Déclaration de politique générale Sujet: La résistance bactérienne aux antibiotiques. Proposeur: Mme. Amal Abayed (NPO 2017/18). Présentée pendant l’assemblée générale élective Septembre 2018. Soutenue par les 4 LPOs. Texte de la déclaration: Résumé: La résistance aux antibiotiques ou antibiorésistance est par définition la capacité d'une bactérie à résister aux effets des antibiotiques. Elle est reconnue, officiellement depuis les années 2000 comme un problème majeur de santé publique et se voit devenir en 2014 un phénomène diffus et préoccupant représentant une vraie menace tant sur la santé mondiale et animale. La résistance aux antibiotiques cause 700.000 décès par an dans le monde dont 50.000 en Europe et aux Etats-Unis et provoquerait la mort d’environ 10 millions de personnes par an mondialement en 2050. Ce phénomène est responsable d’une prolongation de la durée des hospitalisations ainsi que de l’augmentation du coût de la prise en charge médicale. A l’échelle nationale, la Tunisie a été témoin d’une nette augmentation de consommation globale des antibiotiques de 34.8 à 48,12 Dose Définie Journalière (DDJ) pour mille personnes par jour, soit 38 pour cent durant les années 2005-2013. D’après les données de la Direction de la Pharmacie et du Médicament de l’année 2015, la Tunisie représente l’un des grands consommateurs d’antibiotiques dans le monde ayant un taux de consommation supérieur à 30.000 DDJ. L’antibiorésistance se trouve alors très répandue dans notre pays, touchant à titre d’exemple 48.4 pour cent des Klebsiella pneumoniae et 17.4 pour cent des E. Coli. La lutte contre ce fléau doit être entreprise immédiatement suivant une approche multisectorielle nécessitant donc une synergie entre le gouvernement et les différents acteurs de la santé publique et animale, de l’environnement et de l’agriculture.
Nous, Association Tunisienne des stagiaires internes et des étudiants en médecine, nous engageons à encourager fortement et activement la lutte contre l’antibiorésistance ainsi que l’usage rationnel des antibiotiques. Introduction: La résistance aux antibiotiques est une forme de plus en plus répandue de la pharmaco résistance. Le monde fait face à une vague de bactéries multi-résistantes: cette résistance peut-être naturelle ou acquise pouvant toucher toutes les classes d’antibiotiques. Nous nous trouvons alors dans une impasse qui mène à une guerre : Humains contre Bactéries. La mondialisation des Bactéries multi-résistances (BMR) est un phénomène dû principalement à des phénomènes génétiques, aux échanges multiples des vecteurs de la résistance mais aussi à l’usage intempestif des antibiotiques. Les antibiotiques, étant des médicaments du tableau A, devraient être prescrits par le médecin traitant et administrés selon une dose et une durée précises. Cette prescription doit être accompagnée d’une sensibilisation du patient quant à l’importance du respect de ces instructions afin d’assurer un traitement efficace et sans apparition de nouvelles résistances. Ainsi, l’automédication, le surdosage, le non-respect des règles de prescription ou encore l’usage irrationnel des antibiotiques mèneront inévitablement à l’apparition de résistances. Cette résistance, qu’elle soit due à un phénomène naturel (mécanisme de défense des bactéries) ou acquis (par phénomène de sélection des espèces), en association avec l’absence de nouvelles classes d’antibiotiques entraînera une inefficacité inéluctable de ces médicaments; ainsi toute infection bactérienne risque d’être incurable par défaut de cure efficiente. L’antibiorésistance, bien-que méconnue et apparemment inoffensive, risque de devenir une cause de mortalité invincible et incontrôlable alors que nous tenons entre nos mains le remède et qu'il repose sur de simples bonnes attitudes de tous les jours et une prise de conscience multisectorielle. Ainsi, la résistance aux antibiotiques est un problème de santé majeur qui devrait interpeller notre attention et nous inciter à agir au plus vite.
Texte Principal: Associa-Med, Association Tunisienne des stagiaires internes et des étudiants en médecine soutient fortement et activement la lutte contre l’antibiorésistance ainsi que l’usage rationnel des antibiotiques. Nous appelons, par ailleurs, les partis suivants : 1- Le gouvernement à a- renforcer la loi qui régit la vente des antibiotiques en veillant à son application et recourir aux sanctions nécessaires en cas de non-respect. b- promouvoir l’usage rationnel des antibiotiques en Tunisie. c- sensibiliser le peuple tunisien quant à l’ampleur de ce phénomène et des conséquences qui en découlent. d- adopter une approche multisectorielle dans le programme de lutte contre l’antibiorésistance dans le cadre de l’approche ONE HEALTH « Un monde, une santé ». e- impliquer la société civique dans la lutte contre l’antibiorésistance. f- soutenir la recherche dans ce domaine et collecter, étudier et analyser les résultats relatifs aux résistances aux antibiotiques. 2- Les hôpitaux et les professionnels de la santé à a- respecter les mesures d’hygiène et les règles d’asepsie dans les établissements de santé et particulièrement dans les services de réanimation, de chirurgie et de néonatalogie. b- sensibiliser le personnel médical et paramédical quant à l’importance d’un usage restreint et bien ciblé des antibiotiques. c- informatiser les dossiers médicaux et garder un historique bien archivé de la bactériologie antérieure des patients. d- assurer un contrôle continu du cadre hospitalier et pharmaceutique quant au respect des lois de la prescription des antibiotiques. 3- Les pharmacies et les laboratoires pharmaceutiques à a- respecter la loi de vente des antibiotiques (médicaments du tableau A) relative à la prescription médicale obligatoire et la délivrance fidèle à l’ordonnance. b- sensibiliser tout le cadre paramédical (préparateurs, techniciens, etc…) quant à l’urgence d’agir conformément à la loi. c- minimiser l’impact environnemental de l’antibiorésistance. d- guider de nouvelles recherches dans le but d’une innovation continue dans les médicaments. 4- Les facultés de médecine, médecine dentaire, vétérinaire et pharmacie à
a- soutenir l’approche « One Health » et encourager les étudiants à apprendre et discuter les différentes perspectives de l’antibiorésistance. b- collaborer dans la collecte d’informations en matière de l’antibiorésistance. c- inclure et renforcer le module antibiorésistance mis-à-jour dans le cursus médical. d- s’assurer que le contrôle et le suivi de l’infection soit une matière obligatoire et que les protocoles de suivi soient bien enseignés dans les hôpitaux et les universités. e- renforcer la recherche dans le domaine de l’antibiorésistance. 5- Les étudiants en médecine en Tunisie à a- respecter les règles de base de l’antibiothérapie. b- promouvoir l’usage rationnel des antibiotiques dans la population à travers différents moyens : sensibilisation, éducation, plaidoyer, réseaux sociaux, etc… 6- Le secteur agro-alimentaire à a- collaborer avec le gouvernement pour l’application de l’approche « One Health ». b- former, éduquer et sensibiliser les éleveurs et autres professionnels du domaine. c- rationaliser l’usage des médicaments antibactériens chez les animaux. d- établir un système de surveillance quant à l’usage des antibiotiques en agriculture, sur les animaux et dans notre alimentation. e- éviter l’utilisation des antibiotiques chez les animaux afin de fournir des denrées alimentaires sans risque et permettre une consommation sans danger pour l’être humain. - L’approche One Health «Un monde, une santé», est un mouvement facilité par une alliance formelle entre l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE) et l'Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) au début des années 2000. Cette notion s’applique à la conception et la mise en œuvre de programmes, de politiques, législation et travaux de recherche pour lesquels plusieurs secteurs communiquent et collaborent en vue d’améliorer la santé et le bien-être en prévenant les risques et en atténuant les effets des crises qui se produisent à l'interface entre l'homme, les animaux et leurs divers environnements.
Références 1. IFMSA Policy document on AMR https://ifmsa.org/wpcontent/uploads/2017/08/GS_2017AM_AMR.pdf 2. Global Action Plan for AMR World Health Assembly document A68/20, 27 March 2015 http://www.who.int/drugresistance/global_action_plan/en/ 3. General information on AMR WHO http://www.who.int/drugresistance/en/ 4. FAO http://www.fao.org/antimicrobial-resistance/en/ 5. OIE http://www.oie.int/en/for-the-media/amr/ 6. One health http://www.oie.int/fr/pour-lesmedias/editoriaux/detail/article/one-health/ 7. DDJ http://www.infectiologie.com/UserFiles/File/medias/JNI/JNI06/CT/ct9Choutet.pdf