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No. 296 du 10 juillet 2017
France • Liban • Maroc
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Portrait
La Sultane INOUBLIABLE Design
photo DR
Design-moi un meuble, la petite histoire des icones du design Découverte
MZORA, les menhirs du Maroc
éditorial
Cultureto L
es experts de la Banque Mondiale viennent de nous administrer notre décennale correction. Mais cette fois-ci, contrairement aux précédentes fois, ils ne nous conseillent plus seulement de revoir notre croissance trop molle, d’en changer le modèle, de travailler plus, de cesser les investissements peu rentables, de tenir l’Etat à l’écart de l’investissement. La grande nouveauté est qu’ils nous conseillent de placer au cœur de nos politiques publiques, le capital immatériel.
Le capital immatériel – appelé également patrimoine immatériel - est constitué de l’ensemble des éléments non monétaires et sans substance physique, constitués par les informations et connaissances détenues par une organisation et ayant une valeur positive. Dans le cas où l’organisation est un pays, ce capital immatériel est constitué du socle quadrilatéral du capital humain :
La santé, l’éducation, la justice, la culture
Est-ce bien sorcier ? Un citoyen qui trouve les soins appropriés dans les hôpitaux publics, lorsqu’il est malade, une éducation adéquate pour ses enfants dans les écoles publiques, le respect et le recouvrement de ses droits lorsqu’il s’adresse à la justice dans les tribunaux et quelques nourritures spirituelles pour se divertir, se cultiver et se former, dans les médias étatiques ou privés, dans les théâtres, les cinémas, les salons, sur les places publiques et dans les lieux de loisirs, ce citoyen-là, s’il est sage, que peut-il revendiquer de plus ? Ne sont-ce pas là tous les besoins importants de la vie humaine ? La séparation entre le concret et l’abstrait, le directement utile et l’indirectement utile a fait son temps, ce qu’illustre cette sentence lumineuse :
oute an II ‘’Apprendre, c’est accepter de prendre’’
Toute la force de cette assertion s’explique dans la définition que fait l’UNESCO de la culture : ‘’Ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. La culture englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux, les valeurs, les traditions et les croyances.’’
de cohésion et de stabilité, de renforcement de la citoyenneté, de promotion de la paix et de la tolérance, de communication, d’intégration des femmes et de valorisation de leur rôle. C’est un outil d’intégration des personnes handicapées, des conflits avec des minorités, d’intégration des immigrés et autres catégories défavorisées. Compte tenu de tout cela, il est indéniable que la culture améliore la qualité de tous les aspects de la vie …
La culture agit à double titre sur le développement : • Par la contribution directe et indirecte des secteurs de la culture à l’activité économique ; • Par sa contribution au développement économique et social, à la cohésion sociale, à la promotion de la tolérance, à l’intégration des catégories défavorisées de la population et à la gestion de conflits.
Alors, que les ‘’biens et services culturels’’ que sont les œuvres artistiques, littéraires ou musicales, les créations, les images, les spectacles, les manifestations et les événements etc. fassent partie des préoccupations d’un nombre croissant de nos concitoyens et que ce modeste candile, timidement allumé il y a une année, devienne une torche ardente et conquérante en sa deuxième année.
C’est un lien identitaire, un facteur
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Numéro 296 du 10 juillet 2017 directeur publication Ahmad Bouzoubaa contact@culturetoute.com
SOMMAIRE
actu 14 Musique, La musique marocaine clôture en beauté le 14ème Festival Timitar 14 Musique, Une parade électro inédite ouvre le Festival international de Casablanca
en une 06 Portrait, “La Sultane INOUBLIABLE” par Mourad Hamayet 10 Design, “Design-moi un meuble, la petite histoire des icones du design” par Nezha Kandoussi 12 Découverte, “MZORA, les menhirs du Maroc” par Abbas Msefer
magazine 16 Théatre, Entretien exclusif avec Hassan El Jaï
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La Sultane INOUBLIABLE par Mourad Hamayet
D
ans une de ces fêtes qu’à tort, je n’ai jamais appris à aimer, la merveilleuse hôtesse m’avait accueilli avec un large sourire et m’avait dit que, connaissant mon petit travers de claustrophobie-misanthropie,
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elle allait m’installer près d’’’elle’’. Double attention, car ‘’elle’’ avait la meilleure place, une alcôve – de l’arabe ‘’al qobba’’- où l’on peut être vu de tous, mais où l’on est, néanmoins, isolé de la cohue.
“Elle”, c’est Fatima Mernissi, professeur universitaire, sociologue, militante des droits humains, auteure à succès, conférencière recherchée, personnalité respectée aux quatre coins du monde, admirée par tous, iconique même. J’étais heureux : cette Sultane Inoubliable allait être à moi pour un moment, détendue et loin de ses chaires et de ses coutumières sollicitations. Je comptais bien en profiter. Je ne fus pas long à la mitrailler de mille et une questions relevant des sujets de sa compétence et de ma curiosité. J’osai tout de go lui demander le secret de son habileté à éviter le lynchage par les vieilles gardes des citadelles auxquelles elle s’était attaquée. Elle me détrompa et m’apprit que bien évidemment elle veillait à ce qu’on n’en fît pas écho, mais qu’attaquée, elle l’était très régulièrement et très violemment et qu’elle bénéficiait même, dit-elle dans un éclat de rire bien sonore, d’une fatwa la vouant aux gémonies, l’insultant et la condamnant à mort entre autres couronnes pour ses travaux et leur minutie. Qu’a-t-elle donc fait pour mériter cela ? Elle a osé bien plus qu’on ne le croit, ou sait généralement ! Dans un premier ouvrage, Sexe, idéologie et Islam, Fatima Mernissi expose le concept musulman de la sexualité féminine qui, aux antipodes de la croyance populaire, est celui d’une «sexualité active» qui s’oppose à l’idée judéo-chrétienne de la séparation nécessaire entre le corps et l’esprit. Pour la pensée occidentale, comme l’explique Freud, la civilisation est une «guerre contre la sexualité». Au contraire, la pensée musulmane
sacralise l’amour physique, et prétend que ‘’la civilisation est la conséquence de la satisfaction de l’énergie sexuelle». Et de citer l’imam Ghazali, l’immense penseur soufi qui dit que dans la relation amoureuse, «Il n’y a ni agresseur, ni victime mais deux personnes qui coopèrent». Quoi ? La femme ne serait donc pas ce démon à la sexualité forcément débridée et forcément perfide qu’il faut contrôler en permanence ? Imaginons un instant ce que cette assertion put produire au moment de la parution de cet ouvrage, signé d’une femme musulmane, en 1973 ! Dans un second ouvrage, ‘’Le Harem politique, Le prophète et les femmes’’, Fatima Mernissi se lance sans nuance contre certaines positions de l’illettrisme : elle dit qu’en faisant du prophète un homme largement polygame, les historiens, tant islamiques qu’occidentaux ont eu une curieuse tendance à oublier qu’il fut d’abord monogame puisqu’il fut fidèle pendant vingt-cinq ans à sa première épouse, Khadija, veuve dont il fut le collaborateur, plus âgée que lui et qui mourut en l’an 620. Pour une réponse complète, l’auteure rappelle que la pratique de la ‘’hiba’’ – acte par lequel une femme se donne de son plein gré à un homme - ne fut prohibé qu’après la mort du prophète. Elle illustre son propos en rappelant que celui-ci fut demandé en mariage par beaucoup de femmes et même rejeté par d’autres ! Nouvel immense tollé lorsqu’elle affirma que les dits du prophète, si souvent invoqués dans les pays islamiques pour justifier la mise sous tutelle des femmes, ont été déformés et trahis par ses successeurs.
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Ces «hadiths» - communications orales du prophète - misogynes seraient dus à certains de ses compagnons, parmi lesquels, notamment, Abu Bakr et Abu Huraïra. Tous deux, fils d’esclaves promus brutalement à un statut social élevé, n’auraient-ils pas été jaloux de l’autorité et du pouvoir d’Aïcha, femme du prophète, très influente au plan politique et éthique ?
avant la période de leur consignation écrite, c’est-à-dire près de deux siècles après la mort du Prophète de l’Islam.
Dans ce même ouvrage, Fatima Mernissi s’est occupée du très médiatisé problème du hijab, ou voile. Avec la patience et la finesse d’un limier, elle reconstruit les faits et débusque la naissance de l’équivoque : elle utilise pour cela une casuistique aussi habile que ‘’vériste’’ : «Le concept du hijab est Al Boukhari, érudit encyclopédiste, est l’auteur de nombreux livres, dont le plus tridimensionnel, dit-elle. • La première dimension est visuelle : il connu est le Sahih Al-Boukhari, lequel s’agit de dérober au regard. répertorie environ 10.000 de ces hadiths. • La deuxième dimension est spatiale Il y rapporte que le second compagnon ‘’séparer, marquer une frontière, cité, aurait entendu le prophète dire : établir un seuil’’. «Ne connaîtra jamais la prospérité le • Enfin la troisième dimension est peuple qui confie ses affaires à une éthique : elle relève du domaine de femme.» Aïcha aurait contesté ellel’interdit.» même de nombreux hadiths d’Abu Huraïra et déclaré «Il n’est pas doué Le hijab, dit-elle encore, fut aussi le pour l’écoute, et lorsqu’il est sollicité, rideau derrière lequel se tenaient les il donne de mauvaises réponses.» A khalifes et les rois pour se soustraire préciser qu’Al Boukhari naquit tout à l’indiscrétion de leurs familiers, pour de même 240 ans après le prophète et s’isoler. Le voile est donc un outil de en restitua les paroles – par la force liberté à la portée de tous les genres des choses - par la méthode bien et en aucune manière un outil de plus heuristique que scientifique de la coercition, conçu pour - et réservé à - la validation subjective. soumission des femmes. Le but de l’auteure est de ‘’remettre Son dernier livre, Sultanes oubliées, en question la lecture traditionnelle du Coran pour prouver que les fondements interpelle le pouvoir établi, ses religieux, établis aux premières heures pratiques, ses paradoxes. Fatima de l’Islam, sur lesquels repose la Mernissi y évoque la sémiologie des discrimination exercée à l’endroit des titres en islam et note par exemple femmes dans le monde musulman sont que le mot ‘’khalife’’ désigne le chef la fabrication d’hommes et le résultat religieux qui remplace le prophète, de luttes de pouvoir entre réformistes mais n›existe qu›au masculin. Elle note et conservateurs.’’ Son argumentaire également qu’il y a eu des détentrices est limpide et la dialectique la plus du pouvoir temporel qu’elle nomme sérieuse respectée : un très grand les sultanes. Elle en dresse une liste et nombre de hadiths, utilisés depuis à ces étudie la biographie de chacune pour fins discriminatoires, ont été inventés de avancer sa thèse qu’ «Il faut délester toutes pièces par des hommes, surtout l’Islam des clichés, aller au-delà des 8 culturetoute.com 10.07.2017
imageries idéalisées des groupes au pouvoir, scruter les contre-résistances, étudier les cas marginaux et les exceptions. Surtout pour comprendre l’histoire des femmes en Islam, une histoire condamnée comme celle des paysans et des pauvres à ne jamais être reflétée dans le discours officiel.» Elle a écrit deux autres livres de moindre envergure mais qui éclairent grandement sur sa pensée :
par eux-mêmes… Délicieux moment dont une partie fut consacrée à une décapante séance de moquerie de l’obtusité, de la bêtise et de la méchanceté … Puis, nous promettant de nous revoir bien vite, ce que la Providence ne permit point, elle me tendit en souriant cette incroyable carte de visite-manifeste …
Dans un ouvrage intitulé Le Maroc raconté par des femmes, elle écrit : «Pour moi, essayer de faire s’exprimer la femme illettrée c’est donner la parole à ce moi-même qui aurait pu être voué au silence ancestral.» ‘’Malgré le désespoir émanant de ces récits de vies harcelées, déchirées, humiliées, les femmes interrogées par Fatima Mernissi revendiquent l’égalité des salaires et le couple conjugal égalitaire et solide, comme le fondement nécessaire d’une société démocratique.’’
‘’Pourquoi l’Islam effraie-t-il l’Occident ? Un second livre fut également largement La danse cosmique entre Adorateurs de Frontières et Nomades Rêveurs’’ évoqué lors de notre rencontre : celui malicieusement intitulé ‘’Les Aït Débrouille’’. Nota pour comprendre l’image de la ‘’danse cosmique’’ : elle est empruntée Dans une zone montagneuse du Hautaux Hindous, pour lesquels la divinité Atlas occidental, à 100 kilomètres au Shiva accomplit la danse cosmique sud de Marrakech, une association de la destruction et de la création locale s’efforce de prendre en charge de l’univers, danse qui symbolise le les problèmes du village, l’eau renouvellement périodique du monde, notamment. Ce livre est une analyse des relations entre les pouvoirs publics en un rythme infini de dissolutions et et les citoyens. C’est également une de naissances. La divinité pose le pied ode magnifique à la ‘’confiance sociale’’ droit sur la tête du démon primordial, qui remplace la vieille ‘’confiance Apasmârapurusa, symbole d’ignorance personnelle’’ et les risques inhérents, et de cécité, et le tue. comme pour célébrer la découverte, la redécouverte de la démocratie, la vraie, c’est-à-dire le gouvernement des gens
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Design-moi un meuble, la petite histoire des icones du design par Nezha Kandoussi
La Chaise Charles and Ray Eames, Design 1948 Edition par Vitra: 1990
Q
uand on regarde La Chaise
dessus.
du couple Ray and Charles
Nous sommes aux Etats-Unis, au
Eames, on se demande à quoi
lendemain de la guerre, il faut accueillir
ils pouvaient bien penser lors
de nouveaux flux de migrants et les
de sa conception. Elle ne ressemble
loger. Seulement voilà, les industries on
pas à une chaise classique, on ne voit
passé les dernières années à produire
pas bien l’assise. On a juste envie de
essentiellement des armes. Comment
la contempler et on hésite à s’assoir
faire face rapidement à la pénurie du
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logement? En pensant à à optimiser
un disque en caoutchouc dur et repose
l’espace en l’aménageant de meubles
5 baguettes en métal disposées en
adaptés et accessibles, inexistants sur
diagonal sur une structure en bois. La
le marché, lLe concept IKEA n’étant pas
conception de La Chaise a été inspirée
encore inventé :-). C’est ainsi qu’une
par une sculpture de l’artiste Américain
association des professionnels du
d’origine française, dont le nom ne
mobilier accompagnée du Musée d’Art
pouvait être plus prédisposé: Gaston
Moderne de New York (MoMA) et du
Lachaise et sa sculpture en bronze:
Musée du Design décident de lancer
«floating figure», (la silhouette flottante)
un appel à projets international appelé:
est une femme au corps dénudé et
«Low Cost Furniture» («Mobilier Bon
charnu. Par ces formes généreuses,
Marché»), le 5 janvier 1948.
cet air altier, Lachaise, tout comme
Les organisateurs espéraient aussi
ses contemporains, cherche à rompre
que l’ampleur du projet inspire une
avec le style classique et à recréer
nouvelle génération de créateurs
une nouvelle Vénus. L›autre code que
et donne naissance à des produits
Lachaise veut casser, c›est celui de la
innovants, accessibles et qui pourraient
statue sur socle. Détachée de la terre,
améliorer les conditions de logements.
la silhouette flotte. Les jambes croisées,
En l’espace de 10 mois, le 31 octobre
allongées, les bras écartés, les mains en
1948, les organisateurs ont reçu pas
l’air, défiant la gravité.
moins de 3 000 projets de plus de 30
En voyant la sculpture, on comprend
pays. Un véritable succès à tel point que
enfin l’assise. La Chaise possède 2
le calendrier des fabrications a dû être
dossiers, l’un pour la position assise et
retardé. Le couple Eames gagne le 2e
l’autre pour la position couchée, le creux
prix avec une autre chaise en aluminium, épousant le bassin dans les 2 cas. la DAX chair. La Chaise a certes été Cette chaise est finalement le fruit de remarquée pour son élégance et sa
4 parents, le couple Eames, Gaston
forme, elle sera même dans le catalogue Lachaise et sa muse et femme Isabel à de l’exposition en 1950, mais elle n’a qui il aurait dit:»- « Tu es la déesse que pas été retenue pour la production. R.
je cherche à exprimer en toutes choses
& C.Eames l’avaient d’abord imaginée
». Ainsi loin de la perception que l’on
réalisée en métal estampé. Trop chère,
a du design comme froid et sans âme,
donc!
cette chaise, derrière son air sobre et
Elle ne sera éditée qu’en 1990 par la
sage, elle est, en réalité, toute volupté et
célèbre maison allemande Vitra.
charme.
La Chaise est composée de deux coques en fibre de verre collées et séparées par
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MZORA, les menhirs du Maroc par Abbas Msefer
I
l faut le voir pour le croire. En effet, avant de toucher ces blocs de pierre, de les observer, de tourner autour, personne n’aurait parié que le Maroc ait un site d’une telle envergure. Tout le monde a entendu parler des Menhirs d’Obélix, ce valeureux gaulois de la Bande dessiné Astérix. De nombreuses personnes ont entendu parler ou ont vu le Cromlech de Stonehenge en Angleterre. La photo de ce site était sur tous les fonds d’écran d’ordinateurs. Il accueille même un million de visiteurs par an.
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Mais combien de personnes savent qu’il existe au Nord du Maroc, à une cinquantaine de minutes d’Asilah, un Cromlech Marocain, associé à une des légendes les plus connues de part le monde. Ce site n’est pas isolé, il est entouré d’un village qui se prénomme Chouahed et semble faire partie du « mobilier urbain ». Localement, il est appelé « el outed » (le piquet). Qu’est-ce que le Cromlech ? Ce n’est pas le nom d’un monstre marin mais c’est l’appellation donnée à un
monument préhistorique constitué par un alignement de monolithes (grandes pièces taillées dans un seul bloc) verticaux appelés aussi menhirs. Le Cromlech de Mzora Il est composé de 167 monolithes et mesure 58 m de diamètre est-ouest pour 54 m de diamètre nord –sud. Le monolithe le plus important mesure 5 m de hauteur.
C’est en cherchant cet endroit, qu’Hercule rencontra Antée qui tuait les naufragés. Après une lutte terrible, Hercule serra le géant contre lui et l’étouffa. Il continua par la suite son chemin à la recherche du jardin (se trouvant à Lixus). Hercule et Antée, bronze, Jean De Bologne, XVIème siècle.
Quel mystère entoure ce site ? Le Cromlech de Mzora est généralement associé à la sépulture d’un personnage de statut social élevé (peut-être un roi maure).
Cependant la légende définit ce personnage en associant le Cromlech au tombeau du géant et roi Antée (créateur de Tingis / Tanger et fils de Gaia et Poséidon). Il a été terrassé par le demiDieu Hercule lors de l’accomplissement de son onzième et avant dernier travail qui consistait à dérober les pommes d’or du jardin des Hespérides. Ces fruits étaient sacrés et ont été offerts par Gaia à Héra lors de son mariage avec Jupiter. Elles furent placées dans un jardin dont personne ne connaissait l’emplacement.
Plutarque, philosophe de la Rome Antique (46-125), rapporte une anecdote selon laquelle le général romain, Quintus Sertorius qui doutait de cette légende, profita d’une expédition menée à Tingis pour faire ouvrir la tombe. Il y aurait trouvé un corps mesurant soixante coudées (27 mètres). Très étonné, il fit immoler des victimes, en respect pour le défunt et referma religieusement le tombeau. Ainsi le mystère du Cromlech de Mzora reste entier. La question qui se pose finalement est : Devant une richesse culturelle et historique de telle ampleur, comment peut-on encore, au Maroc, ne pas donner à ce site une meilleure conservation et une mise en valeur touristique adéquate ? ©culturetoute.com
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la revue de presse #du Lundi 10 juillet 2017 La musique marocaine clôture en beauté le 14ème Festival Timitar Le rideau est tombé, samedi soir à Agadir, sur la 14ème édition du Festival «Timitar, signes et cultures» au terme de quatre jours de spectacles musicaux d’une riche diversité, conclus en beauté par les prestations de grands noms de la musique marocaine: Fatima Tabaamrant, Asma Lmnawar et Abdelaziz Stati. Entre musiques traditionnelles et musiques actuelles, du Maroc, du continent africain et du... libe.ma Le 10 juillet 2017
Une parade électro inédite ouvre le Festival international de Casablanca Une parade électro inédite réalisée par des artistes de rue a ouvert, jeudi soir à la métropole, le Festival international de Casablanca, organisé du 6 au 15 juillet sur deux scènes au niveau de l’espace Toro et à Ain Sebaa. Longeant les principales artères de la ville, la parade a asséné des rythmes tribaux et hypnotiques, transformant ainsi, avec brio et grand professionnalisme, les rues... libe.ma Le 8 juillet 2017 14 culturetoute.com 10.07.2017
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Entretien exclusif avec Hassan El Jaï réalisé Ahmad Bouzoubaa
“Soufi mon amour” le 15 juin
Voulez-vous nous parler de Hassan El Jaï, de sa formation, de son expérience et de ses projets ? Il est important de noter que j’ai commencé à faire du théâtre au primaire, dès l’âge de 6 ans et de façon autodidacte, et que j’ai continué à pratiquer tout au long de ma scolarité, jusqu’à la dernière année du lycée. Une fois mon baccalauréat en poche, j’ai obtenu un Bachelor en communication à l’EFAP Paris, puis un Master en management des médias au NYIT à New York. Ce n’est qu’après avoir commencé à travailler à Manhattan que je me suis inscrit au Lee Strasberg Theatre and Film Institute pour 6 mois de cours intensifs de jeu. Puis après un bref retour au Maroc, j’ai décidé de m’inscrire au Cours 16 culturetoute.com 10.07.2017
Florent à Paris pour devenir comédien professionnel. Suite à des expériences enrichissantes à Paris, je suis retourné au Maroc où j’ai commencé à enseigner l’art de la scène à des profils très variés, et aussi à jouer. J’ai beaucoup collaboré avec la compagnie l’Aparté de Casablanca, à travers laquelle j’ai rencontré des comédiens de talent et de cœur. Je me suis très vite approprié un format connu sous le nom de « lecture dramatique », et après plusieurs collaborations en groupe, j’ai volé de mes propres ailes avec ce format, de manière solo. Et c’est là qu’en Février 2015, mon adaptation du roman « Soufi, mon Amour » est venue marquer un tournant majeur dans mon parcours : un succès critique et public considérables dès son démarrage,
une mise en scène pleine d’improvisation qui permet au spectacle de s’adapter aux différents publics, et aujourd’hui plus de 50 représentations effectuées en 2 langues, réparties entre la Suisse, le Maroc et les Etats-Unis – notamment dans les universités de Columbia, Princeton et Yale. Ce spectacle est d’autant plus important pour moi qu’il me permet de mettre mon art au service des enseignements spirituels édifiants de l’Islam ; ma plus grande et profonde inspiration. Plus récemment est venu le tour de la « poésie Soufie », et bientôt du « Mathnawî de Rûmi ». vous écrivez, vous réalisez et vous produisez, n’est-ce pas ce que votre public devrait comprendre, mais comment les critiques vous accueillent-ils ? Tout à fait, les contraintes de la profession au Maroc nous poussent à maîtriser de nombreux aspects, de sorte à être très autonomes et obtenir un résultat aussi fidèle que possible à notre vision artistique. Dieu merci, les critiques sont souvent enchantés et en tous cas toujours bienveillants ; car ils comprennent bien que beaucoup d’exigence et de cohérence sont à l’œuvre entre le message, la méthodologie et le rendu artistique. Sur le plan culturel, vous avez votre place mais pensez-vous toucher le plus grand nombre d’amoureux du théâtre dans les grandes villes et quelle est votre approche pour drainer les initiés et les plus avertis ? Il est vrai que ce format de lecture dramatique ou vivante est de plus en plus accepté et même apprécié par les publics des grandes villes. Et même si je pense que « Soufi, mon Amour » y a déjà attiré et même
fait revenir de très nombreux amoureux du théâtre – à savoir plusieurs milliers ; je pense qu’il reste encore beaucoup à faire à ce niveau-là. En tous cas actuellement, j’utilise quasi-exclusivement Facebook pour la communication autour des dates de représentations, hormis de très rares points de vente et d’affichage. Désormais, via ses options avancées de ciblage, Facebook permet de toucher un grand nombre de personnes très intéressées par de telles manifestations culturelles. Culturetoute est à pied d’œuvre pour promouvoir l’art et les artistes au Maroc, comment voyez-vous cette mission que notre webzine s’est assignée ? Il me semble que de nombreuses pistes peuvent encore être explorées. Et à l’ère où nous nous enfonçons chaque jour un peu plus dans le digital, deux en particulier me viennent à l’esprit : - La création d’une structure qui rassemblerait les contacts et conditions de location/mise à disposition de toute salle de spectacle, conférence ou formation au Maroc (public, privé, associatif, hôtellerie, etc.). Et qui serait une véritable plateforme relais de négociation et de bouclage de dates pour tout événement au sein de ces établissements. - La mise en place d’un réseau professionnel de diffusion électronique entre les principales librairies, bibliothèques, salles de spectacle, administrations, hôtels, restaurants, etc. de villes ou régions données. Ce qui permettrait de communiquer plus efficacement, soit de manière large ou ciblée, autour des évènements à venir dans un lieu plus ou moins proche des populations cibles escomptées. © CULTURETOUTE.COM
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