Culturetoute162

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Numéro 162

culturetoute.com • France • Liban • Maroc

#culturetoute en marge de la

COP22 Interview exclusive

Mehdi Jassifi

© Photo Mehdi Jassifi assistant photographe zakaria wakrim

avec

s’abonner

“OCEANS ”

Interview exclusive

Rachid Khaless avec



Grands pouvoirs : Grandes responsabilités par Khalid mhammedi En 1962 . Un jeune universitaire américain du nom de Peter Parker travaillait dans le laboratoire de son université quand il fut piqué par une araignée radioactive, cet accident lui donna de super pouvoirs : agilité, réflexes accélérés, précognition, force surhumaine, facteur guérisseur. Au départ le jeune Peter Parker n’a pas su comment déployer ses super pouvoirs et il ne comprit le sens à donner à sa vie de super héro qu’à la mort (accidentelle et tragique) de son oncle Ben. - A grand pouvoir , grande responsabilité ! rappelle toi Peter pour ne pas le regretter par la suite, à grands pouvoirs il t’incombe de grandes responsabilités vis-à-vis de la société et vis-à-vis de ta conscience. Tout ceci se passe dans l’imagination de Stan Lee et Steve Ditko. Treve d’imaginaire et souhaitons, dans le monde réel, à notre leila Slimani nationale tout le bonheur et le succès du monde mondial , ce petit être frêle et délicat vient du haut de ses 31 ans et ses 160 cm de remporter le prestigieux prix Goncourt avec son second roman « Chanson Douce « . Roman en rupture de stock en France et en partage sous format pdf par la communauté whatsapp au Maroc. Leila a là l’occasion de faire connaître la littérature du pays

en France, contrairement à Taher Ben Jelloun qui en a eu l’occasion mais n’a rien fait de tel. Un prix de cette ampleur implique une responsabilité vis-à-vis de son pays d’origine, si elle peut user de sa visibilité désormais massive pour sortir des auteurs talentueux de l’anonymat, cela l’honorerait de le faire, bien que n’y étant pas obligée. A l’exception de quelques écrivains, la majorité des gens de lettre ne parle jamais au grand jamais de ses pairs, préférant capitaliser seule sur un succès ( passager par définition) et se focalisant sur une carrière ou sur les débouchés marketing du nom soudain célèbre. Notre Slimani, auréolée dorénavant de son Goncourt, pourrait s’engager sincèrement à faire lire ses compatriotes maintenant que tout ce qu’elle dit prend une ampleur internationale. C’est un pouvoir immense dont elle peut faire usage pour ressusciter la littérature marocaine locale, étant entendu que celle des écrivains publiés en France n’a nullement besoin de cet énorme coup de pouce. Peter Parker est devenu par la suite le légendaire Spider Man . C’est le moindre mal que nous souhaitons à leila : LA LÉGENDE. © culturetoute.com 07.11.2016 culturetoute.com 3



Numéro 162 du 7 novembre 2016 couverture Ahmad Bouzoubaa pour culturetoute.com

SOMMAIRE

actu 03 Chronique, Grands pouvoirs : Grandes responsabilités 14 Art, L’actrice Raouia sacrée aux JCC 14 Edition, Le Maroc prend part au Salon international du livre de Charika aux Emirats arabe unis

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15 Musique, Un million de vues pour le nouveau clip de Nasr Mégri

en une 06 Cinéma, OCEANS - Art Project by Mehdi Jassifi Exclusive

#culturetoute

10 édition, Rachid Khaless, l’homme, l’universitaire et l’écrivain Exclusive

10

magazine 16 Art, “Madame Tallal de Chtouka” la chronique Art de Mourad HAMAYET 18 Cinéma, “10 CLOVERFIELD LANE” chronique de Laila BOUI 20 édition, “L’attrait de l’illusion et la Jungle des humains” dans Hot Maroc de Yassin Adnan une chronique de Mounir Serhani

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24 Mode, Ghizlaine El Ibrahimi, notre « Chakouka » préférée Interview Exclusive 26 Edition, Mouna HACHIM, Interview Exclusive

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par Khalid MHAMMEDI Dans le cadre de la COP22 qui se tiendra du 7 au 18 Novembre 2016 à Marrakech, l’association ARKANE MAROC, militante pour l’Art et toutes les formes d’expressions artistiques libres et libertaires, membre de l’Alliance Marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD), a obtenu la labélisation «COP22 Marrakech» pour le projet WACE (World Art COOP EXPRESSIONS) jumelé avec ARKANE AFRIKA 2 (deuxième étape).

OCEANS - Art Project by Mehdi Jassifi OCEANS , on a compris le choix de la thématique en ce moment précis , expliquez nous le choix des partenaires ? OCEANS est un projet artistique incluant des artistes de différentes disciplines. Oda Simi reconnue comme djette à travers sa campagne féministe sous le Hashtag #Evenboobscanmix. Oda est aussi une jeune femme très engagée par sa vision et ses idéaux décalés et avant-gardistes. Amal El Atrache reconnu en tant qu’actrice marocaine sur le grand et le petit écran. Amal est aussi une artiste pluridisciplinaire pratiquant de la peinture, dessin, photographie et aussi performance. Au sein du projet OCEANS, Amal a visé haut et nous donne un avant gout de ses atouts en réalisation vidéographique. Et moi-même en tant que concepteur de ce projet. J’essai de multiplier par ce projet mes performances et développer un exercice dans le même créneau d’art que je pratique. pourquoi ce titre ? Ce projet vise à sensibiliser au sujet du manque alarmant d’accès 6 culturetoute.com 07.11.2016

à l’eau potable en Afrique et au Moyen Orient. Aujourd’hui rare sont les pays qui ne sont pas très impactés par cette crise. Certains Etats comme le Maroc et Israël, pensent à développer des technologies écologiques et avant-gardistes. De plus en plus de centrales de désalinisation des eaux de mer voient le jour mais pas encore assez pour fournir les zones les plus arides de notre planète. plusieurs aspects artistiques se réunissent dans ce travail , les projecteurs sont braqués sur lequel ? Ce projet sera présenté sous la forme d’une vidéo-performance réalisée par Amal El Atrache où je me mets en scène personnellement accompagné de l’artiste Oda Simi. Et d’une série photographique issue de la performance réalisée. Bien que ce projet ait des inspirations géopolitiques, son essence reste artistique et humaine. on vous a connu sur un projet plus audacieux que la presse international a abordé plus que la nationale , tu t’assagis ?


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MEHDI JASSIFI / BIOGRAPHIE

M e h d i J a s s i fi e s t n é à Casablanca en 1992 et débute très tôt la photographie à 18 ans. En 2012, il rejoint le collectif SOORA qui est la première galerie en ligne de photo marocaine. Depuis, il a exposé ses travaux dans plusieurs villes du Maroc et en France, notamment à la Biennale de Marrakech 2014, au sein du programme Mastermind d›art contemporain à la galerie Venise Cadre (GVCC) à Casablanca (2016) et la semaine internationale de Quimperlé en Bretagne 2015. Mehdi aime les Hommes. Sans frontières ni tabous. Et sa sensibilité à fleur de peau fait de lui un demandeur de questions qui parfois (même souvent) transgressent les règles établies. Des questions qu’il exprime à travers son objectif. Il rêve d’un monde où l’obscurantisme est balayé par la lumière de ses flashs. Un monde où les Hommes sont égaux en Droits et en Devoirs. Et en Humanité.

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(Rire) J’ai toujours été sage. Mais cela ne m’empêche d’approcher des sujets très sensibles d’ailleurs j’ai commencé comme cela avec ma première série photographique intitulée « Too young to get married ». J’assume mon statut d’artiste militant. C’est dans ce créneau là où je peux exprimer mon art en toute sincérité et le plus humainement possible. Faire des jolies créations insignifiantes ne m’inspire pas vraiment. Je suis inspiré du monde dans lequel je vie, par la beauté et toute la cruauté injuste que j’y trouve. au fait , et au delà de la bio officielle , qui est mehdi jassifi ? Je suis exactement comme ma biographie officielle me décrit : « Mehdi aime les Hommes. Sans frontières ni tabous. Et sa sensibilité à fleur de peau fait de lui un demandeur de questions qui parfois (même souvent) transgressent les règles établies. » des projets futures ? Je suis en pleine finalisation du volet vidéo-performance Détox – Hchouma Project. De nouvelles collaborations verront le jour dans le cadre de ce projet. Deux autres projets seront concrétisés au cours de l’année suivant (2017) mais je préfère en parler au moment venu !

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Interview avec Rachid Khaless par Mhammedi Khalil

Rachid Khaless, l’homme, l’universitaire et l’écrivain Présentez nous Rachid Khaless, l’homme, l’universitaire et l’écrivain ? Ca démarre bien avec vous à Culture toute ! Je suis né dans une petite bourgade du Gharb et je suis originaire de Taza. J’ai fait études de littérature française puis une agrégation en lettres françaises. Aussitôt, je me suis destiné à une carrière d’enseignant, métier qui permet d’être libre et de fréquenter les livres, mes véritables amours ! Autant l’homme que je suis est rêveur et désordonné, autant l’universitaire est rigoureux et exigent ! Heureuse contradiction que j’assume. Mais l’un et l’autre cultivent l’idéal de la vie comme elle vient et réinterrogent en elle ce qui se dissipe ou advient. Je suis dans une attitude d’accueil de ce qui m’entoure. A y voir de près, je suis un aventurier de la vie. L’écrivain en moi est, je crois, la synthèse de l’homme et de l’universitaire. De par mon métier, je suis un lecteur. Je suis constamment aux voisinages des livres et je ne suis dépaysé de cet 10 culturetoute.com 07.11.2016

univers quand j’écris. Etre sensible au monde, j’observe les choses et les êtres et j’enregistre. Je suis un peu voyeur de ce côté. Et ça m’aide beaucoup dans l’écriture. Mais je m’analyse constamment moi-même. Du coup, les psys n’ont jamais vu l’odeur de mon argent ! Justement, j’ai publié Cantiques du désert et Dissidences à l’Harmattan, respectivement en 2004 et 2009. Puis Dans le désir de durer en 2014 à la Maison de la poésie au Maroc. Un recueil chaque cinq ans ! Pour le roman, je publie un ou deux par an. 2015 a vu la publication de Pour qu’Allah aime Lou Lou et Quand Adam a décidé de vivre. Cette année, j’ai publié Absolut hob et bientôt mon quatrième recueil de poésie intitulé Guerre totale. J’ai donc le goût de l’effort, je crois. Comment se passent votre journée type ? Ma journée est une véritable course ! Pourtant je déteste la vitesse. J’aspire à une vie moins effrénée et plus gratifiante en rencontres


humaines. En attendant, c’est les cours à l’université Med V, les lectures quotidiennes et, quand j’ai un peu de temps, je me livre à des activités artistiques. Mais la nuit a un attrait particulier sur moi. Quand je n’écris pas, je fais la fête. Quoi de plus normal pour un homme comme moi. Asolut hob relate une histoire d’amour étrange, comment peut-on avoir l’idée de départ d’un tel livre ? Je vous remercie pour cette question. Le point de départ de mes romans est d’abord une idée. Quand Adam a décidé de vivre, par exemple, relate l’histoire d’un homme déclaré officiellement mort et qui doit prouver qu’il est vivant ! Absolut hob est l’histoire d’un couple éperdument amoureux et qui vit avec un cadavre. Je ne crois pas à l’inspiration, mais au labeur. Je cherche une trame et quand je la tiens, c’est parti pour la rédaction. J’écris rapidement. Absolut hob s’inspire de mon vécu, mais ce n’est pas ma vie. Pour ce livre, je voulais interroger les signes, premier matériau d’un romancier, et j’ai pensé aux tatouages, écriture portéé au corps avec une beauté et une maîtrise incomparables. Ah ! quelle merveille un corps tatoué ! Dans ce livre c’est l’écriture romanesque qui interroge l’écriture sur le corps. Pourtant, je n’en propose aucun discours. J’écris la vie des protagonistes de façon poétique. Si poétique que j’en ai l’amplitude grâce à mon ami, Mounir Serhani qui est un lecteur boulimique et fin connaisseur de la littérature contemporaine au Maroc. Il m’a proposé de lire ce texte par sa voix. Il en avait lu des extraits à Fès, en marge d’un Festival et il m’a bluffé par mon propre texte. Cet après-midi là, la lecture nous a sauvés de l’ennui et de l’attente. Dites-nous combien de temps et d’énergie cela vous prend un roman comme Absolut hob ? J’écris très rapidement comme j’ai déjà dit. Absolut hob a été rédigé en 25 jours, il ya deux ans. Mais j’ai laissé reposer ce manuscrit pour reprendre, plus tard, sa correction. Ça

m’a coûté quelques semaines d’élagage et de relecture à haute voix pour obtenir du rythme. Je tiens à remercier le nouvelliste Issam-Eddine Tbeur qui a accepté de relire le manuscrit. D’habitude, je me relis et quand les mots créent des images, je libère le texte – qui ne m’appartient plus. D’ailleurs je ne lis plus mes textes romanesques quand ils sont publiés ! Pour ce livre, la presse est unanime à le saluer, le succès commercial est il au rendez-vous ? Effectivement, les échos sont bons. Les lecteurs et la critique ont été sensibles à l’histoire du narrateur et de Lilas, la femme qu’il aime. Le livre est largement diffusé et le rythme des ventes est assez encourageants pour ce roman mis en vente il y a seulement trois ou quatre mois. Parler de succès commercial serait très prétentieux de ma part. Ce livre est sélectionné pour des prix littéraires. Les organiseurs de ces prix ont été attentifs, je crois, à sa qualité littéraire et à la vision qu’il véhicule. J’attends donc la suite des événements. Le temps de vie d’un romancier n’a rien à voir avec le temps de vie d’un livre. Seule la postérité décide de sa longévité ou pas. Un écrivain arrive-t-il à vivre de sa plume ? Oui, sous d’autres cieux. Au Maroc, c’est extrêmement dur de vivre de sa plume. Pour ça, il faut imposer le respect des droits d’auteur et assurer une large diffusion des livres. Très souvent, ce n’est pas le cas. A des exceptions près, tous les écrivains gagnent leur vie en travaillant. Il faut surtout les honorer pour leur statut symbolique et pour le rôle qu’ils jouent dans la société. Vous avez un autre talent que vous cachez, la peinture ! Attendez-vous un meilleur moment pour faire votre coming-out. Vous semblez bien informé ! Au fond, ça ne m’étonne pas de vous. Cette passion m’accompagne depuis plusieurs années. Je 07.11.2016 culturetoute.com 11


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peins assez régulièrement des personnages tendrement monstrueux saisis dans un moment d’étonnement. Les corps sont hâves, les figures émaciées et les mains démesurés. La morphologie humaine est sciemment déformée et cela donne une figuration revisitée, renouvelée. Ces créatures issues de mon imagination font peur à certaines personnes alors que, moi, je les accueille dans l’écrin de ma tendresse ! Au fait, je propose un travail figuratif à mi-chemin entre peinture et dessin. Et en ce moment, je prépare une exposition. Je pense pouvoir la réaliser courant 2017. Vous cultivez une image de Bad-Boy, c’est voulu ? C’est la vie qui s’exprime ainsi en moi. Et je laisse faire. Je suis un révolté et je n’hésite pas à dire ce que je pense. Ça intimide certains, ça plaît à d’autres. Mais je suis très fidèle à l’amitié. Je suis intransigeant sur une chose : ma dignité. Pour le reste, j’essaie de comprendre l’attitude des uns et des autres. Si des gens ne m’apprécient pas, je m’en fous. Bad-boy pour dire : bon vivant, alors je prends. Et que ce monde demeure ! On dit que vous adorez la ville de Tanger, pourquoi ? J’ai envie de répondre : qui n’aime pas Tanger ? Cette ville est, à mon avis, le Maroc concentré. Elle est ancrée en terre marocaine et regarde en direction de l’Europe. Tradition et modernité y voisinent. C’était la ville de mes vacances. Très lié à un cousin, je passais tout mon temps libre à écumer les ruelles et m’imprégner de la lumière de la ville, de ses contes et légendes, racontés, autour d’un calumet de kif, par un vieux. C’est une belle histoire d’amitié. Adulte, cette amitié continue de me guider. Je suis Président de l’association Med-Cultures et j’anime avec Hamid Abbou, mon ami d’enfance et libraire de la ville, des activités culturelles qui ont un bel écho dans la région. Tanger est un véritable pôle économique mais la culture est retard sur l’évolution rapide de la ville. La culture continue de me faire voyager.

10. Des projets futurs ? Absolument. Mais contrariés, j’avoue, par le manque de temps. Il y a plus d’un an, j’ai écrit un roman intitulé provisoirement Crime dans le désert. C’est une réflexion sur la responsabilité de l’homme. A-t-il ou non le choix devant sa destinée ? Ce livre a été conçu et comme un roman d’apprentissage. Le protagoniste, Qabli, entreprend un long voyage vers de Sud, mais aussi vers le sud de son cœur, et découvre que sa volonté est constamment mise à l’épreuve. Quel choix sera le sien ? Il me faut numériser ce texte et le proposer à l’édition. Par ailleurs, je suis sur un nouveau texte romanesque. Je vous fais cette promesse : vous aurez l’exclusivité d’annoncer ce projet. Quatrième de couverture : Un couple éperdument amoureux vit avec un cadavre. Par amour pour sa femme, le narrateur accepte et aussitôt regrette de ne pas avoir enterré sa belle-mère. Lilas, l’héroïne, croit déceler le sens même de sa vie dans les tatouages portés à sept zones névralgiques du corps de la défunte. L’homme entreprend alors une enquête au cours de laquelle il sera amené à s’interroger sur l’essence de cette passion que le couple baptise hob. « Devant le mystère de ces tatouages qu’elle aurait aimé arracher à coup d’ongles, tarissant en elle le deuil, voulait-elle se convaincre, malgré le déchirement des adieux, qu’un âge venait de mourir et qu’un autre la happait alors qu’elle s’y attendait le moins ? Un néant insondable allait accueillir et dissiper ce cadavre familier. En attendant, se persuada-t-elle, il fallait de toute urgence en conserver la forme, en fixer l’allure, en saisir la signification » Avec Absolut hob, sa troisième fiction, Rachid Khaless signe un roman d’amour étrange. Le lecteur, qui y découvre l’échec de l’homme devant les leurres de la vie, ne manquera pas d’en réinterroger l’ordre secret et l’horizon.

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la revue de presse #du Lundi 7 Novembre 2016 L’actrice Raouia sacrée aux JCC “Divines” de la Marocaine Houda Benyamina également récompensé L’actrice marocaine Raouia, Fatima Harrandi de son vrai nom, a été sacrée «meilleur rôle féminin» dans la catégorie «Première oeuvre» des Journées cinématographiques de Carthage (JCC 2016), qui ont pris fin samedi soir à Tunis. Raouia, une pionnière du cinéma national, campait l’un des premiers rôles dans le film «A mile in my shoes»... © libe.ma Le 7 novembre 2016

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Le Maroc prend part au Salon international du livre de Charika aux Emirats arabe unis Le Maroc prend part à la 35ème édition du Salon international du livre de Charika qui s’est ouverte en milieu de semaine, avec la participation de 60 pays. Prennent part à ce Salon qui connaîtra l’exposition de plus de 1,5 million de livres, plusieurs organismes publics et non gouvernementaux opérant dans le domaine du livre, des maisons d’édition, des institutions culturelles, des librairies et... © libe.ma Le 7 novembre 2016


Un million de vues pour le nouveau clip de Nasr Mégri

Une aubaine ! A 23 ans seulement, le chanteur marocain, Nasr Mégri, est sur un nuage. Il entre de plain-pied dans le monde de la célébrité. Son vidéoclip «Sa3a Dour» a déjà atteint le million de vues après une semaine de promotion à travers les radios nationales et privées, des sites électroniques ainsi que dans la presse écrite. «Nous devons ce succès à l’originalité de la chanson... © libe.ma Le 5 novembre 2016

Quatre films marocains au Festival du cinéma de Rome “Medfilm” Le Maroc participe avec quatre films, un long-métrage et trois courts-métrages, à la 22ème édition du Festival du cinéma de Roma «Medfilm» qui se tient du 4 au 12 novembre et dont la Tunisie et l’Iran sont les pays invités d’honneur. Il s’agit du long métrage “Petits bonheurs” de Mohamed Chrif Tribak et des courts-métrages “Ailleurs” d’Othman Naciri, “Azayz” de Ilias El Faris et “Wim’s... © libe.ma Le 5 novembre 2016 07.11.2016 culturetoute.com 15


(1) Tallal, Portrait imaginaire, 2012 (2) Chaïbia – Masque, 1965

Madame Tallal de Chtouka Son fils s’appelle Houcine. Il est artiste-peintre comme elle et l’était bien avant elle. Il habitait les Hauts de Casablanca, tout près d’un hôtel ou s’est joué le sort du monde en 1943. Il avait une petite voiture ‘’sport’’ décapotable, de couleur bleu-ciel si ma mémoire ne m’abuse et il était – et est encore probablement - d’une douceur et d’une gentillesse peu communes. Nous nous voyions assez souvent avec d’autres amis et restions ensemble jusque tard dans la nuit à refaire le monde, avant qu’il ne me propose gentiment de me raccompagner dans le centre-ville ou je demeurais.

par Mourad HAMAYET

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*(1)

Je l’appelais tout simplement Tallal, et j’ai ignoré son prénom, Houcine donc, pendant des décennies. A la limite il préférait qu’on l’appelât ainsi, de son nom d’artistepeintre. J’aime vraiment beaucoup sa peinture : ces œuvres étranges, envoutantes, délicates, un peu surréalistes, ses masques de la nuit, ses personnages échappés de l’obscurité, toujours légers, vaporeux et mystérieux. Lui-même se jugeait à l’époque très sévèrement et me disait constamment devoir travailler beaucoup pour arriver à dire ce qu’il avait à dire. Un jour, alors


*(2)

que je ne savais strictement rien de sa généalogie, il m’informa qu’il rêvait de peindre aussi bien que sa mère dont, me dit-il, il était certain qu’elle connaitrait une gloire mondiale. J’en restai coi et lui demandai de me parler davantage de sa génitrice. Il me raconta son histoire que tout le monde connait maintenant et me fit voir quelques-unes de ses œuvres, chez un mécène européen. - Son nom d’artiste ? - Chaïbia… http://touria.damoussi.over-blog. com/article-chaibia-tallal-la-defuntepeintre-marocaine-de-renommeemondiale-106160255.html L’art naïf - auquel ressortissaient ces toiles, ne respectant ni la perspective, ni les dimensions, ni l’intensité de la couleur, ni la précision du dessinavait pourtant les faveurs du public qui considérait le caractère ’’naïf’’ comme normal pour notre toute jeune peinture issue d’une civilisation qui s’est longtemps interdit la figuration.

Et le succès de cette grande dame arriva alors sous forme de raz de marée sur les cinq continents, partout où l’on goûte la peinture. Au Maroc, hélas, elle a souffert et continue de souffrir des exactions d’un monstre hideux : la contrefaçon. Est-il possible, où que l’on aille, de ne pas se retrouver nez à nez avec une croûte infâme criminellement signée du nom de Chaïbia ? C’en est grotesque et l’on a signé de son nom jusqu’à des ‘’œuvres’’ non supérieures, esthétiquement parlant, à des couches de bébé usagées tendues sur cadre ! Elles ornent les salons et les Puis-je avouer ce que je lui dis alors ? Je couloirs - et je le jure pour l’avoir vue, pense que oui, car je suis absous par le jusqu’aux toilettes de nombre de maisons délai de prescription : bourgeoises ! Au point qu’aujourd’hui, les - Je dois avouer que le travail de ta experts affirment que les tableaux signés maman ne laisse pas indifférent ! ‘’Chaïbia’’ contrefaits, en circulation, Il faillit s’étrangler et ne me cacha même dépassent de loin, en nombre, les œuvres pas qu’il fallait être aveugle et n’entendre originales. rien à la chose picturale pour oser faire Alors désolé de vous dire la vérité, mais preuve de tant de tiédeur en parlant du si vous possédez un de ces tableaux dont pur génie de sa maman, précisant qu’en la côte des originaux dépasse souvent le comparaison, son travail était un essai million de dirhams, avant de vous croire poussif ! riche, faites-le expertiser. En fait, il était indéniable qu’à mesure que Pour clore, je vous souffle un ‘’truc’’ qui je regardais les œuvres de la paysanne vous permettra peut-être d’épargner le des Doukkalas qui lui avait donné le jour, montant d’une expertise sérieuse : Si j’en découvrais l’équilibre, le sens des c’est laid, c’est un faux et quel que soit le proportions, l’originalité des couleurs et prix payé, il est exorbitant. même une espèce de gouaille, d’humour ©culturetoute.com populaire enthousiasmant, propre à me régaler. 07.11.2016 culturetoute.com 17


“10 CLOVERFIELD LANE” par Laila Boui Idrissi 10 CLOVERFIELD LANE Le film de la semaine n’est nul autre que 10 CLOVERFIELD LANE, anciennement intitulé «The Cellar» puis «Valencia» avant de trouver son véritable titre

gardien essaye de la rassurer en lui disant qu’il lui a sauvé la vie après une attaque chimique d’envergure et qu’elle ne doit en aucun sortir. En l’absence de certitude, elle décide de s’échapper... C’est un film que j’ai affreusement aimé, un thriller apocalyptique qui au premier quart d’heure vous entrainera dans une peur constante, celle d’une jeune femme qui se retrouve enfermée par un homme dont elle ne sait absolument rien, avec la possibilité de s’échapper 18 culturetoute.com 07.11.2016

10 Cloverfield Lane. C’est l’histoire du jeune femme qui se retrouve dans une cave après un accident de voiture après s’être évanouie. Elle pense avoir été kidnappée, mais son

mais, de se retrouver ensuite confrontée à des radiations chimiques mortelles. C’est face à ce choix de rester à l’intérieur et co-habiter avec cet homme étrange et dangereux dont elle ne sait rien, ou quitter le bunker et mourir, que le film va progresser. C’est un huis clos qui nous laisse en permanence entre deux vérités, on suit le cours de l’histoire et on ne sait plus que croire, les questions s’activent, sans savoir qu’elles peuvent en être les réponses. Dans ce film la tension est


pesante, on essaye de se mettre à la place de la jeune femme, on essaye de jauger la situation, et à chaque scène on demande discrètement à soi même, et moi qu’aurai-je fait de plus ou de moins qu’elle ? pourrais-je survivre face à cette folie. C’est toute la beauté de ce film, il est réalisé de telle façon à ce que chacun de nous soit le personnage principal à sa manière et rare sont les films qui arrivent à créer cette atmosphère et cette tension constante. Il y’a beaucoup d’incohérences c’est un fait et certains passages ne sont pas très rationnels mais ce n’est

pas le plus important, le plus important pour moi c’est qu’on arrive à ressentir la frayeur, la souffrance, les questions de cette jeune femme comme si nous étions présent avec elle. Evidemment lorsqu’un réalisateur tombe sur une très belle idée et décide de se lancer dans sa réalisation

cinématographique, il y’a toujours un moment ou ça dérape, ce film n’a pas fait l’exception, la fin est affreusement farfelue, mais je ne veux pas en dire plus, Bon film © culturetoute.com 07.11.2016 culturetoute.com 19


“L’attrait de l’illusion et la Jungle des humains” dans Hot Maroc de Yassin Adnan par Mounir SERHANI Une comédie noire et subversive Yassin Adnan est pluriel dans sa création. Poète, nouvelliste et romancier, il décide, après cinq ans de travail acharné et patient, de publier son premier roman qui n’a pas l’air d’un premier roman car il s’affiche d’ores et déjà mature et convaincant. Hot Maroc nous plonge dans l’ambiance d’un regard mobile qui rappelle celle du « Cahier du voyageur » où les multiples espaces visités s’opposent à la fixité des êtres souffrant de torpeur maladive ou, pis encore, d’un dégoût de vivre, c’est-à-dire de se déplacer. Vivre cette espèce d’ubiquité c’est être un vrai citoyen du monde. Effectivement, les 460 pages écrites, et il est noté noir sur 20 culturetoute.com 07.11.2016

blanc, entre Côte d’Azur (2011) et Bruxelles (2015). D’entrée de jeu, il faut dire que la linéarité narrative nous trompe car elle se trahit elle-même : le linéaire est juste apparent. Le récit est, en effet, fondé sur une trame inextricablement complexe dans la mesure où le roman dans son intégralité aboutit à une sorte de puzzle qui refuse qu’on lui enlève un détail qui fait bel et bien sens. A l’image d’un anti-héros voltairien, le personnage principal se retire parfois en préférant le silence qui consiste à semer des blancs transversaux dans le corps fragmentaire du roman. En somme, Hot Maroc donne à voir une société en détresse dans laquelle on scrute les tares


de la conjoncture actuelle. Il n’est pas hyperbolique de comparer Laâouina au personnage du Tambour de Günter Grass, à savoir Oscar qui regardait les tréfonds de la société “d’en bas”, comme s’il réalisait le regard “en contre plongée”, comme dirait un cinématographe. Sa lâcheté rappelle également la nonchalance des personnages de Céline qui n’effectuent leur revanche que dans la fiction, ou souvent dans le monde onirique qui est un espace de substitution par excellence. Laâouina se résigne devant ses ennemis et n’ose jamais les affronter, mais procède à un règlement de comptes fallacieux et irréel. C’est grâce à l’avènement de la nouvelle technologie que ce personnage va pouvoir se venger des autres. Une guerre totale et, du coup, pérenne se déclenche et rien ne peut en endiguer le déferlement intarissable. Et le romancier de nous inviter à l’univers de « Illusions perdues » (Balzac) où l’on fait une critique acerbe du journalisme qui dirige la masse depuis les zones d’ombres. Hot Maroc, une revue électronique dont la malhonnêteté est le maitre-mot influant ainsi l’opinion publique. Il s’agit d’un épisode sur la dépravation des hommes par le biais de la plume « prostituée » ! Le parallélisme avec la bête humaine n’est

pas aléatoire, d’autant plus que chaque personnage de Hot Maroc a son corollaire dans le monde bestiaire. Des similitudes autant physiques que comportementales. En fait, cette approche zoologique est adoptée à des fins analytiques dont le seul et unique objet est bien entendu le genre humain dans ses faiblesses, ses défauts, ses splendeurs et ses misères. De l’universitaire arriviste et incompétent au donquichottesque estudiantin utopiste, le monde est un simple théâtre, « le theatrum mundis », un bal masqué où même le tragique se trouve, en l’occurrence, déjoué avec un humour extrêmement décontracté. La démagogie des politiciens, la prostitution des journalistes dépourvus de toute conscience morale, voici les deux univers primordiaux d’un roman structuré par une donne majeure ; j’ai nommé : la déception. L’échec d’une génération, l’échec d’un esprit réformiste et pourquoi pas l’échec d’une nouvelle idéologie. C’est pour dire que c’est une écriture résolument actuelle d’un Maroc en devenir. Les tares d’une société ou le Maroc en miniature Rahal est un écureuil qui fait partie de 07.11.2016 culturetoute.com 21


Avec feu le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite

Avec Akadir Benali, Abdellah Taïa, Rahim Al khasar au Trophée Beyrouth 39


cette facture satirique qui bat en brèches les différents visages d’une société en faillite, en crise de sens et on ne peut plus à la dérive. L’espace romanesque est subdivisé entre deux lieux principaux : l’université et le cybercafé. Et l’écartèlement des personnages sont autant l’expression du déchirement de l’individu moderne face aux mutations imposées par un monde en permanent changement que la représentation allégorique d’un Maroc en miniature. Ainsi serait-il difficile de classer génériquement ce roman, Hot Maroc, dans la mesure où il serait réducteur de le qualifier d’historique ou encore de réaliste. Il ne s’agit même pas d’un simple biographème car Rahal est un anti-héros qui s’adonne à ce que Roland Barthes appelle « le ne rien faire », ses actes sont manqués, ses comportements biaisés et vécus sous le signe de la lâcheté et de la rétrogradation. Il est dénudé de toute grandeur et de toute noblesse. Son aspect prosaïque, pour ne pas dire terre à terre, fait de lui, comme par enchantement, un être versatile dont le destin est voué sinon au fatalisme du moins au hasard de l’Histoire. Rien ne se fait grâce à sa volonté de sujet autonome. Or c’est là où réside paradoxalement la matière romanesque inépuisable : les rebondissements prolifèrent et les péripéties résultent du hasard, de l’accidentel. Mais le lieu adulé de ce personnage décalé est incarné bien évidemment par l’espace du rêve où cet infiniment petit devient, soudain, un infiniment grand, parce que le rêve est un lieu de prouesses et d’exploits épiques. Car le rêve est une affirmation de soi. Car le rêve est le moment propice pour que le moi tourne le dos au monde. Car le rêve anesthésie le mal de vivre et injecte la force d’affronter. Car Rahal est un être faible et fragile écrasé par des forces puissances. Car il incarne parfaitement le personnage tragique, conscient de sa finitude ! La constellation de personnages n’est que satellitaire dans la mesure où ces derniers ne représentent que de pâles reflets, des êtres factices, que voile une vraie faune : Abdeslam la mante, Halima le cygne, Aziz le lévrier, Mourad la gerbille, Atika la vache, Bouchaïb l’éléphant, Alyazid le chien, etc. La pieuvre et la chamelle, choisies comme symboles électoraux par deux partis politiques, nous transportent dans le zoo

électoral marocain. C’est un “monde à l’envers” qui permet de dé-couvrir, avec subtilité et beaucoup d’humour, le bestiaire en nous. Hot Maroc est une comédie « noire » qui décrit ce brusque changement que la vie des marocains a connu après l’apparition de l’Internet à tel point que cette vie comme elle advient passe d’un coup du sens de la frugalité sereine au vacarme du progrès. Il est question d’un roman qui raconte les faits politiques à travers un personnage désespéré vivant dans l’ombre et se délectant dans les fausses accusations en ayant recours, sans aucun courage ni scrupules, j’allais dire cyniquement, à la pseudonymie, dans un monde purement virtuel qui lui assigne par contre du caractère et de l’ampleur, ne serait-ce qu’à titre mensonger et illusoire. Bref, de la classe des émigrés échouant dans la délinquance à celle des opportunistes dégoutants, l’auteur ne cesse de brosser le tableau d’une société en décadence. Même le religieux est détourné de son terrain naturel pour servir des intérêts plus terrestres et profanes. Le progrès numérique fabrique, entre autres, les figures éminentes du fanatisme religieux, le désespoir des jeunes marocains les oblige à quitter le pays pour un éventuel eldorado outre-mer et les petites gens sont enfoncés dans l’abîme. Ce roman est écrit dans et pour la marge. Un plaidoyer pour les marginaux ! C’est de la périphérie qu’il s’agit dans Hot Maroc, un récit omniscient qui donne la parole aux négligés de l’Histoire dans une alliance insolite dans laquelle les frontières entre le virtuel et le réel s’estompent complètement pour que la jungle des pulsions triomphe : la dissolution des valeurs, la haine, la rancune, les magouilles, les pièges et la cruauté. Comme dans « Le trottoir de l’apocalypse », Yassin Adnan se délecte dans la négation de la vie, dans la déception indifférente à l’image d’une métaphysique cioranienne qui se complait dans ce que Nietzsche aurait appelé : le gai désespoir. © culturetoute.com 07.11.2016 culturetoute.com 23


Ghizlaine El Ibrahimi, notre « Chakouka » préférée Interview exclusive

par Nadia JACQUOT

Petit à petit l’oiseau fait son nid, paraît-il ? Ghizlaine El Ibrahimi en est un bel exemple. Connue pour sa marque CHAKOUKA, la jeune styliste n’a pas qu’une corde à son arc. Artiste à part entière, elle a su se faire un nom et planter ses graines au gré de ses voyages. Où qu’elle passe, son talent et son originalité est reconnue. Urbaine, créative et quelque peu sulfureuse, bientôt, on parlera de Chakouka sur les cinq continents. C’est tout le mal que l’on lui souhaite. Marocaine de naissance et surtout marocaine de cœur, Ghizlaine El Ibrahimi nous raconte son parcours et nous confie qui elle est vraiment. Comment as-tu débuté dans le milieu du stylisme ? Tout d’abord, je voudrais préciser que je ne me sens 24 culturetoute.com 07.11.2016

pas styliste. Bien que j’aie suivi toutes les formations pour acquérir le savoir-faire nécessaire pour créer des vêtements, je me sens plutôt Designer Artiste Graphiste. Je ne crée pas que des vêtements. Je réalise de la maroquinerie et des objets de toutes sortes. Sur mon site chakouka.com, vous aurez une idée de l’étendue de mes créations. Je suis une touche-à-tout. Tout ce qui touche à la création me passionne. Vous avez d’autres cordes à votre arc. Quels sont-ils ? A la base, je suis décoratrice d’intérieur. C’est d’ailleurs dans ce domaine que j’ai fait mes études. J’ai travaillé 6 ans dans la décoration avant de lancer ma marque Chakouka en 2014. Je m’éclate beaucoup à proposer des projets de décoration à des


clients qui me font confiance. Comme j’ai un besoin de m’exprimer sans limite, j’ai lancé mon propre univers à mon effigie. Je fais aussi de la peinture. J’ai toujours aimé peindre. Je peins depuis que je suis enfant. J’ai même gagné des prix. Je peins toujours dès que j’ai un peu de temps.

d’Europe que ça soit lors de la Africa Fashion Show à Milan, l’Africa Design days à Paris ou sur d’autres events. Je suis actuellement au Quai des Créateurs sur la Marina de Salé. J’occupe un pop store avec d’autres créateurs. On peut y trouver toutes mes dernières créations et notamment ma dernière collection « I love my size » avec Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire ce laquelle je cherche à décomplexer les dames sur la question très sensible de métier de Designer Artiste? Qu’est-ce qui t’inspire ? leur taille de vêtement. Un besoin d’expression. Toutes mes créations sont en réalité l’expression de Quelle est votre définition de la culture ? mes principes ou des messages que je Pour moi, la culture est sans frontière. cherche à passer. Le sac que j’ai créé, Ma culture est inspirée du monde qui qui m’a fait connaître, avec le gros STOP m’entoure, grâce aux voyages que j’ai pu dessus a été réalisé afin d’interpeller faire ou ce de que je sais des traditions tous ces hommes qui embêtent les des autres pays. Sans l’ouverture au femmes dans la rue. Je crois que le monde, je n’ai pas de culture. Je suis message passe plutôt bien auprès de un mélange des traditions africaines, ces hommes indélicats. J’en ai fait l’expérience, croyez moi. européennes, américaines et même asiatiques tout en gardant une touche Quels sont vos derniers projets et les marocaine. Je reste marocaine avant futures sans vouloir être indiscrète ? tout. Ce que j’aime c’est apporter des On pourra bientôt trouver mes créations messages ludiques et sensibiliser grâce Chakouka à Paris, à Genève et même à Milan. Je suis contente car je commence à l’artistique. C’est l’art et la culture en à me faire connaître en dehors du Maroc. générale qui fait changer le monde. Ils participent à son évolution. Mon travail commence à porter ses © culturetoute.com fruits. J’ai exposé dans plusieurs pays 07.11.2016 culturetoute.com 25


Interview Exclusive par Khalid MHAMMEDI

Présentez-nous Mouna HACHIM, la femme et l’écrivain Passionnée d’histoire et de patrimoine, bercée depuis l’enfance par des récits magiques dans des ambiances fascinantes, parcours polyvalent depuis mon cursus universitaire en littérature comparée, plus de la moitié de ma vie mariée (rires), deux enfants qui sont de jeunes adultes maintenant et une capacité fabuleuse à m’émerveiller même au milieu de la difficulté…

plait ; n’aime pas les activités monomaniaques à rythmes fixes, au risque de me lasser et de brimer l’envie de créer. Mais en règle générale, je m’aménage régulièrement des plages pour la réflexion et l’écriture ; d’autres pour l’activité sportive.

« Chroniques insolites de notre histoire », comment peut-on avoir l’idée de départ d’un tel livre ? Ce livre se situe dans une suite logique en phase avec mon cheminement intellectuel et avec mes travaux antérieurs, Comment se passe vos qu’il s’agisse de mon roman journées type ? Aucune journée ne ressemble « Les Enfants de la Chaouia » vraiment à une autre. Je ne où j’ai fait appel à la mémoire supporte pas la routine pour populaire en me rendant cela que je ne peux avoir une compte du décalage existant journée type. Mon réveil ne entre la richesse foisonnante sonne pas aux même heures ; je de cet héritage et l’aridité de dors quand j’en ai envie, travaille certaines sources écrites ; «Le pareillement quand cela me Dictionnaire des noms de famille 26 culturetoute.com 07.11.2016


» où j’ai tenté de raconter l’histoire de notre pays sous un prisme captivant, rompant avec la linéarité des récits institutionnels qui omettent de mettre suffisamment l’accent sur l’histoire des populations, leurs modes de vie, leurs mouvements, leurs interactions… L’idée est de présenter une histoire distancée des discours produits par les différents magistères et par les imageries à la fois nationales et étrangères qu’elles soient orientales ou occidentales, leur démagogie, leurs

idéologies… en remontant le fil du temps depuis la période antéislamique jusqu’à l’orée du XXe siècle. Le livre est un travail de recherche phénoménal, racontez-nous combien de temps et d’énergie cela vous prend t-il ? Quand on aime, on ne compte pas, n’est-ce pas ! Il s’agit en effet d’années de travail, une grande énergie déployée, des sacrifices de toutes sortes... Le roman m’a pris près d’une année et 07.11.2016 culturetoute.com 27


a t-il attiré des ennuis ? Jamais. D’abord, il me semble même si les efforts doivent être continus que le Maroc est en train de changer dans le sens d’une plus grande souplesse face à ces questions. D’autre part, les gens qui me lisent savent que je ne suis pas dans une démarche malveillante, sensationnaliste, stigmatisante. Je ne roule pour aucun bord, je ne sers aucune cause. Mon amour est immense pour ce pays qui est le nôtre Pour ce livre et vos livres précédents, la presse est unanime à les saluer, le succès dans ses aspects les plus mystérieux, et je pense que cela se sent. Alors, je ne peux commercial est-il au rendez-vous ? pas parler d’ennui mais en revanche, d’une Dans une configuration désastreuse profonde indifférence qui me rend autant comme la nôtre où la vente de 1000 indifférente du reste, ma force consistant exemplaires d’un ouvrage en fait un bestdans le fait que je n’attende Rien si ce n’est seller, oui, c’est un succès commercial pour mes ouvrages dont un est à quelques de vivre tranquillement avec mes livres et de continuer à cheminer de manière 6000 exemplaires. Mais la réalité est indépendante. autrement plus complexe… Je ne suis pas un éditeur subventionné par le ministère Ton coté glamour casse avec le de la Culture et dont chaque vente est stéréotype des ecrivains/historiens , forcément un plus ; mais un auteur c’est une marque de fabrique ou un atout qui auto-finance ses recherches et ses marketing ? publications dans un contexte déprimant Non, je suis tombée dedans quand j’étais même pour les plus braves. Ce qui petite (Rires). En fait, je n’aime pas être m’importe toutefois, c’est la réception du prisonnière d’un carcan, me fondre dans public qu’il s’agisse des lecteurs ou des un moule, devoir être comme ci ou comme médias, tous ces encouragements reçus ça pour un ensemble de diktats sociosous forme d’articles ou de messages culturels imposés… Il faut savoir rester et qui me confortent dans mes choix en soi-même, en harmonie avec son être. Ça m’insufflant l’envie de poursuivre contre ne se vend pas dans des magasins de luxe, vents et marées. ça se cultive au fond de soi-même. Un écrivain chercheur dans l’histoire du Maroc arrive-t-il à vivre de sa plume ? On dit que vous adorez les enfants, Tout dépend de ce que l’on entend par n’avez-vous pas pensé à un livre pour Vivre. Vivre Libre, indépendant, Oui. Vivre enfants dans le même registre ? pour sa passion et pour exaucer ses rêves Pour fréquenter les enfants de près et en employant toute son énergie dans ce pour avoir fait des présentations de mes sens, oui. Se nourrir d’idées, d’idéaux, de livres en milieu scolaire, je peux témoigner sensations, d’émotions, Oui. Maintenant, s’il s’agit de payer ses factures, car figurez- de leur grande capacité à s’intéresser à ces thématiques. Le tout est dans la vous et malgré les mythes, un écrivain, ça manière de le faire. Effectivement un livre ne vit pas que de l’air du temps (rires), et serait un beau projet s’il est accompagné bien mille fois Non. Je ne sais pas pour d’illustrations ou de supports audioles autres mais moi si j’attendais après visuels. Ce qui nécessite forcément des les livres pour me nourrir, je serai déjà fonds plus conséquents. On en vient plusieurs fois morte et enterrée. encore à la problématique de l’édition et 7 - Débroussailler les contes officiels vous aux priorités accordées par les instances demi de temps; le « Dictionnaire des noms de famille », 9 ans entre les deux éditions et près de 3 ans pour les « Chroniques Insolites »… Mais c’est aussi une inépuisable source de bonheur et d’évasion. Une manière de s’élever au milieu des contingences liées au quotidien, et cette sensation de faire œuvre utile installée dans la durée.

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culturelles officielles. Des projets futures Plein de projets dont un livre déjà terminé que je publierai d’ici peu incha’Allah, un autre en cours et dans la tête, le mouvement perpétuel…. © culturetoute.com

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Exposition

L’Histoire du Maroc exposée à Paris L’exposition se poursuivra jusqu’au 30 décembre prochain Après “Le Maroc contemporain” à l’Institut du monde arabe et “Le Maroc médiéval” au Musée du Louvre, une nouvelle exposition dédiée à l’Histoire du Royaume se tient actuellement au Musée de l’Ordre de la Libération à Paris.... © libe.MA

«Ailleurs», la traversée du désert de Othman Naciri (VIDÉO)

Ahmad Bouzoubaa, Fondateur et créatif de lamaisondesartistes.ma & culturetoute.com

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Pour sponsoriser un mailing envoyez votre demande à ahmadbouzoubaa@gmail.com. La Maison des Artistes s’est fixée comme objectif de promouvoir l’art contemporain marocain. Notre agence également spécialisée dans la communication propose un concept original pour la décoration murale des bureaux et de l’intérieur des locaux. Notre agence se charge aussi de tous travaux de conception, d’édition ...


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