certifiées provenant des marchés locaux; - La faible disponibilité et le coût élevé de la main d’œuvre et la faible productivité du travail, compte tenu des niveaux de rendements de ces cultures; - Le très faible niveau de mécanisation dans le secteur des légumineuses qui peut réduire le coût de la main d’œuvre et contribuer fortement à rentabiliser la production des légumineuses; - Les rendements généralement www.agri-mag.com