Numéro 227
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Maitre GIMS
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EXPOSITION,Harmonie avec Fatna chanane
F
idèle à ses traditions culturelles et artistiques, le Carré Français de Casablanca n’a cessé d’activer sa participation à des événements artistiques et à des projets d’innovation, en alimentant et articulant la réflexion sur l’art à la lumière de son contexte actuel. A ce titre, cet espace pilote au Maroc présente du 4 au 12 février 2017 les œuvres les plus représentatives de l’artiste peintre talentueuse Fatna Chanane (vit et travaille à Casablanca) pour faire connaitre davantage la qualité de sa recherche plastique en bonne et due forme. Cette artiste hypersensible a fait de son langage créatif un laboratoire artistique dont les tableaux exposés témoignent d’un grand degré de doigté et de créativité. Une occasion idoine pour apprécier un panorama iconographique impressionnant qui revisite notre beauté environnante, et qui nous donne la possibilité de contempler les repères authentiques de notre mémoire collective. Ainsi, Fatna Chanane a mené à bien une approche stylistique personnalisée qui valorise le potentiel artisanal à travers un rapport transversal et interactif
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avec le patrimoine culturel qui fait en sorte que les récepteurs avisés s’approprient la richesse immatérielle, et participent activement à la conservation de ses atouts , tout en assurant une concertation efficace sur le devenir et la mise à niveau de leurs espaces vécus et habités : un voyage émouvant voire intriguant dans l’univers des arts traditionnels avec leurs dimensions civilisationelles et patrimoniales. Vu la dynamique de développement artistique amorcée par les grands chantiers structurants au Maroc, Fatna Chanane est animée par la volonté arrêtée d’améliorer les qualités intrinsèques sa peinture pittoresque et le désir de mettre en toile une harmonie esthétique révélatrice à plusieurs titres. Dans ce contexte, nous tenons à remercier vivement le Carré Français de Casablanca d’avoir initié cette exposition artistique marquée par quelques facettes saillantes des œuvres le plus abouties de cette artiste singulière. C’est grâce à l’approche participative de toute l’équipe de cette galerie que cette belle initiative a vu le jour, et ce dans un
esprit d’ouverture, de retrouvailles et d’échanges. Fatna Chanane est convaincue que cette exposition individuelle va lui permettre de concevoir une nouvelle manière d’approcher l’acte pictural, en côtoyant et en concertant les acteurs et les spécialistes en la matière. Il est à souligner que cette exposition se veut un prolongement qualitatif par rapport au parcours novateur de notre chère artiste dans le cadre de ses recherches approfondies suite à une synergie entre sa créativité personnelle et notre patrimoine collectif. Cette nouvelle exposition est amplement un tournant pour Fatna
Chanane pour faire valoir son talent d’artiste et sa sensibilités créative. Elle se présente également comme un carrefour ouvert où toutes ses démarches picturales se rencontrent et se confrontent dans un seul dessein : promouvoir la création de demain en la rendant accessible à tous. Un référentiel à capitaliser sur ses révélations et ses illuminations pour répondre à l’horizon d’attente contemporain des passionnés d’art et anticiper sur celui d’avenir. Salima Al Ansary Commissaire de l’exposition ©culturetoute.com 27.01.2017 culturetoute.com 3
en images par Ahmad BOUZOUBAA
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Numéro 227 du 7 février 2017 directeur publication Ahmad Bouzoubaa contact@culturetoute.com
actu 10 Art, Kulte Gallery: lieu incontournable de l’art contemporain au Maroc 10 Edition, Ouvrage: Le Maghreb, des origines à nos jours : Vision 2050
en une 14 PHOTO, « 3Acha al Malik », écrit Maitre Gims sur Facebook !
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SOMMAIRE
#culturetoute
magazine 08 Culture, “MON AMérique à moi” une chronique de Mourad HAMAYET 12 Evenement, La cinémathèque de Tanger célèbre son 10e anniversaire 02 Art, EXPOSITION,Harmonie avec Fatna chanane
02 18
16 Evenement, La troupe indienne Dhwani de Kathak enchante le public casablancais 18 Art, Entretien avec Pascual Jordan, commissaire de l’exposition collective L’Art en Temps de Crise 03 Paysagisme, L’approche paysagère pour une sylviculture urbaine 7.02.2017 culturetoute.com 7
par Mourad HAMAYET
“… C’est mon Amérique à moi, Même qu’elle est trop bien pour moi …’’ chantait Jacques Brel en 1961, dans Madeleine…
Et la guerre passa. Mon Amérique à moi mis à la disposition de l’Europe fortement éprouvée, un programme d’aide au développement comme Notre Amérique à nous, les gars des le monde n’en avait encore années 60, c’est celle qui nous avait jamais connu. Ce programme de donné à voir, une décennie plus tôt, reconstruction européenne, ce plan, de minuscules objets brillants strier gardera dans l’Histoire le nom de le ciel de leurs traines blanches : son auteur : le Plan Marshall. 17 les premiers avions à réaction… Nos pays acceptèrent l’aide américaine aînés avaient reçu, eux, quelques pour la répartition de laquelle, les années auparavant, de pleines Européens mirent en place en 1948 poignées de chewing-gum Clarks une organisation supranationale : Tindermint et de bonbons Life Savers l’OECE - Organisation européenne en forme de rondelles de toutes les de coopération économique. Et la saveurs et de toutes les couleurs, guerre passa et l’Europe redémarra. de la part de GI’s souriant, prenant position un peu partout en Afrique du L’Amérique a connu 13 présidents Nord, pour marquer leur éclatante depuis la fin de Seconde Guerre victoire sur le monstre nazi … Mondiale. S’ils sont 5 à avoir pris en compte les problèmes de l’humanité Leur épopée provoqua un déferlement et pas uniquement ceux du Peuple romanesque et cinématographique Américain, il y en a tout de même 8 sans précédent qui culmina pour moi qui se sont complu à pincer plus ou avec l’inoubliable Bal des Maudits moins discrètement la corde d’un et sa scène finale où l’on voyait dans nationalisme étroit. Ces derniers une ville allemande réduite à un tas connurent, heureusement, des de gravats, un jeune garçon amputé succès aussi légers que brefs et d’une jambe … incapable de franchir toujours l’Amérique s’est ressaisie un petit obstacle, tomber et se relever et les a remisés dans de poussiéreux en silence pour repartir en béquillant, placards. vers … l’avenir… L’Amérique vient d’élire son treizième A chaque sortie de film, nous président de l’après-Seconde Guerre nous identifiions à ses héros, Mondiale… dont la personnalité et que ce fut dans les airs, dans les les outrances soulèvent une vague marécages asiatiques, sur les incommensurable d’inquiétude, plages européennes, sur les mers d’indignation, de mépris et de peur … transformées en gigantesques nuages par la poudre à canon ou Je crois que nul ne peut nier que ailleurs, avec une abnégation et une nous avons tous intégré que le sort humanité peut-être jamais égalée de l’Amérique ne pouvait nous être dans l’histoire de l’humanité ! indifférent, puisque le nôtre y est lié. 8 culturetoute.com 7.02.2017
Malgré cela, nous, savamment manipulés par nos autres sponsors, nous avons de tout temps moqué le système éducatif américain, nous avons réduit à peu de choses la culture américaine, nous avons réduit ses héros à des personnages de comics, et en fin de compte, nous avons réduit l’Amérique toute entière à une usine de fabrication de gadgets inégalement utiles. Le ‘’frigidaire’’, oui, la télévision, bien sûr, les voitures évidemment, le chewinggum, le blue-jean et les chemises à carreaux. Nous avons écouté leur musique et l’avons trouvée primitive ou naïve, au mieux entraînante. Nous avons souvent ri de tout cela à gorge déployée et jamais n’avons douté que cet ensemble de choses ne pouvait être qu’une bien pâle imitation de la vraie culture qui était la nôtre. Et le réveil fut douloureux… La vérité est que l’Amérique était en fait première partout, à tous les plans, au point de ridiculiser toute initiative prise loin d’elle, qu’il s’agît de nouveaux concepts civilisationnels ou du plus modeste tournevis ! Une paire insolite en guise d’exemple : George Gershwin, issu de l’émigration juive-russe, autodidacte, est un compositeur majeur du 20ème siècle dont il a créé l’un des genres musicaux les plus apprécié : un mélange de jazz, de klezmer - musique traditionnelle des Juifs ashkénazes- et d’écriture savante des modèles européens. Duke Ellington, afro-américain, pianiste, compositeur et chef d’orchestre qui a dominé la musique américaine du 20ème siècle, a été désigné par le président des Etats Unis de l’époque, le plus grand musicien américain de tous les temps. Aujourd’hui, comme dit plus haut, il serait bien difficile de trouver un seul domaine dans lequel les Etats Unis d’Amérique, leur pragmatisme et leur génie, ne sont pas les leaders mondiaux. Et voilà qu’après avoir incité, suscité, provoqué et initié la globalisation et la
mondialisation, ce laboratoire du futur qui avait pris l’habitude de faire feu de tout bois pour que le progrès humain jamais ne s’arrêtât, fait un énorme couac par lequel il renie toutes ses valeurs pour, comble de l’absurde, refaire sa grandeur. Peut-il en avoir une sans être une terre d’asile pour tous, capable d’accueillir Steve Jobs, créateur d’Apple, d’origine syrienne, Elias Corey, Nobel de Chimie, d’origine libanaise, Farouk El Baz, d’origine égyptienne, pilier du programme Apollo et mille autres, de tous les pays arabes, spécialistes de toutes les disciplines, de toutes les sciences et de tous les arts ? Il y a une petite semaine, Kawtar Hafidi, une jeune marocaine a pris les commandes d’un laboratoire de physique nucléaire expérimentale dépendant du Département Américain de l’Energie… Mercredi dernier Maryam Mirzakhani, 31 ans, professeur à l’Université de Stanford, s’est vue attribuer la fameuse médaille Fields, équivalent du Prix Nobel pour les mathématiques… Elle est … iranienne !... Allons donc ! La pimpante pin-up au sourire éclatant qu’est ma triomphante Amérique à moi, qui permet tout cela se mettrait-elle à avoir tout à coup des vapeurs de pimbêche acariâtre et antipathique ? Son nouveau nautonier, porté au pouvoir – dans le cadre d’un système électoral pour le moins discutable- par la frange fangeuse de sa population, composée d’opportunistes de haut vol et d’ignares déboussolés, a établi et commencé à réaliser un programme ubuesque de démolition de cette Amériquelà. Mais … such is life … Un être cher est arrivé à Chicago le jourmême de l’investiture du président élu. Je lui avais fait promettre de me tenir informé du traitement qu’il y recevrait. Voici transcription du final de son câble : I asked myself what the hell I was doing there ... and then I met Buddy Guy – bluesman - at his bar ... he had serious answers ! ©culturetoute.com 7.02.2017 culturetoute.com 9
la revue de presse #du mardi 7 février 2017 Kulte Gallery: lieu incontournable de l’art contemporain au Maroc Depuis sa création en 2013, Kulte s’est imposé comme un espace incontournable de l’art contemporain au Maroc. Situé non loin du musée Mohamed VI d’Art Moderne et Contemporain, à quelques pas des espaces d’art L’appartement22 et du Cube Independant Art Space, Kulte Gallery & Editions est, tout à la fois, maison d’éditions, résidence d’artistes, galerie d’art, librairie spécialisée et petit restaurant branché... ©lesiteinfo.com Le 5 février 2017
Ouvrage: Le Maghreb, des origines à nos jours : Vision 2050
La Fondation Attijariwafa bank a organisé, dans son espace d’art Actua à Casablanca, jeudi 2 février 2017, la 26ème édition de son cycle de conférences « Échanger pour mieux comprendre »... ©lesiteinfo.com Le 5 février 2017
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16 000 RECRUTEURS
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La cinémathèque de Tanger célèbre son 10e anniversaire La cinémathèque de Tanger a programmé pour le mois de février une panoplie d’événements culturels à travers la projection d’une série de chefsd’œuvre cinématographiques, dans le cadre de la célébration du 10e anniversaire de sa création. Parmi les films programmés figurent «Moi, Daniel Blake» de Ken Loach (Grande-Bretagne2016), primé de la palme d’or au Festival de Cannes en 2016, «La La Land» de Damien Chazelle, qui revient en musique en livrant aux spectateurs un hommage aux comédies musicales hollywodiennes et «Les nouveaux héros» de Don Hall et Chris Williams (Etats-Unis-2014) avec Scott Adsit et Ryan Potter. © lematin.com
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Maitre GIMS
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e célèbre chanteur a posté une belle photo ce mardi sur sa page Facebook. Il a écrit: « 3acha al Malik », (Vive le Roi). Les fans de Maitre Gims et les Marocains ont apprécié: « Vive notre roi. Très longue vie au roi », « Le meilleur des rois du monde, toujours aussi sympa », « Magnifique photo! »… Plus de 12.000 likes en 3 heures sur la page Facebook
de Maitre Gims. Le rappeur est un grand amoureux du Maroc. L’année dernière, lors du festival Mawazine, il avait remercié le roi Mohammed VI « qui fait beaucoup pour l’Afrique », invitant le public à chanter à l’unisson l’hymne national marocain. ©lesiteinfo.com
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La troupe indienne Dhwani de Kathak enchante le public casablancais La danseuse indienne, Vaswati Misra, et la troupe Dhwani de Kathak de danse classique ont séduit, dimanche, le public de Casablanca avec un spectacle de danse dans le cadre d’une tournée au Maroc. Ce spectacle s’inscrivant dans le cadre du renforcement des relations diplomatiques et culturelles entre le Royaume du Maroc et la République de l’Inde a emporté le public venu nombreux au Centre culturel de Sidi Belyout. Puisant dans le patrimoine ancestral indien, ce concert qui s’est déroulé en présence notamment de l’ambassadeur de l’Inde au Maroc a été ponctué d’un atelier de chorégraphie animé par la danseuse Vaswati Misra et la troupe
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l’accompagnant au profit des élèves des Conservatoires de musique et de danse de Rabat et Salé. Initiée par le ministère de la Culture en partenariat avec l’ambassade de l’Inde à Rabat, cette tournée de la troupe Dhwani de Kathak et la danseuse indienne ont présenté successivement des spectacles les 26, 27 et 28 janvier au Théâtre national Mohammed V de Rabat, au Théâtre Afifi d’El Jadida et au Centre culturel de Settat. L’artiste Vaswati Misra qui a entamé sa carrière à l’âge de sept ans a été initiée par les célèbres figures de la danse indienne avant de constituer en 1984 la troupe Dhwani de Kathak.
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Propos recueillis par Mohamed Thara, plasticien et enseignant chercheur en Arts, à l’Université Michel de Montaigne, Bordeaux 3 et Olivier Rachet. ©lesiteinfo.com
Rencontre internationale des artistes de Fès: l’Allemagne à l’honneur Entretien avec
l a u c s a P
, n a d r Jo
directeur artistique de la galerie Werkstatt à Berlin et commissaire de l’exposition collective L’Art en Temps de Crise, qui s’est tenue au Palais Dar Bacha Tazi à Fès, du 12 au 24 janvier. Placé sous la direction du photographe marocain Omar Chennafi, l’évènement a rassemblé des artistes venus de tous horizons. 18 culturetoute.com 7.02.2017
Le Site info: La 2ème édition de la rencontre internationale des artistes de Fès “Fez Gathering” accueille l’Allemagne comme invitée d’honneur. Que représente pour vous cette participation ? PJ : Tout d’abord, c’est un honneur pour nous de participer à la 2ème édition de la rencontre internationale des artistes de Fès. A l’heure actuelle, l’Allemagne et le Maroc sont des partenaires concernant la question de l’asile et des droits internationaux des réfugiés, un partenariat qui a commencé en 2015. Nous pensons que l’art est capable de nous aider à faire face à ces problèmes qui découlent de ces différentes crises politiques, religieuses et économiques, en rassemblant un groupe international d’artistes ici à Fès. Nous participons à cet évènement pour partager l’art, encourager les collaborations au-delà des frontières géographiques, et réfléchir sur le rôle de l’art en temps de crise. La collaboration entre nos deux pays est primordiale, mais elle doit être suivie par l’action. Le Site info: « L’Art en Temps de Crise » est la thématique retenue pour cette édition, pourquoi ce choix ? Et comment l’art doit-il répondre aux crises? PJ : L’art est un pont qui relie différentes perspectives pour créer une société diversifiée. En outre, l’art lui-même est un processus façonné par des problèmes tels que la mondialisation, la politique, la culture, la religion et l’extrémisme, ainsi que les perspectives individuelles et les points de vue des artistes eux-mêmes. Nous pensons que
l’art est à la fois un pont pour transporter les gens d’un espace à un autre, et un chemin qui traverse l’espace entre ses extrémités. C’est à travers l’art que les sociétés intègrent leurs nombreuses cultures, et c’est à travers l’art que les sociétés, dans un temps de crise, se stabilisent finalement. Pour ne citer qu’un exemple, pensons au tableau Guernica de Picasso qui dénonce le bombardement de la ville de Guernica, ordonné par les nationalistes espagnols et exécuté par des troupes allemandes nazies et fascistes italiennes. Pour la deuxième question, je pense qu’on répond aux crises par l’humanisme et l’art permet à l’homme de conquérir son humanité, symbole de sa différence par rapport aux autres espèces. Le Site info: L’exposition collective au Palais Dar Bacha Tazi « L’Art en Temps de Crise » a réuni une dizaine d’artistes internationaux, allemands et marocains. Selon vous, quels sont les points communs entre ces artistes retenus pour cette exposition? PJ : L’exposition réunit une dizaine d’artistes de différents pays qui ont des motivations et des approches différentes pour interroger la question très difficile de la crise. Nous sommes tous d’accord que l’art est susceptible de provoquer notre appétit intellectuel, mais ne peut pas suffire à notre faim. Il y a une responsabilité sociale à réaliser à travers l’art. L’exposition ouvre un espace de dialogue pour les artistes qui s’engagent dans la poursuite de ses thèmes, avec des œuvres qui touchent à la narration, à l’art conceptuel, à la vidéo ou à l’abstraction, mais toujours à la poursuite de questions peu confortables. Les points communs entre ces artistes, c’est qu’ils essayent de contribuer à la réflexion autour de la crise et des problèmes contemporains, faisant appel à un autre niveau de l’action pratique.
française des étrangers. Parmi la sélection, il y a l’œuvre de Rudolf zur Lippe, philosophe et peintre allemand, professeur de philosophie à l’Université de Francfort, il a préparé sa Thèse d’état en philosophie sociale et esthétique, avec Theodor W. Adorno. Sa peinture gestuelle est un témoignage sensuel qui se fie aux énergies universelles. Il y a l’œuvre de l’américain Timothy Hennessy, un artiste peintre majeur de la scène de New York des années 70. Il y a l’œuvre de Evi Blink qui photographie les réfugiés en Allemagne en attente de savoir s’ils obtiendront l’asile. Il y a Luca Carboni directeur de la compagnie de théâtre Gli Incauti basée à Bologne en Italie, qui travaille en collaboration avec le comédien Gabriel Da Costa. Les deux présentent le projet The Blink Experiment, une installation vidéo qui explore le monde de l’image et de la crise d’identité dans nos sociétés contemporaines. Il y a la sculpture/ installation flottante en tourbe de coco de la française Caroline le Méhauté articulée autour de l’opposition entre le terrestre et l’aérien. Dans un deuxième temps, dans la continuité de notre réflexion, nous avons invité des artistes marocains qui interrogent la question de la crise dans leur œuvre, comme Mohamed Thara qui propose l’installation vidéo Aussi longtemps que je peux retenir mon souffle qui traite de la crise des réfugiés et retrace le naufrage en Méditerranée du bateau de migrants de Lampedusa en montrant en parallèle la migration des hirondelles vers l’Afrique. Il y a aussi d’autres artistes marocains comme Madiha Sebbani et Soukaina Joual qui font de la performance dans l’espace public un outil de contestation politique et sociale. Enfin, il y a les artistes du collectif Think Tanger, comme Hicham Gardaf et Ouhaddou Sara qui appréhendent avec City Manifesto les mutations de la ville de Tanger. Tous ces artistes s’unissent pour vous présenter près d’une vingtaine d’œuvres à l’occasion de cette exposition collective.
Le Site info: Comment s’est fait le choix de ces artistes sélectionnés pour Le Site info: Parlez-nous du parcours cette exposition ? de cette exposition. PJ : Comme commissaire d’exposition, dans PJ : Les œuvres de cette exposition sont un premier temps, j’ai essayé avec Evi Blink appréhendées de manière à engager avec les de réunir des artistes qui ont déjà exposé artistes et le public une réflexion sensible sur à Werkstattgalerie, la galerie que je dirige les enjeux artistiques majeurs de la création à Berlin, comme l’écrivain et photographe contemporaine. Nous ouvrons avec cette français Pierre Jouve qui présente sa série manifestation un véritable dialogue et nous Marianne Brisée. Il a suivi pendant un an une proposons un nouveau regard sur la question unité de police parisienne pour réaliser des de la crise. ©lesiteinfo.com photographies sur la politique d’intégration
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Propos recueillis par Nezha Kandoussi
Interview Exclusive Avec Mahdi Naïm, architecte, ingénieur et designer marocain
Mahdi Naïm est un architecte, ingénieur et designer marocain, né à Essaouira,il y a 39 ans et installé en France depuis 15 ans. C’est un « polyglotte de la forme », comme il se définit lui-même. Pour lui, le designer a un rapport au monde, qu’il aide à construire, et quand l’artiste a un rapport à la vie, qu’il contemple. Entretien de haute volée sur les idées et les techniques. Attention, décollage ! 20 culturetoute.com 7.02.2017
Bonjour Mahdi, merci d’avoir accepté de répondre à mes questions pour culturetoute.com Tout d’abord, tu connais le magazine culturetoute.com, qu’en penses-tu ? Je trouve que c’est un magazine de très bonne qualité, utile et agréable à lire. Peux-tu me parler de ton parcours académique ? J’ai fait des études d’architecture à Rabat. Après avoir travaillé pour des bureaux d’études sur de nombreux projets d’ouvrage d’art, j’ai voulu compléter ma formation pour parer à des lacunes en résistance de matériaux. J’ai donc entrepris une formation au CNAM entre 2002 et 2005. Je voulais acquérir le pragmatisme de l’ingénieur en plus de l’approche de l’architecte. Et pour finir, j’ai suivi la formation Challenge Plus HEC avec un accent sur l’entreprenariat. Et ton parcours professionnel ? Même si j’ai une formation d’architecte au départ, je me suis tourné vers les bureaux d’études de conception en génie civil à Paris. J’ai travaillé dans les cabinets INGERIOP, SYSTRA, EGIS-IOSIS et SNC Lavalin. Ce sont les bureaux qui traitent de projets d’envergure comme des centrales nucléaires, des lignes à grande vitesse, aéroports, métros, les ouvrages d’art somme toute. Ce sont des expériences qui m’ont marqué, car pluridisciplinaires avec donc cette exigence de travail d’équipe. J’ai travaillé sur des projets comme les charpentes métalliques des usines Renault: Très formateur.
Ensuite, j’ai fait de l’édition de meubles et j’ai fondé « The Close Galerie » à Paris en 2007. En 2009 je suis allé ouvrir un studio d’architecture à Casablanca, le studio IDA. De retour en France en 2011: à Lyon, j’ai monté une société en « design & sourcing industriel » . Nous accompagnons les PMEPMI, startuppers et porteurs de projets à packager leurs idées pour qu’elles soient attrayantes et donc plus vendables. Je suis associé avec un ingénieur mécanique qui s’occupe des études techniques et de faisabilité. Mon rôle consiste à travailler la partie « attractivité ». Et comment es-tu venu au design ? Dans mon métier d’architecte, je travaillais sur des grands projets passionnants, mais qui pouvaient durer très longtemps. A tel point que cela en devenait frustrant d’attendre avant de voir le résultat de son travail. Et moi ce qui m’intéressait, c’était d’agir sur la conception, de participer à révolutionner l’architecture. C’est comme cela que j’en suis venu la conception-produit. Au design à proprement parler. La réalité, c’est que le travail sur le produit, c’est de l’architecture à moindre échelle. Ce sont les mêmes outils, les mêmes questions – on y traite de la même question de l’usage par exemple - mais l’échelle fait que le résultat arrive plus rapidement et donc : soit on est satisfait, soit on modifie et on en profite pour aborder de nouvelles thématiques et problématiques. Hormis cet aspect, le design et l’architecture ont la même logique. Est-ce-que tu peux nous parler de 7.02.2017 culturetoute.com 21
ton approche au design? J’ai exercé plusieurs métiers dans le design et chaque approche est différente. C’est justement ce qui me m’intéresse. En 2007, j’ai fondé « The Close Galerie » à Paris. Notre activité était d’éditer et promouvoir du mobilier. C’était une approche globale de l’usage du meuble, de la conception à la commercialisation en passant par les études de faisabilité, du prototype. L’esthétique, le style, bien qu’importants, ne sont pas des éléments essentiels pour moi. L’harmonie oui, mais l’aspect pur n’est pas ma priorité. Ce qui m’intéresse, c’est le processus intellectuel, l’usage d’algorithmes, le sens philosophique, l’apport des nouvelles technologies, de matériaux innovants. Combiner art, ingénierie, industrie. Et pour moi, le but ultime du design est d’être diffusé à grande échelle. Pour parler design, c’est une condition sine qua non. Notre approche au sein de Mahdi Design Lab, aujourd’hui, est de trouver des solutions pour répondre à la réalité et aux contraintes des porteurs de projet, et en tenant compte de la demande économique. C’est très stimulant ! On plonge dans des thématiques qui dépassent l’idée que l’on se fait du design. Il faut non seulement traduire
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l’intention de l’entrepreneur, mais aussi – comme dans le cas des projets connectés - sortir du carré. Il faut introduire de la sensualité, de l’organique, de l’émotion pour s’éloigner de l’aspect industriel et créer une identité et de l’attractivité pour le client. Le client étant d’une part notre client et l’utilisateur final, qui utilisera le produit. Tu as fait tes études au Maroc et tu y es retourné pendant 2 ans. Pourquoi estu rentré ? Je suis effectivement rentré au Maroc, où je me suis installé pendant 2 ans, à mon compte, parce que j’avais un projet, celui de rendre le design accessible aux Marocains. Sur place, j’ai été contraint de faire marche arrière pour différentes raisons. D’abord, le design au Maroc est encore jeune. Ensuite, comme je te le disais, pour moi, le design est une démarche et une recherche intellectuelles appliquées à la vie de tous les jours. Au Maroc, le design reste encore une question de tendance. On manque d’exigences à l’égard du design. Et puis, il y a l’aspect : propriété intellectuelle. Nous héritons d’une longue tradition d’artisanat qui raisonne par transmission du savoir-faire. Le designer, lui, se distingue par la signature, ce
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qui lui confère, par la même occasion, une responsabilité face à l’utilisateur. En France, le design est une question d’époque. On aborde le design dans le cadre de questions d’usage, d’écologie, d’économie etc. Ce que j’appelle les questions d’époque et c’est ce qui m’intéresse. La comparaison Maroc-France n’est pas heureuse, le Maroc serait plus comparable à des pays comme l’Inde ou le Brésil, de par la richesse de son patrimoine et de ses traditions. Est-ce-que tu envisages d’y retourner ? Oui, bien-sûr, c’est en projet. Le Maroc est une porte qui s’ouvre sur l’Afrique, plein de ressources, avec un climat économique très favorable. Et à propos du Maroc, est-ce une source d’inspiration ? Pour moi, le Maroc est une fenêtre sur le monde. Il est Occident et Orient. C’est un pays qui prépare à tout sauf à la schizophrénie et encore moins à l’enfermement dans tel ou tel style ou aspect. C’est un carrefour culturel avec une grande diversité décomplexée. Si on prend les moucharabiehs, par exemple, ce qu’il faut retenir, ce n’est pas l’aspect qui deviendrait une source d’inspiration. Les moucharabiehs sont un formidable témoignage de l’ensemble des connaissances de leur époque, qu’elles soient mathématiques, philosophiques, artistiques… Un aspect de l’identité du Maroc que je trouve intéressant à exploiter, parce qu’il permet de sortir de ce qui est perçu comme
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marocain, c’est la berbérité. Nommer une chaise d’inspiration scandinave Arouit (papillon), par exemple, est un vrai bonheur. A moins d’être un connaisseur, le nom est intraçable du point de vue de l’identité. Parfait ! Quelles sont tes inspirations alors ? Tout dépend de la problématique. La problématique amène à l’inspiration et l’inspiration nourrit la problématique. Je trouve surtout mes inspirations dans la philosophie, comme chez Hannah Arendt, Nietzsche, Jung, je suis un camusien dans l’esprit. L’absurde, le désenchantement du monde sont des thèmes qui me parlent. J’aime aussi la poésie contemporaine, comme celle de Salah Stétié. La destruction du langage m’inspire beaucoup. Pourrais-tu me parler de projets de design réalisés et de tes projets à venir ? Oui, ils sont de plusieurs natures. Les projets clients sur lesquels j’ai travaillés, je peux nommer les valises cabine pour SO NOMAD (Saint Honoré), une ceinture personnalisable pour LOOP ME. Une de mes réalisations personnelles : un vase organique, qui émerge comme une série de plis complexes, et qui exprime la complexité formelle des systèmes de croissance naturelle. A venir, la préparation d’une exposition d’objets décoratifs….et surtout continuer à rechercher et à créer. L’horizon, c’est l’INFINI. Merci Mahdi ! © culturetotue.com
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Noureddine Sail
le cinéma au cœur des droits du citoyen à l’accès à la culture et à la création
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e cinéma est au cœur des droits de l’Homme, en particulier ceux concernant l’accès du citoyen à la culture et la création, a souligné, vendredi soir à Rabat, Noureddine Sail, président de la Commission du film de Ouarzazate et ex-directeur du Centre cinématographique marocain (CCM). M. Sail qui animait une conférence sous le thème «Comment le cinéma aborde les droits de l’Homme?», a mis en avant les différents aspects des droits de l’Homme dans la création cinématographique, et à leur tête l’impératif de garantir au citoyen le droit de consommation artistique des films et d’accès aux salles de cinéma en tant qu’espace de partage sociétal de la création et de débat autour du produit cinématographique. Lors de cette conférence, organisée par le Club cinématographique des droits de l’Homme, l’ancien directeur du CCM a relevé que le volume de la production cinématographique et le nombre de salles renseignent sur l’étendue de l›espace de liberté dans tout pays dans la mesure où cette industrie est étroitement liée aux marges de liberté ouverte devant la création et l’initiative artistique de manière générale. M. Sail qui perçoit le
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grand écran en tant que moyen de véhiculer les messages de défense des droits de l’Homme et de liberté, a relevé l’engouement du public pour ce genre cinématographique car tenant compte de la réalité, des besoins et des attentes de la population. Mais une question reste, dit-il, en suspens à ce niveau, celle concernant la manière et la qualité du traitement artistique pour éviter que la question des droits de l’Homme ne soit qu’un slogan creux. Il a cité plusieurs exemples d’œuvres marocaines ayant réussi à faire passer le message des droits de l’homme, aussi bien auprès du public marocain qu’étranger, outre les grandes épopées du cinéma qui ont marqué l’histoire du 7-ème art et mobilisé le public autour de questions importantes, avec intelligence et une vision artistique de haute facture. Et de conclure qu’il faut respecter la qualité artistique et l’intelligence du public dans tout traitement cinématographique des droits de l’Homme, partant de la conviction que l’enjeu du cinéma aujourd’hui n’est pas d’informer ou de décrire mais comment construire une histoire selon des critères artistiques de haut niveau.
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