Numéro 195
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entretien Khalil alaoui
Blogueur, Influenceur “Mode” avec ahmad bouzoubaa
World Design Organization nomine le Designer marocain Hicham Lahlou
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World Design Organization nomine le Designer marocain Hicham Lahlou
Le Président de l’Organisation Mondiale du Design / World Design Organization / Icsid, vient d’annoncer la nomination de M. Hicham Lahlou Designer « Community Liaison » représentant officiel au Maroc pour toutes ses actions menées à l’international et en Afrique au profit de la création et du design. L’Icsid est une organisation internationale non gouvernementale fondée en 1957 pour promouvoir la profession du design industriel. L’Icsid a approuvé récemment son nouveau nom « World Design Organization » qui sera déployée pleinement lors de son 60ème anniversaire en 2017. L’Icsid défend l’innovation par le design pour créer un monde meilleur en engageant ses plus de 140 organisations membres à collaborer et développer des programmes internationaux comme World Design Capital®, World Design Talks, World Industrial Design Day, World Impact Prize and Interdesign. L’Icsid a un statut de consultant spécial auprès des Nations Unies. (www.wdo.org). Hicham Lahlou est à ce jour l’un des designers les plus dynamiques et créatifs de nouvelle génération, il est également fédérateur d’idées nouvelles. Il œuvre
notamment à positionner son pays le Royaume du Maroc en tant que nouveau hub du design sur le Continent, ses initiatives en faveur de la promotion du design africain se sont très fortement démarquées avec la création dès 2009 de la FEMADE / Fédération Marocaine du Design, puis avec Africa Design Award et Africa Design Days + Morocco Design Week / Days et Awards. Il a su insuffler une nouvelle énergie pour l’émergence d’initiatives avant-gardistes, encourager des entreprises et apporter son regard et son conseil sur des projets qui peuvent, grâce au design, devenir des exemples, des références en la matière sur le Continent mais aussi au niveau international. M. Hicham Lahlou travaillera en lien étroit avec M. Gilles Rougon, membre élu du Conseil d’Administration de l’Icsid, afin d’aider à identifier des opportunités d’activation de la communauté des designers au Maroc et plus largement en Afrique de l’Ouest et du Nord, faire connaître les activités de l’Icsid auprès d’acteurs clés et mener autant que possible des actions concrètes associant des designers, entreprises, décideurs politiques et des partenaires. ©culturetoute.coM
Les Arts et l’Obscurantisme. par Abdellatif BOUZOUBAA
Il faut bien affubler ici, l’Obscurantisme d’un « O » majuscule, parce que, si les arts procèdent du pluriel, de la polysémie, et d’une certaine intériorisation de l’altérité, par contre, une mentalité hostile à la propagation du savoir et du goût, demeure, elle, univoque et depuis toujours, au singulier. Le si bien nommé obscurantisme est monolithique, il s’incarne, d’abord, dans la dénégation du beau, la crainte bigote des lumières de l’esprit, la honte du corps et la culpabilité du désir, dans tout les temps et tout les espaces. Ici et maintenant, et dans le siècle des siècles. Quand, l’artiste fasciné par la lumière de la liberté créative, sublime ses passions en œuvres d’art, et transfigure l’homme en lui même. L’obscurantiste n’a de cesse qu’il n’ait défiguré l’humanité de l’homme, en lui, et partout où il peut. Voilà pourquoi, l’obscurantisme est l’essence même du totalitarisme, le vice des vices. Pire que tous les fascismes, des idéologies qui ne jurent que par le parti unique, qui sont tôt ou tard, évincés de l’histoire, l’obscurantisme, lui, a la
peau dure. Il renaît de ses cendres et mine de l’intérieur, insidieusement, toutes les civilisations - Encore que l’image des gorgones soit, à son sujet, plus précise que celle du phénix. Or, si il est juste et raisonnable de vouloir conjurer la haine des arts, des savoirs- et de la haine tout court- de notre culture, à seule fin de promouvoir le désir de créer, un diagnostique s’impose : L’obscurantisme souffre d’une compulsion de réplétion du Même. Même conformisme. Même discours. Même argumentaire. Même manipulation persuasive. Même psittacisme. Et du coup, finalement, (à gerber), le Même manichéisme clivant les arts en bons et mauvais. (Entendez, la même litanie, licite et illicite). Puis, l’obscurantisme frappe, comme une hystérie collective, les esprits et les goûts - et jusqu’au faciès, jusqu’ au costume. Mû par Un désir aveugle, l’obscurantiste-il est légion- se libère de ses pulsions destructrices, dans sa phase critique, en décapitant des symboles, brûlant
des œuvres d’arts millénaires, festoyant autour d’autodafés, et depuis toujours, célèbre l’inhumain. Parce que, « ceux qui leur font croire des absurdités, leur font commettre des atrocités ». Ce, que Voltaire, appelait l’infâme, a investi et envahi, tel une cellule cancéreuse, la nouvelle agora universelle, ou internet, et de là, sa métastase propage une rancune séculaire envers les arts et les savoirs, dans les écoles, les lycées, les universités, et l’espace public en général, la scène politique y compris. Les medias, se muent, en conséquence, dans ces cellules cancéreuses, mutantes et malignes, en armes de destruction massives des individualités. Castrés dans l’œuf, l’ego cogito et la société, périclitent, lentement mais sûrement, dans l’insouciance générale. Les conséquences, nul besoin de s’aveugler, sont devant nous. Durant l’année qui nous quitte, l’Histoire nous a nargué en rejouant le cycle infernal du retour des boucheries épouvantables. Un cauchemar itératif dont le symbole cataclysmique, le plus vif, le plus igné et celui qui charrie sang, barbarie et cendres, est bien Alep. Une fois le diagnostic établi, ce n’est pas uniquement la tolérance qu’il faut cultiver pour se remettre de tout cela, mais une créativité lumineuse, impertinente, débridée , d’un seul tenant anticonformiste et sans ménagement pour le puritanisme en art et ailleurs. A quelques encablures de 2017, des metteurs en scène dont le point fort n’est pas d’avoir froid aux yeux, se préparent
pour nous enchanter avec de nouveaux films. De quoi, justement, nous mettre les étoiles plein les yeux, n’en déplaise aux thuriféraires de la nuit noire de la haine. Nabil Ayouch revient avec « Razzia », fruit d’une co-production internationale, le film campe un Casablanca contemporain, tout en revisitant les thèmes abordés par le classique « Casablanca » de Michael Curtiz. Nourddine Lakhmari, complétera la trilogie sulfureuse « Casanégra » et « Zéro » par « Burn Out » une production marocaine appuyée par, Icflix, une plateforme VOD, basée à Dubai. Faouzi Bensaidi, parachèvera « Mort à vendre » par « Volubilis », une histoire d’amour ordinaire qui a maille à partir avec les conventions sociales. Bien entendu la liste, n’est pas exhaustive, d’autres bonnes nouvelles sont à prévoir, dont les signataires sont Narjiss Nejjar, Adil el Fadili et leila Kilani. Sans parler d’une nouvelle stratégie implémentée par Le CCM, la SNRT et 2M qui ambitionnent de coproduire 12 à 15 films par an, ce qui ne manquera pas de donner froid au dos aux frileux obscurantistes. A méditer, in fine, cette définition d’André Malaraux de la nature et la vocation de la culture : « La culture est l’héritage de la noblesse du monde, la seule force que nous ayons en face de l’élément de la nuit c’est précisément tout, ce qui en nous, échappe à la mort. En définitive, la définition de l’oeuvre d’art c’est ce qui a échappé à la mort. » ©culturetoute.com
Numéro 195 du 22 décembre 2016 directeur publication Ahmad Bouzoubaa www.culturetoute.com
SOMMAIRE
actu 12 Art, Le monde de l’art en deuil : Abdellatif Zine tire sa révérence
en une 03 Design, World Design Organization nomine le Designer marocain Hicham Lahlou 08 Art, Khalil alaoui Blogueur, Influenceur “Mode”
08
#culturetoute
magazine 08 Peinture, Myriem MONGHAL “L’expressionnisme de l’émotion” entretien. 18 Deco, Interview exclusive avec Salma BENSAID par Nadia JACQUOT 04 Chronique, Les Arts et l’Obscurantisme, par Abdellatif BOUZOUBAA 22 Design, Réflexions sur le design marocain par Nezha KANDOUSSI
14 22
34 Chronique, “Vous appelez cela la fête ?” par Mourad HAMAYET 38 Humour, Othmane BENKIRANE, interview exclusive
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Une interview de Ahmad BOUZOUBAA
Khalil alaoui Blogueur, Influenceur “Mode” entretien
Pouvez-vous nous présenter Khalil ALAOUI, «Influenceur” ? Khalil Alaoui, 25 ans, Blogueur – Influenceur «Mode». Khalil a commencé en 2011, en prenant des photos de ses OOTD quotidiennement qu’il partageait sur ses réseaux sociaux. Khalil a sorti en 2012 le grand jeu en lançant son blog nommé «THE MODERN MAN» . Le blog a connu alors un très grand succès et continue d’intéresser tous publics et à grande échelle.. Avec une communauté de milliers de followers sur les réseaux sociaux tels que Facebook et Instagram, le blog a suscité également l’intérêt de plusieurs marques internationales dont Fujifilm, Reebok, Manfrotto et Daniel Wellington. Khalil a donc gagné la confiance de ses followers, des marques ainsi que des artistes Marocains avec qui il a travaillé en tant que styliste dans des vidéo Clip comme #CHOUWAYA de KOMY et DIZZY 8 culturetoute.com 22.12.2016
DROS (+10M de vues). Quelle est votre stratégie d’approche envers les marques ? c’est la même stratégie que celle adoptée par la plupart des blogueurs professionnels. Il s’agit entre autres, de réaliser un contenu valorisant l’image de la marque. Ceci bien sûr grâce à la réalisation de belles photographies de haute qualité ou bien des vidéos selon le besoin de la marque et qui seront par la suite publiés sur mes réseaux sociaux (Blog,Instagram,Facebook...). En contrepartie, je perçois entre 2000 dh et 6000 dh en plus de certains produits de la marque, et cela diffère selon les exigences de la marque. Bien sûr, cela ne concerne que des marques internationales car je n’ai pas encore eu l’opportunité de travailler avec des marques nationales .
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communiquez culture #culturetoute.com
contact@culturetoute.com • FB, instagram, Twitter : culturetoute 10 culturetoute.com 22.12.2016
Comment vous est venue l’idée d’en faire votre métier ? Au début, c’était une passion puisque je suis quelqu’un qui adore la mode. J’aimais me prendre en photo avec mes quotidiens Ootd et, par la suite, j’ai eu l’idée de commencer à publier ce que je fais sur certains réseaux sociaux et surtout le site qui a marqué le mouvement: LOOKBOOK.NU. Après une année de travail régulier, j’ai pu décrocher une première collaboration avec une marque chinoise. Je m’en rappelle bien car je m’étais dit, pourquoi ne pas de faire un travail professionnel et gagner un peu d’argent grâce à cette opportunité ,et c’est ainsi que je me suis lancé dans l’aventure . Mais franchement, je ne considère pas le BLOGGING au Maroc comme un métier. Et, je ne sais pas si plus tard cela va changer ou non mais pour le moment, il faut savoir que je ne dépend pas du BLOGGING pour gangner ma vie.
Comment gagnez-vous donc votre «pain» et que gagnez-vous grâce au digital ? comme je l’ai mentionné, je ne gagne pas suffisamment d’argent grâce au BLOGGING ou bien au digital d’une manière générale. Pour moi, et actuellement, ce n’est donc pas un vrai travail qui me permet de vivre. C’est plutôt un plus qui me préoccupe un certain temps et en parallèle en attendant une vraie amélioration et une bonne considération pour cet activité au Maroc . Que pensez-vous de culturetoute. com ? Je peux vous avouer qu’à ce jour, c’est la première revue de presse digitale réalisée professionnellement. On constate un travail de qualité. Les sujets qui y sont abordés sont très intéressants.Bref, un grand merci pour l’initiative et j’espère que notre coopération continue . © culturetoute.com 22.12.2016 culturetoute.com 11
la revue de presse #du jeudi 22 DECEMBRE 2016 Le monde de l’art en deuil : Abdellatif Zine tire sa révérence
Le monde de l’art est en deuil. Le vétéran des arts plastiques au Maroc, l’artiste peintre Abdellatif Zine s’est éteint mardi à Mohammédia, à l’âge de 76 ans des suites d’une maladie. Considéré comme l’un des noms majeurs de l’art plastique au Maroc et à l’étranger, le défunt est connu pour ses œuvres figuratives dont les thèmes sont puisés dans les paysages et le folklore marocains, donnant à voir des instants de la vie, des célébrations de rituels, une scène de hammam, une danseuse en mouvement ou encore la transe d’un gnaoui, entre autres. Se passionnant pour l’art musical des gnaouas, Feu Abdellatif Zine s’est en effet évertué à inventer des correspondances picturales avec la progression répétitive de leur expression musicale et vocale jusqu’à la transe. Ses peintures sont perçues comme les traces d’un «happening» qui réhabilite autant une forme hallucinée de l’expressionnisme abstrait que la mémoire historique et ethnologique d’une forme musicale qui plonge dans les racines de l’Afrique. «Ni figuratives, ni abstraites, mes oeuvres sont faites de touches successives, relatant l’anecdotique du quotidien marocain, le tout en mouvement ce qui caractérise mon approche picturale, qualifiée de figuration expressive», disait le défunt. Déroutant le public qu’il avait habitué à son art figuratif, Zine avait ouvert une interrogation sur les mécanismes du métissage culturel dont tant de créateurs contemporains se revendiquent, dans les musiques comme dans les arts plastiques. Le travail plastique de Zine est habité par le souci de la forme et du mouvement. Le cadre expérientiel évoluera aussi avec le contenu, toutes tendances post-modernistes confondues : Art fonctionnel, colors of jazz, trans’art, sport art, Tbourida’Art, entre autres. Natif de Marrakech en 1940, Abdellatif Zine a fait ses études à l’Ecole des Beaux-arts de Casablanca de 1960 à 1962, puis à Paris à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts (1963-65). Entretemps, il a participé à une exposition collective organisée à la Galerie Charpentier «Deux mille ans d’art au Maroc» et initié des expositions individuelles, notamment, à Tunis en 1964 et à Los Angles en 1965. L’artiste-peintre a également eu l’occasion de travailler comme critique pigiste à la radio télévision RFI. En 1990, il a créé le trans’art, rencontre entre musique, danse, chant et peinture, avant de devenir expert auprès des tribunaux pour les Beaux-Arts, président fondateur de l’Association nationale des arts plastiques (ANAP) et président fondateur du Syndicat des artistes plasticiens marocains (SAPM). © libe.ma Le 22 décembre 2016
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Une interview de ahmad BOUZOUBAA
entretien avec
Myriem MONGHAL “L’expressionnisme de l’émotion” Pouvez-vous nous parler de votre prochaine exposition. Concernant les expositions, bien entendu, plusieurs sont au programme pour l’année 2017 au Caire (Egypte), à Marrakech, Tétouan, Doubaï et Londres. Étant une artiste engagée, ma ligne de conduite est de pouvoir transmettre à travers mes œuvres des émotions et aussi des messages sur différents thèmes qui peuvent soulever des questionnements sur le monde d’aujourd’hui. Plusieurs propositions m’ ont été soumises, dont une en cours et qui est réalisée en collaboration avec Marc Provost, Vice-Président de Emmaüs solidarité pour ARTQUIVIE, une association répondant à la loi de 1901 dont l’objet est d’insérer les plus démunis, notamment les personnes réfugiées, par des activités artistiques. L’élément commun et fort des membres de l’association est 14 culturetoute.com 22.12.2016
de donner du sens à la vie des personnes hébergées par une activité de création artistique à la fois manuelle, artisanale et esthétique. Il s’agit de les aider à élaborer un projet, les former, les insérer dans leur nouveau pays. Pouvez-vous nous parler de la culture au Maroc, de la culture à travers le monde ? Le Maroc a une richesse exceptionnelle, déjà par ses couleurs et sa grande diversité, qui a su les faire valoir et cela est bien relevé par de grands artistes d’exceptions. Cette diversité en effet, véhicule une âme, des odeurs, qui s´expriment avec une grande force. La philosophie de vie, notamment à l’extérieur des grandes villes garde son aspect authentique que bien des pays occidentaux ont perdu, à savoir l’amour et le partage dans la simplicité avec noblesse. Un des pays les plus beaux pour trouver une inspiration pour la création.
Née à Rabat, antique comptoir phénicien sur la côte atlantique marocaine, Myriem Monghal est d’origine francomauritanienne. Après différents séjours dans les caraïbes et en Angleterre, Myriem Monghal revient en France, se forme et se perfectionne dans différents ateliers d’arts plastiques à Paris. Au service de la peinture, elle revendique ses racines auvergnates, sahraoui de la tribu des Ouled Bou Sbaa pour donner un sens à ses différences mêlées de contradictions.
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éloignés. Mon rêve est que chacun puisse un jour découvrir sa sensibilité artistique, qu’il soit cadre citadin ou enfant et résidant dans les quartiers défavorisés. Concernant le détail du projet avec Emmaus, l’idée en cours de réalisation est de créer une équipe pour lancer un projet d’insertion fondé sur la fabrication de meubles en carton avec la participation de personnes sans domicile, des personnes migrantes, notamment des réfugiés, hébergés par des associations chargées d’insertion, en particulier. Emmaüs Solidarité à une une grande expérience de l’accueil des personnes à la rue. Je résumerai ma réponse en faisant valoir une évidence certaine: la culture est universelle et elle est l’amour du partage. Et à notre échelle, nous les artistes, nous avons le devoir de stimuler la création. La peinture n’est pas seulement une question d’ombres et de lumières mais aussi un outil puissant c’est à dire un outil capable de stimuler l’énergie créatrice. La culture dans le monde a également pour devoir de diffuser la culture en connectivité permanente avec la paix la tolérance et un monde sans frontières. Utopiques certes mais avec l’art essayons ! Pouvez-vous nous en dire plus sur vos projets ? Je ne peux à l’instant donner tout le détail, mais je peux vous dire que je continue de lancer des projets sur l’initiation de l’art à l’ensemble des acteurs de la société, en donnant la priorité à ceux qui en sont un peu 16 culturetoute.com 22.12.2016
Un conseil pour les artistes marocains ? Comment pourrais-je donner conseil à
des artistes marocains, ou d’une autre nationalité ? Ce que j’aimerais tout de
même dire aux artistes marocains c’est de continuer , de bien vouloir développer leurs énergies non seulement dans les expositions, mais aussi pour tous ceux qui en sont éloignés, … , et pourquoi ne pas créer un jour un conservatoire ou un espace pour les artistes dans chaque quartier ? Continuons aussi à travailler avec les enfants et allons ensemble les chercher s’il le faut pour développer leur sens artistique.
Que pensez-vous d’un webzine culturel au maroc comme culturetoute ? Je suis ravie que cela a enfin vu le jour. C’est une excellente initiative très appréciée par les artistes. C’est notre objectif à tous, que tout le monde ait accès à la culture et que celle-ci ne soit pas réservée uniquement à une élite ! © culturetoute.com 22.12.2016 culturetoute.com 17
productrice tv & Artiste pleine de talents Interview exclusive
avec Salma BENSAID par Nadia JACQUOT Son visage est familier pour beaucoup de marocains, mais peu d’entre nous ne la connaissent vraiment. Qui est vraiment Salma Bensaid ? Cette working girl branchée déco a plus d’un talent dans son sac. Elle a su s’imposer dans le paysage télévisuel grâce notamment à DAR WA DECOR, et 18 culturetoute.com 22.12.2016
nous prouvera plus vite que l’on ne le croit qu’elle est aussi une artiste talentueuse. Comment vous décririez-vous en quelques mots ? Passionné, entière dans ce que j’entreprends et dans mes choix de vie en général.
“Je lance la ème 8 saison de DAR WA DECOR”
Parlez nous de votre parcours de productrice tv ? J’ai commencé à l’âge de 25 ans. Apres un bac scientifique et 4 ans en école de Gestion Marketing, j’ai travaillé sur un projet publicitaire de grande envergure. C’est ce qui m’a donné envie d’intégrer le métier de la production. J’ai atterri dans ce milieu vraiment par
pur hasard. Je peux remercier le Destin. J’ai commencé par écrire des concepts tv pour les vendre aux chaines tv et aux annonceurs. On m’a fait confiance et je me suis accrochée. J’étais entourée d’une équipe 100% masculine, ce qui peut faire peur en tant que jeune fille, mais ils m’ont bien accueilli et j’ai beaucoup appris à leurs 22.12.2016 culturetoute.com 19
communiquez culture #culturetoute.com
contact@culturetoute.com • FB, instagram, Twitter : culturetoute 20 culturetoute.com 22.12.2016
côtés. Avec le temps, j’ai fait ma place et surtout grâce aux relations basées sur le respect et l’amitié. Comment vous est venu le goût de la déco ? Tout vient de ma famille. Ma mère bougeait souvent ses meubles de place. Elle disposait les meubles d’une certaine façon et un mois plus tard elle changeait leur disposition. Elle rajoutait quelques petits accessoires, et avec un rien elle savait donner une autre ambiance à la maison. Ca nous rafraichissait tellement la vie !
moment de ma vie grâce à la création. Quels sont vos projets pour 2017 ? Que nous préparez-vous ? Je lance la 8ème saison de DAR WA DECOR. Une capsule va se rajouter à l’émission que l’on a intitulée « Conseil sur mesure avec Salma» dans laquelle je vais pouvoir donner des conseils pratiques. J’ai aussi de nouveaux concepts et projets tv avec Sigma tv pour qui je suis le producteur délégué et un projet artistique perso que je ne révélerai qu’en cours d’année 2017 InchAllah.
Qu’est ce que la Culture selon Salma ? La culture d’un point de vue Derrière votre costume de working girl se cache une artiste ? philosophique, je dirais que c’est le savoir être, le savoir penser, le savoir créer et le Parle nous de vos talents cachés ? savoir vivre. Déjà il faut préciser que je suis la fille C’est un ensemble d’éléments acquis et et de la petite fille de deux artistes. Ma d’autres appris avec le temps. grand-mère et ma mère faisaient de la Je prends ce que je veux dans ce qui va m broderie. Elles ont réalisé des collections de tenues et de service d’Art de la table et enrichir personnellement et socialement. J’écarte, sans pour autant ignorer, ce de linge de maison. Ce sont elles qui m’ont donné ce penchant qui ne m’aidera pas à vivre pleinement et sereinement. pour la création et la déco. Concernant les références culturelles J’ai commencé par customiser une qui ont confirmé ma passion pour la ancienne mida que j ai récupérée chez déco. C’est sans hésitation l’architecture mes grands-parents. Je lui ai donné une seconde vie…Un nouveau look. Une mida, et le savoir faire des Italiens. La déco puis une dizaine, puis toute une collection et l’aménagement de la boutique Dolce Gabbana de Milan Rue Via Monte avec une thématique ; une histoire ; un Napoleone. Les façades et l architecture look pour chacune. Ca a commencé des anciennes maisons transformées en par des midas, mais je customise aussi show room ou celle des galeries sont à des Mrafee (étagères marocaines), des couper le souffle. fauteuils d’appoint ou des miroirs. Ces petites créations ne font pas objet d’un projet commercial. Je le fais par © culturetoute.com pure passion et par envie de raconter un
22.12.2016 culturetoute.com 21
DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi
fondatrice de DEZIN-IN.COM sourceur en art et design contemporain international, Intervenante chez Crèapôle, écoe d’arts appliqués, PARIS.
Réflexions sur le design marocain PAR NEZHA KANDOUSSI
Qu’entend-on par design exactement ? Dans le contexte francophone, quand le non spécialiste parle de design, il fait surtout référence à une ambiance, à un art de vivre dont l’esthétisme serait épuré, désencombré, minimaliste et qui inviterait au bien-être. L’idée qui prédomine est plus esthétique que fonctionnelle. Bien que l’on imagine que les deux se rejoignent, l’objet n’est que rarement mentionné. Or, le design tourne surtout autour de la notion d’objet et de fonction. De plus, un objet « beau », plaisant, moderne et de forme utile. Comme le disait Steve Jobs : «Le design ce n’est pas seulement l’apparence et le ressenti. C’est comment cela fonctionne ». La définition grand public du design se rapproche cependant de l’état d’esprit de Walter Gropius dans lequel il a fondé le Bauhaus en 22 culturetoute.com 22.12.2016
1919 en Allemagne. Son initiative était effectivement motivée par la volonté de créer et de produire des environnements de vie, en dehors du bâti. D’ailleurs, le designer est ce profil entre l’ingénieur et l’artiste (à moins qu’il ne soit ingénieur ET artiste). C’est le créateur, visionnaire qui conçoit un objet soit pour répondre à un besoin soit pour résoudre un problème et qui, en même temps, pense le processus, de l’idée à l’objet, au produit et aux outils pour le réaliser: les matériaux, les formes, le processus de fabrication, l’industrialisation, la commercialisation. Rendre le compliqué simple, ce que le designer français Ora-ïto. C’est cette « simplexité » dont parle designer français Ora-ïto qui fait écho à une citation d’Antoine de Saint-Exupéry :’la perfection, ce n’est pas quand il n’y a rien
© photo DR
Ora-ïto, designer à ajouter, mais quand il n’y plus rien à retrancher. » Tout un programme ! Le Maroc et la culture de l’objet Dans le contexte marocain, l’art de vivre, le bien-être, l’objet et le matériau sont des notions qui sont ancrées dans la culture depuis des siècles et qui ont fait le tour du monde. La créativité marocaine n’est plus à démontrer. Qui n’a jamais eu un pincement au cœur en voyant un objet traditionnel, mille fois utilisé dans le quotidien des Marocains, repris par une grande enseigne internationale, stylisé et vendu à prix d’or ? Et de penser : « Quel dommage que ce ne soit pas du « made in Morocco » ! » La culture marocaine de l’objet est intimement liée à l’artisanat et au travail de l’artisan, figure emblématique des arrière-boutiques des vieilles villes. C’est plus qu’une tradition, c’est une identité qui s’est façonnée au cours des siècles, mais c’est aussi le résultat d’une volonté politique, qui au début du siècle dernier avait lancé la machine afin de sauvegarder de ce patrimoine si riche. Aujourd’hui, le Maroc est ce pays qui tranche dans un
“la perfection, ce n’est pas quand il n’y a rien à ajouter, mais quand il n’y plus rien à retrancher.”
Antoine de Saint-Exupéry
monde uniformisé, où le visiteur vient faire une pause, las du monde uniformisé. De Shanghai à New York, c’est le règne des standards et le visiteur vient y faire une pause. Alors pourquoi le design ? Parce que le design est un indicateur de développement économique d’un pays. Que ce soit la recherche pure comme dans le cadre du mouvement Bauhaus en Allemagne dans les années 20 ou dans les Etats-Unis post-1929, la question était économique, initiée et encouragée par le développement industriel. Il fallait créer des objets fonctionnels qui soient beaux pour plaire à la grande consommation et aux classes moyennes naissantes. Le design au Maroc doit se développer, parce que le marché a besoin de se renouveler, l’économie a besoin de nouveaux vecteurs de croissance, l’artisanat de jouer un nouveau rôle. Le design, c’est l’avenir, c’est le secteur qui permet de superposer et de faire fusionner toutes les sciences, les arts et les techniques. ©culturetoute.com 22.12.2016 culturetoute.com 23
DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi
cinq Témoignages
Le design marocain vu par Jean-Paul Bath Jean-Paul Bath, directeur général du VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement), Paris. Le design souffre mondialement d’une grande uniformité tant dans les conceptions que dans la fabrication. L’enjeu pour chaque pays et même chaque designer est de trouver et prouver son originalité et qu’elle soit légitime. Les designers marocains doivent éviter les écueils consistant à copier les tendances internationales mais aussi à rester trop anecdotique dans l’utilisation des codes locaux (formes ou matériaux ou artisanat). Cela passe par un décryptage intelligent de l’ADN marocain (artisanat, matériaux, usages, couleurs…) qu’il faut réinterpréter 24 culturetoute.com 22.12.2016
Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez
dans un registre contemporain. Plutôt que réutiliser un pouf ou un moucharabieh, il faut se questionner sur leur intérêt, leur usage, et les retranscrire dans un nouvel objet, une nouvelle forme plus moderne servant la fonction. Plutôt que de copier les matériaux aux codes suédois ou allemand, utiliser ceux qui ont du sens et de la chaleur localement dans des objets nouveaux et résolument futuristes (pas rétro futuristes ! sachant que le futur va vers le recyclage, le responsable, le local). Il y a beaucoup de possibilités pour un pays en plein essor qui doit trouver ses marques. Vos designers sont prometteurs, mais effectivement encore jeunes. Ils doivent trouver leur propre identité : ni celle de leurs ancêtres, ni celle de l’international aseptisé. ©culturetoute.com
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DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi
cinq Témoignages Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez
Le design marocain vu par Fred Hernandez, designer, Rabat Le design contemporain au Maroc Le design contemporain marocain est captivant par son aspect hybride et métissé. Il témoigne de la richesse du bi-culturalisme de la plupart des designers marocains. En effet, les créateurs marocains, évoluant entre les influences traditionnelles marocaines et les tendances contemporaines occidentales, ouvrent des voies particulièrement intéressantes d’un design de fusion, d’un design de métissage. La théière Koubba, de Hicham Lahlou, chef de file du design marocain, est la parfaite image de cette fusion harmonieuse entre un objet symbole de la tradition 26 culturetoute.com 22.12.2016
marocaine et le traitement résolument contemporain de ses lignes pour en faire un objet intégré à son siècle... Le design, vecteur d’intégration. L’utilisation pertinente des motifs traditionnels zelliges par le designer Younès Duret est également un travail subtil intégrant habilement un art traditionnel marocain dans des univers résolument contemporains. Le motif zellige revisité par Younès Duret n’a plus besoin de support puisqu’il devient lui-même son propre support, le motif devient matière, le motif traditionnel devient meuble contemporain. Hicham el Madi illustre également ce design de fusion. Tout comme Hicham Lahlou et Younès Duret, il s’est penché sur la relecture de la théière marocaine pour en faire un objet
aux lignes initialement traditionnelles mais avec un judicieux traitement déstructuré pour en faire un objet sculptural et très contemporain. Son mobilier est également particulièrement créatif, au croisement des influences orientales, africaines et occidentales. On retiendra également le travail intéressant de la créatrice Myriam Mourabit qui revisite les objets et les arts traditionnels marocains, en leur conférant une touche plus épurée. Son sens évident de l’harmonie des couleurs et des formes lui permet de créer un univers chromatique puissant mais délicat. Sophia Giorgio Chraibi, explore des voies créatives pertinentes en revisitant le salon traditionnel marocain ou le divan
oriental par l’utilisation de matériaux contemporains comme le MDF ou le Corian. Jamil Bennani, designer, ébéniste, sculpteur, pilier du design marocain contemporain est également très représentatif de cette tendance forte mixant diverses sources d’inspiration pour créer des objets et sculptures nourris du multiculturalisme de leur créateur. Reda Bouamrani allie également avec talent les styles et les formes empruntés tant à la tradition marocaine qu’aux univers les plus contemporains. Au delà du métissage des styles, il exécute des « allers-retours » créatifs de haut niveau entre tradition et modernité. ©culturetoute.com
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DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi
cinq Témoignages Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez
L’état des lieux du Design au Maroc vu par Driss Kettani, architecte, Casablanca Le design en tant qu’activité tout à la fois artistique, économique et industrielle n’est reconnu et présent au Maroc que depuis peu. Nous avons pourtant depuis toujours eu une grande tradition dans l’artisanat et dans les arts décoratifs. Heureusement, ces dernières années ont connu l’émergence d’une génération de designers talentueux qui a su mettre le design sur le devant de la scène, le faire reconnaître et promouvoir la création marocaine à l’international. De débuts balbutiants et confidentiels dans les années 90, le design connaît aujourd’hui un intérêt constant au Maroc et une créativité réelle. Ce n’est qu’un juste retour des choses, eu égard, encore une fois, au riche patrimoine et à la tradition artisanale du Maroc. Mais cette exposition médiatique 28 culturetoute.com 22.12.2016
ne doit pas cacher de réels problèmes structurels, le plus important étant la quasi-absence de synergies industrielles et de débouchés permettant la mise sur le marché des créations. Cela est bien entendu lié à la faiblesse du tissu industriel notamment et à la non-compréhension par les industriels et fabricants de l’importance et de la plusvalue potentielle du design, ceci étant valable aussi bien pour les secteurs directement corrélés au design (mobilier, accessoires etc.) que d’industries plus généralistes. Il est à noter également le problème de l’édition, les designers recourant souvent à l’auto-édition avec ce que cela implique de difficultés à avoir accès à des process industriels performants. Sur le plan créatif, la qualité et l’originalité sont indéniables,
souvent, mais l’on peut noter un recours un peu trop systématique aux références décoratives traditionnelles, qui même lorsqu’elles sont utilisées dans un souci de subtilité font courir le risque de s’enfermer dans un registre formel. La référence décorative doit être pensée comme une source d’inspiration qui peut être dépassée, qui doit même l’être dans certains cas et non comme une quelconque obligation. Il en va de la capacité créative et de renouvellement du design marocain. Pour finir, il s’agit de mener une réflexion globale, qui intègre une stratégie associant tous les acteurs : designers, éditeurs, industriels, communicants, qui puisse permettre au design de s’imposer
comme facteur de développement artistique et industriel parce qu’au final, le design peut être intégré à tous les aspects de la production, aussi bien de l’objet d’art le plus prestigieux que de l’accessoire le plus usuel. Il serait également judicieux de trouver de meilleures synergies avec le monde de l’artisanat et de penser des complémentarités intelligentes. Le but étant in fine de vulgariser les notions de beauté, d’élégance, d’originalité, d’insuffler ce goût de la touche artistique au grand public et surtout de faire sortir le design marocain de l’élitisme et de la confidentialité, au delà des expositions et autres vernissages. ©culturetoute.com 22.12.2016 culturetoute.com 29
DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi
cinq Témoignages Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez
Le design marocain vu par Karim Hamdi, Paris, fondateur de Dar en Art, éditeur de mobilier design oriental J’ai fondé Dar en Art pour donner la possibilité à des designers d’exprimer leur inspiration orientale et notamment marocaine pour faire évoluer le mobilier, d’une part. D’autre part, j’ai pensé rendre accessible le design aux consommateurs de sensibilité orientale, comme le consommateur marocain. J’ai bien évidemment fait travailler ces designers sur la conception, nous même réalisé les premiers prototypes au Maroc. Les limites de ce processus se sont rapidement manifestées. Il n’a pas été possible de produire en série au Maroc, les interventions manuelles étant trop nombreuses, les réalisations
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devenaient trop chères et le modèle économique peu profitable. La mission des designers édités par Dar en Art reste la même : repenser la forme et les matériaux des objets de décoration et meubles, mais la fabrication a lieu désormais ailleurs. L’idéal serait de mettre en place une table ronde de designers et artisans pour établir une feuille de route d’un côté et un preneur de risque de l’autre pour assurer l’édition. Et sinon, bonne route à culturetoute qui a une très bonne idée d’être un espace d’expression pour les Marocains. ©culturetoute.com
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DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi
cinq Témoignages
Le design marocain vu par Rajaâ bel Mehrez Rajaâ bel Mehrez, designer et fondatrice de la galerie La rue es Consuls, Paris. Ce qu’il faut comprendre du Maroc, c’est que c’est avant tout un pays émergent. Comme tout pays émergent, il est dans une transition, il cherche son chemin vers un avenir qui lui serait propre. Comment savoir dans quelle voie s’engager quand l’ère numérique a emboîté le pas à l’ère industrielle, ce critère qui continue à pourtant encore distinguer un pays développé de celui qui ne l’est pas. Il n’est donc pas comparable à la France, même si les Marocains ont cette fâcheuse tendance à se regarder dans ce miroir déformant et à tirer des conclusions définitives sur leur sort. Le pays de qui le Maroc se rapprocherait le plus sur le plan de l’attachement aux traditions, serait plutôt le Japon. Ces motifs identifiables, ces traditions qui ne sont pas prêts de prendre leur retraite dans un musée. Le Maroc a un folklore riche et vivant, soutenu et sans revivifié par les Marocains, qui continuent 32 culturetoute.com 22.12.2016
Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez
de consommer de l’artisanat à tous les étages. Si développement du design il y a, ce cheminement devra se faire naturellement en commençant par la case qui consiste à assumer ce folklore et à le digérer. Mais qui dit pays émergent, dit émergence d’une classe moyenne qui s’installe lentement et donc un marché encore trop jeûne pour la production en masse de produits design. Ce qui m’amène au point suivant : celui de la production. Pour développer le design, il ne suffit pas de créer, il faut pouvoir fabriquer, il faut pouvoir mettre en place des processus et des techniques innovantes de fabrication sans intervention manuelle qui coûte trop cher. Et pour finir, il n’y a pas de design sans matériaux innovants, sans matière première disponible sur le marché. Hors le grand défi du Maroc aujourd’hui, c’est de dépasser le simple statut d’assembleur, ce qui nécessite de repenser les modalités d’importation et d’exportation. ©culturetoute.com
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Vous appelez cela la fête ? par Mourad HAMAYET
Dans le temps, à certaines occasions festives qui ponctuent le cours de la vie, la maison familiale bourdonnait d’une activité inhabituelle. On préparait la fête, on faisait la fête puis on commentait la fête. Comme pour toute population civilisée, la manifestation normale de la fête était pour nous l’occasion de faire bombance en s’autorisant à préparer et consommer des mets inhabituels. Pastilla, m’hanncha, pigeonneaux aux fruits, jus variés, lait d’amandes, fruits tropicaux, gâteaux au miel etc… Dans le foyer de mes parents, la fête commençait systématiquement par une grande négociation entre papa et maman, le premier estimant que la seconde voulait le ruiner et la seconde estimant que le premier voulait la ridiculiser. Bien évidemment tout finissait par s’arranger lorsque chacun promettait d’être raisonnable, c’est-àdire, de faire quelques concessions. Une tante perfide essaya bien de détruire cette harmonie et souffla à maman son truc : elle, à l’approche d’une fête, se disputait avec monsieur mon oncle pour qu’il lui fichât la paix et la laissât faire comme elle entendait ! Non, rien de cela chez nous ...
l’échéance, c’était le jour de la confection des pâtisseries. Maman régnait en monarque absolu et distribuait les ordres au personnel et à ses enfants. Nous, les castors juniors, étions en charge du pelage des amandes, de la manivelle du moulin à pâte, de la manutention des grands plateaux de fer-blanc ou nous devions disposer les gâteaux et biscuits divers, avant de les confier au factotum qui les portait alors au four banal et, en cas d’abondance, aux fours banaux. A leur retour de l’opération de cuisson, l’odeur de la fleur d’oranger le disputait à celle de pâte de l’amande chaude, de la cannelle cuite, de l’eau de rose et de la gomme arabique. Le tout nous faisait chavirer d’envie, à en avoir mal aux maxillaires. Nous avions toutefois droit à de tout petits gâteaux représentant des oiseaux qui étaient faits avec les chutes exprès pour calmer notre impatiente gourmandise. D’un air expert, tout en les dévorant, nous délivrions d’élogieux commentaires sur les talents pâtissiers de maman qui n’était guère dupe et nous invitait à détaler sans chapardage, sous peine de recevoir une taloche …
La veille même de la fête, l’espace qui ne nous était pas interdit se réduisait à une Chez nous, c’était la maison du bonheur peau de chagrin, et il n’était nul besoin et parents et enfants, chacun prenait de le répéter car chez nous, la discipline part à la peine : Nous n’étions certes pas n’était pas un vain mot. concernés par le ménage des grands jours, l’astiquage de l’argenterie, le Le jour même, papa intervenait en lavage précautionneux des verres de dernier pour délivrer, après sourcilleuse cristal, le garnissage des encensoirs, inspection, son ’’bon pour festoyer’’. La ni même la préparation de nos tenues fête pouvait alors avoir lieu, chamarrée, vestimentaires, souvent neufs. Mais nos joyeuse, simple et toujours familiale. tâches étaient multiples comme on le verra. Ou sont, mais où sont ces fêtes d’antan ? Puis deux ou trois jours avant 34 culturetoute.com 22.12.2016
De cette ambiance bon-enfant et
familiale, que reste-t-il aujourd’hui ?
peau dorée et croustillante des braves ovins cuits en principe à la broche (tu parles !). En tout cas, moi, la fête m’est devenue un Heureusement, cette première barrière supplice au point que récemment, je me infernale passée, nos doigts purent se suis surpris à étreindre chaleureusement rafraîchir à loisir car la carcasse de l’animal, un ‘’cousin’’ qui avait ‘’omis’’ de m’inviter au par dessous, était … encore congelée ! mariage de son fils. Chic alors, me dis-je, je Quelques commensaux, très courageux et n’ai point à subir de bousculade, je n’ai guère très niais, crurent déguster en avant-première à renifler les effluves abusifs de parfums une inversion carnée et ovine du tiramisu ! Ils agressifs et désagréables, je n’ai pas davantage crurent qu’officiait en cuisine quelque chef à supporter la vue de ces tonnes de breloques élève de Ferran Adria ou autre maître de la portées par des dames chamarrées comme cuisine moléculaire… Je retirai quant à moi des mules votives et supposées provoquer mon ma menotte thermiquement traumatisée et admiration, voire ma jalousie, pas plus qu’à me rabattis comme presque toujours en ces supporter leurs indécences vestimentaires somptueuses agapes sur un modeste quignon dont le coût résoudrait les problèmes de toute de pain, me récitant en un muet soliloque une population… des poèmes de colère et des insultes bien frappées, en attendant la fin du calvaire. Dès la Mais tout cela ne serait rien si du moins il n’y fin du défilé d’âneries prétentieuses et infâmes avait nécessité de manger les tambouilles déguisées en dessert, je courus chez moi ou je vomitoires de la fête de nos jours. L’habileté, me fis deux somptueux œufs au plat, parfumés la sincérité et le génie des mamans ont été d’une pointe de cumin et épicés de deux remplacés par la platitude de l’engeance copeaux de fleur de sel. haïssable de ces nouveaux prestataires nommés les traiteurs. Hélas, sournoisement, Parlerai-je du volume sonore de la musique la cuisine familiale est bien en train de amplifiée, semblant étudiée pour aggraver disparaitre au profit de la bouffe tarifée, les surdités naissantes ? Evoquerai-je le fort calibrée et écœurante –au mieux fadasse- de mécontentement des ‘’musiciens’’ que vous ces nouveau maîtres de la restauration. invitez à baisser le volume et leur menace d’arrêter de délivrer leur tintamarre si vous Le commerce de produits alimentaires a maintenez votre demande ? été l’un de mes métiers et je jure parler en toute objectivité : J’estime qu’il faut être Est-il besoin de parler des ’’serveurs’’, de mentalement dérangé pour recourir aux leur manque de professionnalisme, de leurs services des traiteurs, de tous les traiteurs, maladresses et de leurs exhalaisons axillaires sans exception et quelles que soient leurs ? Devrais-je parler de la cacophonie générale prétentions. Et j’ai de bonnes raisons pour qui empêche tout échange autre que sous affirmer cela. La meilleure et la plus simple forme de hurlement ? des preuves est que, si méticuleuse que soit la recherche dans ma mémoire, je ne Devrai-je reconnaître que je suis misanthrope me rappelle pas avoir jamais goûté à cette et atrabilaire ? Non, je ne le crois pas. Par nourriture sans tomber malade durant trois contre estimant avoir vécu par le passé journées. quelques moments de vérité et de vertueuse simplicité, je ne puis me résoudre et ne Ce n’est pas le lieu pour révéler certaines sais d’ailleurs pas me réjouir des fêtes de leurs immondes et pourtant courantes d’aujourd’hui, fadasses, sans la moindre pratiques, mais je puis tout de même citer originalité, bruyantes et épuisantes. Timidité la dernière mésaventure vécue à une table peut-être ? Ne sais … bourgeoise, servie par, si ce n’est le plus Le doux Yves Saint-Laurent l’a dit avant moi : grand, c’est en tout cas le plus prétentieux “J’aimerais bien faire la fête, m’amuser comme des traiteurs du Pays : un méchoui fumant avant, mais je panique quand je suis au milieu nous fut servi et en sybarites avertis, nous de gens.” ©culturetoute.com nous brûlâmes les doigts en dégageant la 22.12.2016 culturetoute.com 35
chronique cinéma de Laila BOUI IDRISSi
“ Sully” une histoire vraie. D
eux ans après «American Sniper», Clint Eastwood revient une nouvelle fois avec une histoire vraie. La première collaboration entre les légendes hollywoodiennes Tom Hanks et Clint Eastwood RACONTE L’HISTOIRE DE Chesley «Sully » Sullenberger ancien pilote de ligne américain qui connait le 15 janvier 2009 une panne de moteur avec 155 passagers à son bord. Ce film se concentre DAVANTAGE sur l’après et les conséquences de cet évènement SUR LE PILOTE ET SON ENTOURAGe. La performance des acteurs est remarquable, derrière les traits d’un commandant vieillissant Tom hanks est loin de se considérer en héros, cherchant juste à tirer un trait sur son exploit et à reprendre le travail au plus vite. Le film apparaît non pas comme un plaidoyer mais comme une très belle démonstration du caractère d’homme face à la catastrophe. Une véritable bataille de l’humain face à une bureaucratie de
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chiffres, de simulateurs et de paramètres en tous genres ! Le cinéaste réussit donc ce projet assez différent cette fois, pour mettre sur un piédestal ce héros ordinaire, en donnant l’apparence d’un homme attachant, fragile et fort à la fois, sincère et courageux et prêt à en découdre avec une administration féroce Clint Eastwood nous montre une fois de plus l’héroïsme américain dans sa forme la plus simple et pourtant la plus primordiale. On aurait aimé plus de prise de risques de la part d’un réalisateur qui n’a plus rien a prouvé mais le choix d’être humble dans la réalisation semble le plus adapté à ce miracle d’1h36. Mais, Clint Eastwood réussit une nouvelle fois à captiver le spectateur Avec une mise en scène sobre et une narration originale, la légende du cinéma parvient à nous surprendre de manière simple et efficace. A voir les cinéphiles © culturetoute.com
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contact@culturetoute.com • FB, instagram, Twitter : culturetoute 22.12.2016 culturetoute.com 37
Une interview de Khalid mhammedi
othmane benkirane Interview Exclusive
Connu autant que Benkiki, Othmane Benkirane est un ingénieur de formation et humoriste de passion. Avec un humour décalé, Culturetoute.com l’a interviewé pour vous. Comment est née ta vocation humoristique ? Par césarienne. J´étais timide dans ma bulle à moi et un jour je suis monté sur scène par accident et j´ai adoré les sensations éprouvées. Depuis ce jourlà, je suis devenu comme on dit « Saret casseta ». Donc voilà je vais me forcer à me taire, passons à la deuxième question.
les scènes des grands talents.
Justement, à ton avis, qu´est ce qu´il te faut pour percer encore plus pour rejoindre les Parles-nous de ton parcours ? « grands » ? C´est la question qu´il ne fallait pas Peut-être, une poser parce que ça sera difficile de me perceuse qui forcer à taire là mais bon j´essaierai. En perce mieux ou gros, j´ai joué avec la troupe de théâtre peut-être un de mon université et quand j´étais en scandale à la échange aux Etats-Unis, j´avais suivi des Kardashian ? formations théâtrales là-bas. Après, j´ai Non, je crois fait les scènes ouvertes du Marrakech du que pour réussir, Rire 2013 où j´ai rencontré Un As, Hamza il faut être soit et LeChild avec qui on a formé Les LSD parmi les meilleurs Comedy Band : une troupe de stand-up soit parmi les franco-darija. De fil en aiguille, j´ai pu avoir pires parce que mon premier spectacle intitulé «C´est trop les moyens ne injuste » que j´ai joué à l´Institut Français réussissent pas. de Casablanca, à la F.O.L de Casablanca, Donc, je commence à Rabat et à Tanger. Cette année, j´ai à considérer l´option refait les scènes des jeunes talents du d´être parmi les pires. Marrakech du Rire en attendant de faire 38 culturetoute.com 12.12.2016
entendre leurs échos. Non, la vérité, je suis déçu parce que j´ai raté mon challenge de faire parti des pires. Plus sérieusement, les échos donnent envie de croire en ce deuxième spectacle ou cette deuxième De quoi tu parles dans ton spectacle ? perceuse si tu veux. Des autres. C´est ce qu´on excelle à faire Quelles sont tes inspirations ? nous. Mais je parle d´eux à travers moiComme tout le monde, j´inspire de l´air. même, en reliant leurs histoires et leurs Mais il est pollué. Du coup, les humoristes attitudes à Benkiki. En gros, je fais qui m´inspirent, au vrai sens du terme, sont « tomber le batel » sur moi-même. rares. Et, je ne vais pas les citer. Sinon, ils Tu joues quand ton spectacle ? prendront la grosse tête. J´ai arrêté de jouer le spectacle Gad ou Djamel ? « C´est trop injuste » pour me Gadjamel. concentrer sur un nouveau spectacle que je suis entrain Un mot pour nos lecteurs ? de rôder ces deux derniers Je les invite à me stalker sur mon profil et mois à travers de courts sur ma page Facebook. passages à la F.O.L, au Théâtre © culturetoute.com Mohammed VI et à K é n i t r a . D´ailleurs, ce samedi 10 décembre j’ai joué 8 QUESTIONS POUR MIEUX CONNAITRE BENKIKI : avec Un As dans le cadre d´une soirée Fifty-Fifty où chacun rode ses vannes en Une qualité ? Je suis célibataire. jouant 30minutes. J´espère que j´arriverais à faire pire que les sitcoms ramadanésque, c´est un bon challenge à moi ! Bon je me tais, je ne veux pas me faire griller. Passons.
Et qu´en pensestu des échos du public ? La sonorisation était tellement bonne que je n´ai pas pu
Un défaut ? Tellement drôle que les gens n´arrivent pas à me comprendre… Ton repas préféré ? Omelettes aux bananes ou couscous aux fraises. J´adore l´exotique. Qu´est ce que tu n´aimes pas faire et pourquoi ? Dormir. Parce que je dois me réveiller après… Qu´est ce que tu aimes faire et pourquoi ? Faire rire les gens. Parce que ça me manque de voir des gens heureux. Ton endroit d´inspiration ? Aux toilettes, c´est pour ça que j´ai des idées de merde ? Humoriste ou politicien ? C´est pareil, non ? Blonde ou brune ? Première venue, première servie. 12.12.2016 culturetoute.com 39
REPORTAGE avec AGBackpackers - Moroccan Travellers
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Meknès, coup de foudre à l’Oriental MIS EN AVANT Très peu connue par les voyageurs, Meknès cache bien son jeu. Sous ses airs de ville « ringarde », elle offre à ses visiteurs de la grandeur et des airs de royauté grâce à ses édifices raffinés dignes du Roi Soleil. Ce n’est pas n’importe quelle ville, Meknès est l’une des 4 villes impériales du Royaume avec Marrakech, Fès et Rabat. Construite au pied du Moyen Atlas et traversée par Oued Bou Fekrane, Moulay Ismail, le
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plus grand des rois marocains décide d’en faire le « Versailles» de l’Orient… Il entreprend des chantiers faramineux qui dureront 50 ans, avec un seul objectif, rivaliser avec Louis XIV. Malgré les années, Meknès a su sauvegarder son héritage. Aujourd’hui Meknès est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO… Anectode: Moulay Ismail avait 500 femmes et 700 enfants. Se rappelait-il de tous leurs prénoms?
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