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Numéro 173
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Rebel Spirit Interview Exclusive
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Merveilleuse ignorance par Mourad HAMAYET
Dieu que le vrai savoir est difficile à acquérir ! Je ne parle pas du savoir ‘’accumulation de connaissances’’, qui ne se paie que de l’effort de l’apprentissage et de la volonté d’apprendre, mais de l’autre savoir, qui est l’évaluation et la mesure de tout ce que l’on ne sait pas. Imaginons l’outil en question : il a la forme d’un laser, rayon lumineux filiforme qui doit heurter quelque chose pour prendre la mesure qu’on l’a chargé de prendre ou agir sur ce sur quoi on l’a projeté. Telle mensuration ressemble au système de guidage de la chauve-souris qui émet un ultrason et déduit son emplacement-propre tout en identifiant les obstacles se dressant sur sa route et susceptibles de perturber son vol, en fonction du temps mis par l’ultrason pour lui revenir, ainsi que la provenance de cet ultrason boomerang !... CQFD : Ne pas disposer de l’information nécessaire pour se piloter dans la vie et dans le monde est l’exacte définition de l’ignorance. L’ignorance est un manque, une lacune. Mais, comme tout, icibas, elle se définit par une dualité contradictoire : yin-yang, blanc-noir, utilité-inutilité, bienfait-méfait ou 2 culturetoute.com 22.11.2016
comme disent les Arabes, mal et remède. Lorsqu’en quelque matière que ce soit, vous ne voyez que l’aspect négatif, soyez certain que vous n’avez que partiellement compris et devez poursuivre votre quête de sens. Ceci permet de dire que, comme tout, l’ignorance a des côtés positifs ! Ladite ignorance apparait chaque jour davantage comme le moteur principal du savoir, car pour quelque paradoxal que cela puisse sembler, ce n’est plus la somme des connaissances qui fait le bon scientifique mais la formulation des bonnes questions, c’est-à-dire précisément la claire conscience de ce qu’il ne sait pas. On peut appeler cette ignorance l’ignorance consciente, lucide, vertueuse, utile, ou même sainte. De plus en plus, le savoir apparait comme la plus juste évaluation possible des choses ignorées. James Maxwell, génial physicien écossais du XIXème siècle l’a parfaitement formulé en affirmant : ‘’L’ignorance profondément consciente est un prélude à toute réelle avancée de la connaissance’’. James Maxwell De là à dire que la question prime sur la réponse, il n’y a qu’un pas qu’il ne faut pas hésiter à franchir.
Second paradoxe : Plus on sait de choses, plus on découvre qu’on en ignore. On a clairement l’impression que certes, la connaissance croît mais qu’en même temps l’ignorance croît encore plus vite. Le rapport entre les deux vitesses de croissance a même été très sérieusement calculé : Quand on apprend une chose, cette chose génère dix nouvelles questions auxquelles nous ne sommes pas encore armés pour répondre ! Notons donc cet autre paradoxe : “Un chercheur, que ce soit en sciences exactes ou en humanités, est chaque jour plus ignorant, à mesure qu’il acquiert du savoir.” Yves Ponroy, lui-même chercheur en biologie et bloggeur excellent et très actif - https://chronique-libre.com - confirme l’importance de l’ignorance dans le processus de création : ‘’ … la vie est une aventure parce que nous ignorons de quoi sera fait demain. Nous sommes fascinés par l’inconnu, c’est à dire par ce que nous ne connaissons pas. C’est notre curiosité qui a permis à l’humanité d’avancer : l’ignorance est le carburant qui met notre curiosité en marche.’’ Yves Ponroy Puis, humour ou provocation, il ajoute : ‘’ Si vous rencontrez un scientifique, ne lui demandez pas ce qu’il sait, mais interrogez-le sur ce qu’il aimerait savoir. Vous verrez, la conversation sera plus passionnante pour l’un et l’autre !’’ Yves Ponroy Nicolas de Cues, prêtre allemand du XVème siècle, est l’auteur d’un ouvrage intitulé ‘’La Docte Ignorance’’ dans lequel il rappelle que tous les philosophes de tous les temps ont cherché à comprendre le monde sans jamais y parvenir jusquelà. Il ajoute que néanmoins, l’étude de leur ignorance les rapproche de la vérité, autrement dit du savoir. - Quelle est donc la perfection que doit rechercher l’homme d’études ?
- C’est d’être le plus savant possible en cette ignorance. Alors troisième paradoxe du jour : “Il sera d’autant plus savant qu’il se connaîtra plus ignorant.” Nicolas de Cues Le merveilleux Mahdi Elmandjra a passé une bonne partie de sa vie à expliquer ce qu’est le savoir et à déjouer les pièges du faux savoir et de l’analphabétisme. Il a dit : ‘’Il faut savoir ignorer ceux qui ignorent qu’ils ignorent’’ Mahdi Elmandjra Ali H.E. un très jeune ami, m’avait demandé d’évaluer sa copie de philosophie à l’examen au baccalauréat. Le sujet qu’il avait choisi concernait précisément l’acquisition du savoir. Quelque peu ‘’original’’, il avait délaissé les idées reçues de son manuel et de son prof pour se lancer dans une courageuse et méritoire analyse du rapport entre sujet et objet dans l’acte d’apprendre. http://wp.me/p62Hi-9C. Son devoir s’achevait sur cette phrase qui me tétanisa d’admiration : ‘’Apprendre, c’est accepter de prendre’’ Ali H.E. Juste en passant, rassurez-vous, braves gens, je me suis trompé : il a eu une note catastrophique… Et pour finir, le père-fondateur de la philosophie occidentale, Socrate lui-même, parcourait les rues d’Athènes, dialoguant avec tous les passants, cherchant à les rendre plus sages par la connaissance de leur ignorance ? ‘’Je sais que je ne sais rien’’ Socrate … les amenait-il à reconnaître. Lorsqu’il obtenait cet aveu, il estimait avoir conduit un homme à la sagesse. Lui aussi, du haut de son immense sagesse, jugeait le savoir à l’aune de la conscience de l’ignorance … ©culturetoute.com
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communiquez culture #culturetoute.com RDV sur l’émission “matinées-maghrébines”
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Numéro 173 du 22 novembre 2016 couverture Ahmad Bouzoubaa pour culturetoute.com
SOMMAIRE
actu 10 Philosophie, La Nuit des philosophes revient à Casablanca et Rabat 10 Musique, Brahim El Mazned: «Visa for Music est une plateforme établie malgré son jeune âge» 12 Photographie, Le photographe marocain Yoriyas Yassine Alaoui Ismaili expose le «vrai» Casablanca à San Francisco
06 #culturetoute
en une 06 Edition, avec Rebel Spirit, interview exclusive
magazine 14 Art, HASNAE LACHGAR, interview exclusive 20 Cinéma, “Sans le vinaigre le miel n’est pas le miel.” chronique de Laila BOUI
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22 Edition, L’écriture de l’hybride dans les nouvelles de ANIS ARRAFAI 26 Mode, Sophia MIKOU INTERVIEW Exclusive
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Interview exclusive
avec Rebel Spirit par Nadia JACQUOT
dans ce milieu, à part bien sûr le talent dont il est doté. Rebel Spirit est diplômé de l’Ecole des Beaux Arts de Casablanca et s’est fait connaître du grand public il y a tout juste une année grâce à une bande dessinée racontant la vie d’un jeune casablancais pas comme les autres. Presque deux ans plus tard, il sort un 2nd tome qui rencontrera sans aucun doute le même succès que le précédant.
Rebel Spirit, de son vrai nom Mohammed El Bellaoui est certainement l’artiste marocain qui aura marqué sa génération. Artiste à part entière, il est à la fois musicien, peintre, dessinateur et graffeur. Rien ne le prédestinait à réussir 6 culturetoute.com 22.11.2016
Comment est né le 1er tome du Guide Casablancais ? C’était mon projet de fin d’étude de l’Ecole des Beaux Arts de Casablanca en 2013. Contrairement aux autres étudiants, j’ai tenu à le finaliser et en faire un réel projet professionnel. L’idée m’est venue parce que je recevais beaucoup d’amis de l’étranger qui ne comprenait pas le mode de vie à la casablancaise. Ils avaient des idées fausses sur la vie ici. A chaque sortie, je leur expliquais les phénomènes qui sont propres à cette ville. Avez-vous été surpris par l’accueil de ce premier tome ? Oui, j’ai été extrêmement surpris par l’accueil. On parle souvent dans les
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LE GUIDE CASABLANCAIS 1 Mon projet intitulé « LE GUIDE CASABLANCAIS » consiste à illustrer la ville de CASABLANCA et l’attitude de ses 8millions d’habitants, Dans un cadre qui raconte des situations humoristiques inspirées de notre vécu quotidien. Et retrace de façon ironique et amusante l’ensemble des particularités de la vie casablancaise. En utilisant le DARIJA (jargon marocain) et l’ensemble des signes et symboles purement marocains. Grace à « LMADANI » » (le civil), personnage purement casablancais, qui nous prend en balade pour découvrir le vrai visage de Casablanca, nous fait visiter la « JOUTYADERB GHALLEF », le plus célèbre marché de piratage en Afrique, nous transmet l’ambiance de la ville le jour du match du « DERBY » entre les deux clubs mythiques du football à Casablanca, le « RAJA » et « le WAC ».et tout l’impact de cet événement sur la ville .et nous fait découvrir la situation des transports en commun : le bus et les grands taxis et toutes leurs particularités .
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médias du manque de lecteurs au Maroc. Le marocain ne lirait pas et que le support papier ne marcherait plus. Avec le Guide casablancais, c’est tout à fait le contraire qui s’est passé. Le Casablancais s’y identifie, ce qui m’a donné une belle énergie et m’a donné envie de poursuivre ce projet. Cette belle réactivité avec les gens m’a vraiment surpris.
mois ? Je prépare la sortie de ce 2nd tome et une exposition à la galerie Amadeus midécembre. Avez-vous des projets que vous voudriez voir se réaliser ? Des choses que vous n’avez pas encore réalisées mais qui restent dans un coin de votre tête. J’aimerais reprendre la peinture. Ça me manque. Ça fait plus de 2 ans que je n’ai pas vraiment pris les pinceaux. Les toiles et le street-art me manquent beaucoup. J’aime bien varier les médias de travail. Je suis musicien à la base. J’aimerai aussi enregistrer les chansons que j’ai écrites avec mon groupe. Réaliser un petit film ou faire de la vidéo expérimentale sont aussi des choses qui trottent dans un coin de ma tête. Bref, j’aimerai faire plein de choses et retrouver de l’énergie pour attaquer le 3ème tome, Inchallah.
Parlez nous du 2ème tome. Qu’a t-il de différent ? Y a t-il des similitudes ? C’est a suite logique du développement du personnage : LMadani. Dans le 1er tome, on a essayé de le mettre en situation dans son milieu, sa ville, son quartier. Dans le 2nd tome, on aborde sa situation civile, son cadre social et professionnelle. C’est l’histoire de la rencontre du protagoniste avec sa femme. Elle s’appelle Aziza et a fui un mariage forcé dans une campagne non loin de Casablanca. Une histoire d’amour nait entre eux avec toutes les défauts et les avantages d’une relation de couple. Je me suis inspiré des films indiens et égyptiens et des séries mexicaines que je regardais quand j’étais petit. Dans ce tome, LMadani nous fait découvrir les lieux Quelle est la culture de Rebel Spirit ? que fréquentent les couples à Casablanca. LMadani va devenir plus romantique, plus Qu’est-ce qui fait (culturellement parlant) que tu es Rebel Spirit ? sage et plus gentil. Je vis la culture tous les jours. Je lis Avez-vous rencontré des difficultés à le beaucoup. J’assiste à de nombreuses réaliser, ou au contraire, avez-vous eu manifestations que cela soit en tant plus de facilités avec ce 2nd tome ? que spectateur, au niveau artistique Sur le 1er tome, mes problèmes étaient ou performance ou même au niveau purement financiers. Je venais d’avoir mon diplôme. Je ne disposais pas d’assez de l’organisation. Je vis la culture, je d’expérience pour savoir comment aller vis pour la culture. J’écoute beaucoup chercher des sous et des partenaires. Sur de musiques. J’essaie d’assister à un le 2nd tome, j’ai bénéficié d’une subvention maximum d’événements culturels au du Ministère de la Culture dans le cadre Maroc. Je voyage aussi à l’étranger où je du financement de projets de jeunes cherche à découvrir des expositions ou des artistes. Ce qui m’a permis d’assurer une autonomie financière. J’ai pu du coup être spectacles. Sans culture, ma vie serait très tranquille financièrement parlant. J’ai pu monotone. Je remercie Dieu de m’avoir me concentrer sur la création, sur l’art et donné la chance de faire de la création et sur mon métier. de travailler dans le secteur culturel. © culturetoute.com Quels sont vos projets ces prochains 22.11.2016 culturetoute.com 9
la revue de presse #du Mardi 22 Novembre 2016 La Nuit des philosophes revient à Casablanca et Rabat La Nuit des philosophes revient pour une troisième édition. L’événement initié par l’Institut français du Maroc, dans le cadre de sa saison culturelle FranceMaroc 2016, se tiendra d’abord le vendredi 25 novembre, à la Bibliothèque nationale du royaume du Maroc, à Rabat, avant de débarquer le lendemain, samedi, à l’Institut français de Casablanca. © huffpostmaghreb.com Le 21 novembre 2016
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Brahim El Mazned: «Visa for Music est une plateforme établie malgré son jeune âge» Après quatre jours de concerts, de rencontres, de conférences et de sessions de formation, la troisième édition du salon dédié aux musiques d’Afrique et du Moyen-Orient Visa for Music a tenu sa cérémonie de clôture le 19 novembre. L’occasion de faire un premier bilan avec Brahim El Mazned, le fondateur de l’événement qui souhaite donner un nouveau souffle à l’industrie de la musique dans la région. © huffpostmaghreb.com Le 21 novembre 2016
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Le photographe marocain Yoriyas Yassine Alaoui Ismaili expose le «vrai» Casablanca à San Francisco Le jeune photographe marocain Yoriyas Yassine Ismaili Alaoui fait petit à petit découvrir son art aux quatre coins du globe. Après avoir exposé son travail à Londres, Dublin, Hamburg ou encore Paris, le voici qui participe à une exposition collective à San Francisco aux Etats-Unis avec sa série «Casablanca not the movie». © huffpostmaghreb.com Le 21 novembre 2016
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Une interview de AHMAD BOUZOUBAA Propos recueillis par AHMAD BOUZOUBAA
Interview Exclusive
HASNAE LACHGAR Née à Salé en 1992, Hasnae est diplômée de l’École des beaux-arts de Casablanca (Maroc), spécialité Arts Plastiques. C’est très jeune qu’elle s’est initiée à l’art. Allergique à toute forme d’étiquetage, elle est à la fois dessinatrice, peintre, musicienne et photographe bref une touche-à-tout. Elle appartient à cette mouvance d’artistes multidisciplinaires. Sa démarche appartient à la mouvance Pop art avec une tendance pour le néo-impressionnisme. Influencée par ses origines berbères, Hasnae aime la couleur et n’hésite pas à en abuser.
Pouvez-vous nous parlez de votre prochaine exposition ? Ma prochaine exposition se tiendra au Riad Denise Masson du mardi 22 novembre 2016 au 27 novembre 2016. Dans le cadre de la 9ème édition du Sun festival de Marrakech . Dans cette série, j’ai choisi d’utiliser une technique mixte. Un mélange de peinture et de collage. J’essaie d’employer des techniques diverses:mégots de cigarette, bouchons de bouteille, pochoirs, superpositions de journaux ... pour situer mes oeuvres dans un contexte anachronique . J’ai d’abord mis à l’honneur les personnalités qui m’inspirent et je tente à travers mon travail de chambouller la conscience collective véhiculée sur la 14 culturetoute.com 22.11.2016
femme amazigh. La pièce centrale de cette série est le «portrait royal» (140*140cm) de sa majesté Mohamed VI. C’est avec beaucoup d’émotion et avec un réel plaisir que j’ai peint le portrait de notre bien-aimé Roi. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos futures projets ? Actuellement, je suis sur différents projets pas seulement dans le monde de l’art mais aussi de la musique. En plus de futures Résidences artistiques au Maroc et à l’étranger, je prépare un album de reprises. J’ai également été contactée pour participer à une émission inédite en France. Mais je ne vous en dis pas plus pour l’instant. Restez branchés.
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Fb.com/maisondesartistesmaroc-FB,Instagram,Twitter: culturetoute -00212661 24 04 73 16 culturetoute.com 22.11.2016
Un conseil aux artistes marocains ? Quel serait-il ? Conseils. Faites ce que vous aimez. Et vous n’aurez jamais à travailler un seul jour de votre vie.La passion c’est ce qui permet de donne le meilleur de soi.
Que pensez-vous d’un webzine culturel au maroc comme culturetoute ? Webzine. Je pense que c’est une excellente initiative qui permet de démocratiser la culture. Un exemple à suivre selon moi.
La culture au maroc ? La culture à ©culturetoute.com travers le monde ? La culture au Maroc. Il fut un temps où la culture était uniquement réservée à une certaine élite. On a pu observer ces dernières années une réelle démocratisation de la culture. Certes nous sommes loin du modèle international mais nous avançons et ce grâce à sa Majesté Mohammed VI. Mais aussi grâce à la prolifération de Webzines tels que Culture Toute ou encore d’événements tels que le Sun Festival de Marrakech.
HASNAE LACHGAR Née à Salé en 1992, Hasnae est diplômée de l’École des beaux-arts de Casablanca (Maroc), spécialité Arts Plastiques. C’est très jeune qu’elle s’est initiée à l’art. Allergique à toute forme d’étiquetage, elle est à la fois dessinatrice, peintre, musicienne et photographe bref une touche-à-tout. Elle appartient à cette mouvance d’artistes multidisciplinaires. Sa démarche appartient à la mouvance Pop art avec une tendance pour le néo-impressionnisme. Influencée par ses origines berbères, Hasnae aime la couleur et n’hésite pas à en abuser. Grande adepte du jeu de détournement des codes de la société de consommation et de la culture populaire, elle travaille sur l’empreinte. Celle de différents outils que ce soit un mégot de cigarette, un bouchon de liège, un morceau de bois, la trace qu’ils laissent sur le support va au-delà de la vision qu’on a de l’objet en lui-même. Elle revisite les symboles de sa culture cosmopolite, acteurs, chanteurs, réalisateurs… mêlés à des coupures de journaux forment son univers. Son thème de prédilection reste le portrait. Actuellement, elle consacre son temps à une série de portraits consacrée à la femme marocaine. Symbole de la richesse tant culturelle qu’ethnique du Maroc populaire. Elle vit et travaille à Casablanca. PRINCIPALES EXPOSITIONS COLLECTIVES ET WORKSHOP 2016 : Exposition collective et Résidence Artistique « Quoi d’neuf là ? » dans le cadre de la 6eme Biennale de Marrakech – Marrakech 2016 : Exposition personnelle « ICONIC » au Fence – Casablanca 2015 : Exposition collective et Résidence Artistique « ResArtist » à la galerie de la fondation CDG –Rabat. 2015 : Exposition collective “Élans” à Almazar Art Gallery –Marrakech. 2015 : Exposition collective avec « Les Flambeaux du maarif » à la cathédrale Sacré-Cœur–Casablanca. 2015 : Exposition collective à l’Ecole Hassania des Travaux Publiques – Casablanca. 2014 : Exposition collective « Let’s talk about art » à l’ESCA, Ecole de MANAGEMENT– Casablanca. 2014 : Participation au workshop « Littérature enfantine » au Goethe Institut – Casablanca. 2013 : Participation au workshop « Stencil » à l’usine Mafoder avec Morran Ben Lahcen x Odeny x studio IWA. COLLECTIONS PUBLIQUES Fondation CDG-Rabat.
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On écrit parce que personne n’écoute... par Khalid mhammedi Je me suis toujours posé la question : pourquoi on écrit ? je ne parle pas évidemment de l’écriture transactionnelle et pratique qui permet de régler les choses de la vie: vendre , acheter , se marier …ou déclarer une guerre. Je parle de l’acte d’écrire pour un écrivain, pourquoi un écrivain se penche sur ses pages blanches pour les noircir et se livrer à tous lecteurs impitoyables à travers un chef d’œuvre ou un navet, le légume étant malheureusement le plus répandu sur les étalages!! Et comme souvent quand je me pose ce genre de questions, j’invite ou me fait inviter à une table ( selon l’état de mes finances ) pour en débattre avec les intéressés. Ce soir là au Bistrot Chic et à l’inspiration de la lumière tamisée de l’étage et après quelques coupes d’UBY la question fut posée. J’avais trois écrivains en face de moi et trois débits et résistances différentes aussi . - la vie a peu de sens, écrire lui donne un sens . Écrire pour écrire, pour plaire à son lecteur, à son éditeur ou pour gonfler son ego n’aura pas de sens et ne fera pas sortir ton manuscrit du rayon fruits et légumes, enfin si on arrive à écrire déjà . Le don
d’écrire est un don non pas parce que vous écrivez correctement, mais parce que vous pouvez donner un sens à votre vie. - Tout à fait, tous les jours des centaines, des milliers d’ouvriers et d’employés lambda quittent leurs domiciles en direction de leurs usines et officines et font ça des années durant sans pouvoir dire quel sens donnent ils a leurs vies. Et puis il y a les écrivains qui ont une existence exceptionnellement intense: ils font de ce laps de temps qu’on appelle «vie» une expérience valable et gratifiante. - un écrivain écrit pour dompter le mot et pour en faire un allié. Les mots existent partout, tu peux ouvrir un dictionnaire et en choisir de très beaux mais, dompter un mot est à la fois un art et une discipline : quand tu parles de printemps et de feuilles qui tombent et tu plies et replies les expressions en insérant à outrance les mots printemps et feuilles qui tombent; tu n’es plus tel ou untel mais tu es l’écrivain du printemps et des feuilles qui tombent et c’est pour ça qu’on écrit. Mes trois amis me retournerent la question : et toi que suggères- tu cher ami ? - moi je pense que le faisan rôti est excellent. ©culturetoute.com 22.11.2016 culturetoute.com 19
“Sans le vinaigre le miel n’est pas le miel.” par Laila BOUI IDRISSI Pour le réalisateur Cameron Crowe, Vanilla sky s’apparente à un vrai voyage. «J’ai voulu embarquer le spectateur dans un voyage émotionnel, l’entraîner progressivement vers des régions de plus en plus étranges», raconte l’Américain. «Je pense que les gens vont au cinéma pour être transportés, et ce film a été construit, tant sur le plan dramatique que visuel, comme un itinéraire passionnel.» Film sublime, il mêle plusieurs genres très différents : le romantisme, le drame, le thriller et le fantastique. C’est un parfait mélange entre rêve, réalité et hallucinations. Film riche en flash-backs et rebondissements qui composent un puzzle dans lequel on se perd. Il pose différentes questions et véhicule certains messages sur la société consumériste dans 20 culturetoute.com 22.11.2016
laquelle nous vivons actuellement, la recherche du bonheur et le sens de la vie en général. Il possède une qualité graphique exceptionnelle et notamment ce fameux « ciel vanille » que l’on peut apercevoir tout au long du film. C’est un film difficile à définir, on ne peut pas l’expliquer d’une seule et unique manière, chaque personne aura sa propre idée sur le dénouement de l’histoire ! En fonction de la compréhension du film, de son interprétation et de son propre vécu, chacun l’interprète différemment. Certaines personnes peuvent être confus quand à la fin de l’histoire, c’est pourquoi il vaut mieux le regarder une deuxième fois pour mieux apprécier les subtilités du film. © culturetoute.com
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L’écriture de l’hybride dans les nouvelles de ANIS ARRAFAI par Mounir SERHANI
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Anis Arrafai est né en 1976 à Casablanca, où il vit et travaille toujours. Ecrivain et nouvelliste, il a publié huit volumes de nouvelles en arabe, dont certains sont traduits en espagnol, en anglais, en portugais et en français. Il a remporté le Prix Gutenberg 2013 (catégorie langue arabe) pour son recueil Arij Al Boustan Fi Tassarif Al îmian, paru aux éditions Dar Al-Ain (Egypt). Avec son recueil La clinique des poupées, il est aujourd’hui finaliste d’un grand prix de la nouvelle dans le monde arabe. Nous lui souhaitons bon courage ! La mise-à- mort du cliché Il s’agit de notre porte-parole dans le domaine de la Nouvelle écrite en arabe, ce genre à la fois court et réclamant une subtilité particulière. Les textes de Anis Arrafai sont ouverts sur d’autres genres tels que les supports visuels dans la mesure où les frontières entre les genres finissent par s’estomper. C’est un nouvelliste contemporain féru de cette forme brève et amoureux de ses deux moments intrinsèques, à savoir la chute et la crise. Son lecteur devient, comme par enchantement, un regardeur grâce à un pouvoir manifeste d’actualisation dont l’auteur est bel et bien doté. Celui-ci excelle dans l’art de l’hypotypose d’autant plus qu’il donne à voir en narrant. Il en va de même pour la structure relationnelle des personnages qui s’avère d’entrée de jeu à la fois enchevêtrée et inextricable. En l’occurrence, La clinique des Poupées est un recueil de nouvelles voué à ce syncrétisme heureux dans lequel les arts et les lettres se côtoient sans aucun hiatus, sans aucune fausse note, bien que l’auteur détruise les caractéristiques classiques et stéréotypées du genre pour en découvrir d’autres. Oui, c’est d’un nouveau projet qu’il s’agit dans l’esthétique de Anis Arrafai. Une renaissance de la nouvelle, cette fois-ci de ses cendres. Ainsi, la nouvelle se nourrit dans ses textes de cette faculté insolite et imprévisible à créer une série de crises
d’apparence insoluble. La prolifération des rebondissement renforce cette sorte d’enfilade complexe au sein de laquelle se complait ce nouvelliste « allergique » à la facilité. Paradoxalement, il reste fidèle à la rhétorique du genre sauf qu’il l’érige au rang des textes universels à travers l’intrusion de scènes dignes d’être cinématographiques suivant un processus narratif bien ourdi. C’est pour dire que dans ce recueil rien n’est gratuit, comme si l’auteur était rigoureux avec lui-même en optant pour la condensation qui constitue, il est évident, l’apanage des textes fragmentaires. L’écriture n’est plus aveugle ! Elle a un œil qui nous guide ; un œil pareil à celui d’un photographe aguerri. Les images et les couleurs y sont légion. Le symbolisme est le maitre-mot à même de nous inviter à jouer le rôle du réalisateur et à participer volontiers à la construction du sens. L’esthétique de la réception est mise en œuvre dans plusieurs titres dont « Les Ailes », « Photomontage narratif », «Histoires du photogramme »… La réhabilitation de l’inanimé ! En plus des deux registres récurrents dans le recueil, à savoir celui de la photographie et de la médecine, Anis Arrafai vise à remédier aux tares des poupées afin de les reconduire vers le réel où elles peuvent s’épanouir en toute liberté et à faire de la poupée une créature apte à surpasser son créateur. La poupée occupe effectivement le devant de la scène et l’emporte de facto sur l’humain. Nous assistons à une écriture découverte, une expérience extravagante qui dévoile ses cartes tout en les dissimulant. Ce jeu de voilementdévoilement fait du recueil de Anis Arrafai une nouvelle voie (voix) tout à la fois différente et avant-gardiste : le titre principal rime avec les sous-titres, les références et les annotations, à telle enseigne que l’écriture se libère radicalement des carcans contraignants et « consommés » pour que le récit se 22.11.2016 culturetoute.com 23
relate en toute fluidité. C’est dans ce sens que le lecteur d’un tel texte devient, à son insu même, un véritable complice. On n’y adhère sur le champ et on a l’impression, depuis la première page, qu’on est pris en otage. On compatit au sort de ces créatures hors du commun et on cherche à les réhabiliter dans leurs univers originaux et leurs histoires parallèles. Treize nouvelles sur la vie des poupées. Oui, ce sont des poupées vivantes, douées de ce souffle, la vie, nous persuade-t-il. Ces poupées ont également une Histoire et des histoires et deviennent donc des êtres dignes de réhabilitation car elles sont tout simplement rétives aux coups du destin injuste et tyrannique. Arrafai nous rend sensibles au silence des poupées, ces créatures marginales, à tel point que écoutons leurs confidences et épanchements. L’indifférence est sans aucun doute impossible face à ce monde regorgeant de secrets et de mystères que seul l’auteur nous aide à décrypter en franchissant le seuil de cet hôpital bizarre et surtout infréquentable. Il est nécessaire de déduire que le rapport qu’entretiennent l’Homme et la poupée est d’ordre dialectique parce qu’il fait fi des confins et débouche sur le clairobscur, figure de l’entre-deux par excellence. Le fragment suivant est juste significatif : « Qui a dit que la poupée est vide et qu’il n’y a personne dedans ? Est-elle un corps sans âme, comme on dit, ou une forme différente ancrée dans la symbolique de l’âme ambiguë et brisée, la poupée animée de l’intériorité humaine que nous nous n’évertuons pas à peindre pour qu’elle ne soit pas une image précise de la poupée sourde du dehors qu’incarne notre corps en panne ? » Cette constellation de nouvelles nous fait penser à La Chambre Claire de Roland Barthes, dans ses méditations sur la photographie, à De l’inconvénient d’être né d’Emil Cioran, par son gai désespoir, à la cécité de Saramago et de Borgès…
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En somme, la restauration des poupées ne se passe absolument pas de ce vouloir tout photographier ; ce tout renferme surtout la condition humaine dans ses détails les plus absurdes incarnés par des personnages angoissés et marginaux. Le monde des poupées dialogue en filigrane avec celui des hommes. La nouvelle se mue en épopée moderne où la crise du sens, le ressentiment humain et l’égocentrisme, ces trois structures du cauchemar, représentent les poncifs indispensables à cette fresque insolite qui finit par nous apprendre que les êtres invisibles et marginalisés sont peut-être plus humains que l’humanité, au sens nietzschéen du mot. © culturetoute.coM
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Une interview de AHMAD BOUZOUBAA Propos recueillis par AHMAD BOUZOUBAA Que pensez vous d’un webzine culturel au Maroc comme culturetoute.com ? Je trouve qu’un format web pour parler d’un sujet comme la culture permet de rendre celle-ci accessible, à tout le monde. Presque tout le monde a aujourd’hui accès à un smartphone pour consulter des rubriques, articles, portraits axés sur la culture, et tant mieux ! De plus, il y a beaucoup de matière à partager, que ce soit en termes d’expos, de signatures de livres, de collectifs d’artistes, d’évènements musicaux…
SOPHIA MIKOU interview
Ma bio express, Je suis styliste de formation, et de passion, en fait ! Un travail que je fais au quotidien avec une énergie et des idées qui se bousculent. J’ai crée ma marque, il y a une dizaine d’années, et je vends mes collections faites de pièces uniques dans des boutiques de palaces sur Marrakech et aussi Tanger. Depuis deux ans je suis présente sur Genève et depuis septembre dernier à Singapour. J’aime l’idée de faire voyager « mon Maroc », avec ses couleurs, son savoir faire, sa diversité, réinterprété bien-sûr à ma façon. Je suis également consultante artistique, sur des shootings mode, sur des sujets déco, des mises en situation pour des grands groupes hôteliers, que ça soit en terme de valorisation d’espace ou de vêtements d’image. C’est une vie riche qui me plait, qui me nourrit et qui me fait souvent dire : Next : Projet suivant ! 26 culturetoute.com 22.11.2016
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos futurs projets ? Commercialement, je suis très présente à Marrakech avec de belles références. Mes projets futurs visent à développer mes points de vente dans le nord du Maroc, sur la région de Tanger Tétouan. Aussi, afin d’exporter la créativité marocaine à l’étranger, j’aimerais vendre mes collections à Paris, Londres, New York, et même Tokyo… qui est ma ville préférée ! Le style de mes créations actuelles est sophistiqué, baroque, chic. Je suis en train de lancer une deuxième ligne, S by Sophia Mikou, qui verra le jour en Janvier avec des lignes plus modernes, plus branchées, plus jeunes et du coup plus accessibles. Un conseil aux artistes marocains ? Quel serait-il ? Un conseil : se laisser guider par son cœur, ses intuitions, écouter son moi intérieur… mais tout cela est valable pour l’artiste en général. Pour être plus spécifique à l’artiste marocain, eh bien qu’il s’ouvre encore plus, car nous avons aujourd’hui de fabuleuses plateformes de partage, des salons, des foires, des collectifs, il suffit d’être connecté pour ne pas perdre le fil et saisir de nouvelles opportunités. Donc #connectestous !
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communiquez culture #culturetoute.com
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La culture au Maroc ? La culture à travers le monde ? La culture au Maroc aujourd’hui a connu un réel essor. Les manifestations, rendezvous culturels, les festivals par villes, par régions se multiplient et deviennent des incontournables, ils sont reconduits d’année en année. Nous sommes dans une logique de pérennité. On peut tenir un agenda culturel
et je trouve cela formidable. Pour ce qui est de la culture à travers le monde, j’ai d’abord besoin de prendre une année sabbatique pour faire le tour du monde… et je vous répondrais après de manière très exhaustive.
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Moroccan Fashion goes to Singapore C’est le concept store Mythology, sur Club Street, en plein cœur de Singapour, qui accueille depuis septembre une collection signée Sophia Mikou : tops en tlija de soie effet lamé avec sequins dorés, chemisiers en organza de soie habillés de galons traditionnels et ornés de perles et paillettes, sarouals accompagnés de leurs majdouls en passementerie de soie… La styliste Sophia Mikou compte déjà plusieurs points de vente à Marrakech, dont le Royal Mansour, le Four Seasons et le Royal Palm, mais également le Banyan Tree Tamouda Bay et la boutique Concept Sud à Genève. Les collections signées Sophia Mikou sont composées de pièces uniques d’inspiration marocaine, sur base de coupes empruntées au prêt à porter, alliant noblesse des matières et précision des finitions. Elles sont destinées à une femme sophistiquée, chic, rêveuse et curieuse d’un ailleurs mystérieux. Next steps ? Avec un grand sourire, la créatrice indique viser un nouveau point de vente à Paris et un hôtel d’exception… aux Maldives ! 30 culturetoute.com 22.11.2016
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Exposition
L’Histoire du Maroc exposée à Paris L’exposition se poursuivra jusqu’au 30 décembre prochain Après “Le Maroc contemporain” à l’Institut du monde arabe et “Le Maroc médiéval” au Musée du Louvre, une nouvelle exposition dédiée à l’Histoire du Royaume se tient actuellement au Musée de l’Ordre de la Libération à Paris.... © libe.MA
«Ailleurs», la traversée du désert de Othman Naciri (VIDÉO)
Ahmad Bouzoubaa, Fondateur et créatif de lamaisondesartistes.ma & culturetoute.com
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Pour sponsoriser un mailing envoyez votre demande à ahmadbouzoubaa@gmail.com. La Maison des Artistes s’est fixée comme objectif de promouvoir l’art contemporain marocain. Notre agence également spécialisée dans la communication propose un concept original pour la décoration murale des bureaux et de l’intérieur des locaux. Notre agence se charge aussi de tous travaux de conception, d’édition ...