BLOCK Magazine - Spring/Summer 2019

Page 1

Creativity has its place Spring/Summer 2019 Issue 18 / La créativité a sa place Printemps/Été 2019 Numéro 18

The Curator-in-Chief Subversive Recipes / Sentient Art / Wall-to-Wall Carpeting Recettes subversives / Art sensible / Tapis mur à mur


SUPPORTING INNOVATION IN CALGARY Infusion Coworking is a new supportive work and incubator environment in central Victoria Park. It’s a different kind of coworking. Our goal is to foster creativity by developing a unique culture and community, and by using our team’s own experience in the world of startups and business to help execute incredible ideas in Calgary. What’s more important is that, instead of just building community in a silo, we integrate into the ones around us. To us, engraining ourselves into the startup ecosystems means establishing networks with key partners within the city, and within university, private, and venture capital organizations. We also curate our membership to maximize long term beneficial and collaborative potential for every person that works with us. Our vision is focused on the Western Canadian innovation ecosystem, bringing together strategic builders, business experts, and change makers to transform the economic landscape.

FIND US HERE: #100 - 221 10th Ave SE • www.infusioncoworking.ca • @infusioncoworking • (403) 968 1372



Available urban office & retail environments at your fingertips. Use our web-based leasing tab to view available office and retail space across Canada.

alliedreit.com


Contents/Table des matières

The Starting Block . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Block de départ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Contributors . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Nos collaborateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

THE MOMENT At work with Giovanna Borasi, chief curator at the Canadian Centre for Architecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

LE MOMENT En compagnie de Giovanna Borasi, conservatrice du Centre canadien d’architecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

MY SPACE Super Bonjour’s co-creative director Reanna Evoy’s artful Vancouver office . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

MON ESPACE Le bureau de Reanna Evoy, codirectrice artistique de Super Bonjour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

THE CREATOR Multidisciplinary artist Esther Choi’s

LES CRÉATEURS L’artiste multidisciplinaire Esther Choi a concocté un livre de recettes subversives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

new cookbook is less recipe, more critique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

ARTIST’S BLOCK Celia Perrin Sidarous’s ceramic block

ART EN BLOCK Le bloc de grès à angle ouvert de Celia Perrin Sidarous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

THE INTERIOR In Toronto’s Liberty Village, Brodflour bakery

L’INTÉRIEUR Ambiance scandinave chez Brodflour, une boulangerie torontoise de Liberty Village . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

is an open corner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 is home to a Scandinavian-inspired space . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 THE BUSINESS Eco-innovation is everywhere at Interface,

the world’s largest maker of carpet tile . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

L’ENTREPRISE L’éco-innovation est partout chez Interface,

plus gros fabricant de carreaux de tapis au monde . . . . . . . . . . . . . . . 26

WORK-IN-PROGRESS Architect Philip Beesley’s responsive

LE CHANTIER Réflexion sur l’évolution et l’adaptation face à la sculpture architecturale de Philip Beesley . . . . . . . . . . . . . . . . 30

THE CONVERSATION Jane Farrow and Charles Montgomery

LA CONVERSATION Des villes plus heureuses? Jane Farrow and Charles Montgomery en discutent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

sculpture is a meditation on evolution and adaptation . . . . . . . . . . . 30

address the challenge of how to increase happiness in our cities . . . 38 MADE Studio Watson's cat condos scratch an itch . . . . . . . . . . . . . . .

42

NOTEBOOK Canada’s first urban art museum;

advice c/o Ray Reddy; what to eat, drink and do near Toronto’s King Street East . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

NOW & THEN Edmonton’s Revillon building has foundations

in Canada’s fur trade . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

RETHINK Bad ideas, be gone! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

49

FILL IN THE BLANK Francesco Bongiorni’s urban infill . . . . . . . . . . . . .

50

ON THE COVER / EN PAGE COUVERTURE PHOTO BY / PAR RICHMOND LAM

FABRIQUÉ Un condo à chat signé Studio Watson . . . . . . . . . . . . . . . . .

42

NOTEBOOK Le premier musée d’art urbain au Canada; le conseil de Ray Reddy; les bonnes adresses de la rue King Est à Toronto . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 D’HIER À AUJOURD’HUI Le Revillon, fondé sur le commerce de la fourrure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48 REPENSÉ Au panier, les mauvaises idées! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

49

VEUILLEZ COMBLER L’ESPACE La dent creuse de Francesco Bongiorni . . . .

50


111 Boulevard Robert-Bourassa, MontrĂŠal, QC H3C 2M1 COPPERBRANCH.CA


The Starting Block People shape spaces, and spaces shape people. / Les

PHOTO BY / PAR PATRICK CUSTO-BLANCH

citoyens façonnent l’espace et l’espace façonne les citoyens.

“I DWELL in the city and the city dwells in me,” writes Finnish architect Juhani Pallasmaa in his seminal 2005 book, The Eyes of the Skin: Architecture and the Senses. In other words, people shape spaces, and spaces shape people. The relationship is intimate and symbiotic; architecture, for Pallasmaa, is a full-body experience—something to be grasped, felt and understood with all the senses. “Architecture,” he writes, “makes us experience ourselves as complete embodied and spiritual beings.” We’ve all experienced this: a room, courtyard or handrail that makes us feel good. For Pallasmaa, this is evidence of the architect’s sensibility and sensitivities travelling across time to touch us in a deeply personal way. The result is that we feel comfortable, inspired, whole—even happy. In this issue of Block, we feature several case studies for the immersive and inspiring potential of architecture. On page 30, we learn how Philip Beesley has perhaps out-Pallasmaaed Pallasmaa with Amatria, his work of sentient art, architecture and engineering that responds to movement and its environment. For Dara Gallinger, proprietor of the new Toronto mill and bakery Brodflour, the Danish concept of hygge provides inspiration for an airy space that engages all the senses (p. 20). And finally, in The Conversation (p. 38), urbanist Jane Farrow and author Charles Montgomery discuss ways in which we can better design our cities for happiness. Underpinning every issue of Block, and everything our partners at Allied do, is the belief that architects and developers have a profound responsibility not only to build vital cities but also to shape—and to reflect—culture, to engage our senses and to elevate our souls.

« J’HABITE LA VILLE et la ville m’habite », écrit l’architecte finlandais Juhani Pallasmaa dans Le regard des sens, son livre phare paru en français en 2010. Autrement dit, les citoyens façonnent l’espace et l’espace façonne les citoyens. La relation est intime et symbiotique. Toujours selon lui, l’architecture est une expérience multisensorielle : on doit la saisir, la ressentir et la comprendre avec tous nos sens; elle nous permet de nous affirmer en tant qu’être charnel et spirituel. On a tous vécu cela : une pièce, une cour ou une rampe d’escalier qui nous procure un sentiment de bien-être. Pour Juhani Pallasmaa, c’est la preuve de la sensibilité de l’architecte et des sensibilités qui voyagent dans le temps pour venir nous toucher en plein cœur. Le résultat est que nous nous sentons à l’aise, inspiré, entier, voire heureux. Dans ce numéro de Block, nous nous sommes intéressés au potentiel immersif et inspirant de l’architecture. Page 30, Philip Beesley, artiste à la pallasmaanienne, a probablement dépassé le maître avec Amatria, une sculpture sensible, architecturale et techno, qui réagit à son entourage. Quant à Dara Gallinger, propriétaire de Brodflour, le nouveau moulin à farine de Toronto, elle s’est inspirée du concept danois du hygge pour aménager une boulangerie qui fait sans conteste appel aux cinq sens (p. 20). Enfin, dans La conversation (p. 38), l’urbaniste Jane Farrow et l’auteur Charles Montgomery discutent bonheur et aménagement urbain. Chaque numéro de Block et chaque action entreprise par Allied reposent sur la croyance que les architectes et les promoteurs immobiliers ont pour responsabilité non seulement de bâtir des villes dynamiques, mais aussi de traduire et de façonner la culture locale, de façon à éveiller nos sens et à élever nos âmes.

BLOCK / 7


Book unique experiences for your clients & employees.

Your concierge for corporate entertainment

www.robin.live


Contributors EDITOR-IN-CHIEF / RÉDACTEUR EN CHEF

Benjamin Leszcz

CREATIVE DIRECTORS / DIRECTRICES ARTISTIQUES

Whitney Geller, Yasemin Emory

EDITOR / RÉDACTRICE

Sarah Steinberg

DEPUTY EDITOR / RÉDACTRICE ADJOINTE

Kristina Ljubanovic

MANAGING EDITOR / DIRECTEUR DE LA RÉDACTION

02

Michael Di Leo

PHOTO & ILLUSTRATION EDITOR / ICONOGRAPHE

01

Catherine Dean

DESIGNER / GRAPHISTE

Dee Flores

TRANSLATOR / TRADUCTRICE

Catherine Connes

04 03

01 Audra Williams is a freelance speechwriter and the content

specialist at the Centre for Social Innovation. She wrote Rethink (p. 49). / Audra Williams, rédactrice de discours à la pige et spécialiste de contenu

PHOTOS BY / PAR 1. AUDRA WILLIAMS 2. ZOE GEMELLI 3. MAXYME G. DELISLE

au Centre for Social Innovation, a écrit Repensé (p. 49). 02 For this issue’s Conversation (p. 38), Jane Farrow, journalist, consultant and happy-most-of-the-time city dweller, spoke to author Charles Montgomery. / Dans La conversation (p. 38), Jane Farrow,

journaliste, consultante et citadine heureuse ou presque, discute avec l’urbaniste Charles Montgomery. 03 Montreal-based artist Celia Perrin Sidarous’s practice includes

photography, analogue filmmaking and ceramics. For Artist’s Block (p. 19), she arranged eucalyptus within glazed stoneware, set against blue silk. / L’artiste montréalaise Celia Perrin Sidarous s’intéresse à la

photo, au cinéma analogique et à la céramique, entre autres. Pour Art en block (p. 19), elle a combiné grès vernissé, branche d’eucalyptus et soie bleue. 04 Francesco Bongiorni (p. 50) splits his time between Madrid,

COPY EDITORS - PROOFREADERS / RÉVISEURES - CORRECTRICES

Suzanne Aubin, Catherine Connes, Jane Fielding, Lesley Fraser

ALLIED

134 Peter Street, Suite 1700 Toronto, Ontario M5V 2H2 Canada (416) 977-9002 INFO@ALLIEDREIT.COM ALLIEDREIT.COM

WHITMAN EMORSON

213 Sterling Road, Studio 200B Toronto, Ontario M6R 2B2 Canada (416) 855-0550 INQUIRY@WHITMANEMORSON.COM WHITMANEMORSON.COM

Block is published twice a year. / Block est publié deux fois par an.

London and Milan. His illustrations grace a series of San Marino stamps celebrating the National Alpine Association’s centenary. /

Francesco Bongiorni (p. 50) partage son temps entre Madrid, Londres et Milan. Il a notamment illustré une série de timbres de Saint-Marin pour le centenaire de l’Associazione nazionale Alpini.

BLOCK / 9


Your go-to ERP specialists.

Off-the-shelf SAP applications, mobility solutions, Design Thinking services, and business strategy consulting — all under one roof.

LEARN MORE AT WWW.CONVERGENTIS.COM


The Moment / Le moment

Thurs. 28 Feb. 10:16 A.M.

SUNLIGHT STREAMS into an empty screening room at the Canadian Centre for Architecture (CCA), where chief curator Giovanna Borasi navigates the aisles. The documentary series she’s working on, tentatively titled Dear Architect, won’t show here until summer, when the first of three films is set to debut, but the themes they deal with are crucial to the Montreal institute’s ongoing mission. “From the moment the CCA was established, the mandate was to make architecture a public concern,” says the Milan-born Borasi. “Now, 40 years later, we have to understand what that means today.” Studies predict that the majority of the world’s population will live in cities by 2050, a demographic shift that introduces urgent new challenges and exacerbates old ones. For each of the three films Borasi has commissioned, she sought out architects working on the same pressing social issues in different parts of the world—homelessness, one-person households and the role of robotics in eldercare—and put them in conversation with one another. The films’ director, Daniel Schwartz, has some experience with creative solutions to urban upheaval. His 2013 documentary, Torre David, follows a community that thrives inside an abandoned, 45-storey office building in Caracas, Venezuela— a vertical favela replete with shops and family dwellings. Borasi says it was Schwartz’s approach to his subjects that caught her eye: “We never want to approach these issues from a place of pity.” She’s also careful to note that while the series will feature some admirable initiatives—like the Skid Row

BLOCK / 11


The Moment / Le moment

Housing Trust, which builds shelters in downtown L.A.—it isn’t intended as a blueprint for change. Instead, the movies are meant to provoke discussion among both architects and audiences. This could mean anything from debating the citizenship of robots to exploring reactions to European migration. “We shouldn’t think this project has all the answers but that it brings up the problems. How did we end up at this point? What policies shaped [a particular city]? Who are its inhabitants? And who is being left out?”  / LE SOLEIL ENTRE à flots dans la salle

The Canadian Centre for Architecture’s chief curator, Giovanna Borasi (pictured), has taken up the mantle of the institution—celebrating its 40th anniversary this year—with her film series. “We’re not a museum that puts things out and says, ‘This is architecture.’ We try to make people think,” says CCA founding director Phyllis Lambert. / La conservatrice du Centre canadien d’architecture, Giovanna Borasi (ci-dessus), a pris en main la mission de l’institution, qui fête ses 40 ans cette année, avec sa série de documentaires. « Nous ne sommes pas un musée qui expose de l’architecture : nous incitons nos visiteurs à la réflexion », note Phyllis Lambert, fondatrice du CCA.

de projection du Centre canadien d’architecture (CCA), dont la conservatrice Giovanna Borasi parcourt les allées. Cher architecte, la série de trois documentaires sur laquelle elle travaille, n’y sera pas présentée avant cet été, mais les thèmes abordés sont d’une importance capitale pour l’institut montréalais. « Dès sa création, la mission du CCA a été de faire de l’architecture un sujet d’intérêt public, explique-t-elle. Quarante ans plus tard, on doit comprendre ce que cela signifie en 2019. » Des études prévoient que la majorité de la population mondiale vivra en ville d’ici 2050, un changement démographique qui précipite les choses, soulevant de nouveaux défis et aggravant les anciens. Pour les trois films de cette série, elle a cherché des architectes de différents coins du monde, travaillant sur les questions sociales urgentes que sont l’itinérance, les ménages composés d’une seule personne et le rôle de la robotique dans les soins aux aînés. Puis, elle leur a demandé de discuter entre eux. Daniel Schwartz, qui réalise la série, est familier avec ces bouleversements urbains. En 2013, dans son documentaire Torre David, il suivait les familles qui avaient élu domicile dans cette tour de 45 étages, abandonnée en fin de construction : une favela verticale de Caracas, regorgeant de logements et magasins. La conservatrice a aimé le regard du réalisateur : « On ne veut surtout pas aborder ces problèmes sous l’angle de l’apitoiement. » Elle précise aussi que même si la série montre de belles initiatives, comme celle du Skid Row Housing Trust qui construit des abris au centre ville de Los Angeles, elle ne se veut pas un manuel du changement. Ces films ont pour but la réflexion et la discussion, tant pour les architectes que pour le grand public. On pourra débattre de tout, que ce soit de la citoyenneté des robots ou des réactions face à la migration européenne. « On n’apportera pas toutes les réponses, mais on mettra les problèmes en lumière. Comment en est-on arrivé là? Quelles politiques ont façonné telle ou telle ville? Qui est laissé de côté? »

Dear Architect is tentatively scheduled for release later this year. / Cher architecte devrait être programmée d’ici la fin de l’année. BY / PAR EVE THOMAS PHOTOS BY / PAR RICHMOND LAM

12




My Space / Mon espace

BY / PAR SARAH STEINBERG PHOTO BY / PAR ANDREW QUERNER ON THE WALL above Reanna Evoy’s desk at the Vancouver headquarters of Super Bonjour, the bicoastal creative agency of which she is a co-founder, are a few sticky note cheat sheets. One is a time-zone matrix, another a bullet-point list of the agency’s vision and goals, including but not limited to: Make change, be smart, support women. Here, a look at her other studio paraphernalia. / Face au bureau

de Reanna Evoy, cofondatrice de Super Bonjour, une agence créative basée à Vancouver mais opérant sur les deux côtes canadiennes, on remarque d’abord quelques feuillets autocollants. L’un lui rappelle les différents fuseaux horaires, un autre les objectifs de l’agence, dont faire bouger les choses, agir avec intelligence et soutenir les femmes. La suite de la visite, c’est par ici!

04

03

02 05

01 01/ Throw / Un jeté

02/ Tincture / Une teinture

“This was from a prop stylist with whom I’ve worked for about 10 years. It’s a giant throw from Slowdown Studio—the perfect gift because I’m always cold.” / « Ce jeté géant de Slowdown Studio m’a été offert par un grand styliste, avec lequel j’ai travaillé une dizaine d’années : le cadeau parfait, car j’ai toujours froid. »

“I’m obsessed with these flower remedies; I think I’ve gone really West Coast. This one is called Ganesh, and it’s supposed to create abundance. I take this in the morning—it’s my start-up juice.” / « Je ne peux plus me passer de ces extraits de plantes; me voilà devenue très West Coast! Celui-ci, nommé Ganesh, est censé créer l’abondance. J’en prends le matin pour bien commencer la journée. »

03/ Illustration / Une illustration

04/ Magic Candle / Une bougie magique

05/ Ceramic Mug / Une tasse en céramique

“When I come across a cool illustrator or photographer that I’ve been exposed to through my creative work, I usually pick a piece by them. This one is by Lilian Martinez.” / « Quand je tombe sur un illustrateur ou un photographe qui me plaît, je lui achète habituellement une de ses œuvres. Celle-ci est signée Lilian Martinez. »

“When I turned 40, my co-creative director Vanda Daftari and I went on this epic trip to Mexico. I was starting my own company and collecting all these little magic trinkets that would open the road to awesome.” / « Pour mes 40 ans,

“Maggie Boyd is a ceramicist from Vancouver. I scored this at one of her sales. A naked lady with hairy legs…it’s kind of like an ode to being a rad lady.” / « Je l’ai achetée à Maggie Boyd, une céramiste de Vancouver. Cette femme nue aux jambes poilues est… une sorte d’ode à la super-féminité. »

je suis partie au Mexique avec ma codirectrice artistique, Vanda Daftari : un séjour mémorable! Je lançais mon entreprise et m’entourais d’un tas de bébelles magiques pour me porter chance. »

BLOCK / 15


The Creator / Les créateurs

CRITICAL CONNOISSEUR Toronto-born artist Esther Choi serves up a multi-course meal’s worth of subversive recipes in her upcoming book Le Corbuffet: Edible Art and Design Classics. / Dans son livre à paraître, Le Corbuffet: Edible Art and Design Classics, l’artiste torontoise Esther Choi nous mitonne tout un repas à partir de recettes subversives. AS TOLD TO / PROPOS RECUEILLIS PAR ISA TOUSIGNANT

16


The Creator / Les créateurs

(OPPOSITE / PAGE CI-CONTRE) PHOTO BY / PAR CATHERINE HYLAND; IMAGES COURTESY OF / FOURNIES PAR PRESTEL PUBLISHING

Choi’s book includes original, architecturally inspired—and winking—recipes like Rem Brûlée , after Dutch superstar architect Rem Koolhaas (right), and a Korean side dish called Shigeru Banchan Two Ways (left). / Parmi les recettes originales d’Esther Choi : Rem Brûlée (à droite), en clin d’œil au célèbre architecte néerlandais Rem Koolhaas, et un accompagnement coréen intitulé Shigeru Banchan Two Ways (à gauche).

I OPERATE between the realms of art and architecture. My Le Corbuffet

series began in 2015 when I started throwing Fluxus-inspired social events involving food in my Brooklyn apartment as a way to critique “aesthetic consumption”: how food, art and design have become privatized forms of connoisseurship. They featured dishes based on puns on artworks or architecture, like Carolee Schneemann Meat Joy Balls or Chris Burden Shooters. Part of the joke of naming the series after Le Corbusier was that he was misogynistic; as a feminist gesture, I enjoyed putting him in a domestic situation. I’m an avid cook, but I’d never previously thought of food as a medium for my work. I made large photographs, videos and installations. But as a result of an economy of means, I started using what was in front of me. Food became a design tool—a social and aesthetic medium—like a building or a portrait that could bring different people into relation. My family is from different parts of the world: Bolivia, Barbados, North Korea and South Korea. When I was a child, food gave me a vocabulary to talk about difference, identity, migration. It’s been a conduit for storytelling and conversation. I hope the book encourages the reader or participant to be creative and productive in their own way rather than to aspire to re-enact the “original” events. Each recipe is written as an “action script” and is accompanied by a photograph of a food sculpture. There’s a type of perfect Instagram sheen that’s associated with representations of food today, and that image economy generates tremendous waste. That’s not how produce actually appears. When you start to look at food through a sculptural lens, you begin to see so-called imperfections in a whole new way.

JE TRAVAILLE à mi-chemin entre l’art et l’architecture. Ma série intitulée Le Corbuffet est née en 2015, quand j’ai commencé à organiser des événements culinaires d’inspiration Fluxus dans mon appartement de Brooklyn. Une façon de critiquer la « consommation esthétique » : la cuisine, l’art et le design réservés aux seuls connaisseurs. Elle se compose de plats basés sur des jeux de mots avec des œuvres d’art ou des monuments. Je l’ai appelée Le Corbuffet en référence à Le Corbusier, un misogyne notoire : la féministe en moi a joui de le mettre aux fourneaux. J’aime beaucoup cuisiner, mais je n’avais jamais considéré jusqu’alors la nourriture comme moyen d’expression. Je faisais de la photo grand format, des vidéos, des installations. Par mesure d’économie, je me suis mise à utiliser ce que j’avais sous la main. Les aliments sont devenus des instruments, un moyen d’expression social et esthétique, comme l’est un bâtiment ou un portrait, qui peut amener des gens différents à se rencontrer. Ma famille vient des quatre coins du monde : Bolivie, Barbade, Corée du Nord et Corée du Sud. Petite, la nourriture m’a permis de mettre des mots sur la différence, l’identité, la migration. C’est un véhicule d’histoires et de conversations. J’espère que mon livre, combinant art comestible et grands classiques de l’architecture, donnera envie aux gens d’exprimer leur créativité et de ne pas simplement recopier. Les recettes sont écrites à la manière d’un scénario et accompagnées d’une photo de sculpture culinaire. Il y a aujourd’hui un lissé parfait, à la Instagram, associé à la représentation des aliments. Cette économie de l’image produit un énorme gaspillage. Un produit frais ne ressemble pas à ça. En le regardant avec l’œil du sculpteur, on voit ces soi-disant imperfections sous un nouvel angle.  BLOCK / 17


Ice Hut #955 Port Bolster, lake sImcoe ontarIo, canada, 2017

© 2019 RICHARD JOHNSON PHOTOGR APHY INC .

From tHe serIes: Ice Huts

arranGe a GallerY VIsIt 416-755-7742 InFo@rIcHardjoHnson.ca 56 tHe esPlanade, suIte 203, toronto InstaGram: @rIcHardjoHnsonGallerY rIcHardjoHnsonGallerY.ca


ARTIST’S BLOCK CELIA PERRIN SIDAROUS

Each issue we ask an artist to create a block using the medium and approach of their choice. /  Dans chaque numéro, nous demandons à un artiste de créer en toute liberté une œuvre d’art façon bloc. BLOCK / 19


The Interior / L’intérieur

20


The Interior / L’intérieur

Bread Winner From its custom stone mill to its communal vibe, Toronto’s new Brodflour bakery goes against the grain. / De son propre moulin à farine à son ambiance conviviale, la boulangerie torontoise Brodflour veille au grain. BY / PAR JASON MCBRIDE PHOTOS BY / PAR SIAN RICHARDS

IF YOU WERE to describe the symbolic heart of a bakery, what would it

be? The wood-fired oven? The kneading board? Where exactly does bread—warm, nourishing, wholesome—come to life? At Toronto’s Brodflour bakery in Liberty Village, which opened early in 2019, the answer is obvious: its one-of-a-kind stone mill. Millstones are the oldest flour-making technology known to humanity, and Brodflour’s sleek machine is a hand-made contemporary version built by Vermont’s New American Stone Mills. The technology may be simple—two natural granite stones turn against each other to crush wheat grain kernels—but the flour produced is complex. “It’s a very vibrant, very oily, very alive product,” says Brodflour’s owner, Dara Gallinger, reaching into a tub of the clumpy, claylike stuff. “It has a more advanced flavour profile, more nutrients and minerals.” It’s also unpredictable—no loaf or baguette made with it comes out quite the same—and must be used or sold within a day of being produced. / QU’EST-CE QUI symbolise, selon vous, le cœur d’une boulangerie? Son four à bois? Sa planche à pétrir? Où prend-il vie ce pain, si nourrissant, réconfortant et sain? Chez Brodflour, qui a ouvert ses portes début 2019 dans Liberty Village à Toronto, la réponse est claire : son moulin à farine, fabriqué à la main et sur mesure par New American Stone Mills, une entreprise du Vermont. Le broyage à la meule est le plus ancien procédé de fabrication de farine connu de l’humanité. Même s’il paraît simple – deux meules de granit tournant l’une contre l’autre pour moudre des grains de blé –, le résultat obtenu, lui, est complexe. « La farine est un produit vivant, très gras, très animé, » explique Dara Gallinger, propriétaire de Brodflour, en saisissant une poignée de cette mouture compacte et argileuse. « Elle a beaucoup de saveur, contient de nombreux nutriments et minéraux. » Elle est aussi imprévisible : aucune miche ni baguette fabriquée à partir d’une même farine ne se ressemble. Et elle doit être utilisée ou vendue dans le jour qui suit.

BLOCK / 21


The Interior / L’intérieur

The technology may be simple, but the flour produced is complex. It’s also unpredictable—no two loaves come out quite the same. / Même si la fabrication de la farine paraît simple, le résultat obtenu est complexe. Et imprévisible : aucun pain ne se ressemble. 22


The Interior / L’intérieur

“We want the whole place to feel like someone’s home.” / « On voulait que les gens se sentent ici comme chez eux. »

Blond-wood furniture, cabinetry and communal tables—and healthy doses of natural light and bakedgood scents—give Brodflour that “homey feel.” / On se sent comme à la maison chez Brodflour grâce au mobilier en bois blond, à la lumière naturelle et à la délicieuse odeur de pain qui flotte dans l’air.

The mill is proudly stationed in a glass-walled room just to the left of Brodflour’s entrance and is entirely visible from just about any point in the bakery. There is, in fact, hardly any separation between the mill, the kitchen and the cozy retail café that occupies about half of the space. The latter eschews conventional two-top tables in favour of a long communal one designed to encourage mingling and sharing. (A lack of public wifi helps too.) “We want the whole place to feel like someone’s home,” Gallinger says. To that end, she hired furniture and interior designers Amy Markanda and Raelen Storey, who collaborated on the space’s renovation, cabinetry and fixtures. (The single-storey, Allied-owned brick building was formerly home to a coffee shop that had been there for 20 years; it required complete gutting.) “Dara wanted a place that was super communityfocused,” Markanda says, “and a place where people could unplug for a minute, where you could enjoy the space and have a conversation.” Gallinger also wanted something very hygge, and, accordingly, from Brodflour’s very name to its pale furniture and natural light, the bakery radiates soothing Scandinavian warmth. The café—which sells a variety of sandwiches and pastries (including cardamom knots winkingly called “Cardi Bs”)—maintains that homey feel. For instance, in order to avoid the standard institutional metallic hoppers used to keep ingredients cool at your local Subway, say, Markanda and Storey installed stone countertops with adjustable cooling units underneath.

Entre ses quatre murs de verre, le moulin de Brodflour se dresse fièrement à gauche de l’entrée : on peut le voir où que l’on soit dans la boulangerie. Rien ne le sépare vraiment, en fait, des cuisines ou du coin client qui occupe la moitié de l’espace. Chaleureux, ce dernier a banni les traditionnelles tables de deux au profit d’un grand plateau commun, favorisant les échanges. L’absence de wi-fi public y est aussi pour beaucoup. « On voulait que les gens se sentent ici comme chez eux », note Dara Gallinger. Pour ce faire, elle a engagé Amy Markanda et Raelen Storey, deux designers d’intérieur qui ont tout rénové et réaménagé du sol au plafond, armoires et éclairage compris. Le local de brique de plain-pied, appartenant à Allied, abritait un café depuis 20 ans et avait besoin d’une complète remise à neuf. « Dara souhaitait un lieu ultraconvivial, où les gens puissent se déconnecter quelques minutes et en profiter pour discuter dans un décor agréable », explique Amy Markanda. Elle voulait aussi quelque chose de très hygge, cette recette du bien-être à la danoise combinant simplicité, calme et douceur, d’où le mobilier en bois clair, la lumière naturelle et la délicieuse odeur de pain, de viennoiseries et de café flottant dans l’air. Ou encore, au lieu des traditionnels bacs métalliques qui gardent les ingrédients au frais, comme chez Subway par exemple, ces dessus de comptoir en pierre munis de systèmes de refroidissement réglables, dissimulés en dessous.

BLOCK / 23


The Interior / L’intérieur

“I want people to think of bread as this living, fresh thing—like produce.” / « Je voulais que les gens voit le pain comme un produit frais, vivant. »

Gallinger wants to sell bread, of course, but, more than that, she wants to reposition the product category itself. It shouldn’t be sitting on a shelf, full of preservatives, she says. “I want people to think of bread as this living, fresh thing—like produce.” As if to illustrate the point, there’s a fig tree in the centre of the bakery, poking up through a hole in an ovoid slatted oak bench. Look a bit closer—its leaves are lightly coated with flour. / Dans sa boulangerie flambant neuve, Dara Gallinger propose des sandwichs, des viennoiseries (dont de délicieux roulés à la cardamome, nommés Cardi Bs) et du pain, bien entendu. Un aliment qu’elle désirait repositionner : pas question qu’il soit présenté sur des tablettes, rempli d’agents de conservation, non. « Je voulais que les gens le voit comme un produit frais, vivant ». Comme pour illustrer son propos, un figuier trône au centre de Brodflour, surplombant un banc en lattes de chêne. Regardez-le de plus près, ses feuilles sont saupoudrées de farine.

24


The Interior / L’intérieur

BLOCK / 25


The Business / L’entreprise

Take the Floor Twenty-five years ago, Interface became one of the world’s first sustainable flooring companies, changing the industry in the process. Now they’re doing it again. / Il y a 25 ans, Interface révolutionnait l’industrie en devenant l’une des premières entreprises de revêtements de sol durables au monde. Aujourd’hui, elle récidive. BY / PAR DAVIEL LAZURE VIEIRA  PHOTOS BY / PAR DEREK SHAPTON

THE LATE RAY ANDERSON was already the CEO of the world’s most

successful modular-carpet manufacturer when he was asked, and could not provide an answer to, the question of what his company was doing to protect the environment. A graduate of Georgia Tech, he’d spent more than 14 years working with America’s leading flooring manufacturers before branching out on his own. He founded his company, Interface, in 1973 and saw enormous success by the mid1990s. But it was not until he read Paul Hawken’s seminal book, The Ecology of Commerce, that he considered the end of life of his products. The problem is rampant to this day. In 2015, the U.S. Environmental Protection Agency (EPA) estimated that carpets and rugs in municipal solid waste amounted to 3.6 million tons, not to mention the petroleum required to produce the product.

26

FEU RAY ANDERSON était déjà à la tête de l’entreprise de tapis modulaire la plus prospère du monde quand on lui a demandé ce qu’il faisait pour protéger l’environnement : une question restée alors sans réponse. Ce diplômé de l’Institut de technologie de Géorgie avait travaillé plus de 14 ans avec de grands fabricants de revêtement de sol américains avant de se lancer en solo avec Interface en 1973. Ce n’est qu’au milieu des années 1990 qu’il prend conscience de la durée de vie de ses produits grâce au livre phare de Paul Hawken, L’écologie de marché. Un sujet toujours d’actualité puisqu’en 2015 l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) estimait à 3,6 millions de tonnes la quantité de carpettes et tapis dans les déchets municipaux, sans compter le pétrole nécessaire à leur fabrication.


Interior designer and regional sales director Maritess de Guzman at Interface’s Toronto showroom—a showcase of the company’s innovations. / Maritess de Guzman, designer d’intérieur et directrice régionale des ventes, dans la salle de montre d’Interface à Toronto : une vitrine pour cette entreprise innovante.

BLOCK / 27


The Business / L’entreprise

“OUR MISSION IS TO CREATE POSITIVE SPACES.” / « NOTRE MISSION EST DE CRÉER DES ESPACES POSITIFS. »

In 1994, Anderson publicly committed to eliminating Interface’s negative impact on the environment by 2020. That meant radically reducing the company’s carbon footprint, water usage and waste materials. He assembled a team of green leaders: biologist Janine Benyus, environmental designer Bill Browning and Hawken himself. “Back then, this was completely unheard of,” says Maritess de Guzman, an interior designer who joined Interface in 2014 and is now regional sales director in Toronto. Anderson’s decision meant that everything had to change—from sourcing raw materials to ensuring that the entire supply chain adhered to sustainable standards. “He understood very clearly that it was our responsibility, as a corporation, to make sure that we were not plunderers of the earth,” says de Guzman. Since then, Interface has become a leader in corporate environmentalism. Interface’s Toronto showroom, nestled on the 16th floor of Allied’s QRC West building, brings the company’s innovations to the attention of an ever-growing Canadian market. For a recent condo project on Front Street, Interface installed its water-themed modular carpet floor, Net Effect, the product of an initiative

28

En 1994, le PDG d’Interface s’engage publiquement à diminuer l’impact négatif de son entreprise sur l’environnement d’ici 2020 grâce à une réduction drastique de l’empreinte carbone ainsi que des eaux usées et des déchets. Il s’entoure d’une équipe écolo, composée de Janine Benyus, biologiste, Bill Browning, designer de l’environnement et Paul Hawken lui-même. « C’était du jamais vu à l’époque », souligne Maritess de Guzman, designer d’intérieur chez Interface depuis 2014 et aujourd’hui directrice régionale des ventes à Toronto. La décision de Ray Anderson oblige un changement complet de la chaîne logistique, à commencer par l’approvisionnement en matières premières, afin de respecter les normes de durabilité. « Il avait clairement compris qu’il était de notre responsabilité, en tant qu’entreprise, de ne pas piller la planète », ajoute-t-elle. Depuis, Interface est devenue un chef de file de l’environnementalisme. Dans sa salle de montre torontoise, située au 16e étage du QRC West, un immeuble appartenant à Allied, Interface présente ses produits innovants à un marché canadien en pleine croissance. Comme Net Effect, un tapis modulaire sur le thème de l’eau lancé en 2011 et installé tout récemment dans des condos neufs rue Front.


The Business / L’entreprise

Interface’s Simple Abstraction collection (opposite) is made with 100 per cent recycled nylon. Now that all their carpet tile (left) is carbon neutral, Interface is set on restoring the planet through carbon-storing carpet, for example. The Toronto showroom at QRC West (above). / La collection Simple Abstraction d’Interface est fabriquée à partir de nylon 100 % recyclé (page ci-contre). L’entreprise vise aujourd’hui l’absorption du CO2 par ses carreaux de tapis, qui sont tous déjà carboneutres (à gauche). La salle de montre torontoise à QRC West (ci-dessus).

launched by the company in 2011. “We discovered that the fishing nets used by coastal communities were made of the same yarn that we use for our carpet tiles,” says de Guzman. Interface partnered with the Zoological Society of London to help collect and clean the nets; they were then sold to Aquafil, one of Interface’s main suppliers, which turned them into carpet nylon. The project began in the Philippines and has expanded to places like Cameroon and Indonesia—in fact, they’ve collected enough nets to go around the world twice. “Our mission is to create positive spaces,” says de Guzman. “It’s all about happier people, better products and a healthier planet.” Now that Interface is about to hit its original goal, being carbon neutral isn’t good enough anymore; the company is now seeking to reverse the negative consequences of global warming. Their next project is a tile prototype that will capture and store carbon dioxide to reduce the amount of CO2 released into the atmosphere. It sounds a little like science fiction, but Anderson’s colleagues consider it a fitting tribute to his legacy. “It’s a big, hairy, audacious goal, but we’re up for the challenge,” says de Guzman. “Bring it on.”

« On a découvert que les filets de pêche étaient faits à partir du même fil que celui de nos tapis », poursuit Maritess de Guzman. L’entreprise s’est alors associée à la Société zoologique de Londres pour l’aider à récupérer les filets usagés, les nettoyer et les vendre ensuite à Aquafil, un des principaux fournisseurs d’Interface, qui les transforme en nylon. Le projet a commencé aux Philippines, puis s’est étendu en Indonésie et jusqu’au Cameroun. À ce jour, ils ont récupéré assez de filets de pêche pour faire deux fois le tour du monde. « Notre mission est de créer des espaces positifs : une planète plus propre avec gens plus heureux et de meilleurs produits », ajoute-t-elle. Sur le point d’atteindre son objectif de départ, la neutralité carbone, Interface ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle cherche à présent à inverser les effets du réchauffement climatique grâce à son prochain prototype : un carreau de tapis capable d’absorber le CO2 présent dans l’atmosphère. Un projet qui tient de la science-fiction, mais qui serait un bel hommage rendu à Ray Anderson. « C’est audacieux, c’est risqué, mais on est prêt à retrousser nos manches pour relever le défi », conclut Maritess de Guzman.

BLOCK / 29


Work-in-Progress / Le chantier

30


Work-in-Progress / Le chantier

Let There Be Life BY / PAR CHRISTINA PALASSIO   IMAGES COURTESY OF / FOURNIES PAR LIVING ARCHITECTURE SYSTEMS GROUP

With its every flutter and glimmer, Philip Beesley’s sculpture asks us to consider what it would be like if our built forms were responsive and intelligent— in other words, alive. / Zoom sur la sculpture architecturale de Philip Beesley, qui nous incite à réfléchir à un futur habité de formes bâties à la fois intelligentes et sensibles, autrement dit, vivantes.

BLOCK / 31


Work-in-Progress / Le chantier

Architect and experimental sculptor Philip Beesley sketches to understand how the geometries of Amatria’s components tile together to create larger systems. / Rien de tel que des croquis pour agencer les

multiples composants à géométrie variable d’Amatria, selon l’architecte et sculpteur expérimental Philip Beesley.

ON MARCH 15, 2018 , hundreds of packages containing more than 400,000 small, individual parts—microprocessors, LED lights, white Mylar pieces, glass bulbs and wire bits—left the Junction Triangle in Toronto on a 70-foot flatbed truck destined for Bloomington, Ind. There, prize-winning architect Philip Beesley and 200 volunteers spent nearly a month snapping sensors into place, heating and shaping the Mylar fragments and hanging laser-cut acrylic pieces and fluid-filled glass bulbs to bring an 80-by-80-foot piece of responsive artwork, called Amatria, to life. “I have very specialized blisters,” Beesley says with a laugh. “And to my surprise and delight, a lot of my colleagues in Indiana have similar ones. It’s evidence of us being kindred spirits.” In the year since its launch, Amatria has become a magnet for students, engineers, selfie-takers and even newlyweds looking for an unforgettable photo backdrop. Thousands of people have flocked to the fourth floor of the University of Indiana’s School of Informatics, Computing, and Engineering to watch as the artwork moves, flashes and even whispers in response to the human stimuli it picks up via its sensors and microphones. Suspended from the ceiling, Amatria looks like, well, like nothing you’ve ever seen before. A graceful celestial being? A benevolent alien life form? An intricate underwater coral structure? It is at once awe-inspiring and strangely defamiliarizing. But the most

32

remarkable thing about the sculpture is how it interacts with, and adapts to, its surroundings. “The meshwork of sensors that exist within the sculpture not only act as interfaces to be stimulated to respond but they also track their own behaviours, just like our own body works and records what’s happening,” says Beesley. “That means that the machine environment can start to experiment and say ‘If [I] were to do this,[would there be] any consistency and pattern to how humans respond?’ Much like a little child finding relationships, or a pet or a plant growing toward the light, the sculpture adapts.” The idea was born during a conversation between Beesley, a visual artist, architect and professor, and Katy Börner, an engineer, information scientist and distinguished professor at the University of Indiana. They’re both collaborators in the Living Architecture Systems Group, an international network of practitioners who are investigating how living architecture can enhance the human experience. Together, they imagined a physical structure that could interact with its human environment and make complex information systems visible. The sculpture came to life in Beesley’s hand-drawn sketches; then it was transferred to the computer for further 3-D modelling by the team in his studio on Toronto’s Sterling Road. Many of the pieces were then printed and cut in the studio.


Work-in-Progress / Le chantier

Philip Beesley’s studio is alive with biomimetic components, many of which have evolved over multiple iterations and years (previous spread). An unfolded exterior plan shows hexagonal units and central cabling nests that provide computing power to LEDs, speakers and motors (right)./ Le biomimétisme est à l’honneur dans l’atelier de Philipe Beesley, qui s’inspire d’éléments ayant évolués au cours de milliards d’années (page ci contre). Un plan extérieur des unités hexagonales, où sont nichés les câbles d’alimentation des lampes à DEL, haut-parleurs et moteurs (à droite).

LE 15 MARS 2018, des centaines de paquets contenant plus de 400 000 petites pièces détachées, microprocesseurs, lampes à DEL, Mylar blanc, ampoules, fils électriques, quittaient Toronto à bord d’un camion, direction Bloomington en Indiana. Philip Beesley l’attendait à son arrivée. L’architecte, aidé de 200 bénévoles, a alors positionné des capteurs, façonné des fragments de Mylar à chaud, suspendu des morceaux d’acrylique découpés au laser et autres ampoules remplies de liquide. Un mois plus tard, Amatria, œuvre d’art réactive de 24 mètres de long et de large, était née. « J’ai les mains pleines d’ampoules, lance Philip Beesley en riant. Et, à ma grande surprise, et joie, mes collègues en Indiana ont les mêmes. La preuve d’un bel esprit d’équipe! » Depuis son lancement voilà un an, Amatria attire comme un aimant les étudiants, les ingénieurs, les amateurs d’égoportraits et même les jeunes mariés en quête d’une toile de fond inoubliable. Les visiteurs affluent par milliers au quatrième étage de l’École des sciences de l’information et des calculs informatisés de l’Université de l’Indiana pour voir la sculpture bouger, s’illuminer et surtout chuchoter en réponse aux stimuli humains qu’elle détecte via ses capteurs et ses micros. Accrochée au plafond, Amatria ressemble à… du jamais vu. Est-elle un être céleste plein de grâce? Un extra-terrestre bienveillant? Une formation corallienne complexe? Elle est, quoi qu’il en soit, fascinante et artistiquement dépaysante : la chose la plus remarquable étant sa

façon d’interagir et de s’adapter à ce tout qui l’entoure. « Le réseau de capteurs, nichés à l’intérieur de la sculpture, agit non seulement comme une interface qui répond quand on la stimule, mais suit aussi ses propres comportements, comme notre corps qui mémorise ce qui lui arrive, explique Philip Beesley. Elle est donc capable d’expérimenter et de se dire : ‘Si j’agis de telle manière, les humains réagiront-ils en retour de façon cohérente et logique?’ Elle est comme un enfant qui découvre les rapports humains ou une plante, la lumière : elle s’adapte. » Amatria est née d’une collaboration entre Philip Beesley, artiste visuel, architecte et professeur, et Katy Börner, ingénieure, informaticienne et professeure distinguée de l’Université de l’Indiana, qui font tous deux partie du Living Architecture Systems Group, un groupe international de praticiens étudiant les effets de l’architecture vivante sur l’être humain. C’est ensemble qu’ils ont imaginé une structure physique capable d’interagir avec son entourage et de rendre visible des systèmes d’information complexes. Philip Beesley a commencé par la dessiner à la main, puis l’a faite modéliser en 3D par son équipe dans son atelier rue Sterling à Toronto. La plupart des pièces la composant y ont ensuite été imprimées et découpées. Côté montage, on aurait dit la confection d’une courtepointe à plusieurs, décrit l’artiste. Toute une kyrielle de bénévoles, dont des étudiants, des membres du personnel de l’université et parfois

BLOCK / 33


Work-in-Progress / Le chantier Living Architecture Living Architecture Living Architecture Systems Group/ Systems Group/ Systems Group/ Philip Beesley Philip BeesleyPhilip Beesley Architect Inc. Architect Inc.Architect Inc. 213 Sterling Road Suite 200 Toronto, Canada M6R2B2 web: lasg.ca tel: 416 766 8284

By

Date

Status

VF

18/02/05

DS

213 Sterling Road Suite 200 213 Sterling Road Suite 200 Toronto, Canada Toronto, Canada M6R2B2 M6R2B2 web: lasg.ca web: lasg.ca tel: 416 766 8284 tel: 416 766 8284

Rev ByBy RevDate Date

VF 18/02/05 18/02/05

Status

Rev By Rev Date By Date18/02/05 Status

DS

VF

18/02/05

Rev By

Rev Date

DS

18/02/05

Notes Notes ------------------------------------------------------------------------------------------------------------Notes -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Phase

Phase

Draft Schematic Design

Draft Schematic Design

Project

Project

17540 Luddy Hall

Phase

Draft Schematic Design

17540 Luddy Hall Project

17540 Luddy Hall Drawing Title

Drawing Title

Glass Component

Glass Component

Sheet

Sheet

Drawing Title Living Architecture Living Architecture Living Architecture Glass Component Systems Group/ Systems Group/ Systems Group/ Philip BeesleyPhilip Beesley Philip Beesley Architect Inc. Architect Inc. Architect Inc.

----------------

213 Sterling Suite 200213 Sterling Road Suite 200 213 Sterling Road Road Suite 200 ---------------Toronto, Canada Toronto, Canada Toronto, Canada M6R2B2 M6R2B2 M6R2B2 Sheet

web: lasg.ca ---------------tel: 416 766 8284

web: lasg.ca web: lasg.ca tel:766 4168284 766 8284 tel: 416

By

By Status Rev By Date Rev Date Status DateDateStatus Rev By By Rev Date

VF

VF 18/02/05DS 18/02/05

DS

VF

18/02/05 18/02/05 DS 18/02/05

Rev By

Rev Date

18/02/05

Notes Notes Notes -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

PhasePhase

Phase

Project Project

Project

Drawing Drawing Title Title

Drawing Title

SheetSheet

Sheet

Draft Schematic Draft Schematic Draft Schematic Design Design Design

17540 Luddy 17540 Luddy HallHall 17540 Luddy Hall

Glass ComponentGlass Component Glass Component

-------------------------------

“Filled fig glass” and “branch” components are so named for their shape. Some bulbous glass elements are filled with coloured water and chemicals of differing densities, which react over time to create solid matter./ « Ampoule figue » ou « branche », les éléments sont nommés d’après leur forme. Certaines ampoules sont remplies d’eau colorée et de produits chimiques de densités différentes, qui passeront de l’état liquide à solide.

34

----------------


Work-in-Progress / Le chantier

A detailed view of the feathery “moths,” bulbous “proto cells” and glass chains that comprise Amatria (above). Beesley sketched out these components, quickly and gesturally, and continues to do so throughout the process of fabrication (below). / Gros plan sur la dentelle ouvragée d’Amatria, ses « protocellules » renflées et filaments de verre façon plume ou papillon (ci-dessus). Philip Beesley a dessiné chaque élément, d’une main souple et précise, tout au long de la production (ci-dessous).

The moths’ delicate movements are powered by a cellphone motor in response to external stimuli, like a person waving their hand nearby. / Un moteur de téléphone mobile permet aux papillons de se mouvoir gracieusement en réponse aux stimuli externes, comme une main qui s’agite.

BLOCK / 35


Work-in-Progress / Le chantier

“Much like a little child finding relationships, or a pet or a plant growing toward the light, the sculpture adapts.” / « Comme un enfant qui découvre les rapports humains ou une plante, la lumière, la sculpture s’adapte. »

Beesley describes the assembly as a kind of quilting bee. Volunteers, including students, staff and members of the public, painstakingly pieced Amatria together during days that sometimes stretched into late nights, often culminating in epic long-table dinners. Through the process, people with no knowledge of engineering or information science learned how the sculpture works and became its stewards, transmitting their knowledge to others—a ripple effect of making. At the launch, that ripple was made visible: The sculpture, as Beesley describes it, “came alive in a fairly joyous moment of starting to flux and breathe and whisper. And it has continued, in the months since, to do so.” At its core, Amatria aims to inspire a new generation to imagine how engineering can create and shift emotion, social interaction and values while disrupting traditional ideas about what the field is and does. “Amatria has converted the fourth-floor atrium of Luddy Hall into a living laboratory,” says Börner. “It helps us envision and implement a future where artificial intelligence and human intelligence work, study and live together to tackle challenges none could master alone.”

36

même des visiteurs, ont minutieusement assemblé ce délicat enchevêtrement qu’est Amatria, et ce, pendant de longues journées s’étirant parfois tard le soir et se terminant souvent en joyeux banquets. Les personnes qui ne connaissait rien en informatique ou en électronique ont appris au fur et à mesure, puis ont transmis leur savoir aux autres, passant du savoir-faire au faire savoir. Ce partage de connaissances a été manifeste le jour du lancement, quand la sculpture s’est enfin animée : « Elle s’est mise à onduler, à respirer, à chuchoter au plus grand bonheur de tous. Depuis des mois, elle continue de faire son œuvre », conclut Philip Beesley. Amatria vise surtout à inspirer une nouvelle génération d’ingénieurs, à les encourager à utiliser leurs compétences pour créer de l’émotion, de l’interaction sociale et bousculer par là-même les idées reçues dans leur domaine. « Elle a transformé le quatrième étage du Luddy Hall en laboratoire vivant, note Katy Börner. Elle nous aide à imaginer un avenir où l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine travailleraient, étudieraient et vivraient ensemble afin de relever des défis qu’aucune des deux ne peut relever seule. »


Work-in-Progress / Le chantier

BLOCK / 37


The Conversation / La conversation

Happy Days Can we design our cities to make us feel more connected, gracious, grateful and happy? / Quelle est cette chose que nous appelons le bonheur? Et comment l’urbanisme peut-il y contribuer?

CHARLES MONTGOMERY IS AN AUTHOR AND THE FOUNDING

JANE FARROW IS A PUBLIC CONSULTATION SPECIALIST

PRINCIPAL OF HAPPY CITY, AN URBAN PLANNING, DESIGN AND

WORKING IN THE AREAS OF CITY BUILDING, TRANSPORTATION

ARCHITECTURE CONSULTANCY. / CHARLES MONTGOMERY,

PLANNING, CULTURE STRATEGY AND ECONOMIC

AUTEUR ET DIRECTEUR FONDATEUR DE HAPPY CITY, UN CABINET

DEVELOPMENT POLICY. / JANE FARROW, SPÉCIALISTE

DE CONSEIL EN ARCHITECTURE ET AMÉNAGEMENT URBAIN.

EN CONSULTATION PUBLIQUE DANS LES DOMAINES DE L’URBANISME, LA PLANIFICATION DES TRANSPORTS ET LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE ET CULTUREL.

38


The Conversation / La conversation

JF Your research and writing has galvanized people around the world to solve urban challenges with the deceptively simple measurement of happiness. But when you start quantifying something as slippery and subjective as wellbeing, it’s daunting. How do you capture what happiness means for something as big as a city and as personal as an individual? /

Vos publications poussent des gens du monde entier à résoudre des problématiques urbaines en mesurant le bonheur, un état plus compliqué à quantifier qu’il n’y

paraît tellement il est subjectif et insaisissable. Comment faitesvous pour évaluer le bien-être à l’échelle d’une ville ou à celle plus personnelle d’un individu?

boost self-reported happiness. Picture a Venn diagram where healthy, happy and thriving overlap. That would be the happy city zone. / Dans la ville

For me, “happy” is shorthand for a lot of things. With cities, we’re talking about places that nurture a good life for all of us, across geography and generations. The Happy City enables us to live longer, healthier lives and helps us thrive as individuals. It also includes places that are inclusive and open and that

heureuse, le mot « heureux » est un raccourci pour beaucoup de choses, notamment un lieu où chacun vit bien où qu’il soit, de génération en génération. La ville heureuse nous permet de vivre plus longtemps, plus sainement et contribue à notre épanouissement en tant qu’individus. C’est aussi un lieu inclusif, ouvert, qui stimule le bonheur autodéclaré. Imaginez un diagramme de Venn où santé,

CM

bonheur et épanouissement se chevaucheraient : cette zone serait celle de la ville heureuse. JF A quick web search on happy cities brings up results that rank Nordic countries consistently near the top. They seem to use a predictable and somewhat culturally biased set of indicators, like bike lanes, large public spaces, connectivity and health care—all good things, but lots of cities in Latin America, Asia and Africa don’t have these external conditions. How can we measure civic happiness

BLOCK / 39


The Conversation / La conversation

without falling down a rabbit hole of cultural insensitivity? / Quand on fait une recherche rapide en ligne sur les villes heureuses, les pays nordiques apparaissent en tête. Ils semblent utiliser un ensemble d’indicateurs prévisibles et quelque peu partiaux, culturellement parlant, comme les pistes cyclables, les grands espaces publics, la connectivité, les soins de santé. Tout cela est très bien mais de nombreuses villes d’Amérique latine, d’Asie ou d’Afrique n’ont pas ces conditions. Comment mesurer le bonheur civique sans tomber dans l’insensibilité culturelle?

In our work, we do everything we can to go beyond the most obvious markers of happy places to try to understand how a building, neighbourhood or city is going to impact social relationships and how people experience their environment. And the sad truth is that we keep building cities that keep us apart, that enhance that social isolation and separate people from each other. Car

CM

“THE GREAT CHALLENGE FOR URBAN SOCIETIES IS TRUST.” / « LE GRAND DÉFI DE LA SOCIÉTÉ CITADINE EST LA CONFIANCE. » 40

dependency, for instance, can be a bigger predictor of social disconnection than, say, parks. It’s a complex recipe. We also find that a sense of belonging is an important contributor not only to individual happiness and health, but also to the economic health of a place. Cities where people express a strong sense of belonging tend to do much better economically. / Dans notre travail, on fait tout notre possible pour dépasser les marqueurs évidents du bonheur urbain afin de comprendre les impacts d’un immeuble, d’un quartier ou d’une ville sur les relations sociales et la façon dont les gens vivent dans leur collectivité. La triste vérité est qu’on continue à bâtir des villes non rassembleuses, qui favorisent l’isolation sociale et séparent les citoyens. La dépendance à la voiture, par exemple, est un indice de rupture du lien social plus grand que les parcs. La recette n’est pas simple. On note aussi que le sentiment d’appartenance contribue de manière importante tant au bonheur et à la santé de l’individu qu’à la vitalité économique du lieu. Les villes où ce sentiment est fort ont tendance à faire mieux d’un point de vue économique.

JF And so how are Canadian cities doing? / Qu’en est-il des

villes canadiennes?

CM The data suggests that the happiest Canadian cities are those where the residents report the highest level of trust with neighbours and strangers. Bigger cities like Toronto, Montreal and Vancouver don’t score as well; smaller to medium-sized cities do better. Like Saint John: It’s a champ widely known for its high

levels of social connection and neighbourliness. Now, we don’t all have to move to small towns, but we do need to reclaim what we had in small towns, which is social trust and connection. And that is true around the world. / Les données laissent à penser que les villes canadiennes les plus heureuses sont celles où les habitants déclarent le plus haut niveau de confiance à l’égard de leurs voisins et des inconnus. Des métropoles comme Toronto, Montréal et Vancouver ne se classent pas aussi bien que les villes plus petites. Les citoyens de Saint John, au NouveauBrunswick, sont les champions, bien connus pour la richesse de leur vie sociale et leur esprit de bon voisinage. Cela ne veut pas dire qu’on doit tous déménager, mais qu’on doit se réapproprier ce que l’on avait dans nos petites villes, à savoir le lien social et la confiance. Et ceci est valable dans le monde entier. JF There could be a corollary in some of the research and engagement I’ve done in suburban Toronto neighbourhoods that many would consider unsafe. Residents there spoke glowingly about how connected and safe they feel in their neighbourhoods because they know everyone. They help each other with errands, shopping, child-minding and food prep. / Il pourrait y avoir un corollaire

dans certaines recherches que j’ai effectuées dans des quartiers de la banlieue torontoise que plus d’un jugeraient dangereux. Leurs habitants parlent en termes élogieux de leur lien social et de leur sentiment de sécurité, dû au fait que tous se connaissent. Ils s’entraident que ce soit pour les

courses, la cuisine ou la garde des enfants.

Exactly. Interestingly, one way to measure this social trust is the lost-wallet test. People are asked if they believe their wallet or purse would be returned if they lost it in public. Most Canadians, when asked this question, will say no, yet when the Toronto Star scattered fake lost wallets around the city, 80 per cent of them were returned. People are more trustworthy than most of us think. / Tout à

CM

fait. D’ailleurs, le test du portefeuille perdu est intéressant pour mesurer la confiance sociale : on demande aux gens s’ils croient que leur portefeuille leur serait rendu s’ils le perdaient dans l’espace public. La majorité des Canadiens répondront non, pourtant quand le Toronto Star a dispersé de faux portefeuilles un peu partout en ville, Résultat : 80 % ont été retournés. Les gens sont plus honnêtes qu’on le croit. JF I worked on a planning study recently that created new design guidelines to help make condos and residential towers more family-friendly. With the


The Conversation / La conversation

crisis in housing affordability, more young families are figuring out how to make a go of raising kids in these smaller spaces. It’s inspiring to see how they’ve hacked their condos to accommodate bunk beds and play spaces and even repurposed amenity spaces for family activities. Most say the trade-offs are worthwhile because transit is nearby, reducing their reliance on cars and bringing them closer to other families and amenities like grocery stores, libraries and schools. They all noted how much more they’ve connected with their neighbours now that they have kids. / J’ai travaillé récemment sur la conception de nouvelles directives destinées à rendre les immeubles résidentiels plus accueillants pour les familles. À cause de la crise de l’accessibilité au logement, de plus en plus de jeunes familles se débrouillent pour élever leurs enfants dans des espaces restreints. Leurs idées d’aménagement sont inspirantes : combinaison de lits superposés et coin de jeu, et même réaffectation d’aires communes aux activités familiales. La plupart s’estiment gagnantes au change car elles sont proches des transports en commun, réduisant leur dépendance à la voiture et les rapprochant d’autres familles et de services tels les écoles, bibliothèques et commerces. Toutes constatent l’importance des relations de voisinage depuis qu’elles ont des enfants. CM It’s funny, when we talk about sociability and neighbourliness, we always seem to end up on co-housing. I’m part of one of these groups myself, but the big problem with co-housing is it takes lots of money and time to build. We’ve worked with a

development team in Vancouver to remove some barriers to this way of living. The result is Tomo House, which knits together 12 households sharing space but with lots of privacy. It’s not co-living so much as soft social encounters and the option to share meals and space. And the City of Vancouver has actually approved the project, so that’s exciting. / C’est drôle, quand on parle sociabilité et voisinage, on finit toujours par en arriver à la vie en coop. Mais le problème avec les coopératives d’habitation, c’est que c’est long et cher à construire. On a travaillé à faciliter ce mode de vie avec des promoteurs à Vancouver et ça a donné Tomo House : 12 ménages qui vivent ensemble tout en préservant leur intimité. Ce n’est pas de la cohabitation en tant que telle, mais plus des échanges sociaux en douceur et la possibilité de partager les repas et les espaces communs. Et nous sommes ravis, car la ville de Vancouver a accepté le projet!

Gentle density—exactly what cities need. Let’s hope the barriers in zoning and public attitudes evolve quickly to close the gap in civic literacy that is making it harder to build great cities. People don’t seem to know, or want to know, what it takes to run a city. If you ask me, it’s nothing short of miraculous that I can twist a tap in the shower and have purified hot water pour over my head. Step back and consider how much genius, collaboration, engineering and taxes—yes, property taxes—go into making that happen. But people seem so “meh” about it. I’ve wondered if it’s related to happiness, because gratitude is a big part of well-being. Any

JF

thoughts about the gratitude deficit, civic literacy and the urban happiness ratio? / Une douce densité, c’est exactement ce dont les villes ont besoin. Espérons que les barrières côté zonage et idées reçues tomberont vite afin de combler l’écart en matière d’éducation civique, qui rend difficile l’aménagement de grandes villes. Personne ne semble savoir, ou ne veut savoir, ce qu’implique leur gestion. Personnellement, je ne trouve rien de moins miraculeux que d’avoir de l’eau propre et chaude qui me coule sur la tête en ouvrant simplement le robinet de la douche. Combien d’ingéniosité, de collaboration, de technique et de taxes – oui, de taxes municipales –, faut-il pour rendre cela possible? Sauf que tout le monde semble blasé. Je me demande si cela a un lien avec le bonheur, la gratitude représentant une grande part du bien-être. Que pensez-vous du rapport entre déficit de gratitude et bonheur urbain?

You’re right: Most of us fail to understand how grateful we should be for the riches created by our collective project. But at Happy City, we say that we’re here to do not self-help but city-help. So while I think you’re right, I don’t know the answer to the gratitude question. I do know that in the end, the great challenge for urban societies is trust. We don’t trust each other enough, and we don’t trust our bureaucrats—or politicians— enough. And most of the time they are worthy of our trust. It’s easy to oppose projects, but when we pull together and share evidence of good design, proven principles, inclusion,

CM

“GRATITUDE IS A BIG PART OF WELL-BEING.” / « LA GRATITUDE REPRÉSENTE UNE GRANDE PART DU BIEN-ÊTRE. » health and social connection, disparate interests can come up with clever solutions and compromises. Anytime people work together for these goals, it makes cities more welcoming and inclusive while also increasing our own happiness. / Vous avez raison : plusieurs d’entre nous n’arrivent pas à saisir la reconnaissance dont on devrait faire preuve à l’égard des richesses créées par la collectivité. Chez Happy City, on aime à dire qu’on est là non pas pour s’aider, mais pour aider la ville. Tout ce que je sais, c’est qu’au final, le grand défi de la société citadine est la confiance. On ne fait pas assez confiance à l’autre ainsi qu’à nos bureaucrates ou à nos politiciens. Pourtant, la plupart du temps, ils en sont dignes. C’est facile de s’opposer à un projet, mais quand on coopère et avance les preuves d’un bon aménagement avec des principes d’inclusion, de santé et de lien social, des solutions ingénieuses naissent d’intérêts disparates. Chaque fois que les gens collabore en ce sens, la ville devient plus accueillante, plus inclusive tout en décuplant notre propre bonheur.  ILLUSTRATIONS BY / PAR SAM ISLAND

BLOCK / 41


Made / Fabriqué

Up to Scratch Studio Watson’s multilevel sculptures were inspired by a love of cats. In fact, they were made for them. / Les sculptures multiétages du Studio Watson sont faites pour les chats, par amour des chats.

IMAGE COURTESY OF / FOURNIE PAR STUDIO WATSON

BY / PAR SARAH LISS

42


Made / Fabriqué

AS ANY TRUE AILUROPHILE knows, a cat’s gotta climb. Big-box pet stores

have no shortage of options when it comes to structures that enable this innate feline need. But as Toronto artist and textile designer Janna Watson points out, those structures are typically “covered in horrible, gross, beige industrial carpet.” The self-described “crazy cat lady” says her sensibilities were particularly offended by the available options. And ironically, she’s been unable to keep rugs in her house. “My two cats just rip them up. I’ve had about 20 different scratchers, but they don’t like them.” Initially, Watson conceived of making rudimentary scratchers out of Studio Watson textiles. But in December 2018, after the unexpected death of one of her cats, a peripatetic pet who had a particular hold on the artist’s heart, a different idea took shape. “I wanted to honour Baby, because she was the one who liked to really rip shit up.” Watson and her studio assistant, Claire Hamilton, eagerly embraced the challenge of creating a better, more beautiful cat condo, one that would balance aesthetic goals like maximizing the available surface space to showcase Studio Watson textiles, and pragmatic ones, like making a stable, vertically oriented structure that would draw feline attention. Hamilton sketched out her design on 3D modelling tool SolidWorks, drawing on both neoclassical architecture and early20th-century modernism. “I’m not sure what Claire’s brain process was when she was constructing it,” says Watson, “but when I saw it, I was like, YES!” For their first model, Studio Watson outsourced the shop work: some parts were cut using a table saw or laser, others were milled. Next, Hamilton cut and deburred the steel bar for the vertical supports in the metal shop at OCAD University. They painted the final model in-house and created custom textile patterns, which were handtufted using electric tufting guns and upholstered with staple guns during the final assembly. Initially, they selected materials for entirely practical reasons: low-cost, widely available plywood, mediumdensity fiberboard, acrylic sheeting, industrial cardboard tubes and a huge amount of spray paint. Now that they’ve proved their prototype, the next hurdle will be puzzling through how to find non-toxic, furfriendly, durable materials that won’t jack up prices too exorbitantly. At the moment, Studio Watson is working on outsourcing textiles and collaborating with local fabricators, with the goal of launching the product to the public this year. That said, Watson and Hamilton note that they’re open to inquiries for custom orders. The condo of your dreams could run between $1,200 and $5,600, depending on the complexity of your design and your feline. It may sound pricey for a pet accessory, but by Toronto real estate standards, it’s a true bargain.

TOUTE PERSONNE qui aime les chats le sait : l’escalade est leur sport

favori. D’ailleurs, rien de plus facile que de trouver un arbre à chat dans une boutique pour animaux. Mais, comme le souligne Janna Watson, designer de tapis et artiste torontoise, ces structures sont généralement « recouvertes d’une horrible moquette industrielle beige sale ». Cette « femme à chats », ce sont ses mots, se dit particulièrement outrée par le choix offert. Sans compter que, ironie du sort, il lui est impossible de garder un tapis à la maison : « Mes deux chats les mettent en pièces. Je leur ai acheté 20 griffoirs différents, ils les ont tous boudés. » Sa première idée a donc été de concevoir elle-même un griffoir dans son atelier. Mais la mort, en décembre 2018, d’un de ses compagnons, un chat errant cher à son cœur, l’a amenée à revoir ses plans : « J’ai eu envie de rendre hommage à Baby car, au grand jeu du déchiquetage, c’était elle la plus douée. » Elle a alors décidé de créer un condo à chat digne de ce nom : le parfait équilibre entre esthétique et fonctionnalité, combinant beauté et qualité du tapis, signé Studio Watson bien entendu, ainsi que stabilité et verticalité pour plaire à tout félin qui se respecte. Claire Hamilton, son assistante, l’a dessiné en 3D dans le logiciel de modélisation SolidWorks, se laissant inspirer à la fois par l’architecture néoclassique et le modernisme du début du 20e siècle. « Je ne sais pas trop quels chemins a emprunté le cerveau de Claire pour en arriver là, mais quand j’ai vu le résultat, ça a été un grand oui », lance-t-elle. Pour le premier modèle, une partie du travail a été sous-traitée : découpe au banc de scie et usinage notamment. C’est dans l’atelier de métallurgie de l’Université de l’ÉADO qu’a été coupée et ébavurée la barre en acier servant aux montants. Le reste, le Studio Watson s’en est chargé : peinture de la structure, création des motifs des tapis, touffetage à la main à l’aide d’un pistolet électrique, puis habillage des différents étages au pistolet agrafeur. Pratiques, Janna Watson et Claire Hamilton ont choisi des matériaux à faible coût et en vente partout : contreplaqué, panneau de fibre à densité moyenne, feuille d’acrylique, tube en carton industriel et peinture en aérosol. Maintenant que leur prototype est homologué, leur prochain casse-tête est de trouver des matériaux durables et non toxiques (pas question d’empoisonner vos amis à poils!) sans faire grimper en flèche le prix des condos à chat. Souhaitant lancer leurs produits cette année, elles s’affairent à chercher des fournisseurs de textiles et des fabricants locaux. En attendant, elles se disent prêtes à étudier toute commande sur mesure. Selon les besoins de votre chat, et donc la complexité de la structure, le condo de ses rêves vous coûtera de 1200 $ à 5600 $. Cela peut paraître cher mais, vu les prix actuels de l’immobilier à Toronto, c’est une vraie aubaine!

BLOCK / 43


Cet hiver, bravez la neige et venez vous entraîner à CDM-GYM pour seulement 49$* par mois ! *Accès à CDM-GYM 5 jours par semaine

This winter, brave the cold and come work out at CDM GYM for only $49* per month! *Access to CDM-GYM 5 days a week

VIVRE, APPRENDRE, TRAVAILLER, SE DIVERTIR. LIVE, LEARN, WORK, PLAY. 101-80, rue Queen Street, Montréal QC H3C 2N5 / 514.363.6763 / info@cdmgym.com / cdmgym.com


TITLE TYPOGRAPHY / TYPOGRAPHIE DU TITRE COURTNEY WOTHERSPOON; PHOTO COURTESY OF / FOURNIE PAR ROMEO’S GIN

TRIUMPH OF THE SPIRIT BY / PAR STÉPHANIE VERGE

MONTREAL ENTREPRENEUR Nicolas Duvernois likes to say that his second business venture isn’t a gin with a cause—it’s a cause with a gin. Launched in 2015, following the success of Pur Vodka (which, impressively, has snagged the title of world’s best vodka five times at the Global Spirits Masters), Romeo’s Gin is much more than a showcase for taste bud-tingling botanicals. Each edition’s label features the work of a Montreal artist, and a percentage of sales is earmarked for the promotion of arts and culture through Romeo’s Foundation. But Duvernois hasn’t stopped there. In the fall of 2018, his team cut the ribbon on Canada’s first “urban art museum.” Romeo’s Museum is located in the stairwells of 5445 and 5455 Avenue de Gaspé, Allied– owned buildings in Montreal’s Mile End neighbourhood. There, 24 murals by local artists—many of which are bright, graphic works

NICOLAS DUVERNOIS aime à dire que sa deuxième création commerciale

n’est pas un gin avec une cause, mais bien une cause avec un gin. Lancé en 2015, après le succès retentissant de Pur Vodka (élue meilleure vodka du monde à cinq reprises aux Global Spirits Masters), Romeo’s Gin est plus qu’une signature aromatique destinée à régaler les papilles. Chaque nouvelle série est signée par un artiste urbain de Montréal et un pourcentage des ventes est versé au Fonds Romeo’s, chargé de promouvoir les arts et la culture. L’entrepreneur montréalais, qui voit grand, ne s’est pas arrêté là. À l’automne 2018, son équipe inaugurait le premier musée d’art urbain au Canada, situé dans dans le Mile End à Montréal et installé dans un lieu plutôt original : les cages d’escalier du 5445 et du 5455, avenue De Gaspé, deux immeubles appartenant à Allied. Tous les jours, les BLOCK / 45


Notebook / Notebook

that share some of the vernacular of graffiti, like Stikki Peaches’ punky Mona Lisa (previous page)—greet the thousands of employees who pass through the former industrial space daily. Partnering with fellow Avenue de Gaspé tenants Ubisoft and Sun Life Financial made the project financially feasible, but nothing would have happened without the enthusiastic support of Allied. “My first thought was that they were definitely going to say no to ‘Hey, hi, we want to paint your building and put up art everywhere,’ ” says Duvernois. “But it only took about 10 minutes to get an okay.” He made a pitch to the building manager in Montreal, she received approval from head office in Toronto and the rest is art history. Though he’s mum on the specifics for now, Duvernois has other plans for the building, and for other buildings in other cities. “Everything has just exploded—we receive requests each week from people wanting a Romeo’s Museum in their space,” he says. “This is something that is made for society. It’s something for the arts, something for artists, something for employees. It’s such a special adventure—and it’s much cheaper than repainting an entire building!”

milliers d’employés qui transitent par le musée Romeo’s peuvent y admirer 24 murales graphiques au langage vernaculaire, comme la Mona Lisa punk de Stikki Peaches (p. 45), réalisées par des artistes locaux. Ce projet, qui a bénéficié du soutien financier de deux locataires du complexe De Gaspé, Ubisoft et la Financière Sun Life, n’aurait pu voir le jour sans l’enthousiasme d’Allied. « Quand je suis arrivé en leur proposant de peindre des murales un peu partout sur leurs murs, je m’attendais à un non, explique Nicolas Duvernois. Mais ils m’ont donné leur accord en 10 minutes à peine. » Il a convaincu la gestionnaire du complexe, elle a reçu l’approbation de Toronto, et le tour était joué. Se refusant à dévoiler quelconque détail pour l’instant, l’entrepreneur a d’autres idées en tête pour cet endroit et d’autres ailleurs : « On est en pleine ébullition : tous les jours quelqu’un nous contacte pour avoir un musée Romeo’s dans son bâtiment. C’est quelque chose qui parle à la collectivité, qui est fait pour l’art, pour les artistes et pour les employés. C’est une incroyable aventure et c’est beaucoup moins cher que de repeindre un immeuble au complet! »

MY BLOCK / AUPRÈS DE MON BLOCK Soha Shayesteh, proprietor of Toronto’s Design Within Reach studio, on his favourite pre-, post- and mid-work spots near King Street East. / Avant, pendant et après le boulot, les bonnes adresses de Soha Shayesteh, propriétaire du magasin Design Within Reach à Toronto. NEO COFFEE BAR The authentic Japanese pastries are addictive, and the decor is understated yet expressive. Try the matcha opera cake. / Le décor tout simple est expressif et les pâtisseries japonaises ont un goût de revenez-y : essayez donc l’opéra au matcha! THE POET CAFÉ This cozy Persian-inspired café has a vibrant interior featuring beautiful artwork and design. The chicken eggplant sandwich is a favourite./ Un lieu d’inspiration persane à l’ambiance chaleureuse et à la déco design. Le sandwich poulet-aubergine y est un délice.

SCULLHOUSE ROWING One of the best rowing studios in Toronto. It has an amazing group of trainers, including a former member of the Canadian national rowing team. / Un gym où on ne fait que du rameur. Les entraîneurs, dont un ancien membre de l’équipe nationale canadienne d’aviron, sont épatants. COPETIN RESTAURANT AND BAR One of my go-to’s. Claudio Aprile’s spot is great for a chill night with friends or a business lunch. Very nice menu, great cocktails and an underappreciated decor. / Le resto de Claudio Aprile est idéal pour une soirée cool entre amis ou un dîner d’affaires. Très bon menu, super cocktails et une déco sous-estimée. 46

ILLUSTRATION BY / PAR NIK NEVES

THE BROADVIEW HOTEL The interiors at this landmark hotel were done by DesignAgency and embody what I like to call a “countryside modern” vibe. A great spot for drinks or out-of-town guests. / L’aménagement intérieur de cet hôtel historique, à l’ambiance champêtre moderne, est signé DesignAgency. Parfait pour prendre un verre avec des amis en visite.


Notebook / Notebook

WELLNESS HACKS / OBJECTIF BIEN-ÊTRE

THE LESSON / UNE BONNE LEÇON

CHRIS NOWLAN, PRESIDENT, CEO AND HEAD BEER GEEK, INNER CITY BREWING / CHRIS NOWLAN, PDG ET BIÉROPHILE EN CHEF DE LA MICROBRASSERIE INNER CITY BREWING

I STAY FIT BY… lifting heavy bags of

malt, hops and kegs of beer. I also practise karate with my son weekly. / Pour garder la forme…

je soulève des sacs de malt, de houblon et des fûts de bière. Je fais aussi du karaté une fois par semaine avec mon fils. WHEN I WANT TO DE-STRESS… you

guessed it: A beer with friends is the best way for me to re-centre myself. / Pour décompresser…

vous l’aurez deviné : prendre une bière entre amis est pour moi le meilleur moyen de me recentrer.

FOR THE RARE TIMES WHEN I OVERDO IT… ibuprofen, for its anti-

inflammatory properties, drink water to ensure I’m hydrated and take vitamin B complex to help my liver with the extra workload. But there is no cure for a hangover: Don’t binge! / Pour soulager une gueule de bois occasionnelle… de l’ibuprofène pour ses propriétés antiinflammatoires, de l’eau pour m’hydrater et des vitamines B pour désengorger mon foie. Mais le vrai remède n’existe pas : buvez avec modération!

RAY REDDY

Co-founder & CEO, Ritual / Cofondateur et PDG de Ritual

CREATIVE FIX / COMBINE CRÉATIVE In-house event planners and executive assistants were engaging with www.robin.live, a corporate concierge platform that provides unique experiences, but they weren’t effectively translating the offers to key decisionmakers. / Les organisateurs d’événements et adjoints de direction contactaient www.robin.live, un site Web proposant aux entreprises des expériences uniques pour leurs clients et employés, mais ne transmettaient pas efficacement l’offre de services aux décideurs. THE SOLUTION: CEO Adam McIsaac and his team took control of exactly how

their events would be pitched by creating downloadable PDF presentations for each of their experiences. When the EAs and planners took those to their CEOs, sales increased. / LA SOLUTION : Adam McIsaac, PDG, et son équipe ont

décidé d’assurer eux-mêmes l’argumentaire des expériences offertes en les présentant sous forme de PDF à télécharger. Dès que les organisateurs et adjoints ont utilisé ces documents, les ventes ont décollé.

ALLIED NEWS / LES ACTUS D’ALLIED Founded in Ottawa in 2004, Shopify is a remarkable success story, with more than 600,000 entrepreneurs around the world using the commerce platform to run and grow their businesses. A growing proportion of Shopify’s creative workforce in Toronto calls Allied’s urban properties home: The tech company is a flagship tenant at King Portland Centre, and it recently agreed to lease up to 433,752 square feet at The Well, a 7.8-acre mixed-use site being developed with RioCan REIT. / Fondé à Ottawa en 2004, Shopify est une belle réussite : plus de 600 000 entrepreneurs du monde entier l’utilisent pour gérer leur boutique en ligne. À Toronto, une proportion croissante de la main d’œuvre créative de Shopify installe ses bureaux chez Allied : l’entreprise techno est l’un des principaux locataires du King Portland Centre et vient de signer un bail pour un espace de 40 300 m2 à The Well, un complexe à usage mixte de 3 hectares, développé avec RioCan REIT.

BLOCK / 47


Now & Then / D’hier à aujourd’hui

Trappings of Greatness The Revillon is emblematic of the heady times of Edmonton’s fur trade era. / Le Revillon, symbole du commerce de la fourrure haute couture à Edmonton. BY / PAR SYDNEY LONEY

1912

2011

48

fox pelt could put upwards of $300 in a trapper’s pocket (no small sum, considering that a loaf of bread cost about a nickel). Canadian companies weren’t the only ones getting in on the action. In 1912, the largest fur company in France, the family-owned Revillon Frères, built its Edmonton headquarters at 10320 102 Avenue, ultimately outfitting the building with all the latest luxuries and amenities that money could buy: Elevators! Telephones! Designed by Winnipeg architect James McDiarmid, the six-storey reinforced-concrete building boasted working lights, electric hoists and pneumatic tubes for sending written messages to fellow employees on other floors. The Revillon was the largest, most modern warehouse in Western Canada, and the family ran it profitably (and Parisian-style too; the brothers reportedly threw raucous Champagne-fuelled parties). In 1936, the Hudson’s Bay Company took over. Allied acquired the building in 2011, and its 120,565 square feet are now home to an architectural firm, an engineering company and Legal Aid Alberta. One of the few enduring links to the Revillon’s fur-trading past might be found next door—in a history class hosted at the Boardwalk Building, which was connected to the Revillon by an atrium in 1986. It is currently occupied by a public school, Centre High. / AU DÉBUT des années 1900, une peau de renard argenté rapporte 300 $ à son trappeur : une somme coquette, sachant qu’un pain vaut environ 5 sous. Les entreprises canadiennes ne sont pas les seules à profiter du commerce de la fourrure. Revillon Frères, plus gros négociant de fourrures en France, débarque à Edmonton en 1912 pour y construire son quartier général : un bâtiment situé au 10320, 102e Avenue, qui sera doté au fil des ans de tous les équipements de luxe dernier cri, tels le téléphone et l’ascenseur. Conçu par un architecte de Winnipeg, James McDiarmid, cet immeuble en béton armé de six étages se veut le plus grand et le plus moderne de l’Ouest canadien avec ses lampes de travail, ses montecharge électriques et ses tubes pneumatiques permettant d’envoyer des notes manuscrites à tous les étages. Les frères Revillon le dirigent de main de maître et y reçoivent en grand, à la parisienne (il paraît que le champagne y coulait à flots). En 1936, la Compagnie de la Baie d’Hudson prend la relève. Racheté par Allied en 2011, l’immeuble de 11 200 m2 abrite aujourd’hui un cabinet d’architectes, une société d’ingénierie et Legal Aid Alberta. Un des rares liens avec le passé et la traite des fourrures se trouve juste à côté, dans un cours d’histoire donné dans le Boardwalk Building, rattaché au Revillon par un atrium en 1986 et actuellement occupé par l’école publique Centre High.

(ABOVE / CI-DESSUS) PHOTO GLENBOW ARCHIVES (NA-1328-64366); (BOTTOM / BAS) PHOTO BY / DE AMBER BRACKEN

IN THE MIDST of Canada’s fur trade in the early 1900s, a single silver-


Rethink / Repensé

Just Say Nope BY / PAR AUDRA WILLIAMS

IF YOU’VE EVER been in a meeting where someone is insistently making a case for a terrible idea, you’ve also heard them say, “There are no bad ideas in brainstorming!” But guess what? It’s not true. Yes, team members need to feel confident that they won’t be embarrassed or rejected for speaking up. But we also need to learn to make space for the fact that sometimes “speaking up” means saying no. I am usually that person. My profile picture in my work’s Slack channel is a painting of Cassandra with the words “LITERALLY ME” below. And while I maintain that we shouldn’t be critical in a way that feels personal, we still need to reward those willing to stop a train wreck before it happens. Like when the sandwich board at Colorado’s Ink Coffee read, “Happily gentrifying the neighborhood since 2014,” inspiring steady protests in front of the business. Or when Domino’s offered free pizzas for a hundred years to anyone who tattooed the Domino’s logo on their body, before having to stop the promotion due to overwhelming participation. Or Ikea’s recent print advertisement that also functioned as a pregnancy test. Surely at least one person in those meetings knew the mechanics of a pregnancy test. That person needed to raise their hand, because no one wants to hover over a magazine trying to pee on the right page. We’ve all found ourselves

ILLUSTRATION BY / PAR JASON LOGAN

Giving this sort of feedback might feel uncomfortable at first. But remember: Getting a bad idea off the table makes room to replace it with a great one. /AVEZ-VOUS DÉJÀ VU

midway through a project thinking, “Wait, why are we doing this?” and trailing off in our efforts. Because when we don’t say no with our words, we often end up saying no with our actions. So let’s vow to be less passive about this, and let’s do it in a way that acknowledges and builds on any gems we don’t want to lose in the initial proposal. Like when a client of mine suggested putting a complex pie chart on a roadside billboard. I did not say, “Are you trying to cause car accidents?” What I said was, “Charts are a great way to share information, but we only have people’s attention for a second as they drive by. What’s the main fact we want to convey?”

SOMETIMES SPEAKING UP MEANS SAYING NO. / IL FAUT PARFOIS SAVOIR DIRE NON.

quelqu’un défendre une très mauvaise idée lors d’un remue-méninges? Si oui, vous l’avez aussi certainement entendu dire que toutes les idées sont bonnes à prendre. Devinez quoi? C’est faux! Oui, il faut faire en sorte que tous les membres d’une équipe s’expriment avec confiance, sans craindre d’être moqué ou rejeté, mais il faut aussi savoir dire non quand nécessaire. Je suis ce genre de personne. La photo de mon compte Slack au travail est un tableau représentant Cassandre avec l’inscription « C’est tout moi ». Penser qu’il ne faut pas critiquer les autres de façon personnelle ne m’empêche pas d’encourager ceux qui tentent d’arrêter le train avant qu’il ne déraille. Comme cette pancarte du café Ink! à Denver, sur laquelle on pouvait lire « Nous sommes ravis d’embourgeoiser le quartier depuis 2014 », qui avait déclenché de vives protestations. Ou cette promotion de Domino’s, offrant des pizzas gratuites à vie à quiconque se faisait tatouer son logo, qui a dû être arrêtée pour cause de participation massive. Ou encore cette pub papier d’Ikea qui était aussi un test de grossesse. Quelqu’un dans leur équipe devait bien connaître le principe d’un test de grossesse, non? Il ou elle aurait dû se

manifester, car personne n’a envie de lever la jambe pour uriner sur la page de droite d’un magazine. On s’est tous demandé un jour, à mi-chemin d’un projet, si on prenait la bonne direction. On s’est tu et on a vu nos efforts s’envoler. Parce que quand on ne dit pas non à voix haute, nos actions parlent souvent pour nous. Essayons d’être moins passifs et d’adopter une attitude constructive, qui met en valeur les points positifs de la proposition de départ. Par exemple, quand un de mes clients m’a suggéré de mettre un diagramme compliqué sur un panneau routier, je ne lui ai pas demandé s’il tentait de provoquer des accidents. Je lui ai répondu : « Les graphiques sont un bon moyen d’information, sauf que là, l’attention du conducteur ne dure qu’une seconde. Quel est le message principal qu’on veut faire passer? » Ce type de rétroaction peut mettre mal à l’aise au début, mais n’oubliez pas qu’en éliminant les mauvaises idées, vous faites de la place aux bonnes.

LET’S VOW TO BE LESS PASSIVE. / ESSAYONS DONC D’ÊTRE MOINS PASSIFS. BLOCK / 49


Fill in the Blank / Veuillez combler l’espace

THE CHALLENGE Every issue we ask a different artist: What would you do with your very own urban infill? / LE DÉFI Dans chaque numéro,

nous demandons à un artiste ce qu’il ferait de sa propre dent creuse. ILLUSTRATION BY / PAR FRANCESCO BONGIORNI

50



By Richmond Lam. February 28, Montreal. / De Richmond Lam, 28 février, Montréal.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.