Madame Tallal de Chtouka
Numéro 161
France • Liban • Maroc
HOUSSEIN TALLAL (NE EN 1942), PORTRAIT IMAGINAIRE, 2012
le mag culturetoute.com
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la chronique Art de Mourad HAMAYET
“Dictatorship“ Achraf BAZNANI
PLAGIAT : Retour à l’envoyeur par Khalid mhammedi Je me suis toujours posé la question de ce que c’est un plagiat ? Ou se termine l’adaptation ? Jusqu’à quel niveau peut-on s’inspirer d’une œuvre existante ? Les personnes avec qui j’ai abordé ce sujet n’ont jamais été unanimes sauf deux (grands artistes de surcroit ) - A l’instant ou, dans une discussion, tu me dis un avis ou une pensée, que je l’écoute et que la reprend de ma propre voix, avec mes propres mots, porté par le souffle divin de dieu en moi : ca ne peut être considéré comme du plagiat : les mots et leurs sens sont devenu miens. Je me suis rappelé cet épisode au moment ou une polémique a éclaté entre un site d’information (dont le modèle économique ne fait pas ses preuves ) et entre un artiste photographe marocain , Achraf BAZNANI, pour ne pas le nommer ( NDLR , c’est déjà fait sans te rendre compte) Le site en question reproche à notre photographe national de reprendre les idées de ses clichés à Joel ROBISON, ce même photographe canadien fait aussi face à des accusations de plagiat de la part de beaucoup de photographe amateurs sur le net. En parallèle, Achraf BAZNANI a récolté rien qu’en 2016 plus de 7 prix prestigieux répartis entre l’Australie et les états unis en passant par Rome vu que tous les chemins y mènent ( c’était facile ), Il est exposé à travers le monde y compris au Digital Private Exhibition dans l’enceinte du musée du Louvre ( excusez du peu ) et il a fait la couverture de tous les magazines branchés photographie et art dont Zoom magazine ( revue des
collectionneurs d’art depuis 1953) et le nombre de ses élections en tant que meilleur talent émergent ne se compte plus . En somme, c’est un artiste autodidacte qui ne doit rien à personne et qui lève très haut le drapeau du Maroc, le drapeau de l’art marocain et le drapeau de la photographie marocaine et pour porter tous ces drapeau tu as intérêt à avoir des épaules solides. Reste que la photographie est le parent pauvre des Arts plastiques au Maroc. Si ailleurs, sous d’autres cieux les photographes sont des figures de proue de l’art moderne et contemporain, chez nous les amalgames et les idées passéistes ont encore droit de cité. D’où certaines urgences. Des écoles de photographies avec des professionnels qui y officient pour former des générations de bons photographes chacun avec sa sensibilité propre et son regard sur la société et le monde. Sans parler de musées ( afin de soutenir le seul existant ) pour y exposer les travaux des photographes non seulement marocains mais aussi les étrangers, histoire de créer une réelle plateforme de travail et de créativité. Je me pose juste une petite question : un frêle autodidacte de Marrakech doit avoir beaucoup de génie pour tromper tout ce monde et touts ces institutions et publications prestigieuse et cette tromperie perdure dans le temps ? rien que pour ça ne devrions nous pas lui rendre hommage et s’incliner devant L’ARTISTE. © culturetoute.com 04.11.2016 culturetoute.com 3
Numéro 161 du 4 novembre 2016 couverture Ahmad Bouzoubaa pour culturetoute.com
actu 03 Chronique, PLAGIAT : Retour à l’envoyeur
SOMMAIRE
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10 Art, Exposition de Karim Marrakchi par Abdelhak Najib
en une 06 Art, “Madame Tallal de Chtouka” la chronique Art de Mourad HAMAYET
#culturetoute
magazine 08 Cinéma, “10 CLOVERFIELD LANE” chronique de Laila BOUI
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10 édition, “L’attrait de l’illusion et la Jungle des humains” dans Hot Maroc de Yassin Adnan une chronique de Mounir Serhani 14 Mode, Ghizlaine El Ibrahimi, notre « Chakouka » préférée Interview Exclusive
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16 Edition, Mouna HACHIM, Interview Exclusive
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(1) Tallal, Portrait imaginaire, 2012 (2) Chaïbia – Masque, 1965
Madame Tallal de Chtouka Son fils s’appelle Houcine. Il est artiste-peintre comme elle et l’était bien avant elle. Il habitait les Hauts de Casablanca, tout près d’un hôtel ou s’est joué le sort du monde en 1943. Il avait une petite voiture ‘’sport’’ décapotable, de couleur bleu-ciel si ma mémoire ne m’abuse et il était – et est encore probablement - d’une douceur et d’une gentillesse peu communes. Nous nous voyions assez souvent avec d’autres amis et restions ensemble jusque tard dans la nuit à refaire le monde, avant qu’il ne me propose gentiment de me raccompagner dans le centre-ville ou je demeurais.
par Mourad HAMAYET
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Je l’appelais tout simplement Tallal, et j’ai ignoré son prénom, Houcine donc, pendant des décennies. A la limite il préférait qu’on l’appelât ainsi, de son nom d’artistepeintre. J’aime vraiment beaucoup sa peinture : ces œuvres étranges, envoutantes, délicates, un peu surréalistes, ses masques de la nuit, ses personnages échappés de l’obscurité, toujours légers, vaporeux et mystérieux. Lui-même se jugeait à l’époque très sévèrement et me disait constamment devoir travailler beaucoup pour arriver à dire ce qu’il avait à dire. Un jour, alors
*(2)
que je ne savais strictement rien de sa généalogie, il m’informa qu’il rêvait de peindre aussi bien que sa mère dont, me dit-il, il était certain qu’elle connaitrait une gloire mondiale. J’en restai coi et lui demandai de me parler davantage de sa génitrice. Il me raconta son histoire que tout le monde connait maintenant et me fit voir quelques-unes de ses œuvres, chez un mécène européen. - Son nom d’artiste ? - Chaïbia… http://touria.damoussi.over-blog. com/article-chaibia-tallal-la-defuntepeintre-marocaine-de-renommeemondiale-106160255.html L’art naïf - auquel ressortissaient ces toiles, ne respectant ni la perspective, ni les dimensions, ni l’intensité de la couleur, ni la précision du dessinavait pourtant les faveurs du public qui considérait le caractère ’’naïf’’ comme normal pour notre toute jeune peinture issue d’une civilisation qui s’est longtemps interdit la figuration.
Et le succès de cette grande dame arriva alors sous forme de raz de marée sur les cinq continents, partout où l’on goûte la peinture. Au Maroc, hélas, elle a souffert et continue de souffrir des exactions d’un monstre hideux : la contrefaçon. Est-il possible, où que l’on aille, de ne pas se retrouver nez à nez avec une croûte infâme criminellement signée du nom de Chaïbia ? C’en est grotesque et l’on a signé de son nom jusqu’à des ‘’œuvres’’ non supérieures, esthétiquement parlant, à des couches de bébé usagées tendues sur cadre ! Elles ornent les salons et les Puis-je avouer ce que je lui dis alors ? Je couloirs - et je le jure pour l’avoir vue, pense que oui, car je suis absous par le jusqu’aux toilettes de nombre de maisons délai de prescription : bourgeoises ! Au point qu’aujourd’hui, les - Je dois avouer que le travail de ta experts affirment que les tableaux signés maman ne laisse pas indifférent ! ‘’Chaïbia’’ contrefaits, en circulation, Il faillit s’étrangler et ne me cacha même dépassent de loin, en nombre, les œuvres pas qu’il fallait être aveugle et n’entendre originales. rien à la chose picturale pour oser faire Alors désolé de vous dire la vérité, mais preuve de tant de tiédeur en parlant du si vous possédez un de ces tableaux dont pur génie de sa maman, précisant qu’en la côte des originaux dépasse souvent le comparaison, son travail était un essai million de dirhams, avant de vous croire poussif ! riche, faites-le expertiser. En fait, il était indéniable qu’à mesure que Pour clore, je vous souffle un ‘’truc’’ qui je regardais les œuvres de la paysanne vous permettra peut-être d’épargner le des Doukkalas qui lui avait donné le jour, montant d’une expertise sérieuse : Si j’en découvrais l’équilibre, le sens des c’est laid, c’est un faux et quel que soit le proportions, l’originalité des couleurs et prix payé, il est exorbitant. même une espèce de gouaille, d’humour ©culturetoute.com populaire enthousiasmant, propre à me régaler. 04.11.2016 culturetoute.com 7
“10 CLOVERFIELD LANE” par Laila Boui Idrissi 10 CLOVERFIELD LANE Le film de la semaine n’est nul autre que 10 CLOVERFIELD LANE, anciennement intitulé «The Cellar» puis «Valencia» avant de trouver son véritable titre
gardien essaye de la rassurer en lui disant qu’il lui a sauvé la vie après une attaque chimique d’envergure et qu’elle ne doit en aucun sortir. En l’absence de certitude, elle décide de s’échapper... C’est un film que j’ai affreusement aimé, un thriller apocalyptique qui au premier quart d’heure vous entrainera dans une peur constante, celle d’une jeune femme qui se retrouve enfermée par un homme dont elle ne sait absolument rien, avec la possibilité de s’échapper 8 culturetoute.com 04.11.2016
10 Cloverfield Lane. C’est l’histoire du jeune femme qui se retrouve dans une cave après un accident de voiture après s’être évanouie. Elle pense avoir été kidnappée, mais son
mais, de se retrouver ensuite confrontée à des radiations chimiques mortelles. C’est face à ce choix de rester à l’intérieur et co-habiter avec cet homme étrange et dangereux dont elle ne sait rien, ou quitter le bunker et mourir, que le film va progresser. C’est un huis clos qui nous laisse en permanence entre deux vérités, on suit le cours de l’histoire et on ne sait plus que croire, les questions s’activent, sans savoir qu’elles peuvent en être les réponses. Dans ce film la tension est
pesante, on essaye de se mettre à la place de la jeune femme, on essaye de jauger la situation, et à chaque scène on demande discrètement à soi même, et moi qu’aurai-je fait de plus ou de moins qu’elle ? pourrais-je survivre face à cette folie. C’est toute la beauté de ce film, il est réalisé de telle façon à ce que chacun de nous soit le personnage principal à sa manière et rare sont les films qui arrivent à créer cette atmosphère et cette tension constante. Il y’a beaucoup d’incohérences c’est un fait et certains passages ne sont pas très rationnels mais ce n’est
pas le plus important, le plus important pour moi c’est qu’on arrive à ressentir la frayeur, la souffrance, les questions de cette jeune femme comme si nous étions présent avec elle. Evidemment lorsqu’un réalisateur tombe sur une très belle idée et décide de se lancer dans sa réalisation
cinématographique, il y’a toujours un moment ou ça dérape, ce film n’a pas fait l’exception, la fin est affreusement farfelue, mais je ne veux pas en dire plus, Bon film © culturetoute.com 04.11.2016 culturetoute.com 9
“L’attrait de l’illusion et la Jungle des humains” dans Hot Maroc de Yassin Adnan par Mounir SERHANI Une comédie noire et subversive Yassin Adnan est pluriel dans sa création. Poète, nouvelliste et romancier, il décide, après cinq ans de travail acharné et patient, de publier son premier roman qui n’a pas l’air d’un premier roman car il s’affiche d’ores et déjà mature et convaincant. Hot Maroc nous plonge dans l’ambiance d’un regard mobile qui rappelle celle du « Cahier du voyageur » où les multiples espaces visités s’opposent à la fixité des êtres souffrant de torpeur maladive ou, pis encore, d’un dégoût de vivre, c’est-à-dire de se déplacer. Vivre cette espèce d’ubiquité c’est être un vrai citoyen du monde. Effectivement, les 460 pages écrites, et il est noté noir sur 10 culturetoute.com 04.11.2016
blanc, entre Côte d’Azur (2011) et Bruxelles (2015). D’entrée de jeu, il faut dire que la linéarité narrative nous trompe car elle se trahit elle-même : le linéaire est juste apparent. Le récit est, en effet, fondé sur une trame inextricablement complexe dans la mesure où le roman dans son intégralité aboutit à une sorte de puzzle qui refuse qu’on lui enlève un détail qui fait bel et bien sens. A l’image d’un anti-héros voltairien, le personnage principal se retire parfois en préférant le silence qui consiste à semer des blancs transversaux dans le corps fragmentaire du roman. En somme, Hot Maroc donne à voir une société en détresse dans laquelle on scrute les tares
de la conjoncture actuelle. Il n’est pas hyperbolique de comparer Laâouina au personnage du Tambour de Günter Grass, à savoir Oscar qui regardait les tréfonds de la société “d’en bas”, comme s’il réalisait le regard “en contre plongée”, comme dirait un cinématographe. Sa lâcheté rappelle également la nonchalance des personnages de Céline qui n’effectuent leur revanche que dans la fiction, ou souvent dans le monde onirique qui est un espace de substitution par excellence. Laâouina se résigne devant ses ennemis et n’ose jamais les affronter, mais procède à un règlement de comptes fallacieux et irréel. C’est grâce à l’avènement de la nouvelle technologie que ce personnage va pouvoir se venger des autres. Une guerre totale et, du coup, pérenne se déclenche et rien ne peut en endiguer le déferlement intarissable. Et le romancier de nous inviter à l’univers de « Illusions perdues » (Balzac) où l’on fait une critique acerbe du journalisme qui dirige la masse depuis les zones d’ombres. Hot Maroc, une revue électronique dont la malhonnêteté est le maitre-mot influant ainsi l’opinion publique. Il s’agit d’un épisode sur la dépravation des hommes par le biais de la plume « prostituée » ! Le parallélisme avec la bête humaine n’est
pas aléatoire, d’autant plus que chaque personnage de Hot Maroc a son corollaire dans le monde bestiaire. Des similitudes autant physiques que comportementales. En fait, cette approche zoologique est adoptée à des fins analytiques dont le seul et unique objet est bien entendu le genre humain dans ses faiblesses, ses défauts, ses splendeurs et ses misères. De l’universitaire arriviste et incompétent au donquichottesque estudiantin utopiste, le monde est un simple théâtre, « le theatrum mundis », un bal masqué où même le tragique se trouve, en l’occurrence, déjoué avec un humour extrêmement décontracté. La démagogie des politiciens, la prostitution des journalistes dépourvus de toute conscience morale, voici les deux univers primordiaux d’un roman structuré par une donne majeure ; j’ai nommé : la déception. L’échec d’une génération, l’échec d’un esprit réformiste et pourquoi pas l’échec d’une nouvelle idéologie. C’est pour dire que c’est une écriture résolument actuelle d’un Maroc en devenir. Les tares d’une société ou le Maroc en miniature Rahal est un écureuil qui fait partie de 04.11.2016 culturetoute.com 11
Avec feu le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite
Avec Akadir Benali, Abdellah Taïa, Rahim Al khasar au Trophée Beyrouth 39
cette facture satirique qui bat en brèches les différents visages d’une société en faillite, en crise de sens et on ne peut plus à la dérive. L’espace romanesque est subdivisé entre deux lieux principaux : l’université et le cybercafé. Et l’écartèlement des personnages sont autant l’expression du déchirement de l’individu moderne face aux mutations imposées par un monde en permanent changement que la représentation allégorique d’un Maroc en miniature. Ainsi serait-il difficile de classer génériquement ce roman, Hot Maroc, dans la mesure où il serait réducteur de le qualifier d’historique ou encore de réaliste. Il ne s’agit même pas d’un simple biographème car Rahal est un anti-héros qui s’adonne à ce que Roland Barthes appelle « le ne rien faire », ses actes sont manqués, ses comportements biaisés et vécus sous le signe de la lâcheté et de la rétrogradation. Il est dénudé de toute grandeur et de toute noblesse. Son aspect prosaïque, pour ne pas dire terre à terre, fait de lui, comme par enchantement, un être versatile dont le destin est voué sinon au fatalisme du moins au hasard de l’Histoire. Rien ne se fait grâce à sa volonté de sujet autonome. Or c’est là où réside paradoxalement la matière romanesque inépuisable : les rebondissements prolifèrent et les péripéties résultent du hasard, de l’accidentel. Mais le lieu adulé de ce personnage décalé est incarné bien évidemment par l’espace du rêve où cet infiniment petit devient, soudain, un infiniment grand, parce que le rêve est un lieu de prouesses et d’exploits épiques. Car le rêve est une affirmation de soi. Car le rêve est le moment propice pour que le moi tourne le dos au monde. Car le rêve anesthésie le mal de vivre et injecte la force d’affronter. Car Rahal est un être faible et fragile écrasé par des forces puissances. Car il incarne parfaitement le personnage tragique, conscient de sa finitude ! La constellation de personnages n’est que satellitaire dans la mesure où ces derniers ne représentent que de pâles reflets, des êtres factices, que voile une vraie faune : Abdeslam la mante, Halima le cygne, Aziz le lévrier, Mourad la gerbille, Atika la vache, Bouchaïb l’éléphant, Alyazid le chien, etc. La pieuvre et la chamelle, choisies comme symboles électoraux par deux partis politiques, nous transportent dans le zoo
électoral marocain. C’est un “monde à l’envers” qui permet de dé-couvrir, avec subtilité et beaucoup d’humour, le bestiaire en nous. Hot Maroc est une comédie « noire » qui décrit ce brusque changement que la vie des marocains a connu après l’apparition de l’Internet à tel point que cette vie comme elle advient passe d’un coup du sens de la frugalité sereine au vacarme du progrès. Il est question d’un roman qui raconte les faits politiques à travers un personnage désespéré vivant dans l’ombre et se délectant dans les fausses accusations en ayant recours, sans aucun courage ni scrupules, j’allais dire cyniquement, à la pseudonymie, dans un monde purement virtuel qui lui assigne par contre du caractère et de l’ampleur, ne serait-ce qu’à titre mensonger et illusoire. Bref, de la classe des émigrés échouant dans la délinquance à celle des opportunistes dégoutants, l’auteur ne cesse de brosser le tableau d’une société en décadence. Même le religieux est détourné de son terrain naturel pour servir des intérêts plus terrestres et profanes. Le progrès numérique fabrique, entre autres, les figures éminentes du fanatisme religieux, le désespoir des jeunes marocains les oblige à quitter le pays pour un éventuel eldorado outre-mer et les petites gens sont enfoncés dans l’abîme. Ce roman est écrit dans et pour la marge. Un plaidoyer pour les marginaux ! C’est de la périphérie qu’il s’agit dans Hot Maroc, un récit omniscient qui donne la parole aux négligés de l’Histoire dans une alliance insolite dans laquelle les frontières entre le virtuel et le réel s’estompent complètement pour que la jungle des pulsions triomphe : la dissolution des valeurs, la haine, la rancune, les magouilles, les pièges et la cruauté. Comme dans « Le trottoir de l’apocalypse », Yassin Adnan se délecte dans la négation de la vie, dans la déception indifférente à l’image d’une métaphysique cioranienne qui se complait dans ce que Nietzsche aurait appelé : le gai désespoir. © culturetoute.com 04.11.2016 culturetoute.com 13
Ghizlaine El Ibrahimi, notre « Chakouka » préférée Interview exclusive
par Nadia JACQUOT
Petit à petit l’oiseau fait son nid, paraît-il ? Ghizlaine El Ibrahimi en est un bel exemple. Connue pour sa marque CHAKOUKA, la jeune styliste n’a pas qu’une corde à son arc. Artiste à part entière, elle a su se faire un nom et planter ses graines au gré de ses voyages. Où qu’elle passe, son talent et son originalité est reconnue. Urbaine, créative et quelque peu sulfureuse, bientôt, on parlera de Chakouka sur les cinq continents. C’est tout le mal que l’on lui souhaite. Marocaine de naissance et surtout marocaine de cœur, Ghizlaine El Ibrahimi nous raconte son parcours et nous confie qui elle est vraiment. Comment as-tu débuté dans le milieu du stylisme ? Tout d’abord, je voudrais préciser que je ne me sens 14 culturetoute.com 04.11.2016
pas styliste. Bien que j’aie suivi toutes les formations pour acquérir le savoir-faire nécessaire pour créer des vêtements, je me sens plutôt Designer Artiste Graphiste. Je ne crée pas que des vêtements. Je réalise de la maroquinerie et des objets de toutes sortes. Sur mon site chakouka.com, vous aurez une idée de l’étendue de mes créations. Je suis une touche-à-tout. Tout ce qui touche à la création me passionne. Vous avez d’autres cordes à votre arc. Quels sont-ils ? A la base, je suis décoratrice d’intérieur. C’est d’ailleurs dans ce domaine que j’ai fait mes études. J’ai travaillé 6 ans dans la décoration avant de lancer ma marque Chakouka en 2014. Je m’éclate beaucoup à proposer des projets de décoration à des
clients qui me font confiance. Comme j’ai un besoin de m’exprimer sans limite, j’ai lancé mon propre univers à mon effigie. Je fais aussi de la peinture. J’ai toujours aimé peindre. Je peins depuis que je suis enfant. J’ai même gagné des prix. Je peins toujours dès que j’ai un peu de temps.
d’Europe que ça soit lors de la Africa Fashion Show à Milan, l’Africa Design days à Paris ou sur d’autres events. Je suis actuellement au Quai des Créateurs sur la Marina de Salé. J’occupe un pop store avec d’autres créateurs. On peut y trouver toutes mes dernières créations et notamment ma dernière collection « I love my size » avec Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire ce laquelle je cherche à décomplexer les dames sur la question très sensible de métier de Designer Artiste? Qu’est-ce qui t’inspire ? leur taille de vêtement. Un besoin d’expression. Toutes mes créations sont en réalité l’expression de Quelle est votre définition de la culture ? mes principes ou des messages que je Pour moi, la culture est sans frontière. cherche à passer. Le sac que j’ai créé, Ma culture est inspirée du monde qui qui m’a fait connaître, avec le gros STOP m’entoure, grâce aux voyages que j’ai pu dessus a été réalisé afin d’interpeller faire ou ce de que je sais des traditions tous ces hommes qui embêtent les des autres pays. Sans l’ouverture au femmes dans la rue. Je crois que le monde, je n’ai pas de culture. Je suis message passe plutôt bien auprès de un mélange des traditions africaines, ces hommes indélicats. J’en ai fait l’expérience, croyez moi. européennes, américaines et même asiatiques tout en gardant une touche Quels sont vos derniers projets et les marocaine. Je reste marocaine avant futures sans vouloir être indiscrète ? tout. Ce que j’aime c’est apporter des On pourra bientôt trouver mes créations messages ludiques et sensibiliser grâce Chakouka à Paris, à Genève et même à Milan. Je suis contente car je commence à l’artistique. C’est l’art et la culture en à me faire connaître en dehors du Maroc. générale qui fait changer le monde. Ils participent à son évolution. Mon travail commence à porter ses © culturetoute.com fruits. J’ai exposé dans plusieurs pays 04.11.2016 culturetoute.com 15
Interview Exclusive par Khalid MHAMMEDI
Présentez-nous Mouna HACHIM, la femme et l’écrivain Passionnée d’histoire et de patrimoine, bercée depuis l’enfance par des récits magiques dans des ambiances fascinantes, parcours polyvalent depuis mon cursus universitaire en littérature comparée, plus de la moitié de ma vie mariée (rires), deux enfants qui sont de jeunes adultes maintenant et une capacité fabuleuse à m’émerveiller même au milieu de la difficulté…
plait ; n’aime pas les activités monomaniaques à rythmes fixes, au risque de me lasser et de brimer l’envie de créer. Mais en règle générale, je m’aménage régulièrement des plages pour la réflexion et l’écriture ; d’autres pour l’activité sportive.
« Chroniques insolites de notre histoire », comment peut-on avoir l’idée de départ d’un tel livre ? Ce livre se situe dans une suite logique en phase avec mon cheminement intellectuel et avec mes travaux antérieurs, Comment se passe vos qu’il s’agisse de mon roman journées type ? Aucune journée ne ressemble « Les Enfants de la Chaouia » vraiment à une autre. Je ne où j’ai fait appel à la mémoire supporte pas la routine pour populaire en me rendant cela que je ne peux avoir une compte du décalage existant journée type. Mon réveil ne entre la richesse foisonnante sonne pas aux même heures ; je de cet héritage et l’aridité de dors quand j’en ai envie, travaille certaines sources écrites ; «Le pareillement quand cela me Dictionnaire des noms de famille 16 culturetoute.com 04.11.2016
» où j’ai tenté de raconter l’histoire de notre pays sous un prisme captivant, rompant avec la linéarité des récits institutionnels qui omettent de mettre suffisamment l’accent sur l’histoire des populations, leurs modes de vie, leurs mouvements, leurs interactions… L’idée est de présenter une histoire distancée des discours produits par les différents magistères et par les imageries à la fois nationales et étrangères qu’elles soient orientales ou occidentales, leur démagogie, leurs
idéologies… en remontant le fil du temps depuis la période antéislamique jusqu’à l’orée du XXe siècle. Le livre est un travail de recherche phénoménal, racontez-nous combien de temps et d’énergie cela vous prend t-il ? Quand on aime, on ne compte pas, n’est-ce pas ! Il s’agit en effet d’années de travail, une grande énergie déployée, des sacrifices de toutes sortes... Le roman m’a pris près d’une année et 04.11.2016 culturetoute.com 17
a t-il attiré des ennuis ? Jamais. D’abord, il me semble même si les efforts doivent être continus que le Maroc est en train de changer dans le sens d’une plus grande souplesse face à ces questions. D’autre part, les gens qui me lisent savent que je ne suis pas dans une démarche malveillante, sensationnaliste, stigmatisante. Je ne roule pour aucun bord, je ne sers aucune cause. Mon amour est immense pour ce pays qui est le nôtre Pour ce livre et vos livres précédents, la presse est unanime à les saluer, le succès dans ses aspects les plus mystérieux, et je pense que cela se sent. Alors, je ne peux commercial est-il au rendez-vous ? pas parler d’ennui mais en revanche, d’une Dans une configuration désastreuse profonde indifférence qui me rend autant comme la nôtre où la vente de 1000 indifférente du reste, ma force consistant exemplaires d’un ouvrage en fait un bestdans le fait que je n’attende Rien si ce n’est seller, oui, c’est un succès commercial pour mes ouvrages dont un est à quelques de vivre tranquillement avec mes livres et de continuer à cheminer de manière 6000 exemplaires. Mais la réalité est indépendante. autrement plus complexe… Je ne suis pas un éditeur subventionné par le ministère Ton coté glamour casse avec le de la Culture et dont chaque vente est stéréotype des ecrivains/historiens , forcément un plus ; mais un auteur c’est une marque de fabrique ou un atout qui auto-finance ses recherches et ses marketing ? publications dans un contexte déprimant Non, je suis tombée dedans quand j’étais même pour les plus braves. Ce qui petite (Rires). En fait, je n’aime pas être m’importe toutefois, c’est la réception du prisonnière d’un carcan, me fondre dans public qu’il s’agisse des lecteurs ou des un moule, devoir être comme ci ou comme médias, tous ces encouragements reçus ça pour un ensemble de diktats sociosous forme d’articles ou de messages culturels imposés… Il faut savoir rester et qui me confortent dans mes choix en soi-même, en harmonie avec son être. Ça m’insufflant l’envie de poursuivre contre ne se vend pas dans des magasins de luxe, vents et marées. ça se cultive au fond de soi-même. Un écrivain chercheur dans l’histoire du Maroc arrive-t-il à vivre de sa plume ? On dit que vous adorez les enfants, Tout dépend de ce que l’on entend par n’avez-vous pas pensé à un livre pour Vivre. Vivre Libre, indépendant, Oui. Vivre enfants dans le même registre ? pour sa passion et pour exaucer ses rêves Pour fréquenter les enfants de près et en employant toute son énergie dans ce pour avoir fait des présentations de mes sens, oui. Se nourrir d’idées, d’idéaux, de livres en milieu scolaire, je peux témoigner sensations, d’émotions, Oui. Maintenant, s’il s’agit de payer ses factures, car figurez- de leur grande capacité à s’intéresser à ces thématiques. Le tout est dans la vous et malgré les mythes, un écrivain, ça manière de le faire. Effectivement un livre ne vit pas que de l’air du temps (rires), et serait un beau projet s’il est accompagné bien mille fois Non. Je ne sais pas pour d’illustrations ou de supports audioles autres mais moi si j’attendais après visuels. Ce qui nécessite forcément des les livres pour me nourrir, je serai déjà fonds plus conséquents. On en vient plusieurs fois morte et enterrée. encore à la problématique de l’édition et 7 - Débroussailler les contes officiels vous aux priorités accordées par les instances demi de temps; le « Dictionnaire des noms de famille », 9 ans entre les deux éditions et près de 3 ans pour les « Chroniques Insolites »… Mais c’est aussi une inépuisable source de bonheur et d’évasion. Une manière de s’élever au milieu des contingences liées au quotidien, et cette sensation de faire œuvre utile installée dans la durée.
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culturelles officielles. Des projets futures Plein de projets dont un livre déjà terminé que je publierai d’ici peu incha’Allah, un autre en cours et dans la tête, le mouvement perpétuel…. © culturetoute.com
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Exposition
L’Histoire du Maroc exposée à Paris L’exposition se poursuivra jusqu’au 30 décembre prochain Après “Le Maroc contemporain” à l’Institut du monde arabe et “Le Maroc médiéval” au Musée du Louvre, une nouvelle exposition dédiée à l’Histoire du Royaume se tient actuellement au Musée de l’Ordre de la Libération à Paris.... © libe.MA
Agadir à l’heure du Festival du film amazigh
Ahmad Bouzoubaa, Fondateur et créatif de lamaisondesartistes.ma & culturetoute.com
20 culturetoute.com 04.11.2016
Pour sponsoriser un mailing envoyez votre demande à ahmadbouzoubaa@gmail.com. La Maison des Artistes s’est fixée comme objectif de promouvoir l’art contemporain marocain. Notre agence également spécialisée dans la communication propose un concept original pour la décoration murale des bureaux et de l’intérieur des locaux. Notre agence se charge aussi de tous travaux de conception, d’édition ...
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