chronique Numéro 198
“Le Musée YSL et politique culturelle.” par abdellatif BOUZOUBAA www.culturetoute.com France • Liban • Maroc
“Aujourd’hui, les expressions culturelles sont des rituels modernes qui apaisent les tensions sociales, conjurent les raideurs identitaires et promeuvent l’amitié entre les peuples. ...” abdellatif BOUZOUBAA
Interview Rhita BENJELLOUN,
une perle de la joaillerie par nadia jacquot
lifestyle Françesco SMALTO
© photo Yann Révol
a organisé une compétition de golf Au Royal golf DAR ESSALAM
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“La Maison Francesco Smalto et moi même son représentant en organisant le tournoi de Golf (Francesco Smalto Cup ) le 17 décembre 2016, nous souhaitons rappeler le retour de la marque Smalto au Maroc dont la première Boutique est déjà ouverte au 219 Boulevard d’Anfa à Casablanca. Nous voulions également remercier nos clients pour leur fidélité en partageant ensemble une belle journée, par un tournoi de Golf taillé sur mesure. Le golf pour nous est un sport d’élégance et de tradition comme Smalto. Nous tenons à vous remercier pour votre participation. Vu le succès de cette opération nous vous donnons déjà rendez-vous l’année prochaine pour encore plus d’émotions toujours autour du golf. Nous avons également choisi le Golf de Dar Es Salam à Rabat pour une raison simple, retrouver notre clientèle de rabat fidèle à cette marque depuis toujours. La Maison Francesco Smalto a toujours eu plaisir à être présente dans la capitale du Maroc.” Mathieu TSOUNGUI Directeur Boutique Françesco SMALTO Casablanca 219 Bvd d’Anfa.
World Design Organization nomine le Designer marocain Hicham Lahlou
Le Président de l’Organisation Mondiale du Design / World Design Organization / Icsid, vient d’annoncer la nomination de M. Hicham Lahlou Designer « Community Liaison » représentant officiel au Maroc pour toutes ses actions menées à l’international et en Afrique au profit de la création et du design. L’Icsid est une organisation internationale non gouvernementale fondée en 1957 pour promouvoir la profession du design industriel. L’Icsid a approuvé récemment son nouveau nom « World Design Organization » qui sera déployée pleinement lors de son 60ème anniversaire en 2017. L’Icsid défend l’innovation par le design pour créer un monde meilleur en engageant ses plus de 140 organisations membres à collaborer et développer des programmes internationaux comme World Design Capital®, World Design Talks, World Industrial Design Day, World Impact Prize and Interdesign. L’Icsid a un statut de consultant spécial auprès des Nations Unies. (www.wdo.org). Hicham Lahlou est à ce jour l’un des designers les plus dynamiques et créatifs de nouvelle génération, il est également fédérateur d’idées nouvelles. Il œuvre
notamment à positionner son pays le Royaume du Maroc en tant que nouveau hub du design sur le Continent, ses initiatives en faveur de la promotion du design africain se sont très fortement démarquées avec la création dès 2009 de la FEMADE / Fédération Marocaine du Design, puis avec Africa Design Award et Africa Design Days + Morocco Design Week / Days et Awards. Il a su insuffler une nouvelle énergie pour l’émergence d’initiatives avant-gardistes, encourager des entreprises et apporter son regard et son conseil sur des projets qui peuvent, grâce au design, devenir des exemples, des références en la matière sur le Continent mais aussi au niveau international. M. Hicham Lahlou travaillera en lien étroit avec M. Gilles Rougon, membre élu du Conseil d’Administration de l’Icsid, afin d’aider à identifier des opportunités d’activation de la communauté des designers au Maroc et plus largement en Afrique de l’Ouest et du Nord, faire connaître les activités de l’Icsid auprès d’acteurs clés et mener autant que possible des actions concrètes associant des designers, entreprises, décideurs politiques et des partenaires. ©culturetoute.coM
Le Musée YSL et politique culturelle. par Abdellatif BOUZOUBAA
Le futur musée Yves Saint Laurent à Marrakech, (ville dont l’artiste subit le tropisme irrésistible et où il retourna, tel l’héliotrope fasciné et aimanté par le soleil), constituera une nouvelle plate-forme culturelle susceptible d’attirer amateurs d’art et de mode. La portée du Maroc dans l’œuvre de cet artiste de génie est si prégnante qu’il était naturel d’y
construire un musée à partir des collections de la Fondation Pierre Berger. Ce nouveau joyau architectural, situé à proximité du Jardin Majorelle que le créateur de mode a, avec Pierre Bergé, sauvé d’une déliquescence certaine, et qui est devenu aujourd’hui, avec son musée berbère, un îlot de sérénité paradisiaque incontournable dans une ville de plus en plus trépidante. La conception du musée a été confiée au Studio KO, qui a conçu, d’ores et déjà, de nombreux projets au Maroc, en Europe et aux EtatsUnis. Ce chef d’œuvre à venir, d’une surface totale de 4 000 m2, comprendra un espace d’exposition permanente présentant l’œuvre d’Yves Saint Laurent en mettant l’accent sur le processus créatif et la gestation de l’œuvre, dans une scénographie novatrice de Christophe Martin, une salle d’exposition temporaire, un auditorium, une bibliothèque et un restaurant.
Le nouveau musée s’adresse autant aux passionnés d’art, qu’à un large public curieux de découvrir l’œuvre d’Yves Saint Laurent, artiste majeur dans l’histoire de l’art au XXème siècle. Interrogé sur le sort de la fondation qui perpétue la mémoire et la création d’Yves Saint Laurent, Pierre Berger, récemment décoré par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, affirme : « j’ai décidé de transformer les souvenirs en projets». C’est dire qu’un musée en même temps qu’il sauvegarde le patrimoine culturel d’une nation, sa mémoire et son identité, il porte en germe, les idées du futur. Un simple regard rétrospectif sur les civilisations anciennes nous apprend que l’art survit aux aléas du politique. Porté par un « souvenir », l’élan créateur se perpétue dans un « projet », notamment si l’on ne sacrifie pas à une nostalgie qui se contente de réifier le passé, sans édifier les fondements de l’avenir. Aujourd’hui, les expressions culturelles sont des rituels modernes qui apaisent les tensions sociales, conjurent les raideurs identitaires et promeuvent l’amitié entre les peuples. De même, nul n’ignore que la culture ne se mue en civilisation qu’après un long travail d’émondage qui élague les fioritures et met en lumière le génie propre d’une nation. En d’autres termes, si la culture est la chrysalide,
la civilisation, elle, c’est le papillon qui déploie ses ailes au soleil. Sauvegarder le passé n’est pas une mince affaire, à plus forte raison si l’on sait que les retombées politiques et économiques ne sont envisageables qu’à moyen ou long terme. Dans ce sens, le Musée stricto sensu « est une institution permanente, à but non lucratif, au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, communique et expose, à des fins de recherche, d’éducation ou d’agrément, des témoins matériels de l’activité humaine et de l’environnement ». Cette définition que l’on doit à International Council of Museums, en dit long sur la place que doivent occuper les musées dans la politique culturelle d’un pays déterminé. L’initiative de la Fondation Pierre Berger, célèbre par la création de ce musée, le dialogue et le métissage fécond des cultures, à l’heure où malheureusement, les esprits chagrins se vautrent dans les cachots exigus d’une identité chimérique et appellent de tous leur vœux le clash des civilisations. En tant que telle, cette initiative est autant le signe que l’art est salutaire, parce qu’il ouvre des horizons insoupçonnés de dialogue culturel, qu’un pied de nez magistral aux zélateurs du repli identitaire. Chapeau bas Monsieur Pierre Berger. ©culturetoute.com
Numéro 198 du 27 décembre 2016 directeur publication Ahmad Bouzoubaa www.culturetoute.com
SOMMAIRE
actu 12 Cinéma, “Rébellion ordinaire” remporte le Grand prix du film transsaharien de Zagora 12 Edition, L’UEM lance l’Appel de Laâyoune pour la promotion de la créativité au Sahara
en une 04 Chronique, “Le Musée YSL et politique culturelle.” par Abdellatif BOUZOUBAA 08 Joaillerie, une perle de la joaillerie, Rhita BENJELLOUN, interview exclusive avec Nadia JACQUOT
08
#culturetoute
magazine 14 Design, Réflexions sur le design marocain par Nezha KANDOUSSI 26 Mode, entretien avec Manel MARzouK Ambassadrice, de plusieurs marques de LUXE 30 Chronique, “bouquins” par Mourad HAMAYET 32 Chronique, Cinéma «ROGUE ONE STAR WARS STORY» de Laila BOUI
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03 Design, World Design Organization nomine le Designer marocain Hicham Lahlou 34 Mode, Khalil alaoui Blogueur, Influenceur “Mode” 38 Peinture, Myriem MONGHAL “L’expressionnisme de l’émotion” entretien. 27.12.2016 culturetoute.com 7
une perle de la joaillerie Interview exclusive avec Rhita Benjelloun, par Nadia JACQUOT Rhita Benjelloun a tout d’une grande. Sa marque Rhita Création sera sans aucun doute au même rang que les grands noms de la joaillerie. Pourtant, elle ne fait pas dans le bling-bling. Elle aime la discrétion, la subtilité et la légèreté. Ces qualités font partie de sa personnalité et se ressentent dans chacun des bijoux qu’elle conçoit. Le « less is more » est la tendance de demain. Rhita l’a bien compris et maîtrise ce concept à la perfection.
Parlez-nous de vous en tant qu’artiste ? Je ne me considère pas vraiment comme artiste mais plutôt comme artisane. Je suis architecte praticienne et ai toujours été attirée par la joaillerie. Ma première collection était de l’enfilage, cela ne fait qu’un an que je m’intéresse et manipule l’argent et le vermeil (argent trempé or) : des matières plus nobles pour accompagner les pierres semi-précieuses qui sont au centre de mon travail. C’est d’ailleurs ce 8 culturetoute.com 27.12.2016
qui m’intéresse le plus, mettre en avant et en valeur la pierre, de la manière la plus simple et respectueuse. Pour cela, je suis actuellement une formation en gemmologie, c’est fou tout ce qu’il y a à savoir sur les pierres d’un point de vue purement scientifique, et si on rajoute à cela la dimension énergétique, c’est un réel univers sans limites. Si je devais résumer mon idéal, ce serait de tendre vers le « less is more », tout en combinant le mieux possible l’univers de la lithothérapie, la technique, et l’esthétisme.
“L’architecture en tant que discipline m’inspire et m’aide également beaucoup dans le design de bijoux. ”
Qui et quoi vous donne de l’inspiration ? Dans mon travail, la pierre en elle même constitue une source d’inspiration. C’est le plus souvent la forme, la couleur, les reflets, la vibration et la matière de la pierre qui me dicte mon travail. L’architecture en tant que discipline
m’inspire et m’aide également beaucoup dans le design de bijoux. A plus petite échelle, c’est un peu le même procédé, avec peut-être comme avantage pour le design de bijoux le fait de voir apparaître le fruit de son travail un peu plus rapidement. Comment se passe votre 27.12.2016 culturetoute.com 9
communiquez culture #culturetoute.com
contact@culturetoute.com • FB, instagram, Twitter : culturetoute 10 culturetoute.com 27.12.2016
collaboration avec Kouzina ? Comment est née la rencontre ? La collaboration avec Kouzina est une collaboration pleine d’amour et de joie. Non vraiment, je suis ravie d’avoir pu faire partie de cette aventure. J’ai rencontré plein de jeunes artistes géniaux, passionnés et passionnants, et je pense que ce n’est que le début d’une belle aventure qui aura commencé par une rencontre lors d’un festival avec une des membres fondatrices : Soukaina Hachem. Parle nous de vos projets pour 2017 ? J’ai un nombre incalculable de projets qui me viennent en tête par jour. Ils sont tellement nombreux que je me souviens que de la moitié des projets à la fin de la journée. Un de mes projets serait donc de canaliser mon énergie sur 1 ou 2 projets :) Sinon voyager pour dénicher de nouvelles pierres en Asie ou en Afrique de l’Ouest, et faire plus souvent la cuisine. Qu’est-ce que la Culture selon Rhita ? Qu’est-ce qui fait partie de votre culture ? Je pense que la Culture est quelque chose que l’on partage avec une ou plusieurs personnes. Une chose empreinte de codes et de symboles, d’histoire et de souvenirs. Ma culture à moi comme beaucoup, est un mélange de mon éducation, de mes voyages et mes rencontres. © culturetoute.com 27.12.2016 culturetoute.com 11
la revue de presse #du Mardi 27 DECEMBRE 2016 “Rébellion ordinaire” remporte le Grand prix du film transsaharien de Zagora L’école iranienne vient de confirmer sa notoriété à Zagora. Le film «Rébellion ordinaire» de Hamed Rajabi, a remporté, dimanche soir, le Grand prix de Zagora, pour le compte de la treizième édition du Festival international du film transsaharien de Zagora qui s’est tenu cette année du 22 au 25 courant. Le même film a décroché le prix du meilleur rôle féminin, revenu à l’actrice Negar... © libe.ma Le 27 décembre 2016
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L’UEM lance l’Appel de Laâyoune pour la promotion de la créativité au Sahara
Le président de l’Union des écrivains du Maroc (EUM), Abderrahim El Allam, a annoncé, samedi, le lancement de «l’Appel de Laâyoune pour la promotion de la créativité au Sahara». «A travers cet appel, nous souhaitons créer une synergie permettant de rendre compte de l’évolution, de la richesse et de l’effervescence de la scène créative dans nos provinces du Sud, dans le but d’impulser davantage... © libe.ma Le 27 décembre 2016
16 000 RECRUTEURS
140 000 ETUDIANTS
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@StagiairesMA
27.12.2016 culturetoute.com 13
DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi
fondatrice de DEZIN-IN.COM sourceur en art et design contemporain international, Intervenante chez Crèapôle, écoe d’arts appliqués, PARIS.
Réflexions sur le design marocain PAR NEZHA KANDOUSSI
Qu’entend-on par design exactement ? Dans le contexte francophone, quand le non spécialiste parle de design, il fait surtout référence à une ambiance, à un art de vivre dont l’esthétisme serait épuré, désencombré, minimaliste et qui inviterait au bien-être. L’idée qui prédomine est plus esthétique que fonctionnelle. Bien que l’on imagine que les deux se rejoignent, l’objet n’est que rarement mentionné. Or, le design tourne surtout autour de la notion d’objet et de fonction. De plus, un objet « beau », plaisant, moderne et de forme utile. Comme le disait Steve Jobs : «Le design ce n’est pas seulement l’apparence et le ressenti. C’est comment cela fonctionne ». La définition grand public du design se rapproche cependant de l’état d’esprit de Walter Gropius dans lequel il a fondé le Bauhaus en 14 culturetoute.com 27.12.2016
1919 en Allemagne. Son initiative était effectivement motivée par la volonté de créer et de produire des environnements de vie, en dehors du bâti. D’ailleurs, le designer est ce profil entre l’ingénieur et l’artiste (à moins qu’il ne soit ingénieur ET artiste). C’est le créateur, visionnaire qui conçoit un objet soit pour répondre à un besoin soit pour résoudre un problème et qui, en même temps, pense le processus, de l’idée à l’objet, au produit et aux outils pour le réaliser: les matériaux, les formes, le processus de fabrication, l’industrialisation, la commercialisation. Rendre le compliqué simple, ce que le designer français Ora-ïto. C’est cette « simplexité » dont parle designer français Ora-ïto qui fait écho à une citation d’Antoine de Saint-Exupéry :’la perfection, ce n’est pas quand il n’y a rien
© photo DR
Ora-ïto, designer à ajouter, mais quand il n’y plus rien à retrancher. » Tout un programme ! Le Maroc et la culture de l’objet Dans le contexte marocain, l’art de vivre, le bien-être, l’objet et le matériau sont des notions qui sont ancrées dans la culture depuis des siècles et qui ont fait le tour du monde. La créativité marocaine n’est plus à démontrer. Qui n’a jamais eu un pincement au cœur en voyant un objet traditionnel, mille fois utilisé dans le quotidien des Marocains, repris par une grande enseigne internationale, stylisé et vendu à prix d’or ? Et de penser : « Quel dommage que ce ne soit pas du « made in Morocco » ! » La culture marocaine de l’objet est intimement liée à l’artisanat et au travail de l’artisan, figure emblématique des arrière-boutiques des vieilles villes. C’est plus qu’une tradition, c’est une identité qui s’est façonnée au cours des siècles, mais c’est aussi le résultat d’une volonté politique, qui au début du siècle dernier avait lancé la machine afin de sauvegarder de ce patrimoine si riche. Aujourd’hui, le Maroc est ce pays qui tranche dans un
“la perfection, ce n’est pas quand il n’y a rien à ajouter, mais quand il n’y plus rien à retrancher.”
Antoine de Saint-Exupéry
monde uniformisé, où le visiteur vient faire une pause, las du monde uniformisé. De Shanghai à New York, c’est le règne des standards et le visiteur vient y faire une pause. Alors pourquoi le design ? Parce que le design est un indicateur de développement économique d’un pays. Que ce soit la recherche pure comme dans le cadre du mouvement Bauhaus en Allemagne dans les années 20 ou dans les Etats-Unis post-1929, la question était économique, initiée et encouragée par le développement industriel. Il fallait créer des objets fonctionnels qui soient beaux pour plaire à la grande consommation et aux classes moyennes naissantes. Le design au Maroc doit se développer, parce que le marché a besoin de se renouveler, l’économie a besoin de nouveaux vecteurs de croissance, l’artisanat de jouer un nouveau rôle. Le design, c’est l’avenir, c’est le secteur qui permet de superposer et de faire fusionner toutes les sciences, les arts et les techniques. ©culturetoute.com 27.12.2016 culturetoute.com 15
DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi
cinq Témoignages
Le design marocain vu par Jean-Paul Bath Jean-Paul Bath, directeur général du VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement), Paris. Le design souffre mondialement d’une grande uniformité tant dans les conceptions que dans la fabrication. L’enjeu pour chaque pays et même chaque designer est de trouver et prouver son originalité et qu’elle soit légitime. Les designers marocains doivent éviter les écueils consistant à copier les tendances internationales mais aussi à rester trop anecdotique dans l’utilisation des codes locaux (formes ou matériaux ou artisanat). Cela passe par un décryptage intelligent de l’ADN marocain (artisanat, matériaux, usages, couleurs…) qu’il faut réinterpréter 16 culturetoute.com 27.12.2016
Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez
dans un registre contemporain. Plutôt que réutiliser un pouf ou un moucharabieh, il faut se questionner sur leur intérêt, leur usage, et les retranscrire dans un nouvel objet, une nouvelle forme plus moderne servant la fonction. Plutôt que de copier les matériaux aux codes suédois ou allemand, utiliser ceux qui ont du sens et de la chaleur localement dans des objets nouveaux et résolument futuristes (pas rétro futuristes ! sachant que le futur va vers le recyclage, le responsable, le local). Il y a beaucoup de possibilités pour un pays en plein essor qui doit trouver ses marques. Vos designers sont prometteurs, mais effectivement encore jeunes. Ils doivent trouver leur propre identité : ni celle de leurs ancêtres, ni celle de l’international aseptisé. ©culturetoute.com
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DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi
cinq Témoignages Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez
Le design marocain vu par Fred Hernandez, designer, Rabat Le design contemporain au Maroc Le design contemporain marocain est captivant par son aspect hybride et métissé. Il témoigne de la richesse du bi-culturalisme de la plupart des designers marocains. En effet, les créateurs marocains, évoluant entre les influences traditionnelles marocaines et les tendances contemporaines occidentales, ouvrent des voies particulièrement intéressantes d’un design de fusion, d’un design de métissage. La théière Koubba, de Hicham Lahlou, chef de file du design marocain, est la parfaite image de cette fusion harmonieuse entre un objet symbole de la tradition 18 culturetoute.com 27.12.2016
marocaine et le traitement résolument contemporain de ses lignes pour en faire un objet intégré à son siècle... Le design, vecteur d’intégration. L’utilisation pertinente des motifs traditionnels zelliges par le designer Younès Duret est également un travail subtil intégrant habilement un art traditionnel marocain dans des univers résolument contemporains. Le motif zellige revisité par Younès Duret n’a plus besoin de support puisqu’il devient lui-même son propre support, le motif devient matière, le motif traditionnel devient meuble contemporain. Hicham el Madi illustre également ce design de fusion. Tout comme Hicham Lahlou et Younès Duret, il s’est penché sur la relecture de la théière marocaine pour en faire un objet
aux lignes initialement traditionnelles mais avec un judicieux traitement déstructuré pour en faire un objet sculptural et très contemporain. Son mobilier est également particulièrement créatif, au croisement des influences orientales, africaines et occidentales. On retiendra également le travail intéressant de la créatrice Myriam Mourabit qui revisite les objets et les arts traditionnels marocains, en leur conférant une touche plus épurée. Son sens évident de l’harmonie des couleurs et des formes lui permet de créer un univers chromatique puissant mais délicat. Sophia Giorgio Chraibi, explore des voies créatives pertinentes en revisitant le salon traditionnel marocain ou le divan
oriental par l’utilisation de matériaux contemporains comme le MDF ou le Corian. Jamil Bennani, designer, ébéniste, sculpteur, pilier du design marocain contemporain est également très représentatif de cette tendance forte mixant diverses sources d’inspiration pour créer des objets et sculptures nourris du multiculturalisme de leur créateur. Reda Bouamrani allie également avec talent les styles et les formes empruntés tant à la tradition marocaine qu’aux univers les plus contemporains. Au delà du métissage des styles, il exécute des « allers-retours » créatifs de haut niveau entre tradition et modernité. ©culturetoute.com
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DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi
cinq Témoignages Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez
L’état des lieux du Design au Maroc vu par Driss Kettani, architecte, Casablanca Le design en tant qu’activité tout à la fois artistique, économique et industrielle n’est reconnu et présent au Maroc que depuis peu. Nous avons pourtant depuis toujours eu une grande tradition dans l’artisanat et dans les arts décoratifs. Heureusement, ces dernières années ont connu l’émergence d’une génération de designers talentueux qui a su mettre le design sur le devant de la scène, le faire reconnaître et promouvoir la création marocaine à l’international. De débuts balbutiants et confidentiels dans les années 90, le design connaît aujourd’hui un intérêt constant au Maroc et une créativité réelle. Ce n’est qu’un juste retour des choses, eu égard, encore une fois, au riche patrimoine et à la tradition artisanale du Maroc. Mais cette exposition médiatique 20 culturetoute.com 27.12.2016
ne doit pas cacher de réels problèmes structurels, le plus important étant la quasi-absence de synergies industrielles et de débouchés permettant la mise sur le marché des créations. Cela est bien entendu lié à la faiblesse du tissu industriel notamment et à la non-compréhension par les industriels et fabricants de l’importance et de la plusvalue potentielle du design, ceci étant valable aussi bien pour les secteurs directement corrélés au design (mobilier, accessoires etc.) que d’industries plus généralistes. Il est à noter également le problème de l’édition, les designers recourant souvent à l’auto-édition avec ce que cela implique de difficultés à avoir accès à des process industriels performants. Sur le plan créatif, la qualité et l’originalité sont indéniables,
souvent, mais l’on peut noter un recours un peu trop systématique aux références décoratives traditionnelles, qui même lorsqu’elles sont utilisées dans un souci de subtilité font courir le risque de s’enfermer dans un registre formel. La référence décorative doit être pensée comme une source d’inspiration qui peut être dépassée, qui doit même l’être dans certains cas et non comme une quelconque obligation. Il en va de la capacité créative et de renouvellement du design marocain. Pour finir, il s’agit de mener une réflexion globale, qui intègre une stratégie associant tous les acteurs : designers, éditeurs, industriels, communicants, qui puisse permettre au design de s’imposer
comme facteur de développement artistique et industriel parce qu’au final, le design peut être intégré à tous les aspects de la production, aussi bien de l’objet d’art le plus prestigieux que de l’accessoire le plus usuel. Il serait également judicieux de trouver de meilleures synergies avec le monde de l’artisanat et de penser des complémentarités intelligentes. Le but étant in fine de vulgariser les notions de beauté, d’élégance, d’originalité, d’insuffler ce goût de la touche artistique au grand public et surtout de faire sortir le design marocain de l’élitisme et de la confidentialité, au delà des expositions et autres vernissages. ©culturetoute.com 27.12.2016 culturetoute.com 21
DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi
cinq Témoignages Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez
Le design marocain vu par Karim Hamdi, Paris, fondateur de Dar en Art, éditeur de mobilier design oriental J’ai fondé Dar en Art pour donner la possibilité à des designers d’exprimer leur inspiration orientale et notamment marocaine pour faire évoluer le mobilier, d’une part. D’autre part, j’ai pensé rendre accessible le design aux consommateurs de sensibilité orientale, comme le consommateur marocain. J’ai bien évidemment fait travailler ces designers sur la conception, nous même réalisé les premiers prototypes au Maroc. Les limites de ce processus se sont rapidement manifestées. Il n’a pas été possible de produire en série au Maroc, les interventions manuelles étant trop nombreuses, les réalisations
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devenaient trop chères et le modèle économique peu profitable. La mission des designers édités par Dar en Art reste la même : repenser la forme et les matériaux des objets de décoration et meubles, mais la fabrication a lieu désormais ailleurs. L’idéal serait de mettre en place une table ronde de designers et artisans pour établir une feuille de route d’un côté et un preneur de risque de l’autre pour assurer l’édition. Et sinon, bonne route à culturetoute qui a une très bonne idée d’être un espace d’expression pour les Marocains. ©culturetoute.com
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DOSSIER SPéCIAL design par Nezha Kandoussi
cinq Témoignages
Le design marocain vu par Rajaâ bel Mehrez Rajaâ bel Mehrez, designer et fondatrice de la galerie La rue es Consuls, Paris. Ce qu’il faut comprendre du Maroc, c’est que c’est avant tout un pays émergent. Comme tout pays émergent, il est dans une transition, il cherche son chemin vers un avenir qui lui serait propre. Comment savoir dans quelle voie s’engager quand l’ère numérique a emboîté le pas à l’ère industrielle, ce critère qui continue à pourtant encore distinguer un pays développé de celui qui ne l’est pas. Il n’est donc pas comparable à la France, même si les Marocains ont cette fâcheuse tendance à se regarder dans ce miroir déformant et à tirer des conclusions définitives sur leur sort. Le pays de qui le Maroc se rapprocherait le plus sur le plan de l’attachement aux traditions, serait plutôt le Japon. Ces motifs identifiables, ces traditions qui ne sont pas prêts de prendre leur retraite dans un musée. Le Maroc a un folklore riche et vivant, soutenu et sans revivifié par les Marocains, qui continuent 24 culturetoute.com 27.12.2016
Jean-Paul Bath, Fred Hernandez, Driss Kettani, Karim Hamdi, Rajaâ bel Mehrez
de consommer de l’artisanat à tous les étages. Si développement du design il y a, ce cheminement devra se faire naturellement en commençant par la case qui consiste à assumer ce folklore et à le digérer. Mais qui dit pays émergent, dit émergence d’une classe moyenne qui s’installe lentement et donc un marché encore trop jeûne pour la production en masse de produits design. Ce qui m’amène au point suivant : celui de la production. Pour développer le design, il ne suffit pas de créer, il faut pouvoir fabriquer, il faut pouvoir mettre en place des processus et des techniques innovantes de fabrication sans intervention manuelle qui coûte trop cher. Et pour finir, il n’y a pas de design sans matériaux innovants, sans matière première disponible sur le marché. Hors le grand défi du Maroc aujourd’hui, c’est de dépasser le simple statut d’assembleur, ce qui nécessite de repenser les modalités d’importation et d’exportation. ©culturetoute.com
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Une interview de Ahmad BOUZOUBAA Photos David Sokay
Manel MARzouK ambassadrice, de plusieurs marques de LUXE entretien
En tant qu’ambassadrice cosmétique d’une grande marque qui rayonne à l’échelle internationale, trouvez- vous le temps pour animer des émissions ; et comment conciliez-vous entre les deux puisque chacun fait appel à un don spécifique ? J’ai choisi de faire de ma passion pour les cosmétiques mon métier, je me donne toutes les chances pour avancer et réussir (inchallah). Je m’organise comme je peux entre mon travail autant qu’ambassadrice de marque en cosmétique de luxe, les formations continues, les longues heures de travail et ma rubrique beauté à la radio, toutes mes occupations actuelles ont un point commun, le monde de la beauté, mon amour pour mon métier me fait oublier la fatigue physique. Je m’applique dans mon travail 26 culturetoute.com 27.12.2016
avec beaucoup d’amour. Je suis des cours de théâtre pour mon développement personnel et pour m’évader et me libérer le temps de quelques heures. Je fais toujours en sorte de passer du temps avec ma famille aussi pour faire le plein d’énergie positive. Parlez-nous de votre parcours. Après avoir fini mes études supérieures en gestion et communication. J’ai pris beaucoup de temps avant de trouver ma voie. J’ai eu plusieurs expériences professionnelles très différentes l’une de l’autre. Je ne me sentais pas à ma place dans le travail administratif, le monde du cosmétique m’a toujours attiré. J’ai décidé enfin de prendre les choses en mains et de changer ma trajectoire. J’ai suivi plusieurs formations par de prestigieuses marques
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“Plusieurs marques me font confiance pour être leur ambassadrice, Le groupe l’Oréal luxe, ysl, lancôme, Helena Rubinstein, Biotherm, Et HERMÈS, Cartier...” de cosmétique de luxe, Yves saint Laurant, Helena Rubinstein, Biotherm, Hérmés, lancôme… etc, et une formation professionnelle comme Make-up artist chez le plus célèbre relookeur et chroniqueur télé de Belgique Mr David Jeanmotte, la vie est faites de rencontre, cette personne si célèbre et humble est devenu ami, il a cru en moi, il m’a encouragé et soutenue. J’ai ensuite collaborer avec le talentueux créateur belge Mr David Sokay pour l’événement mode incontournable de Belgique le «DS brussels fashion Days», ont succédé à ça plusieurs important événements dans le monde de la mode et le cosmétique, plusieurs prestigieuses marques me font confiance pour les trois axes, maquillage, soin et parfum (Lhamdellah), on m’a proposé en suite de faire une chronique beauté à la radio, je n’ai pas hésité une seule seconde, je le fait avec passion et amour.
Le respect et la tolérance sont les mots clef pour vivre ensemble, Bruxelles est une ville multiculturel et très diversifiée, je suis plutôt attirée par les personnes différentes que par mes semblables, j’aime la mixité de cette ville et être en contact avec des personnes de toutes origines confondus, je trouve ça amusant et très enrichissant humainement. Pour avancer que ça soit sur le plan amical ou professionnel je respecte les différences et j’exige du respect envers ma culture par mon bon comportement. Que pensez-vous de culturetoute.com ? Je vous félicite tout d’abord pour votre quotidien culturel «culturetoute» j’ai beaucoup de plaisir à vous lire à chaque fois, vous êtes un magnifique lien entre mon pays le Maroc qui me manque tant et la Belgique ou je réside actuellement, le Maroc est pour moi un exemple en terme de vivre ensemble au sein d’un pays au tour de valeurs et de principes partagés ou les différences religieuses par exemple sont des atouts.
Vous êtes marocaine résidante en Belgique, comment conciliezvous entre les deux cultures, et qu’est ce qui peut les rapprocher © culturetoute.com selon vous ?
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par Mourad HAMAYET Le contact physique avec les livres, m’est un plaisir. ’’ Mon plus grand bonheur, c’est de passer des heures à regarder et à toucher les livres. Un livre, ça a un côté sensuel : ça se caresse avec la pulpe du doigt, sa couverture peut être lisse ou râpeuse, ça a une odeur’’... dit justement Jérôme Dayre, libraire à Paris. La promiscuité avec le livre est bien plus grande en fait qu’un simple et furtif toucher. Le livre, on le touche, certes, mais on le caresse aussi, l’agace en le cornant, l’on en humecte les coins de pages pour les tourner, on le jette, on le saisit fermement, on le tient avec l’éventail des doigts écartés, des heures durant, l’on s’en couvre le visage pour se protéger, pour dormir, pour rêver et en fait, avant de le reposer, l’on n’arrête pas de le tripoter en tous sens. Pendant toutes ces triturations, on le viole 1000 fois du regard. Ibn Arabi a dit : ‘’L’univers est un immense livre’’ et l’ésotérisme islamique distingue entre ce ‘’Liber Mundi’’, Grand Livre du Monde, et loge un second livre dans le cœur de l’homme : l’Intelligence individuelle. La symbolique nous propose de considérer qu’un livre fermé signifie la matière vierge et un livre ouvert la même matière fécondée. Cela donne un rôle actif au lecteur et j’aime vraiment cette idée d’interactivité. Au grand dam de mon auguste 30 culturetoute.com 27.12.2016
et sourcilleux papa, j’ai toujours refusé d’acheter mes livres scolaires dans les ‘’foires aux livres’’, ces marchés de l’occasion qui se tiennent au début ou à la fin des grandes vacances et permettent d’acheter les manuels scolaires dont on a besoin et dont d’autres n’ont plus besoin. Eh non, je ne suis pas partageur et je voulais que les miens fussent neufs ! Je vendais les précédents dans un état impeccable, dûment protégés et ne présentant pas la moindre trace douteuse. Par contre, je ne pouvais le faire lorsque les livres nécessaires étaient déjà aux mains de mes aînés. Bon, mais ils étaient également assez soigneux, donc demi-mal. Je me suis toujours amusé des capharnaüms que sont les échoppes des bouquinistes dans les villes que j’ai habitées, Fès, Casablanca, Rabat particulièrement. Ces montagnes de livres couverts de poussière, posés à même le sol, comme déchargés à la benne de camion et sans ordre apparent. Ce que j’admirais c’était l’incroyable habileté et la prodigieuse mémoire des marchands capables de répondre à n’importe quelle demande concernant leurs stocks et dont il n’était même pensable d’imaginer qu’ils en avaient lu un traitre mot autre que le titre et l’auteur. J’accompagnai dans ces boutiques les camarades un peu moins bégueules que moi
et c’était un jeu que de leur adresser les demandes les plus folles et de les entendre me dire qu’ils en avaient un exemplaire ou qu’ils venaient de le vendre… J’en pris rarement en flagrant délit d’ignorance. Depuis que le monde scolaire n’est plus qu’un souvenir, je n’ai pas cessé pour autant d’aimer les livres et d’en prendre le plus grand soin. Cet amour est en fait assez extravagant et je laisse à mes amis psychanalystes le loisir de révéler au grand public toutes les turpitudes de mon âme, décelées dans cette innocente manie. Mais il ne semble pas que je sois près de changer ni même prêt à changer. Qu’y puis-je si je déteste les livres de poche et leurs encres baveuses ? si je n’achète mes livres que dans de belles librairies ? si je n’offre que des livres que je suis certain de ne pas aimer ? si je ne prête jamais mes livres ? si je ne reprends jamais un livre que j’ai été contraint de prêter ? Mais alors ces manies me contraignentelles ? Assurément !... Riraient bien fort ceux qui sauraient comment je procède pour acquérir les livres que j’ai envie de lire : Mes vagabondages cybernétiques et mes lectures spécialisées, mes accointances et mes correspondances diverses sont autant de sources de suggestions initiales. Je recherche alors à en savoir plus sur l’objet convoité, à en lire un extrait, à adouber l’auteur. En fait je commence ma ronde de séduction et laisse toujours l’œuvre décider par elle-même si elle veut bien de moi comme lecteur. Lorsqu’elle me certifie que oui, depuis que de mon environnement ont disparu les librairies dignes de ce nom, je lance un appel à mon acheteur implanté dans la zone concernée et lui adresse une demande
d’achat. Paris ? Madrid ? Barcelone ? Lisbonne ? Londres ou Milan ou Rome ? On m’accuse réception de ma demande et on me propose une date de livraison probable. J’accepte ou refuse et je suis à la trace bien sûr le voyage de livraison. Il m’est arrivé d’aller chercher ma commande à l’aéroport d’une autre ville et je pense que c’est là, la moindre des courtoisies. Peut-être comprendrat-on mieux, maintenant, ma jalousie absolue concernant ces feuilles reliées entre elles et qui contiennent toute l’intelligence et l’un des plus fins plaisirs du monde … Je me console de ma manie cependant, en me disant que je ne suis tout de même en rien comparable à l’original Baron Willem van Westreenen van Tiellandt, 1783-1848. Cet éminent gentilhomme néerlandais travailla durant quarante années à se constituer une bibliothèque personnelle et refusa de la faire visiter à qui que ce soit au monde. Un jour pourtant il accepter d’en ouvrir les portes à deux amis intimes, mais assortit cet insigne privilège de conditions : Il irait les chercher luimême dans sa voiture personnelle pour qu’en cas de mauvais temps, ils n’apportent pas avec eux de l’humidité, et avant d’entrer dans la bibliothèque, ils devaient quitter tous leurs vêtements et revêtir une robe de chambre, un bonnet et des pantoufles du Baron, pour éviter d’introduire toute poussière. Et bien malgré cela, à la dernière minute, il trouva un prétexte pour repousser la date prévue pour la visite. Mais notre ami finit par mourir, bien évidemment, et ses précieux ouvrages devinrent la propriété de l’Etat qui les répartit dans diverses bibliothèques publiques ou ils sont accessibles à tous, sans la moindre précaution particulière … ©culturetoute.com
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chronique cinéma de Laila BOUI IDRISSi
ROGUE ONE STAR WARS STORY L
e premier Spin-off de la mythique saga Star Wars, Rogue One était attendu au tournant. Plutôt une bonne surprise que ce Rogue One qui retrouve le charme de la toute première trilogie des années 70-80, avec une esthétique semblable qui donne vraiment le sentiment d’être face à des objets réels et non pas des créations numériques. Un Star Wars qui élargit l’univers de façon remarquable, les décors, atmosphères, costumes, planètes sont vraiment excellents et la photographie rend les scènes magnifiques. Cependant, l’histoire n’est absolument pas originale et recycle tout ce que l’on connaît déjà, mais le tout est emballé efficacement par quelqu’un qui aime sincèrement la saga. On évitera de retenir les choses
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désagréables car l’ambiance du film est superbe,certaines planètes comporte de magnifiques paysages, toute la galaxie est toujours aussi bien réalisée et émerveille ! Les costumes sont bien faits et toutes les armes, équipements et vaisseaux ainsi que l’Étoile de la Mort restent très corrects. L’ambiance est plaisante et les clins d’œil à la saga sont très sympathiques et pas trop envahissants. Ce film reste donc un très bon divertissement, efficace et respectueux du public. Il fait le lien entre l’épisode 3 et le 4 sans anicroche. Du bon boulot à défaut d’être une œuvre majeure. En conclusion, Rogue One A Star Wars Story offre un spectacle honnête et compétent, un bon film sans être un grand film. © culturetoute.com
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Une interview de Ahmad BOUZOUBAA
Khalil alaoui Blogueur, Influenceur “Mode” entretien
Pouvez-vous nous présenter Khalil ALAOUI, «Influenceur” ? Khalil Alaoui, 25 ans, Blogueur – Influenceur «Mode». Khalil a commencé en 2011, en prenant des photos de ses OOTD quotidiennement qu’il partageait sur ses réseaux sociaux. Khalil a sorti en 2012 le grand jeu en lançant son blog nommé «THE MODERN MAN» . Le blog a connu alors un très grand succès et continue d’intéresser tous publics et à grande échelle.. Avec une communauté de milliers de followers sur les réseaux sociaux tels que Facebook et Instagram, le blog a suscité également l’intérêt de plusieurs marques internationales dont Fujifilm, Reebok, Manfrotto et Daniel Wellington. Khalil a donc gagné la confiance de ses followers, des marques ainsi que des artistes Marocains avec qui il a travaillé en tant que styliste dans des vidéo Clip comme #CHOUWAYA de KOMY et DIZZY 34 culturetoute.com 27.12.2016
DROS (+10M de vues). Quelle est votre stratégie d’approche envers les marques ? c’est la même stratégie que celle adoptée par la plupart des blogueurs professionnels. Il s’agit entre autres, de réaliser un contenu valorisant l’image de la marque. Ceci bien sûr grâce à la réalisation de belles photographies de haute qualité ou bien des vidéos selon le besoin de la marque et qui seront par la suite publiés sur mes réseaux sociaux (Blog,Instagram,Facebook...). En contrepartie, je perçois entre 2000 dh et 6000 dh en plus de certains produits de la marque, et cela diffère selon les exigences de la marque. Bien sûr, cela ne concerne que des marques internationales car je n’ai pas encore eu l’opportunité de travailler avec des marques nationales .
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contact@culturetoute.com • FB, instagram, Twitter : culturetoute 36 culturetoute.com 27.12.2016
Comment vous est venue l’idée d’en faire votre métier ? Au début, c’était une passion puisque je suis quelqu’un qui adore la mode. J’aimais me prendre en photo avec mes quotidiens Ootd et, par la suite, j’ai eu l’idée de commencer à publier ce que je fais sur certains réseaux sociaux et surtout le site qui a marqué le mouvement: LOOKBOOK.NU. Après une année de travail régulier, j’ai pu décrocher une première collaboration avec une marque chinoise. Je m’en rappelle bien car je m’étais dit, pourquoi ne pas de faire un travail professionnel et gagner un peu d’argent grâce à cette opportunité ,et c’est ainsi que je me suis lancé dans l’aventure . Mais franchement, je ne considère pas le BLOGGING au Maroc comme un métier. Et, je ne sais pas si plus tard cela va changer ou non mais pour le moment, il faut savoir que je ne dépend pas du BLOGGING pour gangner ma vie.
Comment gagnez-vous donc votre «pain» et que gagnez-vous grâce au digital ? comme je l’ai mentionné, je ne gagne pas suffisamment d’argent grâce au BLOGGING ou bien au digital d’une manière générale. Pour moi, et actuellement, ce n’est donc pas un vrai travail qui me permet de vivre. C’est plutôt un plus qui me préoccupe un certain temps et en parallèle en attendant une vraie amélioration et une bonne considération pour cet activité au Maroc . Que pensez-vous de culturetoute. com ? Je peux vous avouer qu’à ce jour, c’est la première revue de presse digitale réalisée professionnellement. On constate un travail de qualité. Les sujets qui y sont abordés sont très intéressants.Bref, un grand merci pour l’initiative et j’espère que notre coopération continue. © culturetoute.com 27.12.2016 culturetoute.com 37
Une interview de ahmad BOUZOUBAA
entretien avec
Myriem MONGHAL “L’expressionnisme de l’émotion” Pouvez-vous nous parler de votre prochaine exposition. Concernant les expositions, bien entendu, plusieurs sont au programme pour l’année 2017 au Caire (Egypte), à Marrakech, Tétouan, Doubaï et Londres. Étant une artiste engagée, ma ligne de conduite est de pouvoir transmettre à travers mes œuvres des émotions et aussi des messages sur différents thèmes qui peuvent soulever des questionnements sur le monde d’aujourd’hui. Plusieurs propositions m’ ont été soumises, dont une en cours et qui est réalisée en collaboration avec Marc Provost, Vice-Président de Emmaüs solidarité pour ARTQUIVIE, une association répondant à la loi de 1901 dont l’objet est d’insérer les plus démunis, notamment les personnes réfugiées, par des activités artistiques. L’élément commun et fort des membres de l’association est 38 culturetoute.com 27.12.2016
de donner du sens à la vie des personnes hébergées par une activité de création artistique à la fois manuelle, artisanale et esthétique. Il s’agit de les aider à élaborer un projet, les former, les insérer dans leur nouveau pays. Pouvez-vous nous parler de la culture au Maroc, de la culture à travers le monde ? Le Maroc a une richesse exceptionnelle, déjà par ses couleurs et sa grande diversité, qui a su les faire valoir et cela est bien relevé par de grands artistes d’exceptions. Cette diversité en effet, véhicule une âme, des odeurs, qui s´expriment avec une grande force. La philosophie de vie, notamment à l’extérieur des grandes villes garde son aspect authentique que bien des pays occidentaux ont perdu, à savoir l’amour et le partage dans la simplicité avec noblesse. Un des pays les plus beaux pour trouver une inspiration pour la création.
Née à Rabat, antique comptoir phénicien sur la côte atlantique marocaine, Myriem Monghal est d’origine francomauritanienne. Après différents séjours dans les caraïbes et en Angleterre, Myriem Monghal revient en France, se forme et se perfectionne dans différents ateliers d’arts plastiques à Paris. Au service de la peinture, elle revendique ses racines auvergnates, sahraoui de la tribu des Ouled Bou Sbaa pour donner un sens à ses différences mêlées de contradictions.
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éloignés. Mon rêve est que chacun puisse un jour découvrir sa sensibilité artistique, qu’il soit cadre citadin ou enfant et résidant dans les quartiers défavorisés. Concernant le détail du projet avec Emmaus, l’idée en cours de réalisation est de créer une équipe pour lancer un projet d’insertion fondé sur la fabrication de meubles en carton avec la participation de personnes sans domicile, des personnes migrantes, notamment des réfugiés, hébergés par des associations chargées d’insertion, en particulier. Emmaüs Solidarité à une une grande expérience de l’accueil des personnes à la rue. Je résumerai ma réponse en faisant valoir une évidence certaine: la culture est universelle et elle est l’amour du partage. Et à notre échelle, nous les artistes, nous avons le devoir de stimuler la création. La peinture n’est pas seulement une question d’ombres et de lumières mais aussi un outil puissant c’est à dire un outil capable de stimuler l’énergie créatrice. La culture dans le monde a également pour devoir de diffuser la culture en connectivité permanente avec la paix la tolérance et un monde sans frontières. Utopiques certes mais avec l’art essayons ! Pouvez-vous nous en dire plus sur vos projets ? Je ne peux à l’instant donner tout le détail, mais je peux vous dire que je continue de lancer des projets sur l’initiation de l’art à l’ensemble des acteurs de la société, en donnant la priorité à ceux qui en sont un peu 40 culturetoute.com 27.12.2016
Un conseil pour les artistes marocains ? Comment pourrais-je donner conseil à
des artistes marocains, ou d’une autre nationalité ? Ce que j’aimerais tout de
même dire aux artistes marocains c’est de continuer , de bien vouloir développer leurs énergies non seulement dans les expositions, mais aussi pour tous ceux qui en sont éloignés, … , et pourquoi ne pas créer un jour un conservatoire ou un espace pour les artistes dans chaque quartier ? Continuons aussi à travailler avec les enfants et allons ensemble les chercher s’il le faut pour développer leur sens artistique.
Que pensez-vous d’un webzine culturel au maroc comme culturetoute ? Je suis ravie que cela a enfin vu le jour. C’est une excellente initiative très appréciée par les artistes. C’est notre objectif à tous, que tout le monde ait accès à la culture et que celle-ci ne soit pas réservée uniquement à une élite ! © culturetoute.com 27.12.2016 culturetoute.com 41
Une interview de Khalid mhammedi
othmane benkirane Interview Exclusive
Connu autant que Benkiki, Othmane Benkirane est un ingénieur de formation et humoriste de passion. Avec un humour décalé, Culturetoute.com l’a interviewé pour vous. Comment est née ta vocation humoristique ? Par césarienne. J´étais timide dans ma bulle à moi et un jour je suis monté sur scène par accident et j´ai adoré les sensations éprouvées. Depuis ce jourlà, je suis devenu comme on dit « Saret casseta ». Donc voilà je vais me forcer à me taire, passons à la deuxième question.
les scènes des grands talents.
Justement, à ton avis, qu´est ce qu´il te faut pour percer encore plus pour rejoindre les Parles-nous de ton parcours ? « grands » ? C´est la question qu´il ne fallait pas Peut-être, une poser parce que ça sera difficile de me perceuse qui forcer à taire là mais bon j´essaierai. En perce mieux ou gros, j´ai joué avec la troupe de théâtre peut-être un de mon université et quand j´étais en scandale à la échange aux Etats-Unis, j´avais suivi des Kardashian ? formations théâtrales là-bas. Après, j´ai Non, je crois fait les scènes ouvertes du Marrakech du que pour réussir, Rire 2013 où j´ai rencontré Un As, Hamza il faut être soit et LeChild avec qui on a formé Les LSD parmi les meilleurs Comedy Band : une troupe de stand-up soit parmi les franco-darija. De fil en aiguille, j´ai pu avoir pires parce que mon premier spectacle intitulé «C´est trop les moyens ne injuste » que j´ai joué à l´Institut Français réussissent pas. de Casablanca, à la F.O.L de Casablanca, Donc, je commence à Rabat et à Tanger. Cette année, j´ai à considérer l´option refait les scènes des jeunes talents du d´être parmi les pires. Marrakech du Rire en attendant de faire 42 culturetoute.com 12.12.2016
entendre leurs échos. Non, la vérité, je suis déçu parce que j´ai raté mon challenge de faire parti des pires. Plus sérieusement, les échos donnent envie de croire en ce deuxième spectacle ou cette deuxième De quoi tu parles dans ton spectacle ? perceuse si tu veux. Des autres. C´est ce qu´on excelle à faire Quelles sont tes inspirations ? nous. Mais je parle d´eux à travers moiComme tout le monde, j´inspire de l´air. même, en reliant leurs histoires et leurs Mais il est pollué. Du coup, les humoristes attitudes à Benkiki. En gros, je fais qui m´inspirent, au vrai sens du terme, sont « tomber le batel » sur moi-même. rares. Et, je ne vais pas les citer. Sinon, ils Tu joues quand ton spectacle ? prendront la grosse tête. J´ai arrêté de jouer le spectacle Gad ou Djamel ? « C´est trop injuste » pour me Gadjamel. concentrer sur un nouveau spectacle que je suis entrain Un mot pour nos lecteurs ? de rôder ces deux derniers Je les invite à me stalker sur mon profil et mois à travers de courts sur ma page Facebook. passages à la F.O.L, au Théâtre © culturetoute.com Mohammed VI et à K é n i t r a . D´ailleurs, ce samedi 10 décembre j’ai joué 8 QUESTIONS POUR MIEUX CONNAITRE BENKIKI : avec Un As dans le cadre d´une soirée Fifty-Fifty où chacun rode ses vannes en Une qualité ? Je suis célibataire. jouant 30minutes. J´espère que j´arriverais à faire pire que les sitcoms ramadanésque, c´est un bon challenge à moi ! Bon je me tais, je ne veux pas me faire griller. Passons.
Et qu´en pensestu des échos du public ? La sonorisation était tellement bonne que je n´ai pas pu
Un défaut ? Tellement drôle que les gens n´arrivent pas à me comprendre… Ton repas préféré ? Omelettes aux bananes ou couscous aux fraises. J´adore l´exotique. Qu´est ce que tu n´aimes pas faire et pourquoi ? Dormir. Parce que je dois me réveiller après… Qu´est ce que tu aimes faire et pourquoi ? Faire rire les gens. Parce que ça me manque de voir des gens heureux. Ton endroit d´inspiration ? Aux toilettes, c´est pour ça que j´ai des idées de merde ? Humoriste ou politicien ? C´est pareil, non ? Blonde ou brune ? Première venue, première servie. 12.12.2016 culturetoute.com 43
REPORTAGE avec AGBackpackers - Moroccan Travellers
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Meknès, coup de foudre à l’Oriental MIS EN AVANT Très peu connue par les voyageurs, Meknès cache bien son jeu. Sous ses airs de ville « ringarde », elle offre à ses visiteurs de la grandeur et des airs de royauté grâce à ses édifices raffinés dignes du Roi Soleil. Ce n’est pas n’importe quelle ville, Meknès est l’une des 4 villes impériales du Royaume avec Marrakech, Fès et Rabat. Construite au pied du Moyen Atlas et traversée par Oued Bou Fekrane, Moulay Ismail, le
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plus grand des rois marocains décide d’en faire le « Versailles» de l’Orient… Il entreprend des chantiers faramineux qui dureront 50 ans, avec un seul objectif, rivaliser avec Louis XIV. Malgré les années, Meknès a su sauvegarder son héritage. Aujourd’hui Meknès est classée au patrimoine mondial de l’UNESCO… Anectode: Moulay Ismail avait 500 femmes et 700 enfants. Se rappelait-il de tous leurs prénoms?
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