Numéro 254 www.culturetoute.com France • Liban • Maroc
chronique de
Mourad HAMAYET
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Numéro 254 du 17 mars 2017 directeur publication Ahmad Bouzoubaa contact@culturetoute.com
SOMMAIRE
actu 06 BD, Casawa: une BD inédite pour les Casablancais (photos) 06 Photo, Mustapha Azeroual: « le malentendu est à la source de l’art »
04 #culturetoute
en une 04 Chronique, Ziryab une chronique de Mourad HAMAYET
magazine 08 événement, AFTERWORK live Music, Art Patio en partenariat avec culturetoute.com
10 08
10 Street art, Exclusif, entretien avec le street artiste Amin Brush 12 Cinéma, le cinéma au maroc en chiffres
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par Mourad HAMAYET
A
près un oubli coupable, honteux, voire même criminel, l’Afrique et les Africains sont revenus à la mode lorsqu’au début du siècle dernier, lorsque les surréalistes européens en redécouvrirent l’art et s’en inspirèrent à outrance. De l’autre côté de l’Atlantique, ce sont les sons et les rythmes africains qui refondèrent la musique occidentale. Mais son importance primordiale rappelle que ce continent est en fait la matrice du développement humain, qu’outre le fait que c’est là que l’homme a rampé hors de l’eau pour la première fois, c’est également là que d’innombrables progrès sont apparus. Le Magnifique Cheikh Anta Diop, historien et anthropologue passionnant, a dédié une grande partie de sa vie à faire connaître l’apport de l’Afrique et en particulier de l’Afrique Noire à la culture et à la civilisation mondiale. A ce propos, il a dit : ‘’Le Nègre ignore que ses ancêtres, qui se sont adaptés aux conditions matérielles de la Vallée du Nil, sont les plus anciens guides de l’humanité dans la voie de la civilisation’’. Mille et un sites permettent de réviser les coupables idées préconçues que l’on nous a imposées et qui
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toutes tendent à minimiser ces prodigieux apports. J’aimerais, ici, citer l’exemple le plus flamboyant et le plus drôle, le plus significatif et le plus amusant de cet apport : celui de Ziryab, dont la biographie semble empruntée aux Mille et Une Nuits : N’est-il jusqu’à l’étymologie du nom de ce personnage qui soit d’une extrême complication et celles fournies procèdent bien plus du tripatouillage que de la science sémantique. ‘’Oiseau chanteur’’, dit-on généralement ! Les lexiques sérieux ne permettent pas de l’affirmer, en tout cas. Ce négro-africain auquel on donna ce surnom de Ziryab, se nommait en fait Abu Hassan Ali ben Nafi, né à … Mossoul, village kurde situé en Irak, en l’an 5025 du calendrier africain, qui correspond à l’an 789 du calendrier grégorien. Esclave ? Homme libre ? Qui peut le dire ? En tout cas, il se libéra et une fois adulte, il s’adonna principalement au chant : il inventa le luth à 5 cordes dont il s’accompagnait en pinçant les cordes à l’aide d’un plectre, contrairement à la pratique du pincement avec les doigts… Il eut pour maître le musicien officiel du grand Haroun Er Rachid, un certain Ibrahim Al Mawsili qui finit par le présenter à la cour. La voix exceptionnellement douce et harmonieuse
conquit le Khalife qui jura de punir ceux qui l’avaient empêché de connaître le chanteur plus tôt. Al Mawsili prit peur et menaça carrément Ziryab des pires maux s’il ne quittait immédiatement le pays. Notre ami ne se le fit pas dire deux fois et détala aussitôt pour se réfugier, dans un premier temps à Tunis, à la cour Aghlabide de Kairouan. Il y demeura quelque temps mais eut la bien mauvaise idée de composer un poème bourré de doubles-sens qui eut le malheur de déplaire et de provoquer de nouvelles menaces. Zyriab refit ses malles et fila vers Cordoue, en Espagne, où il fut reçu en grandes pompes par le prince régnant, Abd Er Rahman II qui le pensionna en lui allouant une mensualité de 200 pièces d’or, outre d’abondants dons en nature, des demeures, des jardins et des champs. Il se mit alors au travail et ce travail fut tout simplement prodigieux :
Croyez-vous que ce soit tout ? Que nenni ! Pour dire la vérité, il devint l’arbitre de l’élégance de l’Andalousie fabuleuse ou il révolutionna les modes vestimentaires et même la cosmétique. Il imposa à la Cour l’art raffiné de la cuisine irakienne, celle des Mille et Une Nuits, et un ordre protocolaire strict pour l’ornement de la table et l’ordonnancement des mets. Entre deux, il transmit les recettes secrètes de la magie et de la divination chaldéenne, s’aliénant ainsi toutes les recluses des innombrables harems et de leurs eunuques. La petite histoire lui attribue de nombreuses bonnes fortunes … même s’il s’était marié à une fille de la famille régnante avec laquelle il était très heureux et qui l’aida
Il fit connaître le jeu d’échecs et le polo en Espagne, tous deux venus de Perse. Il créa surtout une école de musique, en fait, le premier conservatoire d’Europe, ouvert à tous et financé par le prince. C’est là que naquit réellement la musique arabo-andalouse, le mouachah, poème à structure nouvelle, et autres techniques qui donnèrent naissance au genre ‘’Flamenco’’. Il créa l’ordonnancement dit ‘’Nouba’’ qui signifie ‘’attendre son tour’’ pour chanter en solo… et y créa des sous-ensembles de voix n’ayant pas encore mué, ce qui fut copié jusqu’à Rome par la cour pontificale, avec les fameux castrats. Enfin, il codifia la pratique des vocalises. La musique ne fut pas son seul don et c’est lui qui transmit à l’Europe des milliers de chansons orientales de lointaine origine gréco-persane par l’Andalousie. Il fut également poète et conteur de génie.
grandement dans le domaine de l’art andalou. En ce qu’il est le codificateur de l’hygiène personnelle dans une Europe médiévale à la saleté légendaire et repoussante, en ce qu’il a été à l’origine de la notion des 4 saisons dans la mode vestimentaire en Europe, en ce qu’il est à la base des arts de la table avec la division ‘’Entrée’’, ‘’Plat de Résistance’’ et ‘’Dessert’’, en ce qu’il inventa mille et une choses qui embellissent et facilitent la vie, en ce qu’il est l’un des piliers de la musique arabe et andalouse, Ziryab, cet Africain Noir né et élevé en Irak est l’un de ces rares hommes auquel, tout être humain né après lui, doit quelque chose.
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la revue de presse #du vendredi 17 mars 2017 Casawa: une BD inédite pour les Casablancais (photos)
Accessible en darija et en français, Casawa s’impose comme un support de création original destiné à rendre hommage aux Casablancais, ainsi qu’aux rues, places, parcs et monuments de Casablanca. ... lesiteinfo.com Le 15 mars 2017
Mustapha Azeroual: « le malentendu est à la source de l’art »
Il faut imaginer Mustapha Azeroual parcourant les paysages du Haut-Atlas, à dos de mulet afin de capter, avec son appareil de prise de vues, les différentes faces d’une montagne... lesiteinfo.com Le 14 mars 2017
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En partenariat avec Liv’in Rabat ! Détails Hola a todos, On se retrouve tous à l’Art Patio jeudi prochain pour un petit voyage, le temps d’une soirée, avec: Tapas, Danseuse et Live band dans une ambiance 100% Espagnole. Venez avec vos amis, préparez-vous à en rencontrer plein d’autres mais surtout: RESTEZ COMME VOUS ETES ;)
> AU PROGRAMME : - 18H30 - 21H00 // Apero, tapas, shooting Photo & Sound Design // - 21H00 - 00H00 // Live Band: Latino
Espagnol // - 00H00 - 02H00 // Live DJ // > INFORMATIONS : - Contribution: 50 Dhs (Participation aux frais) - Cet événement est NON FUMEURS (un fumoir sera biensur disponible ) - Pas de reservation possible, premier arrivé premier servi !! - En participant à nos événements vous acceptez d’apparaître sur nos supports média !
en images l’édition précédente
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f i s u l Excentretien e t s i t r a eet r t s e l c ave h s u r B Amin i découvert j’a tiste qui “ uninaarit devant
dess u stylo. Cet moi a e de talent artisttait bien ma é mère.
”
© Photos Chadi Ilias
#culturetoute : Qui est Amin Brush ? de son vrai nom ? ses études ? Je suis de Casablanca, précisément : Ain chok. Mon vrai nom est bien Amine Hajila, né en 1980. J’ai poursuivi des études en design bâtiment et infographie. Je suis aussi autodidacte en aerographe, le spray et le tattoo. 10 culturetoute.com 17.03.2017
#culturetoute : Un artiste en particulier qui t’a donné envie de te mettre au street art ? J’ai aimé l’art depuis l’âge de 7 ans. J’avais un amour spontané pour l’art, puis j’ai découvert un artiste qui dessinait devant moi au stylo. Cet artiste de talent était bien ma mère.
Elle dessinait des portraits. Et c’est de cela que je me suis inspiré. Et au début, j’ai commencé à faire des copies de personnages et aujourd’hui vous voyez bien où j’en suis. #culturetoute : «Sbagha Bagha», issu du festival L’Boulevard est ta première participation à un festival de cette ampleur. Ton impression… tes propositions ? Non. Ce n’est pas le premier festival auquel j’ai participé. En effet, j’ai participé à la première édition L’Boulevard en 2004, 2005, 2006 et puis plein d’autres événements, tels «les abattoirs de hay mohammadi».
festival vous a donné carte blanche pour dessiner ce que vous voulez ? Oui voilà, ça été un collectif. On choisit le thème et après chacun fait selon son inspiration. Il faut cependant rester sur le même thème et c’est ainsi qu’on respecte le collectif. #culturetoute : le titre de la thématique ? On a joué sur le patrimoine maroc. Personnellement, j’ai travaillé en tant qu’artiste marocain avec une touche de la culture graffiti Hip Hop. #culturetoute : Que penses-tu de culturetoute.com: le premier quotidien culturel francophone au Maroc? Un vrai pas vers le développement culturel et artistique du Maroc.
#culturetoute : oui mais le
©culturetoute.com
© Photos Chadi Ilias
#culturetoute : Les graffiti étaient-ils libres ou bien sont-ils nés d’après une thématique donnée ? Non, c’est à la base de photographies réelles et puis juste après, je rajoute ma touche artistique.
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cinéma chiffres le au maroc en
+24 700
longs métrages millions de au MAROC dirhams de CA La tradition veut qu’à l’issue du Festival National du Film, le directeur du CCM présente et commente le bilan de l’année écoulée. Le chiffre d’affaires déclaré du secteur cinématographique et de la production audiovisuelle avoisine 700 millions de Dirhams. Les films produits sans le concours du Fonds d’Aide ainsi que les festivals non subventionnés ne sont pas pris en compte. Il serait alors juste d’estimer la «valeur» du secteur autour du milliard de Dirhams. Nous sommes donc bien dans une activité culturelle qui a un caractère économique certain, créatrice d’emplois et qui contribue également à l’image du Maroc à l’international. Le film marocain est présenté dans 94 festivals et manifestations cinématographiques dans 45 pays. Ces participations sont un sujet de satisfaction comme l’est, d’ailleurs, le nombre de productions étrangères 12 culturetoute.com 17.03.2017
tournées au Maroc. A l’initiative du CCM, la loi de finances 2016 a prévu un soutien aux productions étrangères d’œuvres audiovisuelles et du cinéma. Les textes d’application de cette mesure attendent le prochain gouvernement, ce qui devrait augmenter sensiblement le nombre de productions étrangères que nous accueillons. En 2016, d’autres initiatives du CCM et avec le concours de ses partenaires ont vu le jour ou ont été reconduites: • La résidence d’écriture d’Ifrane grâce au concours de la Fondation du Festival International du Film de Marrakech; • Les ateliers «Produire» avec le concours de l’ISMAC; • La couverture médicale des cinéastes et des techniciens du Film auprès de la Mutuelle Nationale des Artistes. En 2016, la fréquentation en salles a baissé de 17%: si en 2015 4 films
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280
millions de dirhams investis par les productions étrangères en 2016
écrans supplémentaires au public de la ville du détroit (deux marocains et deux américains) ont attiré plus de 50 000 spectateurs, cette année seul «Dallas» de Mohamed Ali Mejboud a dépassé ce seuil et même largement (+ de 111 000 spectateurs). Il n’y a donc pas eu en 2016 suffisamment de «blockbusters» pour attirer le public dans les salles. Le peu de salles restantes en activité contribue aussi à la baisse de la fréquentation alors même que, (faut-il le rappeler?) l’Etat continue de soutenir financièrement la création et la rénovation des salles de cinéma. A contrario, le nombre de visas culturels
délivrés a augmenté de 49%: la «consommation» cinématographique serait-elle en train de muter du cinéma commercial vers celui des festivals? Saluons l’ouverture en 2016 du Mégarama de Tanger qui offre 8 écrans supplémentaires au public de la ville du détroit et qui enrichit le parc national qui en a bien besoin ... ©édito de Salim Fassi Fihri du BILAN CINEMATOGRAPHIQUE 2016
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