Associa-Med Tunis | Synapse N°06

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N°6 -Sept - Oct - Nov 2017

M a g a z i n e D e s É t u d i a n t s D e L a F a c u l t é D e M éd e c i n e D e T u n i s

20 commandements pour

éviter l’erreur médicale

Par Pr Kamel BOUSLAMA

La musculation, c’est aussi pour les filles!

Magazine distribué gratuitement

How far can A.I. go ? Rencontre avec

Pr Hamdoun j’aime



Magazine Des Étudiants De La Faculté De MÉdecine De Tunis

édito Rédactrice en Chef Amal ABAYED

Dans le contexte effervescent d’aujourd’hui, propice à la lutte âpre contre le terrorisme et ses atroces attaques, nous, tunisiens et arabes plus généralement, sommes souvent pointés du doigt et victimes de rhétorique hostile. Une accusation qui trouve sa légitimité dans le nombre croissant de terroristes venant des pays du moyen-orient et nord-africains. Les tunisiens eux-mêmes, dans un contexte tantôt d’humour tantôt de sérieux, commencent à prier que le coupable ne soit pas tunisien chaque fois qu’une attaque ait lieu. Cette crainte, cet humour sont très révélateurs de ce que subit la personnalité tunisienne d’ébranlement de la confiance en soi, de la confiance en la culture et en l’éducation que notre société donne.

Rédacteurs en chef adjoints Emna MAKHLOUF Rania CHNITI

Or, regardant différemment, on finit par apercevoir que ce n’est pas la vérité intégrale du fait. Ce qui n’est pas fréquemment dit est que la plupart des victimes, voire la quasi-totalité partagent cette même origine, et ce qui encore moins dit ce sont les exploits scientifiques, les recherches, et les succès de leur compatriotes dans des domaines divers.

Comité de Rédaction

Le dénigrement permanent et les procès en incompétence font désormais parti de notre quotidien. La course folle et frénétique vers la notoriété et l’invasion des réseaux sociaux ont fait de nos temps une époque sans repères. Les informations présentées à travers un certain prisme sur cette radio sont différentes de celles diffusées sur la télé, et toutes les deux sont distinctes voire contradictoires avec celles qui circulent sur le net. Confrontés à la désinformation massive et à la propagande, on finit souvent déboussolés, comme dans un labyrinthe, en se posant la grande question qui croire ? Même les médecins, tenus par le serment d’Hippocrate, connus par la noblesse de leurs professions, sont attaqués très violemment.

Mariem TIRA - Zeineb DAHMANI Rym ALLOUCH - Maher AMAMOU Cyrine BEN SAID - Molka BEN NESSIB Raghda BELGAIED - Celia BELLAGHA Ons BOUDEN - Kais BOUSLAMA Selim KHROUF - Tarek ABDELKEFI Dhekra ISMAIL

Caricature Rym MARRAKCHI Remerciements Mohamed ZARRAMI Chedly MHIRI Med Saif Eddine MAHMOUD Mahdi FOURATI Pr. Kamel BOUSLAMA Pr. Moncef HAMDOUN M. Majd MASTOURA M. Lotfi CHERIF (UIK) Nour MSADDEK Conception 1 ere de couverture Ahmed AFIF Responsable Sponsoring Sofiene BEN SAAD CONCEPTION & RÉALISATION Mim éditions : 70 037 464

A titre d’exemple, on peut citer le cas de Dr. Slim Hamrouni, médecin réanimateur; les rumeurs à son sujet se sont propagées de façon si massive et « quasi érigées au rang d’informations irréfutables ». Des publications Facebook ou des commentaires revêtent la même valeur qu’un travail d’investigation et on entend les gens s’y appuyer. Le contraste est saisissant entre cette image et celle du vrai tunisien, celui qui aime la patrie et qui concrétise cet amour en actes dans son quotidien. Optimisme et rêverie ? Je dirai plutôt confiance en toute la nouvelle génération de tunisiens et surtout l’inspiration de l’ancienne génération qui nous a, à maintes reprises, épatés et influencés. Toutes ces personnes ont démontré que des voies d’accès à la réussite il en existe, qu’eux ils ont accompli de véritables exploits, et que c’est à notre tour de faire de même. L’une de ses personnes influentes, sans pour autant être très connue est Mokhtar Laatiri, un ingénieur Tunisien qui a dirigé les premiers grands travaux d’aménagement du territoire tunisien tels que les aéroports, les ports, les complexes touristiques etc.. Et au-delà de cet héritage vu sublime, il nous a légué cette belle phrase, qui peut être une référence dans cette époque presque sans références : « Vous pouvez vous estimer toute votre vie comme étant citoyen du monde, vous pouvez être très fier d’être citoyen du monde. Mais celui qui a réussi, quel que soit sa réussite, si sa réussite n’a pas impacté son pays, il ne peut être fier que d’un énorme échec ». Par Amal ABAYED.

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Sommaire 20 commandements pour éviter l’erreur médicale I n s ol i t e s

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LA MUSCULATION,

11

C’EST AUSSI POUR LES FILLES !

up & down

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12

Artificial Intelligence

14

La cigarette électronique

Le pèlerinage des âmes perdues

15

18

Interview avec Pr Hamdoun

20

Le végétalisme : Pour ou contre ?

Synapse 3.0

22

26

La Médecine et l’espace

28

404 ethics not found interview Majd Mastoura Une jeunesse éternelle

30

32 35 36

Une Chanson, un Film, un Bouquin…

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Réflérions

Courrier des lecteurs L’homme a beau développer des moyens d’expression divers : radio, réseaux sociaux, télévision... Mais rien ne pourrait égaliser le bonheur de pouvoir s’exprimer à l’ancienne sur les pages d’un journal. Merci SYNAPSE pour ce privilège ! Marwen Zouari Quoi de mieux qu’une nouvelle édition de Synapse pour casser la routine ? Des articles alléchants, des rubriques diverses, et surtout, une lecture des plus agréables ! Chedly Mhiri Synapse ? Synapse est l’immense portail qui s’est ouvert à moi, synapse est l’énorme bol qui a su contenir ma littérature et mon style, synapse n’est pas juste un magazine ou encore un groupe avec lequel je bosse mais plutôt une famille qui m’a reconnue avant même que je la reconnaisse ! Je ne regretterai jamais cette expérience en or. A vous le tour, foncez ! Zeineb Dahmani 4

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Vingt commandements pour éviter l’erreur médicale L’erreur médicale n’est pas enseignée dans nos facultés, alors que d’autres « situations ou maladies » beaucoup moins fréquentes sont largement abordées. Cette lacune, doit être comblée, car cet enseignement touche au fondement culturel de la médecine. Cet article, va plaider dans ce sens, dans un premier temps, je situerai l’importance du problème, puis j’insisterai sur la nécessité de prévenir l’erreur médicale en rappelant les règles fondamentales. N’ayant pas beaucoup d’éléments de réflexion dans la littérature, je vais partager le fruit de mes expériences personnelles, de mon vécu au cours de ces vingt dernières années, au grès de différentes époques. Je propose d’illustrer mes propos par des proverbes et des citations « en gras et italiques » toutes les fois où la situation s’y prête. Ce qui permet de dédramatiser un sujet grave, de donner une connotation culturelle à l’exposé mais aussi de rappeler que les sages ont presque tout dit, il aurait suffi de les écouter ; « Quand le sage montre la lune, l’idiot regarde le doigt » Proverbe chinois. L’erreur médicale est un problème de santé publique, elle serait à l’origine de 50’000 à 100’000 décès / an aux USA, de 3 à 5 morts par jour en suisse et un coût exorbitant pour la collectivité. C’est la compagne d’infortune quasi-obligatoire de tout praticien. L’exercice de la Médecine est une gestion quotidienne du danger depuis Hippocrate ! (460-370 av JC !) « Primum non nocere…d’abord ne pas nuire… deinde curare…et seulement ensuite, soigner ». Il faisait déjà allusion à l’erreur. N’importe quel acte médical, entrepris dans l’intérêt du patient, peut se solder par un dommage corporel. L’erreur médicale, qui a toujours existé, est aujourd’hui propulsée sur le devant de la scène. Le progrès médical, bien réel, mais qui laisse croire que qui « peut le plus peut le moins » ; « Lorsque les médecins étaient ignares, ils étaient sacrés; lorsqu’ils sont devenus savants mais toujours inefficaces, ils étaient respectés ; maintenant

qu’ils sont savants et efficaces, ils sont suspectés » Pr Guiraud-Chaumeil. La fréquence des erreurs médicales est sous-estimée, car beaucoup d’erreurs sont méconnues et leurs conséquences n’ont pas été attribuées à un dysfonctionnement : « Les architectes dissimulent leurs erreurs sous du lierre, les médecins sous la terre et les cuisinières sous de la mayonnaise ».

Photo 1 : « Médecin et paveurs de rue, la terre recouvre leurs fautes » Au terme d’erreur médicale, galvaudé par sa connotation judiciaire (un peu à tort, car en justice on parle plutôt de faute), très culpabilisant pour les professionnels de la santé, les juges ont de plus en plus tendance à confondre les deux. Or l’erreur est humaine, seule la faute est condamnable. Pourtant, on assiste à une augmentation croissante des procès en responsabilité et à une dérive procédurale à l’américaine où la judiciarisation de la médecine

qui conduit à la médecine défensive au risque de privilégier la précaution excessive au détriment de l’efficacité ; « Et ceux qui ne font rien ne se trompent jamais ». Photo 2 : La judiciarisation de la médecine Même si je fais de la médecine défensive, je ne suis pas à l’abri d’une nouvelle erreur, je n’y serai qu’une fois que je n’exercerai plus. La judiciarisation de la médecine et sa médiatisation, au lieu d’aboutir à une meilleure protection du patient, risquent de se retourner contre lui en proposant des pratiques coûteuses, iatrogènes et en faisant fuir les médecins des disciplines dites « à risques ». Ainsi, il convient d’atteindre un équilibre entre la carotte et le bâton, le pouvoir d’agir sans la responsabilité, c’est l’impunité, mais la responsabilité sans le pouvoir d’agir c’est la paralysie et le refus de soins. La réponse du corps médical et des établissements de soins ne s’est pas faite attendre ; on assiste à un afflux de mauvais risques dans les structures publiques et une sélection des patients à bon risque dans les structures privées et on se dirige vers une médecine à deux vitesses (photo 3).

faite par Nour MSADDEK Synapse N°6

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L e M o t d u S e n i or

Par Dr Kamel BOUSLAMA - Professeur en Médecine Interne


Photo 3 : Une médecine à deux vitesses Quelles sont les pistes pour «éviter l’évitable» dans une pratique jalonnée par le risque d’erreur. Certaines erreurs classiques doivent être connues et enseignées tôt dans le cursus de l’étudiant. Sans avoir la prétention d’être exhaustif, je vais en rappeler les plus importantes que je qualifie de « code de la route » pour nos étudiants : 1. D’abord à l’accueil du patient, en particulier, dans nos urgences. Paradoxalement, au lieu d’avoir affaire à des médecins chevronnés expérimentés, c’est des jeunes internes qu’on place au front. Il est parfois difficile de faire la part entre une vraie urgence médicale et une fausse urgence sociale ; « L’expérience est le nom que l’on donne à ses erreurs » Oscar WILDES. En outre, une des premières sources d’erreur est la sélection d’un mauvais ou d’un faux pivot. Un bon pivot est l’ensemble cohérent et logique de signes ou symptômes permettant d’orienter au mieux l’ensemble des éléments de l’observation. Un mauvais pivot (asthénie par exemple), c’est un paramètre non fiable ou débouchant sur une multitude de « portes » diagnostiques. A ce propos, nous avons toujours rappelé à nos étudiants le « syndrome de l’autoroute ». Si vous prenez la route pour aller à Bizerte, mais vous prenez celle qui mène à Sousse, vous n’arrivez jamais à destination. C’est valable en médecine. Si on a sélectionné un faux pivot, le raisonnement aussi séduisant soit-il ne va pas aboutir ; « La bonne solution au mauvais problème est plus dangereuse que la mauvaise solution au bon problème » Peter Drucker théoricien du management. À partir des données de l’interrogatoire et des constatations de l’examen clinique, il est nécessaire de formuler une hypothèse diagnostique « on ne trouve que ce qu’on cherche

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et on ne cherche que ce qu’on connaît, quand on ne sait pas ce qu’on cherche, on a de grandes chances de ne rien trouver ». Ce n’est qu’à ce moment que l’on peut envisager des examens dont le qualificatif de « complémentaires » dit bien ce qu’il veut dire. Ces examens viendront confirmer ou infirmer l’hypothèse clinique ; « Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va » Sénèque. 2. L’erreur par omission dans le recueil des données anamnestiques rappelant le caractère fondamental de l’écoute. Il faut savoir entendre le malade qui bien souvent apporte le diagnostic. Freg Siguier (1909-1972), le père de la médecine interne en France, disait « Je suis spécialiste en interrogatoire ». 3. En outre, le praticien doit disposer d’un « décodeur » pour savoir entendre une demande indirecte. L’exemple des troubles thymiques ou de la dysfonction érectile. Les patients, par pudeur ou par tabou, n’expriment pas leurs plaintes ou alors le font par des signes d’emprunt, telle une somatisation d’un état anxio-dépressif. Les femmes somatisent volontiers sous forme de symptomatologie digestive et les hommes focalisent sur l’appareil locomoteur. Comme disait à juste titre un psychiatre, la dépression masquée n’existe pas, elle n’est masquée que pour celui qui ne veut pas voir ou ne veut pas entendre : « Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ». Proverbe martiniquais 4. L’erreur par omission dans l’examen physique ; on oublie souvent la palpation et l’auscultation des artères, l’inspection du dos, les touchers pelviens… L’erreur par approche biaisée où plusieurs situations et règles doivent être rappelées : 5. Rechercher des pathologies fréquentes atypiques plutôt que des maladies rares typiques. L’obsession

du « zèbre », jolie formule pour désigner la complexification à plaisir, la recherche du « mouton à cinq pattes », pêché mignon de l’interniste. Devant une douleur abdominale, il peut s’agir d’une porphyrie, d’une hémoglobinurie paroxystique nocturne ou encore d’une maladie périodique. Mais le bon sens, doit faire éliminer d’abord une pathologie plus fréquente ou plus urgente tel qu’un syndrome appendiculaire. « Lorsque l’on entend un bruit de galop, il est plus probable qu’il s’agisse d’un cheval que d’un zèbre». Sauf si on n’est dans la savane où il est plus probable qu’il s’agisse d’un zèbre. Ce qui signifie qu’il faut également tenir compte du contexte. Un pneumopéritoine nous oriente vers une urgence chirurgicale, le chirurgien est aux aguets. Sa survenue au cours d’une sclérodermie évoque une pneumatose kystique intestinale qui s’exprime par un pneumopéritoine « médical » et le patient doit être soustrait des mains du chirurgien. 6. Éliminer de la discussion les symptômes qui gênent. Qui de nous n’a pas vécu l’angoisse de la présentation au cours du staff des entrants où de la grande visite, sous le regard des collègues parfois plus jeunes et des patients qui te considéraient déjà comme un docteur. Je garde encore le souvenir des mouvements oculaires anormaux constatés chez mon patient, mais que j’ai occulté, car je ne savais pas comment les expliquer et où les intégrer, il était plus simple pour moi de « scotomiser ». Et pourtant, c’était la clé du diagnostic, il s’agissait de myorythmies oculaires, pathognomoniques d’atteinte neurologique de la maladie de Whipple. 7. Peuvent être source d’erreur médicale la consultation trop prolongée (>30’) au risque de se noyer dans des détails superflus ou trop brève (<10’). 8. L’erreur affective, et le piège relationnel que peut constituer un patient ayant un lien de parenté. L’absence de neutralité nous recommande de ne pas soigner ses proches et de déléguer ; « Ce n’est pas la maladie mais la médecine qui fait mourir l’enfant du médecin ». 9. Les préjugés peuvent également altérer notre jugement. Il convient de ne pas se laisser influencer par la sympathie ou l’antipathie qu’on éprouve pour un patient. 10. Le piège de l’étiquette, attribuée à un patient, souvent par d’autres, et qui n’est pas rediscutée ou le piège du dossier classé, c’est-à-dire l’enfermement


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11. Le raccourci diagnostic, et notamment l’oubli des diagnostics différentiels. 12. Le piège de l’intuition clinique, certes souhaitable, sauf quand elle conduit à court-circuiter une démarche diagnostique ou les algorithmes et s’apparenter à un exercice de voyance ou de devinette. 13. L’erreur par orgueil mal placé, la conviction d’infaillibilité ou l’assurance démesurée ; « Le propre de la médiocrité est de se croire supérieur ». Il ne faut jamais hésiter à prononcer la phrase magique « je ne sais pas…Je sollicite un autre avis… » ; « Celui qui pose une question risque cinq minutes d’avoir l’air bête, celui qui ne pose pas de question restera bête toute sa vie » Proverbe chinois. Le médecin se doit d’avoir certaines qualités dont la Modestie, avec un grand M. Effectivement, une des qualités fondamentales d’un médecin et d’être conscient des limites de ses compétences ; « Savoir ce que l’on sait, savoir ce que l’on ne sait pas, c’est savoir véritablement » Confucius, 551-479 av.J-C. 14. L’erreur par incompétence : à mon sens, il s’agit là plus d’une faute que d’une erreur. La spécificité de notre métier fait que le patient nous confie ce qu’il a de plus précieux « sa santé », ce qui nous fait prendre encore conscience du pouvoir du médecin. Ceci exige de nous la Compétence avec un grand C ; « Le pire pour un patient est de se confier à un médecin ignorant ». Choisir ce noble métier, nous condamne à être des étudiants éternels.

a consulté d’emblée un gastroentérologue pour des vomissements. 17. Attention aux secondes pathologies « un train peut en cacher un autre ». Il peut s’agir d’une complication évolutive telle une réactivation d’une tuberculose à l’occasion d’un traitement immunosuppresseur ou d’une transformation lymphomateuse d’un syndrome de Gougerôt Sjögren… En revanche, quand on hésite entre deux ou plusieurs diagnostics, il faut privilégier le plus grave « De deux maux, il faut éviter le pire ». 18. L’erreur par soumission ou par procuration ; l’argument d’autorité. Je ne peux pas oublier l’observation très instructive de la patiente adressée par un éminent interniste pour maladie de Horton. Le tableau était quasiment typique, associant une céphalée, une claudication intermittente des mâchoires, des artères temporales dilatées et tortueuses, un syndrome inflammatoire biologique et une augmentation des phosphatases alcalines. Il s’agissait en fait d’une maladie de Paget. L’hyperactivité de l’unité de remodelage osseuse exigent plus d’oxygénation qu’elle va puiser dans les autres territoires. Ce phénomène de vol vasculaire s’exprime par des signes qui miment une artérite temporale. Face au patient, votre responsabilité est engagée à part entière. Le fait qu’il ait été vu par un ainé, constitue certes une sécurité mais en aucun cas une garantie. La compétence requise n’est pas de droit divin et elle ne doit pas forcément répondre à une hiérarchie (photo 4). Photo 4 : Un système pyramidal

Photo 5 : « Si un aveugle guide un aveugle, tous les deux tomberont dans un trou »

C’est pour moi l’occasion de dire tout le bien (pour combien de temps encore ?) de notre système hospitalo-universitaire, système pyramidal qui permet la correction des erreurs mais qui exige une qualité fondamentale la Disponibilité, avec un grand D. La réforme de nos concours poussant à la chasse aux attestations et aux publications risque de compromettre cette disponibilité. 19. Attention aux pièges des examens complémentaires, de l’imagerie incontrôlable et de s’égarer dans des bilans exhaustifs. L’examen clinique aujourd’hui est supplanté par l’imagerie et la biologie. La médecine perd ses repères cliniques, l’essence même de notre métier. Aujourd’hui, la pression médiatique, la surinformation par les médias pseudomédicaux ont modifié l’image du médecin (JP Laroche. Médecin vasculaire). Le bon médecin est un prescripteur d’examens paracliniques ; « Nous vivons un temps où les moyens sont d’une grande perfection et les buts d’une grande confusion » Albert Einstein. Il ne faut pas oublier un examen complémentaire essentiel, le temps et l’évolution dans le temps ;

15. L’erreur liée au « nomadisme » médical : multiplier les avis de façon non coordonnée ; « un médecin soigne, deux estropient, trois tuent ». Il est fondamental d’améliorer le travail d’équipe, d’apprendre à lire en concertation les examens complémentaires ; « seul, je vais vite mais ensemble on va loin ». 16. L’erreur liée à la « sur-spécialisation». On ne peut être un « bon spécialiste » si on n’était pas à la base un « bon généraliste ». Règle très souvent ignorée par les étudiants qui bradaient leurs stages d’internat pour mieux préparer le concours de résidanat. J’ai toujours le triste souvenir d’un patient décédé de méningite après avoir subi deux fibroscopies digestives parce qu’il

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dans le diagnostic initial. Une vérité aujourd’hui peut être une contre-vérité demain ; « La difficulté n’est pas de comprendre les idées nouvelles, mais d’échapper aux idées anciennes ». John Maynard Keynes


« le temps et l’usage rendent l’homme sage ». En dehors des rares situations urgentes, l’évolution dans le temps finit souvent par nous éclairer. Revenir au patient, réinterroger, réexaminer, il est possible que le tableau se soit enrichi d’un nouvel élément ayant une bonne valeur d’orientation ; « Quand on ne sait pas où on va, on regarde d’où on vient » 20. Attention à la « googlelisation » de la médecine. L’apport des nouvelles techniques de communication est indéniable ; « A l’âge de l’information, l’ignorance est un choix ». Mais, l’évolution des technologies, aussi perfectionnées soient-elles ne doivent jamais reléguer le médecin au second plan. Photo 6 : La « googlelisation » de la médecine

Pour le médecin, façonné par « d’abord ne pas nuire », l’implication dans un dommage associé aux soins est toujours pénible, ce qui en fait la

« seconde victime » de l’erreur médicale. Il est essentiel de reconnaître nos erreurs, pour qu’elles ne se reproduisent pas. Nous apprenons plus de nos erreurs que de nos succès ; « Celui dont le pied glisse, montre le chemin à beaucoup » Proverbe Turc. Photo 7 : « On apprend qu’à force de se tromper » L’erreur est humaine, sa gestion aussi. Prendre en considération l’erreur médicale et ses conséquences constitue un enjeu majeur de santé publique. Il nous paraît essentiel d’envisager la mise en place dans nos facultés d’un enseignement de l’analyse des erreurs médicales s’adressant aux étudiants sur les mécanismes des erreurs médicales et leur gestion.

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On dit souvent que les animaux sont capables de détecter les tremblements de terre avant leur survenue. Mais aller à dire qu’ils peuvent détecter des néoplasies serait à la limite de l’incroyable. Pourtant, des chiens auraient alerté leurs maitres en reniflant une lésion, un grain de beauté … qui se sont ensuite révélés des tumeurs cancéreuses. Une étude a été menée sur ce sujet et les résultats sont époustouflants. Les chiens auraient correctement di-

agnostiqué 88% des cas pour le cancer du poumon et 97% des cas pour le cancer du sein. Ces résultats ont été expliqués par la présence d’une substance organique volatile spécifique au cancer qui pourrait être détectée par un système olfactif canin d’une certaine sensibilité. Cette découverte a lancé un nouvel axe de recherche : le nez électronique, qui devrait permettre des tests non invasifs de dépistage du cancer.

du naturel extraordinaire ! Amelia et Jasmine ont le même sourire, les mêmes oreilles, les mêmes frisettes, les mêmes traits du visage. Ordinaire puisqu’il s’agit de deux jumelles monozygotes. L’extraordinaire est que ces VRAIES jumelles sont identiques en tout sauf en leur couleur de peau et des yeux. Elles seraient l’exemple concret d’une mutation de un sur un million de chance de survenue produite lors des premières divisions cellulaires.

En temps normal, les jumeaux monozygotes portent le même patrimoine génétique ce qui a été, paradoxalement, confirmé par une analyse du placenta sans qu’il n’y ait de ressemblance trait pour trait. Le même embryon a donc donné une Jasmine blanche aux yeux clairs et une Amelia noire de peau aux yeux foncés. Encore une fois, la nature trouve le moyen de nous dire non au racisme !

Survivre à un ver dans son crane?! faisable... Un type inconnu de ver s’est développé dans le cerveau d’un homme de 49 ans. Pire encore, ce petit être mal-connu y a demeuré 4 ans avant que le sujet ne commence à ressentir des maux de tête pour enfin consulter un médecin et enlever cette bête rarissime de son cerveau. Le ver faisait 1 cm de long et n’a été repéré par les chirurgiens qu’après une biopsie d’une lé-

sion du cerveau du patient. Avant la biopsie, les médecins sont restés perplexes face à la forme circulaire qui se déplaçait dans le cerveau du patient sur les différents scanners faits au cours des années précédentes. « Ce ver est un mystère et nous ne savons pas quelles espèces il peut infecter ni comment » a expliqué un généticien chargé d’analyser le parasite en question. Par Molka BEN NESSIB Synapse N°6

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INS O L ITES

7ème sens?


De l’alcool à gogo ! De l’alcool sans modération et sans dépenser un sous, qui n’en a pas déjà rêvé ? Et bien figurez-vous que certains ont été, ironiquement, gâtés par leurs propres corps qui seraient capables de produire par eux même de l’alcool jusqu’ à l’ivresse. Aujourd’hui, environ une vingtaine de personnes serait atteinte par le syndrome « auto-brasserie ». Nick Hess est l’un des rares victimes de cette pathologie. Nick paraissait ivre aux yeux de ses

proches après certains repas sans qu’il ne comprenne la cause. Il se réveille le lendemain avec des douleurs d’estomac, des nausées et des maux de tête comme si il avait abusé d’alcool la veille. Ce syndrome est dû à une infection causé par la levure de boulanger (et de bière). En mangeant des aliments qui contiennent de l’amidon, la levure fermente les sucres en éthanol et les sujets en question finissent ivres.

Heureusement, avec l’aide d’antifungiques et en diminuant les glucides, les symptômes peuvent être réduits, à savoir la gueule de bois matinale.

l’homme arbre Abul Bajandar, un bangladais de 26 ans, voit naitre aux extrémités de ses membres supérieurs des excroissances aux allures d’écorce. « Au début, je pensais qu’elles étaient bégnines » a déclaré le jeune homme. Mais ces verrues grandissaient au fur et à mesure que le temps passait jusqu’à devenir une douzaine de racines de 5 à 7 cm qui altéraient son rendement au travail. Les branches se sont attaquées ensuite à ses pieds l’obligeant à arrêter son métier de cyclo pousse.

Une équipe de médecins spéciale a été constituée pour opérer Abul Bajandar et enlever la masse de plus de 5 kg qui s’est plantée à ses extrémités. Le plus grand hôpital public du Bangladesh avait décidé de prendre en charge les coûts de son opération. « L’Homme arbre », comme on l’appelle, a été opéré avec succès le 22 février 2016.

deux en un : version scientifique! Un adolescent indien de 18 ans, souffrant depuis plusieurs années de maux de ventre terribles, s’avère cacher a l’intérieur de son corps un fœtus de 2,5 kg. Suite à des douleurs au ventre, vomissement, et une perte considérable de poids, Narendra Kumar, a fait un scanner qui a révélé une masse étrange près de son abdomen. A l’opération, les médecins découvrent une masse d’os, de cheveux et de dents.

Il s’agit en effet d’un jumeau parasite qui aurait abordé Narendra, fœtus, via le cordon ombilical. Il continue alors à se développer dans le corps de son frère en se nourrissant de son sang. D’après le Dr Rajeev Singh, le fœtus était techniquement, encore vivant, a en croire son activité métabolique dans le corps de Narendra. Le jeune patient est enfin délivré de sa souffrance qui le tourmentait pendant des années. Par Molka BEN NESSIB

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LA MUSCULATION, C’EST AUSSI POUR LES FILLES ! Et oui, J’ai bien dit MUSCULATION, la vraie de vraie, avec des barres de traction et des poids à soulever. Ce sport, longtemps réservé à la gent masculine, n’est plus aujourd’hui l’apanage des hommes, qui d’ailleurs, ne se plaignent pas de voir débarquer de jolies demoiselles dans leur « lieu de culte ». Dans une société où les jeunes manifestent de plus en plus d’intérêt pour le « healthy lifestyle », les « Fit girls » enflamment la toile en partageant des photos de leur progression et des vidéos de leurs entraînements sur les réseaux sociaux. POURQUOI VOUS DEVRIEZ PENSER A VOUS Y METTRE ? La musculation vous offre une marge de liberté non négligeable. Vous pouvez vous entrainer avec ou sans matériel, chez vous ou en salle, adapter l’intensité de l’entraînement à vos capacités physiques en jouant sur le nombre de répétitions, ainsi qu’à vos objectifs en variant les types d’exercices.

NON, VOUS NE FINIREZ PAS PAR RESSEMBLER A ARNOLD SCHWARZENGGER Méfiez-vous des idées reçues. Une femme qui fait de la musculation ne se transformera jamais en un monsieur ! Je m’explique : les hommes et les femmes n’ont pas du tout le même profil hormonal. L’homme est bien armé pour construire du muscle grâce à sa Testostérone. Quant aux femmes, elles ont droit aux œstrogènes qui favorisent le stockage des graisses en limitant l’oxydation des Acides Gras en post prandial. Ça sera donc beaucoup plus difficile pour elles de devenir « énormes et sèches ».

LES REGLES D’OR A RESPECTER Avant de devenir une adepte des squats, du développé couché et du soulevé de terre : Faites attention au risque de blessure : assurez-vous que vous maitrisez le mouvement avant de rajouter des poids. Il est donc préférable de vous faire guider par un coach au tout début. Veillez à bien manger et non pas à manger moins, l’objectif n’étant pas de vous affamer : Prenez le soin de vous préparer des repas sains mais consistants, votre corps vous en remerciera. Soyez patients : Vos objectifs ne seront pas atteints du jour au lendemain. Votre transformation corporelle se manifestera au fil des mois voire des années. C’est pour cela qu’il est important d’entretenir sa motivation au quotidien.

Par Rym ALLOUCH Synapse N°6

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CREDITS TO «accreditation»

La faculté de médecine de Sfax a enfin décroché le sacre fin février! Celle-ci vient d’être officiellement accréditée par un organisme international à savoir « The International Association of Medical Colleges (IAOMC) ». Il s’agit d’un organisme accréditeur à but non lucratif qui vise à améliorer la formation médicale dans le monde. Cet exploit vient couronner plus de 3500 heures de travail cumulées, orchestré par un comité d’accréditation constitué de 54 membres composé d’enseignants, d’administratifs et d’étudiants. Cette faculté, pionnière en la matière, a vu ce processus éclore dès octobre 2014. Cette démarche n’est en soi pas un choix mais une obligation pour assurer sa pérennité. En effet, d’ici 2023, date butoir, l’ensemble des facultés de médecine Tunisiennes doivent avoir obtenu leur accréditation sous peine de voir leurs formations non reconnues à l’échelle internationale. Les autres facultés de médecine tunisiennes se verront toucher «le sacre» prochainement, souhaite-t-on.

Par Mahdi FOURATI

POUR QUE JUSTICE SOIT FAITE

Près de 200 cas de grossesses par an présentant le Syndrome Transfuseur-Transfusé pourront dorénavant bénéficier en Tunisie d’un traitement permettant de poursuivre une grossesse en toute sécurité. Ce syndrome compliquant les grossesses monochoriales biamniotiques consiste en une anastomose entre les circulations sanguines des deux fœtus ; le donneur présentant une hypotrophie alors que le receveur souffrira de surcharge. La première médicale en Tunisie et au Maghreb réalisée par Dr Maha Bouyahya, AHU à l’Hôpital Aziza Othmana, consiste à couper cette anastomose par coagulation via un foetoscope. Fruit d’une formation d’un an et demi dans l’Hôpital Necker et au CHU de Tours, cette expérience montre que l’hôpital public avance encore. Félicitations au Dr Bouyahya et à toute l’équipe de Aziza Othmana.

Par Sélim KHROUF

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Jeunes médecins, entre acquis et défis

Rappelons-nous … En juillet 2014, l’UGTT a signé un accord avec le ministère de la Santé prévoyant la mise en place d’un Service Civile d’une année pour les médecins spécialistes hommes et femmes, avec ou sans enfants, sains ou malades. Les étudiants en médecine et les jeunes médecins, dépités, ont perdu confiance en leurs leaders syndicaux. Pendant trois ans, les internes et les résidents vivent sans protection. Ils tendent la joue à plusieurs reprises sans jamais rien dire. La réforme des études médicales était pourtant en cours… La dégradation des conditions de travail empirait… Le très attendu «repos de sécurité» à l’issue des gardes de nuit ne vint jamais… Les futurs médecins se taisaient, contemplant avec amertume leur chute sans fin. Il a fallu un nouveau camouflet de la part du gouvernement pour que les jeunes médecins quittent leur léthargie. Sur les ondes de Jawhara FM, le ministère de la Santé annonça, le 5 décembre 2016, que le concours de résidanat pour les internes de l’ancien régime aurait lieu exceptionnellement en avril 2017, soit cinq mois avant la date convenue. Pris de court, les internes ont exprimé leur désarroi sur les réseaux sociaux. Si certains internes étaient satisfaits de cette mesure, une grande partie la refusait. L’Organisation Tunisienne des Jeunes Médecins (OTJM), une nouvelle structure nationale qui regroupera externes, internes et résidents en médecine ainsi que les jeunes médecins spécialistes et généralistes a donc vu le jour. En moins de 24 heures, son groupe Facebook a enregistré plus de 1800 nouveaux inscrits. L’OTJM a aussi fait circuler une pétition sur le net qui a recueilli en une seule journée un millier de signatures. L’OTJM déplore alors «1. La prise de décisions unilatérales concernant le concours de résidanat exceptionnel d’avril 2017. 2. La remise en question des accords conclus entre les jeunes médecins et les ministres précédents. 3. La suspension de la commission d’élaboration du statut juridique des internes et des résidents créée en Janvier 2014. 4. La procédure floue et imprécise […] de l’affectation des nouveaux résidents en médecine.» L’OTJM exprime aussi sa «volonté de participer aux projets visant à garantir un système de santé performant et égal sur tout le territoire tunisien.»

Rassemblant leurs efforts et leurs revendications, les jeunes médecins ont rejoint la table des négociations sans trop tarder. Ainsi à l’issue d’un marathon de débats et de réunions avec le Ministère de la Santé, la mobilisation a enfin porté ses fruits. Le 23 décembre, l’Organisation Tunisienne Des Jeunes Médecins (OTJM) déclare être parvenue à plusieurs accords : • Le taux de réussite de 30% dans le concours de résidanat à l’instar des années précédentes. • La rémunération à temps et juste des médecins internes vacataires et des médecins pratiquant le service civile. • L’implication effective des jeunes médecins dans les commissions traitant de la médecine de famille et dans toute autre décision qui les concernent : • Le ministère a promis d’organiser des réunions entre les collèges et les résidents afin de mieux adapter la répartition entre les services tout en veillant à équilibrer le nombre entre eux. • Un statut de résident sera accordé lors de la formation en Médecine de Famille au troisième cycle des études médicales (TCEM), etc. L’état actuel des choses reste pourtant précaire, les demandes des jeunes médecins –encadrés par leur organisation- non encore abouties sont : - Un statut officiel des internes et des résidents en médecine qui précise leurs droits et devoirs. Le ministère de la santé a approuvé le statut que le SIRT puis l’OTJM a préparé, adapté et discuté. Cependant, ce dernier bloque actuellement au niveau du 1er ministère. - L’instauration d’une loi traitant de la responsabilité médicale et des aléas thérapeutiques, protégeant ainsi à la fois le citoyen et le médecin. Les jeunes médecins sont représentés dans le comité qui travaille sur cette loi au ministère ; les choses avancent très lentement. - Un taux de réussite de 30% dans le concours de résidanat à l’instar des années précédentes ; Le taux de la dernière session de Décembre 2016 était de presque 22%. Le prochain concours se fera le 3 Octobre et le ministère ne s’est pas encore prononcé sur le nombre de poste de chaque spécialité ni le taux de réussite. - La rémunération correcte et dans les temps, des médecins internes vacataires et des médecins pratiquant le service civil ; Les internes vacataires sont payés tardivement par rapport aux internes et résidents, les médecins pratiquant le service civil sont payés beaucoup moins que l’accord établi avec Mr.Saïd El Aidi ancien ministre de la santé. - Et l’implication effective des jeunes médecins dans les commissions traitant la médecine de famille et toute autre décision qui les concerne. Et la lutte continue...

Par Cyrine BEN SAID Synapse N°6

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Up & do w n

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You belong to the 21st century where Google Now is your best friend in time of need. Yet sometimes all you can do is ask Cortana, Windows 10 assistant or Siri, if you’re an Apple’s secret lover, to do it for you. Easy Peasy Japanesey. But, think about it, what can you tell about Artificial Intelligence (or AI)?

So far, it is serving millions daily, slowly then all at once: it not only knocks at several fields’ door, but also at yours and lays on your cozy brown leather couch. “The development of full AI could spell the end of the Human race” STEPHEN HAWKING warns. How far can AI go? Be careful!

These are 6 facts YOU should know about AI. [FACT #01] AI has started in 1950. The term itself was coined six years later by John McCarthy, Stanford researcher, at “The Dartmouth Conference” in New Hampshire. [FACT #02] It is neither ART nor FICTION. ARTIFICIAL INTELLIGENCE is a technology and a branch of science that studies and develops intelligent machines and software. [FACT #03] AI aims at reasoning, knowledge, planning, learning, communication, perception and the ability to move and manipulate objects.

A Key Figure in AI Marvin Minsky (Born 1927)

Developed one of the first artificial neural networks but became a proponent of the symbolic approach to AI.

“The AI does not hate you, nor does it love you, but you are made out of atoms which it can use for something else.” Eliezer Yudkowsky

[FACT #04] Robots and Artificial Intelligence are two different things. The common point is that both are previously programmed. However, Robots do tasks. AI has the ability to learn. For instance, unmanned vehicles (or Drones) are machines used to target suspected militants in specific areas while AI offers a better way to diagnose Malaria via an autoscope, during Malaria season. (The results were published in December 2016). [FACT #05] Most of the AI are Females. And don’t tell me gender discrimination! None of that. It is only a matter of preference. Studies have shown that both men and women would rather enjoy female voices than male’s. Well, females sound less threatening than males! [FACT #06] AI has been used in medical clinical practice since the early 1980s. Knowledge-based and agent-based systems can be used in diagnosis, screening as well as treatment and medical care. Par Amal ABAYED N°6 14 Synapse Sept. - Oct. - Nov. 2017


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La cigarette électronique

Qu’est-ce que c’est? L’e-cigarette (ou cigarette électronique) est un dispositif électromécanique présenté comme un moyen pour aider au sevrage tabagique. L’idée est de simuler l’acte de fumer tout en évitant les méfaits du tabac. Qui a inventé l’e-cigarette? Le concept d’une cigarette électronique est élaboré par Herbert A. Gilbert en 1963 mais son invention ne fut jamais commercialisée. C’est en 2003 que la première ecigarette fut présentée au grand public par Hon Lik, pharmacien et ingénieur chinois. La mort de son père - par un cancer du poumon causé par le tabac - l’a motivé à créer l’e-cigarette afin d’échapper au même sort, étant lui aussi un grand fumeur.

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Faux substitut ou vraie alternative au tabac ? Phénomène qui s’est répandu durant ces dernières années de façon exponentielle, la cigarette électronique est aujourd’hui un objet d’engouement sans précédents. Synapse fait le point et répond à toutes les questions.

Comment ça marche? Le mécanisme de fonctionnement d’une e-cigarette n’a rien de magique. Elle est constituée d’une résistance électrique qui a pour but de faire chauffer un liquide qui produit de la vapeur destinée à être inhalée. Ce liquide en question est appelé e-liquide formé essentiellement par un mélange d’additifs alimentaires : Propylène Glycol et Glycérine végétale. A une température de 50-60°, il a la particularité de se transformer en vapeur. Celle-ci peut être aromatisée - arôme de tabac blond, orange, vanille, menthol, cupcake, etc. - et contenir ou non de la nicotine. La vapeur (brouillard de micro gouttelettes) constitue un nuage blanc rappelant la fumée des véritables cigarettes, peu odorant et

qui disparait rapidement (demi-vie du propylène glycol dans l’atmosphère d’environ onze secondes) Dans une interview, Hon Lik a admis avoir eu l’idée de l’e-cigarette en rêve en l’an 2000: Il rêva qu’il était en train d’avoir une crise d’asthme et avait la sensation de se noyer lorsque tout d’un coup, l’eau se transforma en fumée. L’innocuité des cigarettes électroniques est-elle confirmée? OUI & NON | Les experts s’accordent pour dire que les risques pour la santé sont sans commune mesure avec ceux du tabac mais cela ne signifie pas pour autant que les e-cigarettes sont sans risques. De récents tests ont révélé que les liquides de certains modèles contenaient des substances toxiques, voire cancérigènes (formaldéhyde, acétaldéhyde, acroléine, métaux lourds, par exemple). Mais pas de quoi s’alarmer, les quantités trouvées sont à des doses infinitésimales et ne posent pas de problème à court terme. Concrètement, les effets indésirables à court terme se limitent essentiellement à une irritation des yeux et de la gorge. L’e-cigarette a aussi un effet modéré sur la fonction respiratoire. On

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a ainsi pu observer un léger rétrécissement du calibre des bronches chez ses utilisateurs, mais bien moindre que chez les fumeurs de cigarettes. ( Flouris AD, Chortis MS et al, 2013). Néanmoins, pour une utilisation à long terme et généralisée, il faut attendre la preuve de l’innocuité de ces produits surtout qu’on ignore la dangerosité de l’exposition prolongée au propylène glycol et la glycérine. Est-ce que vapoter est meilleur que fumer ? OUI | Les utilisateurs de cigarettes électroniques préfèrent souvent le terme « vapoter » ou « vaper » (dérivé du mot « vapeur ») au lieu de « fumer » et se désignent non plus comme des fumeurs mais comme des « vapoteurs » Pour le fumeur, la cigarette électronique est un moindre mal mais pour un non-fumeur, elle n’est pas sans dangers. La cigarette, en raison des substances toxiques produites par la combustion du tabac, est beaucoup plus nocive que la cigarette électronique. Si les effets du vapotage à long terme sont méconnus, les méfaits du tabac ne sont plus à démontrer. Il tue chaque année 5 millions de personnes dans le monde. La cigarette électronique est-elle un moyen efficace pour arrêter de fumer ? NON | A ce jour, l’e-cigarette n’a pas encore suffisamment fait ses preuves dans le sevrage tabagique. Toutefois, plusieurs raisons laissent penser qu’elle pourrait être un substitut prometteur. D’abord, elle permet une absorption de nicotine presque aussi rapide que la cigarette classique en reproduisant une sensation de plaisir significative et comparable, tout en étant apparemment moins addictive. La sensation de chaleur et la reproduction du geste sont d’autres atouts.

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Enfin, une étude publiée dans The Lancet établit pour la première fois une efficacité comparable à celle des patchs à la nicotine pour un arrêt total pendant six mois au moins. Elle a également permis aux fumeurs qui n’ont pas stoppé totalement leur consommation de la réduire de moitié. « On ignore encore beaucoup à propos des e-cigarettes, de leur contenu et de l’étendue de leur danger » a affirmé Marvin M. Lipman, conseiller médical au sein de la FDA (Food and Drug Administration) « dans l’attente de nouvelles découvertes, pensez à chaque bouffée comme un pas dans l’inconnu où vous représentez un cobaye humain » Son usage thérapeutique peut-il être recommandé? NON | La cigarette électronique n’est pas activement proposée par les médecins comme substitut en raison du manque de bases scientifiques attestant de son efficacité dans le sevrage tabagique. On lui reproche aussi de maintenir la dépendance à la nicotine. Par ailleurs, des standards de qualité font défaut pour un usage généralisé. Aujourd’hui, seul un conseil médical, associé à une aide au sevrage tabagique (substitut ou médicament), est reconnu comme une méthode sûre et efficace

Le «vapotage passif» nuit-il à l’entourage? OUI | Lorsqu’une personne «vapote» à vos côtés, «des quantités non négligeables de nicotine sont exhalées et peuvent persister dans l’air ambiant», indique l’Office Fédéral de la Santé Publique Suisse (OFSP). D’autres substances potentiellement nocives peuvent également être libérées dans l’air. Il semble toutefois que le vapotage passif présente moins de risques que le tabagisme passif, mais cela doit encore être vérifié scientifiquement. Dans le doute, l’OFSP recommande en particulier de ne pas consommer de cigarettes électroniques en présence d’enfants. Les flacons d’e-liquide sont-ils sans dangers? NON | La dose de nicotine présente dans les flacons d’e-liquide est dangereuse pour les non-fumeurs, et particulièrement pour l’enfant. S’il boit le flacon, il a une chance sur deux de mourir. Donc il faut être extrêmement vigilant : même lorsqu’il est vide, il faut, en particulier, ne pas donner le flacon aux enfants pour jouer afin d’éviter des intoxications graves. Vapoter peut-il inciter à fumer? OUI | C’est un risque. La cigarette électronique peut constituer une porte d’entrée au tabagisme en raison de l’apport en nicotine et de la


dépendance qui peut s’installer. Dans les faits, l’e-cigarette tend à être présentée comme un accessoire de mode, notamment chez les stars américaines. La progression de sa consommation chez les jeunes inquiète : OutreAtlantique, une étude très récente indique que son usage a doublé en deux ans chez les lycéens et chez les étudiants. De son côté, la FDA réfléchit à en limiter sérieusement l’accès sur internet et à augmenter l’âge légal de 18 à 19 ans pour s’en procurer. Dans plusieurs pays tels que la France, l’Angleterre et l’Es-

pagne, la vente est restreinte aux adultes. Dans d’autres, tel que le Brésil et l’Argentine, elle est strictement interdite. Fait amusant : Les e-cigarettes sont produites pour la plupart en chine et pourtant à Hongkong, sa simple possession est punie par la loi d’une amende de 87000 dollars de Hongkong ce qui correspond à presque 23 000 dinars tunisiens.

Où en sommes-nous en Tunisie? Avec une vingtaine de points de vente localisés pour la plupart à la banlieue nord de Tunis et la vente en ligne, on est encore loin des chiffres qu’affichent nos voisins de l’autre rive de la méditerranée mais c’est un phénomène en pleine expansion qui, dans un futur proche, fera partie imminente de notre quotidien. Nous serons alors contraints à y prêter plus attention.

Par Abdelkefi Tarek.

Sources et bibliographies: - Vaporisateurs de tabac : comment réagir? Etter JF - The rise of e-cigarettes : implications for health promotion. Janceya J, Binns C, Smith JA - The perceived effects of electronic cigarettes on health by adult users : A state of the science systematic literature review. Tomashefski A.

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Le pèlerinage des âmes perdues « Aux âmes qui, par un jour maudit, décidaient de nous abandonner ; aux âmes qui s’envolaient hâtivement aux firmaments à la recherche d’une mère qu’elles n’avaient jamais connue, d’un amour qu’elles n’avaient jamais rencontré, d’une patrie qui ne les avait point abritées : reposez en paix là où vous êtes mais n’invitez plus nos enfants à vous rejoindre car les larmes nous inondent et la culpabilité nous use.» Mourir : un seul mot, six lettres, des milliers de questionnements et des millénaires de lassitude. La Mort : c’est le voyage le plus périlleux de l’existence toute entière, la sente la plus tortueuse de l’itinéraire humain, le litige le plus sanglant mais le plus inéluctable de l’histoire de l’être. Le trépas, dilemmatique, reflèterait-il, en tant que tel, le destin d’un corps révolté s’acharnant à défendre son droit légitime à l’immortalité ? Ou désignerait-il, nonobstant toute embrouille, la quête d’une âme affligée ayant fui la bassesse de sa réalité ? Serait-ce dès-lors sensé d’admettre que le suicide est l’Odyssée de toute créature errée éprise du rêve de l’ailleurs ? C’est à ce propos, que se déroule, ici, en Tunisie, six ans après l’illusion d’une révolution, les épisodes lugubres de la tragédie la plus terrorisante de toutes les époques. C’est ici, sur cette terre endiablée, après 6 ans d’avidité et de perfidie, que la Tunisie, entravée, témoigne chaque jour du dernier soupir d’un enfant fané qui s’offre de son plein gré à la géhenne de la mort. C’est ici, entre ces villes exténuées, après 6 ans de désarroi et d’absurdité, que la Tunisie, distraite, entend à chaque instant le dernier gémissement d’un jeune contestateur qui décide vaillamment de briser les chaînes qui l’emprisonne dans l’ignominie de l’existant. Miséricorde ! 52 enfants de moins de 15 ans, tous, perdent la vie en 2015 parmi 549 tentatives de suicide enregistrées. L’Etat,

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inapte à réagir convenablement face à ces dégâts, affirme, toutefois, que la situation, déjà désastreuse ne cesse de s’aggraver : 900 cas entre suicides et tentatives de suicide sont authentifiés l’année dernière, les victimes comptant des garçons mais majoritairement des filles entre 13 et 18 ans. Il est ainsi incontournable de noter que cette tendance suicidaire, en ellemême alarmante, révèle, malheureusement l’assombrissement de notre réalité socio-économique qui instaure à son tour un nouveau culte, celui de la Mort. Naguère, on la prenait, cette dernière, pour une créature sanguinaire qui attaqua abruptement nos cités, une créature farouche qui s’empara de nos proches, qui dévora leurs ambitions et qui se saoula de leur chair. On l’abhorrait, elle nous répugnait, mais elle n’étouffait point l’ardeur de notre espoir. On se lamentait, on s’irritait, on la maudissait puis on la défiait et on continuait de vivre jusqu’à ce qu’elle jaillît de nouveau de ses ténèbres afin d’assouvir sa soif de notre sang. Nous jouissions de ces moments prompts de trêve et cela nous suffisait. Infortunément, de nos jours, nous n’avons plus ce droit à la paix : le néant décide subitement de coloniser nos terres. Il conquiert nos maisons et réside dans nos âmes. Il nous ôte prétentieusement la fierté incommensurable qu’on savourait auparavant en le bravant. Il est actuellement le maître imbattable des métamorphoses et nous n’arrivons plus à l’identifier, étant nous-mêmes dissipés par l’affolement ravageur de notre quotidien. Dans un pays qui sombre dans la disgrâce et qui souffre de l’indigence, on s’estime pour lors chanceux d’avoir cette majestueuse faveur de rencontrer le Deuil, quel qu’il soit, là où qu’il aille. On le rencontre chaque jour, dans les villages marginalisés qui crient famine face à la surdité irrévérencieuse de leurs « suzerains »,

eux-mêmes vassaux d’une gourmandise naïve et insatiable. On le rencontre, dès l’aube, en ces lieux condamnés perpétuellement à la torture, dans un corps infantile alourdi par la nécessité, qui se réveille encore accablé du froid mortifiant de la veille, toujours courbé sous la lourdeur d’une faim douloureuse qui déchire ses parties les plus profondes , traînant ses appréhensions et ses incertitudes lors de son interminable chemin de croix vers les ruines d’une école où on pourrait tout apprendre sauf l’art de vivre. On croise le Deuil, chaque matin, dans les faubourgs les plus démunis d’une ville odieuse en dépit de sa somptuosité erronée, une ville ignoble qui bannit ses bâtisseurs avec une ingratitude impudente pour ouvrir ses bras hypocrites aux chasseurs d’or et de chair humaine. On le croise, journellement, dans les impasses boueuses des banlieues lointaines, dans une silhouette chétive affaiblie par la rudesse de son vécu, une mine féminine défraîchie, qui préserve, nonobstant sa pâleur funéraire, les vestiges d’une joliesse enlaidie par la férocité de son sort, un jeune visage sénescent qu’a flétri l’inclémence de 5 ans de travail comme « fillette de ménage », tâche scandaleuse qu’inflige un ivrogne dédaignable à sa fille de 14 ans, contrainte, ipso facto, d’abandonner l’école, de renoncer à son rêve


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d’une réussite grandiose, d’enterrer avec amertume sa propre histoire pour continuer celle de sa mère, celle de la misère et de la résignation. Il est par conséquent inexorable que la Faucheuse s’est aisément insinuée dans le fin fond de nos essences atterrées. Nauséabonde, nous l’inhalons sans cesse et elle nous étouffe. Empestée, elle s’écoule dans nos veines et nous nous putréfions. On l’entend ricaner suite au discours courroucé d’un adolescent désireux de gloire qui essaie désespérément de prouver l’authenticité de son talent et l’ingéniosité de ses visées, lui, qui refuse dignement de s’immoler en faveur des projets inaccomplis, ceux d’une famille enfermée dans l’obstination. On la sent émaner des entrailles saignantes d’une jeune militante atrocement terrassée par l’abjection de la servitude. On la sent palpiter entre ses lèvres craintives qui tiennent à arracher leur dernier baiser en dépit des yeux cannibales qui les guettent sur l’épave d’une ville noyée dans l’obscurantisme. On la voit tous les matins vagabonder dans son corps damné qui essaie en vain de dissimuler les dommages de ses nuits agitées, celles qui oscillent continuellement entre les gifles d’un géniteur despotique et les raclées d’un frère fruste, cherchant tous les deux à certifier leur virilité dans une société déshonorée qui s’acharne ridiculement à retrouver son honneur entre les cuisses d’une femme.

Compendieusement, les tunisiens s’assujettissent à l’indifférence et le Deuil s’annonce partant étant la nouvelle foi du peuple. Chômage, dénuement, ignorance, injustice, mépris, intolérance et exclusion s’enchevêtrent tous pour aboutir à la fatalité la plus terrifiante :ils aboutissent tous à la vacuité. Nos enfants ne se suicidèrent pas ; nous les annihiliâmes. Ils nous interpelaient mais le tumulte de notre égoïsme nous assourdissait. Ils combattaient, seuls, leur destinée et elle les abîmait mais la lâcheté de nos âmes nous aveuglait. Nous flairions la Mort s’exhalant de leurs cœurs mais la puanteur de notre passivité nous suffoquait. La perdition les rongeait et ils nous devaient des explications mais, fiers et ineptes, nous répétions inlassablement : « Mektoub ». Ils prônaient la liberté et nous glorifiions l’obédience. Pour la première et la dernière fois, ils se délivraient des doutes qui les tiraillaient sans répit. Pour la première et la dernière fois, ils avaient à choisir : soit ils décapitaient leur malheur soit leur malheur les exterminait. Et ils optaient pour la mort, qui laide et séductrice, aigre et douce, glaciale et chaleureuse mettrait fin à leur souffrance. Ils attachaient leurs désirs à une corde, le pont unique entre une vie qui les avait expulsés et une mort à laquelle ils aspiraient : leurs âmes partaient vers l’inconnu à la quête d’une quiétude tant attendue et leurs dépouilles peuplaient nos villes et nos cœurs pour nous rappeler perpétuellement de l’infamie de notre crime, nous, qui les

avions sacrifiés à la barbarie de leurs déceptions. Malgracieux, nous brûlions leurs ambitions folles et innocentes qui, au lieu d’illuminer notre avenir, ravivaient la flamme de nos regrets. Aux tunisiens, inébranlables en dépit de leur détresse ; aux tunisiens optimistes malgré leurs inquiétudes : il est temps qu’on se révolte, il est temps qu’on s’unifie. La Mort possède nos enfants, émancipons nos esprits pour pouvoir les exorciser. A nos adolescents qui, désorientés, cherchent à s’identifier au travers de la platitude du conformisme ; à nos jeunes qui, indécis, se balancent infernalement entre la froideur de l’ici et les tentations de l’ailleurs : hâtez-vous vers le suicide, il pourrait éradiquer vos angoisses mais il ne déracinera jamais l’opprobre qui vous harcèlera là ou vous serez. Le destin est un empereur démoniaque qui nourrit son orgueil de notre asservissement et rassasie sa frénésie de votre désespoir. Affrontez alors sa cruauté par vos sourires. Par le suicide, vous ne serez que des fugitifs et seule l’endurance immortalisera l’épopée de votre vie. Multipliez vos efforts et travaillez : la fatalité craint la rébellion de votre volonté. Affranchissez vos cœurs et aimez, même la mort se prosterne devant la majesté de l’amour. Haussez vos voix et chantez, à chaque note vous aurez l’heur de vous réincarner. Vénérez Zorba et dansez, seule la danse est apte à vous purifier. Eclatez vos couleurs et peignez vos rêves, chaque trait est une voie vers un avenir meilleur. Cultivez votre savoir et lisez, tout mot vous présente la possibilité d’une nouvelle rencontre. Croyez en vous et écrivez, à chaque lettre vous ferez un pas vers l’éternité. Détrônez la mélancolie et divinisez le soleil, s’il vous abandonne un jour sa bienveillance vous enflammera à vie. Chassons la rancune et remédions à notre patrie. La Tunisie agonise, massacrons ses assassins et soyons ses messies.

Par Raghda ELGAIED Synapse N°6

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Interview avec Pr Hamdoun 1- Pr Hamdoun, la plupart des gens ne savent pas exactement ce qu’est la médecine légale, et donc pour commencer : qu’est-ce que la médecine légale ? - « Quand on dit médecine légale , on pense le plus souvent à la spécialité des morts , de l’autopsie, et le médecin légiste est là pour faire des autopsies. Jusqu’au début du XXème siècle, on ne parlait que de la thanatologie : la science de la mort, mais de nos jours, les autopsies ne représentent qu’une partie de cette spécialité. C’est l’un des volets de la médecine légale. La médecine légale est une spécialité à part entière, qui répond aux normes de la médecine de spécialité, nécessitant 4 années de résidanat. C’est une spécialité à cheval entre la médecine et la justice et elle est faite pour rendre service à la justice , pour éclairer des faits dans les domaines qui touchent au corps humain (les blessures, les accidents…) et qui intervient dans toutes les affaires judiciaires. Elle utilise la science médicale (la biologie, l’étude génétique ….) avec un champ d’action assez large. En fait, il y a des sous-spécialités dans la médecine légale : la médecine légale judiciaire où il y a la thanatologie avec un examen complet, la levée de corps et l’autopsie. Quand le médecin légiste signale la présence d’un obstacle médicolégal, le procureur de la république est immédiatement mis au courant, et il demande alors une autopsie. Il y a aussi la traumatologie qui traite les victimes d’agressions, d’accidents, par le biais d’un avis du médecin légiste pour évaluer le dommage corporel, les problèmes d’identification des victimes d’attentat, de naufrages, des brûlés grâce à l’étude génétique, aux empreintes dentaires , aux empreintes digitales... Puis il ya un 2ème volet qu’on appelle le droit médical. Ce sont des connaissances de droit qui se rapportent à l’exercice de la médecine et tout médecin doit connaître les textes réglementaires qui dirigent la profession. Un grand chapitre N°6 20 Synapse Sept. - Oct. - Nov. 2017

de ce volet : la responsabilité médicale : c’est quand un médecin commet une faute médicale ou quand il y a une plainte contre l’hôpital ou l’équipe soignante. Il s’agit donc d’une affaire de justice : le juge nomme un médecin expert pour éclairer les faits. Et on arrive au 3ème volet : la déontologie et l’éthique médicales. La déontologie médicale : c’est la morale professionnelle , réglementée par un ensemble de principes : le code de déontologie médicale. L’éthique médicale : c’est la morale à l’échelle humaine , il n’y a pas de textes de loi qui la dirigent ; c’est l’agissement du médecin vis-à-vis de sa conscience. 2- Maintenant que nous avons bien saisi la définition de la médecine légale, nous voulons savoir à quand remonte l’installation de la médecine légale en Tunisie et quelle est sa situation actuelle ? - « La médecine légale en Tunisie date des années 1973-1974, les premiers médecins légistes Tunisiens sont : Le Professeur Abdelaziz Ghachem et Professeur Mahmoud Yacoubi (qui était le chef du centre de toxicologie CAMU), ils étaient les seuls pionniers de la médecine légale en Tunisie jusqu’en 1985, date de naissance de la 1ère promotion de médecins légistes formés par ces deux patrons ( 1985-1986) et dont je faisais partie. Et à partir de 1987 : j’étais avec le Pr Ghachem à Tunis, Pr Zemni à Sousse , Pr Maatoug à Sfax et Pr Ali Chedli à

Monastir et petit à petit ces équipes se sont élargies et de nos jours on est arrivé à créer des services de médecine légale dans des hôpitaux régionaux : à Gabès, Gafsa, Kasserine, Kairouan, Nabeul et 4 services hospitalo-universitaires : à Tunis, Sousse, Sfax et Monastir. Et on continue à former des médecins légistes pour les autres hôpitaux régionaux. Pour les postes au concours de résidanat, il y a 2 ans, on avait 4 postes et on est arrivé à multiplier ce nombre par 2. Je pense qu’avec 8 postes , on arrivera à élargir le champ d’action de la médecine légale. Actuellement, on opte pour une carrière universitaire et on veut faire de sorte que les services de médecine légale soient des services universitaires vu que c’est une spécialité qui évolue rapidement et qui se doit d’être à la page dans les domaines de recherche. Et puis il faut savoir qu’on travaille en équipe, de manière concertée pour prendre des décisions lourdes et assumées. Et donc même dans les hôpitaux régionaux, on prévoit des services à vocation universitaire pour qu’ils soient rattachés à un pôle universitaire. C’est la vision qu’on souhaite adopter ». 3- Vous avez parlé de décisions lourdes et de responsabilité médicale , cela nous amène à conclure que le profil du médecin légiste est particulier . Pouvez-vous nous décrire les particularités exigées pour bien remplir ce poste ? « Être médecin légiste : ça demande de la passion, de la patience, de la


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rigueur, de l’honnêteté, il faut avoir les nerfs solides pour pouvoir résister aux tentations, et surtout il faut être vigilant : comment choisir les mots, car chaque mot a son importance. Mais la qualité indispensable est la partialité : pas question de se soumettre à une pression ou à une tentation ! ».

L’examen médical y est très délicat, il nécessite beaucoup d’expérience, le gynécologue n’est pas forcément le plus spécialisé, l’examen est purement médico-légal car il faut connaître d’une part son importance sur le plan juridique, et d’autre part toutes les variétés anatomiques et les cas possibles.

4- Concernant les cas ayant été violentés sexuellement, est-ce que les médecins légistes peuvent intervenir pour modifier certaines lois? Ne pouvez-vous pas par exemple modifier la définition de certains concepts, comme celui du viol (pénétration intravaginale portant atteinte à la pudeur) ?

5- Vous avez parlé du centre de toxicologie, est-ce que les moyens qu’on a sont suffisants pour exercer correctement la médecine légale ?

Ca fait plus de 10 ans que je travaille sur ce projet, que je bataille pour que ça aboutisse à un résultat, mais faute de moyens, le ministère ne pouvait nous aider qu’avec le personnel, le reste (les infrastructures, le réaménagement, etc…) a été fait par des associations tel que Leo Club el Marsa…

Nous avons le stricte nécessaire, mais c’est vrai qu’il nous manque certaines

6- Et est-ce que vous pouvez parler de certains cas à la télévision par exemple ?

Concernant la médecine légale, les agressions sexuelles y sont considérées comme la seule urgence, parce que ce sont des affaires très délicates pour la justice; comme vous l’avez souligné, les punitions sont plutôt sévères, et en plus de cela, il n’y a généralement pas de témoins. Il ne reste donc au juge que le côté médico-légal; l’affaire repose alors entièrement sur la décision finale du médecin, d’où l’énorme responsabilité qu’il a.

choses en toxicologie. Tout d’abord, nous n’avons qu’un seul centre de toxicologie à Montfleury, alors que la demande ne cesse d’augmenter. C’est pourquoi nous voulons ouvrir un centre regroupant tous les domaines de la médecine légale; les consultations de victimologie, les expertises concernant les vivants victimes d’accidents ou d’agressions, les autopsies, les analyses toxicologiques, pharmacologiques, d’anatomo-pathologie… Ce centre devra assurer non seulement les soins des victimes d’accidents ou d’agressions sexuelles, mais aussi leur fournir les soins psychologiques nécessaires, il y aura des psychologues à plein

7- La dernière question, il y a eu, dernièrement, une thèse concernant la torture en Tunisie, qu’en pensez-vous ? - C’est un sujet très intéressant; sous l’ère de Ben Ali, nous avons reçu pleins de corps décédés suite à la torture, et nous avons dû écrire la cause de la mort dans les rapports, bien qu’il y avait des risques à cela. Personnellement, je n’ai reçu aucune menace en écrivant mes rapports, mais on me disait indirectement que je ne devrais pas indiquer la vraie raison de la mort, d’où l’importance de l’éthique dont je vous ai parlé tout à l’heure. Et c’est inadmissible qu’un enseignant d’éthique et de déontologie ou de médecine légale, tombe dans cette complaisance. Merci à vous Docteur Hamdoun Merci. Par Mariem TIRA Synapse N°6

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L ’ i n t e rv i e w

- Il est interdit, d’un point de vue éthique et judiciaire, de divulguer le secret médical et judiciaire. Je peux parler de certaines affaires, sans donner de noms, mais pour parler d’un cas particulier, il me faut trois autorisations; une du ministère de la santé, une du tribunal (affirmant que l’affaire a été classée), et enfin une de la famille en question, témoignant de son consentement.

- “Nous avons autant de références juridiques que de références médicales; concernant la définition du viol, ce n’est pas le code pénal qui la donne. L’article 227 dit “le crime de viol commis avec violence (usage ou menace d’usage d’armes) est puni d’une peine de mort” ne définit pas le viol, c’est donc le tribunal qui va le définir. Cependant, le principal facteur pour influencer la modifications de lois ou de définitions, c’est la société civile, qui doit agir et dire, par exemple que ce n’est pas normal qu’une atteinte à la pudeur (sodomie…) soit punie d’une manière beaucoup moins sévère que le viol. En 1901, date d’instauration de ces articles, le viol était sévèrement puni car on craignait la grossesse, mais aujourd’hui, ce sont surtout les conséquences psychiques d’un viol ou d’une atteinte à la pudeur qui expliquent la sévérité de la punition.

temps qui prendront en charge ces victimes, et qui les suivront jusqu’à amélioration de leur état, car actuellement, ces victimes sont “lâchés dans la nature”.


Le végétalisme : Pour ou contre ? POUR Parce que rien n’est jamais simple, même lorsqu’il s’agit de se mettre aux fourneaux commençons tout d’abord par un petit rappel, le végétarisme est un régime alimentaire excluant la viande animale, le végétarisme écarte tous les produits d’origine animale ( le lait, le miel, les œufs ..), le végétalisme se traduit plutôt par un mode de vie où la personne choisit de ne consommer aucun produit pouvant porter atteinte aux animaux tels que le cuir ou encore les cosmétiques testés sur les animaux. Enfin il est important de rappeler que tous ces choix alimentaires ne sont en aucun cas des dogmes. Certains consommateurs choisissent de continuer à manger du poisson, d’autres des œufs mais pas de lait et d’autres encore se décrivent comme étant des flexivores ou végétariens à temps partiel. Mais rentrons au cœur du sujet, pourquoi est-ce que toi étudiant lambda aurais-tu à te priver de ce magnifique couscous au poisson ou de ton makloub quotidien ? Parce que cher ami on te ment … Si l’industrie alimentaire aime à nous faire croire que tous ces animaux mènent une vie paisible dans une magnifique prairie, où l’herbe se déploie à perte de vue, certains petits détails sont à revoir.

Nos fermes ressembleraient plutôt aujourd’hui à de gigantesques hangars métalliques ou des centaines de bêtes sont entassées les unes sur les autres, et où l’espace est réduit au minimum vital. Outre la question de la souffrance animale, avec le développement de comportements agressifs chez certains dû à l’enfermement, l’alimentation est inadaptée aux besoins de l’animal, visant seulement une croissance éclair à prix réduit et l’hygiène est très difficile à maintenir. Des conditions qui sont à l’origine du développement de nombreuses maladies parmi les populations animales notamment l’ostéoporose chez les volailles. Trop de risques pour l’hypochondriaque que je suis.

De telles méthodes posent aussi de véritables problématiques sanitaires. En effet une telle densité animale est propice au développement de certaines bactéries tel qu’Escherichia coli, ce qui nécessite l’utilisation de traitements antibiotiques à titre préventif, qui à leur tour sont à l’origine d’une augmentation des souches résistantes. L’exemple le plus parlant des dérives de l’élevage industriel reste la maladie de la vache folle (l’encéphalite spongiforme) à la fin des années 80, dû à l’utilisation de farine animale donnée au bétail en substitution aux protéines végétales. La pollution en Tunisie ce n’est pas ce qui manque L’impact écologique de l’élevage industriel est souvent méconnu, nous pouvons ainsi citer l’utilisation de pesticides riches en phosphate et en azote, contaminant les nappes phréatiques mais aussi les cours d’eau. Ces substances provoquent la prolifération d’algues, causant la disparition de certaines espèces animales. De même l’azote utilisé est à l’origine de l’émission d’ammoniac, une des principales causes des pluies acides. Enfin d’après la FAO ( Food and Agriculture Organization of the United Nations ) ? L’élevage émet chaque année 7 giga tonnes d’équivalents CO2 soit entre 14.5 et 18 pour cent des émissions des gaz à effet de serre, supplantant ainsi les émissions dues aux transports (ce qui n’est pas peu dire pour quiconque ayant déjà conduit à Bâb Saadoun) . Dans une ère où la population mondiale est en perpétuelle expansion 70 pour cent des terrains agricoles sont dédiés à l’élevage. Enfin, pour un pays souffrant particulièrement du manque d’eau et un contexte

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telle que la grossesse. Ces besoins peuvent être satisfaits par une alimentation végétarienne. En effet, les légumineuses tels que les haricots, les lentilles, les petits pois sont une excellente source de protéines, de même pour les céréales tel que le blé, ou encore les oléagineux tels que les noix, les noisettes, les amandes ou les graines de tournesol. Plus concrètement, un adulte de 70 kg pratiquant une activité physique modérée nécessite entre 70 et 84 g de protéines par jour, sachant que 100gr de viande bovine en contient 28 gr et que 100g d’haricots blanc 21g. Par conséquent, il semblerait que le lien que nous semblons faire entre viande et protéines soit quelque peu abusif. Tous ces aliments sont aussi une excellente source de fer. Ainsi, cher lecteur, être végétarien n’est pas synonyme d’une addiction aux épinards, et pour tous les gourmands parmi vous, ne se limite certainement pas à une surconsommation de légumes. Pour Nos petits agriculteurs… mondial où l’or bleu est l’un des premiers enjeux géopolitiques, les quantités d’eau utilisées par l’élevage sont absolument exorbitantes. Ainsi 15 500 litres d’eau sont nécessaires pour la production d’un unique kilo de bœuf contre 700 litres seulement pour un kilo de pommes. Parce que le comble pour un médecin c’est … Changer de régime alimentaire n’est pas seulement une manière d’arrêter le gaspillage de l’eau ou de protéger l’environnement, c’est par-dessus tout une façon efficace et naturelle d’améliorer votre santé. D’après une étude menée par l’association américaine de diététique, les végétariens présentent un plus faible taux de cholestérol LDL, et sont moins sensibles de développer une hypertension artérielle ou un diabète de type 2. De même ils présentent un IMC plus faible et moins de cancers d’une façon générale. En outre l’OMS ( Organisation Mondiale de la Santé) a récemment catégorisé la consommation de viande rouge comme étant « carcinogène probable », et celle de viande transformée ,autrement dit : les charcuteries, sous l’étiquette “carcinogène pour l’homme”, notamment concernant le cancer colorectal.

Contrairement à certains, à priori ce régime alimentaire n’est pas déconseillé pour certaines périodes de la vie tels que la grossesse ou encore l’enfance ni même pour les sportifs et n’est pas une cause de carences. Néanmoins, il est ici important de distinguer entre le végétarisme et le véganisme qui peut être une source d’insuffisance en vitamine B12, pouvant être corrigée par une supplémentation. Si la vitamine B12 est retrouvée dans les produits animaux, en raison des conditions d’élevage moderne, les animaux sont eux aussi supplémentés en vitamine B12. En effet 90 pour cent de la production mondiale est destinée à l’élevage industriel.

Enfin, si les géants de l’agroalimentaire submergent nos marchés d’articles d’une qualité réfutable, certains agriculteurs luttent encore et toujours pour nous offrir des aliments cultivés dans le respect de l’environnement mais aussi des consommateurs. Adopter ce mode alimentaire est aussi une manière de découvrir de nouveaux produits et d’encourager ces travailleurs acharnés. Le lait ce mystère…

Concernant tous les autres nutriments tels que le fer, le zinc ou les acides aminés essentiels, ces derniers peuvent tous être apportés par une alimentation végétarienne équilibrée. Mais et les protéines dans tout ça ? Il est recommandé de consommer entre 0.8 et 2g de protéines par kg par jour, valeurs qui sont à adapter selon le mode de vie (que vous soyez plutôt un adulte sédentaire ou un sportif de haut niveau) et à certaines conditions physiologiques

Si les végétariens ne consomment pas de produit d’origine animal en raison des conditions d’élevage et de la souffrance animale, leur décision de se détourner des produits laitiers reste pour certains un véritable sacrilège. Néanmoins, à la lumière de certaines études, bannir ces produits ne semble pas être Synapse N°6

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La question qui fâche

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une idée si saugrenue. En effet, le lait longtemps plébiscité pour sa richesse en calcium, élevé au rang des produits miracles et indispensables pour les enfants et pour les os, est aujourd’hui remis en question par plusieurs scientifiques. Ainsi, dans une étude publiée dans the American Journal of Clinical Nutrition par Walter.C.Willett (qui est à la tête du département de nutrition à Harvard School of Public Health) conclut qu’il n’y a aucune preuve démontrant que le lait ou qu’une alimentation riche en calcium réduirait le risque de fractures. Plus encore, aujourd’hui l’OMS fait face au paradoxe du calcium, ainsi les pays consommant le plus de produits laitiers sont également les pays où le taux d’ostéoporose est le plus élevé. De même le British Medical Journal publie une étude démontrant qu’une forte consommation de lait provoque chez les femmes un plus grand risque de fractures. Enfin, certaines études soulignent un lien entre une forte consommation de produits laitiers et le développement du cancer de la prostate chez l’homme et du sein chez la femme. Certaines théories visant à expliquer ces résultats, mettent en cause les hormones de croissance présentes dans le lait. Nous aurait-on alors induits en erreur pendant toutes ces années ? Certains pointent du doigt le financement des recherches encourageant la consommation du lait par des géants de l’industrie laitière. Alors théorie du complot ou véritable danger, face à ce flux d’informations contradictoires certains décident d’écarter le grand méchant lait.

pas supplémentaire vers un mode de vie plus sain mais surtout une prise de position aussi bien environnementale que politique et une manière de faire à votre échelle une différence dans l’amélioration des conditions de vie des animaux mais aussi de nos générations futures.

CONTRE Etre végétarienne ? j’y suis contre bien que je respecte, bien sur, ceux qui le sont. Pourquoi ? en fait c’est que je ne pourrais prétendre être amoureuse de la nature tout en ne respectant pas la mienne or selon moi manger de la viande est essentiel pour notre organisme, un régime exclusivement végétal est trop peu dense en nutriments pour nous maintenir en bonne santé: Nous avons besoin d’apport en carnitine et carnosine , qui ne se trouvent que dans la viande. Nous absorbons mal la plupart des vitamines lipo-solubles quand elles sont d’origine végétale, les végétaux ne contiennent ni assez d’acides gras saturés ni suffisamment d’acides gras essentiels nécessaires à notre bonne santé neurologique et métabolique…et la liste des avantages de l’alimentation animale est assez longue. Ainsi on ne pourrait prétendre que notre santé puisse se passer de cette délicieuse viande. Et puis une alimentation végétarienne nous priverait de tant de succulents plats de grands mère qui garnissent nos tables de dimanche et qui réchauffent cœurs et papilles, quel dommage donc de laisser dis-

paraître plus de la moitié de notre fabuleux patrimoine culinaire ! Et puis, je ne crois pas au mythe que manger végétarien sauverait notre planète, la mort fait selon moi partie du cycle de la vie. Ainsi, la viande de ces animaux sert de nutriments pour nous et pour bien d’autres prédateurs comme servira notre corps un jour à alimenter la terre et c’est ainsi qu’est faite la vie. Supposons maintenant que tout le monde devienne végétarien, ceci reviendrait à la nécessité d’étendre les terres agricoles et à recourir à l’agriculture intensive afin de nous auto suffire, soit à bouleverser l’équilibre naturel de la flore et donc de la faune ce qui mènera à une réelle menace pour notre planète. En effet, en étendant les terres agricoles, on modifierait brutalement et totalement le milieu naturel de plusieurs espèces qui en seraient menacées, sans mentionner tous les pesticides et autres polluants auxquels les agriculteurs auraient recours pour subvenir en quantité aux besoins de tous ces humains affamés. Vous voyez bien maintenant que ce n’est pas en étant végétarien qu’on sauverait notre biodiversité, mais c’est plutôt en y prenant place uniquement en tant que participants qu’on a plus de chance de le faire. Il est confirmé qu’au cours de l’évolution, la consommation de viande cuite fut l’une des causes principales du développement de notre intelligence, donc continuons d’être intelligents et profitons simplement de ces délices que nous offre mère nature !!

Et si les vegans semblent être une population d’illuminés marginaux, sachez que dans le monde entre 70 et 80% de la population de plus de 7 ans ne possède pas l’enzyme nécessaire à la dégradation du lactose, travail qui est alors effectué par les bactéries intestinales ce qui provoquent certains désagréments (dont je vous éviterais ici la description, pas très glamour tout ça). Par conséquent si le végétarisme est un choix peu orthodoxe et peut au premier abord sembler comme étant une contrainte, c’est également un Par Ons BOUDEN & Emna MAKHLOUF N°6 24 Synapse Sept. - Oct. - Nov. 2017


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Etre diabétique sans avoir à se transpercer les doigts quotidiennement ? Ça sera très prochainement possible avec le Symphony tCGM biosensor de EchoTherapeutics, Philadelphie. Comme son nom l’indique, le principe repose sur un biocapteur transcutané à forte sensibilité qui détecterait la variation de la glycémie sans recourir à l’analyse sanguine. Cette technologie substituerait l’aiguille à ce patch accompagné d’un autre dispositif qui, similaire à une brosse à dents électrique, ne fera que relever une fine couche de la peau pour rendre accessible la chimie du sang au capteur. Celui-ci effectue une lecture par minute. Les données sont ensuite transférées à distance à un ordinateur qui se charge de générer des alarmes en temps réel lorsque la glycémie du patient s’écarte de la fourchette optimale. Que de bonnes nouvelles, non ?

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Mesdames et messieurs, je vous présente Dr. RPVITA Robot, charrette à double écran avec équipement de surveillance médicale, programmé pour se frayer un chemin pas uniquement dans les halls bondés des hôpitaux mais aussi dans le monde du « telehealth ». Cette co-production d’iRobot Corp. et InTouchHealth constitue une première en termes d’autonomie. Ainsi, l’engin patrouille dans les hôpitaux, examine et gère les signes vitaux de chaque patient sans aucune intervention humaine directe. Mais un praticien à l’autre bout du fil a bien la possibilité de se joindre au robot à tout instant via son IPad ou son ordinateur pour l’orienter vers un patient précis, par exemple. Approuvé en 2012 par la FDA, RP-VITA existe aujourd’hui dans près de 100 hôpitaux aux ÉtatsUnis. Une interface patient-médecin rapide et pratique, une solution pour accorder le meilleur des soins aux plus grand nombre de patients ; la technologie n’a jamais été plus rentable. Michael Chan, executive vice president of marketing, InTouch Health.

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« Dévorer ces macarons séduisants ou tenir bon à son régime… » Oui, la technologie sert aussi à nous sauver de ce genre de dilemme. TellSpec Food sensor est un scanner de nourriture qui peut littéralement analyser, à la molécule près, tous nos péchés mignons. Comment ? Et bien, c’est un système à trois parties qui inclut : un analyseur infonuagique, une application mobile et « le scanner de poche » proprement dit qui fonctionne grâce à la spectroscopie proche infrarouge. Tous coopèrent pour identifier calories, macronutriments, allergènes, fibres, lipides et glucides mais aussi pour fournir des informations nutritionnelles telles que l’index glycémique.

Le système TellSpec Food Sensor.

Mis à part son aide précieuse aux diabétiques, TellSpec Food sensor forme un vrai guide de consommation qui va au-delà des labels des produits et qui nous rappelle que ces péchés de tout à l’heure ne sont pas toujours aussi mignons que nous le croyons… Par Emna MAKHLOUF

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Sy n a p s e

A la molécule près !

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La Médecine et l’espace Une vue pareille n’existe nulle part sur terre. Pourtant cette simple image représente le rêve ultime de beaucoup de gens. Le voyage spatial est un privilège que seulement 514 personnes ont eu dont 24 en immersion spatiale totale et les autres en orbite basse, inutile de vous préciser que c’est un chiffre ridicule comparé au nombre d’humains présents sur cette fastidieuse planète mais aussi au nombre de selfies qu’on prend en faisant une randonné à Oued Zitoun. Enfin bref, ne nous attardons pas là-dessus. Vous l’aurez deviné ; ça n’est pas notre sujet. Dans cet article, j’étayerai les différents problèmes rencontrés par la médecine en milieu spatial, c’està-dire hors du champ magnétique terrestre mais aussi en milieu planétaire non terrestre. La présence d’un corps médical spécialisé est une nécessité vitale pour la réussite des prochaines missions vers mars tant médiatisées par Elon Musk, le fondateur de PayPal, mais aussi de Tesla Motors, HyperLoop et surtout SpaceX, le concurrent de la NASA. Mais avant que les humains n’arrivent sur la planète rouge, il leur faudra faire un long trajet. Trajet qui durera, avec les technologies actuelles, pas moins de 7 mois en aller simple. Non sans médecins bien sûr, mais il faudra les former et les préparer à ce qui les attend. Quoi ? Encore des études ? Oui, car les réactions de l’organisme aux contraintes de ce milieu sont différentes, aussi rude, sombre et inhospitalier soitil. Notre voyage va donc commencer par quitter la terre et rejoindre le vide spatial qui posera son lot de défis. Commençons donc par étudier les effets de l’apesanteur sur l’organisme qui, par ailleurs, affecte en premier lieu la circulation sanguine. Sur terre, le cœur est habitué à répartir le sang de façon N°6 28 Synapse Sept. - Oct. - Nov. 2017

égale dans tout le corps en fournissant plus d’effort afin de perfuser les parties supérieures, et ce, pour lutter contre la gravité qui attire les fluides vers le bas il fera de même en apesanteur et sera donc responsable d’une augmentation de la quantité de sang allouée au cerveau, une diminution de celle qui arrive aux membres inférieurs. On aura par conséquent, un syndrome de la tête pleine qui est caractérisé par : une congestion nasale, des maux de tête, des yeux rouges et au contraire des jambes plus minces. L’apesanteur agit aussi sur les muscles posturaux qui perdent leur tonus habituel et s’atrophient, mais aussi sur les os qui se déminéralisent progressivement et peuvent se dégrader, perdant jusqu’à 10% de leurs masse totale. Enfin, saviez-vous que l’homme peut même grandir dans l’espace? L’explication est assez simple : comme la colonne vertébrale n’est plus comprimée par la force de la gravité, les vertèbres se séparent légèrement les unes des autres et le corps de l’astronaute s’allonge. Ceux qui sont à bord peuvent alors parfois ressentir des maux de dos que l’on croit être causés par le relâchement des muscles. Une fois de retour sur terre, la force de gravité agit sur la colonne de l’astronaute qui retrouve sa taille normale, d’où l’appellation de ressort. Outre l’apesanteur, un autre danger guette nos patients flottants. C’est le niveau élevé de radiations cosmiques.

En effet, le champ magnétique terrestre, constitue un bouclier contre les rayonnements naturels émis par les milliards d’étoiles qui peuplent la Voie Lactée mais aussi contre notre cher soleil si brillant et si mortel, de sorte qu’un niveau très faible de ces radiations arrive au contact de nos fragiles organismes. Hors du bouclier terrestre, nous sommes exposés à trois types de rayonnements ionisants : 1. Les rayons cosmiques galactiques provenant de l’extérieur du système solaire. 2. Les particules solaires éjectées lors des éruptions solaires. 3. Les rayons piégés et renvoyés par le champ magnétique terrestre. Ces 3 types de radiations ionisantes peuvent causer d’importants dégâts à notre corps, notamment en brisant les molécules d’ADN qui sont vitales pour nos cellules, qui dégénèrent et meurent. Il en résulte donc des problèmes de santé aussi bien aigus que chroniques. Ces derniers sont plus graves. En effet ,les affections aiguës tels la diarrhée, la nausée et les vomissements sont généralement curables. Par contre, les pathologies à long terme ne le sont parfois pas ; citons les cancers, la stérilité et les mutations génétiques. La survenue de ces pathologies citées plus haut dépend de plusieurs facteurs dont la durée de la mission spatiale, la durée de l’exposition, le nombre de sorties extravéhiculaires etc… Une fois arrivés à destination, nous allons former notre colonie. Ici


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commencera donc le travail colossal des médecins qui devront, et étudier les effets climatiques de la planète rouge sur le corps humain, et maintenir les colons en vie. Énumérons d’abord quelques caractéristiques du climat martien. Premièrement, la température moyenne sur mars est de -63 degré Celsius, elle peut atteindre 20 degré à midi à l’équateur et -153 degrés aux pôles, car ne l’oublions pas, en occupant la 4ème position dans le système solaire, Mars est située à 227 millions de kilomètres du soleil, c’est-à-dire 100 millions de kilomètre de plus que le plancher des vaches où nous nous trouvons. Il est donc logique que sa température soit inférieure à celle de la terre.

ces aberrations et s’équiper de gadgets médicaux non seulement efficaces mais peu volumineux. Plus important encore, le phénomène de suffocation peut rester indétectable. En d’autres termes, les astronautes peuvent très bien mourir par manque d’oxygène sans s’en rendre compte. Petite explication ; à la pression atmosphérique terrestre normale, la fraction d’oxygène requise pour une ventilation normale est de 20%, mais si la pression diminue de moitié, il faudra deux fois plus d’oxygène pour assurer une survie normale, c’est-à-dire 40%. Donc plus la pression

Ensuite, l’atmosphère martienne est composée principalement de dioxyde de carbone (CO2) et possède une pression atmosphérique d’environ 600 Pascals, ce qui est nettement moins que les 100 000 Pascals terrestre. Enfin, il faut savoir que Mars a perdu la plupart de son champ magnétique il y a environ 4 millions d’années. En conséquence, le vent solaire et le rayonnement cosmique arrivent en plus grande quantité sur sa surface . Ces quelques notions en tête, il est aisé d’imaginer le travail pharaonique qui attend les médecins de l’espace. Le nombre des consultations sera réduit certes, mais les motifs risquent de poser problème. En effet, le bouclier magnétique martiens étant altéré, les colons auront souvent des nausées et des vomissements qu’il faudra soulager. Mais à long terme et si c’est un voyage sans retour et que les colons venaient à se reproduire entre eux, il y a de grandes chances de donner naissance à des enfants qui auront des malformations aussi bien mineures que majeures. Il faudra donc développer des protocoles simplifiés qui traiteront

rique est atmosphébasse, plus la fraction d’oxygène requise sera élevée. Or sur Mars, cette pression est 166 fois inférieure à celle de la terre…autant dire adieu à nos projets de “terraformation”. Néanmoins, cette règle n’est pas applicable au CO2 qui sera plus facilement éliminé au fur et à mesure que la pression atmosphérique baisse. Parallèlement, le cerveau possède des récepteurs d’élévation de CO2, mais pas ceux de la baisse du O2. Seul ce type de récepteur pourra alors nous avertir lors d’une suffocation prochaine. Or rappelez-vous que la quantité de CO2 dans le sang sera diminué à

cause de son élimination facilitée en milieu hypobare, ce qui ne se traduira pas par un sentiment de suffocation et on peut mourir tout en ne s’en rendant pas compte. Mais nous aurons des combinaisons pressurisées pour nous protéger ,me direz-vous ? Oui, et non. La pressurisation artificielle ne pourra pas être égale à celle de la terre. Au mieux elle pourra atteindre les 50 000 pascal et il nous faudra à ce moment 40% d’O2 pour vivre. Le risque de suffocation est donc toujours présent et c’est devant toute cette panoplie de dangers que les médecins aérospatiaux se battront. Leur tâche sera lourde vu qu’ils seront amenés à entretenir la santé physique et psychique des colons. Vous voyez donc que la colonisation de l’espace par l’homme n’est pas chose due et qu’une coopération étroite est indispensable pour la réussite de ce projet ambitieux. Il en existe en effet déjà un, Mars One, qui consiste en un aller simple pour la planète rouge, sans retour possible. 200 000 candidats de 143 pays différents ont postulé pour ce projet, prévus entre 2024 et 2033. Cent personnes ont été retenues jusqu’à présent pour passer les tests finaux. Parmi elles, Dr. Mickael Bosredon, médecin généraliste de Bordeaux, qui a déclaré dans une interview « Nous serons la première génération à voir l’homme sur Mars. C’est la concrétisation d’un rêve (…) Je suis persuadé que le futur se tient, là, parmi nos songes, et que certains valent plus que la peine d’être vécus ». Vous qui êtes rêveurs, si vous en avez envie, sautez le pas et faites une formation en médecine aérospatiale. Moi, je m’inscris pour Mars Two.

Par Maher AMAMOU. Synapse N°6

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404 ethics not found Les scandales autour de la relation patient-médecin s’accumulent chaque jour davantage. On peut estimer que c’est la faute des médias qui, au prix d’avoir de quoi animer leurs émissions, n’hésitent pas à galvauder notre réalité, ou peut-être celle des patients, insatisfaits que leurs médecins n’aient pas réussi l’impossible, n’hésitent pas à souiller son image ou alors ça pourrait être effectivement la faute du médecin. Préoccupé par la situation, l’Associa-Med, à travers son comité SCORP qui œuvre pour les droits de l’Homme dont celui de la santé, a mis en place le projet «404 ethics not found», qui vise d’abord à rendre compte de la situation de l’éthique médicale à Tunis plus particulièrement la relation patient-médecin par une enquête puis expliquer, détailler et valoriser l’éthique médicale par la tenue d’une conférence et des ateliers de formations. Dans cet article, nous nous intéresserons uniquement à l’enquête. Ayant comme but d’évaluer la relation patient médecin, le comité d’organisation de ce projet, en collaboration avec le comité d’éthique médicale de la faculté de médecine de Tunis, a élaboré un questionnaire adressé uniquement aux patients qui cherche d’abord à faire un constat du respect des abc de la relation puis de demander au patient ses souhaits quant au déroulement de certaines situations. Le 09 février 2016, réparti sur 4 CHU de Tunis à savoir l’hôpital La Rabta, l’hôpital Charles Nicolles, l’hôpital Mongi Slim et l’institut de nutrition; un effecN°6 30 Synapse Sept. - Oct. - Nov. 2017

tif de 82 externes tous niveaux confondus ont pris part à cette enquête. Celle-ci a concerné tous les services disponibles mis à part celui de la réanimation, maternité et pédiatrie. Ayant pris le soin de poser les questions aussi objectivement que possible tout en évitant d’influencer les patients, les enquêteurs ont pu recueillir un total de 426 questionnaires valides.

Question 2 :

‫فرسلك الطبيب عالش انتي راقد هوين ؟‬

Question 1 :

‫قدم روحو الطبيب يل يبارش فيك قبل ما‬ ‫يعدي عليك؟‬ Question 3 :

‫فرسلك الطبيب لشنوا يصلح الدواء‬ ‫لعندك ؟‬


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Question 6 :

‫فرسلك الطبيب شنوما األثار الجانبية متاعو؟‬

Question 5 :

‫يك بش تقابل الطبيب‬ ‫ تحب تقابلو وحدك خاطر املرض مايخصك كان انتي‬.1 ‫ وال تحب مع قريبك بش يساندك كان فاما سوء ؟‬.2

:‫تحب الطبيب‬ ‫ يفرسلك طرق العالج الكل و اشاورك‬1. ‫ هادي خدمتو و يعرف شيصلح مبرضتك ؟‬.2

Question 7 :

‫تتقلق يك يعدي عليك و بحذاك مرىض أخرين ؟‬

L’objectivité du médecin est tel qu’on se propose de vous présenter des faits sans y prêter des commentaires ou de jugements. Néanmoins on se permettra de vous inciter à vous poser vous-même une question : Le fond vaut-il plus que la forme dans la relation médecin-patient ? Remplir notre devoir de cure est une chose, remplir notre devoir éthique n’en est pas une autre car finalement s’il ne prend pas bonne forme le fond n’existerait plus.

« Treat the disease and care about your patient’s ease. »

Par Kais BOUSLAMA Synapse N°6

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a s s o c i a - m e d

Question 4 :


interview Majd Mastoura 1- Devant l’effervescence qu’a suscitée Nhebbek Hedi, le public se retouve tellement fasciné par le personnage de Hedi qu’il cherche à connaître la personne se cachant derrière ce nouveau talent. Qui est Majd Mastoura? Majd Mastoura, 25 ans, jeune acteur tunisien. Nhebek Hedi n’est pas ma première expérience. J’ai joué dans Bidoun 2, long métrage de Jilani Saadi, tourné en 2013 et projeté en 2014 dans le cadre des Journées Cinématographiques de Carthage. Un peu plus avant et parallèlement, entre 2012 et 2014 je faisais partie du collectif «Klem Cheraâ» ou encore «Street Poetry» avec Amine El Gharbi, Hamdi Mejdoub, Lilia Ben Romdhane, Maroua Mannai et Ines Amer, dont l’activité était principalement d’organiser des rencontres avec les jeunes, se rassemblant un peu partout, dans les maisons de jeunes, espaces et cafés culturels, voire dans la rue, et ceci pour lire au public des textes écrits par eux-mêmes. Ce qui faisait la particularité de ce groupe est que nous avons choisi de nous exprimer sur tant de sujets qui touchent les jeunes, mais par notre dialecte, un langage que nous trouvons à la fois beau, accessible et pertinent. Ce fut d’ailleurs l’une des premières initiatives à avoir encouragé ce genre d’écriture révolutionnaire. J’étais donc présent avec eux dans près de 50 spectacles, entre ceux que nous avons nous-mêmes organisés et ceux auxquels nous avons été invités . Pour mon parcours scolaire et estudiantin, j’ai suivi mes études depuis tout petit dans plusieurs villes de la Tunisie comme la profession de mon père imposait beaucoup de déplacement, la dernière station était le Lycée pilote de Bizerte où j’ai eu mon Bac en Mathématiques, après quoi j’ai démarré des études de l’Informatique de Gestion à l’Institut Supérieur de Gestion de Tunis, que je n’aimais pas et que j’ai récemment quittées N°6 32 Synapse Sept. - Oct. - Nov. 2017

pour suivre des études en Art Dramatique à Montpellier, actuellement. 2- Comment vous êtes-vous retrouvé dans l’aventure de Nhebek Hedi? Je suis tombé au hasard sur une annonce de casting sur Facebook. J’ai simplement contacté le responsable du casting qui m’a donné rendezvous la semaine d’après. J’y suis donc allé, sans préjugés ou comme on dit «zero expectations», et ce fut alors ma première rencontre avec le réalisateur et scénariste Mohamed Ben Attia que je ne connaissais d’ailleurs pas et dont je n’ai jamais entendu parler auparavant, ni regardé ses courts-métrages - ce qui était un peu inhabituel car généralement n’importe quel candidat à un casting aurait quand même une idée sur l’équipe du film ou du moins sur son réalisateur. Nous avons donc commencé à discuter, il m’a demandé de lui raconter des choses sur moi, mon expérience, mon ambition, etc. Bref, c’était un entretien très ordinaire. Ensuite il a commencé à me parler un peu de son projet, du film, du scénario et notamment du rôle de Hedi qu’il me proposait d’interpréter. Pendant le casting, j’ai fait ce qui

m’avait été demandé. Puis il m’avait laissé seul dans son bureau, devant la caméra et m’a dit que je pouvais faire ce que je voulais. C’était un peu bizarre mais drôle. J’ai quand même pu profiter du moment pour me révéler, j’ai interprété quelques scènes un peu comme dans le théâtre, j’ai essayé d’exprimer le maximum d’émotions avec le minimum d’expressions faciales. Je jouais surtout sur le regard et sur l’énergie qui peut se dégager du visage et non sur la mimique explicite, voilà tout. Quand j’avais terminé , il m’a dit qu’il me rappellerait peut-être prochainement dès qu’il y aurait du nouveau, sans plus. Je suis rentré. Je ne me suis pas dit que j’allais être sûrement accepté, ni que je n’avais aucune chance. Je ne me suis rien dit en fait. Un mois après, il m’avait rappelé et ce fut alors ma première rencontre avec Rym Ben Messaoud, qui jouerait le rôle de la femme dont Hedi tombe amoureux dans le film. Il voulait donc voir à quel point nous pouvions interagir ensemble. Encore quelques jours après cette deuxième rencontre, Mohamed a demandé de me voir et m’a lancé cette phrase, dans un ton léger: «Alors on fait un film ensemble?» J’ai


bien sûr dit oui et c’est comme ça qu’a démarré l’aventure. 3- Qu’est-ce qui vous a marqué le plus pendant le tournage du film? Le tournage de Nhebek Hedi a duré six semaines, après un mois de répétitions intensives. C’était très absorbant. Parmi les scènes les plus émouvantes que j’ai jouées et qui m’ont beaucoup consommé, c’était la dernière scène avec Sabah Bouzouita, maman de Hedi dans le film. C’était d’ailleurs la scène où le personnage s’était explosé et s’était carrément transformé. C’était difficile à vivre non seulement pour nous qui jouons, mais aussi pour le réalisateur et pour toute l’équipe. C’était chargé de colère et d’émotions, chose que personne de nous n’oubliera. Sinon, c’est justement le fait que Hedi devait être d’une docilité et d’un calme «pesants» le long du film qui m’était un peu dur, comme il était très différent de moi et que je devais entrer dans sa peau et l’incarner pour plus de deux mois. C’est un peu comme si je le portais en moi, comme si j’étais «enceint» de lui si j’ose dire. C’était épuisant, du coup j’attendais impatiemment et inconsciemment des scènes où Hedi allait s’éclater, notamment celle d’El Hizb où l’on pouvait finalement ressentir que Hedi est bel et bien vivant: il pouvait rire aux éclats, danser, chanter,

sauter, crier. Cette scène tout particulièrement m’était la moins difficile car Hedi ressemblait énormément à Majd. C’était alors un défoulement double, et pour Hedi et pour Majd. Surtout que le jour-même où on avait à filmer cette scène, je me suis réveillé exténué avec une fièvre de 41,5°C. Je somnolais comme un ivre voire un dopé, j’étais sur le point d’halluciner. Un médecin est donc venu me voir ce jour-là et ce n’est qu’avec des injections de médicaments que j’ai pu retrouver mes esprits. C’était en effet à travers cette scène, dont le tournage a duré à peu près trois heures, que j’ai pu extérioriser tout le stress et évacuer cette fatigue cumulée des jours précédents et ainsi reprendre ma forme physique et psychique. Sinon aussi, je me rappelle très bien le froid glacial qu’il faisait la nuit au bord de la mer quand on filmait la scène où Hedi et Rym sont allés pour une baignade ensemble pour la première fois. Toute l’équipe portait des combinaisons, sauf Rym et moi qui devions porter des maillots comme dans le film nous sommes supposés être au mois d’août, alors que le tournage se passait en plein avril. Ça a duré près de quatre heures, je tremblais et mes dents n’arrêtaient pas de claquer. Ce n’était franchement pas du tout facile et pour être honnête, nous avons beaucoup galéré pendant cette scène-là.

4- Après 20 ans d’absence du cinéma arabe au Festival International du Film de Berlin, Nhebbek Hedi a été d’abord sélectionné pour participer à la compétition officielle de la 66ème édition de ce festival de renommée, mais a aussi été doublement primé : Prix de la meilleure première oeuvre pour le réalisateur et scénariste Mohamed Ben Attia et l’Ours d’Argent de la meilleure interprétation masculine discerné à vous, Majd Mastoura. Comment avez-vous vécu ce moment de gloire, aussi bien à Berlin qu’en Tunisie? C’était tout à fait inattendu! En fait, en travaillant sur le film, j’étais dans un état de complète immersion. Je me suis imprégné de Hedi, je ne pensais qu’à lui et qu’à la concrétisation de la vision du personnage par le réalisateur. Je me focalisais surtout sur ça. Je n’avais pas anticipé des spéculations ou développé une conscience sur comment va être le film après ni sur l’impact que ça aurait sur un jury de compétition dans un festival ni sur le grand public. Pour moi toutes les éventualités étaient présentes, mais c’était l’expérience qui comptait et le fait que j’en étais convaincu, surtout. C’est-à-dire que cela pouvait aboutir à un film que regarderait une centaine de personnes et qui subirait les critiques acerbes de tout le monde, comme cela pouvait donner un travail réussi que beaucoup de monde verrait et apprécierait. Pour nous, la sélection du film était en soi une grande surprise et une victoire d’emblée pour toute l’équipe du film. On s’est donc déplacé pour le festival, très heureux. Et après la projection du film nous avons été encore plus émus qu’il ait fait l’objet de nombreuses discussions dans des médias internationaux de renommée : The Hollywood Reporter, Paris Match, Variety, Le Point, etc. Inattendu, c’est peut-être le terme qui pourrait le plus décrire ce succès. C’était très inattendu. Évidemment après ce petit buzz au début, une majorité de critiques insinuait que le film serait très probablement primé. Donc sans grande surprise après, l’équipe du film a été invitée une seconde fois, mais cette fois à la cérémonie de clôture, où a eu lieu la remise des prix. Nous étions très honorés, le plaisir était immense,sans avoir une idée sur la nature des prix. Le fait que le film

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c u lt u r e

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soit primé à la Berlinale 2016 nous comblait déjà de joie. Ce qui a été réellement surprenant après, c’était l’Ours d’Argent, prix auquel je ne m’attendais pas du tout. Être reconnu dans un tel festival, par un tel jury et à ce stade de ma petite carrière, c’était tout simplement euphorique. Mais en y songeant, je n’ai pu vivre réellement ma victoire, qu’après avoir palpé la satisfaction du public à l’égard du film et vu ses réactions à propos de Hedi. Car finalement, être reconnu et valorisé par des connaisseurs du cinéma et ramener un prix d’un festival international aussi prestigieux soit-il, me fait énormément plaisir et est bien sûr très important. Mais le jury du festival, fait de figures aussi célèbres et notoires soientelles, n’est après tout qu’une dizaine de personnes à avoir apprécié et évalué le film de la sorte, et le plus important reste le public et surtout le public tunisien. Ce travail a été fait par des tunisiens, pour les tunisiens, il raconte une histoire tunisienne, Hedi est typiquement tunisien, et le chemin n’a été donc conclu pour moi que lorsque j’ai su que le spectateur tunisien avait bel et bien été touché par ce travail. 5- En regardant le film on se rend compte que chacun de nous porte en lui une part de Hedi, à quel point Majd et Hedi peuvent-ils se superposer? Comme tu l’as dit, nous sommes tous quelque part Hedi. Donc oui, moi non plus je n’échappe pas totalement à Hedi en réalité. Nous sommes très différents certes, mais il demeure en moi quand même ce côté timide, qui n’est pas dévoilé pour monsieur tout le monde mais que ma famille et les personnes très proches de mon entourage connaissent. Sinon je ne suis pas du tout un garçon docile, bien au contraire je suis souvent querelleur avec ma famille, je ne rate pas l’occasion de me défendre et je ne me laisse pas du tout aller. D’ailleurs je n’aimais pas mes études à l’ISG, j’ai vécu à un moment donné en tant qu’étudiant l’ennui que vivait Hedi en faisant un travail qu’il n’aimait pas, mais contrairement à lui je le criais tout le temps à ma famille qui m’a imposé ce choix, je me suis battu pour abandonner et changer car-

rément de vocation, et c’est ce qui a été fait récemment. Je fais désormais des études d’art dramatique, depuis septembre 2015 et j’en suis très satisfait. Sinon, ce qui était très commun entre Majd et Hedi et qui était implicitement révélé dans le film, est que les deux sont jeunes, vivant dans une Tunisie post-révolution, une Tunisie qui mijote après un long silence, une Tunisie qui ne se comprend pas trop mais qui continue à essayer malgré toutes les incertitudes. Majd et Hedi vivent donc la même crise, mais de deux façons différentes, c’est tout. 6- Le succès fulgurant de Nhebbek Hedi a certes fait naître en vous des ambitions et rêves plus grands, plus fous. Pourriez-vous partager avec nous votre vision de l’avenir et vos éventuels projets? Déjà, être acteur à mon avis est en soi un projet fou. Le risque que cela offre ne peut que pimenter ma vie et la nourrir d’expériences. Pour l’instant, il n’y a rien de vraiment concret, ni projet de film, ni pièce de théâtre. Le projet dont je suis convaincu est de jouer, jouer dans plein de films, jouer en Tunisie, jouer ailleurs, jouer partout. Je sens palpiter en moi une énergie immense pour les tournages. J’ai beaucoup envie de travailler, de défier mes capacités et de prendre encore des risques.

7- Maintenant si vous devriez vous adresser aux jeunes passionnés d’art comme vous l’êtes et comme vous l’étiez en tant que jeune étudiant d’une filière loin d’être artistique, comment selon vous peut-on réussir à non seulement préserver la flamme mais aussi à la nourrir et à faire qu’elle donne naissance à un projet concret? Le plus important dans la vie à mon avis est de suivre sa passion, quelle qu’elle soit. Donc si vous avez un rêve, rendez-le plutôt projet et travaillez dessus. Suivez-le, accrochezvous, ne baissez pas les bras et battez-vous, cherchez les opportunités même si elles s’offrent très peu en Tunisie, elles existent malgré tout, saisissez-les. Sinon c’est vous qui pouvez en créer. Ce que je déprécie très fort chez notre génération est qu’elle est très passive. Les jeunes tunisiens se lamentent trop sur le pays, sur leur sort, mais ne font concrètement pas grand chose pour avancer. Beaucoup sont pourtant cultivés et ont beaucoup de potentiel et préfèrent stagner, attendre que des événements culturels aient lieu pour respirer un peu, sinon se cacher derrière un écran et tout critiquer sur Facebook. Seul mot d’ordre : l’initiative. Ayez l’esprit de l’initiative!

Par Celia BELLAGHA & Dhekra ESMAIL N°6 34 Synapse Sept. - Oct. - Nov. 2017


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Une jeunesse éternelle

Une jeunesse éternelle, la santé pour la vie ? Est-ce un rêve ou la réalité ? L’homme moderne est naturellement ambitieux et exigeant, plein de projets pour un futur meilleur et épanoui. Pour réaliser cela une bonne santé est indiscutablement un moyen indispensable. La médecine a pensé à ceux qui regrettent leur jeunesse si vite passée et les projets qu’ils n’ont pas eu le temps de réaliser. Les chercheurs condensent leurs efforts dans une branche médicale qui est la médecine régénérative, le but étant de remplacer les cellules malades par d’autres en bonne santé. A maturité il serait possible de guérir de nombreux cancers, toutes sortes de maladies dégénératives, des pathologies auto-immunes, neurologiques, cardiaques et bien d’autres encore. Comment ça fonctionne ? • Il s’agit de réparer les lésions ou un organe malade à partir de cellules souches. En effet un travail colossal étendu sur 17 ans a abouti à des techniques de cultures spécifiques permettant de multiplier les cellules souches embryonnaires et ce à volonté. Ces lignées de cellules sont disponibles pour les recherches. • Les biologistes essaient de reconstruire des organes complets en laboratoire à partir de cellules souches, guidées selon des protocoles bien précis. Pour l’heure, rien de directement applicable à l’Homme. À terme, l’objectif serait de remplacer l’organe défaillant par son clone, entièrement fabriqué in vitro, en évitant les soucis liés au rejet de greffe étant donné que le donneur serait également le receveur. Le corps serait ainsi vu comme une machine dont on remplace peu à peu les constituants défaillants pour prolonger sa durée de vie.

Progrès et accomplissements : • En effet, selon les dernières nouvelles, une équipe de chercheurs a réussi à faire pousser des cheveux sur des souris dépourvues de poils. Une bonne piste sur laquelle on peut partir en vue de lutter contre la calvitie. • En outre, la mise en place de cellules souches saines au lieu de cellules malade a permis à une autre équipe de chercheurs de redonner une vue normale à des souris qui ont souffert de cécité nocturne depuis leur naissance. Plus important encore, des cellules porcines victimes d’infarctus du myocarde ont également pu être remplacées par de nouvelles cellules souches saines. • L’induction de cellules souches pluripotentes est une technique simple et maîtrisée dans des centaines de laboratoires dans le monde. Elle permet de produire en quantité illimitée des cellules porteuses d’une maladie après en avoir extrait quelques-unes chez un malade. Cela nous offre la possibilité d’étudier et de réaliser du progrès dans la recherche de traitements pour certaines pathologies sans passer par le modèle animal étant donné que celui-ci n’est pas toujours équivalent au modèle humain, surtout quand nous abordons le domaine de l’évolution des maladies du système nerveux central.

Contraintes : • La question qui se posait surtout au commencement de ces recherches était la suivante : l’utilisation des cellules souches embryonnaires nécessitant la destruction de l’ovocyte fécondé dans ses premières phases de développement était-elle acceptable du point de vue éthique? Heureusement Les chercheurs sont parvenus à recréer des cellules souches à partir de tissus déjà différenciés. La question éthique ne se pose donc pas. Ainsi, les scientifiques tentent par exemple de redonner la vue à des personnes aveugles atteintes de pathologies de la rétine. • Reste un organe particulier qui ne peut encore être entièrement refaçonné à l’identique : le cerveau qui est lié à l’activité corporelle et fait également office de siège de la pensée et des souvenirs. Ces éléments constituant la singularité de l’être et son identité propre. Est-il alors envisageable de donner naissance à un cerveau fort, résistant et surtout aussi performant que celui étudié in vivo ? • Par ailleurs, l’industrialisation de la thérapie cellulaire n’est pas non plus sans obstacles. En effet, passer du référentiel du laboratoire à l’échelle industrielle nécessite la résolution de nombreux problèmes classés en trois types. En premier lieu viennent les contraintes éthiques, les incertitudes biologiques (risques de cancer, instabilité génétique et rejet de greffe) et la production à grande échelle. Il faut aussi soulever la question du statut des banques de cellules souches, notamment les banques de sang de cordon ombilical. Fin : Pour conclure, dans le cadre des prouesses accomplies par les chercheurs et de l’évolution de cette branche médicale, la médecine régénérative représente un véritable espoir pour l’humanité. Cette dernière pourrait même aller jusqu’à défier le mythe de la jeunesse éternelle, un jour.

Par Zeineb DAHMANI Synapse N°6

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UN FILM Les années 2015 et 2016 ont été marquées par les commémorations des mouvements de révoltes en Tunisie. Ainsi, on y a fêté les cinq ans de la révolution ainsi que les soixante ans de l’indépendance. Il m’a alors paru opportun de vous présenter ou peut être de vous faire redécouvrir trois œuvres qui non seulement ont su me toucher, mais qui ont aussi l’avantage de nous présenter des artistes qui savent s’engager pour leurs causes. Ces œuvres nous racontent tout simplement l’histoire de mouvements sociaux populaires et spontanés ; une petite bouffée d’air frais dans une ère où il est tellement d’usage d’être désabusé. Au premier abord Taxi Téhéran ne semble pas être un film à l’histoire si captivante, un chauffeur de taxi, des passagers qui se suivent et ne se ressemblent pas, des personnages aux histoires singulières et une critique de l’oppression iranienne nous provenant tout droit de la banquette arrière d’un simple taxi. Alors pourquoi ? Pourquoi iriez-vous passer une heure et demie devant un énième long métrage pseudo intellectuel soporifique ?

Le réalisateur, ce héros… Jafar Panahi, cinéaste iranien est interdit de tournage dans son pays. Considéré comme opposant politique par les autorités iraniennes et incarcéré en 2010, il n’a pas renoncé à sa passion et réussit à réaliser taxi Téhéran avec une simple caméra posée à l’avant d’une voiture, qui est remplacée habilement par un téléphone portable ou un appareil photo pour les scènes se déroulant hors du taxi ; des moments où quiconque peut d’une minute à l’autre s’improviser réalisateur ou cinéaste. Ainsi l’intégralité du film a lieu dans les rues de Téhéran où Jafar Panahi joue son propre rôle, et déclare s’être reconverti en chauffeur de taxi à des passagers qui laissent libre cours à leurs pensées et se dévoile le temps d’un court trajet pour nous donner leur vision d’une société iranienne assujettie à l’autoritarisme.

Ni fiction, ni documentaire : Parce que taxi Téhéran est surtout surprenant par son aptitude à mêler

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fiction et réalité, acteurs et personnages jouant leur propre rôle, jusqu’à la dernière minute il vous sera difficile de distinguer entre les histoires créées de toute pièce et les vrais fragments de vie racontés par les différents passagers. Ainsi, Jafar Panahi est reconnu par les passagers qui ne croient pas réellement à sa pseudo conversion en chauffeur de taxi , tout comme il donne la parole à Nasrin Sotoudeh avocate des droits de l’homme ayant l’interdiction d’exercer en Iran et qui nous raconte son combat au quotidien.

Tout en subtilité Parce qu’au gré de ces scènes qui pourraient sembler en somme toutes banales , la lutte contre la censure,

la dénonciation de la propagande et de la surveillance constante des autorités iraniennes sont toujours présentes. Elles se cachent dans les situations les plus ordinaires au moment d’une conversation de Panahi avec sa nièce ou au travers d’un homme qui vous donne loin des yeux indiscrets, dans le plus grand secret, le choix entre la nouvelle saison de the Big Bang Theory et celle de the Walking Dead , soulignant une société partagée entre le lourd fardeau des traditions et une fascination pour l’occident . Taxi Téhéran est la critique toute en finesse d’une société qui bride ses artistes et le combat perpetuel de Panahi pour partager son art.


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Il y a des romans que vous ouvrez inopinément et que vous ne pouvez pas refermez, des histoires qui vous entrainent et des personnages qui résonnent en vous comme jamais. Les désorientés est à mon sens un de ceux-là. Commençons par un petit résumé. Les désorientés est l’histoire d’Adam qui plus de vingt ans après son départ du Liban reçoit un appel d’un vieil ami Mourad, sur le point de mourir et qui l’urge de revenir dans son pays natal afin de lui faire ses adieux et d’effacer la brouille qui les sépara bien des années auparavant. Son retour est ainsi l’occasion pour Adam de redécouvrir un pays meurtri par des années de lutte mais aussi de réunir tous ses camarades qui l’ont accompagné durant ses années d’études, nous dévoilant de la sorte le destin ainsi que le passé de tous ces personnages.

Ni blanc ni noir. Abordant des thèmes variés tels que la tolérance et la différence, la corruption, l’extrémisme religieux ou la situation politique du monde arabe, Amin Maalouf à travers une galerie de personnages tous différents les uns des

autres, nous propose une panoplie de perspectives et donne la parole à toutes ces personnalités, se lançant dans des conversations enflammées et donnant l’occasion au lecteur de prendre un certain recul par rapport à certains à priori bien ancrés et de s’étonner pour peu qu’il prenne le temps d’écouter. Un livre qui sèmera en vous cette pointe de doute, cette remise en cause juste nécessaire, envers nos idées et nos propres actions mais qui vous poussera surtout à vous demander qu’aurais-je fait si j’avais à vivre une telle situation ?

Un bilan Les désorientés souligne aussi le parallélisme entre ces jeunes étudiants pleins d’espoirs pour leur pays, résolus à participer à son progrès et ces adultes vingt ans plus tard qui regardent en arrière et s’interrogent sur leurs accomplissements et leurs choix. Entre ceux qui sont partis et ceux qui ont décidé de rester, Amin Maalouf explore aussi ce statut si particulier de l’immigré, qui n’est ni totalement accepté dans son pays d’accueil, ni dans son pays natal,

considéré comme un étranger pour l’un et parfois comme un traitre pour l’autre. Mais les désorientés c’est aussi et surtout la réflexion qui décortique les liens d’amitiés qui unissent tous ces protagonistes. Sont-ils fait pour durer, peuventils être maintenus malgré les divergences des points de vue, l’amitié peut-elle tout pardonner et surtout la mort nous absoutelle de toutes nos erreurs ?

N’attendez plus… Pour le regard que porte l’auteur sur le monde arabe et sur notre relation avec l’occident , Pour les rebondissements profonds du narrateur le long de son périple, nous faisant part de ses pensées et ses dilemmes intérieurs, Mais par-dessus tout pour la révélation de ce qui s’est passé entre Mourad et Adam, pour que ce dernier nous répète encore et encore que son vieil ami l’a tant blessé !

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U n f i lm , u n l i vr e , u n e m u s i q u e

UN ROMAN


UNE MUSIQUE de tenter de jeter son ancre. Ibrahim Maalouf de part cette vidéo a surtout la volonté de mettre en garde contre les argumentaires de plus en plus nombreux contre le multiculturalisme. Cette musique réunit aussi l’orient et l’occident où Maalouf réinterprète « Run the world » en y apportant des sons plus orientaux, propres à la musique arabe, tout comme il allie la musique de la diva du 21ème siècle à des sonorités plus traditionnelles.

Ibrahim Maalouf dans son album Red and Black light réinterprète « run the world ( girls) » de Beyoncé. Cette musique et la vidéo l’accompagnant sont ici indissociables. En effet dans le clip , le trompettiste imagine la France du futur , soumise à un régime totalitaire qui évoque paradoxalement ceux de 1939 , avec une obligation en 2027 pour « les personnes dites différentes » de « porter un badge de reconnaissance sur leurs vêtements ».Elle met ainsi en scène deux policiers infiltrés au sein d’ un groupe de femmes dissidentes qui dans une société qui divise et interdit les rassemblements au sens propre comme au figuré , décident de se réunir et de militer contre la dictature installée au doux rythme de la trompette de Maalouf, portés par la danseuse française Hajiba Fahmy.

L’union Un chant qui dénonce le rejet des immigrés et d’autrui partout dans le monde. En Europe, avec tous les débats que suscitent la présence des réfugiés syriens, en Amérique avec les discours à la Donald Trump mais aussi en Tunisie où le rejet de l’autre ne cesse

Mais si Maalouf dénonce le racisme, le choix de « Run the world » n’est pas anodin puisque Beyoncé n’est pas seulement considérée comme étant la prêtresse du pop, mais aussi une des représentantes du combat féministe. Ainsi le clip musical met en valeur un groupe dirigé par une femme qui tend la main aux deux intrus et les invite à rejoindre leur mouvement. Ibrahim Maalouf reprend ainsi cette hymne féministe, de façon plus douce et peut être un brin plus posée, à travers un rythme mélancolique et envoûtant, où un sentiment de paix vous envahit. Ecoutez encore et encore sans modération cette musique qui vous berce et vous emporte et cet appel à chérir nos si précieuses différences.

Par Ons BOUDEN & Emna MAKHLOUF N°6 38 Synapse Sept. - Oct. - Nov. 2017


Synapse N°6

Sept. - Oct. - Nov. 2017

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