Culturetoute155

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Numéro 155

France • Liban • Maroc

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Joaillerie, Fouad Zrhari, l’horloger de l’ombre qui commence à faire parler de lui.

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Etalage de culture et de confiture par Khalid mhammedi

Je suis quelqu’un qui aime la compagnie des artistes, des auteurs, des promoteurs de l’art et des collectionneurs et mon quotidien est émaillé des soirées avec les uns ou les autres ou les uns et les autres.

et « regardes l’art qui se dégage de cette toile « et j’ai eu beau vouloir lui tirer les vers du nez, je n’ai eu droit qu’à des verres et des cacahuètes au wasabi vert. Ca discutait art sans en toucher aucune facette, ça parlait argent et rendement, ça spéculait sur des investissements faits sur des artistes marocains qui exposent à New York. Au fait, ça ne parlait qu’argent de l’art mais ça en parlait beaucoup. Dans la même semaine, j’ai rendu visite à un ami écrivain (très bon mais peu lu ou alors peu à mon gout) qui habite une demeure dont le livre sied à bon place sans pour autant grignoter sur la place du convive, on a discuté art, nouvelle génération, impact des prix étrangers obtenus par nos artistes sur le Maroc, place du mécène dans la scène artistique. En allant chercher quelque chose dans sa cuisine, je me suis rendu compte que sur les murs de sa demeure trônaient plusieurs beaux tableaux et plus de 10 000 livres. Le seul lien entre ces deux mondes était le petit bol de confiture de figue.

En l’espace de quelques jours j’ai fait deux rencontres, j’ai été chez un grand collectionneur et j’ai pu admirer sur les murs de son salon (et même de sa salle de bain invités) des toiles de Charkaoui, Gharbaoui, Belkahia et autre Kacimi, des millions de dirhams trônaient sur les murs avec indécence et je me suis permis de poser la question : et la nouvelle génération ? Mon hôte servant à tour de bras du NIKKA COFFEY GRAIN me réponds avec l’assurance de l’investisseur: «je n’achète que des valeurs sûres» - Mais un collectionneur se doit de croire dans une scène nouvelle avec de nouveaux regards, de nouvelles approches, répondis- je. Il n’est pas marchand, il collectionne l’art parce qu’il doit aimer quelque chose quelque part ? - Je ne prends pas de risque ! Je n’ai pas eu de réponse précise sur le fait que les © culturetoute.com collectionneurs sont tous unanimes à propos des noms et des signatures à collectionner mais j’ai eu droit à des « regardes comme c’est beau »

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Numéro 155 du 27 octobre 2016 couverture Ahmad Bouzoubaa pour culturetoute.com

actu 03 Chronique, Etalage de culture et de confiture 06 Joaillerie,Fouad Zrhari, l’horloger de l’ombre qui commence à faire parler de lui. 14 Cinéma, des cinéastes appellent à un «plan de sauvetage du cinéma» au Maroc 15 Architecture, les architectes marocains Driss Kettani, Saad El Kabbaj et Mohamed Amine Siana raflent un nouveau prix

SOMMAIRE

06 #culturetoute

en une

10

06 Joaillerie,Fouad Zrhari, l’horloger de l’ombre qui commence à faire parler de lui. 10 Chronique, Dans Rires et insignifiances à Casablanca, Tbeur nous prend en otage ! Par Mounir Serhani

magazine

15

16 Cinéma, War Dogs, de Todd Phillipps ! Chronique avec Laila BOUI IDRISS 18 Art, Abdellatif Zine Interview Exclusive “La culture, c’est quelque chose d’ancré dans notre quotidien.“ 22 Art, Exclusive, INTERVIEW de Ramzi Adek par Nadia J. 10.10.2016 culturetoute.com 5


Fouad Zrhari, l’horloger de l’ombre qui commence à faire parler de lui. par Fatima Zahra ESSOLH HALFYA

L’homme de l’ombre de lui, et pour de bonnes raisons que qui apprivoise le nous apprécierons temps. tous. Il fait la fierté du Maroc en se Fouad Zhrari, PDG positionnement de la marque de parmi les plus montres de luxes grandes marques Elaqsa Watches, que l’on ne présente de luxes à travers le monde. plus, refait parler 6 culturetoute.com 10.10.2016

Sa marque a su trouver sa place au milieu des plus grands car ses montres qui se veulent uniques, ont vite été adoptés au vu de la finesse et du luxe qu’elles dégages en utilisant


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les matériaux les plus nobles. Fouad, la passion du temps, ce Franco Marocain, qui a roulé sa bosse chez les plus grandes maisons d’horlogerie suisse, est celui que l’on appel désormais «l’horloger marocain», à travers le monde, a su donné à l’horlogerie de luxe une identité marocaine. Le maroc peut être fier de lui, il garde les pieds sur terre et sait ou il va. Parmi ses projets, ce génie de 39 ans met en oeuvre, une belle ambition, celle de faire renaitre de ses cendre

l’école d’horlogerie avec centre de formation et production marocaine de montre de luxe afin de pouvoir redistribuer et former a ce beau métier nos jeunes en quête de rigueur, rigueur suisse dont Fouad et son équipe on su mettre au service de sa marque Elaqsa Watches. L’excellence à la marocaine, c’est ainsi que l’on pourrait définir notre jeune franco marocain pleins de projets après la collection Slim et la Fameuse R-bati, il va bientôt pouvoir nous faire profiter de son talent à travers son

premier showroom au Maroc, qui ouvrira ses portes à Tanger, puis suivrons plusieurs autres ouvertures à travers le royaume. Tanger n’est pas anodin comme choix car elle se veut être le lien et l’ouverture, du mariage de l’orient et de l’occident dont Fouad souhaiterait être l’ambassadeur. Enfin, il nous promet de belles surprises. Tous ce que l’on peut dire restons connecté. «La discrétion est un luxe»; nous a-t-il dit. © culturetoute.com

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Dans Rires et insignifiances à Casablanca, Tbeur nous prend en otage ! par Mounir SERHANI

Issam-Eddine Tbeur est un nouvelliste qui ose présenter le Maroc d’un point de vue à la fois subversif et iconoclaste. Il s’oppose à la représentation embellie ou du moins édulcorée 10 culturetoute.com 10.10.2016

d’une ville dont l’insignifiance réside dans sa bigarrure insolite allant du taxi à l’imprévisible espace des bars malfamés. Si l’auteur déconstruit les composantes de ce réel extravagant

ce n’est pas pour prétendre à un jeu classique de construction à l’image des châteaux de cartes, mais pour pousser le non sens à son paroxysme. Le puzzle casablancais est rétif à l’unité.


Toutes les nouvelles de ce recueil participent de ce corps fragmentaire qui renforce le chaos de l’angoisse et de la misère. En effet, les personnages appartiennent à cette classe damnée et marginale et sont porteurs d’un idéal extérieur, de valeurs authentiques et atypiques, qui échoue dans un monde dégradé. Comment pouvoir l’emporter sur cette crise de sens ? Le lecteur s’y identifie forcément et finit, du coup, par admettre les normes d’un monde à l’envers. Notre rire à la Kundera nous prend en otage à tel point que nous nous

trouvons, à un certain moment, piégés dans notre propre adhésion, pactisée à notre insu. Une impasse, un cul-desac inévitable. Ce n’est donc pas étonnant d’avoir affaire à un narrateur moqueur qui bat en brèches toutes ces formes puissantes à même d’écraser nonchalamment les petites gens d’autant plus qu’il fait fi du destin, du hasard et, pis encore, de la Providence. Et le récit de devenir tendu. D’entrée de jeu, le recueil s’ouvre, à notre grande surprise, par une sorte de manifeste sur l’acte d’écrire qui ne manque pas d’humour et

d’autodérision. Comment installer cette distance visà-vis de soi ? Comment rejeter l’acte d’écrire pour le penser en toute objectivité ? Comme si le narrateur nous mettait face à un paradoxe insoluble (même dans l’eau !) : écrire en toute conscience, s’abstenir d’écrire tout en écrivant, écrire et réfléchir sur l’acte lui-même, écrire sur l’écrivain. Au lieu de nous inviter à lire, il ne cesse de nous plonger de facto dans son univers, comme s’il s’amusait, non sans sadisme décontracté, à nous défier, à nous piéger les yeux ouverts. Rien n’est gratuit dans 10.10.2016 culturetoute.com 11


cette constellation de récits rebelles et angoissants. Une tension perpétuelle qui structure l’intégralité du recueil et illustre dans un manège vertigineux de mise en abyme l’écartèlement douloureux des protagonistes. Ceuxci vivent leur déchirure antérieure parce qu’ils auraient raté leur rencontre heureuse avec la vie, voire avec le destin. Tout est décalé et rien n’est littéralement ponctuel. Ils vivent, j’allais dire survivent, pour se rattraper. N’est-il pas un personnage tragique celui qui court derrière le leurre tout en étant conscient de l’inutilité du mouvement ? Le dilemme vécu par les personnages n’est qu’une métaphore, une action inefficace car rien ne change et tout est tracé d’avance. Leur descente aux enfers s’avère, depuis leur première tentative de vivre, implacable et surtout inévitable. Casablanca est le seul héros de l’histoire. Une ville qui agit sur les hommes, sur le monde et sur elle-même. La poétique de l’espace s’anéantit volontairement au profit d’un miasme citadin qui débouche sur la bassesse quoique le lieu soit protéiforme : le taxi, le salon du livre, l’aéroport, les bars, les souks, le commissariat, la zebbala… l’humain y est juste éjectable, un simple accessoire dépourvu de choix. La réalité est malencontreuse et la vie est irrévocablement absurde. 12 culturetoute.com 10.10.2016

Même la coïncidence est rationnelle, le hasard calculé, dans une vie insignifiante qui s’évertue à reproduire les mêmes schémas quant à ses victimes de prédilection : les marginaux. Le personnage de la nouvelle intitulé ironiquement « Seul l’émerveillement est permis » offre le portrait hors du commun d’un être malicieux qui, à l’instar d’une créature célinienne, rejette le mystification de la patrie et répond au chauvinisme par un opportunisme susceptible d’envahir le centre et de le toucher en puisant la périphérie négligée, afin de réussir sa vie professionnelle en vendant des mots, ces devises que les incrédules prennent pour des vérités inébranlables. Son ascension se concrétise donc de manière intransigeante à telle enseigne que le moment d’apothéose se mue, soudain, en décadence symbolisée par un lieu plus réconfortant que le baisemain, à savoir les Toilettes ! Ce texte dépolitise le royaume et abandonne délibérément les rapports structurés pour bien les remettre en cause, avec beaucoup de virulence, ne serait-ce que dans ces monologues intérieurs qui provoquent aussi bien le rire que l’amertume. Les exemples sont prolifiques quant à ce clivage que les personnages arrivent à réaliser tout en

sombrant tantôt dans des virées métaphysiques tantôt dans railleries intérieures où leur liberté en tant qu’individus se vengent de cette insignifiance arrogante et sarcastique : la vie. De l’écrivain idole aux barbus rêveurs (la barbe du prophète), la structure de l’échec évolue à vue d’œil jusqu’à ce que le tragique se trouve parfaitement déjoué. Voici l’étrangeté de ce recueil : quand on adhère aux causes des personnages ou qu’on s’adonne à l’identification cathartique, le tragique est avorté comme si le texte nous tendait des perches, souvent des hameçons, et nous engageait dans une autre facture, plus profonde, au-delà des émotions, pour qu’on renoue avec le monde à appréhender cette fois-ci par le filtrage de la raison. On ressemble plus ou moins à Fadma dans La vieille du Don Quichotte qui s’immole en signe d’identification du héros. Ainsi, notre hésitation déchirante nous apparente également au profil de Mahmoud dont les idéaux estudiantins tombent à l’eau face aux exigences de son métier de commissaire. Tout est à la fois velléité et volonté de principe non suivie de réalisation. A-t-on une issue sinon ce bateau qui nous embarque dans une vallée de bière pour un voyage à vie ? Il y a également, heureusement même, ce subterfuge rédempteur, ce terrain de salut, qui nous exhume


de la vie comme elle va, c’est-à-dire cette respiration factice, ce piètre espace appelé communément la vie, par un pur abus de langage. L’humour, l’ironie, la moquerie, la risée sont les maitres-mots de ce choix à la fois courageux et lâche pour affronter ce monstre aux aguets : l’insignifiance. Dans ce combat arbitré par l’injustice entre des forces inéquivalentes, seul le renoncement nous sauve. La résignation est la seule force car le bras de fer n’est même pas possible. Mieux vaut-il démissionner que de se soumettre aux alibis de l’absurde. On comprend pourquoi d’ailleurs l’adverbe « nonchalamment » est presque récurrent dans toutes les nouvelles. L’indifférence camusienne est la pire des satires devant le protocole humiliant du régime et face à l’immensité invincible d’un monde impitoyablement misanthrope. Se contenter de survivre c’est passer à côté de son destin, certes, mais oser regarder la vie en contre plongée est une manière de la terrasser malgré la petitesse et la faiblesse dont sont dotés ces marginaux. Est héros celui qui a pu comprendre le jeu malsain de la vie en échouant même dans la passivité tragique ou encore dans le rire qui au lieu de tourner le dos au monde préfère lui donner sens. © culturetoute.com 10.10.2016 culturetoute.com 13


la revue de presse #du jeudi 27 octobre 2016 Des cinéastes appellent à un «plan de sauvetage du cinéma» au Maroc

C’est un mémorandum au ton très alarmiste que vient de diffuser la Chambre marocaine des producteurs de films (CMPF) sur les difficultés que connaît le secteur du cinéma au Maroc. D’entrée de jeu, la chambre présidée par le réalisateur Ahmed El Maanouni lance un appel pour un «plan de sauvetage du cinéma» pour faire face à l’état de «délabrement» du paysage cinématographique sur plus d’une décennie. © huffpostmaghreb.com Le 27 octobre 2016

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Saïd Taghmaoui dans un remake musical de «La Haine» avec le rappeur A$AP Rocky (VIDÉO)

On l’avait aperçu dans des clips de Damian Marley ou Skrillex. L’acteur Saïd Taghmaoui, qui poursuit sa carrière aux Etats-Unis, vient de se faire remarquer pour son rôle dans le dernier clip du rappeur américain A$AP Rocky. Dans cette vidéo de 12 minutes en noir et blanc, l’acteur marocain campe un caïd des banlieues londoniennes, un rôle qui ressemble de près à celui qu’il jouait dans «La Haine» du réalisateur français Mathieu Kassovitz, le film qui l’a fait connaître il y a vingt ans. © huffpostmaghreb.com Le 27 octobre 2016


Les architectes marocains Driss Kettani, Saad El Kabbaj et Mohamed Amine Siana raflent un nouveau prix Les architectes marocains continuent de recevoir des distinctions. A Istanbul, les architectes Driss Kettani, Saad El Kabbaj et Mohamed Amine Siana viennent de remporter l’un des deux prix du Mediterranean Mimar Sinan Prize, qui récompense l’architecture et l’urbanisme dans la région méditerranéenne. Le prix est organisé par l’Université Mimar Sinan des Beaux-Arts à Istanbul et décerné chaque année par le programme Med 21, parrainé par plusieurs institutions d’enseignement de l’architecture en Méditerranée. Cette année, deux prix ont été décernés, l’un pour la rive sud de la méditerranée, pour lequel le trio casablancais a été primé, et l’autre pour la rive nord qui est revenu à l’architecte français Christian de Portzamparc, qui, pour l’anecdote, est un natif de Casablanca et n’est autre que l’architecte en charge de la conception du futur Grand théâtre de Casablanca... © huffpostmaghreb.com Le 26 octobre 2016

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War Dogs, de Todd Phillipps ! par Laila Boui Idrissi Fun, dynamique et décomplexé, War Dogs est fascinant mais ce n’est pas une comédie comme le laisse supposer la bande annonce. Loin du cynisme de l’excellent Lord of 16 culturetoute.com 10.10.2016

War, Todd Philipps traite le sujet de façon banale et préfère montrer deux inconscients de 20 ans qui se moquent littéralement des conséquences de leurs actes pour faire

de l’argent. « War Dogs » nous relate un fait assez inconnu sur deux amis trafiquants d’armes qui vont goûter à la vie de riche avant de sombrer peu à peu dans l’illégalité,


les facettes cachées de ce business ombrageux et les gros problèmes. L’histoire peut paraître un peu désorganisée dans son début, mais on y voit ensuite plus clair et le sujet passionne de plus en plus face au déroulement du film. Le duo d’acteurs Jonah Hill/Miles Teller fonctionne bien face aux caractères opposés des personnages: le premier ne pense qu’à s’enrichir, il en arrive à user de la manipulation et du vice, le deuxième qui malgré l’influence que l’argent peut avoir sur lui, reste toutefois raisonnable et arrive à conserver ses valeurs morales. Ce film

touche à un sujet très sérieux mais avec beaucoup d’humour ce qui le rend plus attrayant. Mais on ne peut pas assimiler ce film à une chef d’oeuvre, il y a évidemment des faiblesses dans la narration, mais également au niveau des personnages car le mélange comédie/ tragique a beaucoup de mal à s’équilibrer. Toutefois, ce film inspirée d’une histoire vraie, nous tient en haleine par la cupidité et les risques pris par les personnages. Sous un air de comédie ce film s’attaque directement à l’industrie des armes, et plus spécialement aux Etats-Unis. C’est donc une

critique ouverte dans ce contexte mondial de guerre, sous un fond d’humour et de comédie. Les réalisateurs qui arrivent à insérer des messages engagés sont souvent des réalisateurs d’exceptions dont il ne faut pas tarder à visionner leurs films. Au final, ce duo de petits marchands d’armes qui s’amusant dans la cour des grands trafiquants d’armes aux risques de se bruler les ailes, nous charment et on fini par apprécier le film. Sceptique au début, j’ai été conquise.. © culturetoute.com 10.10.2016 culturetoute.com 17


Abdellatif Zine Interview ExclusivE par Nadia Jacquot Président fondateur du Syndicat Marocain des Artistes Plasticiens et Président de l’Association National des Arts Plastiques entre autres, Monsieur Zine Abdellatif est un artiste hors du commun. L’art n’est pas qu’une passion, c’est un combat. Il vit pour faire avancer l’art au Maroc et aider les artistes talentueux marocains à vivre de leur passion. Actuellement, un de ses projets est à l’affiche au Studio des Arts Vivants de Casablanca. C’est un spectacle mêlant art pictural et musique gnawa. Une drôle 18 culturetoute.com 10.10.2016

d’association qui s’annonce époustouflante. Comment est né ce projet fou de spectacle mêlant art pictural et musique gnawa ? Tout a commencé très loin d’ici à Rio de Janeiro où j’ai réalisé des œuvres picturales sur des danseuses de samba. En tant que plasticien, j’ai été séduit par le fait de voir l’art plastique s’exprimer sur un corps en mouvement exprimant lui aussi l’art de la danse et de la musique. La musique, la danse, les couleurs et les formes ne faisaient qu’un.


« La culture,

c’est quelque chose d’ancré dans notre quotidien.»

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Plusieurs années après, je réussi à finaliser un projet mêlant musique, peinture et danse. Le spectacle est présenté à plus de 140 journalistes internationaux (critiques d’arts internationaux et journalistes de différents médias). Les télévisions du monde entier ont transmis le spectacle. Les critiques étaient très positives, ce qui m’a donné envie de continuer. J’ai d’ailleurs par la suite réalisé plusieurs représentations au Théâtre Trianon à Paris, et encore j’ai été salué par les critiques.

l’esplanade de la mosquée Hassan II à Casablanca. Ainsi tout le monde pouvait admirer les œuvres d’artistes talentueux, qu’il soit étudiant ou expert en art, curieux ou passionnés. L’art s’est installé dans un lieu où toute personne va et fréquente.

Dernière question et certainement la plus compliquée. Qu’est-ce que pour vous la CULTURE ? Je vais essayer de résumer ce vaste sujet. La culture, c’est quelque chose d’ancré dans notre quotidien. On peut la définir comme notre manière de vivre. La culture s’acquiert et cela inclus nos coutumes, nos traditions, nos valeurs, Monsieur Zine, vous êtes un artiste nos croyances et notre langue. Elle est engagé. L’un de vos combats de à la fois singulière, collective et même démocratiser l’art au Maroc. Vous universelle. La culture nous donne un voulez rendre accessible à tous l’art et sentiment d’appartenance et permet la culture. Qu’est-ce qui vous pousse à d’établir des liens avec les autres : des mener ce combat ? points communs comme des différences. L’art est un langage universel. Tout le monde devrait y avoir accès. Riche comme Elle est reflétée par notre patrimoine, notre histoire et notre créativité. Les pauvre, citadin ou paysan. L’éducation retombées d’une culture solide mais à l’art est primordiale pour mieux vivante impactent clairement sur le comprendre le monde qui nous entoure. L’art permet de s’ouvrir au monde et de se développement social et économique et créent surtout un cadre fertile et propice surpasser. à la création artistique et à l’innovation en C’est pourquoi j’organise un salon général. contemporain qui permet à des artistes parfois inconnus du grand public Monsieur Abdellatif Zine est avant tout d’exposer. Ils sont scrupuleusement un grand Monsieur et un grand artiste sélectionnés pour leur talent et non pas qui, malgré son grand âge, innove et pour leur célébrité. surprend. Par ce spectacle TRANS’ART, Par ailleurs, j’ai créé une manifestation il prouve une fois de plus que l’art est que j’ai appelé FADAE ENNAS qui réunit déclinable à l’infini. des artistes peintres du monde entier au Maroc. FADAE ENNAS se déroule autant que possible des lieux accessibles ©culturetoute.com au large public. Cette année, c’était sur 10.10.2016 culturetoute.com 21


« Quand j’entends parler de culture... je relâche la sécurité de mon Browning ! » Hanns Johst

par Mourad HAMAYET

Du temps de ma jeunesse folle, comme toute âme bien née, parallèlement à mes humanités et parce qu’elles m’en laissaient la possibilité, je voulais ‘’faire du bien, défendre la veuve, l’orphelin et le pauvre, prendre aux riches pour donner aux démunis et autres menus travaux dans le but avoué de refaire le monde.’’ C’était l’heure où mon cœur débordait et où mon esprit était encore pur. Ce Moment de l’Histoire était propice car c’était l’heure de l’Indépendance du Pays dont les responsables étaient écrasés par l’immensité de la tâche de reconstruction. J’avais eu la lumineuse idée de proposer à mes ‘’camarades de lutte’’ que nous, quelque peu privilégiés par le sort et le hasard, offrissions notre temps de vacances à ceux qui avaient besoin de notre savoir et de nos lumières pour les aider 22 culturetoute.com 10.10.2016

à accéder à la connaissance. Concrètement cela voulait dire offrir à notre jeune ministère de l’éducation nos trois mois de vacances, pour enseigner là où il aurait bien voulu nous affecter, douar reculé ou quartier défavorisé. Nous étions jeunes, en bonne santé et légèrement privilégiés au plan matériel. Tout cela faisait qu’il me semblait qu’il eut été normal que nous restituassions peu ou prou de ce que nous avions reçu. Que ne dis-je là, misérable petit bourgeois que j’étais ! Quoi ? Qu’ouissent donc là mes camarades ? Pactiser avec l’Autorité ? Abandonner la lutte initiale et/ou finale et entrer dans les ordres ou l’ordre ? Que nenni, jamais, eux vivants, cette proposition de renégat ne passerait !... Comme le Gaston de Franquin, je me dis, l’air benêt mais sûr de ma raison :


- M’enfin !... Quelques –dizaines- d’années plus tard … Je devisais récemment avec un responsable d’entreprise qui recrute énormément et que j’apprécie pour ses diverses qualités dont une belle culture et une approche holistique des problèmes. Nous parlions de l’état de l’éducation au Maroc et je lui demandai si, honnêtement, dans le cadre de l’exercice de son métier, il était aussi sévère que le jugement général à propos de la qualité de cet enseignement. Sa réponse m’effraya proprement puisqu’il m’affirma que j’étais très éloigné de la réalité en parlant de baisse de qualité de l’enseignement puisqu’il n’y avait aucun doute là-dessus et qu’il s’agit hélas d’un flip abyssal, le flip étant un plongeon arrière… Puis de me dire que les ressources humaines disponibles sur le marché du travail sont bien rarement ‘’utilisables’’ en l’état, qu’elles nécessitent toutes une mise à niveau, et qu’hélas il arrive même de plus en plus souvent que ce soit peine perdue ! Sans circonlocutions, la qualité de l’enseignement est en perdition pour ne pas dire au plus bas ! Divers bons mots circulent çà et là à ce sujet et certains heurtent carrément le bon sens. Alors ? S’agit-il d’une copie d’examen au milieu duquel on s’aperçoit catastrophé ‘’qu’on a tout faux’’ et qu’il faut reprendre complètement ? – Hélas non, il ne s’agit pas de double-feuilles à froisser et déchirer, mais de jeunes humains dont l’appétit de vivre et d’agir ne saurait être discuté en aucune manière et par qui que ce soit. Confions à l’Histoire le jugement de ce crime contre le Maroc perpétré par des politiques plus démagogiques et plus nulles les unes que les autres et reconnaissons que la crise actuelle de notre enseignement témoigne simplement de

son inadaptation aux problèmes auxquels il est supposé apporter ou proposer des solutions. Dans un pays qui nous inspire assez souvent, la France, on a pris conscience depuis 1981, de la ‘’nécessité de pallier les inégalités sociales et culturelles par une politique fondée sur la pluridisciplinarité, l’ouverture, la responsabilisation’’. Ce vœu pieu a-t-il été exaucé ? ‘’La montée générale de la violence, … exige des réponses urgentes. A la lumière des expériences passées, on peut jeter un nouvel éclairage sur les problèmes du présent. En revivifiant l’enseignement aux sources de la culture, c’est la pédagogie qui se voit renouvelée : travaillant en équipes pluridisciplinaires, les professeurs dynamisent leur discipline, les élèves se motivent autour d’un travail qui soudain prend sens, les partenaires découvrent l’école sous un autre jour, ouvert, dynamique. Le cadre rigide de l’école éclate, les horaires se bousculent, l’institution prend vie. Plus que jamais la démarche culturelle peut constituer une réponse au malaise actuel de l’Ecole.’’ In, La culture au secours de l’école: pour une pédagogie renouvelée’’ Claire Monférier , L’Harmattan, 191 pages. Alors oui, si c’est pour se servir de la culture comme d’une arme contre l’ignorance, l’illettrisme, le retard et la démagogie. Cent fois oui : En avant … Culturetoute.com mo’ ©culturetoute.com

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par Khalid Mhammedi Le 12 octobre dernier a eu lieu la céremonie de remise de prix de la littérature arabe au sein de l’institut du monde arabe à paris. Le marocain Réda Dalil a obtenu la mention spéciale du jury pour son roman « Best-seller» a reçu son prix des mains de jack lang Le seul Prix français de littérature arabe Créé en 2013 par la Fondation Jean-Luc

Lagardère et l’Institut du monde arabe, le Prix de la littérature arabe est la seule récompense française distinguant la création littéraire arabe. Ce Prix promeut l’œuvre d’un écrivain ressortissant de la Ligue arabe et auteur d’un ouvrage écrit ou traduit en français. Valoriser et diffuser en France la littérature arabe en plein temps fort de la rentrée littéraire, telle est la volonté des deux fondateurs de ce Prix.

INTERVIEW YOUSSEF AIT BOUSKRI par Khalid Mhammedi

Né en 1979 , à Marrakech au Maroc, Youssef Ait Bouskri est un artiste photographe professionnel basé à Marrakech et spécialisé dans la photographie publicitaire et la photographie de rue. Youssef Ait Bouskri s’estime heureux de pouvoir vivre de sa passion et de pouvoir aider ses clients à mettre leurs produits en avant en leur délivrant des photos fortes et qui répondent à leurs besoins avec une qualité mais aussi une réactivité qui deviennent sa marque de fabrique. Il se livre en exclusivité à #CULTURETOUTE

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Qui est youssef ait bouskri ? Né à Marrakech en 1979 , photographe et designer autodidacte, formateur en photographie et en architecture et design d’intérieur , installé à Marrakech mais pratiquant un peu partout dans le monde , passionné par son métier , toujours à la quête de beauté dans les moindres détails avec une approche singulière , enrichie par son intérêt pour des disciplines multiples et variées Son approche artistique est construite autour d’une sensibilité rare , une conscience de la beauté dans les choses les plus ordinaires, et d’une maîtrise technique de ses outils de création , lui permettant


de traduire ses visions avec une spontanéité impressionnante . Un homme en constant émerveillement devant ce monde qui nous entour . Racontez nous tes premiers pas dans la photographie. La photographie a toujours fait partie de mes outils de recherche, dans des domaines différents, que ce soit comme outils de prise de note , observation du monde autour de moi, documentation d’idées et processus de réalisation ... pour devenir finalement mon moyen préféré d’expression Quels souvenirs indélébiles vous laissent cette passion ? La photographie a complètement changé ma perception des choses , a aiguisé mon œil . La photo te pousse à ne plus juste effleurer la surface des choses , mais d’aller vraiment dans les détails , atteignant ainsi des degrés de conscience qui dévoilent la beauté en chaque chose Quels ont été tes inspirations dans ce métier ? Le monde est mon inspiration , dés que j’ouvre mes yeux , des scènes de beauté s’offrent à moi à chaque instant , partout où je regarde , quelques unes sont plus insaisissables que d’autres , ce qui me pousse constamment à essayer de m’améliorer pour être prêt pour en capturer le plus possible et en rater le moins . Une quête qui s’avère souvent très gourmande en énergie mais dont la satisfaction finale vaut vraiment l’effort Quel le secret de ta réussite ? Mon travail est devisé en deux parties : Un côté commercial , qui consiste à répondre aux besoins précis de clients , souvent exigeants , car leur image ou celle

de leur produit depend de la qualité des photos que je leur réalise , vu que notre mode de consommation de l’information a complètement changé et devenu entièrement visuel , cela veut dire que ma responsabilité n’en devient que plus lourde. La seule manière d’y arriver c’est d’être extrêmement attentif aux besoins du client , voir même anticiper ses besoins quand , lui même , n’a pas d’idée précise, donc le photographe est appelé souvent à faire , en plus de son travail , celui d’un directeur artistique voir même conseillé en marketing ce qui rend ce métier très intéressant et gratifiant. Sans oublier qu’une parfaite maîtrise des outils est primordiale pour pouvoir se concentrer sur le côté créatif plutôt que sur le côté technique, ce dernier doit devenir une seconde nature, et ainsi , les outils doivent devenir un extension du corps et de l’esprit , c’est seulement là où on peut s’épanouir autant que photographe Et puis il y a les projets personnels qui sont d’une importance primordiale au maintient de la passion , je vous explique : Le plus souvent , quand on choisi de faire de sa passion son gagne pain , quand on est payé par un client pour produire des images , ce qui était au début une source devient d’un coup une source de stress vu que les attentes des clients sont toujours élevées . La seule manière de garder la passion pour ce qu’on fait est de trouver le temps pour travailler sur des projets personnels sans aucune pression sauf celle que s’impose soit même . Tes conseils à un débutant ? Toujours avoir un appareil sur soi, ne seraitce que son téléphone. Ne pas hésiter à s’arrêter et prendre le temps de prendre la photo. Analyser et comprendre la lumière, comment elle réagit sur des surfaces différentes, selon la nature de ces dernières , selon la nature de la lumière elle même , selon la taille de la 10.10.2016 culturetoute.com 25


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source de la lumière , sa distance par rapport au sujet , son angle d’incidence ... tout est une question de lumière. Consommer des photos de grands photographes, les analyser pour comprendre ce qui fait d’une photo une photo réussite, car quand on comprend pourquoi cela fonctionne, on peut reproduire les éléments qui en font une photo de qualité. Cela va dans l’autre sens également : il faut aussi analyser les photos ratées pour cerner ce qui ne fonctionne pas et ainsi l’éviter la prochaine fois qu’on appuie sur le déclencheur. L’évolution peut, ainsi,être très rapide. Ton appareil de travail actuellement ? J’ai pris le soin de dédier un matériel différent pour mon travail commercial et un autre pour mes projets personnels, notamment les projets de livres . Des boîtiers Canon 5ds pour le commercial et des boîtiers x-series Fujifilm pour les projets personnels, ceci justement pour bien faire une rupture

nette entre les deux. Le prix qui t’a le plus marqué ? Au-delà de tous les prix, l’honneur ultime ,sans aucun doute, a été que mon travail soit présenté à sa majesté, que dieu le préserve Suivi par la fierté de mes proches, et en suite vient la reconnaissance de grands photographes et artistes de renom que j’ai eu le plaisir de rencontrer sans oublier que chaque client satisfait est un prix en soit le personnage photographié qui t’a donné le plus de soucis ? Pas vraiment de soucis mais des chalenges: mon projets personnel actuel qui consiste à photographier des trisomiques afin de leur montrer, à eux et à leur familles ,qu’ils sont beaux , vraiment beaux ,au-delà de la perception et jugement de notre société, dogmatisée par les «normes», car il y a toujours un point de vue , un angle , une lumière qui dévoilent la beauté de chaque être et chaque chose , ceci est ma quête. ©culturetoute.com

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le Zajal marocain, un art à réhabiliter. par Mounir Serhani

Tramway ou le poème de la traversée intérieure

Mourad Kadiri

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Le Zajal est une forme poétique écrite en dialecte marocain née en Andalousie. Le poète qui choisit d’écrire dans sa langue maternelle dialectale se présente comme l’héritier légitime d’un patrimoine historique et artistique de ses ancêtres andalous. Il ne s’agit pas d’un refuge mais plutôt d’une résurrection esthétique à même de renouer avec cette mémoire collective et cet âge d’or de l’art marocain digne de ce nom. Mourad Kadiri affirme que les puristes conservateurs voit d’un mauvais œil cette forme poétique qui au lieu d’être hissée au rang des patrimoines universels se contente d’une place timide et discrète comme si le dialecte appartenait à la masse ou pire encore aux gens incultes. Or l’écriture dans le dialecte marocain a en effet sa propre

esthétique autonome et non moins enchevêtrée que l’arabe littéraire. Vers la deuxième moitié des années 80, le Zajal a connu un essor grandiose avec la prolifération de plusieurs œuvres poétiques, théâtrales et artistiques d’autant plus que cette poétique a été enfin assimilée comme une composante culturelle indispensable à l’identité marocaine. De nos jours, il existe un panel important de poètes marocains consacrant le Zajal et en font un choix littéraire investi dans plusieurs rubriques du paysage culturel marocain telles que la publicité, les festivals nationaux, les rencontres et les récitals. Le Zajal a pu même intégré l’espace universitaire d’autant plus que nombre de chercheurs s’y sont intéressés dont Mourad Kadiri qui a soutenu une thèse de doctorat portant sur l’écriture du poète Ahmed Lemseyeh, ultérieurement publiée


sous le titre suivant : l’esthétique de l’écriture dans le poème du Zajal marocain. Les autres langues s’intéressent désormais à cet art à travers la traduction de quelques poèmes en français et en anglais. En effet, mis à part l’espagnol il n’y a jamais eu de traduction de recueils intégraux ! Ainsi, un recueil d’Ahmed Lemseyeh a été traduit en espagnol, à savoir «Hal ou Hwal» et deux autres de Mourad Kadiri sont également disponibles dans cette même langue, «Ghzil Lebnat» et «Tir Allah». Aujourd’hui, nous voyons naître la version française de Tramway, recueil renfermant des poèmes représentatifs de l’expérience de Mourad Kadiri. Ce recueil est écrit sous le signe de la pluralité voire même de la diversité linguistique et culturelle du Maroc car il se nourrit des répertoires musical et ethniques qui transcendent les tensions et les conflits idéologiques. Tramway est une synthèse esthétique qui regorge de mots quotidiens et usuels chez les marocains. N’est-il pas donc légitime de dire que le Zajal est réservoir censé emmagasiner un patrimoine oral en voie de disparition ? Ne s’agit-il pas d’un art qui constitue le texte de fond pour la chanson marocaine dans toute sa complexité pluriculturelle et géographique ? C’est un musée vivant qui voue le diaecte à la pernnité dans la mesure où il resuscite même les mots et les expressions tombées en désuetude. Les générations à venir y trouveront une référence identitaire à même de les réconcilier avec leur passé et leur marocanité, et ce grâce aux qssaides et fragments dont l’unité concurrence la poétique moderne de ceux qui s’adonnent, entre autres, au poème en prose. Tramway serait peut-être le premier recueil dédié au lecteur francophone. La découverte de la poésie de Mourad Kadiri m’a été comme une fulgurance qui a ouvert mes yeux sur un texte digne d’être invité dans la langue de Molière, c’est-à-dire qu’il s’ouvrira ainsi à une autre culture et sera accueilli par un autre lecteur

ami, une géographie poétique différente et d’autres horizons où les langues minoritaires se réhabiltent et reniassent. Ce recueil de poésie est un livre de mouvement car il est voué à une thématique transversale, une sorte de métaphore filée qui nous accompagne du début jusuq’à la fin : La Traversée. Tramway de Mourad Kadiri fait fi du progrès technique qui ne cesse d’abolir les traces d’une vieille civilisation incarnée par l’espace des deux villes, Rabat et Salé, entre lesquelles le poète voyage perpétuellement. Ce poète part à la recherche d’une enfance enfouie au fin fon de sa mémoire dans une sorte d’introspection spatiale capable de lui procurer des frissons de prophète recevant la Révélation longtemps attendue. Il ne cesse de scruter le Minaret de Dieu, l’écoulement du fleuve, Bouregreg, la nouvelle image du Centre Culturel Russe… Mais c’est picaro de la ville qui resurgit dans ce rapport intime à l’espace : alphabet de l’errance et de la nostagie. Le paradoxe de ce recueil réside dans le double « je » car le regard de l’adulte côtoie celui de l’enfant comme dans un texte autobiographique. Or le poète n’échappe pas à la douleur du regret auquel on se heurte à l’expérience du Retour. L’enfant qu’il était finit par l’emporter sur ce Moi qui aspire à la délivrance. Ce déplacement dans l’espace débouche in fine sur une nouvelle expérience, à la fois intime et esthétique : le voyage intérieur doublée d’une réflexion sur le poème. Tramway devient désormais un manifeste poétique où le poète clame son amour de la poésie laconique, du verbe performatif et du corps fragmentaire du dialecte personnalisé. Qui plus est, c’est la poésie qui est refuge et rédemption, rencontre et rupture, qui contient la patrie et l’exil, et c’est ce langage érotisé qui donne vie au moi nostalgique d’un corps féru d’une autre forme de traversée : habiter le monde en poète, comme dirait Hoderlin repris par Heidegguer. ©culturetoute.com 10.10.2016 culturetoute.com 29


INTERVIEW Ramzi Adek Exclusive par Nadia Jacquot

Ramzi Adek, artiste de pop art, d’origine franco tunisienne, présente ses plus belles œuvres depuis quelques semaines à la Villa des arts de Casablanca (08 septembre au 30 novembre 2016 ), puis fera quelques kilomètres pour faire connaissance avec le public de Rabat du 15 décembre 2016 au 31 janvier 2017. Comment s’est passé l’exposition à la Villa des Arts de Casablanca ? L’expo à Casablanca s’est bien passée. Ça été intensif parce qu’il a fallu produire une exposition en l’espace de 35 jours. Je ne connaissais pas du tout le Maroc. Il m’a fallu un temps d’adaptation. Mais, j’ai facile30 culturetoute.com 10.10.2016

ment trouvé mes marques. Mais pour un premier contact avec le public marocain, je suis relativement content et espère de belles retombées. Qu’attendez-vous de l’exposition à Rabat et l’appréhendez-vous? J’attends bien sûr encore plus de visibilité. Je vais pouvoir présenter quelques nouvelles œuvres. A Rabat, ça va plus être un travail de fond afin de peutêtre mieux présenter mon travail auprès des médias. A Casablanca, le vernissage s’est déroulé pendant l’Aïd et donc beaucoup de gens, dont les médias étaient en vacances. Etant donné les retours positifs et agréables sur mon travail, je


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« La culture

est pour moi l’histoire de chacun. La mienne, c’est celle des « teenage » des années 80...»

suis relativement confiant. Avez-vous d’autres projets au Maroc et ailleurs dans le monde ? Oui je vais réaliser une fresque comme j’ai pu le faire en Tunisie, mais cette fois-ci dans un orphelinat à Rabat. Pour ce qui est de mon actualité, je vais partir aux USA fin octobre 2016 pour réaliser quelques fresques murales au Windwood à Miami pendant l’Art Basel, puis certainement une expo à Hambourg. Qu’est-ce que la culture selon Ramzi Adek ? La culture est pour moi l’histoire de chacun. La mienne, c’est celle des « teenage » des années 80 et tout ce qui touche l’«Entertainment » par le biais de l’art. Ma culture est naturellement populaire, c’est pourquoi je fais du pop art et que mon expo est baptisée « Pop life ». © culturetoute.com 32 culturetoute.com 10.10.2016


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Exposition

L’Histoire du Maroc exposée à Paris L’exposition se poursuivra jusqu’au 30 décembre prochain Après “Le Maroc contemporain” à l’Institut du monde arabe et “Le Maroc médiéval” au Musée du Louvre, une nouvelle exposition dédiée à l’Histoire du Royaume se tient actuellement au Musée de l’Ordre de la Libération à Paris.... © libe.MA

Inspiré par un morceau de Hoba Hoba Spirit, il en fait un clip (VIDÉO)

Ahmad Bouzoubaa, Fondateur et créatif de lamaisondesartistes.ma & culturetoute.com

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Pour sponsoriser un mailing envoyez votre demande à ahmadbouzoubaa@gmail.com. La Maison des Artistes s’est fixée comme objectif de promouvoir l’art contemporain marocain. Notre agence également spécialisée dans la communication propose un concept original pour la décoration murale des bureaux et de l’intérieur des locaux. Notre agence se charge aussi de tous travaux de conception, d’édition ...


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