Culturetoute274

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No. 274 du 03 mail 2017

France • Liban • Maroc

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Photo © geogfroy gileau

#Culturetoute

MODE

Ghislane SAFSAF “ Le mannequinat au Maroc évolue ... ” avec Salima Al Ansary entretien exclusif



Numéro 274 du 03 mai 2017 directeur publication Ahmad Bouzoubaa contact@culturetoute.com

SOMMAIRE

actu 08 Art, S.M le Roi Mohammed VI acquiert 18 tableaux de l’artiste cubain Michel Mirabal 08 Edition, Le livre marocain mieux diffusé à l’international 09 Cinéma, un événement important pour célébrer l’Afrique à Tanger 09 Evenement, Moussem de Tan Tan : La République du Sénégal invitée d’honneur

04 #culturetoute

en une 04 Mode, Ghizlane SAFSAF entretien exclusif

magazine 04 Photo, Younès Miloudi entretien exclusif 08 Chronique, J’aime le Jazz par Moourad HAMAYET

24 22

14 Art, Interview exclusive du Président de la Fondation Nationale des Musées : “le 18 Avril: ouverture de l’exposition Face à Picasso”, 22 Art, Zahra ALGO “Cherchez l’universel à partir du local! ”entretien exclusif,

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entretien exclusif de Ahmad BOUZOUBAA

“ Le mannequinat au Maroc évolue ... ” Lauréate D’UN Master en Marketing de Jean Monnet Saint Etienne, COMMENT avez-vous consacré votre carrière au mannequina ET COMMENT CONCILIEZVOUS UN TRAVAIL à temps plein dans une société PRIVEE ET LE MANNEQUINAT? Je n’étais pas du tout destinée à travailler dans le milieu du mannequinat. Adolescente, je me destinais plutôt à suivre des études de communication. Mais à l’âge de 17 ans, j’ai été repérée par une recruteuse. Puis j’ai travaillé comme model pendant 10 ans au Maroc en parallèle avec mon cursus universitaire. Par la suite une fois mon premier diplôme en poche(bachelor en communication) j’ai essayé de combiner les deux, mon travail à la télé et à la radio et le mannequinat, avant de me consacrer complétement au mannequinat en Asie après avoir signé un contrat avec une 4 culturetoute.com 02.05.2017

Photo © Ferry Zulfrizer

Ghislane SAFSAF

agence internationale à Jakarta pour quelques années et ce, avant de reprendre à nouveau mes études et de préparer mon Master. Il faut dire que depuis l’obtention de mon diplôme, je cherche une nouvelle vocation reste attentive à des offres intéressantes. De plus, allier études et mannequinat m’a appris l’organisation puisque j’ai appris à être plus rigoureuse et à mieux planifier ma vie. Je sais donc jongler entre plusieurs boulots, et cette manière de fonctionner depuis des années m’a permise de remplir mes journées et de rencontrer plus de monde, chose à laquelle je ne m’attendais pas. Je ne sais toujours pas comment j’ai réussi, mais je l’ai fait ! Aujourd’hui, j’ai carrément besoin d’être en effervescence permanente, de voyager... de rencontrer du monde. C’est devenu une « addiction » , mais utile pour mon épanouissement personnel.


Que pensez-vous de la situation du mannequinaT au Maroc ? Le mannequinat au Maroc évolue certes mais lentement. On est encore loin des normes du travail européen. Cela dit, on a de plus en plus de très belles mannequins dignes des podiums internationaux. Le mannequinat a lui

seul malheureusement, ne suffit pas. Il faut pratiquer un autre métier. Contrairement aux autres pays, les séances photos constituent la rentrée d’argent la plus constante, entre 2000 et 2500 dhs, les défilés de mode quant à eux sont rémunérés entre 3000 et 6000 dhs. Le manque d’agences de mannequinat rend la 02.05.2017 culturetoute.com 5


tache plus difficile aux pour trouver des contrats. Au Maroc, on n’a pas encore cette culture.

pied. L’idée est de rester humble quoiqu’il

Vos recommandations à toutes les marocaines qui souhaitent devenir mannequinS au Maroc ? Les recruteurs cherchent spécifiquement des jeunes filles entre 14 et 22 ans qui mesurent plus de 1,72 m. Ensuite, il faut qu’elles soient photogéniques et qu’elles aient une personnalité, un petit quelque chose en plus qui va faire qu’elles vont attirer le regard et franchir les étapes pour aller au plus haut niveau. J’aime rassurer les jeunes filles qui me posent cette question en leur disant que cette aventure est possible. Il faut cependant veiller au grain les premières années. Les premiers jobs peuvent monter rapidement à la tête et le mannequinat peut faire perdre

existe énormément dans ce monde-là.

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arrive et de compter sur le soutien de ses proches en cas de déception, car il en

Que pensez-vous de culturetoute. com ? Le magazine se veut accessible à tous sans transiger sur sa qualité. C’est un oeil avisé de spécialistes qui savent écrire pour tous, préférant le partage des passions à la culturelle. Il réveille nos talents d’observation et nous donne à penser à travers ses rubriques. Merci culturetoute.

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la revue de presse #du Mercredi 3 MAI 2017 S.M le Roi Mohammed VI acquiert 18 tableaux de l’artiste cubain Michel Mirabal S.M le Roi Mohammed VI a récemment acquis, lors de sa visite privée à Cuba, 18 tableaux de l’artiste cubain Michel Mirabal. Selon les propos de l’artiste lui-même, rapportés par le journal électronique «CiberCuba», une partie de ses créations ira au Musée national marocain, alors que d’autres seront accrochées aux cimaises de la nouvelle ambassade du Maroc dans l’archipel cubain des Grandes... libe.ma Le 3 mai 2017

Le livre marocain mieux diffusé à l’international Les éditeurs marocains ont su au fil des ans se frayer une place en dehors des frontières, poussés par une politique du livre plus favorable. Cette percée est d’autant plus marquée que leur présence est régulière aux grands rendezvous internationaux, doublée de leur capacité à se positionner en Europe et s’investir sur des marchés jusque-là peu explorés. En témoigne la forte participation cette... libe.ma Le 3 mai 2017

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Cinéma: un événement important pour célébrer l’Afrique à Tanger C’est un événement exceptionnel que vivent les deux villes voisines du détroit de Gibraltar Tanger et Tarifa. En effet, la quatorzième édition du festival du cinéma africain de Tarifa (FCAT) a débuté le 28 avril et s’est déplacée à Tanger le 30 avril dans une initiative conjointe de promotion du 7ème art et ce jusqu’au 5 mai. lesiteinfo.com Le 3 mai 2017

Moussem de Tan Tan : La République du Sénégal invitée d’honneur La Fondation Almouggar organisera du 5 au 13 mai la 13e édition du Moussem de Tan Tan. Pour cette édition, la thématique s’intitule «Le Moussem de TanTan : patrimoine culturel en partage entre le Maroc et l’Afrique» et la République du Sénégal est l’invitée d’honneur, en témoignent les relations culturelles et historiques qui lient les deux pays. D’éminentes personnalités de différents horizons et de champs intellectuels de par le monde participent cette année au Moussem de Tan Tan... aujourdhui.ma Le 2 mai 2017

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entretien exclusif

Younès Miloudi “ma démarche est avant tout sociale et humaine” Quelle est ta démarche artistique ? Dans quel contexte l’exposition a eu lieu sur les murs de Marrakech ? Je pense que ma démarche est avant tout sociale et humaine. Je ne sais pas si ce que je fais est dans l’ordre de l’artistique mais si ça peut faire avancer les choses tant mieux ! Ce que j’ai voulu accomplir par ce projet, c’est d’abord de rendre hommage à ces personnes que j’ai eu la chance de côtoyer et photographier par la suite, mais également investir l’espace public afin de partager ce projet avec un large public. Bien évidemment le format et le choix du lieu n’est pas un hasard, car je me voyais mal enfermer ces personnages dans des boites en béton… Le contexte, il n’y en a pas un en

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particulier, mais l’idée murmure en moi depuis un moment. J’observe également une dynamique croissante de la part des acteurs associatifs et culturels que j’apprécie énormément d’où l’idée .de participer avec le peu que je sais faire. Ce que tu penses de «Culturetoute.com» et de ce que ce site fais pour la promotion de l’art et de la culture dans notre pays? J’ai eu l’occasion de découvrir Culturetoute il y a quelques temps à travers des amis et depuis j’essai de vous suivre régulièrement. Que ce soit le contenu ou le choix éditorial, je trouve ça assez impressionnant pour un travail de qualité au quotidien, ne changez rien ! ©culturetoute.com


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par Mourad HAMAYET J’aime le jazz, ce stolon de la musique africaine tiré jusqu’aux Etats Unis par les Noirs Africains qui y furent ‘’invités’’ à construire la première nation du monde. Le système tonal de la musique européenne compte sept degrés alors que celui de la musique africaine est pentatonique. En sont absents le troisième et le cinquième de ces tons, et les musiciens de notre continent ont dû les remplacer par des demi-tons inférieurs ou supérieurs. La direction du demi ton adapté est totalement subjective et exprime soit la joie soit la tristesse : elle est laissée à la discrétion de l’interprète. C’est la fameuse ‘’note bleue’’ ou mieux dit la ‘’blue note’’ caractéristique du jazz.

chocs artistiques de ma vie : l’écoute pour la première fois du mythique Wednesday Night’s Prayer du contrebassiste Charlie Mingus. Une prière conçue comme une transe, menée par la fabuleuse sobriété de la très noble ‘’grand-mère’’...

Puis, je me suis mis ensuite à avaler le jazz par tous mes pores : à haute fréquence, à haute dose, à haute cadence … Mon temps privatif hebdomadaire était cet après-midi d’avant weekend ou j’allais m‘asseoir par terre, chez le plus grand disquaire de la ville, entre les rayonnages de la partie dédiée au jazz, pour me baguenauder à travers les couleurs, les odeurs et les images des grandes galettes de vinyle aux titres d’ailleurs : Moanin’, Lady sings En fait, j’ai d’abord aimé l’idée que je the blues, Time Out, Bird, Blue Train, me faisais du jazz, genre musical apMy favourite things, The sidewinder, paru au Maroc à la fin de la Seconde Sketches of Spain, Chet, MeditaGuerre Mondiale et popularisé parmi tions, … et cent, et mille, et cent mille la jeunesse, par la déferlante mondiale qu’il provoqua aux alentours des autres… Je les écoutais, réécoutais et écoutais encore jusqu’à ce qu’ils années 60 d’une part et d’autre part m’aient convaincu de les acquérir par les radios des bases aériennes et rejoignent ma belle discothèque américaines de Nouaceur - laquelle ferma ses portes en 1963, et de Keni- après avoir été dûment référencés et étiquetés. Inutile de préciser que je tra qui elle, ne ferma les siennes en possédais une chaine Haute-Fidélité réalité qu’en 1978. Ces deux stations, destinées au personnel américain des à la mesure ! Un mélange de Dual, de bases aériennes diffusaient des émis- Bang & Olufsen et de Cabasse qui me sions de jazz de haute qualité, compre- restituait le son de manière plus que parfaite. Et puis après cela, que voguât nant même les dernières nouveautés la galère, que l’on ne m’ennuyât point ! sorties aux States. Je me fermais comme une huître au C’est sur les ondes de Radio-Nouamonde extérieur et je savourais bien égoïstement le flot de bonheur qui ceur que j’ai reçu l’un des plus gros 14 culturetoute.com 02.05.2017


s’échappait des baffles … J’aime le jazz… Pas trop le dixie ni les big bands, je suis exigeant en negro spirituals et je n’aime pas du tout la musique dite jazzy qui m’a toujours parue mièvre et relevant bien plus de l’accompagnement de petits fours qui accompagnent le thé de la comtesse que des cris de détresse et de recherche philosophique du vrai jazz, ces cris qui sont pour moi la musique, sans laquelle, comme dit Nietzsche, ‘’la vie serait une erreur’’… Mon jazz s’écoute attentivement. Pas comme on écoute un sermon, non, puisqu’on peut même parler pendant l’exécution d’une œuvre, on peut répondre au récitant, au chanteur ou à l’interprète, l’interpeler ! Ce n’est pas mal vu et complètement admis, à la simple condition que l’on sache respecter l’obligation de silence absolu de certains moments, et n’intervenir que lorsque les musiciens semblent le demander, comme pour s’assurer qu’ils ont et qu’ils sont bien compris … Combien de fois n’entend-on, dans les concerts de jazz, l’approbation ‘’oh yeah’’, ‘’ye got it, man’’, ‘’so, then ?’’ etc. ? Peut-on partager la ferveur de l’écoute du jazz. Je sais que ‘’oui’’ mais j’avoue humblement avoir bien souvent l’écoute égoïste malgré de multiples tentatives de partage… Les autres auditeurs me sont importuns car ils se taisent lorsque je parle et parlent lorsque je me tais. Alors, presque toutes mes écoutes publiques de jazz ont été des fiascos et le concert en grandes salles figées me parait une aberration car il n’y a aucun partage. Par ailleurs, la distance physique avec les musiciens est trop grande. Qu’en est-il du jazz au Maroc ? N’en aurait-il pas disparu sans Internet et la florissante industrie du piratage ? Mais baste ! Avec pas moins de trois festivals, le Pays compterait en fait nombre d’amateurs. Les villes

de Casablanca, Rabat, Tanger eurent et ont quelques lieux dédiés : •C asablanca s’enorgueillissait du prestigieux Basin Street, qui a disparu mais laissé place au Rick’s Café, et qui organise chaque année le festival Jazzablanca créé en 2005, • Rabat a un lieu dédié, c’est le Piétri, dans la rue du même nom où se regroupent les amateurs et où officie un groupe pionnier, non étranger au festival Jazz au Chellah, créé en 2006 qui a succédé à Jazz aux Oudayas créé, lui, en 1996, • Tanger avait un Blue Note créé à l’époque où la ville était le nid d’aigle de la ‘’beat generation’’ grâce à Paul Bowles et à sa bande d’amis. Elle a maintenant le El Morocco et le Number One. Son festival dédié au jazz, dénommé Tanjazz, a été créé en septembre 2000. De plus modestes initiatives voient le jour çà et là et c’est bien la confirmation que cette musique syncopée plait aux Marocains. Elle les attire mais elle exige une formation minimale que l’on peut considérer comme ‘’en cours’’, grâce au dévouement de certains et à la passion d’autres. Mais attention, le succès n’est pas pour l’immédiat car il ne peut s’agir d’une mode, par définition passagère… Le fabuleux saxophoniste Cannonball Aderley disait bien justement à propos du Jazz : ‘’ «It›s not a state of mind, it›s a way of life». ©culturetoute.com 02.05.2017 culturetoute.com 15


Activités de la Fondation nationale des musées

Report de l’exposition

“Face à Picasso” dérnière minute Suite à l’immense succès que connait l’événement «L’Afrique en Capitale», l’exposition des artistes africains au Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain sera prolongée. Pour cette raison, en plus de la proximité de nombreuses manifestations culturelles à Rabat dont la réouverture du musée archéologique de Rabat devenu Musée de l’Histoire et des Civilisations, la Fondation Nationale des Musées a décidé du report à une date prochaine de l’exposition «Face à Picasso», qui présentera des chefs-d’œuvre jamais vus du maître de la peinture moderne. Cette décision a pour objectif de garantir à cet extraordinaire événement la meilleure visibilité. Les nouvelles dates de l’exposition seront communiquées très prochainement. © communiqué de la Fondation nationale des musées 16 culturetoute.com 02.05.2017


Arrêt sur images,

Ré-ouverture du Musée de l’Histroire et des civilisations

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Arrêt sur images

Ce second parcours propose la statuaire en marbre issue essentiellement de Volubilis et de Banasa. A côté de ces objets phares, est abordée la collection de bronze avec les thématiques iconographiques marquant l’héritage du Maroc antique. 02.05.2017 culturetoute.com 19


Statue de Ptolémée Sala Époque romaine ( I-IIème siècles ap. J.-C.) Marbre Statue en marbre représentant le prince Ptolémée, fils de Juba II et Cléopâtre Séléné, régna de 23 à40 après J.-C. Il fut assassiné sur l’ordre de l’Empereur Caligula.

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Casablanca rend hommage à

Driss Chraïbi

Une occasion de revisiter les nombreuses dimensions des textes de l’écrivain

L

a ville de Casablanca rend hommage à son enfant, le grand écrivain Driss Chraïbi, du 11 au 14 avril, avec au programme un colloque international sur ce grand romancier et son immense œuvre et des représentations théâtrales de «La civilisation ma mère», de «La mère du printemps», en commémoration du 10ème anniversaire de sa disparition. La communauté scientifique et le milieu littéraire rendront hommage à cette grande figure de la

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littérature marocaine et universelle à travers un riche programme de communications, de tables rondes et une exposition d’éditions originales d’ouvrages et de documents de Driss Chraïbi, avec la participation de chercheurs, traducteurs, écrivains et artistes de différents pays (Maghreb, France, Espagne, Italie, Allemagne, USA), selon l’un des initiateurs de cette manifestation culturelle, Kacem Basfao, grand ami du défunt romancier. «Bientôt dix ans que Driss Chraïbi


(1926-2007) nous a quittés. Cela justifie pleinement de prendre le temps d’un regard rétrospectif sur l’œuvre et l’homme». C’est pourquoi un colloque international se tiend du 11 au 14 avril à Casablanca pour marquer cette commémoration. A travers cette manifestation riche en activités, Casablanca entend faire de 2017 l’année de Driss Chaibi», a confié l’universitaire dans une interview à la MAP. «Il y a dix ans, Driss Chraïbi, auteur du «Passé simple» et «Un ami viendra vous voir», tirait sa révérence. Dix ans après, on parle toujours de Driss Chraïbi, on voit bien la postérité et la stature universelle de ce grand écrivain et son importance consacrée par le temps qui passe», souligne M. Basfao, ami de 30 ans de Chraïbi. Ce colloque sera l’occasion de revisiter les textes de l’auteur et les nombreuses dimensions de l’œuvre encore largement méconnues et sur lesquelles la recherche commence tout juste à se pencher, et, tout particulièrement, la très importante production de l’homme de radio : celle du producteur d’émissions de médiation culturelle et de vulgarisation de la culture arabo-musulmane, mais aussi et surtout celle de l’adaptateur de fictions. «L’objectif étant de faire l’état des lieux de la recherche sur l’écrivain, procéder à une relecture de ses œuvres et à une réactualisation des approches de sa production littéraire», explique M. Basfao, également critique littéraire. Cette commémoration sera donc l’occasion de cumuler les apports de la recherche et de l’ouvrir à d’autres questionnements. «Il est grand temps d’avoir l’audace de reconnaitre et revendiquer l’universalité de nos plus grandes figures d’écrivains en soulignant la fécondité de leurs œuvres», relève M. Basfao, précisant en ce sens que Driss Chraïbi a écrit des livres

pour enfants (Les aventures de l’âne Khâl), des romans policiers littéraires (Une enquête au pays, L’inspecteur Ali...), des livres de très grande spiritualité (L’âne, Les boucs) ainsi que des ouvrages qui sortent du régionalisme littéraire, «Un ami viendra vous voir», «Mort au Canada». Pour lui, Chraïbi a porté le particulier marocain à l’horizon universel, en s’érigeant en écrivain à part dans les littératures maghrébin, en précurseur et en devancier dans ses écrits. Chraïbi écrit sur la société de la communication et de la consommation, la condition humaine, mais de l’intérieur, avec émotivité, sensibilité et parfois distance», note M. Basfao. Mettant en avant la force, les capacités humaines, la proximité et la sensibilité de l’écrivain, M. Basfao estime que Driss Chraïbi est de ces écrivains marquants dont la durée, loin d’éroder l’impact de leurs textes phares, les fait apprécier à leur juste valeur. Pour ce critique littéraire, «la véritable consécration d’un écrivain, c’est l’intérêt porté à ses œuvres, car la présence d’un auteur après son absence, c’est de par l’importance de débat suscité par son œuvre». Soulevant des questionnements en des termes inédits au moment de leur publication, ces textes n’ont rien perdu de leur actualité ni de l’acuité et de l’intérêt du rapport au monde qu’ils présentent. Professeur de la littérature à l’Université Hassan II de Casablanca, Kacem Basfao est un critique littéraire spécialiste de la littérature maghrébine de langue française. Dans sa thèse de doctorat : «Structures du texte et du récit dans l’œuvre romanesque de Driss Chraïbi», soutenue en 1989, l’auteur analyse les contenus riches des entretiens qu’il a réalisés avec Driss Chraïbi. 02.05.2017 culturetoute.com 23


interview exclusive

du Président de la Fondation Nationale des Musées: “le 18 Avril: ouverture de l’exposition Face à Picasso”,

Pour quand une exposition des œuvres de Mehdi Qotbi au Musée Mohammed VI et cela pourrait-il se réaliser en partenariat avec d’autres Musée nationaux ou étrangers ? Pour une raison évidente de conflit d’intérêt, tant que j’en occupe la présidence, il n’est pas envisageable que la Fondation nationale des musées organise un quelconque évènement qui fasse de près ou de loin la promotion de mon travail 24 culturetoute.com 02.05.2017

plastique. La Fondation nationale des musées est une institution de l’Etat, je suis chargé de servir l’Etat, et non pas de me servir de la Fondation pour mes intérêts personnels. Sur un autre plan, il semble que le bilan de la Fondation Nationale des Musées du Maroc a été positif pour l’année 2016, comment s’annonce 2017 et quels sont les projets ? Je ne vous le fait pas dire ! En


effet, cette année 2016 a été riche en actions et en émotions, mais l’année 2017 commence sur les chapeaux de roue. Tout d’abord, à Rabat, ce premier trimestre de l’année est sans aucun doute le plus intense qu’a connu la Fondation Nationale des musées depuis sa création. Le 23 mars, l’Afrique en capitale a été inaugurée par SM le Roi Mohammed VI et son hôte SM le Roi Abdallah II de Jordanie. Cette manifestation sans précédent pour la ville lumière, dont l’organisation a été personnellement voulue par SM le Roi Mohammed VI, réunit une trentaine de partenaires, afin d’organiser un mois de festivités culturelles autour de l’Afrique – et ceci à peine trois mois après le retour historique du Maroc dans l’Union Africaine. Le 18 avril s’ouvrira l’exposition la plus ambitieuse de l’histoire du MMVI : Face à Picasso. Cette exposition d’envergure internationale n’a pas de précédent sur notre continent, et cet événement permettra au MMVI d’asseoir sa crédibilité internationale. Enfin le 11 avril, nous inaugurerons le Musée de l’Histoire et des Civilisations, nouvelle mouture du musée archéologique de Rabat, qui permettra à la capitale culturelle du Royaume de puiser dans les racines immémoriales de notre histoire le souffle créatif de son rayonnement international. En plus de tout ça, la Fondation nationale des musées continue son travail de fourmi, dans le bruit et la poussière des chantiers, afin de redonner leur lustre aux plus beaux musées nationaux. Après la réouverture du flambant neuf Musée de la Kasbah

des cultures méditerranéennes de Tanger, nous continuons les travaux, à différents rythmes, dans les musées de Fès, Safi ou Meknès. Il y a plus d’une année culturetoute a vu le jour dans le but de contribuer à la promotion de l’art et de la culture dans notre pays, voulez-vous nous dire comment voyez-vous le développement de culturetoute qui, à cette date, ne compte que sur ses propres ressources ? Le développement d’un écosystème culturel au Maroc me réjouis évidemment. Parmi les plus grands défis de la Fondation nationale des musées se trouve la question du public. L’éducation et l’information de toutes les strates de la société est le prérequis indispensable à notre réussite. Comment profiter de l’offre culturelle, scientifique, historique et artistique de nos musées et de nos institutions culturelles si l’on ne dispose pas d’un minimum de connaissances préalables ? Qui rentrerait dans un musée si personne ne l’y a jamais incité ? La Fondation nationale des musées, comme tout autre acteur culturel du Maroc, a un besoin réciproque du reste de l’écosystème culturel, des initiatives publiques comme privées, avec ou sans but lucratif, mais toujours avec la volonté de faire progresser l’intérêt de la société pour la culture avec un grand C, car la culture est bel et bien, comme disait André Malraux, «ce qui a fait de l’homme autre chose qu’un accident de l’univers » . ©Culturetoute 02.05.2017 culturetoute.com 25



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