Numéro 169
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L’écriture de l’hybride dans les nouvelles de ANIS ARRAFAI
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Ah, la lecture ! par Mourad HAMAYET
C’est une idée très répandue dans les sociétés usées, que la culture est ennuyeuse… Tenez, ne me répondez pas à moi, mais à vousmême ! Quel est le titre du dernier livre que vous avez lu ? Moi ? Attendez, il est encore sur l’étagère : le voici : ‘’L’Homme descend du songe’’. Auteur : Pierre Lembeye. Collection : Les Essais. Editeur : Buchet – Chastel. 165 pages. 18 €. ISBN… non, pas besoin ? OK. Le propos en deux mots : ‘’Il convient de sortir des sentiers battus de la psychanalyse pour accueillir le rêve comme manifeste, transcendant, ouvrant poétiquement sur l’avenir. En ce sens, l’homme descend du songe.’’ Je me suis amusé comme un p’tit fou à cette lecture. Ce n’est absolument pas triste, ni difficile ni austère, ni rien ! C’est une proposition innovante pour comprendre le monde et les 2 culturetoute.com 16.11.2016
choses autrement. Sur la même étagère, la prochaine victime désignée de ma gourmandise : ‘’Anthropologie de l’habiter’’, de GeorgesHubert de Radkowski. Non, non, désolé, par principe, je ne prête pas mes livres. Je peux en offrir, mais jamais je ne prête les miens ! Il y a des choses qu’on ne prête pas … Lorsque je suis sage, je m’autorise à piquer une tête dans la poésie et pas de la plus simple… En la matière, point d’actualité puisque celle qui n’est pas éternelle ne vaut rien : ce peut être Homère ou Khayyâm, Perse ou Darwich, Valéry ou Amraoui, Cocteau ou Zebdi … Et enfin, parallèlement, d’un clic de mon index, comme on égraine un chapelet, je lis en continu le Livre. Je le lis sans véritable méthode de lecture. Je le lis sans bigoterie aucune et s’il me
passionne chaque jour davantage, c’est pour son incroyable richesse sémique. Lorsque je me rends à l’étranger, je fais ce que j’ai à faire puis je vais à la rencontre de la population qui m’accueille. J’en visite les lieux de vie comme les marchés, les grandes surfaces, les cinémas, quelques maisons amies, les jardins et les lieux de mémoire. Puis je m’adonne, la conscience tranquille, au ‘’vice impuni’’ : d’interminables visites-fouilles et farfouille aux librairies. Je n’étonnerai personne en disant que Paris est peut-être la capitale mondiale du livre… pour les arabo-francophones, du moins. Les grandes librairies du Boulevard Saint Germain, des alentours de l’IMA, de Saint Michel évidemment et de toutes les autres que je ne veux même pas citer de peur d’en oublier une qui aurait déjà fait mon bonheur… Dieu toutes les lumières que j’ai découvertes dans cette ville… Et je les ramène dans mon aire pour les siroter à petites gorgées, selon mon humeur et mon envie… ‘’Ce vice impuni, la lecture’’ Dans le célèbre essai éponyme, Valéry Larbaud dit de la lecture qu’elle est une passion dévorante et donc un vice. Je ne partage pas ce jugement que je trouve par trop dépréciateur ! Lorsque je suis sérieux, je pense que je ressemble assez, sauf tout le respect dû au noble gascon, à l’immense Montaigne, dont on connaît la nature indolente et la paresse même. Il décrit ainsi sa façon de lire, dans les Essais III, 3) : «Là, je feuillette à cette heure un livre, à cette heure un autre, sans ordre et sans dessein, à pieces descousues…’’ Il ne fuit la lecture qu’à un moment précis : lorsqu’il écrit, encore que le motif en soit des plus nobles : il a peur que les livres n’influencent alors ses écrits… Et enfin, le plus bel hommage rendu à la
lecture élevée au rang de viatique, c’està-dire de provision de voyage considérée en son aspect religieux - Pour l’Église catholique romaine, c’est l’eucharistie donnée à un mourant : ‘’C’est la meilleure munition que j’aie trouvé à cet humain voyage.’’ Montaigne ‘’Munition’’ signifie ici ‘’provision’’, bien sûr… car la munition désigne, à son origine, tout ce dont a besoin l’armée, aussi bien les vivres que les armes… L’humain voyage étant la vie tout simplement. Bien plus tard, un autre géant de la littérature française a admirablement parlé de la lecture. Appréciez la justesse et la finesse du propos : ‘’Dans la lecture l’amitié est soudain ramenée à sa pureté première. Avec les livres, pas d’amabilité. Ces amis-là, si nous passons la soirée avec eux, c’est vraiment que nous en avons envie. Eux, du moins, nous ne les quittons souvent qu’à regret…’’ Marcel Proust Et pour finir ces quelques lignes en feu d’artifice, me rappelant que je suis oriental, complexe, enclin à la volupté, que dans l’âme humaine d’étranges correspondances établissent d’étranges rapports, que l’homme est un tout dont les divers éléments se fondent les uns dans les autres, que le but de la vie humaine est le bonheur, je reprends la flamboyante assertion de certains de mes aïeux contenue dans ce proverbe arabe : “Le paradis de la terre se trouve entre les seins d’une femme, sur le dos d’un cheval, dans les pages d’un livre.” ©culturetoute.com
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Numéro 169 du 16 novembre 2016 couverture Ahmad Bouzoubaa pour culturetoute.com
SOMMAIRE
actu 13 Chronique, Nicolas Mayet et le Roi René 10 Musique, Quand Fnaïre chante devant le roi à la COP22 (VIDÉO)
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10 Concours, Trois artistes remportent le concours “Wings of African Art” de la RAM 13 Cinéma, Nouvelle édition du Festival international des écoles de cinéma à Tétouan
#culturetoute
13 Cinéma, «Le court-métrage: expériences et modèles»
en une 06 Edition, L’écriture de l’hybride dans les nouvelles de ANIS ARRAFAI
magazine 14 Musique, Othman MOULINE, un chanteur hors norme du Chaabi, interview exclusive 18 Art, Nadia chellaoui interview exclusive
18 22
22 Mode, Sophia MIKOU INTERVIEW Exclusive 36 Design, Kouzina Store, INTERVIEW Exclusive 28 Musique, Sophia Charai INTERVIEW Exclusive
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L’écriture de l’hybride dans les nouvelles de ANIS ARRAFAI par Mounir SERHANI
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Anis Arrafai est né en 1976 à Casablanca, où il vit et travaille toujours. Ecrivain et nouvelliste, il a publié huit volumes de nouvelles en arabe, dont certains sont traduits en espagnol, en anglais, en portugais et en français. Il a remporté le Prix Gutenberg 2013 (catégorie langue arabe) pour son recueil Arij Al Boustan Fi Tassarif Al îmian, paru aux éditions Dar Al-Ain (Egypt). Avec son recueil La clinique des poupées, il est aujourd’hui finaliste d’un grand prix de la nouvelle dans le monde arabe. Nous lui souhaitons bon courage ! La mise-à- mort du cliché Il s’agit de notre porte-parole dans le domaine de la Nouvelle écrite en arabe, ce genre à la fois court et réclamant une subtilité particulière. Les textes de Anis Arrafai sont ouverts sur d’autres genres tels que les supports visuels dans la mesure où les frontières entre les genres finissent par s’estomper. C’est un nouvelliste contemporain féru de cette forme brève et amoureux de ses deux moments intrinsèques, à savoir la chute et la crise. Son lecteur devient, comme par enchantement, un regardeur grâce à un pouvoir manifeste d’actualisation dont l’auteur est bel et bien doté. Celui-ci excelle dans l’art de l’hypotypose d’autant plus qu’il donne à voir en narrant. Il en va de même pour la structure relationnelle des personnages qui s’avère d’entrée de jeu à la fois enchevêtrée et inextricable. En l’occurrence, La clinique des Poupées est un recueil de nouvelles voué à ce syncrétisme heureux dans lequel les arts et les lettres se côtoient sans aucun hiatus, sans aucune fausse note, bien que l’auteur détruise les caractéristiques classiques et stéréotypées du genre pour en découvrir d’autres. Oui, c’est d’un nouveau projet qu’il s’agit dans l’esthétique de Anis Arrafai. Une renaissance de la nouvelle, cette fois-ci de ses cendres. Ainsi, la nouvelle se nourrit dans ses textes de cette faculté insolite et imprévisible à créer une série de crises
d’apparence insoluble. La prolifération des rebondissement renforce cette sorte d’enfilade complexe au sein de laquelle se complait ce nouvelliste « allergique » à la facilité. Paradoxalement, il reste fidèle à la rhétorique du genre sauf qu’il l’érige au rang des textes universels à travers l’intrusion de scènes dignes d’être cinématographiques suivant un processus narratif bien ourdi. C’est pour dire que dans ce recueil rien n’est gratuit, comme si l’auteur était rigoureux avec lui-même en optant pour la condensation qui constitue, il est évident, l’apanage des textes fragmentaires. L’écriture n’est plus aveugle ! Elle a un œil qui nous guide ; un œil pareil à celui d’un photographe aguerri. Les images et les couleurs y sont légion. Le symbolisme est le maitre-mot à même de nous inviter à jouer le rôle du réalisateur et à participer volontiers à la construction du sens. L’esthétique de la réception est mise en œuvre dans plusieurs titres dont « Les Ailes », « Photomontage narratif », «Histoires du photogramme »… La réhabilitation de l’inanimé ! En plus des deux registres récurrents dans le recueil, à savoir celui de la photographie et de la médecine, Anis Arrafai vise à remédier aux tares des poupées afin de les reconduire vers le réel où elles peuvent s’épanouir en toute liberté et à faire de la poupée une créature apte à surpasser son créateur. La poupée occupe effectivement le devant de la scène et l’emporte de facto sur l’humain. Nous assistons à une écriture découverte, une expérience extravagante qui dévoile ses cartes tout en les dissimulant. Ce jeu de voilementdévoilement fait du recueil de Anis Arrafai une nouvelle voie (voix) tout à la fois différente et avant-gardiste : le titre principal rime avec les sous-titres, les références et les annotations, à telle enseigne que l’écriture se libère radicalement des carcans contraignants et « consommés » pour que le récit se 16.11.2016 culturetoute.com 7
relate en toute fluidité. C’est dans ce sens que le lecteur d’un tel texte devient, à son insu même, un véritable complice. On n’y adhère sur le champ et on a l’impression, depuis la première page, qu’on est pris en otage. On compatit au sort de ces créatures hors du commun et on cherche à les réhabiliter dans leurs univers originaux et leurs histoires parallèles. Treize nouvelles sur la vie des poupées. Oui, ce sont des poupées vivantes, douées de ce souffle, la vie, nous persuade-t-il. Ces poupées ont également une Histoire et des histoires et deviennent donc des êtres dignes de réhabilitation car elles sont tout simplement rétives aux coups du destin injuste et tyrannique. Arrafai nous rend sensibles au silence des poupées, ces créatures marginales, à tel point que écoutons leurs confidences et épanchements. L’indifférence est sans aucun doute impossible face à ce monde regorgeant de secrets et de mystères que seul l’auteur nous aide à décrypter en franchissant le seuil de cet hôpital bizarre et surtout infréquentable. Il est nécessaire de déduire que le rapport qu’entretiennent l’Homme et la poupée est d’ordre dialectique parce qu’il fait fi des confins et débouche sur le clairobscur, figure de l’entre-deux par excellence. Le fragment suivant est juste significatif : « Qui a dit que la poupée est vide et qu’il n’y a personne dedans ? Est-elle un corps sans âme, comme on dit, ou une forme différente ancrée dans la symbolique de l’âme ambiguë et brisée, la poupée animée de l’intériorité humaine que nous nous n’évertuons pas à peindre pour qu’elle ne soit pas une image précise de la poupée sourde du dehors qu’incarne notre corps en panne ? » Cette constellation de nouvelles nous fait penser à La Chambre Claire de Roland Barthes, dans ses méditations sur la photographie, à De l’inconvénient d’être né d’Emil Cioran, par son gai désespoir, à la cécité de Saramago et de Borgès…
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En somme, la restauration des poupées ne se passe absolument pas de ce vouloir tout photographier ; ce tout renferme surtout la condition humaine dans ses détails les plus absurdes incarnés par des personnages angoissés et marginaux. Le monde des poupées dialogue en filigrane avec celui des hommes. La nouvelle se mue en épopée moderne où la crise du sens, le ressentiment humain et l’égocentrisme, ces trois structures du cauchemar, représentent les poncifs indispensables à cette fresque insolite qui finit par nous apprendre que les êtres invisibles et marginalisés sont peut-être plus humains que l’humanité, au sens nietzschéen du mot. © culturetoute.coM
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la revue de presse #du Mercredi 16 Novembre 2016 Quand Fnaïre chante devant le roi à la COP22 (VIDÉO) Mohammed VI, Ban Ki-moon, Salaheddine Mezouar... Et Fnaïre. Le groupe de rap originaire de Marrakech était «l’invité surprise» de la très sérieuse cérémonie de lancement du sommet de la COP22 ce mardi 15 novembre, présidée par le roi... © huffpostmaghreb.com Le 15 novembre 2016
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Trois artistes remportent le concours “Wings of African Art” de la RAM
Le jury du concours d’art contemporain « Wings of African Art » lancé par Royal Air Maroc pour l’habillage de trois de ses avions par des œuvres conçues par des artistes africains, a dévoilé ses résultats. Parmi dix artistes nominés, trois lauréats ont été retenus par le jury présidé par Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées du Royaume du Maroc, et composé d’artistes de... © libe.ma Le 16 novembre 2016
16 000 RECRUTEURS
140 000 ETUDIANTS
22 000
OFFRES DE STAGE
/stagiaires.ma
@StagiairesMA
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Nouvelle édition du Festival international des écoles de cinéma à Tétouan
La ville de Tétouan abritera, du 21 au 25 novembre courant, la 2ème édition du Festival international des écoles de cinéma (FIDEC), sous le thème «Les jeunes et le cinéma, notre défi d’avenir». Organisé par la Faculté des lettres et des sciences humaines de Tétouan et l’Association Bidayat, en partenariat avec des organismes marocains et étrangers, cet événement culturel vise à promouvoir les... © libe.ma Le 16 novembre 2016
«Le court-métrage: expériences et modèles» Atelier La direction régionale de la communication dans l’Oriental a organisé, samedi dernier à Oujda, un atelier de formation en faveur des jeunes sur le thème «Le court-métrage: expériences et modèles». Intervenant à cette occasion, le directeur régional de la communication, Jamal Salhi a indiqué que cette rencontre a pour objectif «de réconcilier le public de l’Oriental et le cinéma... © libe.ma Le 16 novembre 2016 16.11.2016 culturetoute.com 13
Interview exclusive
Othman MOULINE,
un chanteur hors norme du Chaabi par Nadia JACQUOT Othman Mouline, jeune chanteur originaire de Rabat, n’a pas choisi son style musical par hasard. Il le vit en lui comme une nécessité. Sa passion coule dans ses veines et ne pourrait vivre sans assouvir ce besoin. Au grand étonnement de toute sa génération, il est fier de faire perdurer cette tradition musicale, parfois jugée comme désuète, mais pourtant restée très populaire. Comment avez-vous pris goût à la musique Chaabi ? Je ne saurai vous dire depuis quand exactement j’aime ce style musical. Je pense que j’ai appris à l’aimer depuis mon jeune âge. Chez moi, on aime faire la fête et on dansait parfois sur de la musique chaabi. Mais, c’est au mariage de mon cousin que j’ai fait la rencontre de Hajja Hlima. J’ai eu un vrai coup foudre pour Hajja Hlima. C’est à travers elle que j’ai trouvé mon Chaabi. J’ai tout appris d’elle. J’ai commencé à chanter très tardivement. Au début, je chantais pour des amis juste pour m’amuser. Puis je me suis lancé. Pensez-vous que votre jeunesse et votre personnalité apportent à ce style musical ? Comme ça, j’ai envie de vous dire que ça n’apporte rien à ce style musical. Par contre, pour me différencier des autres 14 culturetoute.com 16.11.2016
chanteurs, oui mon âge est un avantage. Il n’y a pas de jeune qui pratique ce style musical. Ma personnalité avec tout ce que cela englobe me permet d’être différent, mais cela n’apporte rien à la musique. La musique Chaabi fait partie du patrimoine. Parlez-nous de votre rencontre avec French Montana? French Montana, je l’ai rencontré vraiment par hasard. Il était à une soirée où j’étais aussi invité. C’était dans le cadre d’une soirée privée et je n’étais pas venu pour chanter. La rencontre n’était pas du tout organisée. On a un peu chanté et dansé ensemble ainsi qu’avec d’autres invités. On a passé une bonne soirée. Rien n’était prévu et aucune collaboration n’est prévue. C’était un bon moment. En ce moment, on vous voit beaucoup dans les médias et les réseaux sociaux. Comment se passe votre carrière ? En réalité, je ne suis pas très média et ni réseau social. Je fais des interviews pour faire plaisir aux gens et au public. Mais quand le buzz va retomber ou s’estomper, je vais continuer à faire ce que j’aime, c’est à dire chanter et faire danser les gens. ”JE PRÉPARE UNE COMÉDIE MUSICALE SUR L’AÏTA”. Pouvez-vous me définir ce qu’est la
culture selon Othman Mouline ? La culture est une satisfaction personnelle. C’est le fait de connaître. C’est le savoir. C’est important de tout le temps apprendre et d’être cultivé. La culture, c’est le savoir vivre au sein d’une société et savoir s’adapter. La culture
pour moi est primordiale. Ma culture est basée sur les traditions marocaines. J’aime la force et la beauté des traditions marocaines. Ma culture est vraiment basée sur ces principes. © culturetoute.com 16.11.2016 culturetoute.com 15
Nicolas Mayet et le Roi René par Khalid mhammedi Je suis né dans les années soixante dix et comme toute ma génération des années 70, j’ai côtoyé les rangs de l’école publique avec un cours d’arabe le matin et un cours de français l’après midi et de surcroit j’ai fait mes études primaires dans des écoles de province, ( ce qui ne veut rien dire au Maroc mais ça fait chic sur le texte NDLR ). J’ai du donc humer les pages de la collection “BIEN LIRE ET COMPRENDRE“ que tous les quadragénaires se rappelleront certainement avec un brin de nostalgie, ces jolis manuels à la couverture cartonnée alternaient sur leurs pages un peu de Maroc et beaucoup de France, mais cette France chantonnant le son du rossignol, sentant la parfum de la lavande et des caramels des cours de recréation. J’ai rêvé à mes neuf ans d’aller faire une journée de cours dans les écoles primaires françaises, de me balader dans des sentiers de terre d’un village gaulois un jour d’automne, de faire un marché de dimanche et de déguster des caramels au beurre salé. Quelques années plus tard , j’ai eu l’occasion de faire des études supérieures en France et je n’ai retrouvé que de grandes métropoles, point de chemin de terre, point de rossignol, j’ai enfui ce rêve de gamin et j’ai demandé au gamin au fonds de moi de m’excuser. En 2006, j’ai rencontré Nicolas MAYET, homme d’industrie et grand mécène d’art et autour d’un bon
Château La Coste j’ai évoqué ce souvenir. Quelques jours plus tard, il m’invite chez lui à Aix-en-Provence en plein cours Mirabeau , je suis arrivé le soir à Marseille et son chauffeur me déposa directement à l’hôtel en me donnant rendez vous le lendemain à la terrasse du café du Roi René, j’ai eu donc l’occasion de remonter à pieds la rue en pavé et l’espace de quinze minutes je suis revenu une trentaine d’années en arrière et j’ai eu l’occasion de réaliser le rêve du petit garçon à lunette, j’ai vu les rues et les fontaines du livre scolaire, j’ai senti les odeurs que seuls des mots de vrais maitres d’école te font réaliser en lisant un texte, j’ai laissé courir le gamin en zigzaguant entre les arbres. Je me suis attablé avec Nicolas. J’ai deviné le gout de ce croissant et de ce café pour les avoir gouté tant de nuits. De retour à Casablanca, j’ai ressorti ces vieux manuels et j’ai compris que l’art ne réside pas nécessairement dans les beaux livres, les grands musées : l’art réside dans le rêve et le rêve peut se cacher dans un manuel scolaire. J’ai voyagé partout dans le Monde, mais quand quelqu’un me pose la question : -Quel est le bout du monde pour vous ? Je ne dis plus Toulouse mais je chantonne Aix-en-Provence. ©culturetoute.com 16.11.2016 culturetoute.com 17
Nadia chellaoui Interview Exclusive
L’artiste peintre Nadia Chellaoui vient d’être nommée ambassadeur auprès de Divine Académie française des Arts, Lettres et culture, pour avoir approché les deux cultures marocaine et brésilienne à travers l’art. #culturetoute revient sur cette nomination avec une interview exclusive
Nadia CHELLAOUI, vous nous êtes plus familière du monde de la finance, c’est dire que vous êtes venu tard sur le monde l’art, expliquez nous ça ? Vous avez bien raison je suis de formation scientifique et exerce dans le domaine de la finance depuis plusieurs années. J exerce le métier d assureur et gère une équipe étoffée de collaborateurs efficaces et réactifs avec laquelle je partage une grande satisfaction professionnelle. La peinture est ma deuxième formation que je construit depuis longtemps et qui me construit depuis toujours. J’ai évolue dans une famille d’une grande sensibilité artistique, c’est ainsi que j’ai été initiée et ceci depuis 18 culturetoute.com 16.11.2016
ma tendre enfance à la musique, à la littérature et à la peinture. Je me suis essayée à l’art pictural depuis plusieurs années, seulement je gardais mes créations pour mon entourage proche. Ce n est que dernièrement que j ai osé affronter le grand public non sans beaucoup d’hésitation et d’appréhension et à ma grande satisfaction je me rends compte qu aujourd’hui ce que je fais, intéresse et plaît. J’ai beaucoup de plaisir à m exercer au dessin, à mélanger les couleurs, à imaginer et créer, sans effort et sans concession j’avoue. Cela m’amuse, me procure du plaisir et je puise dedans l’énergie nécessaire pour
réconcilier entre les exigences du monde artistique ou je suis accueillie avec une bienveillance de la part de mes aînés et une acceptation de la part de mes paires, celle de mes clients qui continuent à me témoigner leur confiance et celle de ma vie d’épouse et de maman. Je suis une femme comblée dans vos œuvre et dans ce laps de temps court , vous avez changé au moins quatre fois de style , vous vous cherchez encore ? Au fait je ne change pas de style et je ne me cherche pas par contre je cherche le beau, je cherche l’équilibre de la toile, l’harmonie des couleurs, la subtilité des tons, et le plaisir de pénétrer l’âme de ceux qui regardent mes œuvres.
Je suis dans une dynamique perpétuelle d expérimentation, d essais, de renouveau avec comme seul objectif : faire mieux La virginité d’une toile me happe et je suis à chaque fois gagnée par une envie irrésistible presque transcendante qui me procure de la joie et l’espoir de l’excellence mais...mais la perfection n est pas à la portée des humains. n est ce pas Dali qui disait : « n ayez pas peur de la perfection vous ne l atteindrez jamais» vous avez été récemment nominé comme ambassadeur de Divine académie française et exposé au Caroussel du Louvre , Honneurs ou responsabilités ? C’est un honneur et une fierté d être nominée ambassadeur de Divine 16.11.2016 culturetoute.com 19
Fb.com/maisondesartistesmaroc-FB,Instagram,Twitter: culturetoute -00212661 24 04 73 20 culturetoute.com 16.11.2016
Académie Française des Arts lettres et culture par Sa présidente Mme Divani Pavessi lors de ma participation à l exposition 2016 au carousel du Louvre. Un honneur pour moi entant qu’artiste autodidacte pleine d’ambition et souhaitant lever le drapeau marocain très haut et en même temps une grande responsabilité pour laquelle je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour l assumer a juste titre et donner ainsi la meilleure image à la peinture en particulier et à l’art en général au maroc. que suppose cette distinction comme projets en 2017 ? Cela suppose beaucoup de travail, de perfectionnement et de projets à la hauteur de cette distinction. Parmi ces projets je citerai : * la mise en place d une convention avec Divine Académie pour un échange artistique et culturel entre le Maroc et le Brésil avec organisation d exposition au Maroc et au Brésil notamment a Casablanca, Rio et à Sao Paulo . * Participation à des résidences d artistes au Maroc et à l étranger notamment à Paris courant mois de Mars avec des artistes de renommée. * participation auprès dès artistes brésiliens pour représenter le Maroc dans le stand de Divine académie lors du prochain salon «Art shopping» au carrousel du Louvre. * faire partie du jury de Miss Arab World au Maroc et en Egypte et ainsi exposer dans les événements y afférents. Comment as-tu versé dans l’art ? Je suis venue à l art comme un nourrisson va au sein, j allais presque dire de façon instinctive. Sans la pulsion initiale donnée par mes proches que je remercie ici. Je pense savoir que j ai une âme d’artiste et l’énergie d’un guerrier : Le son de l eau qui coule, du vent qui remue les branches des arbres, celui des doigts d un musicien sur sa guitare, la musicalité d un texte, les
couleurs d une palette m émeut au plus haut degré. J essaie donc de transcrire toutes ces émotions et encore pleins d autres en mélangeant les couleurs et en construisant une toile en laissant libre cours à mes instants, je ne retiens ni la main qui tient le pinceau ni le cerveau qui mélange les teintes. Une fois finie, me toile debout sur son chevalet dit combien le travail d’intellectualisation de thème traité a mûri et n’invite à une autre aventure. Ma peinture est une vie dans la vie. Une femme dans le milieu des arts plastiques au Maroc, c’est compliqué ? Le Maroc du vingt-et-une nième siècle ne connaît pas de sexisme sauf peut être dans certains esprits rétrogrades. la femme marocaine d hier aspirait à l égalité. Aujourd’hui la femme marocaine a investi tous les domaines. Elle est médecin, ingénieur , avocate, pilote de ligne, chef d entreprise et de surcroît artiste. Le domaine de l art a toujours été en avance par rapport aux autres domaines. Avant-gardiste et presque visionnaire Ce plus Qui explique que dans le domaine de l art l homme est égal a la femme. Remarquez que je n ai pas dit la femme est égale a l homme. question subsidiaire , que pensez vous de l’expérience webzine de #culturetoute ? Nous avons besoin de magazines artistiques pour vulgariser l art au Maroc. L expérience du webzine permet justement cette accessibilité à travers les smartphones et les tablettes et ainsi accéder à l information culturelle : expositions, conférences, concerts de musique...et faire connaître les artistes marocains au niveau national et international. ©culturetoute.com
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Une interview de AHMAD BOUZOUBAA Propos recueillis par AHMAD BOUZOUBAA Que pensez vous d’un webzine culturel au Maroc comme culturetoute.com ? Je trouve qu’un format web pour parler d’un sujet comme la culture permet de rendre celle-ci accessible, à tout le monde. Presque tout le monde a aujourd’hui accès à un smartphone pour consulter des rubriques, articles, portraits axés sur la culture, et tant mieux ! De plus, il y a beaucoup de matière à partager, que ce soit en termes d’expos, de signatures de livres, de collectifs d’artistes, d’évènements musicaux…
SOPHIA MIKOU interview
Ma bio express, Je suis styliste de formation, et de passion, en fait ! Un travail que je fais au quotidien avec une énergie et des idées qui se bousculent. J’ai crée ma marque, il y a une dizaine d’années, et je vends mes collections faites de pièces uniques dans des boutiques de palaces sur Marrakech et aussi Tanger. Depuis deux ans je suis présente sur Genève et depuis septembre dernier à Singapour. J’aime l’idée de faire voyager « mon Maroc », avec ses couleurs, son savoir faire, sa diversité, réinterprété bien-sûr à ma façon. Je suis également consultante artistique, sur des shootings mode, sur des sujets déco, des mises en situation pour des grands groupes hôteliers, que ça soit en terme de valorisation d’espace ou de vêtements d’image. C’est une vie riche qui me plait, qui me nourrit et qui me fait souvent dire : Next : Projet suivant ! 22 culturetoute.com 16.11.2016
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos futurs projets ? Commercialement, je suis très présente à Marrakech avec de belles références. Mes projets futurs visent à développer mes points de vente dans le nord du Maroc, sur la région de Tanger Tétouan. Aussi, afin d’exporter la créativité marocaine à l’étranger, j’aimerais vendre mes collections à Paris, Londres, New York, et même Tokyo… qui est ma ville préférée ! Le style de mes créations actuelles est sophistiqué, baroque, chic. Je suis en train de lancer une deuxième ligne, S by Sophia Mikou, qui verra le jour en Janvier avec des lignes plus modernes, plus branchées, plus jeunes et du coup plus accessibles. Un conseil aux artistes marocains ? Quel serait-il ? Un conseil : se laisser guider par son cœur, ses intuitions, écouter son moi intérieur… mais tout cela est valable pour l’artiste en général. Pour être plus spécifique à l’artiste marocain, eh bien qu’il s’ouvre encore plus, car nous avons aujourd’hui de fabuleuses plateformes de partage, des salons, des foires, des collectifs, il suffit d’être connecté pour ne pas perdre le fil et saisir de nouvelles opportunités. Donc #connectestous !
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La culture au Maroc ? La culture à travers le monde ? La culture au Maroc aujourd’hui a connu un réel essor. Les manifestations, rendezvous culturels, les festivals par villes, par régions se multiplient et deviennent des incontournables, ils sont reconduits d’année en année. Nous sommes dans une logique de pérennité. On peut tenir un agenda culturel
et je trouve cela formidable. Pour ce qui est de la culture à travers le monde, j’ai d’abord besoin de prendre une année sabbatique pour faire le tour du monde… et je vous répondrais après de manière très exhaustive.
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Moroccan Fashion goes to Singapore C’est le concept store Mythology, sur Club Street, en plein cœur de Singapour, qui accueille depuis septembre une collection signée Sophia Mikou : tops en tlija de soie effet lamé avec sequins dorés, chemisiers en organza de soie habillés de galons traditionnels et ornés de perles et paillettes, sarouals accompagnés de leurs majdouls en passementerie de soie… La styliste Sophia Mikou compte déjà plusieurs points de vente à Marrakech, dont le Royal Mansour, le Four Seasons et le Royal Palm, mais également le Banyan Tree Tamouda Bay et la boutique Concept Sud à Genève. Les collections signées Sophia Mikou sont composées de pièces uniques d’inspiration marocaine, sur base de coupes empruntées au prêt à porter, alliant noblesse des matières et précision des finitions. Elles sont destinées à une femme sophistiquée, chic, rêveuse et curieuse d’un ailleurs mystérieux. Next steps ? Avec un grand sourire, la créatrice indique viser un nouveau point de vente à Paris et un hôtel d’exception… aux Maldives ! 26 culturetoute.com 16.11.2016
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Sophia Charai interview EXCLUSIVE Chanteuse, actrice, photographe, architecte, styliste, musicothérapeute, Sophia Charai est une artiste multiculturelle riche de ses influences plurielles, de Chopin à Oum Kalsoum en passant Maritie et Gilbert Carpentier qui bercent son enfance. Originaire de Casablanca, elle rejoint Paris pour ses études d’architecture et y découvre les clubs jazz. Sophia se mue alors en chanteuse Jazz et fait la rencontre de Mathias Duplessy guitariste, compositeur et producteur. Ensemble, ils commencent un long voyage, explorant les rythmes et les cultures, faisant dialoguer les sons brésiliens, le jazz, le flamenco, la musique indienne, arabe, la bossa, Ravel… Sophie ne cesse de multiplier les expériences et collaborations, enrichissant à chaque fois son univers enchanteur. L’art de Sophia est à la croisée des civilisations, des langues et des cultures. Sa musique est un hymne poétique au métissage, un voyage d’une intensité rare qui vous mène aux quatre coins du monde avec une dimension profondément humaniste. Sa voix vous transporte
dans un univers où tous les sens sont sollicités, hors cadre spacio-temporel, vers une conception libre de la musique. Après son album sorti chez UNIVERSAL CLASSIC & JAZZ, très salué par la critique, Sophia Charai revient avec son troisième album « BLUE NOMADA » qui invente un « blues nomade » tantôt mélancolique ou exubérant, mais avec la même énergie qui souffle son amour de la différence et du métissage. Swing et bohème comme sa marque de couture Swing Gipsy, Sophia oscille entre baroque et coloré, entre mélancolie et exubérance. Elle nous entraine dans un univers qui lui est propre et singulier, comme un tableau impressionniste aux diverses teintes. Passionnée et passionnante, Sophia est une artiste éclectique et décalée qui se plait à s’engager loin des sentiers battus, en dehors des étiquettes. Nous avons eu la chance de la rencontrer et de lui soumettre quelques questions. Culturetoute partage avec ses lecteurs cette interview exclusive.
par Ilham mirnezami Sophia Charai, d’où venez-vous ? Je viens d’une planète bizzare où les gens ne parlent pas la même langue. Je crois que ça remonte à la Tour de Babel où les Dieux se sont fâchés et ont infligé ce sort aux humains… C’est une métaphore, mais c’est à Casablanca que je suis née, qui est donc une ville sur l’atlantique qui a vu de nombreux peuples accoster sur ses côtes, alors on devrait arriver à se comprendre. Votre dernier album « Blue Nomada » est un voyage à travers le monde où se cotoient le jazz, le blues, le flamenco, les mélodies du Maghreb, la musique indienne et les rythmes brésiliens. Pensezvous explorer de nouvelles contrées encore ? En tant que nomade, oui je ne compte pas m’arrêter en si bon chemin, ha ha 28 culturetoute.com 16.11.2016
Je suis trop curieuse des sonorités, des langues, pour m’arrêter d’explorer des nouvelles matières. Mon grand père et sa famille étaient marchands d’étoffes. A ma manière je tisse des matières sonores car j’aime créer des textures lisses ou rugueuses, douces ou soyeuses, et je n’aime rien autant que les contrastes, les surprises, opposer le silence à la l’exubérance, c’est tout cela qui m’attire dans les langues et les cultures. Découvrir la musique de chaque langue, ce que cela induit dans l’espace, le corps d’une culture, c’est presque de l’ethnologie. En fait quand j’étais petite je voulais être « voyageuse…» alors j’ai fait Chanteuse ! C’était le chemin le plus court, sans doute, pour moi pour découvrir le monde, et je suis loin d’en avoir fait le tour… Vous mettez souvent en lumière dans vos créations la langue
“Je crois que le bonheur, la sérénité s’acquièrent par la paix avec soi et l’Amour de la tolérance de la différence.”
dialectale marocaine. Qu’est ce que cela représente pour vous ? Le dialecte est pour moi la langue la plus utilisée au Maroc dans la rue tout le monde parle ça, Non ? Ce n’est pas la langue que l’on entend à la télévision !! Le Maroc est un pays qui s’est formé avec une histoire très riche et c’est ce que traduit cette langue où cohabitent des mots de différents héritages des peuples
qui ont foulé ce sol généreux. Alors moi je me sens plus proche de cela que de l’arabe classique littéraire même si je peux trouver ça beau. Mais la poésie du dialecte me parle plus avec sa rugosité ses imperfections, ca sonne plus en musique et ca me rapproche des gens de mon pays. Que pensez-vous de la culture au Maroc ? 16.11.2016 culturetoute.com 29
Je pense que la culture au Maroc est en pleine explosion, à la manière d’une fleur que l’on aurait gardée longtemps sous un globe elle exprime maintenant tous ses parfums. Elle explose dans tous les sens grâce à cette jeunesse tenue trop longtemps muselée, et qui a aujourd’hui envie de s’exprimer de crier son envie de liberté. C’est aussi grâce à notre merveilleux Roi qui aime la culture et qui l’encourage et aussi grâce à ce phénomène mondial qu’est le net qui a aboli les frontières, Dieu merci ; Aujourd’hui les marocains s’exportent dans toutes les disciplines de l’Art et montrent qu’ils sont très talentueux et créatifs et sont reconnus. En Espagne après Franco il y eu la Movida, au Maroc c’est la Nayda , toute la jeunesse est debout, elle bouge dans une dynamique très forte, dans tous les domaines, ça fait vraiment plaisir ! Vous êtes une artiste pluridisciplinaire : architecture, stylisme, musique, photographie. Dans quelles disciplines voulezvous encore vous découvrir ? Pour moi, tout est relié dans l’univers, il n’existe pas de séparation car même l’espace que l’on croit vide ne l’est pas, puisque… Toutes ces branches artistiques ne sont en fait qu’une seule branche d’un même arbre, dont les fruits murissent chacun à leur rythme et tous ont un gout différent mais exquis. Je ne me projette que rarement dans l’avenir j’en suis simplement incapable, j’aime vivre au temps présent et suis guidée juste par l’envie de faire, produire, ce qui revient à créer sans se préoccuper d’une projection, d’un résultat. Le bonheur est dans le faire, le plaisir de faire. Avez vous déjà vu un peintre à l’œuvre? Il est comme en pleine méditation, je rapprocherais ça de la pleine conscience, un état qui fait abstraction du temps, uniquement focalisé sur ce qui déroule à l’extremité de son pinceau ; cette attitude est celle vers laquelle je tends aujourd’hui 30 culturetoute.com 16.11.2016
dans ma vie, et peu importe dans quel acte créatif elle s’incarne, mon intention est de me laisser guider par … les anges, mon intuition , dieu peu importe le nom que l’on donne à cela. Je crois que j’ai très envie de peindre en ce moment car la peinture m’apaise, me repose. C’est une école de l’humilité, un peu comme l’instrument. Elle nous apprend que par définition tout équilibre est instable et rappelle que la vie n’est que perpétuel mouvement. Quand j’ai dit mouvement, je parle de la fluidité qui arrive lorsqu’on éteint notre mental pour faire place au silence, à la paix que nous donne le plaisir d’une attention totale à ce que l’on fait. A ne pas confondre avec la frénésie largement pratiquée à travers nos sociétés, et la compulsivité qu’induisent nos dernières technologies qui nous emmènent exactement à l’opposé de cette prise de conscience. Alors comme la vie est un acte de création, je peins ma vie, de mes couleurs parfois gaies parfois plus sombres, mais que peut on peindre d’autre que soi même ? Pouvez-vous nous en dire plus sur vos futurs projets ? Mes projets naissent souvent au fil des rencontres, mais plus ça va et plus j’ai envie de me sentir libre de vivre tout ce qui arrive, et comme on provoque toujours les choses il suffit de rêver parfois d’une chose pour qu’elle surgisse comme par hasard. Aujourd’hui j’ai très envie de multiplier les croisements des cultures de faire sonner des timbres ensemble que l’on n’aurait pas imaginé faire se rencontrer. Je crois que dans le mot « métissage », il y a tissage et si l’on devait donner une définition de ma nature profonde je dirais tisseuse de liens, du lien. La définition de l’intelligence c’est de comprendre que tout apporte à tout et que l’on a besoin des autres, que la différence est non seulement indispensable mais elle nous enrichit. Alors moi je crois que je suis là pour cela, mélanger les couleurs, créer du lien là ou ce n’était pas attendu, et montrer que c’est
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source de beauté, d’amour, de tolérance… tout ce qu’on nous apprend pas à l’école, et pourtant la nature nous l’enseigne tous les jours. Plus concrètement, j’ai plusieurs collaborations du coté de l’Argentine, l’Inde, que j’aimerais voir grandir et qui sont en cours, en parallèle avec la tournée que je prépare pour la sortie récente de mon dernier album « Blue Nomada ». Je suis aussi en train de finir ma formation de musicothérapeute car je m’intéresse beaucoup au son et la musique pour son pouvoir thérapeuthique. A la manière des gnawas qui sont des guérisseurs par la transe, on peut accéder aussi à une amélioration sensible jusqu’à la guérison de nombreuses pathologies grâce aux vertus de la musique et particulièrement pour moi par la voix et le souffle. Je travaille sur une méthodologie pour que ces bienfaits de plus en plus intégrés aux institutions hospitalières en France, profitent à d’autres publics. Je suis également en train de relancer mes créations marocaines de style en vêtements et linge de maison, mais comme je suis « touche à tout » et sur plusieurs fronts alors j’avance à mon rythme, c’est
à dire lentement, mais je ne sais pas faire autrement car je suis gourmande de la vie et de tout ce qu’elle a à nous offrir, alors je suis nomade jusque dans mon éclectisme disciplinaire. Si vous deviez donner un conseil aux artistes marocains, quel serait-il ? Suivre son cœur encore et toujours, ne pas suivre les modes ou les influences, rester intègre, ne pas faire de compromis, se respecter en étant fidèle à soi-même, il n’existe pas d’autre chemin que le retour à soi son intégrité, pour trouver sa voie ! Dieu nous crée parfaits c’est le monde et la société qui nous fait croire au mensonge de notre imperfection car ainsi nous pouvons être manipulés, et servir les intérêts des puissants prédateurs du plus petit nombre, mais c’est un autre sujet … Je crois que le bonheur, la sérénité s’acquièrent par la paix avec soi et l’Amour de la tolérance de la différence. En concert à Paris, le 28 novembre. Plus d’informations sur sa page https://www.facebook.com/Sophia. Charai/?fref=ts
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Un thriller fascinant ! par Laila BOUI IDRISSI «La fille du train » est une adaptation d’un célèbre bestseller, c’est un thriller bien ficelé qui place au centre de son intrigue Emily Blunt dans un rôle principale escortée par deux autres actrices moins connues mais néanmoins performantes, Haley Bennett et Rebecca Ferguson. Le récit se concentre sur les personnages de ces trois femmes qui vont toutes avoir leur importance à un moment dans le récit. Leurs personnalités sont bien creusés, bien aidés par des interprétations à la hauteur il faut le dire. Les apparences sont au centre du récit. Ce long-métrage nous propose un thriller psychologique complexe dans lequel une femme, déprimée et alcoolique, va se retrouver au coeur d‘un fait divers terrible ! Emilie Blunt est parfaite mais le scénario, hésitant et compliqué embrouille quelque peu le spectateur. Certaines lenteurs sont également à déplorer, mais malgré ces longueurs dans les débuts de la narration, qui peut quant à elle paraître très omniprésente, on est porté par 34 culturetoute.com 16.11.2016
cette enquête déroutante et originale, on oublie le temps passer, pour ce consacrer uniquement aux tournures du film. Ceci étant dis, il s‘agit vraiment d‘un excellent thriller dramatique et psychologique américain. La réalisation et l‘interprétation sont parfaites et de qualité. En outre, nous sommes devant un grand suspens et bien tenus en haleine. Il y a des passages un peu compliqués et il faut bien suivre pour tout bien comprendre puis tout se met en place et s’explique voilà pourquoi je conseille vivement de le voir « La fille du train » est en fin de compte un très bon film, bien rythmé qui nous captive par son énigme, ou la violence apparaît au bon moment et aux bonnes scènes. Au sortir de la salle de cinéma on est encore pris par l’intensité de ce film, qui est inévitablement un film à voir pour ceux et celles qui osent s’interroger sur eux mêmes. © culturetoute.com
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Une interview de AHMAD BOUZOUBAA Propos recueillis par AHMAD BOUZOUBAA
Interview exclusive
Zkara Iliass responsable communication & presse de Kouzina Store Si vous deviez donner un conseil aux artistes marocains, quel serait-il ? Conseils aux futurs artistes? Je ne suis pas artiste pour pouvoir donner un conseil basé sur mon expérience ou quoique ce soit mais je leur dit tout simplement de croire en eux et d’aller jusqu’au bout dans leurs projets. Je sais que c’est dur aujourd’hui de se faire une place dans notre société mais il faut persévérer. Mon conseil devrait 36 culturetoute.com 16.11.2016
s’adresser plus aux citoyens Marocains qui devront encourager le produit marocain, on a énormément de talents et de designers émergents ou anciens qui fabriquent des vêtements ou meubles extrêmement beaux mais qui n’ont pas l’occasion de les faire montrer. l’association Houna été créée pour répondre à ce besoin et aider les jeunes designers à promouvoir leurs créations à travers une série de services qu’elle propose.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos futurs projets ? Projet futur? Pour le moment, on se concentre sur Kouzina Concept Store au Quai des créateurs. C’est notre première édition de Boutique éphémère et nous ne comptons pas s’arrêter là. L’idée est d’importer kouzina Store dans différentes villes à savoir casa, Fès, Marrakech ou Tanger suivant les événements culturelles qui s’y produisent. Nous sommes encore à Rabat jusqu’au 31 Décembre et nous déployons toute notre énergie pour rendre cette boutique multi-marques l’endroit idéal pour les Rbatis, où ils pourront éventuellement se procurer une créations Made in Morocco ou assister aux différents événements que nous organisons de temps à autres, suivant un calendrier précis. Ce soir par exemple, se tient la nuit des galeries et durant tout le weekend il y’aura différents activités organisées tout au long du Quai des créateurs à la Marina de salé, pour les grands comme pour les petits enfants, histoire de vulgariser l’art et le Design. En même temps, l’association HOUNA qui chapeaute le projet est actuellement à la COP22 pour le projet Innovation Camp qui a pour but de soutenir ceux qui créent des solutions innovantes, entrepreneuriales, et tangibles qui vont améliorer le quotidien de chacun et chacune. L’objectif de ce camp est de réunir différents acteurs de différentes disciplines et les amener à collaborer sur des solutions réelles aux problématiques liées à l’environnement. 16.11.2016 culturetoute.com 37
Que pensez-vous de l’expérience d’un webzine culturel au Maroc comme culturetoute.com ? Je trouve que c‘est une belle idée d‘avoir un webzine culturel au Maroc pour partager des goûts, des idées, autour de la culture, donner des avis différents sur ce que l‘équipe de la rédaction a lu, vu ou entendu. C‘est
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une pluralité journalistique intéressante puisque ça nous met au courant de l‘actualité culturelle qui se passe dans la ville et à travers ça je pense que la culture se développe et se vulgarise aussi puisque le webzine est accessible à tout le monde. D‘où le nom, culturetoute.
Flash BACK
Nous avons organisé le Samedi 29 Octobre un après-midi pendant laquelle des jeunes designers, des enseignes confirmés et le public se sont rassemblés pour discuter sur la place qu’occupe le design au Maroc. Des conférences débats avec des designers de renom et des numéros de danse signés Mehdi Mojahid ont couronné le programme de cette modeste manifestation. Durant la matinée de la même journée, nous avons annoncé les nouvelles marques qui ont rejoint Kouzina Store pour les mois qui viennent à savoir Novembre et décembre. Nous comptons organiser durant ce mois des projections films et une dernier vernissage pour annoncer les prochains designers qui rejoignent l‘aventure. Nous sommes de plus en plus nombreux et ce n‘est qu‘un point positif.
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Exposition
L’Histoire du Maroc exposée à Paris L’exposition se poursuivra jusqu’au 30 décembre prochain Après “Le Maroc contemporain” à l’Institut du monde arabe et “Le Maroc médiéval” au Musée du Louvre, une nouvelle exposition dédiée à l’Histoire du Royaume se tient actuellement au Musée de l’Ordre de la Libération à Paris.... © libe.MA
«Ailleurs», la traversée du désert de Othman Naciri (VIDÉO)
Ahmad Bouzoubaa, Fondateur et créatif de lamaisondesartistes.ma & culturetoute.com
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Pour sponsoriser un mailing envoyez votre demande à ahmadbouzoubaa@gmail.com. La Maison des Artistes s’est fixée comme objectif de promouvoir l’art contemporain marocain. Notre agence également spécialisée dans la communication propose un concept original pour la décoration murale des bureaux et de l’intérieur des locaux. Notre agence se charge aussi de tous travaux de conception, d’édition ...