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Numéro 174

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Lamia TAHOUR Interview Exclusive


Merveilleuse ignorance par Mourad HAMAYET

Dieu que le vrai savoir est difficile à acquérir ! Je ne parle pas du savoir ‘’accumulation de connaissances’’, qui ne se paie que de l’effort de l’apprentissage et de la volonté d’apprendre, mais de l’autre savoir, qui est l’évaluation et la mesure de tout ce que l’on ne sait pas. Imaginons l’outil en question : il a la forme d’un laser, rayon lumineux filiforme qui doit heurter quelque chose pour prendre la mesure qu’on l’a chargé de prendre ou agir sur ce sur quoi on l’a projeté. Telle mensuration ressemble au système de guidage de la chauve-souris qui émet un ultrason et déduit son emplacement-propre tout en identifiant les obstacles se dressant sur sa route et susceptibles de perturber son vol, en fonction du temps mis par l’ultrason pour lui revenir, ainsi que la provenance de cet ultrason boomerang !... CQFD : Ne pas disposer de l’information nécessaire pour se piloter dans la vie et dans le monde est l’exacte définition de l’ignorance. L’ignorance est un manque, une lacune. Mais, comme tout, icibas, elle se définit par une dualité contradictoire : yin-yang, blanc-noir, utilité-inutilité, bienfait-méfait ou 2 culturetoute.com 23.11.2016

comme disent les Arabes, mal et remède. Lorsqu’en quelque matière que ce soit, vous ne voyez que l’aspect négatif, soyez certain que vous n’avez que partiellement compris et devez poursuivre votre quête de sens. Ceci permet de dire que, comme tout, l’ignorance a des côtés positifs ! Ladite ignorance apparait chaque jour davantage comme le moteur principal du savoir, car pour quelque paradoxal que cela puisse sembler, ce n’est plus la somme des connaissances qui fait le bon scientifique mais la formulation des bonnes questions, c’est-à-dire précisément la claire conscience de ce qu’il ne sait pas. On peut appeler cette ignorance l’ignorance consciente, lucide, vertueuse, utile, ou même sainte. De plus en plus, le savoir apparait comme la plus juste évaluation possible des choses ignorées. James Maxwell, génial physicien écossais du XIXème siècle l’a parfaitement formulé en affirmant : ‘’L’ignorance profondément consciente est un prélude à toute réelle avancée de la connaissance’’. James Maxwell De là à dire que la question prime sur la réponse, il n’y a qu’un pas qu’il ne faut pas hésiter à franchir.


Second paradoxe : Plus on sait de choses, plus on découvre qu’on en ignore. On a clairement l’impression que certes, la connaissance croît mais qu’en même temps l’ignorance croît encore plus vite. Le rapport entre les deux vitesses de croissance a même été très sérieusement calculé : Quand on apprend une chose, cette chose génère dix nouvelles questions auxquelles nous ne sommes pas encore armés pour répondre ! Notons donc cet autre paradoxe : “Un chercheur, que ce soit en sciences exactes ou en humanités, est chaque jour plus ignorant, à mesure qu’il acquiert du savoir.” Yves Ponroy, lui-même chercheur en biologie et bloggeur excellent et très actif - https://chronique-libre.com - confirme l’importance de l’ignorance dans le processus de création : ‘’ … la vie est une aventure parce que nous ignorons de quoi sera fait demain. Nous sommes fascinés par l’inconnu, c’est à dire par ce que nous ne connaissons pas. C’est notre curiosité qui a permis à l’humanité d’avancer : l’ignorance est le carburant qui met notre curiosité en marche.’’ Yves Ponroy Puis, humour ou provocation, il ajoute : ‘’ Si vous rencontrez un scientifique, ne lui demandez pas ce qu’il sait, mais interrogez-le sur ce qu’il aimerait savoir. Vous verrez, la conversation sera plus passionnante pour l’un et l’autre !’’ Yves Ponroy Nicolas de Cues, prêtre allemand du XVème siècle, est l’auteur d’un ouvrage intitulé ‘’La Docte Ignorance’’ dans lequel il rappelle que tous les philosophes de tous les temps ont cherché à comprendre le monde sans jamais y parvenir jusquelà. Il ajoute que néanmoins, l’étude de leur ignorance les rapproche de la vérité, autrement dit du savoir. - Quelle est donc la perfection que doit rechercher l’homme d’études ?

- C’est d’être le plus savant possible en cette ignorance. Alors troisième paradoxe du jour : “Il sera d’autant plus savant qu’il se connaîtra plus ignorant.” Nicolas de Cues Le merveilleux Mahdi Elmandjra a passé une bonne partie de sa vie à expliquer ce qu’est le savoir et à déjouer les pièges du faux savoir et de l’analphabétisme. Il a dit : ‘’Il faut savoir ignorer ceux qui ignorent qu’ils ignorent’’ Mahdi Elmandjra Ali H.E. un très jeune ami, m’avait demandé d’évaluer sa copie de philosophie à l’examen au baccalauréat. Le sujet qu’il avait choisi concernait précisément l’acquisition du savoir. Quelque peu ‘’original’’, il avait délaissé les idées reçues de son manuel et de son prof pour se lancer dans une courageuse et méritoire analyse du rapport entre sujet et objet dans l’acte d’apprendre. http://wp.me/p62Hi-9C. Son devoir s’achevait sur cette phrase qui me tétanisa d’admiration : ‘’Apprendre, c’est accepter de prendre’’ Ali H.E. Juste en passant, rassurez-vous, braves gens, je me suis trompé : il a eu une note catastrophique… Et pour finir, le père-fondateur de la philosophie occidentale, Socrate lui-même, parcourait les rues d’Athènes, dialoguant avec tous les passants, cherchant à les rendre plus sages par la connaissance de leur ignorance ? ‘’Je sais que je ne sais rien’’ Socrate … les amenait-il à reconnaître. Lorsqu’il obtenait cet aveu, il estimait avoir conduit un homme à la sagesse. Lui aussi, du haut de son immense sagesse, jugeait le savoir à l’aune de la conscience de l’ignorance … ©culturetoute.com

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Numéro 174 du 23 novembre 2016 couverture Ahmad Bouzoubaa pour culturetoute.com

SOMMAIRE

actu 22 Architecture, L’Uzine ressuscite la mémoire du quartier casablancais Aïn Sebaâ 22 Art, Nouvelle exposition dédiée aux artistes femmes au musée d’art moderne et contemporain de Rabat 24 Photographie, Le photographe marocain Yoriyas Yassine Alaoui Ismaili expose le «vrai» Casablanca à San Francisco

en une

06 #culturetoute

06 Art, avec Lamia TAHOUR, interview exclusive 10 Edition, avec Rachid Khaless, chronique de Mounir SERHANI

magazine 18 Edition, avec Rebel Spirit, interview exclusive 26 Art, HASNAE LACHGAR, interview exclusive

26 18

32 Cinéma, “Sans le vinaigre le miel n’est pas le miel.” chronique de Laila BOUI

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Une interview de AHMAD BOUZOUBAA Propos recueillis par AHMAD BOUZOUBAA

Lamia TAHOUR Interview Exclusive

Pouvez vous nous présenter Lamia Tahour ? Née a Rabat en 1987 , je suis une jeune artiste designer passionnée par l’art sous toute ses formes. J’ai étudie le design d’intérieur et l’art en passant de Montréal à Paris pour finir dans mon pays d’origine. Je suis actuellement designer d’intérieur à Rabat ou j’ai ouvert mon cabinet sous le nom de Talisma Design. J’ai toujours été attiré par l’art et la peinture, ma mère est une grande passionnée c’est elle qui m’a coller le virus. Pour mes premiers travaux je me suis pleinement inspiré du mouvement pop art en m’imprégnant de mes racines marocaines et arabes. J’ai commencer a m’exprimer a travers des peintures collages mixant des éléments de mode et de publicité pour suggérer des narration et réveiller les consciences. J’ai ensuite été attiré par le thème de la femme qui représente pour moi une source d’inspiration inépuisable. 6 culturetoute.com 23.11.2016


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Pouvez-vous nous en dire plus sur vos futurs projets ? Mon objectif est de présenter mon nouveau travail… C’est toujours un style très contemporain et pop mais c’est une autre écriture sur un nouveau thème … je préfère vous laisser le découvrir quand viendra le moment… J’ai beaucoup de projets et aussi beaucoup de rêves. Comme tous les artistes je souhaite que mon travail puisse être reconnu aussi bien au niveau national qu’international. Pour cela il faut des sponsors solides mais je reste ambitieuse pour moi mais également pour représenter mon pays qui s’est toujours distingué par la qualité de ses artistes.. Je suis aussi designer et je travail actuellement sur une ligne de mobiliers que je présenterai prochainement. J’aime beaucoup mon métier d‘architecte d’intérieur qui rejoint ma passion pour la création . Je suis amener à travailler sur des projets complètements différents comme la Faculté de Science et Santé de Casablanca, le plateau télé Master Chef et d’autres chantier de restauration, d’évènementiel… 8 culturetoute.com 23.11.2016

Si vous deviez donner un conseil aux artistes marocains, quel serait-il ? Si j’avais un conseil a donner ce serait de croire en soi…d’avoir des objectifs et de trouver les moyens pour les atteindre, de voir loin et d’être ambitieux .. Tout art est respectable il suffit de se fixer le cap et de jeter l’ancre. Que pensez-vous de l’expérience d’un webzine culturel au Maroc comme culturetoute.com ? Je trouve que c’est une très bonne initiative qui permettra de mettre en avant notre culture et donc l’art au Maroc. Je constate que notre pays s’est toujours démarqué par une culture spécifique qui repose sur des valeurs telles que la tolérance ,le respect des traditions, l’ouverture et la promotion de l’art est en cohérence avec ses valeurs. L’art au Maroc s’est développer ces dernières années à la faveur de l’intérêt que porte notre Roi que dieu nous le garde a ce domaine. © culturetoute.com


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“ABSOLUT HOB” de Rachid KHALESS : “l’ébriété” amoureuse vécue sous le signe du tatouage Au bord de l’abîme, l’amour nous sauvera, les femmes nous sauveront ! par Mounir SERHANI

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Rachid Khaless est l’auteur de deux recueils de poésie publiés chez l’Harmattan, Cantiques du désert et Dissidences, et Dans le désir de durer paru chez La Maison de la poésie au Maroc. Récemment, il a signé simultanément deux romans à savoir Pour qu’Allah aime Lou Lou (Marsam) et Quand Adam a décidé de vivre (La Croisée des Chemins). Il faut dire de prime abord que Khaless, en Poète et en romancier, expérimente le langage et préfère s’adresser à un lecteur averti, voire même rusé et espiègle, celui qui ne se surprend plus, celui que rien ne choque encore. Un lecteur «blindé» contre les clichés classiques et les esthétiques révolues à même d’associer les textes à des parents littéraires ou encore à des tuteurs hégémoniques. C’est pour dire qu’on ne peut absolument pas classer ses ouvrages par ordre chronologique. Comme s’ils étaient publiés en un seul volume baptisé «dissidence»! Le poète mène sciemment un projet homogène et unique abstraction faite du corps fragmentaire apparent. Dans les fragments réside l’unité. Un ensemble de moutures qui dialoguent perpétuellement et de ce fait se complètent à vue d’œil. Il émet, lors des ses rencontres, des vœux insolites faisant fi de la doxa prégnante d’une élite heureuse maintenant le même discours et fredonnant le même refrain de métaécrivain, et on ne peut plus les mêmes litanies insipides. Adam exorcise autant que Lou Lou ce je ne sais quoi de testamentaire et de lugubre. Ils finissent intestats car ils sont tout simplement amoureux de cet instinct fougueux qu’on appelle communément la vie. L’arbre parabolaire de Lou Lou concurrence la vitalité inébranlable d’Adam. Khaless l’a écrit noir sur blanc dans l’une de ses chroniques : «il faut investir dans

l’Homme». Une telle disposition tout à la fois hédoniste et humaniste justifie son abolition subtile d’une transcendance manichéenne qu’il branle sans compromis dans ses textes poétiques sur un ton spinoziste. A priori, ses œuvres lui ressemblent et sa poésie demeure une espèce de sosie qui retentit indubitablement dans ses trames romanesques. Quand Adam a décidé de vivre est un roman à la fois vif, rocambolesque, mélancolique et tragi-comique. En fait, l’humour déjoue le drame et l’ironie démasque les magouilles politiques et sociales. Le naïf finit par comprendre le monde alors que l’escroc (l’avocat) débouché sur l’amère déception. Ce texte correspond exactement à l’atmosphère historiquement bigarrée du pays qui règne continûment dans les deux décennies du livre, soit la quête de soi menée par l’anti-héros crédule, Adam. De surcroît, l’onomastique y est d’ores et déjà éloquente, et cela nous suffit: Adam, le premier homme, taxé de pêcheur et puni de chute et d’errance, Wissal, ce pont assurant le passage de la mort (le non être) à la vie (l’être) et la rencontre ultime avec soi. Dans ce sens, cette figure féminine est avant tout l’image de la résistance qui «tire» l’homme vers l’amour de la vie et le sauve ainsi de la manipulation intégriste, celle des assassins du souffle vital. L’attentant qu’Adam voulait accomplir, après plusieurs tentatives vaines, représentait pour lui la dernière issue pour se faire reconnaître en tant qu’individu, ne serait-ce qu’à titre posthume. In extremis, Adam déçoit les attentes meurtrières et part vers la vie, cette mère protectrice qui reconnaît même les anonymes. Ce roman est donc une fiction vivifiée par une passion unique : celle de la résistance à tout ce qui nous empêche de vivre, de vivre pleinement la vie, soit la liberté de l’individu. 23.11.2016 culturetoute.com 11


Adam est aussi silencieux que Lou Lou. Les autres endossent le rôle unanime d’une Scheherazade collective. On lui fait à juste titre le rappel de sa condition d’homme dépourvu d’identité, d’existence. Or la grosses de Wissal le dégoûte d’autant plus qu’il pense à l’avenir de son enfant à venir, un enfant sans papiers, un héritier sur qui un anathème serait inexorablement jeté. Que des personnages tragiques. De l’inconvénient d’être né ! Effectivement, seule la parole est performative. Elle remédie même au mal nostalgique et amoureux du personnage féminin, Lou Lou. Grâce aux autres, cette entité paradoxalement enfer et paradis, les deux personnages des deux romans vont jusqu’au bout d’eux-mêmes, dans l’espoir de se dépasser et de devenir in fine «visibles». Ainsi, il semble légitime d’inscrire les deux récits dans la tradition des littératures rendant hommage aux petites gens et aux marginaux jetés dans les oubliettes de l’Histoire. Des héros démunis et d’apparence sans exploits sociaux que Ralph Elison perçoit pertinemment comme des êtres bannis voire invisibles. Khaless rend justice à ces exclus que les anciens férus et fans oublient dans une amnésie ingrate (Lou Lou, une ancienne star procurant joie et vie aux clients du restaurant-bar) ou dont les hauts responsables d’Etat ignorent ou font semblant d’ignorer les prouesses militaires (Adam, un ancien soldat détenu ayant souffert de la disparition forcée et de l’incarcération dégradante). Deux personnages se sont battus pour que leur pays atteigne la plus grande liberté possible, autant artistique que politique.

bar est quasiment bipolaire dans la mesure où le hiatus est flagrant entre les pauvres et les riches, le patron et son successeur et le règne des deux rois dans le parcours militant d’Adam). Les deux biographèmes transcendent par conséquent la dimension anecdotique de la petite histoire. Peut-être le destin de Lou Lou n’est qu’un simple écho quant au militantisme décevant d’Adam. Il se peut même que les deux protagonistes, d’ailleurs éponymes, ne soient qu’un prétexte susceptible de lire ce qui se divulgue en filigrane, dont la suprématie de la vie, l’obscurantisme d’un religieux politisé et la subversion d’une machine politique fidèle à son Histoire et dont les visages sont néanmoins fluctuantes. Dans «la fable moderne « d’Adam, on détruit ce qu’on édifie et c’est la raison pour laquelle les rebondissements sont légion. Même le silence y stigmatise l’injustice et l’exclusion. En l’occurrence, l’épisode décrivant minutieusement le cortège funèbre de la mort du Roi Hassan II débouche sur la célébrité imprévisible d’Adam qui provoque plus de «regardeurs» comme si l’événement était sien. Le marginal se trouve au centre. Et voici une revanche romanesque digne de ce nom. Ce procédé basé sur le déplacement de l’attention est bel et bien surprenant à tel point qu’on ne se fie plus aux subterfuges d’un narrateur dont la linéarité du récit trompe incessamment les attentes.

De l’autre côté, quand les fanatiques sont aux aguets, la femme aimée réclame une réapparition vitale et salvatrice (Wissal) et quand les «ivrognes» du Continental tournent le dos à la beauté et au talent d’antan, Nous sommes partagés entre une lecture au second degré (identité d’Adam le scribe en reconstruit la vie et réhabilite la splendeur. L’acte d’écrire et indignité de Lou Lou) et une vision est au cœur du roman de Lou Lou. subversive de l’Histoire du Maroc, bien évidemment en miniature : le restaurant Pour qu’Allah aime Lou Lou, le scribe 12 culturetoute.com 23.11.2016


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l’invite généreusement à sa table. Quand Adam a décidé de vivre, c’était grâce à une femme. Comme l’affirme l’auteur lui-même : ce ne sont que les femmes qui vont nous sauver! On peut y ajouter : l’écriture nous sauve de la mort, des assassins modernes, des ennemis de la vie et de l’individu, de l’obscurité et, mieux encore, de nous-mêmes. Le vin mystique Rachid khaless signe son troisième roman baptisé de manière délibérée : Absolut Hob alors que le lecteur classique aurait préféré, par paresse ou plutôt par cette tendance affaiblie par le poids des clichés : Amour absolu. C’est une fiction qui consacre la passion amoureuse vécue sans aucune modération car elle fait fi des phases traditionnelles que Stendhal avait nommées : cristallisation et décristallisation dans son fameux traité : De l’amour. D’un point de vue anecdotique, ce roman est d’abord une quête insolite menée par ce seul ressort omniprésent et structurant toute l’intrigue, à savoir l’amour. Ce n’est pas la petite histoire qui intéresse l’auteur pour ainsi dire, mais c’est notamment la grande histoire incarnée par le style qui ne vise aucunement à sombrer délibérément ni dans le filets inextricable du poète ni dans le piège du prosaïsme insipide du romancier féru de Balzac. Il est question, en effet, d’une décision stoïque qui consiste à éviter l’univers romantique et idyllique afin de pouvoir concrétiser un enjeu esthétique qui fait de l’espace romanesque un lieu d’exercice, une œuvre inachevée qui nous fait réfléchir, une œuvre au sein de laquelle même le lecteur change de vision et adhère volontiers à la puissance de la phrase littéraire. Absolut Hob est un syncrétisme réussi de ses deux romans dans la mesure où Khaless nous donne l’impression 14 culturetoute.com 23.11.2016

qu’il a pu trouver cette troisième voix à même de commettre ce mariage dont l’apparence est pour certains incestueuse : le roman et la poésie. Ce roman nous réconcilie avec ce genre de choix : inviter la poésie dans l’enceinte du roman n’est plus un inconvénient, c’est une interférence heureuse. C’est pour cette raison qu’Absolut Hob devient depuis sa première page un texte sonore, c’est à dire à lire à haute voix. Une fois audible, ce texte nous enseigne que l’auteur s’adonne à une espèce d’acrobatie qui s’effectue dans l’équilibre. Le fond et la forme sont conjointement narratifs et rien n’y est gratuit. L’amour est le véritable personnage de ce roman d’autant plus que cette passion, cette vertu, fait admettre quelque chose qui relève de l’inattendu et du coup de l’étrange : un homme amoureux qui rend l’inhumation du corps de sa belle-mère, bien évidemment disparue, une entreprise différée. Comme si l’amour, même dans sa version la plus absolue et sa complétude utopique, exigeait cette condition sine qua non, à savoir l’attente et l’angoisse, pour reprendre les termes de Roland Barthes dans Fragments d’un discours amoureux. L’amour est désormais une altération, un acte performatif. Barthes disait que l’amour n’est pas un symptôme mais un acte. Ainsi, l’amoureux dans Absolut Hob ne se contente pas d’admirer le deuil de sa Dulcinée dans une passivité susceptible de réduire l’amour en état, en sentiment frôlant l’amour-propre. Paul Valéry affirme dans ce sens qu’on aime pas un être tel qu’il est, on demande des modifications. Certes, l’homme est ému par la tristesse de sa femme aimée, mais il surpasse le ressenti pour aller vers le comportement, vers la modification, commettre une réaction qui sort de l’habitude : il garde le cadavre de la défunte en décomposition


le temps de décrypter les tatouages gravés dans la chair. Par conséquent, une série de voyages est entamée. A l’instar des alchimistes, on initie une appréhension du monde des dessins, franchir le seuil du mystère afin de dénouer la complexité de leurs pouvoirs sur le monde comme si l’on pactisait un contrat faustien avec les forces invisibles. C’est une quête du sens, une descente aux enfers sanctionnée par un sort salvateur. Effectivement, cette fiction nous apprend que le corps, cette prison enchevêtrée, cette écorce invalide, cette enveloppe inintéressante, est un vecteur de sens, un lieu d’apprentissage, voire même d’ascension spirituelle et d’illumination mystique. Dans ce roman, le corps pense, pour reprendre une maxime d’Averroès. Oui, le corps pense et nous pousse à réfléchir car le corps est une cartographie dont les dessins s’avèrent tellement herméneutique qu’ils exigent une érudition particulière devant laquelle la simple connaissance intellectuelle reste bel et bien impuissante et stérile. Le corps tatoué, une réhabilitation de la Chair Le tatouage exerce un attrait irrésistible parce qu’il constitue un poncif littéraire peu visité (hormis dans le roman du romancier égyptien Ahmed Mourad intitulé : L’Eléphant Bleu, adapté plus tard dans une œuvre époustouflante en présentant aux lecteurs comme aux spectateurs un ressort narratif original, les tatouages dont le pouvoir est à la fois obscur et érotique). L’étrange est bien entendu le registre dans lequel s’inscrit ce genre d’écriture qui opte pour un thème aussi fascinant que superstitieux. Dans Absolut Hob, les tatouages incarnent cette technique subtile qui revalorisent la chair porteuse de transcriptions : ils ont donc un pouvoir à la fois protecteur, salvateur

et magique car instructeur. L’ambiance nous plonge dans l’abracadabra de la peur où l’homme comme être faillible et doué de faiblesses s’accroche à la vraie magie du savoir, à la suprématie de la connaissance. Khaless se livre à un double jeu à l’intérieur duquel les frontières s’estompent comme dans un texte fantastique parce que l’hésitation entre deux mondes distincts s’impose au lecteur. Les confins entre le corps et l’esprit sont ambigus. Le roman privilégie l’ambivalence en sacrifiant volontiers la linéarité limpide des romans classiques. Plus encore, dans Absolut Hob rien n’est absolu ! Le roman oscille entre force et faiblesse, croyance et rigueur, superstition et rationalité, sens et crise, corps et âme… C’est l’angoisse qui l’emporte in fine. L’amour est paradoxalement fort et fragile, durable et menacé de précarité. C’est un roman de l’entre-deux, une écriture des frontières. Même l’apologie du sexuel est un subterfuge. N’oublions pas que le roman est une traversée, un aller simple vers la signification. Ce corps enflammé de désirs et d’extase se mue soudainement en une citadelle d’apprentissage : « Le goût de la chair n’est-il pas le fils légitime de la première saveur qu’aura laissé en nous la tétée du sein maternel ? Le premier lait était doux, odorant, orgastique, lapé avec véhémence, devait à jamais avoir forgé mon désir. A ce jour, ma jouissance demeure essentiellement labiale. Si je mords les lèvres amies, offertes, je sais à coup sûr que mon orgasme en sera décuplé, total » La volupté jouit d’une sorte d’ubiquité flagrante le long du roman à tel point que le narrateur ne s’empêche pas d’évoquer Baudelaire non seulement explicitement mais aussi en filigrane. La trivialité du charnel est en revanche 23.11.2016 culturetoute.com 15


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déjouée par la subtilité de l’image. Le texte s’écarte de la pornographie obscène nécessairement gratuite et désintéressée. Celui qui a lu Dissidences et les deux autres romans de l’auteur comprendra sans aucun doute que khaless est quelqu’un qui pratique l’expérimentation du langage. Il se complait dans la reprise comme dans l’écart par rapport à des scènes frontales et brutales que le style adoucit avec beaucoup de lubrification. On est indécis face à un texte double qui manie la superposition de deux strates diamétralement opposés : le grotesque édulcoré par le verbe. Le corps évolue à vue d’œil et change incessamment de formes. On va du plaisir charnel vers la jouissance du savoir, de l’infect à l’intellect. D’ailleurs, les personnages obéissent à cette mobilité qui constitue le pivot de la trame. Le narrateur fait preuve d’amour et de dévouement envers Lilas et fait son voyage dans le sud dans le but de résoudre l’énigme des tatouages calligraphiés sur la peau de la défunte. L’enchâssement de ces deux histoires renforce encore une fois le double jeu sans tomber dans le miroitement consommé. Comme si la forme chaotique était la meilleure esthétique qui cautionne l’ordre et mieux encore l’unité. Quand on dit chaos c’est tout simplement pour dire la fragmentation comme choix d’un voisinage heureux de deux entités autonomes, soit les deux histoires extrêmement liées.

elle une autre géométrie romanesque où le texte se métamorphose en un lieu de rencontres car il est à la croisée des disciplines : la peinture, la poésie (l’autocitation) et le roman. Ainsi, les sept zones névralgiques du corps tatoué correspondent comme par hasard au chiffre magique des portes s’ouvrant sur le mystère et par la force des choses sur la connaissance. C’est dans cette bigarrure architecturale que nait l’amour aigu et formateur.

Les personnages sont rétifs à la fixité, le roman aussi est rebelle à la structure archaïque arrêtée : la parlure, le dialogisme, la linéarité, la psychologie découverte, le réseau relationnel ou la primauté du prévisible. L’universel Le lecteur devrait faire l’effort de semble réussi et l’amour d’habitude séjourner dans la nuance. Par exemple, valeur et principe se transforme en après l’acte d’amour, la chair ne se déclic. Il se peut que le voyage effectué réduit nullement à l’inanité ou encore physiquement ne soit qu’une parabole moins à la petite mort, mais elle qui insinue un autre voyage, le vrai, celui s’épanouit davantage pour devenir in de fouiller dans son esprit comme un extrémis un mentor. « Je ne quittais le lit derviche aguerri, soit le Sud de l’âme ! que pour y revenir », écrit-il. La pluralité d’arts nous promet quant à

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Interview exclusive

avec Rebel Spirit par Nadia JACQUOT

dans ce milieu, à part bien sûr le talent dont il est doté. Rebel Spirit est diplômé de l’Ecole des Beaux Arts de Casablanca et s’est fait connaître du grand public il y a tout juste une année grâce à une bande dessinée racontant la vie d’un jeune casablancais pas comme les autres. Presque deux ans plus tard, il sort un 2nd tome qui rencontrera sans aucun doute le même succès que le précédant.

Rebel Spirit, de son vrai nom Mohammed El Bellaoui est certainement l’artiste marocain qui aura marqué sa génération. Artiste à part entière, il est à la fois musicien, peintre, dessinateur et graffeur. Rien ne le prédestinait à réussir 18 culturetoute.com 23.11.2016

Comment est né le 1er tome du Guide Casablancais ? C’était mon projet de fin d’étude de l’Ecole des Beaux Arts de Casablanca en 2013. Contrairement aux autres étudiants, j’ai tenu à le finaliser et en faire un réel projet professionnel. L’idée m’est venue parce que je recevais beaucoup d’amis de l’étranger qui ne comprenait pas le mode de vie à la casablancaise. Ils avaient des idées fausses sur la vie ici. A chaque sortie, je leur expliquais les phénomènes qui sont propres à cette ville. Avez-vous été surpris par l’accueil de ce premier tome ? Oui, j’ai été extrêmement surpris par l’accueil. On parle souvent dans les


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LE GUIDE CASABLANCAIS 1 Mon projet intitulé « LE GUIDE CASABLANCAIS » consiste à illustrer la ville de CASABLANCA et l’attitude de ses 8millions d’habitants, Dans un cadre qui raconte des situations humoristiques inspirées de notre vécu quotidien. Et retrace de façon ironique et amusante l’ensemble des particularités de la vie casablancaise. En utilisant le DARIJA (jargon marocain) et l’ensemble des signes et symboles purement marocains. Grace à « LMADANI » » (le civil), personnage purement casablancais, qui nous prend en balade pour découvrir le vrai visage de Casablanca, nous fait visiter la « JOUTYADERB GHALLEF », le plus célèbre marché de piratage en Afrique, nous transmet l’ambiance de la ville le jour du match du « DERBY » entre les deux clubs mythiques du football à Casablanca, le « RAJA » et « le WAC ».et tout l’impact de cet événement sur la ville .et nous fait découvrir la situation des transports en commun : le bus et les grands taxis et toutes leurs particularités .

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médias du manque de lecteurs au Maroc. Le marocain ne lirait pas et que le support papier ne marcherait plus. Avec le Guide casablancais, c’est tout à fait le contraire qui s’est passé. Le Casablancais s’y identifie, ce qui m’a donné une belle énergie et m’a donné envie de poursuivre ce projet. Cette belle réactivité avec les gens m’a vraiment surpris.

mois ? Je prépare la sortie de ce 2nd tome et une exposition à la galerie Amadeus midécembre. Avez-vous des projets que vous voudriez voir se réaliser ? Des choses que vous n’avez pas encore réalisées mais qui restent dans un coin de votre tête. J’aimerais reprendre la peinture. Ça me manque. Ça fait plus de 2 ans que je n’ai pas vraiment pris les pinceaux. Les toiles et le street-art me manquent beaucoup. J’aime bien varier les médias de travail. Je suis musicien à la base. J’aimerai aussi enregistrer les chansons que j’ai écrites avec mon groupe. Réaliser un petit film ou faire de la vidéo expérimentale sont aussi des choses qui trottent dans un coin de ma tête. Bref, j’aimerai faire plein de choses et retrouver de l’énergie pour attaquer le 3ème tome, Inchallah.

Parlez nous du 2ème tome. Qu’a t-il de différent ? Y a t-il des similitudes ? C’est a suite logique du développement du personnage : LMadani. Dans le 1er tome, on a essayé de le mettre en situation dans son milieu, sa ville, son quartier. Dans le 2nd tome, on aborde sa situation civile, son cadre social et professionnelle. C’est l’histoire de la rencontre du protagoniste avec sa femme. Elle s’appelle Aziza et a fui un mariage forcé dans une campagne non loin de Casablanca. Une histoire d’amour nait entre eux avec toutes les défauts et les avantages d’une relation de couple. Je me suis inspiré des films indiens et égyptiens et des séries mexicaines que je regardais quand j’étais petit. Dans ce tome, LMadani nous fait découvrir les lieux Quelle est la culture de Rebel Spirit ? que fréquentent les couples à Casablanca. LMadani va devenir plus romantique, plus Qu’est-ce qui fait (culturellement parlant) que tu es Rebel Spirit ? sage et plus gentil. Je vis la culture tous les jours. Je lis Avez-vous rencontré des difficultés à le beaucoup. J’assiste à de nombreuses réaliser, ou au contraire, avez-vous eu manifestations que cela soit en tant plus de facilités avec ce 2nd tome ? que spectateur, au niveau artistique Sur le 1er tome, mes problèmes étaient ou performance ou même au niveau purement financiers. Je venais d’avoir mon diplôme. Je ne disposais pas d’assez de l’organisation. Je vis la culture, je d’expérience pour savoir comment aller vis pour la culture. J’écoute beaucoup chercher des sous et des partenaires. Sur de musiques. J’essaie d’assister à un le 2nd tome, j’ai bénéficié d’une subvention maximum d’événements culturels au du Ministère de la Culture dans le cadre Maroc. Je voyage aussi à l’étranger où je du financement de projets de jeunes cherche à découvrir des expositions ou des artistes. Ce qui m’a permis d’assurer une autonomie financière. J’ai pu du coup être spectacles. Sans culture, ma vie serait très tranquille financièrement parlant. J’ai pu monotone. Je remercie Dieu de m’avoir me concentrer sur la création, sur l’art et donné la chance de faire de la création et sur mon métier. de travailler dans le secteur culturel. © culturetoute.com Quels sont vos projets ces prochains 23.11.2016 culturetoute.com 21


la revue de presse #du Mercredi 23 Novembre 2016 L’Uzine ressuscite la mémoire du quartier casablancais Aïn Sebaâ Quartier industriel sans éclat, siège de plusieurs entreprises internationales et carrefour des voies, entre les gares ferroviaire et celle routière, le quartier de Aïn Sebaâ à Casablanca se transforme progressivement en quartier culturel, notamment depuis l’installation de l’Uzine, un espace de création au coeur de cette zone industrielle. © huffpostmaghreb.com Le 23 novembre 2016

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Nouvelle exposition dédiée aux artistes femmes au musée d’art moderne et contemporain de Rabat

Après la rétrospective Giacometti, une nouvelle exposition mettant cette fois un coup de projecteur sur les artistes féminines marocaines va s’installer au musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat (MMVI). «Femmes: Artistes marocaines de la diversité 1960-2016» sera présentée du 26 novembre au 8 mars - une date de clôture qui n’a pas été choisie au hasard, puisqu’il s’agit de la journée internationale de la femme. © huffpostmaghreb.com Le 22 novembre 2016


16 000 RECRUTEURS

140 000 ETUDIANTS

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Le photographe marocain Yoriyas Yassine Alaoui Ismaili expose le «vrai» Casablanca à San Francisco Le jeune photographe marocain Yoriyas Yassine Ismaili Alaoui fait petit à petit découvrir son art aux quatre coins du globe. Après avoir exposé son travail à Londres, Dublin, Hamburg ou encore Paris, le voici qui participe à une exposition collective à San Francisco aux Etats-Unis avec sa série «Casablanca not the movie». © huffpostmaghreb.com Le 21 novembre 2016

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communiquez culture #culturetoute.com RDV sur l’émission “matinées-maghrébines”

contact@culturetoute.com • FB, instagram, Twitter /culturetoute 00212 661 240 473 23.11.2016 culturetoute.com 25


Une interview de AHMAD BOUZOUBAA Propos recueillis par AHMAD BOUZOUBAA

Interview Exclusive

HASNAE LACHGAR Née à Salé en 1992, Hasnae est diplômée de l’École des beaux-arts de Casablanca (Maroc), spécialité Arts Plastiques. C’est très jeune qu’elle s’est initiée à l’art. Allergique à toute forme d’étiquetage, elle est à la fois dessinatrice, peintre, musicienne et photographe bref une touche-à-tout. Elle appartient à cette mouvance d’artistes multidisciplinaires. Sa démarche appartient à la mouvance Pop art avec une tendance pour le néo-impressionnisme. Influencée par ses origines berbères, Hasnae aime la couleur et n’hésite pas à en abuser.

Pouvez-vous nous parlez de votre prochaine exposition ? Ma prochaine exposition se tiendra au Riad Denise Masson du mardi 22 novembre 2016 au 27 novembre 2016. Dans le cadre de la 9ème édition du Sun festival de Marrakech . Dans cette série, j’ai choisi d’utiliser une technique mixte. Un mélange de peinture et de collage. J’essaie d’employer des techniques diverses:mégots de cigarette, bouchons de bouteille, pochoirs, superpositions de journaux ... pour situer mes oeuvres dans un contexte anachronique . J’ai d’abord mis à l’honneur les personnalités qui m’inspirent et je tente à travers mon travail de chambouller la conscience collective véhiculée sur la 26 culturetoute.com 23.11.2016

femme amazigh. La pièce centrale de cette série est le «portrait royal» (140*140cm) de sa majesté Mohamed VI. C’est avec beaucoup d’émotion et avec un réel plaisir que j’ai peint le portrait de notre bien-aimé Roi. Pouvez-vous nous en dire plus sur vos futures projets ? Actuellement, je suis sur différents projets pas seulement dans le monde de l’art mais aussi de la musique. En plus de futures Résidences artistiques au Maroc et à l’étranger, je prépare un album de reprises. J’ai également été contactée pour participer à une émission inédite en France. Mais je ne vous en dis pas plus pour l’instant. Restez branchés.


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Un conseil aux artistes marocains ? Quel serait-il ? Conseils. Faites ce que vous aimez. Et vous n’aurez jamais à travailler un seul jour de votre vie.La passion c’est ce qui permet de donne le meilleur de soi.

Que pensez-vous d’un webzine culturel au maroc comme culturetoute ? Webzine. Je pense que c’est une excellente initiative qui permet de démocratiser la culture. Un exemple à suivre selon moi.

La culture au maroc ? La culture à ©culturetoute.com travers le monde ? La culture au Maroc. Il fut un temps où la culture était uniquement réservée à une certaine élite. On a pu observer ces dernières années une réelle démocratisation de la culture. Certes nous sommes loin du modèle international mais nous avançons et ce grâce à sa Majesté Mohammed VI. Mais aussi grâce à la prolifération de Webzines tels que Culture Toute ou encore d’événements tels que le Sun Festival de Marrakech.

HASNAE LACHGAR Née à Salé en 1992, Hasnae est diplômée de l’École des beaux-arts de Casablanca (Maroc), spécialité Arts Plastiques. C’est très jeune qu’elle s’est initiée à l’art. Allergique à toute forme d’étiquetage, elle est à la fois dessinatrice, peintre, musicienne et photographe bref une touche-à-tout. Elle appartient à cette mouvance d’artistes multidisciplinaires. Sa démarche appartient à la mouvance Pop art avec une tendance pour le néo-impressionnisme. Influencée par ses origines berbères, Hasnae aime la couleur et n’hésite pas à en abuser. Grande adepte du jeu de détournement des codes de la société de consommation et de la culture populaire, elle travaille sur l’empreinte. Celle de différents outils que ce soit un mégot de cigarette, un bouchon de liège, un morceau de bois, la trace qu’ils laissent sur le support va au-delà de la vision qu’on a de l’objet en lui-même. Elle revisite les symboles de sa culture cosmopolite, acteurs, chanteurs, réalisateurs… mêlés à des coupures de journaux forment son univers. Son thème de prédilection reste le portrait. Actuellement, elle consacre son temps à une série de portraits consacrée à la femme marocaine. Symbole de la richesse tant culturelle qu’ethnique du Maroc populaire. Elle vit et travaille à Casablanca. PRINCIPALES EXPOSITIONS COLLECTIVES ET WORKSHOP 2016 : Exposition collective et Résidence Artistique « Quoi d’neuf là ? » dans le cadre de la 6eme Biennale de Marrakech – Marrakech 2016 : Exposition personnelle « ICONIC » au Fence – Casablanca 2015 : Exposition collective et Résidence Artistique « ResArtist » à la galerie de la fondation CDG –Rabat. 2015 : Exposition collective “Élans” à Almazar Art Gallery –Marrakech. 2015 : Exposition collective avec « Les Flambeaux du maarif » à la cathédrale Sacré-Cœur–Casablanca. 2015 : Exposition collective à l’Ecole Hassania des Travaux Publiques – Casablanca. 2014 : Exposition collective « Let’s talk about art » à l’ESCA, Ecole de MANAGEMENT– Casablanca. 2014 : Participation au workshop « Littérature enfantine » au Goethe Institut – Casablanca. 2013 : Participation au workshop « Stencil » à l’usine Mafoder avec Morran Ben Lahcen x Odeny x studio IWA. COLLECTIONS PUBLIQUES Fondation CDG-Rabat.

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On écrit parce que personne n’écoute... par Khalid mhammedi Je me suis toujours posé la question : pourquoi on écrit ? je ne parle pas évidemment de l’écriture transactionnelle et pratique qui permet de régler les choses de la vie: vendre , acheter , se marier …ou déclarer une guerre. Je parle de l’acte d’écrire pour un écrivain, pourquoi un écrivain se penche sur ses pages blanches pour les noircir et se livrer à tous lecteurs impitoyables à travers un chef d’œuvre ou un navet, le légume étant malheureusement le plus répandu sur les étalages!! Et comme souvent quand je me pose ce genre de questions, j’invite ou me fait inviter à une table ( selon l’état de mes finances ) pour en débattre avec les intéressés. Ce soir là au Bistrot Chic et à l’inspiration de la lumière tamisée de l’étage et après quelques coupes d’UBY la question fut posée. J’avais trois écrivains en face de moi et trois débits et résistances différentes aussi . - la vie a peu de sens, écrire lui donne un sens . Écrire pour écrire, pour plaire à son lecteur, à son éditeur ou pour gonfler son ego n’aura pas de sens et ne fera pas sortir ton manuscrit du rayon fruits et légumes, enfin si on arrive à écrire déjà . Le don

d’écrire est un don non pas parce que vous écrivez correctement, mais parce que vous pouvez donner un sens à votre vie. - Tout à fait, tous les jours des centaines, des milliers d’ouvriers et d’employés lambda quittent leurs domiciles en direction de leurs usines et officines et font ça des années durant sans pouvoir dire quel sens donnent ils a leurs vies. Et puis il y a les écrivains qui ont une existence exceptionnellement intense: ils font de ce laps de temps qu’on appelle «vie» une expérience valable et gratifiante. - un écrivain écrit pour dompter le mot et pour en faire un allié. Les mots existent partout, tu peux ouvrir un dictionnaire et en choisir de très beaux mais, dompter un mot est à la fois un art et une discipline : quand tu parles de printemps et de feuilles qui tombent et tu plies et replies les expressions en insérant à outrance les mots printemps et feuilles qui tombent; tu n’es plus tel ou untel mais tu es l’écrivain du printemps et des feuilles qui tombent et c’est pour ça qu’on écrit. Mes trois amis me retournerent la question : et toi que suggères- tu cher ami ? - moi je pense que le faisan rôti est excellent. ©culturetoute.com 23.11.2016 culturetoute.com 31


“Sans le vinaigre le miel n’est pas le miel.” par Laila BOUI IDRISSI Pour le réalisateur Cameron Crowe, Vanilla sky s’apparente à un vrai voyage. «J’ai voulu embarquer le spectateur dans un voyage émotionnel, l’entraîner progressivement vers des régions de plus en plus étranges», raconte l’Américain. «Je pense que les gens vont au cinéma pour être transportés, et ce film a été construit, tant sur le plan dramatique que visuel, comme un itinéraire passionnel.» Film sublime, il mêle plusieurs genres très différents : le romantisme, le drame, le thriller et le fantastique. C’est un parfait mélange entre rêve, réalité et hallucinations. Film riche en flash-backs et rebondissements qui composent un puzzle dans lequel on se perd. Il pose différentes questions et véhicule certains messages sur la société consumériste dans 32 culturetoute.com 23.11.2016

laquelle nous vivons actuellement, la recherche du bonheur et le sens de la vie en général. Il possède une qualité graphique exceptionnelle et notamment ce fameux « ciel vanille » que l’on peut apercevoir tout au long du film. C’est un film difficile à définir, on ne peut pas l’expliquer d’une seule et unique manière, chaque personne aura sa propre idée sur le dénouement de l’histoire ! En fonction de la compréhension du film, de son interprétation et de son propre vécu, chacun l’interprète différemment. Certaines personnes peuvent être confus quand à la fin de l’histoire, c’est pourquoi il vaut mieux le regarder une deuxième fois pour mieux apprécier les subtilités du film. © culturetoute.com


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Exposition

L’Histoire du Maroc exposée à Paris L’exposition se poursuivra jusqu’au 30 décembre prochain Après “Le Maroc contemporain” à l’Institut du monde arabe et “Le Maroc médiéval” au Musée du Louvre, une nouvelle exposition dédiée à l’Histoire du Royaume se tient actuellement au Musée de l’Ordre de la Libération à Paris.... © libe.MA

«Ailleurs», la traversée du désert de Othman Naciri (VIDÉO)

Ahmad Bouzoubaa, Fondateur et créatif de lamaisondesartistes.ma & culturetoute.com

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Pour sponsoriser un mailing envoyez votre demande à ahmadbouzoubaa@gmail.com. La Maison des Artistes s’est fixée comme objectif de promouvoir l’art contemporain marocain. Notre agence également spécialisée dans la communication propose un concept original pour la décoration murale des bureaux et de l’intérieur des locaux. Notre agence se charge aussi de tous travaux de conception, d’édition ...




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