Culturetoute147

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Numéro 147

France • Liban • Maroc

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Humour,

«Je voudrais remercier Bertrand de Labbey qui m’a fait passer du RMI à l’ISF» Jamel Debbouze

© photo DR

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Le travail ou le talent ? par Khalid mhammedi

J

’ai rencontré l’autre jour un ami artiste peintre à Paris qui vit confortablement de son métier depuis une vingtaine d’années. Autour d’un bon repas, la discussion s’est engagée et nous sommes arrivés à la question : Comment un artiste comme toi peut il durer vingt ans ? en augmentant considérablement sa côte ? La première réponse fut brève et synthétique : un bon artiste c’est 10% de talent et 90% de travail ! Oui , mais est ce que je peux avoir la version longue et détaillée ? Il se cale alors dans son fauteuil, se re-sert un verre de ce saint-julien 2007 avant de me servir d’un trait : Personnellement, je m’oblige à avoir des horaires de travail , 9h00 – 12h00 et 14h30 – 18h30 et ce, indépendamment de la volonté que j’ai ou pas d’étaler des couches d’aplats sur la toile; je me force à avoir une hygiène de vie qui permettra à ce corps d’aller dans l’âge sans perdre ses facultés prématurément. Il faut aussi avoir des passions dans la vie, autres que son métier, qui permettent à l’artiste de se divertir sans sortir du cercle vertueux de l’art ou de la passion. D’autres artistes, présents autour de la table, se joignent à nous pour enrichir la discussion : Il est important de lire, beaucoup lire et continuer à se former dans son domaine ou des domaines

très proches. Il est impératif de faire évoluer son style, sans le dénaturer et sans perdre les années passées à se créer son propre style : il faut savoir se remettre en cause pour ne pas lasser ceux qui collectionnent ses oeuvres et faire briller encore et encore les yeux de ses fans. Savoir communiquer autour de son œuvre ou des œuvres sans le faire directement et sans donner l’impression qu’on tient absolument à le faire: ce qui est un art en soi (à ne pas oublier que la com. est très importante dans tous les domaines.). Quand nos «cafés» furent servis , on était tous en train de débattre sur la question d’argent et les artistes étaient unanimes : ne jamais sous-estimer son œuvre et ne pas passer au direct. Autour d’un repas dit-on, les conseils ont l’art d’être simples à appliquer autant pour l’art que pour d’autres domaines mais les choses de la vie font du dérapage une exception qui se confirme et se re-confirme …. Alors quand un artiste affirme qu’en achetant une toile on achètes une partie de lui à 90%, on achètes un travail sur lui et… dans le temps, ça devient sans limite de prix, un prix qu’on ne peut pas estimer aussi facilement. © culturetoute.com 10.10.2016 culturetoute.com 3



SOMMAIRE

Numéro 147 du 17 octobre 2016 couverture Ahmad Bouzoubaa pour culturetoute.com

actu 03 Chronique, le travail ou le talent ? 10 Cinéma, le film espagnol “Time Code” remporte le Grand prix du Festival du court-métrage méditerranéen de Tanger 10 Art, Biennale internationale d’art contemporain de Casablanca 10 Art, Hicham Berrada, l’alchimiste du temps, expose à Casablanca

06 #culturetoute

10

11 Art, l’artiste Karim Marrakchi expose ses œuvres à Casablanca

en une 06 Humour, «Je voudrais remercier Bertrand de Labbey qui m’a fait passer du RMI à l’ISF»

magazine 12 Littérature, Trois jours et le Néant de Youssef Wahboun, la complexité de l’humain ou l’autre hymne à la vie

16

16 Cinéma, À l’affiche cette semaine, “MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS” 18 Cinéma, Interview de Abdellah BENSAID 22 Littérature, Réda Dalil, entretien un sérial-winner.

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Le contrat en or de Jamel Debbouze par libe.ma

Lorsqu’en 2006, fou de joie à Cannes après le prix d’interprétation pour le film Indigènes, Jamel Debbouze déclare : «Je voudrais remercier Bertrand de Labbey qui m’a fait passer du RMI à l’ISF», personne ne s’est demandé pourquoi l’acteur originaire de Trappes avait glissé cette remarque humoristique qui a fait rire le Palais des Festivals. Bertrand de Labbey, c’est l’un des agents d’acteurs les plus populaires de France et de Navarre. Son catalogue est prestigieux et c’est un fin négociateur. Aux débuts des années 2000, son client Jamel Debbouze est approché pour tenir l’un des rôles secondaires d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Ap6 culturetoute.com 10.10.2016

pelé par son ami Alain Chabat, le jeune acteur et humoriste accepte. En coulisses, son agent lui décroche un contrat en or pour camper le désormais culte Numérobis. Pour Léa Salamé, qui présentait mercredi 11 octobre l’émission «Stupéfiant!» consacrée aux agents de stars et aux cachets des acteurs, il s’agit même du «contrat le plus fou jamais signé». A l’époque, Jamel signe pour 1,1 million d’euros, ce qui est déjà un beau contrat pour un acteur français. Bertrand de Labbey rajoute une clause à ce deal, exigeant que son client touche 15 centimes à chaque ticket de cinéma acheté au-delà des 8 millions de spectateurs.


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« Je voudrais remercier Bertrand de Labbey qui m’afaitpasser du RMI à l’ISF» Sauf que personne n’aurait imaginé à l’époque que la comédie d’Alain Chabat ferait... 14,5 millions d’entrées en salles ! Au total, le chéri de Mélissa Theuriau remporte un peu plus de 2 millions d’euros pour ce succès. L’histoire ne dit pas combien Debbouze empochera pour les royalties à chaque diffusion télévisée, combien il aurait potentiellement touché pour sa nomination aux Césars 2003 ou encore combien ont rapporté les ventes à l’international – puisque Mission Cléopâtre a été vu par plus de 21 millions de spectateurs à travers l’Europe. Le salaire touché par Jamel Debbouze avait de quoi être exceptionnel à l’époque. A titre de comparaison en 2015, Omar Sy a touché 1,8 million d’euros pour Chocolat, Dany Boon a signé pour 1,5 million avec le film Radin, somme sensiblement similaire pour Kev Adams et Les Nouvelles aventures d’Aladin. © culturetoute.com 8 culturetoute.com 10.10.2016


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la revue de presse #du Lundi 17 octobre 2016 Le film espagnol “Time Code” remporte le Grand prix du Festival du court-métrage méditerranéen de Tanger Le film «Time Code» du réalisateur espagnol,

Hicham Berrada, l’alchimiste du temps, expose à Casablanca Intitulée Ellil, l’exposition propose différentes installations et vidéos laissant éclore tout le talent de l’artiste. Le titre fait référence à l’installation Mesk Ellil composée d’une cinquantaine de plants

Juanjo Giménez, a remporté le Grand Prix de la 14ème édition du Festival du court-métrage méditerranéen de Tanger (FCMMT), décerné samedi soir lors de la cérémonie de clôture de cet événement organisé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI. Le 17 octobre 2016

de Cestrum Nocturnum, plus couramment appelés « Galants de nuit », baignés dans un éclairage clair de lune afin d’en faire germer les fleurs parfumées. Le spectateur pénètre dans un jardin recomposé dont la lumière artificielle n’a d’égale que la profondeur de parfums qui, pour reprendre les mots de Baudelaire dans « Correspondances », « chantent les transports de l’esprit et des sens. »... Le 16 octobre 2016

Hicham Berrada

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Biennale internationale d’art contemporain

Un espace d’échange et de dialogue La Biennale internationale d’art contemporain de Casablanca, dont la troisième édition s’est ouverte le 14 octobre, constitue un espace d’échange, de dialogue, de partage et de rencontre entre les grands noms des arts plastiques venus de 61 pays, a indiqué, vendredi à Casablanca, le directeur artistique et fondateur de cet événement, Mosapha Romli. .. Le 17 octobre 2016

Nawal Sekkat expose ses œuvres à Rabat

L’exposition aura lieu du 25 octobre au 11 novembre 2016 La jeune artiste peintre et sculpteur qui a atteint une grande maturité artistique et a obtenu la reconnaissance de ses pairs exposera ses récentes œuvres à partir du lundi prochain à “Abou Imane Gallery”. Le 17 octobre 2016

L’artiste Karim Marrakchi expose ses œuvres à Casablanca

d’un univers fantasmagorique qui

L’artiste peintre Karim Marrakchi présente, à partir du 20 octobre, une quarantaine de ses œuvres dans son lieu de création à Casablanca. Architecte de formation et artiste aux multiples facettes, il affectionne depuis son plus jeune âge l’art de la peinture. Une formation qui l’a beaucoup aidé à construire et concevoir ses tableaux qui racontent des histoires. Alors qu’il s’est consacré pendant une dizaine d’années à sa carrière de peintre, cette fois-ci et pour la première fois au Maroc, Karim Marrakchi exposera ses œuvres autour

depuis des mois par deux artistes

suivra une scénographie travaillée casablancaises basées à Londres, Malak Marrakchi et Myriem Baadi, afin de créer un nouveau genre autour de la peinture, mais surtout afin de transporter les amateurs d’art dans son univers qui le raconte et qu’il raconte… Le 12 octobre 2016

Karim Marrakchi 10.10.2016 culturetoute.com 11


Trois jours et le Néant de Youssef Wahboun, la complexité de l’humain ou l’autre hymne à la vie Par Mounir Serhani Sous le signe de l’ambigüité Homme de lettres, professeur d›esthétique, peintre et nouvelliste, Youssef Wahboun a publié tout récemment son premier roman dont le titre s›égale sciemment à une trouvaille aussi bien heureuse 12 culturetoute.com 10.10.2016

que singulière, savoir Trois jours et le Néant, aux éditions Marsam, 2013. Ce choix est d›ores et déjà prometteur dans la mesure où la connation «biblique» qui, au lieu de déboucher sur une existence ternaire, donne soudainement, sur le non-être; emblématisé


par personnage appelé Le Néant. Une telle entité ambigüe structure le récit, en filigrane, voire même en douceur subtile. En effet, cette ambigüité s›illustre par un procédé stylistique qui préfère désigner le personnage pivot par un « tu » polymorphe et carrément insaisissable.

», au Maroc et à l’étranger. En revanche, Wahboun sait pertinemment se défaire de ses casquettes multiples, à foison. En tant que romancier, on pourrait dire qu’il y habite en conteur vétéran aguerri et maitrise ainsi cette espèce d’enfilade narrative susceptible de nous apprendrenous lecteurs- que le récit abandonne Un conseiller ministériel placé subtilement la « poéticité » outrée ou sous le signe du malaise sempiternel. du moins gratuite. Toutefois, ce même Dévergondé, hirsute, versatile, lèverécit se nourrit du rythme narratif suivi, tard, agoraphobe, mais compétent, rapide, et même acharné, comme si doux, et fidèle à un quotidien enragé le narrateur se coupait délibérément et souvent fastidieux. Ce jeune homme le souffle ou, mieux encore, voulait cultivé se trouve inexorablement pris s’extraire un fardeau lourdement en otage par sa propre mémoire qui étouffant. Noir sur blanc, cécité sur le taraude perpétuellement à tel point silence. C’est dire que le scribe s’invite qu’il s’empoisonne la vie personnelle pour polir les contours. A rebours de (délire, hallucinations, addiction) et qu’il la tentation d’un enfermement dans s’oublie volontiers dans le shit et dans l’enceinte prétendument absolue du la cécité charnelle. Nonobstant, il s’agit genre romanesque, Wahboun met sans d’un enfant élevé dans les parages du doute en avant « l’intériorité » de son palais royal, d’une famille originairement personnage. Simultanément, il vit de pauvre, mais socialement riche. Un « tout ce que les autres ne savent pas jeune homme qui aurait normalement de lui », comme disait Peter Handke. quitté son enfance, sans que celle-ci le Et l’épanchement de revêtir les traits quitte définitivement. De l’autre côté, distinctifs d’une psychothérapie un tel calibre –celui d’un rédacteur urgente. La parole semble porteuse de discours ministériels- ne baigne d’une ambition se voulant de la façon aucunement dans son élément. Il est particulière d’être au monde. Thériaque autant empêché de travailler que de à même d’embaumer des plaies vivre. abyssales. Le Néant en est le leitmotiv hantant l’esprit du jeune homme, fragile Il serait probablement utile de et visiblement sensible. Son temps parait rappeler que Youssef Wahboun est s’arrêter à l’autel de ce monstre absolu avant un universitaire qui interroge et fatal, et son espace se rétrécit jusqu’à et s’interroge sur l’art (la peinture l’asphyxie. Il est, remarquons-nous en l’occurrence) et la poésie. Il est à vue d’œil, un être conscient de son effectivement l’auteur d’une thèse sur non-être parce que ce fantôme, aussi l’esthétique (Baudelaire et la peinture) invisible soit-il, anime ses cauchemars ; poète des Etreintes Creuses, et et bouleverse ses moments les plus nouvelliste de Il faut assassiner la intimes. Même ses rapports amoureux, peinture. Conférencier à même de se notamment ses coïts dérobés, se prononcer sur « l’empire des couleurs consomment sous l’emprise des yeux 10.10.2016 culturetoute.com 13


omniprésents, toujours aux aguets. En d’autres termes, le horla crée la douleur et la peur, fiévreuse et incontrôlée. Le lecteur découvre le long du récit qu’il s’agit bien évidemment d’une image de fond qui procure foncièrement un sentiment d’insécurité au personnage, obsédé par son propre sang, pourraiton avancer. Par conséquent, il échoue dans les réactions les plus futiles (ne jamais pouvoir raconter la vérité de son absence au ministre) et/ou les plus courageuses (s’arracher au joug illusoire du Néant physiquement « inexistant » !). Il est peut-être question d’une quête inlassablement vaine et sans issue. Cette spirale de déboires ne fait-elle pas de l’arrière-plan une structure de l’échec ? Un roman des origines enchevêtré par des rebondissements inextricables, et qui valsent au rythme de la plus pénible des passions, à savoir l’amour. Le personnage manque par ailleurs d’identité, à l’instar de son objet de recherche, le Néant (c’est l’anonymat qu’ils, entre autres, en commun). Toujours est-il qu’il est épris de cet autre absent-présent et dont ne cesse de s’enquérir conséquemment dans ses autres substituts (rien et personne ne le remplace, sinon les pâles simulacres !) où il s’investit amoureusement simultanément même (Yasmine, Mohja, Marjane…). Trois jours, trois nouvelles et trois échecs-déceptions. Une vie monotone gouvernée par une amertume initiale, une grisaille antérieure ; de l’inconvénient d’être né, pour reprendre l’expression cioranienne de cet écrivain cité ad hoc au sein de texte. L’écrivain roumain est convoqué consciemment pour étayer et glorifier ce malaise 14 culturetoute.com 10.10.2016

d’exister. Effectivement, l’épigraphe ouvrant le premier chapitre influencera la logique de l’œuvre : « Naître est un péché vivre une expiation, écrire est un tissu d’excuses.», Henri Michaux. Paradoxalement, le personnage déborde de vie, bon vivant, se délecte dans une torpeur continuelle qui va jusqu’à l’anesthésie entière. N’oublions pas qu’il est, au centre, au ministère, et préfère, néanmoins, la marge. Un picaro de la ville ; un héros de la périphérie où il se ressemble paisiblement. L’être ne cèderait point à l’avoir. Pourquoi donc ? Parce que, tout simplement, ce dit conseiller ministériel est factice et ne saurait à aucun moment endosser ni le code formel du cabinet ni le masque protocolaire en vigueur. Nous nous trouvons devant un personnage nonchalant, mais rétif aux systèmes qu’impose l’institution et révolté, quoique silencieusement, contre les stéréotypes réducteurs des universitaires invétérés et imbus de leurs savoirs. Un récit à l’envers Le lecteur est en mesure de relever ad hoc le point focal de ce tableau tryptique, cette fresque regorgeant de péripéties. Chaque jour est bel et bien bouclé comme une réalité indépendante par rapport aux autres structures, mais intimement lié à l’intrigue générale qui évolue vers la chute, l’inattendu ultime. Un texte écrit à l’envers. Une forme de journal renversant intrinsèquement la chronologie formellement correcte, Mardi, Mercredi, Jeudi. Les vannes rétrospectives et les envolées prospectives faussent les habitudes de lecture. En sus de cette volonté esthétiquement subversive, le narrateur


est bizarrement doté d’une faculté susceptible d’être qualifiée d’olfactive hors du commun dans la mesure où le visuel et l’imagé se dissipent conjointement pour laisser la place aux autres sens, tacitement, au service de la narration. On peut citer le mot à connotation péjorative dont il fait usage à chaque fois qu’il décrit son bureau, à savoir « désodorisant ». D’autre part, le romancier répond subtilement à l’objection qu’il n’y aurait ici-bas (la vie) que simple chimère, utopie réconfortante, et corvée incessante. C’est pourquoi, nous semble-t-il, que les séquences narratives procèdent des brisures et syncopes qu’elles imposent au langage jusqu’à ce que le récit fasse parler les blancs et les silences tout en réinventant le sens. Au fond, l’aphasie (scènes érotiques interrompues ou non minutieuses) ou l’esquive (abstinence quant au registre politique ou idéologique), invitent, les deux dialectiquement, à une reconstitution du puzzle adoublé et, par conséquent, dépassé. En d’autres termes, il impose au langage une dynamique vouée au travail d’introspection qu’exerce hystériquement un être dont la légèreté demeure néanmoins insoutenable ! Dans ce sens, il va sans dire que Kundera est cité à plusieurs reprises d’autant plus que son roman, La vie est ailleurs, est le livre du chevet du personnage. Hostile au formel, celui-ci s’arrache à l’ordre par le recours au chaos, à l’image des êtres apocalyptiques. Il fait de sa quête du néant un prétexte vraisemblable à cette descente aux enfers et se laisse porter par cette hantise, davantage dissidente, d’où émane sa réaffirmation de soi, son

rapport renouvelé au monde, ainsi que son espérance « poétique ». En somme, Trois jours et le Néant est un désir inassouvi, un secours sans issue, un épanchement difficile à endiguer. Et peut-être l’écriture de ce récit est-elle d’ailleurs, quant à cet élan, une forme d’autoanalyse, tournée vers le monde/ autrui en ce qu’il a de chatoyant et de bigarré. Toutefois, à y bien réfléchir, on

peut affirmer in fine que ce personnage inhabituel est hybride d’autant plus qu’il a deux faces à valeur androgyniques : féminine et masculine. Autrement dit, son désir est inévitablement double : une volonté d’immersion, de participation à la plénitude bariolée du monde et un fantasme naïf, enfantin de retour au sein maternel. Savoureuse aventure, mélange de rêverie et de pensée, Trois jours et le néant frôle les visions ontologiques, toutes nuances gardés, de Nietzsche, Kierkegaard et Cioran, dans leur existentialisme mélancolique qui coupe à la racine les illusions poussant aussi leurs idées jusqu’au « gai désespoir », écrit à même le cri et l’humain dans la suite poétique, Les hommes meurent mais ne tombent pas. © culturetoute.com 10.10.2016 culturetoute.com 15


À l’affiche cette semaine,

“MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS” par Laila Boui Idrissi

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eux années après son dernier film «Big Eyes», Tim Burton signe son grand retour avec Miss Peregrine et les Enfants Particuliers.

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Jacob un adolescent curieux va découvrir à la mort de son grand père, l’existence d’un monde mystérieux, celui d’un orphelinat où les résidents possèdent tous

d’étranges pouvoirs. Tiré d’un bestseller américain, l’excellente adaptation du roman de Ramson Riggs nous plonge dans un univers extraordinaire


comme seul Tim Burton sait le faire. A travers ce film, le cinéaste aborde le thème de la différence, la difficulté que cela implique «d’exister» dans une société normative qui manque singulièrement de magie, c’est un refus de grandir qui serait peut être le reflet de sa propre jeunesse. Ce film caresse notre âme d’enfant et nous fait voyager dans un univers incroyable à l’esthétisme

soignée, on se laisse ainsi porter par cette aventure épique. Tout y est ou presque. Helena Boham Carter et Johnny Depp laissent leur place à la muse de Burton : Eva Green. Exceptionnelle, la comédienne signe ici un sans faute, se fondant à nouveau dans cette univers avec panache. Tim Burton revient donc avec ce grand crû mêlant le poétique et le sombre. Avec cette ambiance noirâtre,

portée par des décors somptueux il signe là un film d›une force visuelle et narrative impressionnante. Son univers s›instille petit à petit dans notre vision, jusqu›à nous donner envie d›en faire partie. Un vrai moment d›évasion, la magie Tim Burton opère pour le plus grand plaisir des petits et des grands enfants ! © culturetoute.com

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Interview de Abdellah BENSAID par nadia jacquot

Comment avez-vous débuté votre carrière ? C’est venu tout seul. Je faisais des études qui n’avaient rien à voir avec le théâtre. Le théâtre je ne connaissais pas. Je faisais de la publicité et à coté de ça je faisais de la figuration pour des films pour me faire un peu d’argent. J’ai été pris pour une photo pour le lancement de Wana. La photo mesurait plus de 600m2 et se trouvait sur le boulevard Zerktouni sur la façade de l’hôtel Barlelo. Je n’en revenais pas. Moi, sur le Bd Zerktouni ! On m’a félicité et ça m’a donné envie de continuer. J’ai découvert qu’il 18 culturetoute.com 10.10.2016

y avait une école de théâtre et je me suis inscris. J’ai arrêté après 3 années alors que la 4ème année est celle où l’on obtient son diplôme, pour faire la 1ère novela au Maroc. J’ai travaillé avec des professionnels qui m’ont appris beaucoup sur le métier. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’être acteur ? Comme je l’ai dit que je n’avais pas prévu de faire ce métier. J’ignorais même qu’il s’agissait d’un métier. En interprétant des rôles, j’ai commencé à me poser des questions sur qui j’étais, ce qu’était la


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vie et qui sont les autres ? J’ai poursuivis pour pouvoir mieux me connaître. Le fait de pouvoir s’évader de qui on est, c’est génial. Je peux m’évader de mon personnage et me cacher derrière d’autres. Être plusieurs personnages dans la vie, ça fait énormément de bien. Je vois ce métier comme une thérapie. Avez-vous des projets professionnels ? Je travaille sur un stand-up. J’ai bien envie de me lancer dans un One-Man Show. J’ai plein de projets en stand by. Je suis en train de préparer beaucoup de choses assez originales. J’attends de concrétiser pour en parler. Dans ce métier, on est très superstitieux. J’ai des projets cinématographiques et de séries. J’ai aussi un projet pour un film international et des shooting photos. J’ai plein de projets dans les tiroirs. Il me faut juste le temps de les finaliser. Qu’est ce la culture selon Abdellah Bensaid ? J’ai toujours été contre le fait d’avoir la même culture que les autres. Je n’ai jamais d’accord d’apprendre les mêmes choses que les autres ou en tous cas de la même

manière. Je ne suis pas non plus quelqu’un d’hyper différent, mais je cherche toujours à faire à ma manière. Je suis comme tout le monde, mais à ma manière. Ma culture est basée sur pleins d’apprentissages, celle de l’école puis celle de la vie. J’ai j’accepté mon passé et j’apprends de mon présent. Culturellement, je suis un autodidacte sincère. Je suis simple dans ma culture. Je ne cherche pas impressionner l’autre avec des mots hyper compliqués ou conceptualisés. Je cherche à être aussi proche de l’instinct que du raisonnement. Je jongle entre les deux. Ma culture se construit entre qui je suis et de ce que j’apprends tous les jours. ©culturetoute.com 10.10.2016 culturetoute.com 21


Réda Dalil, Entretien un sérialwinner. Réda Dalil, une plume qui fait le Job par Khalid Mhammedi Après Le Job, prix littéraire de la Mamounia en 2014, Réda Dalil signe un deuxième roman Best-Seller récemment primé à Paris. Entretien un sérial-winner. Culturetoute.com : «Bestseller», titre plutôt original ! Comment vous est-il venu ? Dans le livre, il est question d’un écrivain Bachir Bachir 22 culturetoute.com 10.10.2016

dont le don d’écriture s’évapore brusquement. Quitté par sa muse, en proie à un vague à l’âme abyssal, endetté jusqu’au cou, plongé dans une dépression gigogne, il n’aura d’autre choix pour s’en sortir que d’écrire un roman à succès. C’est de cette obsession à produire un best-seller qu’est dérivé le titre du roman. Culturetoute.com : Votre premier roman «Le Job» est lauréat du «Prix littéraire de la Mamounia» en 2o14 et

du prix «Gros Sel Belge du public». Best-Seller vient de recevoir la mention spéciale du jury de la littérature arabe. Comment expliquez-vous ce succès ? S’il existait une formule expliquant le succès d’un livre et que j’en étais le dépositaire, je m’emploierai à l’exploiter dans toutes mes publications. Ou bien, je lancerai ma propre maison d’édition et deviendrai riche et fortuné en deux coups de cuillère à pot. Mais, plaisanterie à part, et pour


être tout à fait sincère, je n’en ai aucune idée. Il me semble qu’un style simple, une intensité dramatique soutenue et des personnages plutôt crédibles, constituent un bon point de départ pour un roman dit «réussi». Là encore, je le répète, il n’existe pas de formule figée. Il faut se faire confiance et écrire le livre qu’on aimerait lire. Culturetoute.com : On dit que l’écriture de Best-Seller vous a été inspirée par, paradoxalement, un manque d’inspiration, ou plutôt un blocage. Vous confirmez ? En effet, la thématique centrale de Best-seller, à savoir, le syndrome de la page blanche, est inspirée d’un vécu. J’ai moi-même, après la parution de mon premier roman : Le Job, été victime d’un blocage aussi total qu’inexplicable. Il me semblait que tout ce que j’écrivais était d’une médiocrité crasse. J’impute cette situation assez insolite au plafond d’attente que j’avais créé avec le succès de Le Job. Cette exigence a tari mon verbe. J’ai donc décidé d’en faire un livre. C’est ainsi que j’ai fait du personnage central de Best-Seller :

chaîne, éditeurs, libraires, distributeurs, est frappée d’une démotivation terminale. Si l’on sait d’avance qu’en cas de réussite, on reste quand même dans l’échec relatif, cela n’est pas de nature à créer l’enthousiasme à l’origine de l’excellence. Culturetoute.com : Comment A l’exception d’un petite minorité, les marocains Bachir Bachir arrive-t-il à ne lisent pas, c’est un fait vivre de sa plume au Maroc où on ne lit que deux minutes incontournable. Hélas, cette minorité de lecteurs ne peut pas an ? à elle seule dynamiser toute Il y arrive grâce un mélange une filière. On pense à tort de roublardise et de bagout, en facturant des conférences, qu’à partir de l’instant où le des passages télé, en tarifant livre est en libraire, ou un acte d’achat est possible, sa présence dans des jurys qu’un écrivain gagne de diverset variés. Du reste, l’argent. Pour l’écrivain, en grâce à son premier roman réalité, l’écriture ne peut : Le Jib, écoulé à 14.756 être qu’un hobby. Et c’est exemplaires, il a empoché bien dommage car la scène une somme rondelette qui, compte des écrivains de on le verra dans le livre, ne talent lesquels, faute de résistera pas longtemps temps, n’iront jamais au bout aux assauts d’un quotidien de leur potentiel. particulièrement onéreux. Bachir Bachir, une sorte de double romanesque soumis aux mêmes contraintes d’écriture que moi. Très vite, en objectivant mon trouble de la sorte, j’ai réussi à lever le blocage. Mais ce ne fut pas de tout repos.

Culturetoute.com : Le livre plonge dans une crise latente depuis plusieurs années. Y-a-t-il un remède à cette impasse? La raison en est simple. Il n’y a tout simplement pas de marché. Lorsqu’on sait qu’un best-seller s’écoule à 1000 exemplaires, toute la

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Exposition

L’Histoire du Maroc exposée à Paris L’exposition se poursuivra jusqu’au 30 décembre prochain Après “Le Maroc contemporain” à l’Institut du monde arabe et “Le Maroc médiéval” au Musée du Louvre, une nouvelle exposition dédiée à l’Histoire du Royaume se tient actuellement au Musée de l’Ordre de la Libération à Paris.... © libe.MA

A la rencontre du guitariste Doueh, le Jimi Hendrix du Sahara (VIDÉO)

Ahmad Bouzoubaa, Fondateur et créatif de lamaisondesartistes.ma & culturetoute.com

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Pour sponsoriser un mailing envoyez votre demande à ahmadbouzoubaa@gmail.com. La Maison des Artistes s’est fixée comme objectif de promouvoir l’art contemporain marocain. Notre agence également spécialisée dans la communication propose un concept original pour la décoration murale des bureaux et de l’intérieur des locaux. Notre agence se charge aussi de tous travaux de conception, d’édition ...


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